Bonsoir Nina,
Ça va ça vient pour moi. Je vis le manque de façon très intense maintenant. D'après ma psy, c'est parce que je me pose moins de questions sur le décès, sur ce qui l'a poussé au suicide, sur ce que j'ai loupé... Les questions sont toujours là, mais moins fortes et je réalise que même si un jour j'opterais les réponses, ça ne le ramènera pas. C'est peut-être ridicule, mais je crois qu'une partie de moi pensait que ça pouvait changer les choses.
Les filles m'aident dans le sens où je suis obligée de continuer, et de faire les choses au quotidien mais ça complique aussi car les faut aussi gérer leur deuil et toutes les émotions qu'elles ressentent sans savoir ce que c'est. C'est fatiguant je ne te le cache pas, prendre sur soi n'est pas toujours évident et je ne sais pas si j'agis correctement ou pas. Ce qui est sûr c'est que j'essaie de faire du mieux que je Ie peux malgré mes sauts d'humeur.
Sinon je suis toujours dans l'étape 2, j'en suis sûr. Je ne réalise pas et chaque fois que ma conscience ou que quelqu'un me rappelle qu'il ne reviendra pas, que je ne le verrai plus, ça me fait un coup au cœur... Je vois bien que je continue à faire et vivre le quotidien comme s'il allait rentrer le soir. Le problème c'est qu'il ne rentre pas...
C'est plutôt bien si tu en ai à la 3ème étape, même si apparemment ce n'est pas la plus simple. Au moins tu avance, c'est déjà un bon point. Pour les pleurs, je crois qu'on les aura très longtemps. Un rien peut les déclancher, on est très sensible.
Je comprends que tu ai peur pour les médocs. Moi je ne peux pas à cause de la grossesse mais quelques part je préfère. Tant que je peux faire sans, je le ferai, même après la naissance. Je prends de l'homéopathie et des fleurs de Bach pour m'aider à dormir. Pour moi, les médicaments soulagent d'un côté mais détraque autre chose, donc j'aime autant limiter leur utilisation.
La culpabilité est tenace. Tous les si, toutes les hypothèses que l'on s'invente car finalement on ne sait pas comment ça se serai passé si on avait agit autrement. Et si on avait su qu'ils allaient le faire, tu ne serai pas partie comme tu l'as dit et moi je ne l'aurais pas laisser partir. Donc c'est sur que pour nous s'était impensable, inimaginable. Moi aussi il m'a rassurée même pas 1h avant. Je ne sais pas si à ce moment là il savait ce qu'il allait faire. Cette question me hantait au début et là je commence à accepter de ne pas savoir s'il était déjà ailleurs avant de partir de la maison, ou bien si ça c'est déclenché dans la voiture.
En tout cas c'était une pulsion qui effectivement ne tenait à rien, du moins pour le passage à l'acte. Mais à la fois si c'est un détail (pour nous), un tout petit truc qui a fait qu'ils se retrouvés dans un état second, à la fois ça aurait pu être n'importe quoi. Et donc n'importe quand également, plus tôt ou plus tard et on aurait pas forcément pu agir non plus.
Néanmoins, c'est quand même difficile de se dire que l'on a pas eu, qu'ils ne nous ont pas laissé l'opportunité de les aider.
Je nous souhaite un peu de douceur et de repos dans la souffrance pour ce week-end afin de prendre des forces pour continuer.