Auteur Sujet: Mon frère chéri  (Lu 9356 fois)

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papillon

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Mon frère chéri
« le: 19 juillet 2012 à 10:08:17 »
Bonjour,

Mon frère (39 ans) s'est donné la mort il y a 3 semaines. Il laisse deux petites filles, 3 sœurs et le plus dur, un papa et une maman inconsolables.

Nous le savions tous en dépression (depuis des années). On se dit maintenant, tous à notre façon qu'on aurait du l'aider plus, mieux. Quelle douleur de lire les articles décrivant les signes précurseurs d'un passage à l'acte...Je crois qu'on a occulté cette possibilité de peur de regarder la vérité en face.

Depuis, mis à part essayer de comprendre, chercher à me dire ce que j'ai fait, pas fait, mal fait, je ne suis plus capable de rien faire.

J'ai toujours crains la mort de mes proches, mais le départ par suicide me semble tellement insurmontable.

Mes parents vivent (divorcés) et l'aide de proximité est inexistante. Ainsi, si vous avez connu cette situation et pensez pouvoir avoir des mots réconfortants pour eux, faites le moi savoir. Vivre ce type de deuil en famille peut autant aider que détruire.

Merci pour votre écoute, vos conseils.

Hors ligne Méduse

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Re : Mon frère chéri
« Réponse #1 le: 19 juillet 2012 à 10:48:15 »
La lecture du livre « Après le suicide d’un proche – vivre le deuil et se reconstruire » de
Christophe Fauré : Albin Michel 2007 m’a aidé après le suicide de ma fille en février 2011 car je me sentais moins seule dans cette situation. Mais aussi les forums comme celui-ci.

Il faut apprendre à se pardonner de ne pas avoir pu sauver son proche. Les questions restent inévitables si on aurait pu éviter le drame, mais il est trop tard. Nous avons fait de notre mieux, mais cela ne suffisait pas à retenir notre proche. La seule personne qui peut nous pardonner, c’est nous-mêmes et ce n’est pas gagné. Après une période intensive de douleur et de « si », je suis un peu apaisée, mais je ressens une profonde tristesse et un grand épuisement maintenant. Mais les « si » remontent quand-même régulièrement à la surface. Je cherche les erreurs que j’ai pu faire dans son éducation. Aurais-je pu éviter le drame ?

Je pense que tes parents pourraient peut-être venir sur ce forum aussi ou chercher un groupe de parole de personnes en deuil de leur enfant. Ici, sur le forum, il y a des personnes qui pourront les comprendre et soutenir. Ils pourront y exprimer leurs sentiments.
Il faut surmonter un jour après l’autre.
Prenez bien soin de vous
Méduse

Claudahoa

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Re : Mon frère chéri
« Réponse #2 le: 19 juillet 2012 à 13:21:21 »
Bonjour Papillon,

Je suis une maman qui a perdu sa fille il y aura demain 13 mois!

Depuis je survis plus que je ne vis mais quand je vais moins mal qu'il y a un an.

Je m'accroche à mes autres enfants pour résister à la tentation de rejoindre ma Loulou.

J'ai eu beaucoup de soutien de mes enfants,ma fille aînée est même venue dormir avec moi quand nous en avions besoin toutes les deux.Elle m'a tellement portée qu'elle a eu de sérieux problèmes de santé qui m'ont amenée à réagir, réalisant la propre souffrance de mes enfants et le besoin qu'ils avaient d'être à leur tour soutenus par leur maman.

Mais tout cela nous a pris du temps,il faut s'accorder du temps,se laisser porter par ceux qui sont là pour nous soutenir.Accepter les larmes,les nuits blanches,la colère, l'effondrement...La culpabilité est normale au début et une grande partie pour moi en tout cas dans l'acceptation de la mort de ma Loulou est de relativiser la culpabilité qui me ronge.

Tu as raison quand tu dis que ce type deuil peut autant aider que détruire quand nous le vivons en famille.Il faut beaucoup de tolérance pour accepter que nous ne réagissons pas tous de la même façon et que les besoins ne sont pas les mêmes pour tous mais aussi la significations des mots...

Tendrement
Claudia

chouchoune

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Re : Mon frère chéri
« Réponse #3 le: 28 septembre 2012 à 05:10:18 »
Bonjour à vous,

J'ai découvert mon frère de 44 ans dans son logement en bas de chez moi le soir du 28 juin 2012.  Je le voyais par la fenêtre (les rideaux étaient restés ouverts) j'ai régardé plusieurs fois pour être certaine de bien voir ce que je voyais. C'est le drame. Jamais je n'aurais penser qu'il était rendu à ce stade...jamais...jamais....!  Il savait pourtant que je serais en vacances le lendemain soir et que nous ferions des activités ensemble. Nous ne savons pas de quoi est fait, le lendemain. C'est la phrase que j'ai dite à ma fille et son copain ce soir là, après notre retour de l'hôpital, après le drame!

J'ai réussi à vivre avec, en acceptant sa décision et en le gardant dans mon coeur.

Maintenant, nous vivons la famille un autre drame. Voilà une semaine et demie, ma soeur qui avait déjà vécue avec lui pendant plusieurs années et qui n'était pas capable de se remettre de la mort de son frère,  a décidée d'aller le rejoindre.

Nous vivons la mort d'un frère et d'une soeur, en l'espace de trois mois. (Elle était psychologiquement malade depuis son jeune âge)

Voilà, nous devons se remettre et accepter cette situation, qui à nos yeux est vraiment horrible! Et nous avons beaucoup de difficultés à apprendre aux autres que nous avons perdu une soeur dans la même situation. Nous ne trouvons pas les mots....

Surtout notre mère qui est complètement à l'envers, elle a 84 ans.

Voilà, heureusement qu'on peut aller chercher de l'aide.

À plus tard!

anges

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Re : Mon frère chéri
« Réponse #4 le: 28 septembre 2012 à 10:28:44 »
Je te souhaite beaucoup de courage, j'espère que tu es bien entouré par tes ami(e)s et ta famille

sofiana

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Re : Mon frère chéri
« Réponse #5 le: 06 novembre 2012 à 20:12:18 »
            Par un beau jour de Juillet 2012, ce jour qui voulait dire joies et vacances, il a suffi d'un appel pour qu'une famille explose aussi brutalement que la mort que mon frère s'était donnée... Après un suicide, la chaine des pourquoi sans parce que se met en place. Jamais nous ne saurons à l'instant fatidique pourquoi l'instinct de vie s'est effacé...Même si les proches portent un fardeau de culpabilité, de regrets, de souffrance, ceux qui nous ont quitté ont aussi beaucoup lutté contre leurs démons intérieurs... Quatre mois jour pour jour après la mort de mon seul frère, je ne suis pas encore dans la réalité de son départ définitif...L'absence, le manque , l'oubli des gestes de ceux que l'on a aimés, la perte du son de leur voix... L'horreur d'images figées en boucle qui reviennent sans que l'on ne s'y attende... Nous traversons après ces morts violentes et inattendues des états d'âme aussi violents...Chaque famille a son histoire, chaque disparu est différent... Mais ceux qui restent porteront longtemps le poids d'une faute sans jamais savoir laquelle... Nous partageons tous, nous qui les avons accompagnés avant leur geste, portés à bout de bras cette incompréhension... Peut-être pour moins souffrir nous devons comprendre ,très au-delà de notre peine ,qu'ils ont choisi leur chemin ...loin du notre ...dans ce qu'ils croyaient être leur paix et qui est notre enfer à nous...
         Courage à ceux qui bravent la tristesse aujourd'hui et essayons de croire qu'ils ont terminé eux de subir leur tristesse...

madâme

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Re : Mon frère chéri
« Réponse #6 le: 06 novembre 2012 à 21:40:04 »
Bonsoir Sofiana,

Un petit mot pour te dire combien ta phrase "peut-être devons nous comprendre, très au-delà de notre peine, qu'ils ont choisi leur chemin…loin du nôtre…dans ce qu'ils croyaient être leur paix" prouve ta générosité, ton empathie et ton désir de donner un sens à ce qui semble insensé. Je ne sais pas ce que c'est que de vivre la perte d'un proche par suicide, mais je peux imaginer le désarroi et la culpabilité que ça peut engendrer. Cependant, nous devons nous rappeler que nous ne pouvons forcer nos proches à être heureux malgré eux, et que leur bonheur ne repose pas uniquement sur nous, mais surtout sur leur capacité à vivre heureux.
Je te souhaite beaucoup de courage dans ton chemin de deuil ainsi qu'à ta famille. J'espère que tu parviendras à trouver l'apaisement un jour et à vivre des moments de bonheur que tu pourras dédier à ton frère. Moi ce qui m'aide dans mon chemin du deuil de ma soeur morte dans des souffrances indicibles d'une maladie auto-immune, c'est de me dire qu'elle souhaiterait sans aucun doute que je connaisse encore des parenthèses de bonheur. Alors je lutte, de façon inégale, mais je lutte, pour ne pas me laisser envahir de façon définitive par le chagrin...

Madâme

Hors ligne BLUEVELVET

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Re : Mon frère chéri
« Réponse #7 le: 07 novembre 2012 à 06:35:37 »
Papillon et vous toutes et tous,

Je suis aussi sur ce site car mon mari s'est suicidé fin juin après des années de dépression.

Vous dites que vous pensez que vous auriez pu aider mieux, plus, votre frère je comprend votre point de vue, j'ai connu cela aussi mais qu'est-ce aider plus, aider mieux ? De part mon expérience, je crois qu'une personne rongée par cette maladie ne sait plus apprécier le plus, le mieux.
Et si jamais il vous arrive de dire, tiens si j'avais fait cela il aurait réagit comme cela, cela ne reste que supposition car les réactions de ces personnes ne sont jamais celles que l'on croît et elles sont rarement dans le sens positif.

S'il vous plaît, ne tournez pas en rond avec des questions qui n'auront pas de réponse. La vie c'est l'instant, je suis persuadée que vous avez déjà fait beaucoup pour votre frère, que faire de plus ? Je suis convaincue que la personne qui se suicide n'est plus elle-même au moment où elle passe à l'acte, je crois que la souffrance est toute puissante à ce moment là, cet instant T et que rien ne compte plus. Nous avons de la difficulté à comprendre car nous ne sommes pas dans l'état d'esprit de la personne qui se suicide.

Nous sommes persuadés que papa est enfin apaisé de sa souffrance et que là où il est il est bien. Nous parlions l'autre jour à savoir s'il regrettait son geste et un de mes enfants a dit je ne crois pas qu'il regrette mais s'il pouvait revenir il demanderait pardon (dans le sens de pardon de ne pas avoir vu que la vie pouvait être belle) et j'en suis aussi convaincue.

Je ne connais pas vos rapports dans votre famille, mais à la maison, ce qui nous fait avancer, c'est que nous parlons énormément et chacun respecte l'autre même si les choses qui sont dites sont parfois dures.

Soyez douce avec vous-même et votre famille.

Douce journée à toutes et tous.

BLUEVELVET
On ferme les yeux des morts avec douceur ; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants - Jean Cocteau

madâme

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Re : Mon frère chéri
« Réponse #8 le: 07 novembre 2012 à 09:33:20 »
Bonjour à vous, à toi Bluevelvet,

C' est à toi Bluevelvet que je veux m'adresser particulièrement, parce que je suis d'accord avec ce que tu écris. On a beau faire tout ce qu'on peut, on ne peut pas aider une personne suicidaire contre son gré. Et bien souvent, les personnes qui se sont suicidées ont mis fin à une extrême souffrance, et on peut effectivement penser qu'elles ne regrettent pas leur geste. Je connais une femme dont le fils s'est suicidé il y a 8 ans. Il souffrait de tocs très invalidants, comme mon père. La mort de son enfant a été très difficile à accepter, et elle a beaucoup souffert en silence. Mais à sa mort elle m'a dit qu'elle savait que ça se terminerait de cette façon. Et elle m'a dit qu'elle était bien consciente qu'il était impossible d' être tout le temps avec lui pour l'empêcher de passer à l'acte. La seule façon de le préserver, c'était l'enfermement avec camisole chimique. Est-ce vivre? Quand j'étais petite, mon père était parti en séjour en "maison de repos". Quand il est revenu après un mois, c'était un zombie. Je le préférais encore en crise. Il a vécu avec ses tocs, et nous avec. Quand il est décédé des suites d'un accident de voiture conduite par un jeune qui avait des comportements à risques, j'ai été soulagée de me dire qu'il ne souffrirait plus. Le libre arbitre est pour tout le monde, y compris ceux dont nous sommes le plus proches. N'oublions pas qu'avant d'être des parents, enfants, frères, soeurs…nous sommes des individus avec nos propres choix.
Continue à parler énormément Bluevelvet, ta sagesse est un exemple à suivre,

Madâme

reveuse51

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Re : Mon frère chéri
« Réponse #9 le: 19 novembre 2012 à 21:42:39 »
bonsoir

j'ai perdu mon frere de 25 ans il y a 86 jours maintenant... j'approuve sofiana... en effet depuis ce beau matin beaucoup de question et tres peu de reponses...je n arrive pas a me convaincre qu il est parti car en plus il etait militaire donc on le voyait peu...je me souviens des premieres nuits ou mes parents ne voulaient pas dormir pour ne pâs oublier son image et maintenant ils veulent dormir  pour eviter de souffrir!!!le plus dur  c'est de les voir souffrir et d etre impuissante je ne supporte plus de les voir comme ça!!!j ai mal tous les jours meme si cela ne se voit pas. mon pere un homme fort blagueur a perdu sa joie de vivre en effet mon petit frere etait le petit dernier  apres trois filles il etait notre petit chouchou le tonton que nos enfants adoraient . il est parti brutalement dans un accident je me souviendrai toujours de ce coup de telephone de ce gendarme... la vie est injuste mais il faut faire avec nous n avons pas le choix de a douleur...
en tout cas je souhaite courage a tous

Hors ligne BLUEVELVET

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Re : Mon frère chéri
« Réponse #10 le: 23 novembre 2012 à 08:13:15 »
Bonjour à toutes et tous,

Méduse, vous dites : Il faut apprendre à se pardonner de ne pas avoir pu sauver son proche, je comprends cette démarche car bon nombre de personnes et la société voudraient nous faire porter le poids de cette culpabilité.

Si on analyse les choses :

La dépression (peu importe le nom que l'on donne) est une maladie et nous les proches ne sommes pas les médecins de l'âme (même les médecins de l'âme sont parfois en échec devant cette foutue maladie) nous ne sommes pas formés, ni armés pour combattre cette maladie et pourquoi devrions nous l'être ? Nous faisons du mieux que nous pouvons au risque d'y rester soi même.

Quand une personne meurt d'un cancer, je ne crois pas que les proches se posent les mêmes questions (je dis je crois car je n'ai pas vécu de deuil par maladie), les proches ne sont pas oncologues et ces médecins vivent aussi des échecs et les proches font aussi de leur mieux pour accompagner la personne malade.

Deux maladies, deux situations semblables au niveau de l'accompagnement et la perte de l'être aimé à la fin de chaque combat.

Pourquoi cette différence ? Pourquoi serait-on plus responsable du destin de celui ou celle qui part par suicide ?

Je ne sais pas.

Je n'ai pas de réponse à cette question hormis le fait que de ne pas avoir de culpabilité suite au suicide de mon mari. Il nous manque le papa poule et le mari d'avant la dépression mais comme je l'ai déjà dit nous sommes apaisés de savoir que sa souffrance a cessé car je vous assure que ce sont des êtres en grande souffrance de l'âme.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
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Hors ligne Méduse

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Re : Mon frère chéri
« Réponse #11 le: 25 novembre 2012 à 23:08:08 »
Bonsoir Reveuse,

Je comprends ta détresse et celle de tes parents, ayant perdu ma fille ainée et sept mois plus tard mon mari. Je pense que ce site pourrait te soutenir ainsi que tes parents. Ils pourront trouver d’autres parents désenfantés dans la rubrique « être un parent en deuil. Ainsi, vous vous sentirez moins seuls.
Tu pourrais leur montrer également les modules vidéos su site principal.
Je vois que personne ne t’avais répondu. Sans doute, ton message est passé inaperçu  parce qu’il y avait trop de messages au moment où tu l’as posté.
Je vous souhaite beaucoup de courage. Comme tu le dis, nous n’avons pas le choix.
Ce soir, je ne trouve sans doute pas les bonnes paroles, mais je tenais à t’envoyer un message de soutien.

Bonsoir Bluevelvet,

Tant mieux, si tu ne ressens pas de culpabilité. Tu as tout-à-fait raison que nous ne sommes pas responsable des autres. Mais de nombreuses personnes ressentent malgré tout de la culpabilité. Tu n’as qu’à lire les témoignages sur le site. C’est un sujet qui revient sans arrêt.
Néanmoins, quand il s’agit de son enfant, je crois qu’il est difficile de ne pas chercher les erreurs qu’on aurait pu faire. On les a tant portés. Au moment de la perte de ma fille ainée, je me suis rendue compte à quel point, elle était un membre de moi-même, plus que je ne me l’étais jamais imaginé. Peu de temps avant son décès, j’avais rêvé d’avoir perdu une jambe et à mon réveil, je me suis dit que non, ma fille n’était pas morte. Je connais une autre mère qui a rêvé peu avant le suicide de sa fille unique qu’elle mourait elle-même. C’est bien une partie de moi qui est partie.
Je pense que j’ai pu éviter le suicide de ma fille par moment. Depuis trois ans, je connaissais le risque permanent. Peut-être, elle serait encore là, si je n’étais pas aussi pressée de la voir se faire soigner les dernières semaines alors qu’elle ne voulait pas se faire hospitaliser. Moi, je ne voyais pas d’autre solution et la décourageait de rentrer à la maison par peur qu’elle n’arrête les soins (comme si souvent) qui se faisaient à 800 km de chez moi. De toute façon, tout allait de travers les derniers mois, comme si cette fin était inéluctable. Son destin, était-il écrit ? Que signifiait mon rêve ?
J’ai appris par la suite, qu’il y a trois stades de risque de suicide. Je cite de mémoire : le premier, c’est quand une personne dit qu’elle n’a plus envie de vivre, le second quand elle parle de suicide et le plus dangereux quand elle annonce son suicide. La veille du jour où ma fille a pris les médicaments, elle m’a annoncé sa décision de se suicider si elle en trouvait le courage et je n’ai rien fait – de toute façon, tous mes appels à l’aide avaient été vains jusque-là et elle n’était pas seule au moment où elle m’en parlait au téléphone. J’espérais juste que cela allait passer. C’était la dernière fois où nous nous sommes parlées ! Nous avions déjà eu de nombreuses conversations autour de sujet du suicide. Mais cette dernière fois, je n’ai pas trouvé de mots pour la retenir.
Même en cas de maladie, les proches se posent souvent la question s’ils n’avaient pu faire plus. J’aurais eu l’occasion d’encourager ma mère d’aller chez le médecin plus tôt quand elle me posait certaines questions. C’était au début de son cancer du sein. Moi, j’avais 15 ans et était dans le déni, donc je l’ai rassurée.
Pour mon mari, c’est autre chose. Je m’inquiétais pour lui, mais il ne voulait pas aller consulter un médecin. Ne pouvant rien changer à son choix, je ne m’en sens pas responsable du tout. Mais un mari n’est pas son enfant. Et puis, toutes les situations et toutes les relations sont différentes.
Je comprends que tu sois apaisée maintenant que la souffrance de ton mari a cessé. Pour ma part, je ne suis plus sous la tension que je ressentais du vivant de ma fille. Mais j’espérais toujours qu’elle se sorte de sa terrible maladie. Je veux croire qu’elle est bien maintenant.
Bonne nuit à toutes et à tous
Méduse