L'après midi de samedi était déprimante.
Du coup, je me suis forcé et j'ai foncé lorsqu'un ami m'a proposé de l'accompagner dans sa maison de campagne!
Le silence et la nature fait du bien.
Cela dit, j'étais sombre et très peiné toute la journée de dimanche.
La culpabilité s'atténue un peu.
Pourtant, la disparition implacable et le fait de me retrouver si tristement seul n'est pas facile à vivre et m'empêche d'être heureux ou d'être léger.
Je me rends compte que mon histoire avec Ludovic a été la relation la plus longue et la plus importante de ma vie.
Aujourd'hui, j'avance en terrain totalement inconnu. Cela m'effraie, me déstabilise, car je n'ai plus d'épaules et de soutien pour me rassurer. J'ai l'impression de régresser, de revenir en arrière.
Il y a toujours quelque chose, une peine indépassable, enfouie tout au fond, qui m'empêche de redémarrer.
Ludovic était si subtil, si gentil, si doux, si prévenant.
Il était un peu mon nuage, ma base solide qui me rassurait. Là, j'avance seul, avec l'impression de me démener contre des ennemis invisibles, avec des enjeux que je ne parviens plus à cerner. J'avance, non plus dans la nuit, mais en plein brouillard. J'aimerais toujours le voir réapparaître une fois la pellicule levée.
Mais je commence à comprendre qu'il est mort et qu'il ne reviendra plus. J'ai l'impression que mon deuil va débuter maintenant.
Tu seras toujours dans mon cœur Ludovic.
Je crois que Biche s'inquiétait que plus personne ne parle de son conjoint.
Je ressens la même chose. TOut le monde a repris sa vie normalement, j'ai l'impression que tout le monde l'a oublié puisque je suis le seul à manifester de la peine.
Je ne t'oublierai jamais Ludovic. Je n'oublierai jamais la tige de feuille que tu étais capable de mordiller fièrement toute une après midi lorsqu'on se baladait dans la nature. Je n'oublierai jamais lorsque, sans t'en apercevoir, tu passais tes doigts sur ta moustache dont tu étais si fier. Je n'oublierai jamais ton visage un peu fermé, qui s'illuminait litéralement en me voyant. Tout cela s'est arrêté, à jamais.
Je ne te regarderai plus sur le canapé en train de peindre avec talent et application.
Je ne te verrai plus jamais lire avant de dormir, avec les lunettes sur le nez, me serrer dans tes bras pour me souhaiter une bonne nuit.
Tu ne rigoleras plus jamais quand je poussais des petits des cris de satisfactions, lorsque je plongeais en plein hiver sous la chaleur de la couette.
Tu n'éteindras plus jamais la lumière lorsque tu t'apercevais que je m'étais endormi avec un livre ou avec la télé allumée... voir même avec une tasse de thé qui commençait à se renverser sur moi.
Je ne sentirai plus l'odeur de l'huile sur ta peau après la douche.
Je t'aime et je t'aimerai toujours mon Ludo. Tu étais une personne si exemplaire pour moi...
Comment faire? Comment continuer ma route sans toi? Je t'ai perdu pour toujours. Réapprendre à vivre, trouver de nouveaux équilibres. Il n'y a rien de plus difficile.
Tout le monde m'emmerde à part toi. Tout le monde me fait chier.