Auteur Sujet: Mon compagnon m'a quitté  (Lu 146348 fois)

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Hors ligne BEBE

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #555 le: 20 mai 2019 à 22:38:17 »
Coucou Michael

Oui je suis en congé... il a bien fallu les prendre finalement ces vacances que je repoussais de mois en mois,  sinon je perdais ces jours et aussi,  je dois bien l'admettre ,  je frôlais l'épuisement... celui ou tout s'arrête tout seul d'un coup si on ne s'arrête pas de soi même juste  un peu avant.

Jamais je n'aurais pensé qu'un jour la perspective  de prendre trois semaines de congés consécutives me fasse ressentir une telle appréhension... le mois de mai à toujours été le mois des congés et des ponts pour nous.... un mois ou nous n'étions pas beaucoup à la maison. J'ai eu beaucoup de mal début mai à cause de ça, je ne  pouvais m'empêcher  d'imaginer ce que nous aurions pu faire de ces trois semaines... partir en Grèce ou en Bretagne, deux endroits  que nous aimions particulièrement ou  bien partir à la découverte d'une nouveau pays où d'une nouvelle région de France.... je n'ai eu le courage ni de l'un ni de l''autre... alors je me suis dit que j'allais profiter de ce temps pour m'attaquer à toutes ces choses que j'ai soigneusement remises au lendemain depuis 17 mois.... y a du taf... finalement je n'ai rien fait de tout ça non plus... j'ai été plus occupée que je ne le pensais au départ avec l'hospitalisation de mon père mercredi dernier.
Et puis la météo est super pourrie,  à croire que le ciel pleure avec moi ce mois de mai dont je ne sais quoi faire.

J'ai pensé fort à toi et à Ludo il y a quelques jours quand j'ai composé ma toute premières création florale pour mettre sur la tombe de mon amoureux.

As tu pu de ton côté mettre à profit tes quelques jours de congés ?  Je te le souhaite de tout coeur.

Est ce que c' est un tableau de ton Ludo cette image  que tu as posté sur le forum ?
Je lis un grand désarroi dans le regard de ce garçon.
Moi je suis persuadée que ton Ludo à trouvé l'apaisement et l'aide nécessaire là où il est  pour balayer les tourments qui l'ont tant fait souffrir sur terre. J'espère même  qu'il a été particulièrement bien chouchouté et entouré  comme tout ceux qui ont traversé de très  grandes  souffrances dans cette vie.

Je t'embrasse fort Michael

Prends bien soin de toi

BEBE

« Modifié: 20 mai 2019 à 22:49:13 par BEBE »
L'Amour ne meurt jamais

Hors ligne mike67

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #556 le: 21 mai 2019 à 15:35:43 »
Bonjour Bebe,

Ton message me fait chaud au cœur, vraiment!

Les congés peuvent ne pas être une période facile.
Pour autant, comme tu le mentionnes, ils te permettent de te reposer, de prendre le temps dont tu as besoin, de prendre ton temps à toi.
Evidemment,  ce temps pour soi  favorise les interrogations, nous met face à nous même, face à la perte qu'on a subi de plein fouet.
Essayer de t'occuper en faisant des choses que tu aimes  : voir des amis, quitter l'alsace pour quelques jours pour une destination nouvelle que tu aurais choisi ou que ton conjoint aurait aimé faire avec toi….
En même temps, je dis cela mais je m'isole et ne fait quasiment plus rien… hum..

je suis désolé pour les tracas de santé concernant ton papa. Il peut compter sur sa fille pour l'aider!

Tu progresses de jour en jour, tu creuses ton propre chemin.

Je comprends la solitude que tu décris. C'est pareil pour moi.
Et il suffit d'un grain de sable pour flancher…
Une amie de Ludo m'a envoyé un mail adorable ce matin, mais où elle m'indique que Ludo a considéré que la vie sans son grand amour était quelque chose d'impossible.  Ca m'a fait très mal, cela m'a blessé de lire cette phrase.
Je replonge dans son abîme de tristesse. J'aurais tant aimé lui tendre la main, avoir compris ce qui se tramait dans sa tête.

Je me suis aperçu hier soir que je ne me suis toujours pas fait à la mort de Ludo. je ne peux pas. J'espère ne pas faire un déni. J'essaie de lui parler en pleurant dans la nuit, mais je n'ai aucun signe, le silence absolu. Pour autant, ce silence me peine, mais ne m'atteint pas complètement, car Ludovic occupe mon cerveau en permanence.

Vais-je arriver à me faire un jour au fait qu'il ne soit plus là? Où dois-je me rassurer en pensant qu'il est encore là? Est-ce que ce n'est pas un jeu dangereux pour moi?

Tout reste donc très compliqué.

Merci pour les fleurs plantées en pensant à Ludovic. C'est adorable.
De mon côté, il ne me reconnaitrait pas : j'ai des pots de fleurs dans tout l'appartement!!!

Je t'embrasse bien fort.
Prends bien soin de toi, c'est le plus important.

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Hors ligne dom1

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #557 le: 28 mai 2019 à 19:31:45 »
Bonjour à toi,

l'hypersensibilité  dans laquelle on évolue après un tel drame  ne laisse pas de répit.
Un mot, une image, un lieu, tout est sujet à retrouvailles avec l'esprit du défunt qui s'impose alors.

Comment faire pour ne pas en être esclave ?

C'est à chacun de trouver une méthode ou une bribe de méthode.

Donner un conseil ?

Je m'y risque, avec toute la modestie qui s'impose.

Tout d'abord, comprendre que l'on est dans un " état " psychologique très particulier dans lequel nous a " poussé "  le défunt.
Il nous a contraint, dans une sorte de révolution mentale, à vivre  ce nouvel état auquel aucun de nous n'était préparé parce qu'inimaginable.
Nous le subissons.
Cet état nous rend comme dit plus haut hypersensible et vulnérable à toutes les sollicitations de notre inconscient qui " mène la danse " de nos pensées.
Nous subissons.
Il faut admettre et accueillir cet état et ce chamboulement psychologique avec calme et sérénité tout simplement parce qu'il n'y a pas d'autre choix.
Pleurer, rire, dormir, ne rien faire, faire beaucoup, crier, voyager, etc, chacun faisant avec son caractère et ses envies.
Nous sommes vulnérables.
Vulnérables aux excès, et aux conduites excessives, aux balivernes religieuses ou mercantiles ( voyants, marabouts, certains psy et autres charlatans... )
Cet état est un " passage " obligé dans lequel on peut néanmoins se perdre temporairement, et y laisser des " plumes ".


Lorsqu'on en sort, on en sort plus grand, plus fort.
Il faut comprendre que cet état très particulier modifie à tout jamais notre perception des choses: un tel drame ne peut pas ne pas nous transformer.

Cette période qui dure plus ou moins longtemps a une fin, en sachant que la tentation de s'y complaire est bien présente.
En " sortir " pouvant être considéré comme un  " abandon " de la mémoire du défunt.
Une fois sorti de cet " état ", il faut comprendre que notre inconscient, lui, n'en a pas fini avec le défunt, à travers les moments où il s'impose, les rêves, les " rechutes ", les moments où on a l'impression de revenir au point de départ.

Cet état ne nous " lâchera " pas comme ça, aussi facilement, aussi simplement.
Encore et toujours, il faut donner de l'énergie, de " l'essence " à notre inconscient pour " l'amadouer ", à travers les activités que l'on pratique.
" Tromper " notre inconscient pour qu'il relâche la pression qu'il exerce sur notre état, notre vie.
Lui donner du carburant positif, c'est-à-dire sortir, lire, aimer, vivre de bons moments, profiter, etc.
Ainsi, en ayant une attitude réactive, on subit moins la présence mémorielle du disparu en atténuant les effets négatifs  de ce bouleversement.

Puis faire et vivre avec ce " bruit de fond " psychologique  qui reste présent et dans lequel la mémoire et l'inconscient nous rappellent aux souvenirs de cet être qui nous a rendu ainsi.

Pour conclure, je voudrais donner un message positif et simple:

Oui, on sort de cet état, avec du temps, une farouche et indestructible volonté de vivre et de ne pas se laisser sombrer dans  les regrets nés de sa  "mère nourricière ", la culpabilité.
Le défunt qu'on a aimé, qui nous aimait, nous a mis dans ce mouvement de bouleversement personnel, c'est un fait incontournable.
Il a ainsi rendu possible une transformation particulièrement formatrice et enrichissante dans laquelle il prend une place prépondérante.

Lui rendre hommage, pour moi, est de vivre ce bouleversement de façon positive, en mémoire de celui ou de celle qu'on aimait, et parce que c'est ainsi, qu'il ou elle l'a voulu ainsi, sans sa présence physique, certes, mais à cause, avec et grâce à lui ou à elle, accueillir avec plaisir, et parfois même bonheur, ce changement...

Bon courage à tous !

domi...
« Modifié: 18 juin 2019 à 17:51:27 par dom1 »

Hors ligne Riane

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Re : Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #558 le: 18 juin 2019 à 16:09:06 »
Il a ainsi rendu possible une transformation particulièrement formatrice et enrichissante dans laquelle il prend une place prépondérante.

Lui rendre hommage, pour moi, est de vivre ce bouleversement de façon positive, en mémoire de celui ou de celle qu'on aimait, et parce que c'est ainsi, qu'il ou elle l'a voulu ainsi, sans sa présence physique, certes, mais à cause, avec et grâce à lui ou à elle, accueillir avec plaisir, et parfois même bonheur, ce changement...

C'est manifique et inspirant, le moyen d'essayer de refleurir sur ses cendres ...
Ce fameux "sens" que je cherche si désespérément ...
Je ne sais pas si je vais réussir à trouver ... quelle transformation ? quel changement ?
Grandir, s'ouvrir, aimer ... pour le moment ... juste un concept ... comment y parvient-on, dans la réalité, dans les sens, avec ses émotions ?
En offrant plus de place à notre ressenti tel qu'il est exactement ? cela suffit-il ? ou faut-il le "nourrir" d'autre chose ?

Hors ligne Helpa

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #559 le: 18 juin 2019 à 16:29:41 »
Bonjour Riane,

Tu as écrit aussi : Je suis convaincue que lui, là-haut, s'il est là, il ne voudrait qu'une seule chose : que je sois heureuse, surtout, que je sois heureuse. Que je continue à le pleurer encore, il ne le souhaite pas. Et peut-être que ça le retient pour continuer son voyage plus loin.

Donc tu es déjà sur la bonne voie, il me semble. Je me permets de réécrire ton texte, tel que je le conçois :
Je suis convaincue que lui, qui est la-haut mais aussi tout près de moi, il ne voudrait qu'une seule chose : que je sois heureuse, surtout, que je sois heureuse. Que je continue à le pleurer encore, il ne le souhaite pas. Ca ne le retient pas pour continuer son voyage plus loin, il a tout son temps.

Parle lui, il t'entend et peut-être que tu recevras des signes.

Hors ligne Riane

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #560 le: 18 juin 2019 à 16:47:41 »
Merci Helpa :)
Oui ... entre la raison et les émotions .... il y a parfois un sacré fossé ... tout qui alterne, des moments d'apaisement où les choses semblent retrouver un sens, des moments de détresse où tout redevint flou et incompréhensible ...

Je lui parle, oui, chaque fois que j'y pense ou que j'en ai envie, mais je ne sais pas voir les signes, s'il y en a, je ne sais pas comprendre vraiment le sens de tout cela, pas encore, je pense que ça viendra, je crois que j'ai besoin d'aide pour ça, puisque je ne sais pas l'écouter ...

Il est parti d'une façon très "particulière", enfin chaque départ est unique bien sûr, c'est un mélange entre accident et suicide, je crois, en tout cas l'expression d'une détresse profonde et infinie, mais pas consciemment volontaire, ce qui change beaucoup ... ou pas ?  Je ne sais plus grand chose, plus vraiment

Merci de me guider, oui,  je vais lui demander, avec quel changement, quelle transformation refleurir à la vie

Hors ligne Helpa

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #561 le: 18 juin 2019 à 17:21:55 »
Riane, même si c'est un suicide, ça ne change absolument rien, pour lui. Pour toi, pour nous qui avons vécu le suicide d'un proche, c'est plus dur à assumer, car il y a toujours de la culpabilité qui se mêle aux autres sentiments.

Mais je peux t'assurer que pour lui, c'est pareil qu'un accident. Je sais que ma fille est très bien de l'autre côté. Nous avons eu de nombreux signes et messages par des médiums. Elle nous a déchargé de toute culpabilité, et continue de nous aimer.

Mais le pourquoi de tout ça reste un mystère. Il y a beaucoup d'interprétations possibles. Mais nous n'avons pas d'autre choix que de continuer à vivre, pour ceux qui restent. S'il doit y avoir des changements ou des transformations dans ta vie, ils viendront tout seul. Ce n'est pas la peine de chercher, il te guidera.

Hors ligne dom1

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Re : Re : Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #562 le: 18 juin 2019 à 17:29:26 »
Il a ainsi rendu possible une transformation particulièrement formatrice et enrichissante dans laquelle il prend une place prépondérante.

Lui rendre hommage, pour moi, est de vivre ce bouleversement de façon positive, en mémoire de celui ou de celle qu'on aimait, et parce que c'est ainsi, qu'il ou elle l'a voulu ainsi, sans sa présence physique, certes, mais à cause, avec et grâce à lui ou à elle, accueillir avec plaisir, et parfois même bonheur, ce changement...

C'est magnifique et inspirant, le moyen d'essayer de refleurir sur ses cendres ...
Ce fameux "sens" que je cherche si désespérément ...
Je ne sais pas si je vais réussir à trouver ... quelle transformation ? quel changement ?
Grandir, s'ouvrir, aimer ... pour le moment ... juste un concept ... comment y parvient-on, dans la réalité, dans les sens, avec ses émotions ?
En offrant plus de place à notre ressenti tel qu'il est exactement ? cela suffit-il ? ou faut-il le "nourrir" d'autre chose ?


Sur le choix factuel du suicide par celui qui passe à l'acte, je pense qu'il n'y a pas de sens. C'est un acte ultime qui répond à une souffrance profonde.

Celui ou ceux qui " restent " peuvent-ils donner un sens à tout cela ? Peut-on parler de sens ? Je ne sais pas. Je ne crois pas.

Ce qui est clair c'est que celui ou celle qui reste subit une " transformation " majeure de sa psychologie, au plus profond de son être.
Peut-on donner une direction, un sens, à cette transformation ?

Peut-être, sans doute.

Comment ?

Vaste sujet...

" Le défunt nous a contraint, dans une sorte de révolution mentale, à vivre  ce nouvel état auquel aucun de nous n'était préparé parce qu'inimaginable. "

" " Sortir " de cet état de sidération mentale puis de prise de distance d'avec le défunt pouvant être considéré comme un  " abandon " de sa mémoire. "

Oui, je pense qu'il faut  " démystifier "  le défunt, lui redonner une place normale dans sa conscience, admettre qu'il n'est plus, ne sera plus jamais, qu'il était unique, certes, mais pas le seul à même de nous donner de l'amour, de la joie, du bonheur, de nous faire vivre des moments uniques.

Admettre que l'on peut sourire, rire, éclater de rire, vivre, aimer, sans lui, sans sa présence, avec d'autres, sans lui.

Il sera toujours présent, cet être partit trop tôt, mais jamais, plus jamais, il ne sera un frein à une vie meilleure qui tournera le dos à la mélancolie, la tristesse, et au malheur.
Laisser vivre de nouvelles émotions, les rendre possibles, leur donner une valeur inestimable.
Nourrir notre inconscient d'amour, d'actes d'amour, de plaisirs divers et variés.

Mordre dans la vie, car en fait, cet acte ultime, s'il y a une seule chose qu'il dit, c'est que la vie est une pépite fragile, prompte à s'arrêter d'une minute à l'autre.


Par exemple, faire un sport collectif, reprendre un sport qu'on a délaissé, course à pieds, musculation, tennis, vélo, etc... Le sport étant un moyen très efficace de se vider la tête, de sentir son corps, ses émotions, de façon apaisée et normale.
Faire une activité culturel, faire de la peinture, de la danse, etc.
Faire une activité à laquelle on pensait ainsi : " quand j'aurai ou si j'ai le temps un jour, je ferai... "
Se trouver une passion à laquelle on consacre du temps et de l'énergie.
Militer dans une ou des associations...
ETC...
 Toutes ces activités étant une source incalculable de rencontres, d'échanges...


Le défunt, nourrira cette réalité-là à travers notre vie :  lorsqu'on a la chance de ne pas en souffrir au point de vouloir perdre la vie, il faut la mordre à pleines dents, sans retenue, consciemment, avec raison.
Car la raison nous donne une matière première essentielle: il ne faut pas laisser filer son destin et se laisser " bouffer " par les conséquences négatives de cette disparition.
Vivre chaque jour, chaque heure, chaque minute qui passe comme une chance majeure, c'est pour moi, le remède et le sens essentiel à donner à ce changement majeur qui s'opère en nous, en profondeur...

domi...
« Modifié: 21 juin 2019 à 11:25:24 par dom1 »

Hors ligne mike67

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #563 le: 21 juin 2019 à 14:27:20 »
Un grand merci Dom pour tout ce que tu écris, vraiment.

Je suis un peu en retrait. Plus trop de ressort pour aider les nouveaux arrivants et j'en suis sincèrement désolé.

Le retour à la vie que tu décris est une étape essentielle, mais il suppose que la culpabilité soit gérée, ainsi que l'absence causée par la disparition de la personne chère : cette maudite absence frontale, irréversible, complète, se dire qu'ON NE SE REVERRRA PLUS JAMAIS  est quelque chose d'encore très difficile et infiniment dur à encaisser, à admettre.

Comme tu le dis, parvenir aussi  à démystifier la personne perdue, cesser de la positionner en martyr, en une sorte d'ange parfait qu'on a pas su aider ou protéger est une autre épreuve du deuil par suicide, particulièrement ardu pour moi, Ludovic étant un trésor de gentillesse et de bonté (même si ce tempérament, on en a déjà parlé ensemble, est lié à l'angoisse ultime, panique, de la rupture).

Et lorsque tout cela sera règlé… arriver à régler cette problématique : parvenir à reprendre sa vie avec le sourire en intégrant sereinement et avec amour la personne perdue.

Avec un challenge, qui est un poids immense et redoutable : la peur de rater le reste de sa vie, de tout louper, ce qui serait un violent affront vis-à-vis de la personne aimée qui a arrêté de vivre car la douleur était trop grande pour elle.
Il y a presque cette obligation à tout mettre en œuvre pour être heureux. Mais dans mon cas, cela raisonne presque comme un fardeau mental qui peut m'engloutir, me faire désespérer, comme un boulet autour de la cheville, comme une épée de Damoclès au-dessus de ma tête, comme la peur du jugement, de l'œil posé sur moi par la personne disparue.
(je suis peut être confus).

Bref, cela fait pas mal de défis à surmonter…. ouf… cela va prendre du temps à dénouer tout ce beau bazar!

La reprise d'activité est importante : du sport, tout doucement. Mais il y a cette problématique dans mon cas : peur de l'activité physique qui épuise, qui fait mal, qui nous fait puiser dans nos ressources physiques et psychologiques, peur peut-être que cela fasse sauter la digue qu'on a construit progressivement pour gérer notre peine.

Et puis… partager des activités avec des proches dont on a le sentiment qu'ils ne nous comprennent plus est compliqué…
Activités en solitaire? ou se créer de nouveaux liens? Mais cela suppose d'être mentalement un minimum attractif… ce qui est loin d'être le cas pour l'extérieur.

« Modifié: 21 juin 2019 à 14:42:13 par mike67 »
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Hors ligne Riane

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #564 le: 21 juin 2019 à 16:28:40 »
Je vais écrire quelque chose d'un peu dur, je m'en excuse par avance ... j'espère surtout ne blesser personne, j'ai besoin de l'écrire parce que je sens ce cri immense monter en moi ...  c'est une pensée que j'ai depuis toujours, depuis que je suis enfant ...
"Rien n'est plus égoïste que le suicide"

Ado, je me sentais extrêmement malheureuse, je trouvais la vie insupportable, et j'ai espéré qu'elle s'arrête, encore et encore. J'ai évidemment beaucoup pensé au suicide, mais j'ai toujours considéré que le suicide était l'acte le plus égoïste qui puisse exister : car il fait peser une culpabilité ingérable, monstrueuse, interminable à nos proches. Ca peut simplement détruire définitivement une personne, surtout une personne sensible, elle peut ne jamais s'en remettre et vivre jusqu'à la fin de sa vie dans une souffrance encore bien plus grande que celui qui s'est suicidé. Selon des études, cette culpabilité dure même 2 générations, c'est un poids réel, immense, disproportionné. J'ai donc toujours refusé de l'envisager, pas pour moi, car cela aurait été un soulagement, mais pour les autres. J'avais imaginé des montagnes de choses, et ce qui m'avait semblé le "mieux" (mais j'étais enfant donc je ne savais pas ce qui était possible) aurait été d'échanger mon sang (sain) contre celui d'une personne mourante, faire un échange de vie/mort en quelque sorte.

Que ma souffrance soit trop insupportable pour vivre, vouloir arrêter de vivre pour que la souffrance s'arrête, c'est un ressenti légitime bien sûr, mais selon moi rien ne justifie de la faire porter à d'autres personnes, et encore moins à ceux qu'on aime (si on les aime vraiment). En tout cas, tant qu'on n'a pas (1) vraiment tout, mais absolument tout, essayé pour guérir cette souffrance (multiples thérapies sur de longues périodes, etc) et (2) exprimé aux personnes les plus proches cette souffrance et le sentiment d'impuissance et d'insupportabilité. Chez moi, il y a une colère fondamentale, je crois, contre les personnes qui se suicident. Rien n'est plus égoïste que le suicide, selon moi.

Je comprends bien sûr cette souffrance tellement insupportable qu'on serait prêt à faire n'importe quoi pour qu'elle s'arrête. Je comprends qu'il puisse y avoir un moment où elle est encore plus insupportable au point de tout brouiller dans notre tête et de nous faire oublier ceux qu'on aime, quitte à leur "gâcher le reste de leur vie". Mais rien n'est plus égoïste que le suicide, selon moi.

Dans le cadre de l'association Exit, je peux comprendre. La décision a été mûrement réfléchie, la situation est réellement et concrètement désespérée. Elle a été partagée avec les proches, reconnue comme irréversible et sans espoir. Les proches sont inclus dans la réflexion et le cheminement. Leur culpabilité est donc prise en compte, travaillée, « soignée », atténuée.

Pour moi, le suicide, cet acte d'un grand égoïsme doit légitimement générer de la colère, une très grande colère. C'est une grosse faille dans la "gentillesse", la résurgence en force de la part d'ombre qui témoigne de l'"humanité", des limites du suicidé. De son égoïsme, très grand. Tout est toujours une question d'équilibre, je crois. Autant qu'aie pu être gentille, pendant sa vie, une personne qui s'est suicidée, autant son acte aura fait du mal. La balance revient à un point neutre. Je trouve qu’on ne peut plus dire qu’elle était gentille. La balance est revenue à zéro.

Bien sûr, notre corps nous appartient et nous sommes libres d'en faire ce que nous voulons. Même d'arrêter de vivre. Même de se suicider. Et nous ne devons rien aux autres. Finalement, on pourrait se dire que si les autres souffrent de notre suicide, ça leur appartient, c'est à eux d'apprendre à gérer leur culpabilité.
Il me semble pourtant que le suicide exprime malheureusement souvent le message suivant : "regardez comme j’ai souffert ». Sinon pourquoi ne pas simplement disparaître ou déguiser son acte en accident ?
Parfois même, implicitement, la suite du message est : « et bien voilà, maintenant, c'est vous qui allez souffrir" (sous entendu : vous ne m’avez pas compris, vous ne m’avez pas aidé, c’est de votre faute si j’ai tellement souffert). Un ultime message de détresse, qui laisse l'autre impuissant, définitivement impuissant, et dans une souffrance encore bien plus grande. C’est presque condamner l’autre à vivre l’enfer sur terre, toute sa vie.

Je crois que c'est un fait avéré, une constatation, le suicide d'un proche génère toujours une immense souffrance et une immense culpabilité. Je crois que la colère est plus que légitime, elle est même nécessaire. Aussi magnifique, doux, généreux qu’il ait pu être. La colère n’empêche pas l’amour, bien au contraire, la colère est la preuve de l’amour qu’on a éprouvé pour celui qui est parti. Il n’était pas parfait, non, pas du tout, il était simplement humain. On l’aimait tel qu’il était, avec sa part d’ombre, sa part d’égoïsme. On l’aimait vraiment, humain et fragile, en entier, enfin on l’aimait autant qu’on pouvait, nous-même avec nos limites et nos fragilités, de tout notre cœur imparfait

Hors ligne mike67

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #565 le: 21 juin 2019 à 17:30:29 »
Bonjour Riane,

Je te remercie pour avoir posé ton message.
De mon côté, je considère toujours que le suicide est un non choix, le fait de considérer que rien d'autre n'est possible pour calmer sa douleur, à un moment donné.

Pour autant, en te lisant, certains éléments m'interpelle.

Je pense, qu'au moins inconsciemment, il y a la volonté, comme tu le mentionnes, de faire du mal.
"Parfois même, implicitement, la suite du message est : « et bien voilà, maintenant, c'est vous qui allez souffrir" (sous entendu : vous ne m’avez pas compris, vous ne m’avez pas aidé, c’est de votre faute si j’ai tellement souffert). Un ultime message de détresse".
Je suis d'accord avec toi. restes à savoir si  cette formulation est faite inconsciemment ou non. On ne le saura jamais.

La question dramatique et terrifiante : est-ce que nos défunts nous en ont voulu en s'enlevant à la vie? Était-ce leur réponse à des reproches qu'ils n'ont pas su ou pas voulu nous formuler?

On a tendance à rejeter cet éventuel cri car il est insupportable à gérer humainement parlant pour ceux qui restent. C'est d'autant plus le cas, comme tu le mentionnes, que l'entourage n'a pas été préparé, qu'on se retrouve démuni, qu'on est laissé avec nos interrogations pour toujours.
Je me souviens que je souffrais beaucoup les premiers mois où je sentais que le message qui m'était adressé était celui-ci : "personne ne veut de moi (mon compagnon, ma famille, mes amis), je suis si seul, alors je m'en vais".
C'était très cruel à digérer pour moi, et certainnement aussi pour l'entourage amical.
Mais comment en vouloir à quelqu'un qui souffrait et s'est tué? Impossible.

Le hic est que parfois, les personnes creusent seules leur chapelle de souffrance, sans forcément appeler à l'aide (c'est le cas pour mon histoire personnel).
Mais je pense aussi que certaines personnes n'ont pas les outils pour appeler à l'aider, soit parce qu'on ne leur a pas appris à le faire, soit car c'est un moyen de mettre à jour leur souffrance , ce qui est insupportable et ingérable pour eux.
Cela a beaucoup joué dans mon cas, lié à une profonde dépression, à un désespoir dans la vie.


Et tout à fait d'accord sur ce point : Cela fait partie de la phase la plus compliquée (pour moi en tout cas).
"Je crois que c'est un fait avéré, une constatation, le suicide d'un proche génère toujours une immense souffrance et une immense culpabilité. Je crois que la colère est plus que légitime, elle est même nécessaire. Aussi magnifique, doux, généreux qu’il ait pu être. La colère n’empêche pas l’amour, bien au contraire, la colère est la preuve de l’amour qu’on a éprouvé pour celui qui est parti. Il n’était pas parfait, non, pas du tout, il était simplement humain. On l’aimait tel qu’il était, avec sa part d’ombre, sa part d’égoïsme. On l’aimait vraiment, humain et fragile, en entier, enfin on l’aimait autant qu’on pouvait, nous-même avec nos limites et nos fragilités, de tout notre cœur imparfait"

… et comme nous somme du côté de la vie, j'espère que tu vas pour le mieux Rianne, très sincèrement. :)


« Modifié: 21 juin 2019 à 17:40:39 par mike67 »
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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #566 le: 21 juin 2019 à 19:56:34 »
Je dirais que le suicide paraît égoïste à ceux qui restent, forcément. Mais celui qui le commet n'a pas forcément l'impression d'être égoïste, comme toi Riane.

Tout simplement, il ne voit pas d'autre solution. Ma fille a laissé un mot en s'excusant, en disant bien que ça n'avait rien à voir avec nous. Elle n'imaginait absolument pas les ravages que ça allait causer. Elle se dévalorisait tellement qu'elle a écrit qu'elle espérait qu'on s'en remettrait vite !

Le problème, c'est que ce sont souvent des cas psychiatriques, détectés ou non, et dans tous les cas très difficiles à soigner, particulièrement chez les ados. Donc je dirais que dans beaucoup de cas, on ne peut pas parler d'égoïsme.

Hors ligne mike67

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #567 le: 21 juin 2019 à 23:25:55 »
Ludovic
Aides moi à trouver la force de continuer stp.
Je suis à bout là. ..
Pas de satisfaction, que des déceptions et une solitude qui m'isole.
Envie de rien. A quoi bon poursuivre un chemin où tout est sec, terriblement sec.


There is a light that never goes out

Je t'emmène ce soir

Hors ligne biche07

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #568 le: 21 juin 2019 à 23:59:43 »
Bonsoir Mike...je t' embrasse fort...je ne sais pas si cela va te réconforter mais je suis  comme toi...désespérée..alors on va dire qu' on pense tres fort l' un a l' autre et que si nos désespoirs se croisent il pourront peut être s ' anéantir  dans le choc...je sais ce que tu penses..je sais la souffrance malgré le temps qui passe ..je sais aussi que plus personne ne nous comprends et cela fait très mal parce qu' on a plus d' écoute réelle  à part celle de professionnel...comment continuer c' est aussi ma question sans réponse.
Tu n' es pas seul...je t' embrasse fort.
Si j'avais su que je T 'aimais autant, je T'aurais aimé encore davantage.

Hors ligne assiniboine

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Re : Mon compagnon m'a quitté
« Réponse #569 le: 22 juin 2019 à 01:41:03 »
Allez Mike, on pense à toi, on comprend ta souffrance, on est là, chacun avec nos désespoirs parfois si différents.
Mais nos désespoirs qu'on doit arriver à surmonter, pour toutes sortes de raisons, pour la personne disparue, pour celles et ceux qui restent, un peu pour soi peut être

Tous ensemble, Mike. Et à toi aussi Biche07 je dis non vous n'êtes pas tous seuls tous les deux.

Mes amitiés

Philippe
« Modifié: 22 juin 2019 à 01:47:36 par assiniboine »