"tu as vu comment la mort de ton père t'a rendu" Ce sont presque les derniers mots que j'ai entendu de ma femme.
Elle a quitté la maison. J'étais inquiet pour elle et je lui téléphonais souvent. Mais elle ne voulait plus entendre parler de moi. Elle voulait voir ses enfants mais eux ne voulaient plus la voir.
Tout s'est passé si vite. J'ai mal réagi à son départ. J'ai trop montré ma souffrance quand elle est partie, que peut être j'ai fait passer un mauvais messasge à mes enfants. Je leur ai dit qu'ils devaient la voir, mais ils ne voulaient pas.
Elle leur a dit "si vous ne venez pas je me suicide"
Tout s'est passé trop vite.
Mes enfants ont dû se croire responsables. Ils m'ont avoué en pleurant qu'elle leur avait dit qu'elle allait se suicider. Je n'ai pas pu leur dire que c'était bien notre responsabilté à nous parents. Ils ne voulaient pas parler de tout cela.
Lors de mes graves problèmes psychologiques, mon cerveau a dû déplacer la souffrance, l'incompréhension de ce geste. Mon cerveau a basculé, j'ai crû parmi d'autres choses qu'on avait poussé ma femme au suicide pour de sombres histoires de boulot J'ai crû qu'on m'écoutait avec des micros. Cinq mois horribles pour moi et certainement beaucoup plus pour mes enfants. Leur papa devenait fou.
C'est très dur de se remettre de tout cela.
Une amie d'enfance que j'ai retrouvée il y a trois ans, après trois mois de grand amour, m'a laissé tomber en me disant que j'étais le champion du mal être, que j'avais un pèt au cerveau. Et elle de son côté voulait que mon fils s'en aille de la maison et que ma fille ne me fasse plus de cadeaux. Au début elle m'avait redonné goût à la vie, fait retrouver mon équilibre d'adolescent mais cela s'est vraiment mal terminé. Elle n'a même pas voulu rester une amie, comme si j'étais un monstre à éviter totalement.
Ces mots pèt au cerveau, invalide psychologique, j'ai voulu lutter contre, reprendre le travail, mais c'est très difficile.
Je n'ai plus aucune confiance en moi.