Auteur Sujet: Mon compagnon m'a quitté  (Lu 150634 fois)

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #540 le: 26 mars 2019 à 13:46:48 »
Fatigué
Epuisé
Je n'arrive pas à discerner quelle en est l'origine? est ce le physique qui rejaillit sur le moral ou l'inverse?
J'ai l'impression d'être en ciment, en acier.
Les questions sur le futur rejaillissent aussi. Que faire? Aucune réelle satisfaction, aucun réel plaisir à vivre...
Je me répète à l'infini... désespérant.... un brouillard, un sentiment d'impuissance, d'inexorable, de pessimisme en ce moment. C'est tout moche...
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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #541 le: 26 mars 2019 à 14:32:20 »
bonjour Mike...je te suis dans cette fatigue intense qui revient..seulement envie de s'enfermer et dormir..retrouver le cocon des premier mois comme pour de nouveau se protéger de la douleur..pourtant il me semble que je combat mais que de nouveau la bataille sera perdue..quelle reculade en quelques semaines..
On va réussir a surmonter cela , enfin je l'espère quand meme..je t'envois du ciel bleu de Provence, des bouquets de fleur d'amandiers. Ici déjà une image de l'été qui arrive et pourtant c'est si difficile d'apprécier.. je te le dis quand même garde espoir...bises biche.
Si j'avais su que je T 'aimais autant, je T'aurais aimé encore davantage.

Hors ligne mike67

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #542 le: 26 mars 2019 à 17:42:04 »
Merci Biche pour la douceur de tes mots.
Plein de tendresse pour toi.

Michaël
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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #543 le: 26 mars 2019 à 17:43:41 »
Je m'autorise à copier les propos de DOM1 qui me sont formidablement aidants et posent des mots que je n'ose peut être pas encore écrire. Un immense merci à toi.



Merci pour ce petit mot.
Je suis revenu ici un peu à reculons.

Je sais un écueil à éviter, avec " l'expérience " acquise, c'est de trop venir sur ce site.
Celui de trop " baigner dans son jus ", se complaire dans un goût d'amertume triste et ressasser à l'excès cet événement.

J'ai cette image dans la tête de ces femmes habillées de noir, du matin jusqu'au soir, durant toute la fin de leur vie, pour ne plus quitter le deuil de leur mari.


Je comprends et ne juge pas ceux qui pratiquent cette façon de faire. Chacun fait comme il peut et le sent.
Ce n'est pas la mienne.
Cependant je reviens ici parce que j'en éprouve le besoin.
Et je lis, un peu effaré à chaque fois, les dégâts que provoquent ces suicides dans le cœur des survivants.
Cette indicible douleur qui parcourt ces écrits, ces cœurs
.


Il y a, mélangé dans mon esprit, une forme de compassion, de la tristesse, mais aussi l'idée suivante: ce que j'éprouve n'est pas unique, la mort telle quelle s'est affirmée pour mon amie porte les mêmes fondements qui motivent d'autres personnes à commettre l'irréparable.

En lisant ces récits, je retrouve dans ces morts-là, des êtres hyper-sensibles, " sur le fil du rasoir ", pouvant basculer, en fonction des circonstances de leur vie, dans une forme de folie morbide.

Des êtres qui errent parfois dans une maladie qui n'est pas ou mal diagnostiquée et souvent, une maladie mal appréhendée et mal soignée.
Ou pire, cachée.

Cela est inadmissible car c'est leur vie qui est en jeu, sachant qu'une  prise en charge correcte de leur maladie mentale  par des professionnels plus compétents, mieux formés, plus à l'écoute, aurait pu sans doute endiguer et éviter le pire, dans beaucoup de  cas, en leur trouvant une solution médicale et curative.
C'est un regret majeur pour les proches qui ont suivi les parcours chaotiques de ces êtres chers.


Autre évidence:
Il y a cette recherche nécessaire pour tenter de " comprendre " .
Il y a ces dizaines de " pourquoi " qui s'accumulent dans la tête et auxquels on aimerait avoir des réponses.
Des réponses que l'on trouve parfois et qui éclairent la réflexion.
Il y en a d'autres, souvent trop nombreuses qui restent à tout jamais enfouis dans le secret et parfois le " tabou " du suicide...
Cette recherche est indispensable et parfois salvatrice pour ne pas " porter " cette fin suicidaire comme un fardeau insupportable...


La fin.
La fin d'une souffrance immense, invivable, innommable.
Une souffrance qu'ils subissent parfois depuis de nombreuses années.
Une souffrance qu'ils ne pouvaient plus endurer, ne voulaient plus endurer.
Une souffrance qu'il est difficile " d'appréhender " et de comprendre.
Une souffrance morale capable de rendre leur mort plus douce, comme  une porte de sortie, comme une délivrance.


Une délivrance pour eux, et folie suprême, ils pensent très souvent que c'est le mieux pour leur entourage qu'ils finissent ainsi, qu'ils cessent d'exister, que leur présence est un poids pour tout le monde, pour tous ceux qu'ils aiment ou qui les aiment.
Ils pensent qu'ils vont nous soulager, nous libérer.


Dans cette situation mentale, ils ont une perception totalement faussée de la réalité. Ils errent dans une réalité qu'on peut résumer en une sorte de " folie du vide ".


Ainsi, parfois, l'amour qu'on leur a porté peut devenir un élément majeur et moteur dans leur choix de mort, à cause de leur souffrance maladive, de la peur d'une séparation, ou d'un abandon possible, fantasmé ou réel.

D'où la culpabilité qui invite et consiste à " s'enfermer " dans cette idée-là:

" C'est de ma faute si il ou elle a fait ça, je voulais le ou la quitter ".

"Je suis responsable de son suicide car je ne voulais plus être avec lui ou avec elle. "


Comme si être avec eux ne permettait pas  de douter, de subir des " hauts " et des " bas " que toutes les relations humaines traversent.

Comme si il devenait impossible de se séparer d'avec l'autre.

Comme si les aimer un jour ne laissait aucune autre possibilité que de les aimer toujours, pour toujours.

Comme si ceux qui ont partagé une relation amoureuse  avec eux devenaient  les " prisonniers " de cet amour, à tout jamais...


LE renoncement à vivre.
Cette vie qui est devenue  synonyme de mal-être.
Mal-être de l'âme.
" Souffrance de l'âme ".
" Je ne peux pas ne pas renoncer "
, m'a-t-elle écrit ce soir-là...

LA souffrance.
LA souffrance et sa fin.
Une fin qui ne laisse aucune autre option.

Autre évidence: lorsqu'ils ont pris la décision d'en finir, alors rien ne les arrêtent, rien ne peut les arrêter, ni personne.

Sauf s'ils sont sauvés par des circonstances chanceuses...

Et le manque de cette chance-là rajoute de la douleur à notre questionnement avec les fameux "si "...

"Si j'étais arrivé plus tôt ", " si j'avais compris ", " si j'avais su ", " si j'avais téléphoné ", etc...


C'est cela le plus difficile à admettre.


C'est qu'au fond, dans ce moment-là, ce moment où ils décident d'en finir, on est " rien ", face à cette folie destructrice, et que pire encore, l'amour qu'on leur porte ne suffit pas à les maintenir dans " l'envie de vivre ", " le choix de la vie ".

L'attirance vers la mort est plus forte que tout, que nous, que notre amour.
Cet amour pour ceux ou celles qui se suicident n'a pas suffit, ne suffit pas, à les retenir lorsque leur décision est prise.


Une fin qui laisse un état de chaos.

Un chaos morbide d'une violence inouïe faite à eux-mêmes et à leur entourage.

Comment ne pas leur en vouloir de nous avoir fait et de nous faire subir ça ?

Autre évidence:
On leur en veux.
Ils ont été capables de nous faire ce mal-là.
Capables de cette violence envers eux et aussi envers nous.
Nous qui les aimions, nous qui les aimons encore.


Ils sont responsables de ce chaos dans lequel on se débat comme des poissons pris dans un filet, malgré nous.
Un chaos duquel on doit extraire les croûtes et nettoyer les plaies envenimées, encore et encore.


Dernière évidence:
Ce qu'on éprouve est une douleur fracassante qui nous change tous et toutes, à tout jamais.
Une douleur que l'on doit surmonter comme un combat majeur.
Une douleur qui nous transforme.
Je pense que cette expérience nous grandit, malgré tout, et c'est paradoxal, nous rend plus humain, plus fort.


Mon amie, comment te rendre un hommage posthume véritable, si ce n'est en te pardonnant ce choix morbide, en te laissant prendre une place dans mon être...?

Aujourd'hui, je sais que l'on peut s'extirper de ce chaos, lui donner un sens, et même une perspective, une alliance posthume et morale avec l'esprit du défunt.

Niquer cette idée morbide, niquer cette folie, niquer la mort, c'est pardonner.
C'est vivre, encore et encore.
Vivre avec l'essence de l'esprit du défunt.
Ne pas avoir peur de celui ou de celle que l'on va devenir.
C'est aimer, encore et encore.
Je vis.
Je vis et j'aime...


domi...



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Hors ligne Catherine Th

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #544 le: 06 avril 2019 à 01:16:16 »
Aujourd'hui une pensée particulière pour Ludo le botaniste, le peintre sculpteur, ton amoureux et tant encore ....

Tout mon soutien, mon affection pour toi Mike,

Je t'embrasse

Catherine

Hors ligne mike67

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #545 le: 10 avril 2019 à 20:08:27 »
Merci Catherine pour ce message et pour celui que tu m'as adressé en MP.

Je voulais te répondre en MP, mais je me suis dit que je vais continuer la rédaction de mon livre.

Un an hier, j'apprenais l'horreur, l'impensable me tombait dessus.
J'étais bien le week end dernier, relativement serein.
J'ai revu la famille de Ludovic hier. Un peu comme toi Catherine. J'ai appris le décès de Ludovic un mardi... et donc au delà du décallage des dates, c'est hier que j'ai été le pus marqué.
Nous avons terminé de "vider" l'appartement de Ludovic. C'était dur, mais nécessaire.
Chaque petit objet, chaque chemise, chaque chaussure, chaque chaussette, chaque chaise, chaque rainure sur la table en bois, chaque étagère sont un souvenir intact de Ludovic. Et ce moment est donc très émouvant.
J'aimerais prendre tout ses objets. Mais je sais qu'il ne faut pas. Sinon ma reconstruction ne se fera jamais.

J'essaie de chasser la culpabilité mais je m'en veux toujours lorsque je fais face à la famille de Ludovic.
Sa maman, déjà malade, est terriblement fragilisée psychologiquement. Et je sens que son papa est bloqué, il cherche des réponses dans les moindres objets, dans les moindres signes, pour essayer de comprendre. Mais je le sens perdu, extrêmement blessé, tant ce geste lui semble incompréhensible.
Ce sont donc des moments difficiles et je ne parviens pas à les aider.
J'ai récupéré (encore) des vêtements à Ludovic. L'idée que sa famille va finir par s'en séparer me fend le coeur. Je préfère ne même pas imaginer.
Comment cela a t-il pu finir ainsi?

Séance de larmes hier matin et aujourd'hui, toute la journée. J'ai le sentiment d'être qu'une chose triste, grise, sans espoir, sans rêve, sans avenir.
Ludovic n'est plus. Mais je sais que je ne me ferai jamais à sa mort.
Dans mon crane, ll n'est pas mort. Il est juste parti.
Et voilà...
Et en quelque sorte, je suis parti moi aussi. Une grosse partie de moi s'est à jamais envolé.
Un grand courage à ceux qui traversent ces moments bien funestes.



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Hors ligne dom1

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #546 le: 11 avril 2019 à 00:13:53 »
Bonsoir,
Je te lis ce soir et comprends évidemment le désarroi dans lequel tu te trouves.
Je voudrais te donner un ou deux conseils qui pourraient peut-être t'aider.
Tout d'abord, nous avons tendance à mettre sur un piédestal le défunt pour des raisons directement liées à la manière dont ils sont partis. La culpabilité,  le manque, etc en sont les principales raisons.

Je pense à ce sujet qu'il faut remettre les pendules à l'heure et ne pas oublier qu'ils ont fait le choix de partir ainsi. De leur propre volonté.

Ils nous ont quitté, se sont séparés de nous.
L'apaisement que tu souhaites passe par une séparation mentale avec Ludovic.
Je pense qu'il te faut admettre  qu'il va resté dans tes pensées. Il aura même une place particulière.
Il te faut admettre qu'il t'a quitté, violemment et admettre qu'il l'a voulu ainsi.
Il faut le quitter à ton tour.

domi...

« Modifié: 11 avril 2019 à 00:19:10 par dom1 »

Hors ligne loma

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #547 le: 11 avril 2019 à 16:24:28 »
Tendres pensées pour ton Ludovic, pour toi, pour sa famille.

Ils doivent bien discuter là haut, avec mon papa, ancien prof d'arts plastiques et Marc mon mari, peintre amateur à ses heures.

Comme j'ai regretté de ne pas avoir pensé à glisser quelques pinceaux et sa palette de peinture dans le cercueil de mon papa. Nous avons placé l 'urne contenant ses cendres dans une de ses poteries émaillées, décorée et signée de sa main.
La poterie sera déposée dans le caveau familial auprès de ses parents.
Les archéologues des générations futures vont vraiment se poser des questions sur cette poterie, une sorte d'œuf évidé sur un socle, émaillé de blanc avec des dessins stylisés géométriques bleus.

Tendrement
loma
"si un jour je meurs et qu'on m'ouvre le coeur, on pourra lire en lettres d'or ... je t'aime encore"  William Shakespeare

Hors ligne mike67

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #548 le: 15 avril 2019 à 11:52:48 »
Merci Catherine,
Merci Dom1
Merci Ioma pour vos messages.
La fin de la semaine a été très perturbante. Le fait de vider l'appartement et de revoir la famille de Ludovic a réveillé de grosses douleurs que je croyais passer. Grosses crimes de larmes et d'angoisse dimanche soir. Pas beaucoup dormi, reprise de travail aujourd'hui très compliquée.

Je comprends tes propos Dom1 mais j'ai du mal avec cela.. Je continue à positionner Ludovic en martyr et à m'accuser de tous les maux. Je m'en veux toujours beaucoup de l'avoir quitté, d'avoir contribué à sa souffrance. Tous les souvenirs rejaillissent et ca m'attriste. Tout cela me semble complètement surréaliste, toujours aussi inconcevable.

Ioma, ta réponse m'a beaucoup touché car j'ai eu le même regret que toi. Dans l'urgence, j'ai oublié et regretté de ne pas avoir déposé des pinceaux, des craies, des crayons dans le cercueil de Ludo. Nous partageons ce même sentiment.

Et merci Catherine d'être (comme toujours)  si attentionnée et si délicate.
Un grand courage à tous
« Modifié: 15 avril 2019 à 11:56:31 par mike67 »
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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #549 le: 25 avril 2019 à 15:11:34 »
Petite rechute mélancolique.
Besoin, pendant la journée de travail, d'une coupure... direction la basilique Sainte Clotilde pour me réfugier dans un monde de silence, de grandeur et de beau pour penser à toi, pour essayer de me reconnecter à toi, pour laisser l'émotion retomber, les larmes émerger.
J'y ai aperçu une personne qui semblait pleurer le décès d'un être cher, j'ai regardé les statues, les vitraux, la pierre... Tu venais parfois ici, je l'ignorais complètement.  Ou peut être me l'as tu dit et que j'ai simplement oublié. Je donne peut être trop d'importance à des choses insignifiantes?
Stop les questionnements, place aux sensations : J'essayais de deviner où ton regard avait pu se poser. 

Je lis par hasard un article sur Cesare Pavese qui s'est tué "après un désespoir amoureux".
C'est donc certainement ce que les gens qui t'ont cotoyé, aimé retiendront aussi.
DESESPOIR AMOUREUX?
Je t'ai donc déçu mon Ludo. C'est dur pour moi d'imaginer cela, de me faire à cette idée. Je n'ai pas été là. Je t'ai brisé le cœur et tu t'es tué, car, fragilisé par le chagrin que j'ai causé, tu considérais que plus rien ne te raccrochait à la vie. Est ce que c'est le constat que tu as fait? Ou était tu face à une douleur intérieur ingérable? Je ne le saurai jamais.
Comme j'aimerais te parler, échanger avec toi, essayer de t'aider, trouver les bons mots, faire une expo avec toi.

Je commence à comprendre que tu es parti. La vie sans toi est moins intolérable aujourd'hui. Se fait-on à tout? Pour autant, je ne parviens pas à trouver du sens, à me réinventer autrement, sans toi sur cette terre. Peu importe qu'on soit ensemble ou pas. La vie sur terre sans toi est moins chouette, plus grise, beaucoup moins intéressante à vivre,  beaucoup moins émouvante.

J'ai lu les mots d'autres endeuillés, notamment de Miss 29.
Ce fait générateur, dans lequel on est forcément impliqué, et par lequel on s'estime responsable de tout : une rupture, une engueulade, une situation compliquée pour nous, mais perçue comme ingérable pour eux.... et tout qui fout le camp.
Ce qui est étrange est qu'on arrive à examiner la situation des autres endeuillés par suicide avec un regard distancié par lequel on voit que la personne n'y pouvait rien.... mais il est si dur et impossible d'avoir cette même distance sur soi-même.

J'ai du mal à écrire pour réconforter les personnes en peine, car j'ai l'impression de me répéter, que le disque se raye.
Je sens aussi que la souffrance s'estompe et de ce fait, j'ai plus de difficultés à réconforter des gens en souffrance.
Car la souffrance s'estompe, mais elle laisse place à une mélancolie qui est si souvent présente. Pas d'envie suicidaire, mais simplement plus d'envie. Notre-Dame crame alors que je suis passé devant des centaines de fois? rien à foutre.... ça symbolise le fait qu'après un tel drame, le sentiment que plus rien ne m'atteint émotionnellement. J'espère que la légèreté reviendra, mais cela me semble trop compliqué.
« Modifié: 25 avril 2019 à 15:14:42 par mike67 »
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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #550 le: 15 mai 2019 à 16:14:20 »
Ludovic,

Le besoin d'écrire est moins vif.
Car le fait de te crier mon chagrin inconsolable du fait de ta disparition est moins présent, car j'ai appris, par la contrainte, à vivre avec cette peine au quotidien.
C'est loin d'être l'extase ou l'enthousiasme cependant hein?!.. tu t'en doutes bien.
Je prend une distance par rapport à ce drame, comme si en l'espace d'un an, la souffrance et le traumatisme ayant été si intenses que j'ai l'impression d'avoir vécu plusieurs vies. ou plutôt que la vie d'aujourd'hui se décolle, n'a plus aucun rapport avec ma vie d'avant, à tes côtés.
Pour autant, je me rends  compte, par certains moments, que ta mort est une blessure inguérissable.
J'ai montré des photos de toi à une amie qui a perdu son conjoint par suicide. Je respecte ta pudeur, ton côté taiseux (je suis pareil de ce point de vue, hormis le fait que le regard des autres comptaient plus que pour toi (trop peut-être? chacun ses défauts, je l'apprend humblement), qui avai si tendance (trop peut être?)à t'effacer, mais j'ai souhaité lui montrer ton visage, pour t'ancrer dans la vie d'aujourd'hui, pour qu'elle voit ton regard, qu'elle voit exactement le moindre de tes trait ,ton grain de peau,  qu'elle puisse te visualiser tel que tu resteras toujours à mes yeux et dans mon cœur, au delà de la mort, au dela de cette séparation du monde des vivants.
Tu n'es plus là mais, pour moi, tu est et tu resteras. Ce n'est pas un anodin. Il m'appartiendra de te créer un présent, et un avenir, fiché au fond de mon cœur, au delà des souvenirs, car tu as contribué à modifier ma personnalité en faisant mienne les valeurs qui étaient les tiennes et dans lesquelles je me suis retrouvé.
Te voir en photo… un geste anodin. mais le fait de montrer ton visage de toi à quelqu'un qui apprend à te connaître, alors que tu es décédé, reste un exercice si triste et ô combien anormal, inimaginable, tragique et impensable.

J'ai diné avec plusieurs personnes endeuillées par suicide hier.
Une des personnes, qui a perdu sa conjointe et la mère de ses enfants (elle s'appelait Nadine… j'aime rendre hommage par des petites touches à des personnes disparues… une femme perfectionniste, mais fragile, tourmentée dans son travail, trop fragile, trop dure avec elle-même, beaucoup trop dure…).
Ce qu'il m'a dit m'a fait penser aux conflits qui ont écorné un peu le ton du forum du deuil récemment.
Et je me suis dit… peut être qu'on s'est emporté tous trop vite.
Il me disait ceci, après avoir pris RDV avec un médium, lui pourtant très cartésien : le médium lui a dit que son épouse était bien où elle était mais qu'elle devait encore travailler pour résoudre les problèmes qu'elle a connu sur terre, tout simplement. Je lui ai demandé si cette phrase l'avait inquiété… il m'a dit que non. Soit cette affirmation est fausse, pile, soit elle est vraie, face… et dans ce dernier cas, cette phrase ne l'a pas chagriné, bien au contraire.
C'est peut être cela le plus beau finalement.
Au delà de la mort, notre volonté à tous serait que nos aimés, perdus si tragiquement, puisse accéder à un stade où, au delà de l'apaisement qu'ils ont tant recherché,  ils trouvent enfin les clés pour résoudre les conflits qu'ils les ont si douloureusement affecté sur terre.
Et qu'on soit des conjoints, des frères, des parents éprouvés… essayer de ne pas se torturer. Nous n'avons pas failli… ou nous n'avons certainnement pas souhaité les blesser.

Je t'embrasse mon Ludo. Du fond du cœur. J'espère que, s'il y a un au delà, il t'a permis de travailler sur toi dans l'appaisement et de résoudre les problèmes qui t'empêchaient d'être pleinement heureux parmi nous.
Et voilà… aucune place pour des conflits de croyance entre qui que ce soit…
du calme, du calme, de l'intelligence, de la maitrise, de la gentillesse et de la sérénité.. voilà ce qui te caractérise le mieux.


« Modifié: 15 mai 2019 à 16:49:36 par mike67 »
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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #551 le: 17 mai 2019 à 17:00:11 »
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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #552 le: 17 mai 2019 à 20:50:07 »
Bonjour Mike...heureuse  de te lire...ton amour reste et restera toujours aussi beau et profond...quoique la vie nous réserve c'est cela qui compte garder d' eux leur bienveillance à notre encontre.J' Imagine ton Ludo grâce à toi...un ange...si cela existe...
Je t' embrasse biche








Si j'avais su que je T 'aimais autant, je T'aurais aimé encore davantage.

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #553 le: 20 mai 2019 à 11:06:02 »
Merci beaucoup Biche,

J'espère que tu vas mieux désormais, que tu parviens à sortir un peu de l'état de tristesse qui t'empêchait de redémarrer.

Les beaux jours vont revenir, il faut s'accrocher!

(Je ne parviens pas à me l'appliquer à moi même cela dit…).

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #554 le: 20 mai 2019 à 13:49:31 »
Oui s'accrocher encore et toujours...bises
Si j'avais su que je T 'aimais autant, je T'aurais aimé encore davantage.