Bluevelvet
j'ai cru en lisant ton dernier post me relire, je continue le tutoyement qui m'était venu spontanément
Arriver à dire et à écrire que mon mari en se suicidant a commis un meurtre: il a tué l'homme que j'aimai et le père de mes enfants m'a autorisé à ressentir la colère et la haine que j'avais honte d'éprouver à son égard( suite au visionnage d'une conférence du Dr Xavier Pommereau).il y a pour moi 2 personnes tellement différentes mon mari se tuant et l'homme que j'aimai
Cela n'enlève en rien au fait que son geste a été commis pour moi dans un flash de souffrance intolérable pour lui et qu'il n'a rien vu d'autre comme solution pou mettre fin à sa souffrance consécutive à un passage brutal en dépression suite à une poussée maniaque que personne n'avait remarqué et que je commence à saisir les signes et le fonctionnement de sa maladie.
J'ai retrouvé mon mari pendu dans l'ancienne chambre des enfants. Je me suis forcée tous les jours à y rentrer,Dès le début j'ai eu envie de changer de lit , de chambre je le fais seulement maintenant, je suis en train d'installer mon bureau dans ma chambre , je dors dans un lit d'une place dans le bureau , c'est 2 pièces sont sans dessus dessous, mais j'y vais doucement pour leur rendre un aspect plus ordonné, tout me pousse à quitter cette maison qu'il avait refait de ses mains, je vais le faire mais en me donnant le temps, j'ai des envies de prendre la fuite , d'aller au bout de monde, mais il m'accompagnera partout ; avec son dernier geste, il a fait qu'il ,sera toujours là et ce qui est terrible pour l'instant, c'est que les bons moments sont occultés assombris par ce matin du 1er février.
Contrairement à toi, le diagnostic n'avait jamais été posé mon mari aurait décompensé sa maladie qu'à partir de novembre 2011, il serait entré dans sa phase maniaque, le 7 janvier nous faisions des projets sur le pavillon que nous venions d'acquerir et dont il était à l'origine de ce projet, le 15janvier il voulait le revendre, j'ai compris qu'il était dépressif il a vu 3 fois son médecin, il a vu une psychologue, le 1er fevrier il s'est pendu, le soir il devait rencontré un psychiatre
Je comprends quand tu dis que la maladie vous avait enlevé déjà ton mari et le père de tes fils, en 15 jours j'ai pu constaté les ravages sur mon mari ,et mon fils a pu me dire qu'il avait ressenti du soulagement "papa, ne souffre plus" tellement de le voir souffrir était insupportable
quand tu te décris calme lucide détachée froide,même, j'étais ainsi au début mais petit à petit les barrières tombent, il faut laisser les émotions (colère, sentiment de culpabilité ,rage , haine, honte, chagrin)émerger les accueillir, puis les barrières se reconstruisent pour un nouveau temps de calme, de froideur ,même je ressens comme d'indifférence, de détachement
Chacun réagit à sa façon et je crois qu'il n' y a pas de bonne ni mauvaise façon, on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a dans le moment présent et ce qu'on est
Et , cette fatigue , ce manque d'énergie que tu ressens ne serait ce pas ton travail de deuil qui s'exprime par ton corps?
Si tu le désires , je te dirai les démarches "médecines douces " que j'ai mis en place pour moi
Pour l'anecdocte , combien de fois j'ai remis une lessive à retourner car pas le courage de l'étendre et parfois certaines 4 ou 5 fois, j'ai horreur de l'odeur du linge mouillé qui a stagné ah oui qu' il était propre mon linge? et j'ai usé de l'eau bien inutilement moi qui suis plutôt écolo donc économe d'eau et de lessive!!!
Bonne nuit
Orchis