Auteur Sujet: Le guide "Vous êtes en deuil après le suicide d'un proche"  (Lu 206887 fois)

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Le guide "Vous êtes en deuil après le suicide d'un proche"
« le: 21 octobre 2013 à 17:14:14 »
Bonjour,

Nous savons combien le deuil après suicide est difficile et soulève beaucoup de questions.
Pour vous aider à comprendre ce que vous traversez, nous vous invitons fortement à consulter ou télécharger un très beau guide  édité par l'UNPS et l'association Vivre son deuil.
Vous trouverez le guide "Vous êtes en deuil après suicide"à cette adresse : deuil suicide
Le guide aborde toutes les questions liées au deuil après suicide d'une manière très touchante, nous espérons que cette lecture pourra faire écho en vous et vous apporter un éclairage sur le deuil après suicide.

Chaleureusement,

Yacine
« Modifié: 22 février 2014 à 19:34:36 par Webmaster »

willy

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Re : Le guide "Vous êtes en deuil après le suicide d'un proche"
« Réponse #1 le: 11 novembre 2013 à 14:32:48 »
Merci pour ce guide très utile !

saintnicolas

  • Invité
Re : Le guide "Vous êtes en deuil après le suicide d'un proche"
« Réponse #2 le: 28 novembre 2013 à 02:45:49 »
Bonsoir,
Merci pour ce guide simple mais Tres utile qui me permets de comprendre que je ne suis pas anormale, depuis le décès de ma mere il y a 2 ans.
Mais pousser la réflexion sur : la modification du caractère et de la personnalité de la personne endeuillée serait bien.
Ou puis je avoir ce genre d'informations, svp?
Depuis le suicide de ma mere je suis passée par de nombreuses phases décrites dans ce guide, mais bizarrement j'ai la sensation que le plus dure est a venir. Que ce soit au niveau personnel, professionnel ou autre je me sens en dehors des pensées générales et du "troupau" je dirais meme.
Si vous avez des informations pour aider a se "reinserrer" dans la societe, la vie courante tout simplement, je suis preneuse.
Car franchement, comme le dit le guide, chaque effort est épuisant. Une sensation d'etre en représentation permanente afin de sourire, rire des blagues, discuter... Alors que franchement, les gens ne s'intéressent pas aux souffrances des autres, alors pourquoi vouloir les écouter me raconter leurs malheurs ou franchement, quand il n'y a pas "mort d'homme", l'espoirt existe encore et il est possible d'avancer.
Quand la personne que l'on aime le plus au monde est partie brutalement, sans un mot, sans une lettre, quel espoir reste-t-il? Le retrouver dans l'au delà peut Etre et encore...
Si vous avez des témoignages, comment vous vivez le suicide d'un de vos parents, je suis attentive et a l'écoute. Sutout que la date de décès de ma mere arrive a grand pas, ainsi que sa date d'enterrement (juste avant noel) et franchement je vie mal, Tres mal cette Periode.
Merci a tous.

Orchidée

  • Invité
Re : Le guide "Vous êtes en deuil après le suicide d'un proche"
« Réponse #3 le: 08 décembre 2013 à 20:03:19 »
Bonsoir,
J'ai perdu mon fils le 27 Mai 2012, il s'est suicidé. Il allait avoir 20 ans le 1er Juillet 2012. Merci pour ce guide qui m'a beaucoup aidé.

Mammj

  • Invité
Re : Le guide "Vous êtes en deuil après le suicide d'un proche"
« Réponse #4 le: 22 janvier 2014 à 17:20:57 »

Du lundi 20 janvier 2014, avec participation du Dr Fauré :
témoignage d'un couple de parents après la perte d'un enfant...

http://pluzz.francetv.fr/videos/allo_docteurs_,95256778.html

Mammj

  • Invité
Re : Le guide "Vous êtes en deuil après le suicide d'un proche"
« Réponse #5 le: 07 mars 2014 à 20:26:50 »
Bonsoir  à Toutes et Tous,

Il n'est plus possible de visionner l'émission du 20 janvier 2014 sur Allo Docteurs, mais sur Youtube :

http://youtu.be/eUE1CzatP6g         

Je remets  le lien pour le petit guide de l'UNPS :  http://deuil.comemo.org/mon-proche-s-est-suicide

Ce dossier est extrait du guide  » Vous êtes en deuil après suicide » édité par l’UNPS et l’association Vivre son deuil.

Vous pouvez retrouver une version téléchargeable du dépliant : Vsd après suicide

 Chaleureusement à tous.
« Modifié: 08 mars 2014 à 11:16:30 par mam'deCath »

Mammj

  • Invité
Re : Le guide "Vous êtes en deuil après le suicide d'un proche"
« Réponse #6 le: 11 juin 2014 à 10:53:57 »
Nous ne sommes pas dans la tête de la personne qui a souffert au point d'en arriver à poser un tel acte sur elle-même...
Aussi comment porter  un jugement au prétexte que ce geste  nous est incompréhensible ? Par conséquent, les mots  : "sa décision" "son choix" "son non à la vie" "il/elle a oublié les siens"...     pour moi,  ainsi que pour  tous ceux qui s'impliquent  dans la prévention du suicide, sont inappropriés, douloureux  au même titre  que la disparition inexpliquée cruelle  insoutenable et inacceptable de nos êtres tant aimés.

"Tuez la dépression avant qu'elle ne vous tue" !
à lire : http://marre-de-la-vie.fr/

Rappel du lien de la conférence du Dr Axel Kahn quant à la notion de liberté... lui dont le père s'est suicidé à l'âge de 56 ans.
http://www.geps.asso.fr/journees43.php
(des paroles apaisantes permettant ni d'accuser ni de s'accuser... et qui sait... d'aider à prévenir ? )

Douceur et paix à Toutes et Tous.
« Modifié: 11 juin 2014 à 12:10:36 par mam'deCath »

EDMA

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Re : Le guide "Vous êtes en deuil après le suicide d'un proche"
« Réponse #7 le: 11 juin 2014 à 12:17:02 »
Merci mam'deCath de remettre les choses à leur place .
 "Aussi nous ne pouvons porter de jugement sous prétexte que ce geste  nous est incompréhensible ! De ce fait, les mots  : "sa décision" "son choix" "son non à la vie" "il/elle a oublié les siens"...     pour moi,  ainsi que pour  tous ceux qui s'impliquent  dans la prévention du suicide, sont inappropriés, douloureux  au même titre  que la disparition inexpliquée cruelle  insoutenable et inacceptable de nos êtres tant aimés.
Je deteste ces mots aussi , ils n'ont aucun sens , pour ma part je sais que ma mere aimait la vie et savait l'apprecier à sa juste valeur , que ce n'etait pas un "choix" et qu'elle ne nous aurais jamais "abandonnés" .
 Le suicide pour moi est un ACCIDENT provoqué en amont par une MALADIE sournoise et insidieuse que l'on ne prend pas encore assez au sérieux et que l'on ne sait pas malheureusement prendre en charge et traiter .
 La medecine a fait d'immense progrés dans d'autres domaines , mais elle reste impuissante dans celui ci , le fonctionnement du cerveau demeure pour tous un immense mystére....
Alors RENDONS HOMMAGE à ces personnes qui se sont battues et qui ont souffert . Elles ont ete vaincues par la maladie , elles n'ont pas eu le choix , c'est trop facile de penser ca ! .

Hors ligne stellarose

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Re : Le guide "Vous êtes en deuil après le suicide d'un proche"
« Réponse #8 le: 11 juin 2014 à 15:17:59 »
Oui, merci Mam'de Cath pour ce message, cela fait du bien.

C'est souvent que j'entends cette phrase : il ou elle nous a abandonnés.  Mais connaît-on la souffrance de celui ou de celle qui s'est suicidé ?  Non.  On est pas dans leur tête,  on ne sait pas tout.

Comme c'est dur d'accepter de ne pas comprendre l'incompréhensible. On veut tout comprendre, tout décortiquer,  donner une explication à tout, mais là on est devant quelque chose qui nous dépasse.  Et surtout il faut toujours se justifier vis à vis des autres.

Cette saleté de maladie qui conduit au burn out, qui peut détruire une vie, des vies, fera encore des dégâts,  je le crains. On en est aux balbutiements de l'étude du cerveau, tellement plus complexe qu'un ordinateur avec toutes les émotions,  tous les sentiments et tout ce qui fait notre humanité.

Non, ils ne nous ont pas abandonnés,  pour eux une seule et unique solution, pour en finir avec cette souffrance qui leur mangeait le cerveau. Une seule issue, même fatale.

Le chemin est encore long, la prévention de temps en temps ne règle pas tout, en parler c'est bien, faire avancer les choses c'est mieux. Mais quand on est dans les sables mouvants, il n'est pas facile d'attraper la branche pour s'extirper et au bout du compte, on lâche parfois prise pour se laisser aller, pour en finir et abréger sa souffrance.
Qui est lâche ? Qui abanfonne qui ?
Je ne sais pas, mais je vais essayer d'accepter de ne pas avoir la réponse.






Flo

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Re : Le guide "Vous êtes en deuil après le suicide d'un proche"
« Réponse #9 le: 16 décembre 2014 à 15:43:22 »
Bonjour,

le 31 décembre, cela fera 6 ans que notre fille unique s'est suicidée en se jetant des falaises du cap blanc.
Je crois toujours vivre un mauvais rêve et que je vais me réveiller et qu' elle sera à nos cotés.
Toujours pleins de questions dans la tête, POURQUOI ?  et aussi la curiosité et la maladresse des gens qui nous posent la question "et pourquoi elle a fait cela". Laetitia avait 31 ans, et aujourd' hui si on survit c'est parce qu'elle nous a laissé un petit fils que nous adorons  mais nous ne comprenons pas, il ne nous parle jamais de sa maman.   
C'est très difficile de vivre un tel drame  et on se pose toujours beaucoup questions.

marcnot

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Re : Le guide "Vous êtes en deuil après le suicide d'un proche"
« Réponse #10 le: 16 décembre 2014 à 21:50:01 »
Bonsoir FLO

Mon fils est parti à l'âge de 27 ans l'année dernière. Je me suis demandé aussi pourquoi ? !!! J'avais pourtant pleins de réponses mais laquelle était la bonne ?!!!
Je ne sais toujours pas aujourd'hui et je ne suis pas sûr de pouvoir y répondre un jour.
Il n'avait pas d'enfant .
Je vous souhaite à toi et tes proches de pouvoir trouver un jour la paix.
Une pensée pour ta fille.

Amicalement
Marc

Hors ligne Eva Luna

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Re : Le guide "Vous êtes en deuil après le suicide d'un proche"
« Réponse #11 le: 08 février 2015 à 16:11:00 »

Le suicide, c’est dur en bibite pour ceux qui restent Sophie-Luce Morin

Publié le 18 août 2014Mis à jour le 23 septembre 2014 Québec   

Aujourd’hui, je voulais rédiger une petite chronique à propos du bonheur que l’on peut recréer à l’infini à partir de nos souvenirs sensoriels.

Par exemple, il suffit que j’entende une chanson d’Olivia Newton-John jouer à la radio pour me retrouver en train de faire du lipsync en me déhanchant devant le miroir de ma chambre. Le chocolat chaud me rappelle mes hivers à construire des forts dans les montagnes de neige qui poussaient dans notre cour. Les vallons de la campagne, les odeurs de foins coupés, le chant des criquets me ramènent à mon essence. Les vieux arbres m’apaisent.

Ma vie se conjugue à des petits moments, comme ceux-là, qui me remplissent de bonheur et que je peux recréer facilement. Il suffit que je mette une tarte aux pommes à chauffer pour me retrouver en automne. Mignonne est attelée. Mes frères, ma sœur et moi, on s’apprête à aller cueillir des pommes. Elles sont piquées de vers, mais ça ne fait rien. Le plaisir, c’est d’aller aux pommes. Le plaisir, c’est de grimper dans les arbres, d’apercevoir une maman chevreuil avec son petit, de s’aventurer plus loin que permis et d’avoir, pour cette raison, le cœur qui bat un peu plus fort…

Dans cet article, j’avais envie de vous parler de la joie, même si, au fond, c’est plutôt la tristesse qui m’habite depuis quelques jours. J’ai tenté de combattre ce sentiment envahissant en faisant fi des hurlements qui résonnaient en moi ; en noyant ma douleur dans des activités qui accaparaient totalement mon esprit ; en troquant les mots grisaille, dérive, chagrin ou peine pour des mots tendres, teintés de rires. Des mots qui sentent le caramel fondu et le sucre à la crème. En vain.

Je rends donc les armes. J’abdique. J’abandonne, je m’abandonne. Je laisse s’écrire ce qui veut s’écrire, comme Duras l’aurait dit, ma boîte de kleenex posée près de moi.

Comme plusieurs, la mort abrupte et violente de Robin Williams m’a bouleversée. Il était un acteur fabuleux. Avec sa bouille sympathique, sa sensibilité, son intelligence, son humour, sa manière de dire les choses, il a su toucher le cœur de bien des gens.

Robin Williams projetait l’image d’un homme heureux, bien dans sa peau. Dans ces conditions, il est difficile pour certaines personnes de concevoir qu’il ait pu être habité d’un désespoir tel qu’il ne puisse envisager d’autre issue que la mort pour apaiser ses souffrances.

Vous vous demandez sûrement où je veux en venir ? J’y arrive…

Mon père est mort de la même manière. Il avait 59 ans.

Je ne me rappelle plus la date exacte de son suicide. C’était en fin d’après-midi, quelque part en mai ‘98 ou ’99. Je pourrais vérifier cette information facilement, me direz-vous. Je pourrais l’inscrire dans mon calendrier Outlook en y ajoutant même un petit rappel annuel : « Mort de papa ». Mais je ne le fais pas. Le suicide de mon père ne se réduit pas à une date ou à une journée dans l’année. Le suicide de mon père, je vis avec. Il fait partie de mon héritage. Il fait de moi ce que je suis.

Bien sûr, après toutes ces années, mes émotions ne sont plus à fleur de peau quand je me remémore cet événement. Aujourd’hui, je vis relativement en paix avec ce souvenir. Je dis « relativement », parce que c’est une paix fragile. Je l’imagine, ma paix, voguant sur l’océan au gré des intempéries. Au début, elle se promenait en chaloupe. Maintenant, c’est à bord d’un paquebot qu’elle suit son cours. Mais même les paquebots ne sont pas invincibles. Des nouvelles — comme celle de la mort de Robin Williams – peuvent endommager lourdement leur coque. Qui sait si les mots n’ont pas le pouvoir de réparer ces dégâts ?

Je me rappelle cet appel téléphonique, puis le choc terrible que j’ai ressenti quand j’ai entendu ces mots : « Ton père est mort. Il s’est suicidé. »

Je me rappelle l’église, l’entourage compatissant, les témoignages d’amour. Je me rappelle aussi les cancans et les médisances. Saviez-vous que les gens qui se suicident brûlent en enfer ? Moi, je n’étais pas au courant, mais certaines langues sales se sont fait un devoir de nous le rappeler, à ma famille et à moi. Ma mère — qui était alors en instance de divorce — a même reçu une corde pour aller se pendre. On lui a offert ce présent dans une boîte enveloppée d’un beau papier d’emballage à motifs de fleurs. Après tout, n’était-ce pas sa faute si mon père s’était enlevé la vie ? C’est pour vous dire la méchanceté du monde, parfois.

J’ai souvent imaginé les derniers moments de la vie de mon père, la détresse qu’il avait pu ressentir pendant les minutes qui ont précédé son geste, et même pendant. Je ne sais pas ce que j’aurais donné pour changer le cours du destin. Tout était pourtant si simple, dans mes rêves éveillés. J’aurais pris sa main et je lui aurais dit : « T’inquiète pas, papa, je te promets que ça va bien aller. Allez, viens, on va aller marcher dans le bois. Les pommiers sont en fleurs, le ruisseau gronde, les oiseaux pépient. Tu vas voir que la vie suit son cours ; qu’après l’hiver, c’est le printemps. »

Le suicide, c’est dur en bibite pour ceux qui restent…

Le jour où mon père s’est enlevé la vie, je suis morte avec lui. Je me suis mise à vivoter, enfermée dans un long tunnel avec pour seule lumière une flamme vacillante. J’avançais dans le noir en me demandant pourquoi il avait fait ça, et en ressassant ce que j’aurais pu faire ou ce que je n’aurais pas dû faire pour éviter ce drame. Je ne sais pas pourquoi j’ai réagi de la sorte. De toutes les routes que j’aurais pu emprunter, j’ai choisi un dead end, une route qui ne menait qu’à me détruire.

Combien d’années ai-je vécues ainsi, anéantie par la culpabilité face à la mort de mon père ? Trop, bien sûr. Tout cela parce ce que la dernière fois que je lui avais parlé, il m’avait semblé « bizarre ». Mais bon, mon père vivait des moments difficiles, et ça pouvait expliquer ce petit je-ne-sais-quoi que j’avais cru lire dans son regard. Même les médecins, qui l’ont examiné le matin de sa mort, n’ont rien vu, et l’ont laissé quitter l’hôpital. Mon père a franchi les portes de l’urgence avec un renouvellement de sa prescription d’antidépresseurs dans la poche, alors qu’il s’y rendait pour trouver refuge. Aujourd’hui, les recherches démontrent que les antidépresseurs peuvent pousser certaines personnes à commettre l’irréparable.

***

Je suis presque passée à travers ma boîte de kleenex. J’ai le nez rouge et les yeux bouffis. Je vais finir par m’arracher le cœur à force de brailler. Il est temps de conclure, mais comment ?

À part vous dire de consulter un spécialiste sans tarder si vous avez des pensées suicidaires et surtout, de ne pas hésiter à en parler ouvertement, que pourrais-je rajouter ?

Papa, je t’aime. Et tu sais quoi ? Ceux qui nous ont fait accroire que tu grillerais en enfer, je ne les ai jamais crus. Maman non plus.



Matthieuuuu

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Re : Le guide "Vous êtes en deuil après le suicide d'un proche"
« Réponse #12 le: 19 février 2016 à 14:45:05 »
Oui c'est facile de dire ca quand les gens ne sont plus là .. ha on les aiment les disparus !! moi je pense qu'ils sont en paix , ils n'etaient pas maso , voudriez vous avoir une vie de souffrance ? moi non merci .. 

Hors ligne Eva Luna

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Re : Le guide "Vous êtes en deuil après le suicide d'un proche"
« Réponse #13 le: 11 septembre 2016 à 15:32:38 »
http://www.huffingtonpost.fr/jean-claude-delgenes/journee-suicide_b_11947468.html?utm_hp_ref=france


Jean-Claude Delgènes
Fondateur et directeur général du cabinet Technologia

Michel Debout Headshot
Psychiatre, spécialiste de la prévention du suicide

Le suicide ne doit pas faire exception au traitement de l'information
Publication: 10/09/2016 11h11 CEST Mis à jour: 10/09/2016 11h11 CEST

   





En 1984 à Berlin-Est, le capitaine de la Stasi Gerd Wiesler, matricule HGW XX/7, espionne le dramaturge Georg Dreyman, une figure de la dissidence est-allemande. A la suite du suicide d'un de ses amis metteur en scène dont la carrière a été détruite, Dreyman rédige, pour le magazine ouest-allemand Der Spiegel, un article destiné à révéler une vérité dérangeante pour le régime... On aura reconnu la trame du film "La vie des autres" qui a connu un immense succès en 2006. Mais quel était le secret explosif que Dreyman cherchait à faire connaître à l'ouest ? Il s'agissait d'un chiffre ; un chiffre simple mais qui dit presque tout de la vérité d'une société : le taux de suicide anormalement élevé en RDA...

Parler de suicide aujourd'hui en France et du nombre de morts (27 par jour...) n'a sans doute pas la même charge politique qu'il y a 30 ans en RDA. Néanmoins, parler du suicide c'est toujours prendre un risque. Cela revêt la même signification et surtout cela jette le même trouble : faut-il vraiment en parler et comment le faire sans être morbide, larmoyant, alarmiste, racoleur ou tout simplement incitatif ?

La question est lancinante ; elle ressurgit d'ailleurs à chaque nouvelle journée mondiale de prévention du suicide, le 10 septembre : n'y a-t-il pas un risque à aborder ouvertement cette question ? Les personnes concernées ne vont-elles pas en déduire qu'en raison d'une expression plus libre, l'acte suicidaire deviendrait acceptable et surtout accepté ? Tous ceux qui sont en charge du traitement de cette question dans les secteurs de la santé, des études, ou encore des médias, doivent-ils alors s'astreindre au silence ? Et les familles endeuillées, les amis meurtris, les collègues ou salariés choqués et interpelés par un suicide sur le lieu de travail... Doivent-ils se taire ? Si l'on répond "oui", même avec les meilleures raisons du monde, le débat est clos. Mais la question n'est pas pour autant réglée. Et le silence va devenir aussi pesant que dans "La vie des autres".

Avant d'être un désarroi devant ce qui peut être dit, le silence autour du suicide répond d'abord à la peur d'un effet de contagion. On connaît en effet, depuis le 18ème siècle, le fameux "effet Werther" dont les souffrances et la mise en scène romantique du suicide par Goethe, dans son premier roman, avaient provoqué une vague de suicides chez les jeunes européens de l'époque. Ce fut la même chose aux Etats-Unis après le 05 août 1962 et le suicide ultra-médiatisée de Marylin Monroe.

Cet effet de contagion est bien connu et peut conduire à ce qu'on appelle des "suicides en grappe". Il y a ainsi des effets de contagion dans certaines familles, certaines localités, ou encore dans certaines entreprises. Tout se passe comme si lorsqu'il y a crise suicidaire, l'acte renvoyait aux personnes en proie à des tourments existentiels une solution qu'elles n'avaient pas envisagée jusqu'ici pour traiter un problème qu'elles jugent insurmontable.

Pourtant, l'alternative ne se résume pas, d'un côté, à l'omerta lourde de culpabilité mais tissée de chuchotements gênés, et de l'autre à l'exhibition contagieuse, on pense par exemple à ce suicide d'une jeune femme filmé en direct sur Périscope en mai 2016. Disons-le, il n'existe pas de prévention sans expression ; pas de programmes éducatifs et pédagogiques envers les jeunes sans démarche collective ; pas de prise en charge des Anciens, souvent abandonnées dans un isolement facteur de passage à l'acte, sans mise en place de programmes d'assistance qui supposent là encore des actions d'information ; et enfin, pas de qualité de vie au travail sans la possibilité pour les salariés de mettre des mots sur la mort volontaire d'un collègue qu'ils en soient proches ou non. Il est donc nécessaire de parler du suicide. Encore faut-il savoir comment en parler.

C'est dans les collectifs et notamment les entreprises, parfois les écoles, que la question se pose de manière la plus aiguë.

Sortir du déni d'expression face au suicide c'est d'abord accepter de se préparer à subir la crise. C'est le temps de l'anticipation et de la prévention. A ce niveau, il est nécessaire de former ceux qui seront en première ligne en cas de suicide dans une équipe : les managers, les dirigeants, les représentants du personnel. Il s'agit à ce stade de les rendre sensibles aux signaux qu'envoient, sans forcément les exprimer clairement, ceux qui souffrent.

Le suicide est une mort qui jette sur ceux qui restent, les collègues, les éducateurs, les familles, une culpabilité lancinante : on recherche immédiatement les raisons d'un acte forcément insondable, les responsables ; on s'accuse, on se dédouane, on blâme la victime... Tout cela est naturel mais tout cela n'est pas sain. Parler du suicide, c'est d'abord suspendre son jugement pour laisser la tristesse et les faits simples et vrais parler en premier.

Ainsi parler, c'est d'abord nommer l'acte pour ce qu'il est, un suicide. Mais la parole doit savoir immédiatement se restreindre en matière de retranscription d'éléments matériels : rien sur les modalités de passage à l'acte, rien sur les circonstances trop précises de la mort, rien sur les personnes qui ont découvert le corps ou l'ont pris en charge. Dire donc, mais en mesurant le propos et en étant attentif aux effets négatifs possibles de ce que l'on dit. Attentif aussi aux proches et aux familles pour les aider à sortir de l'idée que l'acte suicidaire serait le seul événement humain dont on ne pourrait rien dire. Ce qui aggrave leur repli sur eux-mêmes et plus encore, leur culpabilité.

Si le déni du suicide n'est pas acceptable, le spectacle autour de l'acte ne l'est pas plus. Il faut tout de suite en souligner la gravité afin d'éviter tout risque de viralité et d'imitation. Parler donc, mais en évitant la spectacularisation, l'esthétisme ou le romantisme.

Cette retenue concerne aussi ceux qui ont survécu à leur passage à l'acte. Ils disparaissent un temps du collectif pour se soigner, reprendre pied mais regagnent un jour leur place dans l'entreprise. Là aussi, il n'est pas question de les ignorer et de passer sous silence leur retour au travail. Préparer au mieux leur retour dans l'entreprise suppose une prise de parole soigneuse et régulière vis-à-vis de l'encadrement et des collègues.

Comme on le voit, parler du suicide c'est prendre un risque ; celui de se tenir sur une ligne de crête entre le silence impuissant et l'expression maladroite. Mais c'est la seule certitude de pouvoir ainsi mener des actes de prévention, susciter des demandes d'aide, inciter à appeler les structures d'écoute, encourager à mettre en place des programmes de prévention dans les entreprises. La prévention ne peut avoir lieu sans une étape préalable de connaissance de la situation du suicide en France. C'est pour cela que nous nous étions mobilisés afin qu'existe un Observatoire des suicides et des crises suicidaires. Celui-ci fête aujourd'hui ses trois ans d'existence : cette première étape de compréhension du phénomène doit désormais mieux servir la prévention. C'est le sens que nous donnons à la journée nationale de prévention du suicide ce 10 septembre.

Hors ligne Noëlle

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Re : Le guide "Vous êtes en deuil après le suicide d'un proche"
« Réponse #14 le: 11 septembre 2016 à 15:53:24 »
.... M. Monroe ne s'est pas suicidée .... a mort a été masquée en suicide.

bien à vous

Noëlle