Auteur Sujet: Les années passent... la culpabilité reste  (Lu 7457 fois)

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Stephanie.Paget

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Les années passent... la culpabilité reste
« le: 31 mars 2016 à 15:34:02 »
Bonjour,
Voilà plusieurs années déjà que mon père s'est suicidé, par arme à feu...
Et malgré le temps qui passe, je ne peux enlever mon sentiment de culpabilité face à son geste.
Nous portions lui et moi un lourd secret qui du coup ne repose que sur mes épaules.
Il m'avait prévenue qu'il allait le faire, mais je n'ai jamais osé le dire.
J'ai tenté l'écriture d'un livre en auto-édition.... je crois que je l'ai écrit plus pour moi que pour les autres... comme un exutoire à l'enfer que je vis dans ma tête depuis son suicide. Et à  peine ce livre achevé, je ressens le besoin d'en écrire un autre.
Avez vous trouvé des solutions pour continuer d'avancer malgré le suicide d'un proche et le poids de la culpabilité ?
Merci de vos réponses

Hors ligne Helpa

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Re : Les années passent... la culpabilité reste
« Réponse #1 le: 31 mars 2016 à 16:20:56 »
Bonjour Stéphanie,

Je suis dans le même cas que toi, mon père est parti de la même façon. Mais je ne me sens pas coupable, j'avais 17 ans à l'époque. Je ne sais pas quel secret vous partagiez, mais je pense que maintenant ça ne doit plus rester secret d'abord pour te décharger de ce fardeau, ensuite pour éviter que ce drame ne se reproduise. Ce serait une erreur de penser que ce secret disparaîtra avec toi et que les générations futures en seront débarrassées.  Toutes les études de psychogénéalogies montrent le contraire.

Pour ta culpabilité, ce n'est pas parce que tu ne l'as pas cru et que tu n'as rien dit qu'il l'a fait. Il l'aurait fait quand-même. La culpabilité, dans le cas d'un suicide, est toujours très forte parce qu'on s'imagine, après coup, qu'on aurait pu l'empêcher. On se fait un film dans sa tête, on remonte le temps, et grâce à des superpouvoirs, on identifie la racine du mal, et on règle la situation. J'ai l'air de plaisanter, mai j'ai vécu tout ça pour ma fille et je suis passé par ces étapes de déni.

Il faut arriver à accepter ce qui est et comprendre qu'on ne peut pas le changer, que ce soit un suicide, un accident, un attentat, une catastrophe naturelle, une maladie... C'est facile à dire, mais pas à faire.

Tu demandes quelles solutions on a trouvé : moi, j'ai consulté des médiums. Mais chacun est différent, ce qui me convient ne te conviendra peut-être pas du tout.

Stephanie.Paget

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Re : Les années passent... la culpabilité reste
« Réponse #2 le: 01 avril 2016 à 10:03:25 »
Merci de ta réponse Helpa.
Pour les médiums je ne suis pas tentée mais comme tu dis chacun est différent.
Dur de lever les secrets et les tabous, et dur de les garder aussi...
Mes enfants sont au courant de la mort de leur grand-père et des causes de sa mort, ce dont personne n'est au courant c'est tous les secrets de mon passé que je partageais avec lui.
Comme tu dis, après coup on se fait des films.... et des "si" interminables de "si on avait fait telle ou telle chose aurait on pu l'éviter"....
J'ai beau laisser le temps passé, rien ne change.... j'ai toujours ce sentiment en moi.

Hors ligne Helpa

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Re : Les années passent... la culpabilité reste
« Réponse #3 le: 01 avril 2016 à 10:29:47 »
Tu peux essayer de voir du côté de la psychogénéalogie et des constellations familiales.

Hors ligne Helpa

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Re : Les années passent... la culpabilité reste
« Réponse #4 le: 01 avril 2016 à 10:55:24 »
Il y a aussi la psychanalyse transgénérationnelle.

Fleur78

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Re : Les années passent... la culpabilité reste
« Réponse #5 le: 29 avril 2016 à 14:00:28 »
Bonjour Stéphanie,

Mon père s'est suicidé il y a 11 ans, j'en avais 21. Je me souviens parfaitement de ce jour où mon monde s'est écroulé et je ne pensais pas me relever. A ce moment là je m'étais dit que ce n'était pas possible et puis après je me suis refusée d'être heureuse m'interdisant le bonheur sans mon père.
Rapidement, j'ai culpabilisé me disant que si j'avais été une meilleure fille, il serait peut être encore là car je ne l'aurais pas enfoncé par nos disputes régulières malgré notre bonne entente, car je lui aurais montré qu'il pouvait compter sur moi que j'étais là pour lui.
Et puis j'ai décidé de vivre, enfin de survivre, ou de vivre à fond ma vie quitte à me brûler les ailes. Je suis beaucoup sortie, j'ai beaucoup bu, j'ai testé plusieurs produits stupéfiants, jusqu'à consommer régulièrement de la cocaïne, je conduisais sous ces différents états, parce qu'à ces moments là j'en avais rien à faire de la vie, je me disais que si je mourrais ça serait peut-être plus simple, et puis je ne m'aimais pas, ni mon apparence physique mais pas non plus ce que j'étais en train de devenir ni ce que j'étais, une jeune fille responsable de la mort de mon père. Quelqu'un m'a même dit que je culpabilisais pour m'octroyer au final une position toute particulière auprès de mon père. Je ne sais pas si ça a joué, peut-être en tout cas la cas la culpabilité détruit et empêche d'avancer.
On n'est pas responsable de la mort de nos proches, eux-mêmes n'avaient plus le choix dans leur état d'esprit. Ils ont perdu leur combat contre la maladie de la dépression ou d'une autre maladie psychiatrique. Certains refusent le soutien de leurs proches car ils ne veulent pas montrer qu'ils vont mal, qu'ils n'ont plus le goût à rien, ils passent du côté obsur comme disait mon psy.
Il n'y a pas de solution magique pour affronter un tel deuil, une telle disparition, une telle souffrance. Le seul conseil que je pourrais donner c'est de s'entourer de bonnes personnes positives, qui seront là pour écouter comme pour vous ramener dans les bonheurs simples de la vie. Il faut parler, ou écrire (ce que j'ai fait) car on ne peut pas tout garder pour soi, c'est destructeur également et on tourne en rond avec nos sentiments personnels. Je pense comme Helpa que vous ne devriez pas garder pour vous vos secrets que vous détenez avec votre père parce que le fait de le partager pourra vous aider à avancer. Imaginez que chaque membre de la famille ait des informations que personne n'échange. Quand un proche se suicide on se retrouve face à de nombreuses questions dont certaines resteront sans réponse donc toutes celles qui nous permettent de combler un certain vide permettra d'avancer. Pour vous comme pour vos proches. On se croit fort, jusqu'à ce qu'on craque et c'est ce qui m'est arrivé à force de tout garder pour moi et notamment ma culpabilité. C'est à partir du moment où j'ai commencé à la verbaliser que ma psy a pu me montrer à quel point je culpabilisais et les conséquences que ça avait.
Bon courage dans votre épreuve et continuons à échanger si vous le souhaitez...