Bonjour,
Comme vous le dites ce n'est pas vous qui déteniez la solution.
Vos compagnons le percevaient et c'est ce qui a fait qu'ils aient appliqué leur 'propre solution', afin de mettre fin à cette illusion épouvantable. Quand on passe à l'acte on est vraiment dans un tunnel, on est convaincu que tout ce qui vous entoure est anormal, il devient urgent de mettre fin à une situation perçue comme infernale. Je le répète on peut se croire possédé, on est au delà du monde normal. Le trouble lié à cette rupture de digue est si intense que c'est comme si on percevait LA réalité comme étant une sorte d'enfer. On est alors ailleurs...
Le suicide est la conclusion de l'isolement dans ce piège. Vous avez fait partie du paysage mental mais c'est comme si vous étiez protagonistes d'un cauchemar, vous n'étiez pas vraiment là, hors d'atteinte dans une vision deformée.
La culpabilité 'circonstancielle' est certes un boulet, mais il vous faut éviter la culpabilité existentielle.
La première n'est plus spécifique au suicide et la seconde finira par vous épargner. C'est la plus dangereuse car c'est ce qui écrase le moi dans la dépression.
Pour ma part j'ai pu l'atténuer mais il faut du temps et aussi abandonner beaucoup d'illusions; on prend un recul énorme par rapport au monde qui nous entoure. Le traumatique revient souvent au galop mais cela devient progressivement possible à gérer.
Mais je crois qu'au vu du temps très court qui vous sépare du drame, vous devriez évoluer vers une acceptation différente dans laquelle la question de votre culpabilité ne se posera plus aussi douloureusement. Ce sera déjà plus supportable même si cela restera très dur. Un deuil apaisé - entre le défunt et soi - est possible, même pour un suicide. Il reste plus difficile de s'ouvrir au monde qui est souvent accablant. Se protéger sans s'isoler...
Bonne journée à vous.