Parce que nos proches peuvent se sentir démunis devant ce drame terrible qu’est le suicide, devant notre douleur, nos réactions, nos paradoxes, nos larmes etc ….N’ayez pas peur de parler des gens qui se sont suicidés
Quelques conseils pour aider ceux qui ont perdu des êtres chers.
par
Adele Ryan McDowell Psychologue, professeure et auteure Le suicide, souvent soudain et inattendu, laisse l'entourage sous le choc, confus, le cœur brisé, empli de colère et de toute une palette d'émotions.
L'annonce d'un suicide influe sur beaucoup de choses. Le manque se propage en ondes de plus en plus larges, et quiconque connaît un proche du défunt souhaite faire quelque chose. Préparer des lasagnes, passer des coups de fil, organiser la logistique, promener le chien, donner un coup de main pour la cérémonie, offrir une épaule pour se reposer, ou une oreille attentive. On veut vous nourrir, vous couver, vous soutenir, vous maintenir à flot tandis que vous vous noyez dans le chagrin. Les gens ressentent votre peine, qui devient aussi la leur.
Le manque est un instinct primaire que nous pouvons tous ressentir. Surtout lorsque nous entendons parler d'un suicide, en particulier celui de quelqu'un qui avait toute la vie devant lui.
Il est difficile de voir un être cher accablé par la douleur et le chagrin. Nous voulons faire quelque chose, n'importe quoi, pour atténuer sa peine.
Que faire, donc, lorsqu'un proche perd un être cher après un suicide ?
1. Être présentJe sais que cela peut paraître idiot, mais il est important d'être présent et de ne pas prendre la fuite. Évitez de garder vos distances ou de vous voiler la face. Le décès est bien réel, on ne peut pas l'ignorer. Soyez donc 100% disponible et ouvert. Votre présence, qui suppose également l'acceptation, l'absence de jugement et la compassion, est le plus précieux des cadeaux.
2. S'attendre à l'inattenduLa mort peut faire ressurgir le meilleur comme le pire en chacun de nous. Pour certains, le suicide peut être un facteur déclencheur et donner lieu à des critiques irréfléchies, ou à des propos nerveux et déplacés qui peuvent choquer l'auditoire. Essayez de ne pas réagir et de laisser couler.
Le deuil est un processus tortueux et propre à chacun. Il n'y a pas de norme, pas de bonne ni de mauvaise réaction.À l'inverse, la mort peut faire ressortir la sensibilité, la gentillesse et la force qui est nous, et qui apaise. Ce genre de présence aimante et bienveillante offre aux personnes endeuillées un véritable filet de sécurité émotionnelle.
Chacun fait son deuil à sa manière, que ce soit en allant de l'avant ou en se coupant du monde extérieur. Le deuil est un processus tortueux et propre à chacun. Il n'y a pas de norme, pas de bonne ni de mauvaise réaction. Chacun met plus ou moins longtemps à reprendre pied.
3. Parler avec le cœurLe suicide n'est pas un sujet de conversation facile. Les langues ont du mal à se délier. Personne ne sait quoi dire ou a peur de dire une bêtise.
Évitez les discours moralisateurs ainsi que toute forme de jugement ou de critique. Ne bombardez pas la personne de questions sur les détails du suicide.
Soyez à l'écoute. Soyez bienveillant. Proposez d'aider la personne sur quelque chose de précis.
Il est très probable que la personne en deuil soit submergée et épuisée. Allez-y en douceur. Ne prenez rien personnellement. Contentez-vous d'être là et de laisser parler votre cœur. Inutile de chercher les mots justes, du moment qu'ils sont sincères. Qui sait, vous pourrez pleurer ensemble, vous tenir la main, rester assis en silence ou rire d'une chose absurde..
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4. Raconter des histoires, se souvenir et rendre hommageL'un des plus beaux cadeaux que vous puissiez faire à une personne en deuil est de raconter des anecdotes sur le ou la défunt-e. Les parents, notamment, ne se lassent jamais d'entendre parler de leur enfant. Ils aiment que son prénom soit prononcé. Son souvenir restera à jamais gravé dans leur mémoire et dans leur cœur.
Si des proches en deuil se joignent à vous pour les fêtes, envisagez d'allumer une petite bougie en mémoire du défunt ou de porter un toast en son honneur: "En souvenir de Sam, qui avait toujours le mot pour rire" ou "À Sarah, qui nous manque beaucoup... de même que sa tarte maison!"
5. Laisser de l'espaceFaire son deuil n'est pas facile. Se lever chaque jour et faire ne serait-ce qu'un pas peut être une épreuve. Après un suicide, les proches du défunt sont submergés par le chagrin, en proie à une multitude d'émotions.
Le suicide est un traumatisme. N'oubliez jamais que la personne qui reste risque fortement de passer elle-même à l'acte. Les raisons sont multiples: tabou brisé, chagrin accablant, culpabilité, souvenir constant de la vie de l'être cher, questionnement du type: "Aurais-je pu y faire quelque chose?"... Surmonter un deuil demande une force considérable et beaucoup de temps.
Il y a des moments où nous avons tous besoin de nos amis, surtout après un suicide dans notre entourage.
Clarissa Pinkola Estes, psychanalyste jungienne, poète et conteuse, rapporte que les femmes de sa famille disaient: "Le seul remède miracle que nous ayons, c'est de nous aider mutuellement." Et elles avaient raison.