Auteur Sujet: Mon fils s'est suicidé  (Lu 128014 fois)

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Re : Mon fils s'est suicidé
« Réponse #210 le: 08 mars 2013 à 08:52:22 »
C'est la deuxième fois que j'écris avec un peu de crainte, car exprimer sa douleur est difficile. Cela fait bientôt neuf mois que mon fils cadet s'en est allé. J'ai du mal à écrire les mots mort ou décédé ou même suicidé. Je suis encore dans la tourmente, encore à me poser des questions, à me culpabiliser. Mais il me manque tellement, il nous manque tellement à tous....
Hier, son petit garçon de 2 ans m'a dit ; moi, appelle papa. Que lui dire? que vais-je pouvoir lui dire plus tard quand il commencera à poser la question, moi qui n'ai pas su trouver les mots, les gestes, qui n'ai pas compris ce jour là sa profonde détresse si ce n'est dans son regard, inhabituel, un regard fixe et déterminé ?
Il y a des jours où je me dis que tout cela n'est pas possible, que c'est un cauchemar, mais la réalité me rattrape et je vais sur sa tombe, j' arrange les fleurs et je lui parle. Parfois je reviens apaisée, et parfois je suis en colère contre moi, contre lui.
Comment peut décider de mettre un terme à sa vie alors que l'on a des projets, un petit garçon qui est l'amour de sa vie, une compagne? Je sais quand même temps il était inquiet pour l'avenir, et comme il a dit dans ses lettres, trop de choses dans la tête, trop de questions qui font péter le cerveau.
Pour le moment j'ai l'impression de vivre détachée de moi-même, je ne sais pas si vous comprenez, mais je sais bien que oui, car vous êtes passés par les mêmes chemins.
Je sais qu'il y a mes 2 autres fils, mon petit fils et ma petite fille, mon conjoint et ma famille, mais il m'est plus facile de parler avec vous, il y a moins de peur, l'écriture est plus facile que la parole pour moi en ce moment.
Merci pour vos conseils, merci de prendre quelques instants pour me lire.
Rosemarie

Yuna

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Re : Mon fils s'est suicidé
« Réponse #211 le: 09 mars 2013 à 10:47:16 »


Rosemarie

C'est bien que vous puissiez écrire, mettre des mots sur vos maux ; cela soulage ; je l'ai ressenti cela moi aussi. Et venir ici, dans ce forum où nous avons vécu pareilles  épreuves , c'est plus facile de s'ouvrir ; quand nous savons combien ceux qui nous lisent sont nos semblables, nos frères et nos  soeurs, par la douleur. Oui, alors,  le partage, l'échange, est plus aisé, sûrement.

C'est vrai que nous nous sentons comme dépossédé de soi, après une si cruelle épreuve. Au début de la perte de mon fils unique ( il y aura bientôt un an et demi), je l'ai vécu ainsi moi aussi, une sorte de dépersonnification, délocalisation etc ... Je crois que cela m'a aidée à me déposséder de mon "fardeau" aussi horrible. Oui, quelque part, cela a été un moyen pour ne pas être totalement accablée et détruite, sinon.
Ce qui m'a surtout fait du bien, c'est d'abord d'être allée dans une association où je pouvais écouter d'autres personnes en deuil, comme moi, partager nos ressentis, dire notre colère, notre révolte parfois ( j'étais très remontée les deux premiers mois !) , exprimer nos émotions,  parler, échanger , pleurer même ... Un médecin spécialisé dans ce domaine ( comment aider des personnes endeuillées) dirigeait ces "soirées" où nous nous réunissions. Ce serait bien que vous trouviez dans votre région, un tel lieu d'écoute, Rosemarie. Qu'en pensez-vous ?

J'y suis allée trois fois et cela m'a remise sur pied, quelque part.
Je suis aussi allée consulter, sur les conseils de mon médecin généraliste , un psychiâtre. Je ne l'ai vu qu'une fois et j'ai retenu ceci qui m'a aidée, ô combien!
"Votre enfant est allé jusqu'au bout de là où il pouvait aller , jusqu'au bout de SA vie".

Peut-être cette phrase, qui a été pour moi "magique" puisqu'elle m'a fait réfléchir et m'a apaisée, pourra aussi vous aider, ; j'aimerais bien !

Enfin, ce poème aussi , je l'ai beaucoup apprécié et lui aussi m'a été d'une grande aide. (  J'y pense : peut-être pourriez-vous le lire à votre petit fils ; il pourrait comprendre ; cela ressemble à un joli conte) . Le voici ( je ne connais pas la source).
"Le grand jardinier



Un jour le grand jardinier me confia
 Une plante d'une qualité très rare, et très belle ;
« Je reviendrai la chercher », dit-il en souriant ;
 Soigne-la bien, en la gardant pour moi. »
 
J'en ai pris soin, et la plante a grandi,
 Elle a donné une fleur aux couleurs rayonnantes,
 Belle et fraîche, comme l'aurore au printemps.
 Mon âme était radieuse, mon bonheur sans égal.
 
 De toutes mes fleurs, elle était la plus glorieuse,
 Son parfum, son aspect étaient merveilleux ;
 J'aurais voulu la garder, tant mon cœur s'y était attaché
 Pourtant, je savais qu'Il reviendrait la chercher.
 
 Et voici, Il est venu un jour me demander
 La jolie plante qu'il m'avait prêtée...
 Je tremblais ! Mais c'est vrai qu'Il m'avait dit
 Qu'un jour il reviendrait pour me la réclamer.
 
« C'est parfait », dit-il en respirant son parfum
 Alors, en se penchant, Il a parlé doucement :
« Si elle reste dans ce sol, elle va perdre sa splendeur,
 Je veux la transplanter dans mon jardin là-haut. »
 
Avec tendresse, il la prit et s'envola
 Pour la planter là-haut où les fleurs ne se fanent pas.
 Et un jour futur, dans ce jardin de gloire,
 Je la retrouverai épanouie, et elle sera mienne".

C'est symbolique, bien sûr. Ne pas hésiter à verser des larmes, quand elles viennent ... je me dis qu'après tout, ces pleurs , ces larmes ne seraient-elles pas sacrées ? Elles sont précieuses, elles peuvent bien arroser cette "fleur" qui quelque part continue son "chemin". Je lui parle beaucoup à cette "fleur", je lui parle intérieurement, au présent et l'amour que je lui porte, jamais ne se flétrit ni ne se fâne; alors ... ( à l'or !)

Puissent ces quelques mots apaiser votre grande douleur, Rosemarie ; c'est ce que je souhaite du fond du coeur.

Plein de pensées de lumière et de paix pour vous et votre famille.

Yuna

Hors ligne stellarose

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Re : Mon fils s'est suicidé
« Réponse #212 le: 09 mars 2013 à 11:26:15 »
Merci mille fois Yuna pour m'avoir répondu. Tes paroles sont apaisantes, et je sais, sincères.
Pour le moment je n'ai pas envie d'aller rencontrer d'autres personnes, mais je sais que le temps viendra où je ferai cette démarche, j'espère que mon mari pourra venir avec moi, ou voudra venir. Mais comme je viens de le dire, je ne suis pas encore prête à le faire.
Je me rends compte que chacun fait son chemin et vit le deuil à sa façon.
Heureusement j'arrive à parler avec ma belle-fille de mon fils, son compagnon et papa de ce beau petit garçon. Elle me parle de ses craintes, de son sentiment de culpabilité aussi du fait de leur dispute et de la difficulté de vivre sans lui. Mon fils était sur tous les fronts à la fois, généreux mais aussi impulsif dans ses gestes et ses paroles, trop sensible peut-être, et débordé par ses sentiments, ses peurs.
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase ce jour là était trop énorme pour ne pas le conduire à ce geste. Sans retour possible.
J'ai lu le poème que je vais recopier pour le lire à mon petit fils. Je sais que cette belle plante aux yeux clairs a été cueillie à peine éclose, elle avait tant à donner encore....j'espère qu'il a trouvé une certaine paix dans son geste car dans la lettre qu'il m'a écrite, il me remercie de l'avoir laissé partir.
Ce matin là, j'étais sur la route, il était 6h50, je voulais aller jusqu'à la voie ferrée, et quelque chose ou quelqu'un m'a poussée à bifurquer sur la droite...or le train est arrivé à 7h05 et c'était fini. Pourquoi n'ai--je pas écouté mon instinct ? est-ce lui qui m'a poussée à ne pas aller là-bas parce qu'il n'y avait plus rien à faire ? pour cela je m'en veux aussi. Je ne sais pas.
Merci pour ce poème très beau, je le lirai à mon petit fils, je pense qu'à 2 ans on comprend certaines choses.
Lire ta réponse Yuna, m'a fait du bien, mais je me sens un peu égoïste par rapport à toi, car il s'agit de ton fils unique. Je penserai à toi et à ton fils ce soir.
A très bientôt.
Rosemarie


Yuna

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Re : Mon fils s'est suicidé
« Réponse #213 le: 16 mars 2013 à 14:17:27 »
"Ce matin là, j'étais sur la route, il était 6h50, je voulais aller jusqu'à la voie ferrée, et quelque chose ou quelqu'un m'a poussée à bifurquer sur la droite...or le train est arrivé à 7h05 et c'était fini. Pourquoi n'ai--je pas écouté mon instinct ? est-ce lui qui m'a poussée à ne pas aller là-bas parce qu'il n'y avait plus rien à faire ? pour cela je m'en veux aussi. Je ne sais pas."

Non ; ne t'en veux pas, Rosemarie ; ton intuition, tu as eu raison de l'écouter. C'était mieux ainsi ; comme pour moi, d'^etre
 à l'étranger , quand ça s'est passé.

Aujourd'hui, cela fait tout juste un an et demi que mon fils unique, mon rayon de soleil comme je l'appelais, m'a quittée. Du moins ici, sur terre.

C'est bizarre, car , je lisais ailleurs, dans ce site,  l'effet que les anniversaires pouvaient avoir sur nous et je m'interrogeais; dubitative.

Et puis ce matin, en voiture, les larmes coulaient sans que je comprenne ce qu'il m'arrivait. J'ai arreté la voiture et suis restée en silence , attendant. .

Attendre quoi ! c'est ce que je me demandais, la paix dans l'^ame.

Jusqu'à ce que je me rappelle la date ; nous sommes le 16 mars . J'ai alors senti la "présence" de mon enfant chéri , comme si c'était lui qui voulait ^etre présent ( cadeau) et ça m'a fait un bien immense. Nous nous sommes "parlé" et c'était beau.

Juste envie de vous dire cela, ce samedi ; "ça me dit" ( sourire).

Plein de pensées d'amour et de lumière pour vous tous,qui me lisez

Yuna

Hors ligne stellarose

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Re : Mon fils s'est suicidé
« Réponse #214 le: 17 mars 2013 à 10:04:48 »
Merci pour ce message.
Moi aussi j'attends ce signe, ce souffle léger qui me fera espérer, qui me sera doux. Les jours, les semaines et les mois passent, et me rapprochent de la date. Je voudrais retenir le temps qui s'écoule et revenir en arrière pour ne pas entendre les mots :" c'est fini! " et moi hébétée qui ne comprends pas sur le moment.

J'attends, nous attendons tous quelque chose qui nous fera espérer. IL faut être patient et ce n'est pas facile. Chacun vit ses difficultés et les surmonte plus ou moins bien. Peut-être que c'est ça le chemin du deuil, doucement, tout doucement.

Mille pensées à tous et à toutes.
Stellarose

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Re : Mon fils s'est suicidé
« Réponse #215 le: 17 mars 2013 à 10:43:32 »


Mille pensées en retour pour toi Stellarose, et pour Yuna aussi.

Le chemin qui nous conduira du coup de poignard dans le coeur au souvenir sans les larmes sera peut-être long ; il sera différent pour chacun de nous.

Il nous faut croire, très fort, à la puissance du temps qui usera notre peine.
Inexorablement.

Il nous faut chercher dans le ciel sombre, les toutes petites éclaircies qui peu à peu déchireront le plomb des nuages trop lourds qui nous privent de soleil.

Que cette journée vous épargne les larmes et les tourments.


*Ephémère*

       Tu es là d ans ma peau comme un coup de couteau.

Mélie

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Re : Re : Mon fils s'est suicidé
« Réponse #216 le: 21 mars 2013 à 22:43:27 »
C'est la deuxième fois que j'écris avec un peu de crainte, car exprimer sa douleur est difficile. Cela fait bientôt neuf mois que mon fils cadet s'en est allé. J'ai du mal à écrire les mots mort ou décédé ou même suicidé. Je suis encore dans la tourmente, encore à me poser des questions, à me culpabiliser. Mais il me manque tellement, il nous manque tellement à tous....
Hier, son petit garçon de 2 ans m'a dit ; moi, appelle papa. Que lui dire? que vais-je pouvoir lui dire plus tard quand il commencera à poser la question, moi qui n'ai pas su trouver les mots, les gestes, qui n'ai pas compris ce jour là sa profonde détresse si ce n'est dans son regard, inhabituel, un regard fixe et déterminé ?
Il y a des jours où je me dis que tout cela n'est pas possible, que c'est un cauchemar, mais la réalité me rattrape et je vais sur sa tombe, j' arrange les fleurs et je lui parle. Parfois je reviens apaisée, et parfois je suis en colère contre moi, contre lui.
Comment peut décider de mettre un terme à sa vie alors que l'on a des projets, un petit garçon qui est l'amour de sa vie, une compagne? Je sais quand même temps il était inquiet pour l'avenir, et comme il a dit dans ses lettres, trop de choses dans la tête, trop de questions qui font péter le cerveau.
Pour le moment j'ai l'impression de vivre détachée de moi-même, je ne sais pas si vous comprenez, mais je sais bien que oui, car vous êtes passés par les mêmes chemins.
Je sais qu'il y a mes 2 autres fils, mon petit fils et ma petite fille, mon conjoint et ma famille, mais il m'est plus facile de parler avec vous, il y a moins de peur, l'écriture est plus facile que la parole pour moi en ce moment.
Merci pour vos conseils, merci de prendre quelques instants pour me lire.
Rosemarie

bonsoir
je me retrouve dans votre récit dans vos interrogations, mon fils ainé s'est suicidé en octobre 2010, il laissait une compagne et deux jeunes enfants (21 mois, et 4 ans et demi), le chemin est long et sans cesse nous refaisons l'aller retour dans nos pensées, du pourquoi ? même si au fil du temps les réponses viennent en partie, ils sont partis et leur raison  nous échappera toujours, mais l'apaisement est aussi là de temps en temps pour nous permettre d'avancer, et ces phases d'apaisement sont parfois plus longues à présent.
tout comme vous, longtemps je me suis dit comment expliquer à un enfant le suicide d'un papa, comment les aider à ne pas penser que leur père les a abandonnés. l'important est l'écoute, leur dire que nous serons  là pour eux et  leur répondre quand il questionne, même si les réponses diffèrent en fonction de l'âge. cela n'empêchera par le manque, bien sûr. Quand ils sont petits, moins de 3 ans, les souvenirs sont moins présents, le deuil sera différé, celui qui avait 21 mois, a 4 ans aujourd'hui et comme il voit sa soeur s'exprimer sur son père lui aussi exprime le manque, mais malgré tout il reste des enfants et heureusement ils vivent comme des enfants ! ma petite fille qui va avoir 7 ans,  a compris en faisant des liens que son père s'était suicidé , j'ai dû  la rassurer que ce n'était pas de sa faute à elle, ce qu'elle avait effectivement pensé. (je n'ai pas été sage !)
A présent leur maman a un nouveau compagnon dans sa vie (même si on le comprend et le souhaitait pour eux pour elle, c'est pas toujours évident pour nous, (c'est une chose à laquelle vous aurez un jour à faire face), faire le deuil des liens que nous avions avec notre belle fille, cela a été très dur, et reste difficile vraiment ! nous ne nous voyons à présent qu'en coup de vent !
je vous souhaite de trouver le soutien nécessaire, et vous adresse mes chaleureuses pensées

Hors ligne stellarose

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Re : Mon fils s'est suicidé
« Réponse #217 le: 24 mars 2013 à 10:14:54 »
Merci Mélie, merci Ephémère, et aux autres aussi;

En ce moment, je suis confrontée à nouveau à la mort et à la maladie donc je me pose beaucoup de questions, et j'essaie de trouver les mots justes pour apporter à mon tour un peu de soutien. Je me rends compte que l'on est bien démuni devant la mort, il y a les choses matérielles et la grande question: croire à un après ou pas ? Certains signes et lectures me font penser que oui, et puis un moment après, je me dis à quoi bon, et si c'était le néant? Et puis toutes les autres questions sur ce que sera la suite, la vie sans lui.
Si je comprends la démarche de ma belle-fille qui a besoin de s'éloigner, c'est dur de se retrouver seule, je sais qu'elle a réfléchi et ne le fait pas sur un coup de tête. Elle a une amie d'enfance avec qui partager une maison, avec qui parler, et peut-être qu'un changement lui fera du bien pour avancer. Car il faut avancer quand on a un enfant, il faut se relever et continuer la route. On n'oublie pas, non.
Mais j'ai un peu peur de cet éloignement, car je le ressens comme une perte, une seconde fois.On se raccroche à ce petit bout qui nous apporte un rayon de soleil, un peu de réconfort.
Pourtant je sais bien que lorsque l'on met un enfant au monde, il ne nous appartient pas, encore moins dans le cas des petits enfants. Mais ils sont un peu de notre chair, la continuation de la vie. Je verrai plus tard comment je m'en sors, j'anticipe peut-être trop.
J'ai lu qu'il fallait vivre sa vie comme si chaque jour était le dernier, c'est à dire le vivre sans jamais remettre à plus tard pour ne pas avoir de regrets. Plein de sagesse, mais pas facile à mettre en place.
Cela m'a fait du bien d'écrire ce qui me passait par la tête aujourd'hui et si je suis hors sujet, ne m'en veiullez pas.
Je vous envoie mille pensées pour adoucir votre journée.
Stellarose

Mélie

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Re : Mon fils s'est suicidé
« Réponse #218 le: 24 mars 2013 à 14:31:53 »
Stellarose, je comprends très bien vos interrogations sur la vie après la mort par exemple, pour moi c'est une évidence, mais personne ne peut à votre place choisir, de toute façon cela n'amoindrit pas la peine pour autant, car le manque il faut le gérer jour après jour, même si parfois il semble qu'on revienne au même point,on avance quand même.... malgré nous parfois.
Effectivement, j'aime votre sagesse de dire qu'il faut vivre chaque jour comme s'il était le dernier....(même si nous n'y arrivons pas toujours).
Et comme vous le dites nos enfants ne nous appartiennent pas, mais ils sont nos bonheurs aussi dans la vie, je comprends tout à fait vos craintes quant à l'éloignement de votre belle fille, j'espère que vous aurez toujours de bons contacts avec elle,et pourrez voir votre petit enfant aussi souvent que possible cela aide énormément. En effet, il va falloir aussi faire le deuil de la relation que vous aviez avec elle. Cela demande pas mal d'ajustement, moi j'ai encore du mal à la voir heureuse avec quelqu'un d'autre....mais j'y arriverais. nous sommes à la fois heureux pour elle, pour eux mes petits enfants, et tristes pour nous même en même temps.
nous vivons à présent dans un cloisonnement des pensées pour ne pas trop souffrir.
chaleureusement à vous

marieso

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Re : Re : Mon fils s'est suicidé
« Réponse #219 le: 25 mars 2013 à 16:08:15 »
Bonjour à tout(e)s,

Mon petit frère s'est pendu à 25 ans, il était skizophrène. C'est la première fois que je peux en parler avec d'autres personne ayant vécu ce drame. Autour de nous, les gens parlent de folie, de déviance, et utilisent des mots tels que "taré", "déjanté"... Mais c'est l'une des premières fois que je vois ENFIN ce mot qui caractérise la skizophrénie : MALADIE.
Merci pour cela !

Hors ligne *Ephémère*

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Re : Mon fils s'est suicidé
« Réponse #220 le: 25 mars 2013 à 20:45:57 »


Mon dieu, Marieso, dans ces mots "taré", "déjanté" ... quel manque de respect !
Quelle ignorance.
Quelle bêtise.

La schizophrénie, une redoutable maladie ; et beaucoup de souffrances.



*Ephémère*

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Re : Mon fils s'est suicidé
« Réponse #221 le: 26 mars 2013 à 00:00:18 »
Bonsoir Marieso, bonsoir à tous,

Ma fille a mis fin à ses jours suite à son anorexie et le syndrome Borderline (ou état limite). Je ne l’imaginais pas malade avant qu’elle ne devienne anorexique car je ne connaissais pas les maladies psychiques de près ou au moins je ne savais pas les déceler puisque je ne connaissais même pas l’existence du syndrome Borderline.

Le tabou autour des maladies psychiques est terrible. C’est à nous de le rompre pour qu’un jour, il y ait plus de compréhension et d’empathie pour ces malades.

Une personne me racontait qu’elle avait été très étonnée qu’une amie canadienne lui parlait tout simplement de sa bipolarité comme de n’importe quelle autre maladie. Cela devrait être la norme. Il faudrait que les gens comprennent qu’ici, c’est le cerveau qui est touché comme cela aurait pu être le rein ou tout autre organe.

A nous de faire évoluer la situation !!!!

Méduse

marieso

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Re : Mon fils s'est suicidé
« Réponse #222 le: 26 mars 2013 à 15:10:34 »
Tout à fait Méduse !

Dans notre société occidentale industrialisée, les maladies du corps sont palpables, visibles grâce aux nouvelles technologies (IRM, Scanner et autres). Mais les maladies de la psyché sont elles, abstraites, impalpables. Et comme tout ce n'est pas de l'ordre du concret, cela fait peur, alors on l'occulte.


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Re : Mon fils s'est suicidé
« Réponse #223 le: 28 mars 2013 à 09:36:17 »
Bonjour à toutes et à tous,

Oui, c'est vrai notre société occidentale occulte toutes les maladies liées au psychique, mais je crois que c'est en train d'évoluer. Que savons-nous ? pas grand chose. Et quand on ne trouve pas d'explications médicales, notre société à vite fait de caser les gens dans des catégories, vite fait de traiter les gens de déjantés ou autre.
Lorsqu'en fin un diagnostic est posé, il est parfois trop tard, et le malade est passé à l'acte.
J'espère que les chercheurs feront des progrès et que l'on pourra soigner et prendre conscience que l'être humain est multiple et donc complexe. Je crois que l'on ne peut pas tout expliquer malheureusement, mais il faut arriver à parler de toutes ces maladies, et que chacun prenne conscience que ça peut arriver dans sa famille. C'est en parlant, en écrivant que le message sera divulgué et touchera le plus de monde.
Qu'est-ce qui fait que la vie bascule ? Je ne sais pas, je me pose des questions, et je n'arrive toujours pas à comprendre. Quand je crois avoir une réponse, une autre question se pose et c'est en boucle.
Je me rends compte en vous lisant que je ne suis qu'au début de mon chemin. Qu'y a-t-il au bout ?
A plus tard et courage à tous.

Maria

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Re : Mon fils s'est suicidé
« Réponse #224 le: 01 avril 2013 à 18:58:21 »
Bonsoir à toutes et tous, c'est une belle journée de printemps et pourtant mon coeur pleure, j'ai fait une balade au bord de la mer, vu la petite plage où souvent mon fils, le cadet de la famille, nous rejoignait, je l'ai imaginé, arrivant souriant, désinvolte, sa serviette sur l'épaule, il me manque tellement. Cela va faire 19 mois le 3 avril qu'il est parti et au bout de ce temps, ce qui a changé c'est que je ne cherche plus pourquoi, car la réponse nous ne l'aurons jamais de toute façon, je me suis déchirée à rechercher ce qui avait fait basculé sa vie et vois tu stellarose, un jour on décide de ne plus se torturer car c'est déjà si dur... mettre un pied devant l'autre, avancer, demande déjà tellement d'énergie, tenir debout, serrer les dents, expliquer que c'est une maladie qui l'a emporté, une maladie qui n'est pas honteuse, qu'elle ne se voit pas mais détruit peu à peu mais voilà, cela les autres ne l'imaginent même pas. Dans le groupe où je suis allée une année entière, même moi je me sentais à part devant la douleur des parents qui avaient perdu leur enfant de maladie "normale" physique dirai-je, car la dépression n'est pas reconnue et pourtant elle est insidieuse et peut être mortelle. Que faire maintenant, j'ai envie d'aider les jeunes, d'expliquer, de protéger, dans ma région il n'y a pas d'aide ni d'écoute pour cette maladie. Voilà, venir ici m'aide aussi et partager la douleur me rend plus forte. A plus tard, je vous embrasse.