Bonjour à tous,
Certains me connaissent puisque l'année dernière je me manifestais beaucoup aprés le décés de Judicaël, mon compagnon de quinze et avec qui je devais me marier en juin. Judi voulait être le premier couple gay à se marier en Lozère. Malheureusement, aprés des mois d'hosto, de chimios, etc., il s'est éteint en février 2013. Je suis resté seul ici, sans famille, ni amis, complétement isolé dans un tout petit village de Lozère. Du fait du décés de Judi j'ai également du liquider notre entreprise, résultat d'un travail de fous que nous avions effectué contre vents et marées durant 5 ans.
Je passais les mois suivant dans un état de souffrance chronique. Tout ce que je faisais était fait en pleurant (courses, ménages, jouer avec la chienne, regarder la tv) et ce malgré des tonnes d'anti-dépresseurs, d'anxyos et de somnifères. Je perdais 13 kg dès les quinze premiers jours...
En juin, un miracle eut lieu. Inespéré, inattendu. Je rencontrais au sein d'une assoc Christophe. Il avait lui-même perdu un conjoint et notre sensibilité et fragilité communes nous rapprochèrent. Nous n'étions plus seul, ni l'un, ni l'autre. Néanmoins, je pleurais toujours chaque jour Judicaël, dans ses bras. Il me comprenait et n'en était que plus tendre. Nous tombions éperdument amoureux. Je croyais que Dieu me donnait une nouvelle chance de bonheur. Notre relation a duré 5 mois. Entre temps, je lui proposais de venir s'installer dans cet appartement trop grand pour moi, ce qu'il fit.
Malheureusement, le bonheur fut de courte durée. Christophe devint renfermé, taciturne, critique. Je n'avais pas psychologiquement la ressource de gérer la grave dépression dont il souffrait depuis son adolescençe. Premières disputes, premiers doutes...
Christophe s'est suicidé par pendaison le 21 novembre. Il était parti acheter des croquettes pour les chats, auparavant il m'avait fait trois gros baisers sur la bouche en me regardant droit dans les yeux. Ensuite, je lui demandais d'être prudent sur la route...
Les gendarmes sont venus m'annoncer la mauvaise nouvelle le lendemain matin tôt. Depuis, j'ai retrouvé ma solitude extrême. Je suis dans une sorte de cauchemar qui ne semble pas vouloir se terminer. Je devrais trouver un job, mais je m'en fiche. J'ai envie d'aller les retrouver, Judi et Christophe, quitter cette vie de souffrance. Mais rassurez vous je ne le ferais pas car ils nele voudraient surement pas. Mais que c´est dur, comme je souffre...chez moi, leur omniprésence est partout, et bien sûr, elle souligne leur absence... Merci de m'avoir lu. Laurent