Rosemarie
C'est bien que vous puissiez écrire, mettre des mots sur vos maux ; cela soulage ; je l'ai ressenti cela moi aussi. Et venir ici, dans ce forum où nous avons vécu pareilles épreuves , c'est plus facile de s'ouvrir ; quand nous savons combien ceux qui nous lisent sont nos semblables, nos frères et nos soeurs, par la douleur. Oui, alors, le partage, l'échange, est plus aisé, sûrement.
C'est vrai que nous nous sentons comme dépossédé de soi, après une si cruelle épreuve. Au début de la perte de mon fils unique ( il y aura bientôt un an et demi), je l'ai vécu ainsi moi aussi, une sorte de dépersonnification, délocalisation etc ... Je crois que cela m'a aidée à me déposséder de mon "fardeau" aussi horrible. Oui, quelque part, cela a été un moyen pour ne pas être totalement accablée et détruite, sinon.
Ce qui m'a surtout fait du bien, c'est d'abord d'être allée dans une association où je pouvais écouter d'autres personnes en deuil, comme moi, partager nos ressentis, dire notre colère, notre révolte parfois ( j'étais très remontée les deux premiers mois !) , exprimer nos émotions, parler, échanger , pleurer même ... Un médecin spécialisé dans ce domaine ( comment aider des personnes endeuillées) dirigeait ces "soirées" où nous nous réunissions. Ce serait bien que vous trouviez dans votre région, un tel lieu d'écoute, Rosemarie. Qu'en pensez-vous ?
J'y suis allée trois fois et cela m'a remise sur pied, quelque part.
Je suis aussi allée consulter, sur les conseils de mon médecin généraliste , un psychiâtre. Je ne l'ai vu qu'une fois et j'ai retenu ceci qui m'a aidée, ô combien!
"Votre enfant est allé jusqu'au bout de là où il pouvait aller , jusqu'au bout de SA vie".
Peut-être cette phrase, qui a été pour moi "magique" puisqu'elle m'a fait réfléchir et m'a apaisée, pourra aussi vous aider, ; j'aimerais bien !
Enfin, ce poème aussi , je l'ai beaucoup apprécié et lui aussi m'a été d'une grande aide. ( J'y pense : peut-être pourriez-vous le lire à votre petit fils ; il pourrait comprendre ; cela ressemble à un joli conte) . Le voici ( je ne connais pas la source).
"Le grand jardinier
Un jour le grand jardinier me confia
Une plante d'une qualité très rare, et très belle ;
« Je reviendrai la chercher », dit-il en souriant ;
Soigne-la bien, en la gardant pour moi. »
J'en ai pris soin, et la plante a grandi,
Elle a donné une fleur aux couleurs rayonnantes,
Belle et fraîche, comme l'aurore au printemps.
Mon âme était radieuse, mon bonheur sans égal.
De toutes mes fleurs, elle était la plus glorieuse,
Son parfum, son aspect étaient merveilleux ;
J'aurais voulu la garder, tant mon cœur s'y était attaché
Pourtant, je savais qu'Il reviendrait la chercher.
Et voici, Il est venu un jour me demander
La jolie plante qu'il m'avait prêtée...
Je tremblais ! Mais c'est vrai qu'Il m'avait dit
Qu'un jour il reviendrait pour me la réclamer.
« C'est parfait », dit-il en respirant son parfum
Alors, en se penchant, Il a parlé doucement :
« Si elle reste dans ce sol, elle va perdre sa splendeur,
Je veux la transplanter dans mon jardin là-haut. »
Avec tendresse, il la prit et s'envola
Pour la planter là-haut où les fleurs ne se fanent pas.
Et un jour futur, dans ce jardin de gloire,
Je la retrouverai épanouie, et elle sera mienne".
C'est symbolique, bien sûr. Ne pas hésiter à verser des larmes, quand elles viennent ... je me dis qu'après tout, ces pleurs , ces larmes ne seraient-elles pas sacrées ? Elles sont précieuses, elles peuvent bien arroser cette "fleur" qui quelque part continue son "chemin". Je lui parle beaucoup à cette "fleur", je lui parle intérieurement, au présent et l'amour que je lui porte, jamais ne se flétrit ni ne se fâne; alors ... ( à l'or !)
Puissent ces quelques mots apaiser votre grande douleur, Rosemarie ; c'est ce que je souhaite du fond du coeur.
Plein de pensées de lumière et de paix pour vous et votre famille.
Yuna