Moi je ne sais même plus trouver la force de m'occuper de ma fille. Moi qui cherchait à prouver au monde entier que je pouvais exceller dans ce domaine comme dans ma vie professionnelle. Il ne reste finalement plus grand chose et plus d'envie.
Charlottine,*
tu viens de perdre ton papa, tu es au centre de la tourmente, ton corps, ton cerveau, tout est chamboulé, bouleversé, laisse toi du temps, il faut beaucoup de temps, un deuil est un long long long chemin, si on arrive à être doux et patient avec soi, c'est déjà un énorme pas. On avance avec cela à notre rythme, pas à pas, avec de gros bonds en arrière parfois (en tout cas avec cette impression)
Lorsque mon mari est mort, mes émotions furent démultipliées, je suis quelqu'un de nature calme et patiente (enfin je croyais). A sa mort je ne me reconnaissais plus, je montais en pression, colère, panique, ... pour un rien. Je n'avais pas de patience avec mes enfants, je m'en voulais, ils étaient malheureux, avaient besoin de leur maman, et leur maman n'était pas toujours dispo, pas toujours là pour eux. Avec le temps, j'ai appris à ne pas me le reprocher, à ne pas culpabiliser, à être juste la maman que j'étais avec mes troubles et mes émotions, je suis de plus en plus douce avec moi, en me disant que je fais ce que je peux avec ce que je suis, et ce que je vis. Aujourd'hui je suis de plus en plus "comme avant", plus calme, plus patiente, mais mon seuil n'est pas revenu là où il était avant. Et ça fait 1 an.
Je suis désolée, je me rends bien compte à quel point je suis négative et pas très aidante pour vous tous échoués comme moi ici, mais je ne fais pas exprès.
Ne sois pas désolée, ici, on est tous cassés, brisés, recollés tant bien que mal pour certains, un peu plus pour d'autres, avec des aller-retours dans les profondeurs ; on aide quand on peut, quand on trouve les mots, on vient, on s'absente, il n'y a pas d'obligation, pas de règles, ... Venir partager ici, ne doit pas être une source de culpabilité supplémentaire, on vient soutenir quand on le veux et surtout quand on le peut
bien tendrement