Bonjour
Je connaissais cet article et il semble étayé par des expériences de vécus traumatiques ayant entraîné un geste interprété comme adressé à un entourage qui devient dès lors un coupable qui s'ignorait - ou pas - comme tel.
A une certaine époque, je le prenais assez mal, étant convaincu que mon fils n'avait pas voulu faire de mal à ses proches, mais après avoir vu X. Pommereau s'exprimer sur un plateau tv j'ai mieux compris le fait que son expérience est marquée par des cas cliniques variés mais avec des constantes.
Sa tentation de généraliser 'avec modération' certains traits communs aux gestes suicidaires est intéressante même si je suis généralement opposé à ce type de démarche quand elle relève de l'amalgame. Je ne pense pas que cela soit le cas ici.
Il ne faut jamais perdre de vue que ce qui est proposé ici est une interprétation de l'inconscient du suicidant. De nos jours une mauvaise lecture de la psychanalyse a tendance à prospérer à bon compte en oubliant que la vérité de l'inconscient n'est pas celle du conscient. Tout n'est pas vérité dans l'inconscient. Ce n'est pas le siège de toutes les réponses vraies aux plus sombres énigmes. Beaucoup de séries tv marchent avec çà. Cela dit heureusement, il y a aussi beaucoup de 'folie' dans l'inconscient. On fait parfois de grosses bêtises en convoquant abusivement l'inconscient.
Il faut s'accrocher à ce qui est vrai dans nos histoires , l'amour, et ce qui ne l'est pas, la haine, se retrouve le plus souvent refoulé dans l'antichambre des mauvaises pensées plus ou moins dicibles, contre lesquelles on lutte.
Notre cerveau éduqué fait normalement le ménage en permanence... Un psychopathe ne parvient pas à le faire, voire il n'essaie pas.
Lors de la pulsion suicidaire il y a probablement une rupture de cet endiguement, et la personne en est encore plus désemparée, la percussion des pensées 'normales' et des pensées indomptables et moralement inacceptables pour lui est une cause de détresse identitaire épouvantable. Il n'est pas rare de se sentir devenu démon, d'agir comme tel, y compris en entendant des voix, ce que prouvent de nombreux drames parfois 'altruistes'.
Lors de mon hospitalisation en urgence en 2015 (dépression mélancolique, le cerveau comme broyé par trop de nuits blanches) je suis passé dans cet état de désorganisation mentale radicale, en gardant à l'esprit l'amour qui me retenait à ma famille. Sans revenir sur les détails, en résumé cette percussion entre des pensées incontrôlables par leur amplitude, et l'image que l'on a toujours voulu conserver, est une véritable explosion pathologique. Cela sort du DSM... La souffrance est telle que si le passage à l'acte a lieu, cela peut être nimporte où. Pour ma part je me voyais déjà mort, au purgatoire. Sérieusement...
A ce stade la proximité des lieux familiers est je crois très secondaire quant au sens à donner à un quelconque message. Les repères connus facilitent même le passage à l'acte 'réussi'.
Bref, ce qui m'a semblé agir, c'est le flot suivant la rupture d'un barrage. Un glissement dans la psychose, qui a tout d'une perte d'immunité essentielle à la survie existentielle de l'être humain.
Mais cette 'fausse EMI', je l'ai assimilée en quelque chose de fort, de bienveillant envers les personnes qui sont parties ainsi. J'ai surtout compris que l'inconscient qui déborde dans ce genre de décompensation ne recèle pas que des choses vraies, pas d'acte d'accusation fondé envers quiconque. C'est aussi le jaillissement de ces pensées totalitaires et mal fondées qui vous font souffrir de manière insupportable. Tout un paradoxe, une agression du psychisme par des intrusions impossibles à contenir...
Le mystère n'est pas que ces idéations soient tapies dans l'inconscient mais c'est le fait que la digue puisse lâcher chez tout un chacun. La désorganisation intérieure est de l'ordre de la pathologie, du même niveau que la perte d'immunité physiologique.
Je ne sais pas si mes propos seront bien interprétés mais soyez certains que les aspects liés à la 'mise en scène ' n'ont la plupart du temps rien de justifié au regard de la vraie part d'eux-mêmes qui a été débordée par ce qu'ils avaient très involontairement 'convoqué' dans leur processus suicidaire.
Je vous souhaite l'apaisement, sincèrement.