Bonjour Stéphanie,
Mon père s'est suicidé il y a 11 ans, j'en avais 21. Je me souviens parfaitement de ce jour où mon monde s'est écroulé et je ne pensais pas me relever. A ce moment là je m'étais dit que ce n'était pas possible et puis après je me suis refusée d'être heureuse m'interdisant le bonheur sans mon père.
Rapidement, j'ai culpabilisé me disant que si j'avais été une meilleure fille, il serait peut être encore là car je ne l'aurais pas enfoncé par nos disputes régulières malgré notre bonne entente, car je lui aurais montré qu'il pouvait compter sur moi que j'étais là pour lui.
Et puis j'ai décidé de vivre, enfin de survivre, ou de vivre à fond ma vie quitte à me brûler les ailes. Je suis beaucoup sortie, j'ai beaucoup bu, j'ai testé plusieurs produits stupéfiants, jusqu'à consommer régulièrement de la cocaïne, je conduisais sous ces différents états, parce qu'à ces moments là j'en avais rien à faire de la vie, je me disais que si je mourrais ça serait peut-être plus simple, et puis je ne m'aimais pas, ni mon apparence physique mais pas non plus ce que j'étais en train de devenir ni ce que j'étais, une jeune fille responsable de la mort de mon père. Quelqu'un m'a même dit que je culpabilisais pour m'octroyer au final une position toute particulière auprès de mon père. Je ne sais pas si ça a joué, peut-être en tout cas la cas la culpabilité détruit et empêche d'avancer.
On n'est pas responsable de la mort de nos proches, eux-mêmes n'avaient plus le choix dans leur état d'esprit. Ils ont perdu leur combat contre la maladie de la dépression ou d'une autre maladie psychiatrique. Certains refusent le soutien de leurs proches car ils ne veulent pas montrer qu'ils vont mal, qu'ils n'ont plus le goût à rien, ils passent du côté obsur comme disait mon psy.
Il n'y a pas de solution magique pour affronter un tel deuil, une telle disparition, une telle souffrance. Le seul conseil que je pourrais donner c'est de s'entourer de bonnes personnes positives, qui seront là pour écouter comme pour vous ramener dans les bonheurs simples de la vie. Il faut parler, ou écrire (ce que j'ai fait) car on ne peut pas tout garder pour soi, c'est destructeur également et on tourne en rond avec nos sentiments personnels. Je pense comme Helpa que vous ne devriez pas garder pour vous vos secrets que vous détenez avec votre père parce que le fait de le partager pourra vous aider à avancer. Imaginez que chaque membre de la famille ait des informations que personne n'échange. Quand un proche se suicide on se retrouve face à de nombreuses questions dont certaines resteront sans réponse donc toutes celles qui nous permettent de combler un certain vide permettra d'avancer. Pour vous comme pour vos proches. On se croit fort, jusqu'à ce qu'on craque et c'est ce qui m'est arrivé à force de tout garder pour moi et notamment ma culpabilité. C'est à partir du moment où j'ai commencé à la verbaliser que ma psy a pu me montrer à quel point je culpabilisais et les conséquences que ça avait.
Bon courage dans votre épreuve et continuons à échanger si vous le souhaitez...