Ludovic,
Nous sommes le 10 avril, jour d'effroi où tout a basculé. L'angoisse devant ta porte fermée, l'appel des urgences, des pompiers, des gendarmes qui pénètrent chez toi pour te trouver endormi dans ta chambre.
J'étais terrorisé, glacé, toutes les angoisses sont entrées en moi, j'étais abattu, sidéré. Hormis un pompier, personne n'a pris soin de savoir comment j'allais.
J'étais en panique. J'aurais voulu courir dans ta chambre pour te prendre dans mes bras, mais je ne l'ai pas fait, par peur du traumatisme.
Comment notre histoire a pu finir comme cela... on était pourtant deux gentils.
La douleur s'atténue mais je m'emploie à ne jamais t'oublier. Je repensais ce matin à tes phrases: ton pigeon voyageur car je n'avais pas le sens de l'orientation, riri fifi loulou pour désigner les petites mouches au dessus de la vaisselle non lavées, ou quand tu m'imitais en train de courir en retard dans la rue.
Je parviens à réécouter certaines chansons qu'on aimait, même si les larmes peuvent couler.
J'aurais tant aimé être en mesure d'éviter ce geste terrible, irréductible. Mais je n'ai pas été capable d'apprécier la souffrance que ma décision allait engendrer.
Tu restes pour moi un sommet de gentillesse, d'intelligence, de subtilité, de tendresse et d'attention. C'est un immense honneur pour moi, un privilège que de t'avoir rencontré.
Je regrette que tout se soit cassé.
Je m'autorise progressivement à reprendre goût à la vie, à certains moment de bonheur. Je comprends doucement que cela ne signifie pas t'oublier ou manquer de respect à ta mémoire. Bon... j'ai encore des progrès... Je suis encore plus chiant qu'avant (t'imagines! ) et plus grave, encore très hermétique à toute forme dhimour d'ailleurs...
J'avance pas à pas, mais je ne t'oublie pas. Tu fais partie de moi, fiché dans mon coeur et dans ma tête pour toujours, même si il y a encore bcp de remous et d'instabilité. Je me dois aussi d'être plus fort qu'avant, de davantage m'imposer: je dois le faire pour toi et car je suis pus fort avec toi en moi.
Je te promets aussi de toujours rejeter la médiocrité ou la facilité.
Pour toujours.
...Je suis assez serein aujourd'hui pour te dire cela, mais je sais que j'aurai encore de bons moments de désespoir.