J'ai perdu mon fils de 17 ans en 1998, je l'ai trouvé inanimé dans son lit, la vie venait de le quitter, il n'allait pas bien depuis des années, était suivi par un médecin, j'aimais tellement mon enfant qu'aujourd'hui encore, tant d'années après, je souffre de ne plus le voir, ne plus pouvoir le toucher. Je l'aimais tant parce que je savais qu'il n'allait pas bien et j'ai tout tenté pour l'aider, enfin je croyais avoir tout tenté mais puisqu'il est parti, peut être n'ai je pas tout tenté ! Jamais je n'oublierais le spectacle de mon enfant inanimé dans son lit, ce fut un choc, un traumatisme dont je ne me remettrais jamais alors oui je vous comprends, nous nous comprenons si bien nous les mamans qui avons perdu notre enfant. La vie n'est plus celle d'avant et nous ne sommes plus les mêmes personnes. Oui, nous jouons la comédie, portons un masque, nous menons une double vie, celle que les autres croient et celle que nous menons intérieurement. J' ai ensuite perdu mon mari 2 ans après et il me reste un enfant qui a aujourd'hui 26 ans mais il est marqué aussi par ses pertes successives, son frère, son papa, on en prend pour la vie... Je n'ai jamais aussi supporté ce terme "faire son deuil" cela ne veut rien dire, on ne fait pas le deuil de son enfant, on souffre, on est dans la douleur pour la vie..
Si je n'avais pas mon autre fils, je pense que je n'aurais pas pu survivre, perdre son enfant c'est perdre la vie, je m'accroche pour mon autre enfant qui a besoin de moi, que fera t-il si je disparaissais aussi ? Alors je vis pour lui mais la vie n'a aucune saveur pour moi.
La vie c'était ma famille, de 4 nous sommes passés à 2. J'admire ceux et celles qui s'en sortent, je pense que c'est une question de caractère, d'entourage aussi mais moi je préfère vivre avec ceux qui m'ont quittée parce que j'ai besoin d'eux, je suis certaine que nous nous retrouverons un jour alors j'entretiens leur souvenir et je leur parle, je leur demande de m'aider à vivre.
Nicolas mon enfant, tu m'as dit la veille de ton départ de la terre : s'il m'arrive quelque chose maman, ce ne sera pas de ta faute ni celle de papa, il ne faudra pas culpabiliser. Je t'ai répondu : s'il t'arrive quelque chose Nicolas, je mourrais.
Je t'aimais tellement Nicolas, je passais mon temps à chercher des solutions pour t'aider, j'ai frappé à tant de portes et tu es quand même parti, qu'allais je faire de ma vie ? j'étais épuisée, je n'avais pas réussi à t'aider. Je ne te verrais pas grandir, devenir un homme, tu ne te marieras jamais, je n'aurais pas de petits enfants et papa n'est plus là non plus, j'espère que vous êtes réunis, ensemble et que vous nous aidez ton petit frère( qui a bien grandi depuis) et moi-même. Un jour, nous reprendrons notre histoire, elle sera bien plus belle mais quand ?