Auteur Sujet: Notre fils adulte nous a quittés - Douleur et Sentiment de culpabilité  (Lu 15415 fois)

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Hors ligne Louyse

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  • Le forum d'entraide durant un deuil
Bonjour,
Mon fils, âgé dans la  trentaine, bipolaire à haut potentiel, a mis  fin à ses jours il y a quelques années.
C'est une souffrance indicible. Je pleurais souvent. Aujourd'hui je pleure moins mais mon cœur pleure continuellement.
Je n'arrive pas à accepter sa disparition. Il me manque. Je l'aime toujours. Pas un jour ne passe sans penser à lui.

J'ai toujours des sentiments de  culpabilité en moi, pensant que j'aurais pu mieux l'aider, ou que j'aurais dû faire ceci
et non cela... etc....
Comment peut-on aider un fils atteint de cette maladie ?..... ou ayant des idées suicidaires ? .....  On se sent tellement impuissant et  incompétent ! ....  ayant nous-mêmes nos propres souffrances et problèmes à gérer ....

Il a fait de choix de ne plus souffrir ....... L'ineffable ! ... l'inacceptable !
C'est tellement douloureux pour les parents et la fratrie !
Sa disparition est un déchirement dans mon cœur.
Perdre un enfant est le summum de la douleur !

S'il y a des psys compétents sur ce forum, j'aimerais savoir comment se débarrasser des sentiments de culpabilité ?
Merci pour vos réponses
« Modifié: 30 avril 2018 à 15:59:15 par Louyse »
" Tout est accompli "....    Ô merveilleuse perspective !  ....
Un parfum,   une musique de vrai bonheur ....
Malgré cette immense douleur dans mon cœur,  mon âme peut se réjouir ....

Hors ligne mamange19

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  • Le forum d'entraide durant un deuil
Bonjour Louyse,

Je te comprend au plus au point ayant moi même perdue ma fille en novembre 2015, elle aussi a fait le choix de partir d'elle même... sans aucunes explications.
C'est une douleur tellement forte, tellement intense que nous devons vivre avec. Et cette culpabilité à la suite du suicide de son enfant est hélas un fardeau.

Je peux te donner une petite aide, lorsque je pense à ma fille je sais qu'elle est en paix. Que derrière ce choix aussi cruel qu'il peut être pour des parents il faut (essayer) de se dire que son enfant à trouvé la paix et la sérénité, même si nous pleurons leur disparitions et leur absences.

Courage Louyse.

Hors ligne nina1972

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  • Le forum d'entraide durant un deuil
Courage Louyse, moi aussi je connais le sentiment de culpabilité ô combien! Mon  tant aimé s'est ôté la vie le mois de novembre dernier. Le 1er novembre, le jour des morts ou le jour... des saints.  Les premiers jours, premières semaines, premiers mois, en plus de la souffrance de la perte et de l'absence, j'ai porté le fardeau de la culpabilité comme la plupart des survivants du suicide. C'est inévitable il paraît. Cela fait partie de la spécificité de ce deuil, de ce traumatisme. J'en ai parlé et j'en parle encore avec ma psy et j'essaie de suivre les recommandations de Christophe Fauré sur le deuil : user la douleur et la culpabilité encore et encore  avec les mots.
Ce n'est pas encore gagné. Je rumine encore le "Et si" et les "pourquoi", les "J'aurais dû" et  les " j'aurais pu" (mon compagnon s'est suicidé la seule fois où je m'étais absentée un peu plus longtemps, après m'être carrément enfermé avec lui pour qu'il évite une fois encore d'attenter à sa vie et croyant que son état s'était amélioré et que de l'avis même de sa psychiatre il n'était plus suicidaire).  Même si jour après jour cette culpabilité se fait moins lancinante, je sais que jusqu'au dernier souffle de ma vie, cette question m'accompagnera "et si j'avais été présente ce matin-là".
Je sais que se sentir coupable est irrationnel mais le suicide est une chose irrationnelle.
C'est un meurtre sans coupable, puisque le meurtrier est la victime. Notre raison ne peut admettre une chose pareille. Alors s'il faut un coupable, cela doit être... moi!
Louyse vous avez fait tout ce que vous avez pu pour votre fils. Ce n'est pas de votre faute.  Si les spécialistes n'ont pas pu le guérir ou au moins faire cesser sa souffrance comment nous nous aurions pu le faire? Nous étions des aimantes et pas des soignantes. Et malheureusement la maladie maniaco-dépressive fait partie des troubles psychiques qui comptent le plus de victimes par suicide. Mon compagnon en fait partie et votre fils aussi malheureusement. Je comprends votre souffrance, comme toutes les personnes qui sont sur ce forum. Nous la vivons chaque jour, surtout le matin, surtout la nuit. J'arrive maintenant à dormir, mais mes proches me disent qu'en plein milieu de la nuit je pleure.
Je le pleure parce qu'il le mérite, mon tant aimé. Mon oiseau, mon aigle, parti si tôt. C'était un homme merveilleux. Chaque jour je me dis que la vie n'a aucun sens sauf celui d'être cruelle. Pourtant la vie me pousse et six mois après sa disparition je m'étonne d'être restée vivante.
Je vous souhaite Louyse de trouver un peu d'apaisement et de réconfort.
Vous avez tout fait.
Ce n'est pas de votre faute.
Nina

Hors ligne assiniboine

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Merci Nina pour votre message.

Je compatis à votre douleur d'avoir perdu votre être aimé surtout par suicide.
Non ne culpabilisez pas, votre mari avait une maladie psychique et comme vous le dites vous n'étes pas soignante.
Je n'ose pas  vous dire à vous, comme à toutes celles et ceux qui perdent un être aimé de suicide à cause d'une maladie psychique. Ne m'en voulez pas, je le dis, votre mari a t 'il été bien soigné?  Sa psychothérapie était elle la bonne ?
 Demandez moi d'effacer ce message si cela vous fait du mal.
Rassurez vous en ce qui concerne votre deuil si vous vous comparez à moi. J'ai vécu  dans la souffrance de deux deuils difficiles sans jamais vraiment en parler. C'est seulement depuis que je suis venu sur ce forum il y a deux ans et demi que je parle vraiment de mon passé; Et pendant toute cette période de silence, bien entendu la souffrance s'est enkystée..
Et alors arrive des séquelles difficiles à surmonter.
Je vous retourne le conseil, parlez Chère Nina, et  vous savez ici nous pouvons comprendre votre souffrance, vous lire, vous soutenir.

Toutes mes amitiés, nous sommes  là....... et Merci encore pour votre message

Hors ligne assiniboine

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Louyse, je compatis à votre douleur, il est si difficile de perdre son enfant.

Mes amitiés

Hors ligne nina1972

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  • Le forum d'entraide durant un deuil
Merci pour ton message Assiniboine

Ne t'inquiète pas, je n'effacerai pas ton message. Pourquoi donc? Tu as touché du doigt le fond du problème, qui n'est pas la maladie de mon compagnon  (celle-ci existe depuis des siècles et a été documentée par Hypocrate). La maniaco-dépression est responsable de 20% des suicides dans cette pathologie psychique. Tout le monde le sait. Je parle du milieu médical, les hautes autorités de santé. Moi je ne le savais pas.
On nous a jamais donné de diagnostic clair. Pendant des semaines les médecins nous ont parlé de burn out, et effectivement mon compagnon a vécu un harassement dans sa compagnie. Mais ensuite il y a eu des idées suicidaires, puis des bouffées délirantes et un virage maniaque après la prise d'anti-dépresseur. Les psychiatres n'ont jamais cherché à m'interroger sur son comportement passé ni ses parents sur les antécédents familiaux. On apprendra après son suicide que plusieurs des membres de sa famille maternelle se sont suicidés, vraisemblablement tous atteints de cette maladie. En faisant cette enquête auprès des proches, les psychiatres auraient été plus vigilants sans soute et surtout ils auraient prescrits les bons traitements.
On dit souvent qu'après un deuil on cherche des coupables. Je n'en veux pas aux psychiatres en particulier, mais à un système qui enferme les malades psychiques dans des certitudes inébranlables et non fondées, qui ne se questionne jamais lui-même et ne se remet jamais en cause.
Et qui tient loin les proches malgré leurs recours et leur envie (leur droit) de comprendre pour mieux aider ceux qu'ils aiment.
En attendant que la psychiatrie passe de l'âge de pierre au XXIe siècle, patience et courage.
Nina