Auteur Sujet: Mon compagnon m'a quitté  (Lu 150556 fois)

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Hors ligne biche07

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #510 le: 07 février 2019 à 02:39:23 »
Bonjour Mike...les mois passent ...on n' oublie rien je trouve que ton chemin est beau...bien sûr il reste quelques ornières  mais je te lis..J' aime tes messages de réconfort pour ceux qui font face au suicide d' un être cher..tu sais trouver les mots justes..ludo par son geste donne à travers toi de l' aide aux  autres.. nous ne sommes que des petits bouts d' un tout  ..continue ta vie sur ce chemin...il mène forcément  vers  le bonheur...C' est ce que je te souhaite en tout cas....bises biche.
Si j'avais su que je T 'aimais autant, je T'aurais aimé encore davantage.

Hors ligne Audreylana

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #511 le: 10 février 2019 à 22:54:15 »
Bonsoir Mike,
Tes mots me touchent beaucoup. Si seulement il existait un mode d'emploi pour nous aider à traverser cette nouvelle vie qui s'offre à nous... ces moments où l'on retrouve le sourire, ou durant quelques seconde on oublie parfois et ces moments où on a l'impression qu'on n'y arrivera jamais , que c'est trop dur , que l'autre nous manque trop....

J'apprécie beaucoup ton regard sur la vie, sur l'absence de Ludo. Tu à, j'en suis sûr toutes les ressources en toi pour poursuivre ton chemin sans oublié ton amour pour Ludo.

N'en doute pas , il veille sur toi et aurait souhaité que tu avance et que tu arrive à trouver l'apaisement, le bonheur même sans lui....

Je pense fort à toi.

Audrey

Hors ligne mike67

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #512 le: 22 février 2019 à 10:40:36 »
Je vous remercie pour vos messages de réconfort et de soutien.

j'espère que tout le monde progresse, à son rythme, vers un mieux.

Moral bas depuis hier.
Insatisfaction au travail, et sentiment d'une vie cyclique, qui n'évoluera plus.

Ludovic,
J'ai lu un de tes bouquins que tu conservais précieusement sur ton étagère. Quand tu étais en vie, je me souviens d'avoir déjà regardé la couverture, un enfant qui tend la main vers un requin en plastique et un bouquet de sucettes.
Je l'ai lu en quelques jours. J'ai été happé, bouleversé par ce livre car j'ai vu tant de similitudes avec ce que tu devais ressentir, au plus profond de toi.
Une enfance australienne ou l'issue tragique d'un collégien qui ne parvient pas à trouver sa place dans le monde des adultes (isolement de ses camarades, sentiment d'être un poids pour sa famille, rejet de son père, incertitude, angoisse sur son futur, sentiment de ne pas être intéressant, quête pour essayer d'être aimer, à tout prix).
J'ai la certitude que tu as été profondément boulversé en lisant ce livre. Il est impossible que tu ne te sois pas retrouvé dans ce portrait si intime et si juste de cet enfant. Tu le conservais certainement comme un petit trésor, un de tes livres fétiches. Dommage que je ne l'ai pas lu avant... que je n'ai pas pu en parler avec toi.

Tu me manques des jours plus que d'autres, et c'est le cas aujourd'hui.
C'est un jour très triste pour moi. Demain être un autre jour...
C'est la vie... C'est la mort... rien à faire
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Hors ligne Bibou07

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #513 le: 22 février 2019 à 11:55:48 »
Bonjour Mike,

Des bas et des moins bas, c’est notre lot depuis des mois. Accepter les bas c’est la seule solution, laisser encore et encore sortir notre peine jusqu’ au prochain mieux qui dure, c’est vrai de plus en plus longtemps.

Tu n’oublieras jamais ton Ludovic, je n’oublierai jamais mon Luc.  Encore longtemps, je pense , certains événements, des dates, des chansons, des musiques ...raviveront nos souffrances. Nous avons eu de beaux moments, il faut qu’on s’en souviennent et laisser partir les autres.

Aller à l’essentiel, c’est ce que tu m’as dit hier. Ton insatisfaction au travail est-ce si important ? Nous devons apprendre à relativiser...allez, courage, tu sais maintenant, que le mieux va revenir..

Affectueusement. Bibou

Hors ligne mike67

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #514 le: 22 février 2019 à 16:32:09 »
Merci Bibou pour ton message,

Essayer de relativiser est parfois très difficile.
Se recentrer sur l'essentiel. Mais que faire quand on a le sentiment que rien ne va...

Un grand courage à tous
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Hors ligne biche07

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #515 le: 22 février 2019 à 20:03:11 »
Bonjour Mike...oui C' est cela ..aller à l' essentiel..pour moi il ne reste que l' amour que J' ai partagé avec jean pierre..il est en permanence avec moi...je le sens réellement ...un ange à côté de moi et en moi...cet amour me porte je n' ai plus aucunes angoisses ni peurs comme si il les écartait de mon esprit...je te souhaite d' aller vers cette symbiose...a tous ici également...hier cela faisait 10 mois que nous sommes séparés ..les jours ..les semaines...les mois et bientôt une année seule et chose étrange je ne me sens pas seule.
Je te souhaite plein de belles choses pour les jours à venir...bises biche
Si j'avais su que je T 'aimais autant, je T'aurais aimé encore davantage.

Hors ligne mike67

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #516 le: 25 février 2019 à 13:50:39 »
Merci pour vos doux messages qui font du bien.

j'ai le sentiment de retomber un peu.
Ma crainte de revivre un an après le dernier mois de Ludovic me rattrappe.
Je sens une horde de chevaux qui se préparent. Elle va s'élancer bientôt violemment pour le détruire et pour me détruire aussi. Ils vont tout fracasser et t'emmener dans leur sillon.
Envie de revenir jour pour jour en arrière pour lui éviter de sombrer dans l'enfer dans lequel je l'ai fait plongé...
La culpabilité revient du coup également.
J'imaginais hier le silence implacable dans son appartement, une fois qu'il s'était endormi pour toujours.
C'est si horrible...
Comment intégrer ce drame et poursuivre cette vie...
Comment continuer sans le décevoir?
Il fait beau ces jours-ci. J'aimerais tant l'emmener quelques jours au bord de la mer, où il fait doux, pour le faire rêver un peu, lui montrer la beauté de la nature, ce privilège pour les yeux, l'importance des moments partagés. Lui accorder un peu de mon temps rien que pour lui, lui montrer que j'étais soucieux de son existence, qu'il comptait pour moi.
Mais je suis face au vide abyssal.
Tu ne méritais pas une telle fin..décidément non.
T'apporter du réconfort, de la douceur, pour que tu ailles mieux....
Dix mois et 15 jours déjà...
Reconstruire ma vie... ou me détester, m'en vouloir pour toujours.
Comment faire?
Comment chérir notre histoire et repartir?
Comment revivre et te laisser? Encore et encore te laisser...  Je n'aurais pas dû te laisser. J'aurais dû être là pour te protéger...  :'(
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Hors ligne Catherine Th

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Re : Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #517 le: 26 février 2019 à 01:03:07 »
Oui l'approche des" un an" ravive bien des souvenirs douloureux et le manque de ces moments passés avec eux....

"Reconstruire ma vie... ou me détester, m'en vouloir pour toujours."
: oh, là tu entends ce que te dit Ludo ?!

J'aurais dû être là pour te protéger... 
  : je pense que j'avais aussi fortement cette envie de le protéger ..... je me suis mis ces phrases de  John Irving :

- "C’est dur d’avoir envie de protéger quelqu’un et d’en être incapable.
- On ne peut pas protéger les gens, tout ce que l’on peut faire c’est les aimer".


Et au-delà de la mort, l'amour lui continue ...


Prends bien soin de toi
Je t'embrasse

Catherine

Hors ligne Audreylana

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #518 le: 26 février 2019 à 22:06:56 »
Bonsoir Mike,
J'aimerais trouver les mots pour te consoler, apaiser la peine que tu éprouve... malheureusement comme le disent biche et Catherine, je pense que l'approche des 1 an ravive forcément de douloureux souvenir.
Il est  normal d'être triste, malheureux en cette période. Alors pleure, crie, hurle ta douleurs mais s'il te plait ne t'en veux pas Mike.  Ne t'en veux pas. Tu sais au fond de toi qui tu n'est pas fautif face a son geste. Tu l'a aimé, parfois mal, parfois maladroitement mais vous vous etes aimé Mike. Il n'y a que ça qui compte.

Pense à Ludo, je suis sûr qu'il souhaite que tu trouve un apaisement aujourd'hui. Que tu avances sans lui, que tu puisses vivre et trouver des moments de bonheur. Même si les hauts et bas font désormais partie de notre quotidien , tu dois battre Mike.

Je suis de tout  coeur avec toi.

Je t'envoie plein de courage

Hors ligne assiniboine

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #519 le: 27 février 2019 à 05:28:47 »
Tiens bon Mike, de tout coeur avec toi....
Moi 17 ans après , un tout petit coup de culpabilité revient, mais non, il ne faut pas se laisser faire par ce sentiment inutile.
Facile à dire surtout pour toi pour qui c'est si récent
De tout coeur avec toi

Mes amitiés

Philippe

Hors ligne katrinap

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Re : Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #520 le: 27 février 2019 à 15:12:38 »




Autant que la souffrance de la perte, je pense qu'il y a parfois chez nous les endeuillés la crainte de revivre, construire, comme un conflit de loyauté qu'on porte en soi
je ne prétend pas avoir la réponse, mais sans doute ludovic te donne ou te donnera la force de continuer et vivre les choses que vous aimiez vivre ensemble, ne dit on pas qu'aimer c'est vouloir le meilleur pour l'autre? il n'aimerait pas que tu sois malheureux je le pense, construire du bonheur, en portant ludovic en toi
affectueuses pensées
katrin








Merci pour vos doux messages qui font du bien.

j'ai le sentiment de retomber un peu.
Ma crainte de revivre un an après le dernier mois de Ludovic me rattrappe.
Je sens une horde de chevaux qui se préparent. Elle va s'élancer bientôt violemment pour le détruire et pour me détruire aussi. Ils vont tout fracasser et t'emmener dans leur sillon.
Envie de revenir jour pour jour en arrière pour lui éviter de sombrer dans l'enfer dans lequel je l'ai fait plongé...
La culpabilité revient du coup également.
J'imaginais hier le silence implacable dans son appartement, une fois qu'il s'était endormi pour toujours.
C'est si horrible...
Comment intégrer ce drame et poursuivre cette vie...
Comment continuer sans le décevoir?
Il fait beau ces jours-ci. J'aimerais tant l'emmener quelques jours au bord de la mer, où il fait doux, pour le faire rêver un peu, lui montrer la beauté de la nature, ce privilège pour les yeux, l'importance des moments partagés. Lui accorder un peu de mon temps rien que pour lui, lui montrer que j'étais soucieux de son existence, qu'il comptait pour moi.
Mais je suis face au vide abyssal.
Tu ne méritais pas une telle fin..décidément non.
T'apporter du réconfort, de la douceur, pour que tu ailles mieux....
Dix mois et 15 jours déjà...
Reconstruire ma vie... ou me détester, m'en vouloir pour toujours.
Comment faire?
Comment chérir notre histoire et repartir?
Comment revivre et te laisser? Encore et encore te laisser...  Je n'aurais pas dû te laisser. J'aurais dû être là pour te protéger...  :'(

Hors ligne mike67

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #521 le: 28 février 2019 à 10:42:31 »
Merci Assiniboine, Mircea, Audreylana, Katrinap,

Vos messages font du bien et permettre d'être entouré quand on est sur la pente descendante et que la tristesse est plus aigüe.

Etrangement (on est tous habitué) je suis plus apaisé ce matin. Allons savoir pourquoi?

Une belle pensée pour vous tous en espérant que vous allez pour le mieux.
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Hors ligne dom1

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #522 le: 01 mars 2019 à 13:42:10 »
Ton témoignage me parle beaucoup.
J'interviens peu ici et je pense que chacun a sa propre façon " d'avancer " dans ce drame qu'est la perte d'un être cher, et que donc, si on peut se "servir " de l'expérience des autres, on ne peut cependant pas tout identifier.
Chaque cas est particulier.
Pourquoi, écrire ici, alors ?
Essentiellement parce que je retrouve ici une histoire qui ressemble étrangement à la mienne, et aussi  des mots posés dans lesquels je retrouve, et c'est assez troublant, 90% de mon ressenti...

Bref, je pense opportun de faire une sorte de " point " sur mon expérience personnelle, afin, peut-être, de donner des " tuyaux " à ceux qui écrivent ici.

Tout d'abord:

La perte est un séisme, c'est clair, une déflagration, un choc mental, un coup de point qui laisse groggy.
On est dans le coma, un autre monde, comme suspendu.
Mais il faut participer aux funérailles, croiser la famille du suicidé, les regards, et surtout ce qu'on croit y percevoir.
On est seul avec son chagrin.

La famille, les amis tentent de dire les bons mots avec le bon ton.
On écoute, on parle parfois, on a besoin d'exprimer, de pleurer devant ces personnes, d'exposer son chagrin au grand jour.
On a besoin de compassion.

On culpabilise.
Les remords, le mélange explosif des regrets et de la culpabilité est comme une explosion mentale.
" J'aurai du ".
" Je n'ai pas "
" Je l'ai tuée "
" C'est ma faute ", etc...

Les images du dernier contact reviennent et font mal...

Bref, l'ambiance est à l'auto-flagellation.

Puis vient l'envie de comprendre, comprendre ce qui c'est passé, pourquoi ?

Je mène alors une sorte d'enquête policière au cours de laquelle je rencontre ses amis, certains membres de sa famille, des ex, etc.
Je commence à rassembler des clefs qui m'ouvrent une réalité à laquelle je n'étais pas conscient.
Elle était malade, elle a déjà tenter de se suicider, son cheminement dans la vie était chaotique, elle souffrait.

Souffrir, oui mais de quoi ?
D'un état d'âme pesant.
Hyper-sensible, elle a traversé son enfance dans la douleur, l'incompréhension des proches.
Un no man's land sentimental où ses parents, dans l'incapacité de comprendre leur enfant, regarde sa différence comme un handicap.
Elle est malade, certes, mais d'une maladie particulière, elle est borderline.
Elle ressent les choses avec plus d'ampleur et de force que personne, l'amour, la haine, le plaisir, la joie, la peur, l'abandon et face à ces sentiments, pour elle, tout est décuplé, amplifié.
Elle a besoin d'être aimée, beaucoup plus que la moyenne des enfants, parce que sans amour elle s'étiole à petit feu, elle souffre. Beaucoup.
Et cet amour ne viendra pas de sa famille.
Elle comprendra, à l'âge de l'adolescence, que ses parents ne peuvent l'aider efficacement, ne peuvent l'aimer suffisamment, ne peuvent la sauver.
Elle est seule face à sa déchirure.

C'est une profonde souffrance qui lui ouvrira les portes d'une fin suicidaire.
À partir de ce constat, elle quittera cet univers qui ne lui aura pas permis de faire face aux aléas de la vie, aux aléas que chacun de nous traverse un jour ou l'autre.
Elle vivotera au gré de ses humeurs, de cette envie d'en finir, de sa difficulté à entretenir une relation amoureuse et sensible avec quelqu'un.
Elle souffrira de cette incapacité de vivre avec ce besoin d'amour insatisfait.

Un besoin d'amour grandiose, sans limite, incontrôlable.
Prenant et pesant pour son entourage qui l'apprécie, l'aime et parfois ressent la faille qu'elle porte en elle.
Un entourage qui ne peut ni comprendre, ni imaginer ce qu'elle endure.
Admettant qu'elle ne peut vivre cet amour, qu'en fait personne n'est en capacité de lui en donner suffisamment, sa souffrance et des événements délicats de sa vie lui ouvrent la porte du suicide.
Elle prend cette porte et la referme mal, derrière elle.
Elle a été sauvée. Temporairement.

Mais rien n'est réglé.
On l'a détecte " paranoïaque ".
On lui dit, elle doit suivre un traitement qu'elle abandonnera plus tard...
Ses parents savent aussi.
Psy, médecins et traitements ne règlent pas le problème fondamental.
Rien n'est réglé.
Cet amour, ce besoin irrépressible de recevoir un amour complet, immense, complexe est toujours présent.
Elle se mure alors dans le silence, les non-dits, le mensonge.
Qui peut comprendre ?
Qui peut l'aider ?
Qui peut vivre aux côtés de quelqu'un qui souffre de cette pathologie ?
Le dire n'est-elle pas la meilleure manière de faire peur et de briser une relation amoureuse ou amicale ?
Elle comprend qu'elle n'a pas le choix. Le silence sur son état est la seule façon de faire, de vivre .

Ces maladies font peur, c'est ainsi. On les tait.
Alors elle tait et vit, tant bien que mal, avec ce syndrome.

Et je l'ai rencontrée.
Nous nous sommes aimés très vite. Beaucoup.

Un état de grâce fait de sorties, de voyages, de plaisirs, d'amour.

Un soir, nous avons vu une pièce de théâtre ensemble, une pièce de Montaigne: " Parce que c'était moi, parce que c'était lui ".
Elle l'avait beaucoup aimée.
Nous avions échangé sur ce sujet. La rencontre de l'autre, et cette évidence qui précède une relation qui donne sens à sa vie, ou à sa mort....

Oui, il n'y a pas de hasard dans ce domaine, parce que c'était elle et parce que c'était moi, nous nous sommes aimés fortement, viscéralement. Et sans cet amour qui s'est imposé à nous, elle n'aurait pas choisi sa fin tragique, ce soir-là.
C'est évident.
Ce qui est évident, aussi, c'est que personne et moi pas plus que quiconque n'était en mesure de lui donner ce dont elle avait besoin.
Un amour entier, sans faille, sans doutes. Un amour impossible.
L'aimer comme je l'ai aimée, comme un être humain,  c'était lui faire comprendre que ce dont elle avait besoin n'était en fait qu'un rêve impossible, que son amour allait au delà du possible, que personne ne pouvait lui donner ça, même ceux qu'elle aimait plus que tout.
Je l'ai aimée.
Aujourd'hui, ai-je besoin de me disculper, de regretter ?

J'ai compris qu'elle était " bordeline", concept ressent qui résume une personnalité, sa personnalité.
J'ai su alors qu'approximativement 30-40% des suicides sont commis par des individus avec des  troubles de la personnalité, et que 10% d'entres-eux mettent fin à leur jour.

J'ai compris aussi les tabous qui pèsent sur le suicide, les maladies psychiques.

J'ai compris que j'ai été nul, comme beaucoup de personnes, par rapport à ce phénomène et à quel point ces tabous pèsent sur notre façon d'appréhender le suicide.
Au delà, de ses non-dits et ses mensonges, j'ai été incapable de comprendre ce qu'elle ressentait au fond d'elle, malgré l'amour que je lui portais, et je n'ai su imaginer jusqu'où elle pouvait aller.

Et puis vient l'idée que je l'ai accompagnée, à travers notre relation, vers son destin, sa mort.
Et qu'au fond cette fin douloureuse lui appartenait. C'était sa vie, son corps ( que j'aimais tant et qui me manque autant que ses sourires... ), et que ni moi ni personne n'était en mesure de contrarier ce choix morbide.
Je ne pouvais rien pour elle.
Elle avait franchi un palier et était entrée dans un monde que seuls les personnes qui ont tenté de se suicider connaissent. Un monde où rien ne compte plus que d'en finir.
En finir avec la souffrance, quoi qu'il en coûte.
À ce stade de son parcours  de vie, notre rencontre a catalysé sa réaction face à son mal-être, lui ouvrant, lorsque cette relation a vacillé, cette fameuse porte suicidaire.

Comme un accident de la route, on peut toujours refaire le film, en se disant que si on était parti 30 secondes plus tard ou plus tôt, l'accident n'aurait pas eu lieu, cela ne sert à rien. L'accident se justifie à lui seul, il est là, le mal est fait.
Il faut l'admettre et je l'ai admis.

" Je ne peux pas ne pas renoncer ", m'a-t-elle écrit ce soir-là...
Elle a renoncé à vivre, renoncer à se confronter à un espace-temps dans lequel l'amour ne peut être dans l'excellence  24 heures sur 24.
Sa souffrance, lui a ouvert la porte de sa fin, qu'elle a refermée derrière elle, à tout jamais...

Oui, ok,  je n'ai pas été à la hauteur d'un tel être humain hors du commun, un être fait de chair et d'os, un être aux besoins d'amour immense, en proie à des conflits et une souffrance interne incommensurable.

Et alors ?

Je l'ai aimé comme j'ai pu, beaucoup. Moi aussi, j'ai un passé, des Ecchymoses personnelles.
Je suis comme je suis.
Je n'ai rien à me reprocher.
Je ne suis pas coupable, ni responsable de sa souffrance, sa maladie, son choix.
Objectivement, sauf à vouloir continuer mon auto-flagellation, je ne suis pas responsable de son suicide.
J'ai fait ce qui me semblait bien, avec ce que j'étais, avec qui j'étais.

Oui, je lui pardonne son choix.
Oui, je me pardonne.
Oui elle me manque.
Oui, elle était unique.

Et alors ?
Devais-je me cantonner dans cet évidence ?
Ne sommes-nous pas tous unique ?
Mon amour était sincère.
Je n'ai pas de regrets à avoir.

Non, je ne me reproche pas sa mort.
J'aime, je rencontre, je fais l'amour, je vis.
J'aime la vie...

Voilà, j'en suis là, entre pardon et envie de vivre une vie si merveilleuse.

Oui, la vie est un bonheur, avec elle, elle l'a été, sans elle, elle l'est aussi...

domi...





« Modifié: 01 mars 2019 à 23:30:46 par dom1 »

Hors ligne mike67

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #523 le: 05 mars 2019 à 18:45:48 »
Je voulais simplement te remercier Dom1 pour ce message.
Un grand merci.

Et encore davantage pour le MP que tu m'as adressé.

J'ai encore du travail. La culpabilité d'avoir "quitté"Ludovic et de l'avoir enfoncé dans son désespoir est encore très dur pour moi.
Je ne parviens pas encore à m'autoriser à vivre. Parfois encore, j'espère pouvoir revenir en arrière, aller le chercher. c'est si triste, si con, si horrible, si dommage pour lui...
Je n'arrive pas à gérer le fait que, pour lui, il a pu penser que plus rien ne le retenait en vie...
Du temps, de l'apaisement.
Dans la nuit du 6 au 7 avril, cela fera 11 mois qu'il aura choisi de faire ce grand voyage.
Essayer de se battre, de combattre pour que la vie continue

Une grand merci à toi
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Hors ligne mike67

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #524 le: 09 mars 2019 à 15:38:55 »
Je poste le message que m'a ecrit Dom1.
Car ces propos sont fort justes  et tres aidants.
Ils trouvent leur sens dans ma démarche d'hommage et de compréhension, avec tout l'amour et le respect que j'ai pour Ludovic.
Il peut aussi aider d'autres personnes.
Si seulement ils pouvaient aider des personnes en peine pour leur éviter le pire et se dire qu'on peut les entendre, les comprendre...

Bonjour Michael,

Pour tout dire, les mots que tu poses sont pour moi très " troublants " à lire, comme si la perte que tu as subie raisonnait avec une force décuplée dans mon cerveau.
Nos expériences sont très similaires, sans aucun doute parce que nos deux ami(e)s se ressemblaient étrangement, dans leur façon d'être, leur comportement et leur fin.

Oui, c'est très étonnant comme certaines causes peuvent conduire aux mêmes effets.
Comprendre et découvrir que Nathalie était fragile, hyper-sensible, entendre dire par un proche qu'il savait que ça arriverait un jour, comprendre qu'elle était borderline, etc, permet une approche plus lucide de ce qui est arrivé.
Cela n'enlève pas complètement les regrets évidemment,  mais cela atténue l'impact de la perte.
L'amour qu'on portait à ces êtres chers incite à:
- vouloir honorer leur personne
- se sentir coupable de ne pas avoir su et pu les " sauver "
- éprouver un manque teinté de culpabilité...

Ceci est identique pour nous deux dans notre ressenti.

Regardons cela de plus près.

En effet Nathalie ressemblait à Ludovic.

- Il s avaient une sensibilité hors du commun
- ils ont vécu une enfance difficile car cette sensibilité n'était pas reconnue à sa juste valeur, voire refoulée, handicapante, montrée du doigt par l'entourage, à l'école, en famille
- ils ont manqué d'amour
- ils ont peut-être été " maltraités "...
- ils se sont éloignés de leur famille
- ils ont eu du mal à vivre une relation sentimentale équilibrée
- ils ont caché leur passé, leurs problèmes psychologique, leurs maladies...?
- ils étaient intelligents et lucides sur leur état
- ils étaient attirés par les arts, la culture.
- etc...

Puis, nous les avons rencontrés.
Nous les avons aimés.
Ils nous ont apportés beaucoup d'eux , comme un don. Ils se sont épanouis dans cet amour.
Ils nous ont aimés, comme jamais, ils n'avaient aimé.
Ils étaient heureux...
Nous aussi...

Mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille, pour personne et ne l'a jamais été. Ne le sera jamais.
Tout couple, toute amitié, tout amour est soumis à des incompréhensions, des questionnements, des remises en cause.
" C'est la vie ", comme on dit communément.
Oui, avancer dans la vie, c'est aussi douter, remettre en cause, vouloir autre chose, autrement.

Nos histoires n'ont pas échappé à ces phénomènes.
Petit à petit l'amour qu'ils nous ont porté devenait " envahissant ", exclusif, aliénant.
Nous l'avons ressenti comme une pression qui pouvait devenir insupportable, une perte d'identité, une perte de liberté.
Et toi et moi avons posé notre ressenti sur la table de notre relation avec eux.
Comme on doit le faire lorsqu'on est quelqu'un qui a besoin d'exprimer ce qu'il ressent, pour avancer et plus simplement pour vivre heureux.

On connait aujourd'hui les conséquences de l'avoir fait. Mais pouvions-nous faire différemment, autrement ?
Non...

- D'une part parce qu'ils nous ont cachés leur passé, ( leur maladie...? ), leur façon d'être, ce qui était une souffrance morbide au plus profond d'eux.
- l'idée suicidaire était présente dans leur cerveau, le moment de la mettre en pratique ne dépendait que de certains événements particuliers.
- nous ne pouvions imaginer une telle fin.
- paradoxalement, l'amour qu'il ont éprouvé pour nous, que nous avons vécu avec eux leur ouvrait les portes de cette fin tragique car il était si intense et si puissant que l'idée même de sa fin leur était insupportable, invivable. Tout spécialement à cause de ce qui ils étaient, des êtres fragiles, ballottés depuis de nombreuses années, leur plus tendre enfance, par cette difficulté à vivre ce déséquilibre interne, cette souffrance interne.

À partir de ce constat, tu peux te dire, comme je l'ai fait trop souvent pensé, que ta responsabilité dans sa mort est entière et en éprouver de la culpabilité. De la colère aussi pour ce choix qui te fais mal, au plus profond de toi, et que tu considères comme un manque de respect à ton égard, au regard de l'amour que tu ressentais et que tu ressens encore pour lui...

Non, il ne faut pas. Non, ce choix lui appartenait à lui seul. Ce choix est respectable. Il est ultime certes, il est cependant le chois d'un homme libre et entier.
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