FORUM "LES MOTS DU DEUIL"

Comprendre et vivre son deuil => Après le suicide d’un proche => Discussion démarrée par: BLUEVELVET le 03 septembre 2012 à 09:01:31

Titre: ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 03 septembre 2012 à 09:01:31
Bonjour à toutes et tous,

Mon mari s'est suicidé il y a deux mois à 52 ans, il avait un profond mal être provenant de son enfance qu'il ne souhaitait pas exprimer. J'ai deux enfants qui ont chacun leur vie et avec qui je m'entends bien.

C'était un excellent papa poule. La vie de couple n'était pas toujours facile car ce n'était pas sa priorité. La priorité c'était les enfants.

Récemment, je parlais avec une amie et j'expliquais quelques situations vécues avec mon mari.

Un de mes enfants était présent et a dit mais vous voyez comment vous en parlez ce n'était pas un monstre mon père. Non son père n'était pas un monstre mais j'ai du mal à me souvenir des bons moments avec mon mari.

Je m'en veux d'avoir été si maladroite envers mon enfant, je me dis que je n'aurais pas du parler devant lui (mais cet enfant a aussi vécu le côté sombre de son père) mais sans doute à ce moment du travail de deuil n'est-il pas capable de l'entendre même s'il n'est pas dans l'idéalisation de son père.

La violence ce départ laisse notre petite famille en morceaux. Nous avons des réactions inconnues jusqu'à lors.

J'ai repris mon activité professionnelle, cela me cadre, je doit me lever, me laver et travailler. Je vis seule et pour le moment, à part les papiers que l'on réclame de toutes parts, rien n'avance à la maison, je suis comme un jouet dont le ressort est cassé. J'ai conscience et j'essaie de m'organiser mais il me manque le dynamisme pour le faire. De plus mes enfants me disent : ce n'est pas grave c'est parce que tu en as besoin.

Ma raison et mes sentiments sont en plein contradiction

Bon courage à toutes et tous
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Méduse le 04 septembre 2012 à 14:27:18
C’est normal qu’il te manque ton dynamisme, comment pourrait-il être autrement ? Là, en ce moment, je devrais travailler au lieu d’être trop souvent dans le forum. Je suis libérale, donc personne ne me dira rien, n’empêche que le travail reste en suspens. Ma fille s’est suicidée, il y a 18 mois et mon mari est décédé d’un AVC, il y a 11 mois.

Avec mon mari, nous avons vécu des moments heureux, mais aussi d’autres. En beaucoup de points, il devait ressembler au tien, papa poule, mais d’humeur inégal avec une enfance difficile aussi. Heureusement, nous avions pu même nous rapprocher suite au décès de notre fille et ainsi ce sont les bons moments qui me restent, en plus, c’est le destin qui nous l’a enlevé, à ma seconde fille et moi. Pour tes enfants cela doit être un peu pareil. Maintenant, ils lui ont pardonné les mauvais moments et les oublient. Et tout être à ses bons et ses mauvais côtés.
Quoi qu’aura été votre vie de couple, ta vie est chamboulée et tu devras te réorienter. Dans la vie de couple, beaucoup de décisions se prennent en fonction de l’autre. Maintenant, tu les prendras en fonction de tes désirs et peut-être ceux de tes enfants. Cela demande toute notre énergie. Je souhaite de t’en envoyer un gros paquet.

Dans ce livre, j’ai retrouvé le plus ma situation :
Après le suicide d’un proche – vivre le deuil et se reconstruire, Christophe Fauré : Albin Michel 2007
Tu verras qu’il est normal aussi que tu en veuilles à ton mari de vous avoir quitté.

Ensuite, tu peux écouter aussi la conférence du Dr Fauré :
http://www.inrees.com/Conferences/dimensions-du-deuil-Comment-vivre-le-deuil/ ou les modules d’information sur le deuil ou les livres de la bibliographie :
Traverser le deuil (http://deuil.comemo.org/)

Ici, tu trouveras pleins de conseils de lecture :
http://forumdeuil.comemo.org/index.php/topic,864.0.html

Et tes enfants, comment ils vont ? Comme ton mari était un papa poule, son départ violent doit leur sembler comme un abandon.

Continue à venir nous parler. Il y aura toujours quelqu’un pour te soutenir.

Je t’embrasse

Méduse
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: NINE le 04 septembre 2012 à 19:06:16
Bonjour Bluevelvet,

Votre histoire est un peu la mienne puisque moi, celà fait 5 mois que mon mari s'est donné la mort après une enfance difficile aussi sauf que nous étions après 35 ans de vie commune, très amoureux l'un de l'autre ; notre entourage disait que notre amour était fusionnel. Je croyais avoir réussi à endormir tous ses vieux démons mais la très grave maladie de l'un de nos 2 enfants a fait ressurgir tout ce passé que je croyais enterré. Personne de notre entourage et moi, a fortiori, ne nous sommes rendus compte de son état dépressif; il disait toujours avoir les épaules pour tout supporter et nous l'avons cru ! Par un magnifique dimanche de printemps ensoleillé, je l'ai retrouvé dans notre jardin, une balle en plein coeur. Voilà mon histoire, le ciel te tombe sur la tête, je ne sais pas comment j'ai trouvé la force de ne pas hurler mon désespoir, d'appeler le 15, puis ma soeur, un couple d'amis et mes enfants. J'ai eu une force de réaction dont je ne me sentais absolument pas capable, jusqu'à lui fermer les yeux, rester près de lui dans notre chambre jusqu'à ses obsèques. A présent, j'ai l'impression d'avancer dans un monde qui n'est pas celui des vivants. Je travaille comme une automate, toutes mes activités (jardinage, cuisine...) sont des actes de survie et je m'identifie à lui surtout lorsque je jardine. J'ai l'impression d'être épuisée et je passe très facilement du rire aux larmes même si parfois j'ai l'impression d'avoir pleuré toutes les larmes de mon corps.  Mes 2 grands enfants vivent loin de moi et c'est eux seuls qui me raccrochent à cette vie. Je crois avoir cependant gagné quelque chose au travers de ce drame, c'est que plus rien ne m'effraie et n'a d'importance pour moi. Tout ce qui générait de l'angoisse pour moi, c'est fini !!!! Certes, je suis suivie par un psychologue et un psychiatre mais j'ai parfois l'impression que celà ne sert pas à grand chose si ce n'est à me faire croire que le processus de deuil suit un chemin particulier, alors que chaque être résiste ou lutte à sa façon dans ce type d'épreuve.
Courage à toi dans cette épreuve.
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 04 septembre 2012 à 19:56:31
Bonsoir,

Merci à toutes les deux pour vos réponses, ce week end j'ai écouté la conférence de Monsieur Christophe FAURE, cela m'a fait du bien de l'entendre et d'entendre que mes réactions étaient du domaine du normal dans cette situation. Je vais aller acheter son livre demain normalement.

Mon aîné vit à l'autre bout de la France, et a donc vécu tout ce gachis de très loin. Cet enfant a beaucoup de mal à pardonner à son père. La sensibilité est à fleur de peau. Le plus dur pour moi c'est de ne pouvoir réconforter cet enfant qu'au téléphone mais je sais que cet enfant est bien épaulé dans son couple c'est déjà bien rassurant mais je crois qu'en tant que mère quand un de nos enfants a de la peine on aime encore le prendre dans ses bras même s'il est adulte.

Il faut savoir que mes enfants ont toujours entendu leur père dire, dès leur plus jeune âge, qu'il allait mettre fin à ses jours. Ils ont été choqués tous les deux de l'annonce mais cela n'a pas été une surprise pour eux. Mon mari a dit à notre aîné 15 jours avant de le faire qu'il allait mettre fin à ses jours alors que son mariage était prévu cet été. Mon aîné lui a dit papa ton aîné se marie cet été, il a répondu tu verras tu auras la surprise...... Je n'ai eu connaissance de cette conversation qu'après le suicide de mon mari. Mon aîné m'a dit maman c'était une fois de plus où il le disait. Que faire ?

Voilà, mon mari refusait tout soin, même toute approche, à chaque fois que je proposais que l'on (je disais exprès on pour ne pas être trop invictive), voit quelqu'un pour en parler, il refusait catégoriquement et me disait que le problème venait de moi.

Mon cadet a analysé plus froidement la situation. J'accepte sa façon de voir les choses car elle n'est pas fausse non plus. Il a aussi ses moments durs. Je le sais. Je le sens même s'il ne veut pas toujours m'en parler pour m'épargner.

Voilà, ils ont tous deux leur vie de couple. Il est vrai que je vais mieux quand je les sens mieux.

Aujourd'hui, je suis comme d'autres sur le forum, j'ai une impression d'un immense gachis.

Les gens me disent, tu es forte, je t'admires, tu es le pilier de la famille maintenant. J'accepte d'être le pilier de la famille, de toute façon pour mes enfants je n'ai pas le choix, mais je ne suis pas forte, j'ai mes failures et mes sales coups de blues.

Je compare le suicide de mon mari à un séisme et il y a de terribles répliques... c'est affreux, je suis partagée entre le soulagement de cette relation qui a été détruite par la maladie (ce mal être au plus profond de soi) et aussi un certain manque, l'absence.

Mon mari est parti en colère contre moi, aujourd'hui je ne sais plus où j'en suis dans cette relation détruite et terminée.

Merci encore de vos messages, venir sur ce forum m'a fait beaucoup de bien, je me dis que je ne suis pas dans la pire situation il y a bien pire de que moi, je crois et c'est sincère, qu'il n'y a rien de pire que de perdre la chair de sa chair.

Je suis de tout coeur avec ceux qui ont perdu un enfant.

Je vous envoie plein de courage à toutes et tous

Bonne soirée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 16 septembre 2012 à 20:57:19
bluevelvet
ton histoire fait écho à la mienne
mon mari m'a parlé pour la première fois suicide il y a 20 ans , il disait qu'il n'avait pas de goût à vivre,il angoissait énormément à l'idée de se faire opérer et d'y rester , admirer la contradiction mais qu'il n'aurait jamais le courage de se suicider, il l'a fait plusieurs fois jusqu'au jour où il l'a exprimé  devant les enfants . Il était papa poule et je lui ai dit que s'il aimait ses enfants ce serait le pire cadeau qu'il pourrait leurs faire, et s'il parlait sérieusement, il devait consulter; il n' a plus rien évoqué . Quand il allait mal parfois, j'étais inquiète et je lui posai la question il me répondait qu'il aimait trop ses enfants pour faire cela
Et, dans un flash de folie pour échapper à sa souffrance, il s'est pendu le 1er février 2012.
Et, oui , c'est un énorme gachis,
Bon courage à toi dans cette épreuve
Amicalement
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 17 septembre 2012 à 19:54:27
Bonsoir,

Une chanson résume bien mon histoire avec celle de mon mari : c'est celle de Jean Jacques GOLDMAN : puisque tu pars.

"Parfois tout donner n'est pas forcément suffir"- "Mais tout ce que je pouvais ce n'était pas encore assez"

Cette chanson résume très bien ma situtation en ce moment. J'admets mon impuissance je crois que c'est cela qui m'aide à avancer dans cette saleté de deuil.

Toute mon empathie et bien de douceur pour vous envelopper cette nuit.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 25 septembre 2012 à 06:37:58
ET MAINTENANT,

Oui, ce mot est encore et toujours d'actualité.

J'ai eu récemment une conversation avec un de mes enfants, qui ne va pas bien en ce moment, qui a peur pour moi. J'ai perdu certes un peu de poids suite au décès (2 kg) mais je reste dans les limites des choses. Je tente de le rassurer en lui disant que j'ai le goût de vivre et que je ne mettrai pas fin à mes jours, le traumatisme est tel je crois que les mots ne suffisent pas pour lui donner cette confiance.

Cet enfant a lui même des pensées noires en ce moment.

Je lui ai dit : je ne vais pas te dire que je vais bien, mais je ne vais pas mal non plus. Cet enfant m'a répondu, c'est pareil pour moi.

Je crois qu'il faut que je lui prouve par mes actes que j'ai le goût de vivre, c'est vrai que ma maison n'est pas au top de sa tenue, loin de là, c'est ce satané ressort qui me manque parce que les idées sont là. Au travail, je fais bien ma part. Alors pourquoi quand j'arrive à la maison l'énergie m'abandonne ? Après cet acte violent, j'ai envie de douceur, de calme, je ne supporte plus quelqu'un qui crie, j'en suis là dans ma réflexion.

Je n'ai pas trié ses vêtements, rangé des affaires, rien n'est fait, ce n'est pas le courage qu'il manque, c'est l'énergie. Je me sens si fatiguée. Des amies m'ont dit, c'est normal tu as le contre-coup çà arrive.

Voilà le : et maintenant de ce jour.

J'adresse à toutes et tous infiniment de douceur et toute mon empathie dans ce dur chemin.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Méduse le 25 septembre 2012 à 12:13:55
D’après Elisabeth Kübler-Ross, cette dépression suite au deuil nous oblige et en même temps nous permet de nous poser pour nous préoccuper de nous et de notre deuil. Laisse la maison, ce n’est pas grave. Tu as repris ton travail, c’est déjà beaucoup. D’autres dans ta situation sont en arrêt maladie. Il est impossible de tout gérer, toutes les démarches, le deuil, le travail et la maison. Pense d’abord à ta santé. Ton corps et ton esprit t’obligent à te poser le soir. Puis, tous ces changements qui s'opèrent en toi te demandent énormément d'énergie car tu ne seras plus jamais la même qu'avant.
J’avais vidé l’appartement de ma fille parce qu’il le fallait bien, mais j’ai ramené ce que j’ai pu à part ses vêtements et les plus gros meubles que j’aurais dû démonter. Maintenant les affaires sont entassées dans son ancienne chambre et je n’y vais que rarement et les affaires de mon mari sont toujours là également. Le jour viendra où j’aurai l’énergie et le temps pour m’en occuper.
J’ai continué mon travail aussi tout en négligent la maison. Au bout de plusieurs mois, j’étais malgré tout près du burnout. J’arrivais à tenir de justesse jusqu’aux vacances où je n’ai fait que me reposer et me promener pour pouvoir repartir maintenant, mais toujours à petite vitesse.
Fais absolument attention de rester dans les limites pour ton poids. L’anorexie guette et ce serait terrible. Mieux vaut te forcer à manger si nécessaire.
Tout doucement, l’envie de vivre va revenir un peu, mais il te faudra du temps. Je crois que tu n’as pas à faire semblant. Tu forcerais ton enfant à faire de même. Pleurer et parler te libèreront petit à petit. Cependant, essaie de faire des choses particulières que tu as rarement faites avec ton enfant : manger au restaurant (pas de cuisine à faire !), faire une sortie, aller au cinéma, au concert… Tout changement fera du bien et vous détournera pour un moment de vos idées noires. Enfin, c’est notre expérience. En dernier, nous avons adopté une vieille chienne. Sois douce avec toi.
Patience
Méduse
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 01 octobre 2012 à 20:57:01
Bonsoir,

Aujourd'hui je ne suis pas fière de moi, je ne travaillais pas cet après-midi et je n'ai rien fait, j'ai dormi dans le canapé devant la télé. Avant de rentrer je suis passée dans une grande surface, j'y étais vers 13 H50, elle n'ouvrait qu'à 14 H et j'étais mal avec tous ces gens qui attendaient impatiemment l'ouverture. J'ai failli faire demi-tour mais me suis raisonnée.

Ce ressort cassé j'aimerais bien le réparer, mais pas le rafistoler, il faut qu'il tienne encore un sacré bout de chemin .....

Je me sens vidée, en dehors de la vie. J'ai revu récemment de photos de moi qui datent d'avant et c'est incroyable mais il faut que je cherche dans mon regard de l'époque quelque chose qui aurait pu me faire deviner l'avenir et je ne peux m'empêcher de dire : ces photos là c'était avant. J'ai une amie qui me dit que c'est pareil pour elle, son mari a été très mal au niveau santé, il y a deux ans, son pronostic vital était sérieusement engagé et elle me dit qu'il y a une époque avant et une époque après (son mari a survécu).

Je n'aime pas ce que je suis en ce moment, ce n'est pas moi, ils sont venus estimer la maison pour la succession qui doit être clôturée pour la fin de l'année. La maison j'en suis honteuse, rien n'est rangé, tout est en chantier comme le plus intime de sa propriétaire.

Me voilà avec une vie à réorganiser sans lui même si les deniers temps furent très durs avec lui moralement il faut réorganiser cette vie sans lui, avec le manque qui lui est bien présent.

Je me dis qu'il faut du temps pour que le ressort se retende, mes enfants me disent maman ce n'est pas grave prends du temps pour toi, tu en as besoin avec tout ce que tu as vécu.

J'ai rêvé de mon mari il y a quelques nuits, c'était beau, tendre, irréel mais tellement vrai au niveau du ressenti, tout ce qu'il n'était plus, dévoré par la maladie, j'en ai déduit qu'il n'est plus en colère contre moi (il est parti en colère, c'était devenue son seul mode d'expression possible pour lui et je ne lui en veux plus).

Voilà le et maintenant trois mois après son départ.

Pour avoir conversé avec d'autres veuves, je me rends compte que j'ai beaucoup "de chance" dans cette situation, j'ai deux enfants adorables, pas de problèmes financiers, pas de problème de logement, j'ai un métier et je gagne correctement ma vie. Toutes les démarches sont faites. J'ai une sécurité que d'autres non pas malheureusement. Alors il faut que je me pousse et me mette un coup de pied là où il faut car je n'ai pas de raison (à mes yeux par rapport à d'autres situations bien plus difficiles que la mienne) d'être dans cette léthargie qui me laisse dans l'inaction.

Voilà l'état des lieux du jour.

Douce nuit à vouts toutes et tous.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 03 octobre 2012 à 18:17:49
Bluevelet

Je suis dans une situation presque identique à la tienne , mon mari s'est suicidé, il y a 8 mois maintenant, j'ai 2 grands enfants
Jai eu ses périodes d'intense fatigue avec envie de rien au retour du travail, j'ai repris le travail en mai.
mais ces moments de pause de ne rien faire me semblent avec le recul nécessaires , il me fallait du temps pour me poser, pour laisser les émotions arrivées, être dans l'action m'y empêchait
 Et je viens de m'arrêter 4 jours , car ces émotions ce temps de réflexion s'étaient installées la nuit et j'étais si fatiguée
Un arrêt de 4 jours où j'ai pleuré, où je n'ai rien fait où j'ai dormi puis au bout de 2 jours j'ai pu mettre un peu d'ordre
Je suis repartie au travail lundi avec une bronchite mais j'ai besoin de sortir de cette maison de m'évader de ce lieu où il s"est pendu, j'ai besoin de contact
Mais avec mon médecin ,les choses sont claires si j'ai besoin d'une pause, il me la donnera. je ne veux pas tomber trop bas dans la dépression
L' acte de mon mari m'amène à un profond changement , je ne peux que l'accepter, mais je sais où je ne veux pas aller, mais je ne sais pas qui je suis en devenir
Alors si je peux me permettre, accepte ta fatigue, accepte de changer,
tes enfants aussi sont en train de changer, je le constate les miens et pour les aider, nous ne pouvons que leur montrer l'exemple en prenant du temps pour soi
Après un temps bazar, j'ai remis la maison en ordre, car mettre de l'ordre est une manière de l'ordre dans ma tête et rentrer dans un cadre agréable etait important pour moi mais le regard des autres n'a pas importance!
Bon courage à toi
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 03 octobre 2012 à 19:50:41
Merci Orchis de ta réponse,

Je me permets de tutoyer puisque tu le fais aussi et cela ne me gêne absolument pas.

Je me retrouve aussi dans ce que tu écris : "l'acte de mon mari m'amène à un profond changement , je ne peux que l'accepter, mais je sais où je ne veux pas aller, mais je ne sais pas qui je suis en devenir". Je ressens la même chose.

"Après un temps bazar, j'ai remis la maison en ordre, car mettre de l'ordre est une manière de l'ordre dans ma tête et rentrer dans un cadre agréable etait important pour moi mais le regard des autres n'a pas importance!"

C'est pareil mais c'est cette foutue énergie qui me manque j'ai honte à le dire mais il faut que je me motive pour appuyer sur le bouton et mettre en route un lave-vaisselle, pourtant je ne suis pas déprimée, je n'ai pas d'idée noire ni sombre, j'ai un manque de mon mari certain et cette énergie qui n'est pas là pourtant je travaille, le fait d'avoir des impératifs dans mon travail m'aide énormément mais à la maison je n'ai pas d'impératif. Je songe à aller voir un ostéopathe pour voir s'il ne peut pas réorganiser mon énergie intérieure (je suis désolée, je préfère les médecines douces) ce bazar dans la maison ce n'est pas moi. Je n'ai pas l'habitude de cela, et au plus il y en a, au moins je me sens capable de m'y mettre. Je sais ce qu'il y a à faire, c'est bien clair dans ma tête mais il faut que je trouve cette énergie. J'ai conscience que je change, on ne peut pas vivre le suicide de son mari et tout ce qui précède sans changer. Je me reconstruis autrement, c'est indéniable. Je veux bien ne rien faire et m'écouter mais cela me désole encore plus quand je vois le bazar...J'ai l'impression de devenir fainéante.

Je suis aussi d'accord avec toi quand tu dis que nos enfants changent, j'ai l'impression qu'ils sont devenus adultes du jour au lendemain, surtout mon cadet. Tous les deux veulent prendre soin de moi (même s'ils l'ont toujours fait mais c'est différent maintenant). Nos rapports étaient déjà très étroits et ils le sont davantage maintenant malgré la distance qui nous sépare. Eux aussi se reconstruisent autrement avec ce vécu, ils n'ont pas le choix s'ils veulent avancer dans la vie. Ils sont jeunes, leur père sera toujours leur papa mais il ne vivra plus les évènements joyeux ou triste d'une famille dans la réalité concrète mais il sera toujours là quelque part, là où chacun voudra qu'il soit.

Mon mari s'est suicidé dans notre lit, je peux aller dans "notre chambre" cela ne me gêne pas mais la porte reste fermée et je me suis installée dans une autre chambre, je ne peux pas dormir pour l'instant dans "notre chambre".

Je suis pas très aidante mais nous vivons des situations similaire, je ne peux que livrer mon ressenti et le partager.

Que la nuit soit douce

BLUEVELVET




Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Méduse le 03 octobre 2012 à 20:19:15
Comme toi, j’aimerais bien retrouvé mon énergie et mon dynamisme d’avant le suicide de ma fille. Je me demande si jamais je la retrouverai. En attendant, je suis bien obligée de faire avec.
N’aie pas honte. Repose-toi quand tu en as besoin, cela n’a rien à voir avec de la fainéantise.
Prenez bien soin de vous toutes et tous
Méduse
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 03 octobre 2012 à 20:43:37
Orchis,

Je viens de vous lire sur un autre fil et je vous rejoins, je lis le livre du Dr FAURE sur le suicide d'un proche.

Vous dites : "Je réalise que pour continuer sur le chemin  de ma vie, il me faudra pardonner au meurtrier de mon mari, au meurtrier du père de mes enfants
Ce sentiment que notre relation  d'avant le 1er février n'a pas de consistance, est construite sur un mensonge , n'a pas existé est justifié par cet acte horrible. notre vie commune est salie, notre amour ('j'hésite à écrire le mot: sommes nous vraiment aimé?) est entachée par cet acte indélébile
Et, au peu que mes enfants ont pu me livrer j'ai compris qu'ils ressentaient un sentiment similaire, pour l'instant, ils n'en sont pas à mon point d'analyse, ou n'osent l'exprimer
Je vous écris tout cela en étant très calme, très lucide , très détachée"

Quand d'autres sont dans la douleur indescriptible, je suis calme, lucide et détachée,froide, même. Parfois je me prend pour un monstre, je me dis mon mari est parti fin juin et je n'ai pas de larmes, je me questionne sur ce qu'était notre vie que je croyais commune. Mon aîné m'a confié Maman j'ai l'impression d'être un monste, je ne pleure pas papa.

Mon côté cartésien me dit qu'il y a bien longtemps que mon mari, leur papa, nous a quittés, quand la dépression (cette maladie insidieuse, ravageuse) a commencé à faire son oeuvre. L'enveloppe corporelle est partie fin juin mais son âme était partie depuis bien longtemps déjà. C'est sans doute ce qui fait que la perte (l'absence) est bien là présente mais la blessure de la perte (en fait la vraie mort de l'être) nous l'avons vécue AVEC MES ENFANTS il y a bien longtemps et dans ce corps sans âme la maladie à fait d'énormes dégâts, j'ai vu la haine dans les yeux de mon mari je crois que ce regard est encore pire dans mon souvenir que la découverte de son corps inerte. Le fait qu'une personne qui se suicide soit le meurtrier de lui même m'a aussi fait longuement réfléchir. Je suis d'accord avec cela mais celui qui se suicide est-il encore lui-même ? mon expérience (et cela n'engage que moi) me fait douter de cela. Mon mari s'est suicidé POSSEDE (je pèse mes mots) par la maladie, la dépression, le mal être, le problème identitaire, appelez cela comme vous le voulez et RIEN et surtout pas ses enfants et sa femme, ni le corps médical, ne pouvait le sortir de cela j'en suis convaincue (de nouveau cela n'engage que moi mais je l'assume entièrement).

Voilà, je ne connais pas vos derniers moments avec votre époux mais si cela peut vous aider.

Je ne voudrais surtout choquer personne mais c'est la réalité de notre petite famille qui a beaucoup souffert du vivant de papa (mari), malgré tout l'amour que nous pouvions lui donner, quand cette maladie a fait son oeuvre, cette oeuvre que l'on ne peut arrêter et qui ravage énormément sur son passage tel un tsunami. Pardon d'avance à celles et ceux que mes propos choqueraient.

Douce nuit à toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 03 octobre 2012 à 21:53:06
Bluevelvet
 j'ai cru en lisant ton dernier post me relire, je continue le tutoyement qui m'était venu spontanément
Arriver à dire et à écrire que mon mari en se suicidant a commis un meurtre: il a tué l'homme que j'aimai et le père de mes enfants m'a autorisé à ressentir la colère et la haine que j'avais honte d'éprouver à son égard( suite au visionnage d'une conférence du Dr Xavier Pommereau).il y a pour moi 2 personnes tellement différentes mon mari se tuant  et l'homme que j'aimai
Cela n'enlève en rien au fait que son geste a été commis pour moi dans un flash de souffrance intolérable pour lui et qu'il n'a rien vu d'autre comme solution pou mettre fin à sa souffrance consécutive à un passage brutal en dépression suite à une poussée maniaque que personne n'avait remarqué et que je commence à saisir les signes et le fonctionnement de sa maladie.
J'ai retrouvé mon mari pendu dans l'ancienne chambre des enfants. Je me suis forcée tous les jours à y rentrer,Dès le début j'ai eu envie de changer de lit , de chambre je le fais seulement maintenant, je suis en train d'installer mon bureau dans ma chambre , je dors dans un lit d'une place dans le bureau , c'est 2 pièces sont sans dessus dessous, mais j'y vais doucement pour leur rendre un aspect plus ordonné, tout me pousse à quitter cette maison qu'il avait refait de ses mains, je vais le faire mais en me donnant le temps, j'ai des envies de prendre la fuite , d'aller au bout de monde, mais il m'accompagnera partout ; avec son dernier geste, il a fait qu'il ,sera toujours là et ce qui est terrible pour l'instant, c'est que les bons moments sont occultés assombris par ce matin du 1er février.
Contrairement à toi, le diagnostic n'avait jamais été posé mon mari aurait décompensé sa maladie qu'à partir de novembre 2011, il serait entré dans sa phase maniaque, le 7 janvier nous faisions des projets sur le  pavillon que nous venions d'acquerir et dont il était à l'origine de ce projet, le 15janvier il voulait le revendre, j'ai compris qu'il était dépressif il a vu 3 fois son médecin, il a vu une psychologue, le 1er fevrier il s'est pendu, le soir il devait rencontré un psychiatre

Je comprends quand tu dis que la maladie vous avait enlevé  déjà ton  mari et le père de tes fils, en 15 jours j'ai pu constaté les ravages sur mon mari ,et mon fils a pu me dire qu'il avait ressenti du soulagement "papa, ne souffre plus" tellement de le voir souffrir était insupportable
 quand tu  te décris calme lucide détachée froide,même, j'étais ainsi au début mais petit à petit les barrières tombent, il faut laisser les émotions (colère, sentiment de culpabilité ,rage , haine, honte, chagrin)émerger les accueillir, puis les barrières se reconstruisent pour un nouveau temps de calme, de froideur ,même je ressens comme d'indifférence, de détachement

Chacun réagit à sa façon et je crois qu'il n' y a pas de bonne ni mauvaise façon, on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a dans le moment présent et ce qu'on est
Et , cette fatigue , ce manque d'énergie que tu ressens ne serait ce pas ton travail de deuil qui s'exprime par ton corps?
Si tu le désires , je te dirai les démarches "médecines douces " que j'ai mis en place pour moi

Pour l'anecdocte , combien de fois j'ai remis une lessive à retourner car pas le courage de l'étendre et parfois certaines 4 ou 5 fois, j'ai horreur de l'odeur du linge mouillé qui a stagné ah oui qu' il était propre mon linge? et j'ai usé de l'eau bien inutilement moi qui suis plutôt écolo donc économe d'eau et de lessive!!!

Bonne nuit
Orchis

 
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 04 octobre 2012 à 06:05:10
Orchis, Meduse,

Celui qui se suicide est dans une souffrance que l'on ne peut imaginer (certains parlent de raptus) et dans ce moment à, l'instant T, plus rien ne compte à ses yeux mais est-ce encore notre enfant, notre mari, notre femme, le père ou la mère de nos enfants qui se suicide ? c'est-à-dire la personne que nous avons connue et aimée et qui nous a aimés, je suis convaincue que non. A ce moment là la personne qui met fin à ses jours n'est plus elle-même.

J'en suis d'autant plus convaincue car quelques temps après le suicide de mon mari, une personne qui m'est chère a tenté de se suicider mais elle est encore avec nous à ce jour et nous avons bien parlé de son acte. Cette personne me dit, avec le recul d'aujourd'hui, qu'elle faisait une bêtise, cette personne a des enfants (à ce moment là ils ne comptaient plus à ses yeux), elle n'a pas de problème particulier en dehors de ce mal être qui l'accompagne et qui ce jour là était trop insupportable. Je l'avais vu quelques temps auparavant et lui avait dit que je m'inquiétais pour lui mais il avait détourné la conversation en me répondant c'est pour toi que je m'inquiètes.

Orchis, merci pour l'anecdote du lave-linge, cela m'a fait du bien, comme le dis aussi Meduse il faut faire avec cette inertie, cette léthargie et toutes les choses qui s'accumulent.

Pour l'anecdote du jour, le lave-vaisselle est fini depuis hier matin mais la vaisselle propre est toujours à l'intérieur, pourtant avant c'est quelque chose que je faisais sans y penser, machinalement.

Comme la vie est bizarre et comme les choses peuvent prendre d'autres sens.

Bonne et douce journée à toutes et tous.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 04 octobre 2012 à 20:53:10
Bluevelvet

Raptus , c'est exactement le terme pour désigner le suicide de mon mari, mais il y a l'avant , tout ce mal être, ce "non être" qui l' a amené à ce geste ultime
Pour moi , mon mari est un puzzle , je retrouve des morceaux, certains s'emboîtent, il en a emporté avec lui et il avait du en perdre en route et certain sont resurgis les 3 derniers mois.
Tout cela est raisonné
Mais quand mes émotions , mes sentiments déferlent, où est la raison?
J'aime beaucoup cette phrase:
"le chemin de la raison à l'affectif est long et tortueux", et je crois que le chemin doit être fait dans l'autre sens de l'affectif à la raison.

Et, nous sommes amenés à regarder la vie sous un angle nouveau...
et pour puiser de l'énergie  pour ce nouveau regard et ce nouveau chemin ,  nous avons besoin de prendre soin de nous et cela passe aussi par accepter d'être en inertie , en léthargie
Bon chemin à tous et toutes
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 05 octobre 2012 à 06:29:59
Orchis,

Comme je me reconnais dans ce que tu dis, le mal être avant, ce non être qui commençait à s'attaquer au reste de la petite famille, le puzzle dont on a essayé en vain de recoller les morceaux du temps du vivant et que oui il est parti avec d'autres morceaux et que oui il en avait aussi perdu en route. Et non, je ne referai pas le puzzle, j'ai l'impression d'avoir vécu ce temps de dépression aux côtés d'un étranger.

Quand on est dans l'émotion et les sentiments et que ceux-ci sont violents la raison perd. Pour moi le ventre est le centre des émotions et la tête le centre de la raison. Si ces deux endroits de mon corps ne sont pas "alignés", je ne vais pas bien. C'est ce qui s'est passé au début après son suicide, j'étais perdue. Petit à petit je me "réaligne" et je me sens mieux, en dehors de cette inertie que ma raison a beaucoup de mal à supporter. Je ne veux pas dire que la raison doit l'emporter mais seulement qu'il doit y avoir un équilibre entre la raison et les émotions : c'est cela qui est un peu compliqué en ce moment et c'est vers cela que je tend. Je suis aussi d'accord avec toi, parce que c'est mon expérience, le chemin doit être fait de l'affectif à la raison. De toute façon par expérience on n'a pas le choix quand on est submergée par l'affectif la raison n'a pas de place.

J'ai trouvé cette phrase, en cette période où ce besoin de douceur est important :

On ferme les yeux des morts avec douceur ;
c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir ceux des vivants.

Merci pour vos échanges.

Je vous souhaite donc une douce journée
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 05 octobre 2012 à 08:05:05
Bonjour Bluevelvet,

merci de cet échange
Je sais que je ne pourrai refaire, le puzzle de mon mari, mais contrairement à toi, personne n'avait vu que mon mari étit malade avant la dépression brutale que je situe vers le 15 janvier et qui a pris fin pour lui le 1er février par son suicide et qui est un raptus.
Mais j'ai besoin de comprendre un tant soit peu  ce qui a amené mon mari à cette situation et que dans le milieu psychiatrique on nomme maniaco dépression ou maladie bipolaire. Il faut que j'intègre que mon mari était malade, et petit à petit je trouve des signes avant coureurs et des réponses avec l'aide de ma psy.Je n'aurai pas les réponses à toutes les questions, mais à quelques unes et mes enfants n'ont pas encore compris ce qui s'est passé.

Quand on est submergé par les émotions, on n'a pas le choix que de les laisser émerger Et depuis 8 mois en ce qui me concerne les émotions vont et viennent, elles sont contradictoires, ambivalentes, paradoxales, exarcerbées avec des plages d'alcalmie qui ressemblent à de l'indifférence, à un sentiment d'être à coté, et j'ai besoin de comprendre mes émotions ce qui les a provoquée, ce qui fait que je réagis ainsi et je reviens souvent à mon histoire personnelle.

Par exemple: Pourquoi je pleure si peu? interdit maternel posé quand j'étais enfant et qui se poursuit ,ma mère ne sait pas m'accueillir avec mon chagrin , ... Alors quand les pleurs arrivent je les savoure, les larmes sont si bonnes elles lavent ma blessure

Bonne journée
Orchis
 
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 05 octobre 2012 à 20:34:08
Orchis,

Je comprends bien ta situation, mon mari était atteint de ce mal être mais ne voulait pas se faire soigner, j'ai tant et tant de fois essayé de l'amener à se faire soigner mais à chaque fois j'avais le droit à une fin de non retour et notre conversation finissait inéxorablement de cette façon : Moi je n'ai pas de problème (mon mari) c'est toi qui a un problème, il faut que tu changes. Et tant et tant de fois j'ai changé et je me suis perdue, même de son vivant. Cette dépression est une maladie maudite, non reconnue, insidieuse, qui ravage tout sur son passage. J'ai aimé mon mari je vous l'assure mais cette maladie a tout détruit, elle lui fait dire tellement d'horreur que je doutais de son amour et même moi je doutais de mon amour pour lui à la fin. Même si cela a duré de nombreuses années difficiles, je ne pourrais jamais refaire le puzzle, la psychologie humaine est trop complexe pour cela.

A titre d'anecdote devant une situation banale dans tous les couples (problème financier par exemple) il disait on ne va pas y arriver, je disais : on va y arriver, on va trouver une solution. A la base qu'est-ce qui fait que l'un voit à travers des lunettes noires et l'autre à travers des lunettes roses. Il était d'un pessimisme avéré, je suis une optimiste convaincue mais c'est ma façon d'être, contre vents et marées, pourquoi ? D'où vient cette différence d'appréhender les choses ? Je reste une optismiste convaincue malgré son suicide je n'y peux rien, je crois que c'est génétique. Il refusait farouchement cet optismisme, disant que j'étais naïve. Voilà les quelques turpitudes d'esprit de vivre avec une personne qui est habité par ce mal être, de plus elle ne supporte pas que vous soyez optimiste car elle n'a pas accès à cette vision des choses, c'est inconcevable pour elle.

Huit jours avant son passage à l'acte, après une énième scène pour une broutille, et des mots qui m'ont fait très mal,  j'écrivais sur mon agenda : il faut que cette situation cesse, je me détruis, dois-je le quitter ou dois-je rester ? Voilà la situation huit jours avant ce séïsme. La réponse m'a été donnée, ce n'était certes pas celle que j'attendais, loin de là même s'il nous a toujours dit qu'il se suiciderait.

Aujourd'hui j'ai cherché dans le Larousse la définition de raptus : "comportement paroxystique à caractère de décharge brusque et irrésistible, susceptible d'avoir des conséquences dramatiques pour le sujet ou pour les autres"

Voilà ce qui me fait dire que quand quelqu'un met fin à sa vie il n'est plus lui même et je crois que rechercher une explication rationnelle à cet acte est une chose vaine et perdue d'avance. On risque de s'y perdre aussi. Il faut acter et je sais que cela n'est pas facile.

Je crois que refaire le puzzle du défunt est illusoire. Trouver des raisons l'est également car nous ne sommes pas dans l'état d'esprit de ceux qui sont passés à l'acte au moment où ils passent à l'acte. Trouver ce qui a amené ton mari à cet acte, je suis convaincue que même lui (s'il avait le pouvoir de revenir et de s'expliquer) il ne pourrait donner une explication.

Les émotions, elles sont fluctuantes et très contradictoires, je peux plaisanter, et le commun des mortels va dire : c'est une veuve joyeuse, mais le commun des mortels a-t-il vécu l'AVANT NON. Les émotions sont ambivalentes car en ce qui me concerne elles sont très partagées entre le soulagement (quand on rentre le soir et qu'on ne sait pas dans quelle atmophère, ambiance on va se retrouver je vous assure que j'ai donné, quand l'ambiance chavire d'une minute à l'autre pour un détail, je connais bien......j'ai passé des nuits à trouver des solutions, des explications, j'ai lu énormément, mais la seule solution était en lui et il ne voulait pas aller la chercher) et l'absence car oui même si la maladie a fait tout ce qu'elle pouvait pour nous séparer, l'absence est là, bien réelle, même si nous n'avions plus grand chose en commun, cette absence est là. Un de mes enfants m'a dit :"papa me manque physiquement mais pas mentalement" voilà un beau résumé des ravages de la maladie. Il m'a parlé de ses problèmes sentimentaux et m'a dit tu vois avec papa je n'aurais pas parlé de cela.

Je suis comme toi, je ne pleure pas, et je m'interroge, car j'ai lu que cela peut arriver tardivement, des fois je me dis je ne pleure pas je vais sombrer un jour et je ne pourrais plus faire face ? Je n'ai pas d'interdit. Mes enfants aussi s'interrogent car ils ne pleurent pas leur papa pourtant il était très papa poule.

Nous, les survivants du suicide de notre proche aimé ne pouvons pas, je le pense sincèrement appréhender, ni évaluer la douleur et la détresse au moment de ce raptus car nous ne l'avons pas vécue. C'est un peu comme ceux qui n'ont pas souffert d'un deuil après un suicide, ils ne savent pas donc ils ne peuvent pas comprendre.

A chacun son expérience, il faut la vivre, ici nous n'avons pas le choix, et pour avancer, c'est évident mais il faut rester actif dans cette expérience et ne pas se laisser submerger.

Bonne nuit à toutes et tous.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 06 octobre 2012 à 09:11:42
Bluevelvet

Quand je te lis ,beaucoup de choses font écho à mon histoire ,à notre histoire.

Je sais que mon mari a emporté avec lui la raison ou les raisons de son geste et que s'il revenait il ne saurait sûrement pas l'expliquer, mais je besoin de comprendre  de mon mieux pour moi et pour mes enfants , pour ne pas donner des interprétations erronées ou simplistes comme j'ai souvent entendues. alors  petit morceau de puzzle  par petit morceau, des souvenirs remontent .Je ne saurai pas tout de lui, mais je travaille sur moi, sur mon histoire avec lui, sur mon deuil, pour continuer mon chemin...
Et , ce geste terrible donne une image si différente de l'homme que je connaissais, et , en 8 mois, un seul souvenir heureux m'est revenu , la dernière image de lui est plus forte que tous nos nos années de vie commune et pourtant j'y travaille à les faire resurgir

Bonne journée à toi
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: mariej le 06 octobre 2012 à 11:11:13
Bonjour à vous 2, Orchis et Bluevelvet,

Je me permets d'intervenir dans votre conversation. Mon fils a mis fin à ses jours il y a 4 ans, il avait 31 ans.

Un fils c'est différent d'un mari, il vivait à 400kms de chez nous, rien ne laissait présager un tel passage à l'acte aussi violent. Alors moi aussi j'ai besoin de chercher, de trouver des raisons à ce geste; Il ne laisse pas d'enfants derrière lui, il laisse une soeur et un frère et nous ses parents... Nous avons besoin de comprendre.

Il nous a laissé une lettre de 2 pages disant qu'il nous aimait, qu'il trouvait dur de partir sans nous dire au-revoir mais qu'il n'en pouvait plus de la vie, elle lui était devenue insupportable!!! Et moi, 4 ans après je suis encore pleine de colère, je lui en veux, cette colère je l'ai connue aussitôt après sa mort, elle s'est calmée et maintenant elle est réveillée suite au décès d'un proche (un frère de mon mari mort d'un accident de voiture)....

Je vous admire de ne pas ressentir cette colère, moi je lui en veux de nous faire souffrir pareillement, sa famille et ses amis. Pour moi la raison de son suicide c'est un burn out, il travaillait avec des enfants en difficulté sociale, il les aimait, peut-être trop, il souffrait de ce qui leur arrivait, il aurait voulu changer le monde, mais il s'est épuisé... Il nous a tous laissé orphelins de lui, et moi je suis en colère car il aurait dû en parler, lui qui voulait soulager les autres, pourquoi n'a-t-il pas fait confiance aux autres pour l'aider?

Moi aussi, on m'a parlé du raptus, mais est-ce vraiment un raptus anxieux quand on écrit 2 pages avant ? Pourquoi tant de souffrances pour ses proches? il n'a pas dû y penser ? Pourquoi nous infliger un tel calvaire ?

C'est vrai qu'en remontant un peu sa vie, les derniers mois il avait perdu son entrain, il se posait beaucoup de questions, il avait envie de quitter Paris, mais il aimait son travail, il se posait beaucoup de questions, trop certainement ; dans sa vie sentimentale il avait du mal à s'engager, il en parlait peu avec nous, mais depuis ses copains nous disent...

Voilà ce que j'avais envie de partager avec vous, un vécu différent du votre, mais qui sait en creusant un peu plus, vos maris et mon fils souffraient de mal-être devenus insupportable pour eux, tellement insupportable que même l'amour de leurs proches ne leur suffisait plus pour les retenir!

Bonne journée à vous et peut être pourrons-nous continuer cette discussion si vous venz le 17 à Bourges?
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Méduse le 06 octobre 2012 à 11:34:24
Bonjour Orchis et Bluevelvet
Soyez confiante, les bons souvenirs vont remonter quand vous aurez épuisé les souvenirs douloureux. Mon vécu n’est pas identique au vôtre, mais il y a beaucoup de similitudes. Les trois années avant le suicide de mon ainée ont été douloureuses, angoissantes, un souci de tous les instants, une bataille, un vrai enfer pour elle et toute la famille à cause de son anorexie et ses allusions ou l’annonce de son suicide. J’étais tendue en permanence, car tout le temps à la recherche de solutions pour la sauver. Cette tension est tombée d’un coup à l’annonce de son décès. Pendant les premiers mois de deuil, tous ces souvenirs douloureux tournaient en boucle. J’essayais encore de trouver où et comment j’aurais pu réagir différemment pour la sauver. A présent, au bout de 19 mois, les souvenirs heureux commencent à remonter. J’essaie de bloquer les autres en relisant régulièrement les témoignages d’expériences de mort imminente qui m’aident à me convaincre que maintenant, elle se sent bien, qu’elle ne souffre plus.
Nous savons aujourd’hui que ma fille est devenue anorexique suite au syndrome Borderline dont elle souffrait mais qui n’était pas diagnostiqué et dont je ne connaissais même pas l’existence (c’est un peu comme la bipolarité, mais les phases de hauts et de bas sont plus rapprochées, peut-être plusieurs en une seule journée). Je dirais qu’elle n’avait aucune protection contre les émotions. Nous pensons que mon mari en avait souffert également, mais qu’il avait réussi à le contenir davantage à part pendant trois années de folie entre l’année 2000 et 2003, qui auraient déjà pu finir dans le sang, soit par son suicide, soit qu’il nous tue toutes dans un accès de folie. J’avais en sorte deux maris, un aimant, doux, sensible, attentif, et un mari qui pouvait être désagréable et de mauvaise humeur pour une broutille, pessimiste, voyant le mal partout, qui rejetait la faute sur moi pour ce qu’il n’avait pas réussi dans sa vie, mais se reposait sur moi pour beaucoup de choses. Pour ma part, je ne prenais pas ses échecs sur moi. J’essayais de m’en protéger et de ne pas en souffrir moi aussi. Ainsi, j’avais mis une certaine distance entre lui et moi. Néanmoins, nous vivions au rythme de ses bonnes ou mauvaises humeurs en pensant pendant des années que c’était son caractère, sans savoir qu’il était malade. Et quand il était dans une mauvaise phase, je me demandais pourquoi j’étais restée avec lui. Mais quand il était de nouveau le mari aimant, attentif et doux, je lui pardonnais tout. Par contre, il n’existait aucune distance entre les souffrances de ma fille et moi. Peut-être que les maladies de ma fille ne se seraient pas déclenchées sans les années de folie, mais aussi mon licenciement déstabilisant toute la famille par la suite.
Pendant les années de folie, j’avais souhaité la mort de mon mari car je ne voyais pas d’autre issu. Heureusement qu’il n’est pas décédé à ce moment-là et que nous avions pu nous retrouver avant sa mort et nous soutenir dans le deuil de notre fille.
Courage, pour vous aussi, les bons souvenirs vont remonter.
Douce journée à vous
Méduse
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Méduse le 06 octobre 2012 à 12:22:58
Mariej,
Contrairement à sa sœur, je n’ai jamais ressenti de la colère envers mon ainée et je m’étais même sentie égoïste en essayant de la retenir. On aurait dit qu’elle demandait indirectement à sa sœur et à moi de lui donner l’autorisation de la laisser partir – ou aurait-elle souhaité d’être rassurée ?! Elle nous avait dit plusieurs fois qu’elle ne restait que pour nous que si on lui disait qu’elle pouvait partir, elle partirait. C’était un poids difficile à supporté, tant ses souffrances étaient terrifiantes. Les derniers mois, elle a répété plusieurs fois qu’elle devait se battre tous les jours pour ne pas se jeter sous une voiture. Finalement, elle a pris des médicaments. La veille, elle m’avait dit au téléphone, à 800 km de moi, d’un ton ferme et décidé qu’elle avait décidé de mettre fin à ses jours si elle en avait le courage, tout en disant ensuite qu’elle entrerait en clinique la semaine suivante, mais qu’elle ne voulait pas. Comme elle était chez mon frère ce soir-là, je n’ai rien fait. Je n’ai plus trouvé d’arguments non plus, tous étaient déjà épuisés et je n’y croyais plus, car les dernières semaines tout était devenu de plus en plus noir. Et puis, elle avait parlé de suicide déjà tellement souvent que je lui en voulais de me faire souffrir encore. J’ai retrouvé ensuite plusieurs listes qu’elle avait faites pour préparer sa dernière journée. La veille, elle avait demandé à parler aussi à sa sœur, mais d’un ton gai, trop gai comme dit sa sœur, qu’elle aurait dû s’en méfier. C’était son adieu. Elle a laissé deux lettres pour son papa et mon frère qui l’avait recueillie les deux derniers mois. Il avait essayé de lui faire promettre de l’appeler avant de mettre fin à ses jours, mais elle avait refusé car elle avait peur qu’il puisse essayer de l’en dissuader. Ses pulsions de mort étaient très très fortes depuis longtemps.
Je pourrais m’imaginer que cela pouvait être pareil pour ton fils, mais qu’il n’en parlait pas pour ne pas vous faire souffrir. S’ils avaient pu s’imaginer un instant ce que nous vivons maintenant, ils ne l’auraient pas fait. Mais aurions-nous pu nous l’imaginer nous même avant leur départ ?
La vie est difficile pour ceux qui sont trop sensibles et ressentent trop le malheur qui les entoure. Elle est plus facile pour ceux qui peuvent ne pas le prendre à cœur et s’amuser. Si ton fils vous a écrit une lettre, c’est qu’il a pensé à vous.
J’aurais aimé aller à Bourges, mais je ne pourrai malheureusement pas.
Mariej, j’espère que tu retrouveras de nouveau ton calme.
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 06 octobre 2012 à 13:45:38
Bonjour à toutes et merci de vous joindre à cette discussion.

Meduse, nous avons vécu la même folie que toi (mes enfants et moi même) avec mon mari. Il pouvait passer d'un homme charmant à un être odieux en l'espace d'un instant. Le nombre de soirées gâchées par cette maladie, il y a des jours j'appréhendais de rentrer chez moi après le travail, un soir je lui ai même demandé quel plaisir il éprouvait à chercher la bagarre comme cela sans cesse pour des broutilles, comme vous il rejetait toujours la faute sur moi. Tout était prétexte, ma façon de marcher, le repas préparé, ma façon d'être avec les enfants. Je n'ai jamais souhaité sa mort mais j'ai songé à le quitter oui. Je ne m'en suis pas cachée vis-à-vis de lui : sa seule réponse a été : si tu veux partir, tu dégages ! il ne comprenait pas que ce n'était pas parce que je ne l'aimais plus que je voulais le quitter mais parce qu'il fallait que je préserve, c'était un instinct de survie. Il n'y avait aucune discussion possible c'est mon grand regret.

D'ailleurs le dernier soir, il s'est couché en colère, un de mes enfants a dit : maman tu ne vas pas encore supporter cela je t'emmène chez moi, (il me l'avait déjà proposé plusieurs fois et j'avais toujours refusé). Je suis partie avec mon enfant et quand nous sommes revenus le lendemain il s'était suicidé. Je suis convaincue qu'il a fait un raptus (dans le texte comme le dit Le Larousse) il était dans une colère, était persuadé d'avoir raison. Je ne sais pas si vous avez vécu cela mais je l'ai souvent vu dans une colère noire, froide, à fleur de peau, cette colère était palpable, elle ne me faisait plus peur puisque je connaissais les symptômes mais il a toujours refusé d'être pris en charge.

Un de mes enfant me dit aussi, maman j'ai du mal à me souvenir des bons moments avec papa.

 Franchement, je n'ai pas de culpabilité maintenant, j'en ai eu beaucoup quand il me disait que tout était de ma faute, quand il me disait que c'était dégueulasse, que je n'avais pas de problème de santé, que j'aimais mon travail là je vous assure que j'ai passé des nuits à y penser. Mais qui puis-je si je n'ai pas de problème de santé et si j'aime bien mon travail. Je prends soin de ma santé et je fais ce qu'il faut pour que mon travail me soit agréable mais cela il ne voulait pas l'entendre..... que de discussions stériles j'ai eu avec lui finissant toujours de la même façon : tu as tort......

Mareij, ne m'admirez pas je suis moi même très surprise de l'état dans lequel je suis en ce moment, je n'ai pas de colère (elle s'est très vite dissipée car je suis convaincue, ainsi que mes enfants, que là où il est il est mieux que sur terre).

Je suis très partagée entre le soulagement, la tension qui existait en permanence dont parle Meduse, oui c'est un soulagement le suicide mon mari, du père du mes enfants. J'ose le dire sur ce fil car il concerne le suicide, cette sérénité qui est revenue à la maison malgré le deuil (excusez-moi si je choque mais c'est la réalité) mais il y a aussi l'absence car il a aussi été cet homme aimant et ce papa poule. Malheureusement la maladie l'a transformé et a laissé beaucoup plus de blessures que de douceur.......

A ce jour, mon seul objectif est que mes enfants soient heureux dans leur vie.

Voilà chacun à son histoire et réagit par rapport à ce qu'il a vécu (je ne veux surtout choquer personne, ce n'est vraiment pas mon but) mais c'est la réalité de notre petite famille. Le soir de son décès nous étions à table et un de mes enfants a dit : maman c'est dingue, nous prenons un repas ensemble à table, au calme et la tension de la maison à disparu, pourtant cela vient d'arriver.

J'entend dire aussi que je suis forte, je laisse dire car ceux qui disent cela ne connaissent rien de notre vie. Où est-on la plus forte quand on reste auprès de l'être aimé malgré la destruction causée par la maladie et qu'à chaque fois qu'on essaie de l'aider on fonce dans un mur et on s'y écrase lamentablement et qu'il faut quand même aller travailler et faire bonne figure ou quand on reprend le travail après le suicide de son mari et que l'on ne pleure pas ?

Quand on estime qu'une grande partie de sa vie a déjà été gâchée et que maintenant on décide de vivre les choses comme elles se présentent et tant pis si on se trompe, les erreurs nous construisent aussi.

Voilà le ET MAINTENANT de ce jour, je suis bien consciente qu'il peut évoluer...

Bonne et douce après-midi à toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Méduse le 06 octobre 2012 à 14:22:10
En fait, après le début des trois années de folie, j’avais dit à mon mari que nous pourrions divorcer et il me disait qu’alors il me tuerait avec mes filles. Quand il était calme de nouveau, il m’affirmait que jamais il aurait fait cela, mais je n’en suis pas certaine. A mon avis, le risque était réel. Pendant ces trois ans, il avait des crises de démence. J’étais allée voir trois psychiatres pour demander des clés. Le premier me demandait pourquoi j’étais encore avec lui et qu’il fallait l’hospitaliser de force mais par des médecins d’hôpital, donc anonyme (il avait peur lui-même !), le deuxième parlait aussi d’hospitalisation, mais pensait qu’il fallait continuer à le soutenir et que je devais lui dire pourquoi j’étais allée le voir (je l’ai payé par une grosse crise !) et le troisième me conseillait de ne jamais le contredire quand il était en crise de démence. C’est ce que j’ai fait et peu à peu, il s’est apaisé. Puis au bout d’un certain temps, je pouvais même le contredire de nouveau. Peu à peu, ma seconde fille et moi, nous avons pu le voir de nouveau comme avant cette période et vivre des moments agréables et détendus avec lui. Mais mon ainée qui nous avait soutenus pendant ces années-là (son père aussi) n’a pas réussi à oublier et à passer à autre chose. Elle est restée traumatisée. C’est même vraiment « sorti » au moment de l’anorexie.
Que la vie peut être compliquée et douloureuse.
Bluevelvet, tu as raison. Laisse parler les gens et mène ta vie de ton mieux. Tu as fait de ton mieux. Sans doute, ton mari était jaloux de ton travail comme le mien, mais c’est normal d’aimer son travail. Que cette vie  t’apporte de nouveau des joies, à toi et à tes enfants.
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 07 octobre 2012 à 00:00:29
La colère, j'en ai ressenti après son décès

Quel gachis :un homme si bon , si doué, si intelligent, si respectueux, si plein d'humour,
pourquoi s'être privé de tout ce bonheur qui nous tendait les bras, aucun souci à l'horizon, nous partagions tant et apprécions les plaisirs simples de la vie; les amis, la nature, la musique, le ciné...

Un homme qui ne disait pas sa colère ou si peu , il était interdit d'être en colère avec lui , c'était mal , c'était "fou" ...
La colère, j'en ai ressenti de son vivant
Et j'étais souvent en colère à sa place, en colère contre ses parents qui ne lui faisaient pas confiance , pendant 29 ans mon mari me disait ils sont vieux , il ne faut rien leur dire, il y a 29 ans ils avaient mon âge d'aujourd'hui, quelle mère qui ne se souvient pas de la dâte d'opération de son fils unique, qui ne vient pas lui rendre visite alors qu'il est seul et qu'elle habite le même village elle préfère consacrer son temps à l'entretien d'un étang avec son mari , et tant d'autres chose..J'étais en colère pour lui.
J'étais en colère contre lui , car il m'incluait il m'entraînait dans son pessimisme dans sa mésestime de lui, avec des propos parfois extrêmement blessants et je luttais pour ne pas couler avec des crises de colère  , de larmes qui étaient la manifestation de mon angoisse, car je ne savais plus comment faire. Et, il m'avait persuadée que je dysfonctionnais psychiquement, il me reprochait mon égoïsme, alors je me défendais car c'était si injuste. j'avais soutenu mon mari dans tous ses projets,j'ai fait passe si souvent ses besoins avant les miens.  le jour où j'ai eu mon projet de changer de travail aucun soutien , que de l'incompréhension de sa part. et je l'ai soutenu dans ce dernier projet qui l'a mené à cette situation finale, et, là, il me reprochait de ne pas le laisser libre , et le résultat 2 mois de liberté et il se met en burn out tout seul , il rentre dans une spirale qe travail intense, il se met une pression tout seul, il se sent fort , il me dit qu'il n'a jamais été aussi en forme, il était dans un période maniaque , mais tout retombe et il entre dans la dépression , la mélancolie pour en arriver à son suicide,  tout cela en 3 mois à peine
, alors oui j'ai été en colère contre lui de ne pas avoir pris soin de lui, mais je réalise que depuis 29 ans je prenais soin de lui, en lui donnant un cadre de vie un rythme de vie qu'il me reprochait de lui imposer (source de  nombreux conflits) mais qui lui était nécessaire autant pour lui que pour moi et qui l'ont protégé de la maniaco-dépression.Je ne sais si je suis claire, tout cela est le fruit de mes réflexions avec le travail avec ma psy et de lectures (vivre avec un maniaco-dépressif)

Alors , la colère, je connais par coeur, elle m'était nécessaire pour rester vivante, pour avoir de l'énergie mais elle m'a fait tant de mal, je sais qu'il faut qu'elle s'exprime , en ce moment j'apprécie qu'elle ne soit pas présente ,mais elle repointera son nez avec les phénomènes d'aller retour  des sentiments.

En ce moment, j'ai l'impression d'être indifférente, d'être calme, j'apprécie , mais je sens que la tempête n'est pas très loin, je profite de cette alcalmie pour me faire un peu le plein d'energie avant une nouvelle vague d'émotions .

Bonne nuit
Orchis



Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 07 octobre 2012 à 09:15:10
Orchis, Meduse et Mariej,

Gâchis, c'est vraiment le mot. Comme nos chemins sont similaires, tant et tant de fois j'ai voulu lui faire voir, toucher le bonheur qui était là à portée de mains. Jamais il n'a pu toucher ce bonheur, il se privait de ce bonheur et je ne sais pas pourquoi et pourtant je mettais énormément d'énergie à essayer de comprendre. Cela a été un de mes combats avec mon mari, un de plus que jai perdu.

Moi qui apprécie le bonheur du moment, je peux m'arrêter un petit temps en plein hiver pour admirer un paysage de givre et je suis bien. Je peux allumer une cheminée, sentir le calme et cette douce chaleur dans la maison, lovée dans le canapé alors qu'il fait si froid dehors et je suis bien. Préparer un bon petit repas pour ma petite famille et je suis bien. Garder mon âme d'enfant à Noël et décorer la maison même si nous sommes tous adultes maintenant. Il se moquait de moi et disait : c'est vraiment n'importe quoi ! T'es vraiment qu'une gamine !

Pourtant le bonheur n'est pas si loin, il n'est jamais loin c'est juste à nous de le voir et le reconnaître et je crois que les personnes que cette fichue maladie touche (peu importe le nom) non plus du tout cette faculté, un voile noir et dense enrobe leur coeur, couvre leur vue et leur faculté de croire au bonheur. C'est ce voile que nous cherchons désespérement et souvent en vain à percer et qui un jour les emporte définitivement car je crois qu'il est inhumain de vivre sans espoir, sans satisfaction, sans petit bonheur.

Aujourd'hui je vais commencer à tricoter une layette pour la fille d'une de mes amies qui attend un bébé et bien je suis contente, c'est un petit bonheur pour moi. Je vais y mettre un peu de moi et je serai heureuse de lui offrir.

Pour moi, la vie est simple (il me disait souvent : tu es d'une naïveté !) je ne rêve pas de gagner au Loto, ni de belle maison, ni de belle voiture, ni de beaux voyages dans les îles parasidiaques. Mon bonheur est à portéé de main, il aurait suffit de presque rien (mais beaucoup pour lui) pour que lui puisse aussi appréhender ce bonheur.

Ma colère est partie, je crois sincèrement que son départ est définitif. Je suis en paix avec le départ de mon mari car je suis convaincue qu'il est bien là où il est, apaisée. J'ai souvent souhaité qu'il soit apaisé, qu'il puisse un peu souffler par rapport à toute cette angoisse qui le minait. Je pensais pouvoir y arriver, c'est aussi un combat que j'ai perdu. J'ai admis mon impuissance face à cette dévastation.

Quand j'y réfléchis, quelle aurait été sa vie, toujours dans la colère, la haine, le pessisme, la mesestime de lui que vous décrivez aussi ? Nous devions marier notre aîné cet été, il n'était même pas dans la joie des préparatifs, il critiquait les achats alors qu'il a été un merveilleux papa (mais ce n'était pas lui, c'était la maladie que le possédait).

Je naime pas la colère, elle est nécessaire mais elle est aussi mauvaise parce qu'elle enferme. Elle a fait énormément de mal à mon mari.

Oui Orchis, nous soutenons nos maris jusqu'aux plus lointaines limites de nos forces, à ne plus savoir comment faire. Ils nous quittent malgré tout, même si je reste persuadée qu'ils ne sont plus eux mêmes quand ils nous quittent. Quand on repense à notre vie, on se dit : mais quel gâchis ! 

Voilà, je suis calme, apaisée aussi qu'il ne souffre plus, c'est clair dans ma tête et dans mon coeur, j'aime toujours mon mari (celui que j'ai épousé, pas celui est parti). Une amie qui est venue au funérailles m'a dit : dis donc qu'est-ce qu'il avait changé (il y avait une photo récente de lui sur le cercueil). Voilà la maladie avait fait son oeuvre, certains diront, elle se trouve bien des excuses mais ceux-là n'ont pas vécu les assauts de la maladie. Je crois que c'est aussi cela qui fait que je ne ressens plus de colère car le mari qui m'aimait et que j'ai aimé est parti depuis très longtemps, c'est un peu un deuxième deuil en décalé où les émotions sont moins vives car abimées par la maladie.

Je suis bavarde, je m'en excuse...J'essaie de vous livrer mon ressenti si cela peut vous aider, je ne serai pas présente le 17.

Douce et calme journée à vous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Méduse le 07 octobre 2012 à 09:52:24
Tu n’as pas été trop longue. De toute façon, je suis bavarde moi-même. J’apprécie la profondeur des échanges de ce forum. Elles me sont d’une aide précieuse.
Oui, c’est étrange que les uns soient optimistes de nature et les autres pessimistes. Ma seconde fille me dit qu’elle ressentait depuis toute petite qu’elle avait la pulsion de vie et que sa sœur la pulsion de mort. Pendant des années, elles étaient très proches et arrivaient à un équilibre. Mais l’anorexie a tout détruit.
Il faut dire qu’il y a beaucoup d’incompréhension et de jugements par rapport aux maladies psychiques. Ils ont la double peine car on les accuse pratiquement de ne pas être en bonne santé. Qui reprocherait sa maladie à un malade d’un cancer ?!
Même pour nous qui avons tenté de les soutenir, il était difficile de les comprendre. Et en plus, même s’il y a des soins ( ?!), la famille est mise à l’écart au lieu d’être soutenu. Ma fille, je la comprends davantage depuis que je la pleure. Je lui reprochais de n’écouter que des musiques désespérées et maintenant je change de station dès qu’il y a une musique gaie.
Parfois, je ressens encore de la colère contre moi parce que je n’ai pas été à la hauteur la dernière semaine. Mais j’ai fait ce que j’ai pu.
Bonne journée à vous
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 07 octobre 2012 à 10:35:50
Meduse,

Oui, il a a beaucoup d'incompréhension et de jugement négatif envers les maladies psychiques. Pourtant ce sont des maladies graves aussi, l'entourage est mis à très rude épreuve dans un isolement total et dans l'impuissance totale.

Une personne qui décède d'un longue maladie (comme on dit) on dit : elle a bien souffert, c'est une délivrance, elle ne souffre plus. Vous avez tant donné, vous allez pouvoir vous reposer un peu maintenant.

Quand quelqu'un se suicide : les gens vous disent (parce que je l'ai entendu plus d'une fois) je ne sais pas quoi dire ! Ce à quoi j'ai invariablement répondu : il n'y a rien à dire (je ne vais pas commencer à expliquer ce que grand nombre de gens ignore le jour où mon mari nous quitte !). On vous dit aussi, il faut être forte pour ceci, pour cela. Vous n'avez rien à vous reprocher ! mais de quel droit ils se permettent d'être aussi sûrs de leur jugement, eux qui ne connaissent rien ?

Pourquoi les gens ne disent pas : il a bien souffert, c'est une délivrance, il ne souffre plus ? Vous allez pouvoir souffler un peu maintenant.

Mon mari ne voulait pas de se faire soigner. C'est encore un combat que jai perdu.

Je connais certains établissements hospitaliers où les enfants anorexiques sont privés de visite (y compris de leurs parents, frères et soeurs, au début de l'hospitalisation de manière systématique) je n'ai jamais compris pourquoi cet isolement alors que ces êtres en souffrance ont un besoin énorme d'être entourés, rassurés. Je ressentais très fort ce besoin chez mon mari mais tout ce que je pouvais donner n'était pas assez, il avait trop de mésestime de lui même, une manque total de confiance en lui, tout cela ancré bien profond en lui. Mes enfants n'ont pas pu non plus le rassurer. Même si on lui faisait un compliment il arrivait à y trouver quelque chose de négatif...

Je le repète, je me permets de dire cela, c'est mon ressenti, car nous sommes sur un fil qui parle de suicide d'un proche, je comprend que mes propos pourraient choquer d'autres personnes qui sont dans un autre deuil et je m'en excuse à l'avance.

Vous parlez de musique désespérées, connaissiez-vous le ressenti de votre fille quand elle écoutait ces musiques ? Certaines musiques gaies me font venir des émotions tristes, des larmes parfois (elles ne sont pas en rapport avec le deuil de mon mari, cela m'arrivait avant aussi) et je peux me retrouver confortée par une musique triste.

Vous dites : j'ai fait ce que j'ai pu. Oui nous avons fait ce que nous avons pu et même au-dessus de nos forces souvent. Alors il faut admettre de n'avoir pu faire davantage ou mieux, si tant est qu'il existait davantage ou mieux.

Ce cheminement aide à mettre un baume de douceur sur cette blessure qu'est leur départ. Nous apprenons petit à petit à vivre avec cette expérience douloureuse qui nous construit autrement jour après jour. Personnellement, pour le moment, je ne supporte plus les cris, les gens qui ralent pour des broutilles, toute cette société de consommation (mais déjà avant aussi) où l'on fait croire que le bonheur c'est d'avoir.

Doux dimanche

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Méduse le 07 octobre 2012 à 11:59:04
Bluevelvet,
Pourquoi vous excuser de choquer éventuellement ? Nous avons bien droit à nos ressentis.

Ma mère s’est battue pendant 8 ans contre un cancer. A choisir, je choisirais le cancer, car on peut se battre ensemble. Mon mari disait que les psys étaient des charlatans et ma fille a essayé plusieurs fois, mais a abandonné au bout d’un moment car on la renvoyait toujours à elle-même alors qu’elle demandait comment gérer ses émotions. Elle me disait qu’elle se sentait le mieux quand elle était à 39 kg et qu’elle voulait rester anorexique. C’est parce qu’alors, son corps produisait des endorphines. C’est facile et rapide de devenir anorexique, il suffit de maigrir même pour un deuil ou d’un simple régime, même adulte – j’en connais des personnes - et quand le corps est en souffrance, il se drogue lui-même et le piège se referme. Il est aussi difficile d’en sortir que de l’héroïne ! Dans les cliniques qui pratiquent l’isolement, il s’agit d’un chantage pour que le malade mange. Ma fille avait peur de l’hospitalisation qu’elle avait acceptée malgré elle et qui devait avoir lieu la semaine suivante. Peut-être, elle serait encore là, si nous n’avions pas tous mis pression sur elle pour qu’elle y aille. Je ne lui ai pas ouvert grand les bras parce que je pensais que c’était sa dernière chance pour s’en sortir. Tout était tellement noir, cela ne pouvait pas continuer ainsi. Sa vie était un véritable enfer. Mais j'aurais dû être plus patiente. Il y en a qui s'en sortent au bout de nombreuses années de maladie.

La musique violente qu’elle écoutait devait exprimer toutes les émotions fortes qu’elle ressentait et qu’elle essayait de contenir. Le souvenir de sa détresse m’est insupportable. Je comprends qu’elle n’en pouvait plus.

Oui, quand je parle de son suicide, on me dit aussi souvent que je n’ai rien à me reprocher. La première fois, j’étais comme surprise. Indirectement cela veut bien dire qu’on pourrait avoir à se reprocher quelque chose quand on perd un proche de suicide.

Moi, non plus, je n’arrive plus du tout à supporter cette société dure et superficielle. Ma seconde fille et moi, nous avons fait la grève des informations. Je me remets seulement au courant des actualités pour mon travail.

Je voulais répondre brièvement, c’est devenu long quand-même.
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 09 octobre 2012 à 20:02:24
ET MAINTENANT,

Eh bien, curieusement, j'ai rêvé de mon mari il y a peu, c'était beau, tendre, j'étais bien. Je n'étais pas triste à mon réveil, j'étais bien. Je me suis dit : si j'ai rêvé de lui comme cela c'est qu'il est bien là où il est et cela m'a beaucoup aidée de savoir qu'il avait enfin cessé de souffir, quand on aime quelqu'un c'est ce que l'on désire le plus au monde.

Je reste depuis avec cette sensation qu'il est maintenant avec moi (où je deviens folle, c'est l'autre alternative) mais c'est tellement doux, apaisant, serein, cette relation me convient. Comme je l'ai dit sur un autre fil, on dirait que nous ne sommes qu'un lui l'invisible et moi le visible.

Est-ce trop tôt je ne sais pas mais comme j'ai par principe de profiter des bons moments, j'en profite car ce sont vraiment de beaux moments et tant pis si d'autres ressentis moins agréables m'attendent, on verra bien.

Voilà où j'en suis à ce jour et je vous le souhaite très sincèrement.

Douce nuit à toutes et tous
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 10 octobre 2012 à 23:18:55
Bluevelvet
c'est bon de te trouver apaisée, je comprends tout ce que tu écris et j'approuve bien souvent, mais , en ce qui me concerne , quand je me dis calme, c'est plutôt comme si je ne ressentais rien que du vide, depuis je suis de nouveau sur les montagnes russes des émotions et des questions
Je relis le livre du Dr Faure su"pares le suicide d'un proche , vivre le deuil
et je reprends le chemin avec d'autres cheminements d'autres questionnements , d'autres échos, je tourne de nouveau et je suis perdue.
j'apprecie ta vision ton éclairage,
bonne soirée
orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 11 octobre 2012 à 06:28:28
Bonjour Orchis et vous tous et toutes,

J'ai aussi connu cette sensation de calme avec le vide. Pendant trois mois je ne ressentais rien, je ne rêvais pas de lui, et je cherchais des réponses (et ce forum m'en a apporté et je vous en remercie) mais je crois que je n'étais pas prête. J'ai pardonné ces années de vie gâchées et son geste (je n'ai pas oublié c'est différent), pourquoi ressasser le passé alors que la vie est là à portée de mains quand on veut bien la saisir ?

Ceux qui nous ont quittés attendraient-ils que l'on soit prêt(e)s à entamer une autre relation avec eux ? Ont-ils eux aussi un chemin à faire ? (faire le point sur sa vie par exemple ?).

Il y a une phrase qui dit à peu près ceci, "je ne suis pas loin, je suis dans l'autre pièce". Il appartient donc à ceux qui sont de chaque côté de la porte de la pousser mais c'est dans une autre dimension, à chacun(e) d'entre nous de trouver la manière de le faire qui est très pesonnelle.

Ceux qui sont revenus des morts imminentes parlent d'un état d'amour inconnu jusqu'à lors, d'une autre dimension de l'amour.

Ma vision des choses est très simpliste, j'en suis consciente. Je crois que chacun a son chemin et son deuil, si mon expérience peut aider, j'en serais la première heureuse.

Voilà aujourd'hui encore je me suis réveillée sereine, je sais qu'il sera à mes côtés la journée. Il me "dit" : je ne pensais pas que ton travail consistait en cela, j'étais hier soir debout dans les transports il me disait : et quand tu rentrais je ne te demandais pas si tu allais bien, comme je regrette, je lui ai dit que cela était le passé, que maintenant on allait ensemble continuer à aider nos enfants et nous sommes d'accord. Ce dialogue est dans la pensée (peut-être que c'est mon imagination qui travaille aussi). On dirait que la relation a repris sur d'autres bases, où les choses sont dites calmement, sereinement, avec amour.

Nous sommes dans le domaine du ressenti, je lui dis que je l'aime, que je l'ai toujours aimé mais la maladie a fait son oeuvre horrible.

Voilà mon expérience à ce jour.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 13 octobre 2012 à 13:01:22
Bonjour à toutes et tous,

Aujourd'hui, le moral n'est pas au mieux, mais n'est pas mauvais non plus, je passe en boucle la chanson de Céline DION : JE T'AIME ENCORE, car oui je l'aime encore, autrement mais je l'aime encore.

Je pensais avoir trouvé une certaine sérénité et voilà, aujourd'hui, sans raison apparente, me voilà devant l'ordinateur à surfer sur le net et écouter JE T'AIME ENCORE. Rien en bouge dans la maison qui déjà dans le désordre le plus complet.

Pourquoi cet état d'âme ? je ne sais pas. Je sais qu'il est là, qu'il entend Céline, je lui hurle mon amour même après tout ce que nous avons vécu, c'est mon besoin aujourd'hui. Une sorte d'ivresse.

Ce chemin de deuil est vraiment surprenant, enrichissant (çà c'est ma façon de voir les choses du côté positif ! je suis comme cela) et il use une énergie phénoménale... Ce que j'ai appris, c'est qu'aujourd'hui c'est comme çà, je dois l'admettre et le vivre, c'est aussi comme çà qu'on avance. Je suis pas dans la peine mais je dois lui dire que je l'aime, c'est un besoin irrépressible.

Voilà l'état des lieux de ce jour.

Bonne et douce journée à vous toutes et tous, ne vous faites pas violence, vivez les instants tels qu'ils se présentent ils font partie du chemin.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 16 octobre 2012 à 08:03:46
Bluevelvet
oui ce chemin de deuil est surprenant, enrichissant je le vois aussi ainsi bien que j'aimerai trouver un mot plus juste, enrichissant dans la mesure où il nous amène à aller chercher des ressources que nous ne soupçonnons pas, à nous poser des questions sur la vie , sur nos valeurs, sur nos choix, sur nous et à apprendre le lâcher prise,  à regarder la vie sous un angle nouveau C'est un travail à plus que plein temps et qui demande une énergie, comme tu dis, phénoménale, d'où la nécessité de prendre soin de soi.
Et , soudain , une émotion , un sentiment surgit et il nous faut prendre le temps de l'accueillir de le vivre de le ressentir de le disséquer, je sais que pour moi c'est souvent le week end, car en semaine prise par le travail et tout le reste il ne reste que le WE ou les nuits.

Alors ce matin je me sens triste, seule, il me manque, j'ai besoin de chaleur de contact de présence, et je vais aller chercher un peu de tout cela et en donner à mon travail , car ce n'est possible que dans l'échange
Bonne journée à tous
Orchis

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 18 octobre 2012 à 06:51:36
Bonjour Orchis et vous toutes et tous,

De nouveau, je me retrouve aussi dans ce que tu dis, je suis désolée pour le terme enrichissant il est sûrement mal approprié mais oui je me découvre d'autres ressources, une autre vision de la vie et des choses, un autre ressenti dans les relations. J'aime cette transformation qui s'opère en moi.

Et puis cette énergie qu'il faut aller chercher au plus profond, les états d'âme qui viennent comme cela, apparemment sans raison. Et puis, au fur et à mesure que l'on avance un peu dans les choses de la maison on découvre encore sur l'autre qui est parti. J'ai découvert récemment qu'il avait fait tous les comptes le jour de son décès. Tout était à jour. Volonté ou coïncidence ? Une question sans réponse et qui laisse libre court à toute l'imagination que l'on peut y mettre, ce que je me refuse. C'est juste un constat, les comptes étaient à jour.

Comme toi, le travail ne me permet pas d'états d'âme, le week end je sors (concert, théâtre...), j'ai repris très vite une vie sociale. Je ne m'isole pas, mes ami(e)s le savent. Je n'ai pas peur de rester seule, le face à face avec moi même ne me fais pas peur, il y a des jours où je suis bien aussi à la maison et c'et une volonté d'y rester. Je crois qu'il y a un juste milieu entre le travail, les sorties et la solitude (que je ne redoute pas car à dose correcte c'est un besoin chez moi) et que ces moments dépendent de l'état d'âme dans lequel je me trouve à ce moment là et cela il faut l'accepter (lacher prise comme tu dis) car c'est un besoin à ce moment là (du moins en ce qui me concerne).

Récemment, j'ai passé en boucle toute une matinée devant l'ordinateur la chanson de Céline DION, je t'aime encore (j'étais triste mais pas effondrée et j'avais besoin de lui "hurler" que oui je l'aime encore - et je ne deviens pas folle je crois) après cette "séance", j'étais bien, apaisée.

Douce et chaleureuse journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 20 octobre 2012 à 14:04:31
Bonjour à toutes et tous,

J'ai regardé cette nuit sur PLUZZ, un site de replay, le documentaire sur le pardon qui était programmée mardi 16 octobre sur France 2 avec Mireille Darc.

J'ai trouvé ce documentaire très juste, je suis persuadée également qu'il faut pardonner car sans le pardon on n'avance pas. Je crois que l'apaisement et le fait de vivre le présent sereinement n'arrivent que si l'on pardonne.

Personnellement, j'ai pardonné à mon mari et je suis même convaincue qu'il est mieux maintenant que lorsqu'il était sur terre, cela me donne un apaisement et une sérénité pour vivre l'instant car il est important dans la vie de vivre "le présent" et ce présent je le vis avec lui maintenant.

J'ai bien aimé la personne qui dit "qu'il faut laisser le passé là où il est" et que la souffrance d'aujourd'hui, nous sommes seuls maîtres pour y remédier, chacun à notre manière.

Le passé est ce qu'il est pour chacun de nous :

1) nous ne pouvons le refaire, c'est une réalité
2) rien ne peux l'effacer, c'est une autre réalité

Alors aujourd'hui, j'ai mon passé, il n'est pas fait que de joies, je le sais, j'ai pardonné et aujourd'hui je vis le présent de façon plus subtile me semble-t-il, mon mari est près de moi, à vrai dire il y a longtemps que nous n'avions pas été aussi proches et c'est une belle relation.

Quand un enfant nait, il ne parle pas, il est totalement dépendant de nous, c'est une vie qui s'ouvre à lui et nous ses parents, nous sommes quand même à son écoute et trouvons un "dialogue".

Mon mari est parti, c'est une autre vie qui s'ouvre à lui (la mort n'est qu'un passage) et je crois que nous avons trouvé un autre "dialogue" une "autre façon de communiquer" ce n'est pas triste, c'est beau.

Je suis allée au cimetière ce matin et j'ai prié (avec l'accord de mon mari car il ne croyait pas en Dieu) et bien j'ai senti sur mes lèvres qu'il m'embrassait, c'était tendre (non je ne deviens pas folle) il y a une sorte de communion entre nous deux et cela est beaucoup plus beau que lorsque nous vivions côte à côte les derniers temps. De ce qu'il me dit il regrette tout ce gâchis, mais les regrets ne changent rien aux choses. Je lui dis de ne pas regretter, c'est son chemin. Je lui demande de veiller sur nos enfants.

Notre chemin, mes enfants et moi, nous le faisons avec son départ, notre aîné à révé de son père : il retrouvait son père et déversait toute sa colère. Notre deuxième enfant a récemment récupéré son portefeuille, fume le même tabac que lui.

Nous sommes trois à vivre ce deuil, trois à vivre des chemins très différents mais nous avançons pas à pas. Nous en parlons quand le besoin s'en fait sentir.

Voilà le ET MAINTENANT de ce jour, je vous souhaite de trouver cet apaisement et cette sérénité et d'engager le dialogue avec vos proches disparus.

Douce journée
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 21 octobre 2012 à 18:56:38
Bluevelvet
je suis d"accord avec toi
nous ne pouvons refaire le passé , c'est une réalité
rien ne peut l'effacer, c'est aussi une autre réalité
mais il me semble utile de me pencher sur mon passé sur mon histoire, sur notre histoire pour éclairer mon présent et m'aider à avancer, je suis parfois tellement perdue que j'ai besoin de comprendre, de trouver des réponses
le pardon me semble nécessaire, abandonner la colère, la rancune, le ressentiment (contre lui, contre moi, contre les autres) me semble une évidence pour vivre chaque jour à venir pleinement, mais pour cela j'ai besoin d'accueillir ces émotions et de comprendre pourquoi je les ressens. j'ai aujourd'hui le sentiment d'avancer et d'aller de plus en plus vers le lâcher-prise.
A te lire , je te sens apaisée en accord avec toi-même, peut-être est ce ta foi? Je suis athée et je ne ressens pas de présence, j'essaie de travailler les souvenirs, ...
Bonne soirée
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 22 octobre 2012 à 19:25:42
Bonsoir Orchis et vous toutes et tous,

Oui il est utile de se pencher sur le passé, c'est ce qui nous aide aussi à avancer mais il ne faut pas que ce passé occulte les belles choses du présent c'est en cela qu'il faut le laisser là où il est est. Il ne faut pas que le passé nous fasse tourner en rond. Il y a et aura toujours des questions sans réponse. Il faut l'admettre, je crois que c'est cela que nous avons le plus de difficulté à faire.

Je viens de finir le livre du Dr FAURE, qui m'a fait beaucoup de bien aussi. J'ai l'impression que j'ai brûlé des étapes, peut-être cet apaisement est un leurre et que les tourments reviendront mais j'accepte cela aussi. Aujourd'hui est comme cela, demain on verra. Maintenant les tourments je sais me les approprier et je profite du présent : CARPE DIEM.

Oui c'est vrai, à ce jour, je suis apaisée, en accord avec moi même. Je crois que le pardon y est pour beaucoup et j'ai aussi ma foi qui est une très bonne et veille béquille.

A la maison, nous parlons de papa, sans tristesse même si chacun est d'accord pour dire qu'il nous manque. La porte de la pièce où il s'est suicidée est à ce jour grande ouverte (elle est restée fermée jusqu'à il y a peu).

Voilà le ET MAINTENANT du moment, il reste juste cette lassitude et cet épuisement dont parle aussi le Docteur FAURE et cela j'apprend à faire avec et en fonction, je sais que c'est un passage obligé.

Douce nuit à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 23 octobre 2012 à 22:29:16
Bonsoir,Bluevelvet et tous et toutes

j'apprécie les moments de calme quand ils se présentent , je les savoure, je vis l'instant présent, car je ne sais pas ce que me réserve l'instant suivant; je travaille et je trouve une tranquillité et hop , l'instant d'après , je suis rattrapée par l'angoisse ou le chagrin car un évènement, une pensée, une parole, une chanson, fait écho à ma souffrance... Je suis vraiment sur des montagnes russes
J'essaie de mettre sur mon chemin des belles choses,  profiter dès que possible de tout ce qui me fait du bien  qui m'apporte du répit ou de l'energie ,merci mes enfants, merci la nature , merci les fleurs, merci les amis, merci la musique, merci... car sans je n'aurai pas ce désir si profond de vivre et de  bien vivre, d'avancer sur ce chemin si difficile
Je sais que je ne veux pas prendre le chemin de la colère et de la rancoeur et du ressentiment, je ne sais de quoi sera fait demain mon chemin , mais un petit pas après l'autre
En vous lisant tous je constate que nous avons une approche si différente tous du deuil, nous nous comprenons et nous avançons chacun à notre façon et ces échanges m'enrichissent
Amicalement
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 24 octobre 2012 à 06:43:12
Bonjour Orchis et vous toutes et tous,

Merci de cet échange, c'est vrai que nos chemins ont des similitudes et en même temps sont si différents et le fait que nous échangions sur nos ressentis est une source de réconfort et nous permet d'avancer.

J'avoue que je me sens un peu à part quand je lis les autres fils où je ressens beaucoup de douleur même longtemps après la mort du proche, j'hésite même parfois à répondre car il me semble que mon chemin de deuil pourrait choquer les autres et cela je ne le veux pas.

C'est pour cela que je m'autorise à exprimer mon ressenti sur ce fil qui se nomme ET MAINTENANT. Quand je relis ce fil, je vois aussi le chemin que j'ai parcouru depuis juin et en partie avec votre aide. MERCI

Depuis que j'ai prié au cimetière, des choses changent à la maison, cela fait 4 mois qu'il est parti aussi (hasard, coïncidence, conséquence ? c'est pareil : je ne me pose pas la question, je vis les choses). Ce sont des petits riens du quotidien qui me font dire que la "vie" reprend le dessus.

Ce matin en mettant le sèche-linge en marche (eh oui, l'énergie me revient petit à petit, je ne m'épuise pas, les choses seront faites chacune leur tour quand j'aurai l'énergie nécessaire) je pensais à mon mari et me disais : en fait la relation que nous avons maintenant c'est un peu comme celle que nous avons eu au début de notre vie commune : c'est beau, tendre. C'est platonique certes mais j'ai l'impression que c'est l'absolu.

Comme vous, parfois dans la journée, une parole, un acte me rappelle mon mari, je le dis ou le pense : Ah oui, tiens, cela il aimait bien. Ou bien cela il n'aimait pas. Mais cela ne fait pas écho en souffrance.

Je vais sans doute paraître idiote mais j'ai l'impression que ma souffrance s'est transformée en amour pour lui, lui qui a tant manqué d'amour dans sa vie et j'ai l'impression que cet amour est inconditionnel et réciproque.

Je crois que notre relation qui a été détruite par la maladie survit après son départ et qu'il y a une volonté de nous deux de vivre autre chose maintenant, le pire nous avons assez connu nous avons envie de vivre une belle relation (sur un autre plan certes).

Voilà le ET MAINTENANT du moment, je souhaite à vous Orchis, et toutes et tous beaucoup de douceur et d'apaisement.

Bonne journée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 24 octobre 2012 à 07:43:42
Bonjour , Bluevelvet, à tous et toutes

je ressens également cette sensation d'être à part, mes réactions, mes ressentis me semblent si différents des autres , et , j'ose peu intervenir car j'ai peur également de blesser, je comprends, j'entends les autres, je compatis mais je ne veux pas prendre le risque de faire souffrir , car je n'en suis plus là ou pas encore là,et, souvent , d'autres ont apporté des réponses tellement justes , que dire de plus?

et , sur ce site , je ressens du respect, de la tolérance, de l'indulgence et ce sont les premiers mots que j'ai dit, une fois les gendarmes partis , à mes enfants nous allons avoir besoin de puiser dans nos capacités de respect, de tolérance et d'indulgence envers les autres et nous même, et je le vérifie à chaque instant et encore merci à ce site d'exister et à nos compagnons d'infortune.

moi aussi , je m'exprime sur ce site au fil :" aujourd'hui , je réalise"dans deuil des conjoints , cela me permet de voir mon chemin , tortueux certes mais j'avance

j'aimerai tant comme toi Bluevelvet, trouver cet apaisement et ressentir la présence de mon mari et de notre amour, je n'en suis pas là. A te lire, je me dis que ton mari étant malade depuis longtemps tu avais entamé déjà un travail de deuil sur ce qu'y n'était pas et tu me donnes l'impression d'avoir une capacité à prendre les évènements avec réalisme et optimisme et ta foi te donne sans doute beaucoup

j'ai ce coté aussi réaliste et optimiste de voir les choses , malgré une hypersensibilité, mais quand mon mari est tombé en dépression et s'est pendu 15 jours  après. il avait montré un tel désir de vouloir s'en sortir ( consultation 3 fois chez le médecin rencontre avec une psychologue , rdv pris chez un psychiatre le 31/1/2012, il a insisté pour être pris au plus vite,rdv le 1/2/2012 au soir,il s'est pendu le matin, c'est moi qui a été au rendez vous avec un de mes fils le soir), j'avais une telle espérance en notre avenir , je lui avais dit que notre vie serait encore plus belle s'il se faisait soigner correctement
alors j'ai compris beaucoup de choses concernant la maladie de mon mari, mais je dois maintenant l'assimiler, j'aime beaucoup cette phrase," le chemin de la raison à l'affectif est long et tortueux ". Et, j'ai besoin de prendre le chemin en sens inverse, comprendre mes ressentis, mes sentiments pour avancer, j'ai le sentiment que je dois les autoriser à s'exprimer à les vivre pour me les approprier pleinement et puis les lâcher.

Bonne journée et avec toutes mes amitiés
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 25 octobre 2012 à 06:39:32
Bonjour Orchis et vous toutes et tous,

Orchis, tu as bien cerné la situation je m'explique ce deuil comme toi et c'est vrai que j'avais perdu mon mari il y a déjà bien longtemps, une quizaine d'années environ,  je l'ai tellement vu mal et ne voulant pas se soigner et j'ai tellement perdu de "combats" avec lui où ma seule précoccupation était de l'aider afin qu'il aille mieux déjà pour lui et pour nous ensuite. NON je n'ai jamais voulu que l'histoire se termine de cette façon mais OUI, pardon si je choque, il est mieux maintenant là où il est et je le lui souhaite de tout mon coeur. Mes enfants sont du même avis, même si l'absence de leur père est douloureuse. Il y a des situations où on ne peut qu'admettre son impuissance, j'ai parlé avec des médecins qui m'ont dit que certains malades mettent même les psychologues, psychiatres en échec.

Je crois qu'il faut avoir vécu ce que nous avons vécu (mon mari, mes enfants et moi) pour pouvoir comprendre ce cheminement.

Tu dis que que j'ai la capacité de prendre les évènements avec réalisme et optimisme, la maladie de mon mari m'a appris beaucoup sur ce sujet (c'est un peu de lui qui reste maintenant aussi) et ma foi, cela m'appartient (c'est mon petit jardin secret) et m'a toujours beaucoup aidé. Je viens de finir le livre du Docteur FAURE sur le suicide et il parle de résilience, je suis une personne résiliente je crois que c'est dans ma nature. Récemment, une personne me demandait si je n'avais pas trop de soucis au niveau des papiers administratifs, je lui ai répondu, non mais j'apprends beaucoup de choses que je ne connaissais pas. Cette personne m'a répondu, c'est votre façon de voir les choses, j'ai dit oui. Elle avait l'air surprise mais a comme dit Ah oui, vous avez raison.

Je comprends ton désarroi car pour toi les choses ont été brutales même si tu savais ton mari malade. Je crois qu'il est normal qu'il te faille plus de temps, je crois que l'explication du raptus suicidaire est bien appropriée au geste de nos maris. Tu sais, je ressentais chez mon mari cette tension à fleur de peau, on aurait dit une bombe prête à exploser et j'étais impuissante pendant tout ce temps. Où je comprends moins bien c'est que ton mari voulait être pris en charge, c'est ce qui me fait penser qu'il aurait pu faire un raptus mais ce n'est qu'une hypothèse.

Tu m'as fait réagir en lisant ton message "une fois les gendarmes partis", c'est vrai je viens de réaliser que le deuil commence en appelant la police, en attendant le médecin désigné par la police et peut-être un agent de la police judiciaire et en attendant les pompes funèbres désignées par la police et en laissant la carte d'identité sur la table de la salle à manger avec interdiction de quitter le domicile. Il y a peu de place à l'émotion dans tout cela...

Je suis d'accord avec toi sur le respect, la tolérance et l'indulgence. Nous avons toujours éduqué nos enfants dans le respect de l'autre.

Le deuil nous pousse à plus de tolérance et d'indulgence envers les autres : c'est ce que je ressens maintenant depuis peu (c'était le contraire après le décès, mon intolérance était exacerbée et je n'avais pas d'indulgence pour les autres, j'avais l'impression que nous étions en deuil donc les autres n'avaient pas à se plaindre....belle erreur de ma part). J'ai des amies proches avec qui la conversation sur le deuil et en particulier le suicide est impossible donc je respecte cela car je me dis que ce n'est pas la peine de les mettre dans une situation embarrassante pour elles et qui ne m'apportera rien (c'est mon côté réalisme). Par contre, j'ai d'autres amies qui se sont révélées être très aidantes à ma grande surprise, donc c'est avec elles que j'en parle et c'est même toujours elles qui débutent la conversation, je suis du style à ne pas vouloir ennuyer les gens avec mes histoires.

Voilà le "long" message du jour.

Orchis, je pense bien à toi et vous tous soyez en paix et faites vous douceur (cela aide je vous assure)

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 26 octobre 2012 à 07:29:04
Bonjour Bluevelvet, et à tous et toutes

Je ne savais pas mon mari malade, je savais qu'il était anxieux, qu'il avait un manque de confiance en lui, mais j'ai réalisé que depuis son décés qu'il était maniaco dépressif, ce qui a entrainé ce geste terrible, je ne sais pas si j'ai vraiment tout compris, mais les choses s'éclairent petit à petit. Et , le comportement de mes beaux parents et de ma belle mère surtout,vis à vis de mon cadet fait écho à leurs attitudes et manque de confiance vis à vis de mon mari , leur fils unique.je le savais, mais je n'osais le croire et ma psy m'oblige à regarder la réalité en face , ils lui ont donné la vie sans lui donner la liberté de la vivre, ils aimaient mon mari, certes mais ils l'ont abimé et ils ne se remettrons jamais en question (un exemple: ma belle mère m"a proposé de me faire un harnais pour mon ainé pour l'attacher aprés une corde pour que je puisse vaquer à mes occupations 'c'est ce qu'elle a fait avec mon mari petit, et mon mari m' a dit qu'il entendait encore le bruit de l'anneau qui courait sur le fil à linge et , le psy de me faire remarquer, il s'est pendu avec....) et j'ai le sentiment que des souvenirs tel que celui-ci remontaient à la surface.
Mon mari avait envie de vivre, il était dans une telle souffrance qu'il a cherché de l'aide, nous l'y avons poussé,je m'interroge : il s'est pendu le matin du jour où il avait rendez vous avec le psychiatre , a-t-il eu peur de se confronter à sa réalité, d'ouvrir sa boîte de pandorre.
Je ne juge pas mais je constate que mon cadet est celui qui a besoin le plus d'être soutenu , mon aîné a son amie, une fille formidable, et un boulot stable , et , le deuxième est blessé par le manque de confiance de ses grands parents qu'il aime énormément alors qu'il aurait besoin de confiance et d'amour,encore plus en ce moment et, je vais sans doute être amené à lui faire prendre conscience de la réalité, mon aîné l'appréhende mieux, mais nous savons tous que nous réagissons tous de manière différente dans cette situation douloureuse.
 et cette situation fait écho aux réactions de ma mère et de mes soeurs à mon égard , alors que j'avais besoin d'amour et de confiance, où au minimun qu'elles me respectent et m'acceptent telle que je suis avec ma souffrance.
Alors je sais encore mieux quelle mère je veux être pour mes enfants à l'avenir.
Ce surplus de souffrance que j'ai éprouvé à cause de ma mère et de mes soeurs je suis en train  de le transformer en positif pour mes enfants pour mieux les comprendre . Voilà j'avance sur 2 fronts , celui de ma vie avec ma famille d'origine et je suis vraiment en train de prendre une liberté totale sans ne plus rien attendre et celui de mon deuil. je suis amenée à regarder la vie sous un angle nouveau, je suis en devenir, et , le chemin que je prends me plait, car j'y croise peu de moins en moins de colère de ressentiment et que cela est bon.
Voilà où j'en suis aujourd'hui.
Je serai une semaine sans vous lire car je pars , je m'éloigne de cette maison , de ma famille de ma belle famille, j'emporte dans mon coeur mes 2 enfants et bien sûr mon mari et mon deuil . Randonnée, nature, et soleil à la clé pour me ressourcer, me redonner de l'énergie . Calme et solitude = retraite à ma façon. pour avancer sur mon chemin.

Bon courage à tous, prenez soin de vous.
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 26 octobre 2012 à 08:15:24
Bonjour Orchis et vous toutes et tous,

J'ai fait le même constat que vous en ce qui concerne mon mari. Il avait des blessures d'enfance insurmontables et dont il ne pouvait ou ne voulait pas parler. Ouvrir la boîte de Pandorre est quelque chose d'extrêmement difficile chez des personnes à qui on n'a pas inculqué la confiance en soi. Mon mari n'avait aucune confiance en lui, comment pouvait-il alors avoir confiance en l'avenir ?

Je vous souhaite de bien avancer avec votre cadet, j'ai aussi une similitude avec vous en ce qui concerne les enfants. Mon aîné à sa vie, mon cadet a plus de difficulté à la faire (pb de recherche d'emploi et séparation) je l'écoute beaucoup quand il a envie de parler, donne parfois mon avis mais pas trop (cela je l'ai appris aussi) je ne pose pas de questions. Tous les deux savent que je suis là pour eux quand ils veulent.

Profitez bien de votre semaine, je crois que vous avez vécu assez de mauvais moments, profitez de ceux qui vont s'offrir à vous durant votre "retraite" c'est aussi cela qui aide à avancer.

Beaucoup de douceur à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: pouche le 26 octobre 2012 à 10:29:41
Bonjour à tous,
Comme vos mots font échos à mon histoire. Avec ma psy,nous faisons aussi le constat de cette enfance que mon mari a vécu avec une mère alcoolique et dépressive,un père très gentil mais absent,une famille avec bcp d'argent mais pas de sentiments ou si peu ou si mal montrés et 3 jours après l'enterrement de sa mère il s'est pendu.Moi je suis pêtrie de culpabilité car il y a eu cette dispute entre nous suite à cet enterrement mais il faut que je comprenne que le mal était plus profond. Il le dit dans sa lettre de départ à nos 3 enfants "Papa est malade depuis qu'il est enfant",il n'a pas pu nous le dire,en parler alors il l'écrit juste avant de disparaitre.Notre voeu le plus cher était de faire de nos enfants des adultes heureux,avec des souvenirs d'enfance magnifiques et je veux me battre pour que malgré tout le malheur et le désespoir que nous avons en nous depuis 11 mois je parvienne à leur donner le + de bonheur possible en faisant participer mon mari à ma manière car sans lui nous ne serions pas ce que nous sommes aujourd'hui.
Bonne journée à tous et courage nous nous devons d'entourer nos enfants.
Pouche
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 26 octobre 2012 à 18:00:55
Bonsoir ,
je regarde vos réponses et je me relis; tout d'un coup , je pense aux parents endeuillés de leur enfant par suicide et je ne voudrai pas que mes écrits blessent , les culpabilisent,si cela était je vous prie de m'en excuser  car cela pourrait être un jour mon lot. Je pense très sincèrement que mes beaux parents aimaient mon mari , mais inconsciemment lui ont transmis leur propre angoisse, et, ils ne réalisent pas en quoi leurs attitudes leurs propos peuvent blesser, j'ai parfois entendu ma belle mère évoquait son vécu enfant de la guerre et de ses horreurs, mon beau père a fait une dépression vers 75 ans et il voulait se suicider, je ne sais pas pourquoi, un cousin de mon mari s'est pendu il y a 22 ans, il y aura toujours des morceaux de puzzle que je n'aurai pas.
Je sais que nous avons aimé et élevé de notre mieux nos enfants , mais j'ai conscience que nous leur avons transmis une partie de nos blessures, le geste de mon mari les a profondément meurtri , ils sont perdus, leur confiance en eux a baissé. Et, il y a cette part d'impondérable qui fait que chaque enfant se construit différemment, au sein d'une même famille, et pourquoi certains dans des conditions  très difficiles sont résilients , d'autres pas, tout cela est tellement complexe et  le tempérament , le psychisme  d'une personne à une autre est tellement différent avec des histoires différentes. Il n,'y a que nous lire sur ce site pour voir la diversité des réactions 
Je suis en train de réaliser que ce travail de deuil m'amène à regarder mon parcours de femme, de mère, d'épouse, de fille, de soeur et à accéder à une prise de conscience , une compréhension et au lâcher prise, c'est en cela qu'il est enrichissant, (je n'ai toujours pas trouver d'autre mot) et, je réalise que j'ai besoin de me réparer de mes blessures d'enfant et de travailler mon deuil pour avancer et pour être vraiment présente pour mes enfants , ce que je n'ai pas été jusqu'à présent tellement j'étais concentrée sur ma souffrance.
Bon, je vais essayer d' aller faire ma valise
au plaisir de vous lire.
Amicalement
Orchis

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: mariej le 26 octobre 2012 à 22:16:44
Bonsoir Orchis,

Je ne sais pas si vous êtes déjà partie en vacances, mais je voulais vous rassurer, vos écrits ne me blessent pas; c'est vrai que le vécu de la mort d'un mari ou d'un enfant par suicide est un vécu bien différent, mais quand je lis ce que vous écrivez je m'y retrouve dans tout ce qui est de chercher à comprendre comment la personne que nous aimons tant est arrivée à ce geste définitif sans que nous nous y attendions....

Pour mon fils, je me suis trouvée des réponses à mes questions, je ne sais pas si ce sont les vraies, mais je ne suis pas comme vous à craindre pour ses enfants car il n'en a pas laissé derrière lui (ce que j'ai beaucoup regretté aussitôt après son décès, car je pensais que des enfants de lui, ce serait un peu de lui qui continue à vivre...). Et puis nous avons beau chercher, chacun a sa part d'ombre, son intérieur secret connu de lui seul, et comme me l'a dit un de ses amis "s'il revenait maintenant peut-être que lui non plus ne pourrait répondre à cette question???"  

Pour un enfant ce qui est cruel, c'est qu'il est "la chair de notre chair", le corps souffre, "ça prend les tripes" cette douleur, cet arrachement, c'est vraiment insupportable de penser à ce "plus jamais" je ne le reverrai, "plus jamais" je ne pourrai l'embrasser, lui parler et qu'il me réponde, l'entendre rire, l'entendre m'appeller maman, c'est trop cruel...

Mais comme vous le dites si bien, nos enfants sont porteurs de notre histoire, de nos richesses et de nos blessures, de l'histoire de leurs deux parents, que nous transmettons même sans le vouloir c'est ainsi. Nous ne sommes pas tout puissants sur eux, ils ont leur vie, mon fils avait 31 ans, il en aurait 35 maintenant, ou il en a 35, je ne sais plus comment dire, je crois qu'une partie de lui est encore vivante, mais où??? au début je le sentais, j'avais l'impression qu'il n'était pas loin, mais maintenant plus rien, le vide, le manque, l'absence, au bout de 4 ans c'est toujours difficile, même si certains jours sont meilleurs, j'ai l'impression que les années qui passent l'éloignent de moi et je voudrais le garder, il me reste pourtant une fille et un garçon, mais lui, il me manque tant, rien ne pourra le remplacer.... Parfois je me dis que je suis trop triste et que c'est peut-être pour ça que je ne le "sens" plus... j'aimerais tant le revoir!

Moi aussi ce chemin de deuil m'amène à revoir ma vie et les nombreux deuils qui l'ont jalonnée, peut être mon fils, qui était très sensible, a-t-il souffert d'avoir une maman qui au fond d'elle était une petite fille pleine du chagrin de la mort de son papa? peut-être a-t-il voulu me consoler sans le savoir, en se donnant à corps perdu à d'autres enfants dans son travail en banlieue difficile, peut-être, peut-être, peut-être???? Il est parti avec ses questions et je pense que je trouverai du mieux-être quand j'arrêterai de vouloir répondre à toutes ces questions et quand je m'occuperai de vivre ma vie et de le lâcher, de le laisser "vivre" là où il est maintenant, mais comme le chemin est long et douloureux!

Bonne semaine Orchis, profitez bien de ce temps de "retraite"  
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 27 octobre 2012 à 07:47:34
Bonjour,Mammj et tous et toutes

Me revoila sur ce site avant le départ
Merci de votre réponse qui me rassure, j'ai tellement peur d'être maladroite
Je n'imagine rien de plus douloureux que de perdre un enfant, et surtout par suicide. Je suis tout coeur avec vous.

Je comprends tout ce que vous écrivez , je souffre autant dans mon corps que dans ma tête.
Une chose que je réalise ,c'est que j'ai besoin de prendre soin de moi  pour permettre aux émotions aux souvenirs de s'exprimer, bizarrement,si je n'arrive pas à me détendre un tant soit peu, je bloque tout inconsciemment, je suis dans l'hypercontrôle et de relacher sur le plan physique  permettent au chagrin, à la colére, à la culpabilité d'émerger, j'accueille de mon mieux ces émotions et j'essaie de comprendre le pourquoi le comment de ces émotions ce qu'elles signifient pour moi.
Je sais qu' en partant je vais lâcher tout ce qui fait ma vie en ce moment, je pars seule avec un groupe que je ne connais personne, peut être des souvenirs , je l'espère , vont émerger. peut-être des émotions du chagrin, ou pas

Je pense qu'à un moment il faut arrêter de chercher des réponses, je suis en train de lire " ce lien qui ne meurt jamais" de Lytta Basset ; elle a perdu son fils par suicide: je  cite une phrase de mémoire "qui sommes nous pour croire que nous pouvons avoir du pouvoir sur la vie d'autrui ?"

Que cette journée vous apporte un peu de douceur d'apaisement.

Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 27 octobre 2012 à 08:03:31
Bonjour à toutes et tous,

Orchis, votre semaine vous fera sans doute le plus grand bien, laissez venir les émotions, ne vous battez pas contre elles, c'est une énergie inutile, de toute façon elles reviendront, les larmes sont salutaires. Faites vous douceur, c'est vraiment ce dont j'ai le plus besoin après cet acte de violence. Me faire douceur, savourer l'instant avec douceur. Regarder un beau paysage et sentir l'apaisement.

Oui, il faut arrêter de chercher des réponses que l'on n'aura jamais. Sinon on tourne en rond de toutes façons. Il faut admettre cela, même si c'est très dur d'admettre que la personne avec laquelle on a passé sa vie avait des parts d'ombre que l'on ne pouvait sonder. Il faut accepter son impuissance, ce n'est pas une faiblesse au contraire.

Nous n'avons aucun pouvoir sur la vie d'autrui, nous voulons simplement, en tant que mères et épouses, que nos proches soient heureux, c'est viscéral, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour cela, après il y a des choses qui nous dépassent. Le suicide en fait partie.

Je suis aussi de tout coeur avec les mamans qui ont perdu un enfant par suicide et quand je parle de l'enfance de mon mari, je ne voudrais surtout pas culpabiliser ces mamans.

Dans une famille, et même dans la vie, devant un évènement chacun réagit avec son vécu, ses émotions, son ressenti. Mes deux enfants vivent différemment le deuil de leur père, leur situation est différente, leur vécu avec lui est différent. Tous ces petits morceaux construisent un être humain avec plus ou moins de fragilité.

Je penserai bien à vous la semaine prochaine.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: madâme le 29 octobre 2012 à 10:44:52
Bonsoir à toutes,

Je n'ai pas comme vous perdu un être aimé par suicide, mais j'ai perdu ma soeur d'une maladie auto-immune dont aux dires de deux médecins vus récemment "on ne meurt pas!". La façon dont ma soeur a réagi à l'annonce de sa maladie a d'abord été l'affolement puis le déni, et enfin une attitude face aux soins préconisés par les médecins qui s'est apparentée à un suicide (refus de certains soins, retour à la maison sans être soignée pendant un mois et demie, puis prise en charge médicamenteuse sérieuse, mais trop tard…). Ma soeur et moi avons eu une jeunesse très difficile avec un père souffrant de tocs, des disputes continuelles entre nos parents, le manque d'argent, etc. Une enfance dont on sort meurtri à jamais. Carole a toujours été hypersensible. Elle n'a pas eu d'enfants. Elle me demandait souvent comment j'avais fait pour construire une famille "avec la sale vie qu'on a eue". La mort de ma mère l'a davantage ébranlée. Celle de mon père il y a 8 ans l'a anéantie. Rien ne transparaissait quand on la voyait, belle, gaie, irrésistiblement drôle. Mais cassée. Incapable de stabilité, à tous les niveaux, sentimental, professionnel, psychologique. C'est pourquoi nous étions tellement importantes l'une pour l'autre, liées malgré nos différences et différends, par notre vécu dévastateur. Le même vécu, vécu différemment. Carole était focalisée sur les aspects négatifs de notre vie. Moi j'essaie malgré tout de construire quelque chose. C'est pour ça que nul ne peut se sentir responsable du suicide de son amour ou de son enfant. Chacun vit le même événement selon sa sensibilité. Et toute aide extérieure quelle qu'elle soit ne peut aboutir sans le consentement de la personne en souffrance morale. Je réfléchis depuis maintenant 14 mois, et je me dis que la maladie de Carole était une forme de suicide. Elle n'avait plus vraiment envie de vivre, et elle s'est laissée aller. Les questions s'entrechoquent dans ma tête. Pourquoi elle, et pas moi? Le même vécu, vécu différemment. En médecine naturelle, on dit bien que c'est l'intensité émotionnelle avec laquelle on vit un événement qui est important, pas l'événement en lui-même. Dois-je chercher à comprendre pourquoi nous avons réagi différemment? Je n'en suis pas sûre. Parfois, les choses ne s'expliquent pas rationnellement.

Je vous souhaite une bonne journée à tous, sans sentiments de culpabilité…

Madâme
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 30 octobre 2012 à 06:45:46
Bonjour à vous toutes et tous,

Merci madâme de votre message, l'expérience me fait dire que la médecine naturelle a raison, ce n'est pas l'évènement qui est important mais l'intensité émotionnelle avec laquelle on le vit.

Dans la vie, certaines personnes abordent les choses avec des lunettes roses, d'autres avec des lunettes noires. Pourquoi ? C'est l'éternelle question du verre à moitié plein ou à moitié vide.

Chacun de nous s'est construit avec les situations qu'il a vécues dans sa vie et avec sa sensibilité aussi, c'est ce qui fait un être humain, et on peut aussi avoir des peurs, angoisses enfouies qui peuvent resurgir face à un événement qui semble anodin à d'autres ou même un évènement heureux, la psychologie est très complexe et je crois que la médecine de l'âme n'en n'est qu'aux balbutiements.

Mes enfants et moi-même sommes encore en construction après le départ de papa, avec des hauts et des bas mais la tendance est de voir le verre à moitié plein et cela aide énormément dans ce travail de deuil où il faut aller puiser au plus profond de nous, je crois même qu'à un moment il faut un face à face avec soi-même pour faire le point, savoir ce que l'on veut, ce que l'on ne veut pas.

Plouche, si vous nous lisez, ne culpabilisez pas sur le départ de votre mari, comme le dit madâme, personne n'est responsable de cet acte, j'en suis persuadée au plus profond de moi même.

Merci pour ce fil.

Plein de douceur à vous toutes et tous,

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: pouche le 30 octobre 2012 à 07:05:07
Bonjour, il est vrai qu'un même évènement n'est pas ressenti de la même manière suivant les gens mais il est dur de ne pas se sentir coupable du départ d'une personne qui vit avec vous,vous pensez automatiquement que son envie est de cesser cette vie auprès de vous,des enfants qui ne lui convient sans doute plus.Pour le moment tout me ramène sans cesse à cela,aux mots que l'on peut avoir lors d'une dispute j'en oublie presque que la vie quotidienne était plutôt emplie de rires et de bons moments tous ensemble.
Bisous et bonne journée
Pouche
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: madâme le 30 octobre 2012 à 08:45:14
Bonjour à vous Bluevelvet et Pouche,

Pouche, je me permets d'insister sur ton sentiment de culpabilité. Te sentir coupable revient à nous mettre une sacrée responsabilité sur le dos, à savoir que nous sommes responsables du bonheur de nos Aimés. Quelle lourde responsabilité! Mais responsables du bonheur de qui? Notre compagnon, nos enfants, nos frères et soeurs, nos parents quand ils vieillissent, et pourquoi pas certains de nos amis qui n'arrivent pas à trouver le bien-être en eux. Bien sûr que nous pouvons contribuer au bonheur de nos Aimés, mais pas en assumer "l'entièreté" (néologisme!). Les aidants, thérapeutes ou pas le disent bien, pour pouvoir aider et aimer les autres, il faut commencer par s'aimer et s'aider soi-même. On ne peut pas faire le bonheur de quelqu'un s'il n'est pas déterminé à être heureux. Il faut que l'impulsion et le désir viennent d'abord de soi. C'est pour ça que tant de thérapies échouent. Parce que les gens y vont sous la pression de l'entourage, pas parce qu'ils en éprouvent vraiment l'envie. Un professeur ne parviendra jamais à apprendre quelque chose à un élève qui n'a pas le désir d'apprendre et de faire des efforts. Le professeur a le devoir de donner l'envie, mais pas de faire le travail à la place de l'élève. Il en va de même pour l'apprentissage du bonheur. Je sais de quoi je parle, avec mes parents et ma soeur. Je suis celle qui s'en sort le mieux de ma première famille disparue. Aucun n'était en fait doué pour le bonheur. J'avais beau discuter avec eux. Rien n'y faisait. Je me souviens que quand ma mère était   
soignée pour son cancer, je lui ai dit "regarde autour de toi, regarde ton jardin, tes fleurs, les arbres, le ciel. Regarde comme c'est beau." Je voulais lui donner le goût de vivre et de se battre. Elle m'a juste répondu "je m'en fous". Ma soeur lui avait acheté un appareil pour qu'elle écoute de la musique, synonyme de vie. Elle ne s'en est jamais servi…On ne peut rien faire contre l'absence de désir. Ma soeur m'a dit un jour, je veux savoir pourquoi on est là, à galérer sur la terre. Je veux savoir s'il y a quelque chose après. Je lui ai dit "mais on n'a pas à avoir de preuves, il faut accepter la condition humaine."Elle m'a répondu "si je ne peux pas savoir, je préfère crever". Quelques semaines après cette conversation, elle développait une maladie auto-immune…
Voilà Pouche pourquoi j'interviens sur ce fil, pour tous ceux qui ont perdu un être cher par suicide et qui culpabilisent, pour qu'ils se sentent moins lourds du fardeau de la décision de leur Aimé.
Bonne journée à vous
Madâme
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: pouche le 30 octobre 2012 à 09:04:45
C'est ce que dit ma psy mais nous avions bâti un tel bonheur que je le pensais fort et heureux et puis la perte de sa maman et cette dispute que j'ai déclenchée peut-être il s'est tout à coup senti perdu,isolé et seul ; alors que j'avais pour mission en l'épousant de rendre cet homme heureux j'ai peut-être engendré sa perte. C'est difficile de remettre les choses à leur juste place après un acte aussi irrationnel,on fait une relecture de la vie qui est autre,on voudrait changer des choses,on regrette d'être comme on est alors que même nos enfants me disent que leur papa m'a épousé pour ce que j'étais justement .
Bonne journée à tous
Pouche
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Méduse le 30 octobre 2012 à 12:47:46
Chère Madâme,
J’ai l’impression que la relation entre mes deux filles était un peu comme celle de toi et de la sœur. Elles se complétaient et étaient longtemps en équilibre, l’une tournée vers la vie et l’autre vers la mort. Pendant l’enfance, ma seconde arrivait à attirer mon ainée vers la vie, mais à l’âge adulte cela n’a plus suffit.

Chère Pouch,
Ton mari a bien écrit qu’il était malade depuis son enfance. C’est ce que mon ainée qui s’est suicidée me disait à l’âge adulte. Mais moi, je n’avais pas pu me l’imaginer malade, je la pensais juste extrêmement sensible et impulsive par moments. Elle me disait même qu’elle faisait semblant d’être heureuse pour nous faire plaisir. Je sais qu’elle nous aimait profondément, mais elle ressentait et prenait sur elle le malheur du monde entier. Comment supporter ce poids ? Elle n’a pas eu les protections chimiques contre les émotions trop fortes. D’après ce que j’ai lu, cela a une origine génétique.

Je comprends ton sentiment de culpabilité. Moi-même, je me reproche de ne pas avoir trouvé les bons mots pour retenir ma fille. Mais je me dis aussi que j’ai fait de mon mieux et que malheureusement, je ne suis pas parfaite. Probablement, tu as réussi à retenir ton mari pendant de nombreuses années. Sans toi, il serait peut-être parti bien plus tôt. Je pense plutôt que c’est la perte de sa mère qui pouvait être l’élément déclencheur et non votre dispute. N’aviez-vous pas eu d’autres disputes à un moment ou un autre comme tous les couples et il ne s’est pas suicidé ?! Cette perte avait pu aussi faire remonter à la surface toute son enfance qu’il avait enfoui un peu. Il vous a laissé une lettre explicative, vous avez donc la preuve qu’il pensait à vous jusqu’au bout. Mais sa vie était trop douloureuse pour lui. Maintenant que je vis le manque de mon enfant, je la comprends beaucoup mieux. Quand j’étais encore optimiste, j’essayais de lui montrer les belles choses de la vie. Aux yeux de tous, elle était comblée par la vie, douée, sensible, intelligente, tout lui réussissait, belle. Mais elle était trop sensible et ne pouvait pas accepter les opportunités qui s’offraient à elle et les refusait et elle ne s’aimait pas physiquement alors que tous la trouvait belle. Aujourd’hui, le soleil me touche bien moins et pendant de nombreux mois, j’étais exclusivement enfermée dans mon chagrin.

Je penserai à toi, le 8 novembre. Vous arriverez à le surmonter, toi et tes enfants. C’est bien que vous soyez soudés.

Prends bien soin de toi et de tes enfants.

Méduse
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Mammj le 30 octobre 2012 à 13:25:07
Bonjour Pouche, BLUEVELVET, Madâme, Orchis, Mariej, Méduse, bonjour à tous,

Si nous l'évoquons tant sur ce forum ce sentiment de culpabilité , qu'on en parle d'une manière ou d'une autre, c'est que de façon plus ou moins tenace, il nous a bien tourmentés, pour quelques-uns parmi nous il nous tourmente  encore  voire nous paralyse nous  torture, nous abime ! C'est mon cas au bout de 15 mois de deuil...

S'agissant de la perte d'un enfant adulte  par suicide, en tant que parents indéniablement on remet en question ce que nous lui avons transmis  pour ce qui est de l'inné et de l'acquis... Bref, tellement douloureux si difficile à surmonter.... de le voir s' ôter la vie qu'on lui a donnée...

Quant au suicide d'un conjoint, j'avais déjà répondu à Orchis à ce sujet , nous ne savons pas tout de lui, de sa capacité de réagir aux tournants de l'existence dont certains plus lourds se présenteront ou pas... de même face à la maladie, aussi l' "entraide" dans le couple peut s'avérer un jour ou l'autre inégale.... inégale également la réponse de l'un ou de l'autre à ces aléas...

Quoi qu'il en soit après notre drame, au mieux  nous serons de nouveau happés par la pulsion de vie ou  nous mettrons du temps à "redécoller" ou peut-être nous n'y parviendrons pas...(moi, je ne dépasse pas la souffrance de mon unique enfant qui n'a pas été entendue qui n'a pas reçu l'aide nécessaire). On ne le dira jamais assez, tant de facteurs interviennent, sans compter qu'on ne peut  mettre tous les événements, ni tous les individus dans le même panier. Nous voudrions tant tous être positifs si ce n'est optimistes !

La vie heureusement ne s'appréhende pas qu'en noir et blanc, il existe tant de nuances.... ce qui finalement se veut rassurant ! Alors cette culpabilité, ainsi que je viens de le ré-écouter sur les vidéos du site, laissons la émerger, n'essayons pas de déculpabiliser puisqu'il faut l'exprimer pour réussir à l'user, un jour plus ou moins proche, selon nos personnalités, nos sensibilités, notre fragilité car ce que nous vivons pas n'est pas sans nous avoir marqués...

Les mots du deuil culpabilite (http://deuil.comemo.org/)
( trois vidéos du module 3 sur la culpabilité).

Plein de douceur de paix et d'espoir pour vous et pour vos enfants.

Mammj
Titre: Culpabiblité
Posté par: madâme le 30 octobre 2012 à 14:10:18
Bonjour Mammj,

Simplement pour te parler de cet ami de 85 ans qui a perdu à l'âge de 47 ans son unique fils de 20 et quelques années dans un accident de moto qu'il venait de lui offrir. Cet homme est mon ami, parce que je l'admire pour son courage, sa dignité et son amour des autres et de la vie, malgré ce drame qui l'a marqué à vie. Il nous parle de ce fils disparu, à petites touches, et ne prononce son prénom que depuis un an environ. Il a perdu sa femme adorée il y a 6 ans. Quand je l'ai rencontré, il venait de la perdre un an auparavant. J'ai pensé qu'il ne s'en remettrait pas, et pourtant, il continue à vivre de bons moments dès qu'il le peut, en notre compagnie. Je n'ai pas dit qu'il ne souffrait pas de l'absence. Je veux juste te dire que malgré tout, il peut encore jouir de la vie avec d'autres. C'est ce que je te souhaite, Mammj, de pouvoir quand la cicatrice sera moins ouverte, pouvoir profiter de moments de grâce, seule, en connexion avec la nature, ou avec des personnes que tu aimes.
Quant à la souffrance des gens que nous aimons, enfant, conjoint, frère, soeur, parent, n'oublions pas qu'avant de nous appartenir, ils s'appartiennent. Que nous devons aussi les envisager sous un autre angle, en tant qu'être humain ayant un passage à faire ici-bas, pour un temps que nous ignorons, comme nous ignorons le temps qui nous est imparti.
Je suis d'accord avec toi pour "user" la culpabilité, mais pas pour "s' user", et j'ai parfois l'impression en lisant certains témoignages, que la culpabilité ressentie est un moyen de rester connecté au disparu, pour être associé dans la souffrance. Mais le disparu ne souffre plus, il est libre. C'est nous qui restons là, à nous empêcher parfois de vivre vraiment, pour cultiver le souvenir.
Mais continuer à profiter de la vie, malgré la perte, n'est-ce pas le meilleur hommage que nous pouvons offrir à nos défunts?

Courage à toi, Mammj, je souhaite que tu puisses être libérée du fardeau de la culpabilité. Je sens bien que tu es une belle personne,

Madâme
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Mammj le 30 octobre 2012 à 18:49:15
Bonsoir à toutes et à tous,

Merci Madâme de m'avoir lue et répondu. Ce que nous partageons sur ce forum nous permet à travers nos diverses réflexions
de repenser notre manière de suivre notre chemin du deuil.
Bien sûr que ma fille ne souffre plus, toutefois je ne peux pour l'instant me détacher en effet de tout ce qu'elle a été pour moi, pendant
47 ans, puis pour ses enfants... Cette façon imprévisible de nous quitter pourrait s'assimiler à un brutal et irrémédiable accident à  la différence qu'elle a accompli ce geste sur elle-même... et que ses deux enfants lui en veulent... Comment faire ?
Leur père, ex-mari quelques mois avant la perte de leur maman, ne fait rien pour rétablir une vérité, " exténuée, elle croyait ne plus guérir, n'a pas voulu être un poids pour eux"...
Elle me savait forte elle a eu  la fierté de me cacher sa détresse et a lutté jusqu'au dernier moment pour essayer de remonter la pente,  tandis que moi depuis je m'effondre et ne cesse de pleurer et pourtant il me faut  assumer l'après, un après  très lourd !
Tous ceux qui ont nié sa dépression sévère et résistante, qui ne l'ont pas aidée et lui ont tourné le dos, me fuient aujourd' hui...
Famille, amis, impossible d'en parler,  à quoi bon maintenant ? Ils s'éloignent, je m'éloigne et  ma mère étant décédée 7 semaines avant ma fille, c'est le vide, me voilà complètement seule, mais pas question de pleurer sur moi-même... Je ne peux oublier le dernier week end de ma fille où nous nous sommes tous mépris et avons agi à contresens ! C'est horrible...
Par conséquent,  si la culpabilité ne doit pas avoir raison de nous, si pour ma fille c'est trop tard, je me dis que certaines situations ne doivent pas se reproduire pour d'autres...
Il m'incombe certes de retrouver des raisons et essentiellement  le désir de continuer ma route jusqu'au bout du bout...  Quoi qu'il en soit, je n'arrive pas à comprendre que mon enfant ait sombré dans un tel marasme  et que moi je sois encore là à mener un nouveau combat pour tenir debout,  c'est un nonsens pour moi.
Je ne lui ai pas démontré, ni dit, combien je l'ai aimée....Elle en avait besoin, même si quand tout allait bien pour elle, c'est de ses enfants qu'elle attendait ses manifestations d'affection !
Toute ma vie j'ai dû me battre pour m'en sortir et aujourd'hui je n'ai plus envie de m'imposer quoi que ce soit...
Ma présence sur ce forum est pourtant une démarche en vue d'un apaisement... je dois bien  l'admettre.
Le comportement courageux et  remarquable  de votre ami est certes une ode à la vie...
Force et espérance...
Mammj


Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: pouche le 30 octobre 2012 à 21:04:06
Mammj
j'ai tellement de peine en ressentant votre douleur,je suis sûre que vous n'y êtes pour rien dans le destin tragique de votre enfant unique. Cela parait évident,mais je sais aussi à quel point la culpabilité peut nous ronger,nous tétaniser,c'est vraiment en nous,nous la ressentons au plus profond de notre être,elle nous vide et nous désespère. Seulement,objectivement savons nous si notre aide aurait empêché ce geste?Peut-être les avons nous sauvé 1 fois ou 2 sans même le savoir parfois cette idée m'aide et pourtant je sombre moi aussi si souvent dans cette détresse profonde que procure la culpabilité.
Je vous souhaite du courage et de trouver la motivation de continuer la route en pensant à tout l'amour que vous vous portiez.
Pouche
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 30 octobre 2012 à 21:19:36
Bonsoir à toutes et tous,

En premier lieu, Pouche, pardon d'avoir écorché votre nom dans mon précédent message.

De nouveau je suis entièrement du même avis que madâme, "On ne peut pas faire le bonheur de quelqu'un s'il n'est pas déterminé à être heureux" croyez-en mon expérience, j'ai donné au delà de mes forces ,jusqu'à m'abîmer. En ce qui concerne le deuil, mes enfants et moi même souffrons de son absence, on ne peut pas le nier. Mais la vie continue, comme la végétation repousse après un incendie, c'est inléluctable.

Je n'ai aucune culpabilité vis-à-vis du suicide de mon mari, j'ai fait ce que j'ai pu, j'ai mené des combats pour qu'il tente de voir les choses sous un autre aspect, je n'ai jamais réussi, j'ai admis mon impuissance, j'ai admis qu'il avait une part d'ombre dans laquelle je n'avais pas accès, c'est cela qui me fait avancer..... On m'a dit après son décès ; mais enfin, il fallait l'emmener à l'Hôpital, l'hospitaliser de force et le faire soigner de force, ce à quoi j'ai répondu : mais cette maladie, ce n'est pas comme une fracture par exemple, où la volonté du patient n'est pas mise à l'épreuve....faire interner mon mari de force ce n'était pas un problème mais il n'y avait aucune coopération à attendre de sa part alors pourquoi lui faire subir une telle épreuve ?

J'ai pardonné à mon mari car je suis convaincue, à ce jour, au plus profond de moi même, et je vous assure que c'est l'expérience qui parle que là où il est il est mieux que du temps de son vivant.

A ce jour, et je vous demande pardon, si je choque, j'estime qu'il est important de vivre l'instant présent, c'est ce que je fais pour mes enfants et pour moi même. A quoi cela sert-il de touner en rond sur des questions qui n'auront jamais de réponse ? Cela ne fait que gâcher l'instant (c'est ma vision des choses , je l'assume entièrement auprès des personnes que je cotoie tous les jours).

Seul bémol, mes propos concernent la perte de mon mari, je ne sais quel seraoit mon discours si j'avais perdu un enfant car tant que l'on n'est pas confronté à la réalité de la chose on ne peut pas savoir.

A vous toutes et tous, je vous souhaite une nuit de douceur

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: pouche le 30 octobre 2012 à 22:05:53
Bonsoir Bluevelvet et bonsoir à tous les autres.
En aucun cas vos propos sont choquants bien au contraire ils me motivent et me poussent à me battre pour atteindre ce moment où je vivrais mon deuil et rien que mon deuil sans cette culpabilité dévorante qui m'empêche de donner à mes enfants encore jeunes les moments de bonheur auxquels ils ont droit. Je souhaite parvenir à ne plus me poser ces questions qui c'est sûr resteront sans réponse mais qui sont inévitables tant son geste était subit,non prévisible,il ne souffrait pas de dépression du moins pas visible.Je ne lui en veux pas,je souffre pour lui,pour nos enfants et pour moi.
Bonne soirée à tous
Pouche
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 31 octobre 2012 à 06:03:26
Bonjour à toutes et tous,

Pouche, si cela peut vous aider, j'ai souvent lu sur le suicide (même avant le départ de mon mari), des articles, des livres, j'ai écouté les conférences de Monsieur FAURE et Monsieur POMMEREAU, j'ai lu le livre de Monsieur FAURE sur le suicide, j'en parle avec des personnes avec qui je sais que le sujet n'est pas tabou, je viens sur le site et je vous remercie encore toutes et tous de vos échanges. Tout cela fait que je suis arrivée à une vérité (qui est ma vérité j'en suis parfaitement consciente) qui me convient et me permet d'avancer.

Vous allez y arriver à ne plus vous poser ces questions, petit à petit elles se feront moins présentes, peut-être faudrait-il commencer par leur donner moins d'importance ? je ne sais pas et je ne veux surtout pas vous donner de conseils juste des pistes...

Que de choses difficiles dans ce chemin de deuil mais c'est un chemin (comme le dit le dictionnaire) c'est une progression et vous allez y arriver, pas après pas et au fur et à mesure vos pas serons plus sûrs.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: angelik le 31 octobre 2012 à 17:25:13
Bonjour à toutes

Tout d'abord, je voudrais dire que votre réflexion par rapport au suicide et à votre culpabilité ou absence de culpabilité ne me choque pas même si mon fils a mis fin à ses jours. Au contraire, je crois que vous lire et comprendre votre point de vue nous aide à considérer d'autres pistes et à voir les choses autrement.

Bien sûr, après avoir beaucoup cherché, lu et réfléchi, je sais que nous transmettons nos angoisses à nos enfants et que notre passé influe sur les parents que nous devenons. J'ai élevé pratiquement seule mes 3 fils et cela n'a pas été facile tous les jours... le père de mes deux grands s'est défilé pendant ma deuxième grossesse. L'adolescence des deux aînés a été difficile et les conflits nombreux. Alors quand mon second s'est suicidé (à presque 20 ans), je me suis posée beaucoup de questions. Tout d'abord, j'en ai voulu à la terre entière de m'avoir laissée seule face à tous ces problèmes... Puis je me suis remise en question, et la culpabilité m'a littéralement écrasée... maintenant, je dirais qu'elle laisse place à d'énormes regrets qui reviennent parfois avec violence quand je me souvient de situations que je n'ai pas su gérer à l'époque et qui ont "peut-être" provoqué de l'angoisse chez mon fils...

Malgré tout l'amour que je lui portais, les derniers temps, j'avais durci les règles à la maison et mes réponses à ses écarts de jeune adulte et je crois qu'il s'est senti abandonné... et ce sentiment ne s'atténue pas... Pourtant, dans le mot qu'il a laissé, il dit "Désolé pour tout. je n'ai pas toujours été facile mais je vous aime quand même. Prenez soin de vous."

Je reste persuadée qu'une belle histoire d'amour permet d'atténuer un mal être et d'écarter les idées noires mais cela ne guérit pas des blessures profondes et enfouies qui tôt ou tard finissent par réapparaître. je salue votre courage en tant que conjoint d'avoir essayer d'aider et soutenu aussi longtemps celui que vous aimiez... Je sais combien cela peut être difficile de vivre avec des angoissés perpétuels... et d'accepter que tous nos efforts soient annulés par un échec aussi douloureux. Et il ne faut se sentir coupable de ne pas éprouver de culpabilté... Au contraire, c'est un problème en moins à gérer pour retrouver un peu de sérénité  sur ce chemin si long et et si difficile.

Se laisser couler ne les fera pas revenir, et ils voulaient que l'on continue. mais c'est tellement difficile de se débattre avec tout ça.

Je vous souhaite à toutes une bonne semaine, je pars en Bretagne respirer l'air marin, et je ne sais pas si je pourrais me connecter.

A bientôt
Corinne
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: madâme le 31 octobre 2012 à 18:12:49
Bonsoir Corinne,

Je suis contente de te lire. Je pense que tu n'as pas toujours l'énergie pour écrire. Tu as raison quand tu dis que se laisser couler ne fera pas revenir nos défunts. Je suis intervenue sur ce lien, bien que je ne sois pas confrontée au suicide, parce que je pense que ce sentiment de culpabilité doit rendre le deuil encore plus difficile. Mais je crois que c'est aussi parce que c'est un sentiment contre lequel je dois également lutter . En effet, une fois la personne disparue, on réfléchit à la relation qu'on entretenait avec cette personne. On se rend compte alors qu'on aurait pu faire mieux, autrement, etc. La dernière fois que j'ai vu ma soeur valide, nous nous sommes violemment disputées, à tel point que nous n'avons pas passé Noël ensemble. Lorsque je l'ai revue au mois de février, elle était déjà rongée par la maladie. Mais à quoi ça sert de culpabiliser? Qu'est-ce que ça change? A part nous ajouter une souffrance supplémentaire? Les choses devaient se passer de cette façon. Nous devions les vivre de cette façon. Au moment où j'ai pris la décision de mettre de la distance entre ma soeur et moi, c'était ce qu'il y avait de mieux pour notre relation, pour éviter de continuer à se dire des choses qu'on ne pensait pas. Il en va de même pour ce qui est la façon dont tu as élevé tes enfants. Les décisions que tu as prises au moment T étaient celles qui te semblaient les meilleures, sinon tu en aurais pris d'autres à ce moment-là. Voilà pourquoi je n'ai jamais regretté les (parfois mauvaises) décisions prises dans ma jeunesse au niveau personnel ou professionnel. Parce que je me rappelle bien que, aussi mauvaises qu'elles soient, c'est ce que je voulais…

Je te souhaite un beau moment de respiration en Bretagne :)

Madâme

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 01 novembre 2012 à 08:56:56
Bonjour à toutes et tous,

Quelques soient vos opinions concernant ce jour de la Toussaint, je vous souhaite une journée pleine de douceur et d'apaisement.

Nos êtres aimés sont en paix, tachons d'être doux avec nous mêmes et de retrouver aussi le chemin de la paix.

Douce journée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 03 novembre 2012 à 08:42:06
Bonjour à toute et tous,

Le moral d'un de mes enfants est au plus bas, il doit gérer la perte de son père et une séparation sentimentale.

Jeune adulte et déjà tant de souffrances endurées. Hier il a pensé rejoindre son père avec qui il était très fusionnel. Il a voulu prendre rendez-vous avec la psy mais il doit rappeler lundi pour prendre rendez-vous. Il dit qu'il a toute une noirceur en lui qu'il doit sortir et c'est pour cela qu'il veut consulter. Je lui ai proposé qu'il évacue avec moi, je suis prête à tout entendre.

Aujourd'hui une nouvelle page va s'écrire, je ne sais pas la nature des écrits mais je continue de croire à la vie qui reprend le dessus petit à petit, petit pas après petit pas même si certains petits pas sont très difficiles à franchir, il faut être patient même si dans son coeur de maman on voudrait voir nos enfants heureux, il y a des passages obligés. Je suis déjà soulagée qu'il puisse dire qu'il ne va pas bien.

Voilà le ET MAITENANT de ce jour, j'ai demandé, sans haine et sans colère, à mon mari d'aider son enfant dans sa détresse. Je suis persuadée qu'il le fera.

Douce journée à vous toutes et tous.

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: pouche le 03 novembre 2012 à 09:53:43
Bonjour Bluevelvet,
J'espère que toute la force que vous détenez va aider votre fils et le soulager de la peine engendrée par cette séparation.C'est très difficile de voir ses enfants souffrir surtout lorsqu'on sait ce qu'ils endurent déjà avec le suicide d'un des parents. On voudrait qu'ils ne connaissent plus de peines,que la vie soit douce avec eux pour compenser l'horreur qu'ils ont vécu mais malheureusement ce n'est pas toujours le cas et en tant que maman nous devons être là et mettre nos difficultés de côtés pour les soutenir et leur montrer que la vie a aussi de belles choses que les attendent.
Je vous souhaite bon courage et que votre fils rencontre le psy qui le soulagera de toutes ses peines et l'aidera à les transformer en force.Vous avez bien fait de demander à votre mari d'aider votre fils,moi je l'ai fait l'autre jour pour ma fille qui le jour de ses 16 ans a réalisé que son père avait mis fin à ses jours 11 mois auparavant. J'ai senti une telle détresse en elle que j'ai suplié mon mari de lui venir en aide et bizarrement j'ai ressenti les jours suivants une séreinité pour moi et mes 3 enfants.Je veux croire qu'il nous aide encore et qu'il veille sur nous.
 Bonne journée à vous tous
 je pense fort à vous et votre fils.

Pouche
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 04 novembre 2012 à 08:39:56
Bonjour à vous toutes et tous,

Merci Pouche de votre réponse, c'est vrai qu'en tant que mère on n'aime pas voir ses enfants souffrir. On aimerait leur offrir un monde où tout est beau mais cela n'est pas possible, il faut les armer avec notre force pour pouvoir appréhender le monde avec ses belles choses et les moins belles.

Nous avons beaucoup parlé hier, j'ai beaucoup pensé au livre du Docteur FAURE en l'écoutant. En ce qui concerne sa séparation, il faut qu'il répète les choses pour user son chagrin. Nous avons aussi parlé de papa, sereinement. Je l'écoute beaucoup et je suis sûre que papa est présent lors de nos conversations. Nous sommes tous les deux convaincus qu'il est en paix là où il est, que sa souffrance a cessé et que s'il pouvait revenir il demanderait pardon.

Voilà notre chemin de deuil, nous étions déjà proches, cette expérience nous rapproche encore plus, chacun livrant son ressenti.

Merci pour vos pensées, courage à vous qui avez des enfants beaucoup plus jeunes.

Douce journée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 04 novembre 2012 à 20:47:06
Bonsoir à toutes et tous

me voilà de retour
je vous ai relu
depuis le décès de mon mari , j'ai souvent eu la question si je pensais le rejoindre de la part de médecin, jamais une telle pensée n'a surgi en moi, je ressens comme une rage de vivre chevillée au corps, mon aîné me dit éprouver la même chose. Mon second a failli passer à l'acte un mois après le décès de son père, sous l'effet de l'alcool,un copain bien intentionné espérant lui changer les idées et ne réalisant pas les conséquences inhérent à la situation.
Je crois que e  regard de chacun sur la vie est différent qui nous amène à voir les choses d'une manière plus ou moins positive , réaliste ou négative.
Je suis sans illusion sur la nature humaine , je suis même pessimiste , mais j'aborde la vie le plus souvent d'une manière optimiste, car je crois profondément à ma liberté,

En ce qui concerne la culpabilité , je crois qu'il est normal d'en ressentir, j'en suis en ce moment libérée il m'a été nécessaire  de l'accueillir , de la ressentir  et de comprendre pourquoi j'éprouvai de la culpabilité, malgré toutes les bonnes raisons assimilées qui me disaient que je n'étais pas coupable.

Cette semaine , j'ai rencontré une jeune femme de 36 ans qui a perdu son père à 23 ans, aînée de 3 ans enfants. nous avons échangé , son témoignage me confirme que le travail est long et que chacun le fait d'une manière différente, et que je ne le peux que pour moi, celui de mes enfants leur appartient , je ne peux le faire pour eux. je réalise que je dois être présente pour eux s'ils le désirent et respecter leur tempo, leur manière, leur laisser  liberté ,  et lâcher prise en leur faisant confiance et en les assurant de tout mon amour inconditionnel

Amicalement
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 07 novembre 2012 à 06:50:09
Bonjour à toutes et tous,

Merci de vos soutiens.

La tempête est calmée nous parlons beaucoup, il en a énormément besoin et pour le deuil, la séparation et la vie d'avant où les souvenirs qui reviennent sont parfois douloureux aussi. Il faut qu'il fasse son chemin et il sait que je suis là pour l'aider et pour l'instant l'aide passe par l'écoute. Il ne souhaite plus rencontrer un psy.

Orchis, quand je lis votre dernier message je me sens "à part" de ne pas ressentir de culpabilité, je me demande si comme vous dites je ne me donne pas des bonnes raisons. Cela me pose question. Je n'ai jamais voulu rejoindre mon mari après son suicide et mes enfants sont ma grande priorité.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 07 novembre 2012 à 22:08:30
Bonsoir, Bluevelvet et à tous et toutes

Je me suis surement mal exprimée , il n'y a rien d'anormal à ne pas ressentir de la culpabilité , c'est une chance , peut être que ce travail sur la culpabilité vousl'avez fait avant  du vivant de votre mari , peut être par votre éducation la culpabilité n'a pas été inculquée et entretenue comme pour moi ( je faisais toujours mal , c'était de ma faute, etc...) . En vous lisant , je vous ressens comme une personne stable et posée.
Par ailleurs , je n'ai jamais souhaité rejoindre mon mari , au contraire, je me suis découvert une "rage" de vivre

Bonne soirée.

Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 08 novembre 2012 à 06:45:57
Bonjour à toutes et tous,

Orchis, durant la dépression de mon mari, il me disait très souvent, "tu ne fais vraiment rien de bien, c'est de ta faute" du coup je faisais différemment mais le discours restait le même. J'ai tellement changé au début qu'à un moment je me suis rendue compte que je me perdais.

Je me suis alors "analysée"  : qui suis-je ? : je suis une personne gaie, positive, qui aime savourer l'instant c'est génétique chez moi, qui se trompe et admet ses erreurs, qui fait de son mieux même si je suis très loin d'être parfaite je l'assume entièrement, j'aime mon mari et mes enfants. Voilà ce que je suis.

J'ai dit deux ou trois fois à mon mari : "je ne suis pas la femme qu'il te faut, je l'admet, reprend ta liberté et sois heureux" il me répondait "arrête tes histoires". La situation restait la même. Je n'ai pas éprouvé de culpabilité parce que je pense lui avoir laissé tous les choix, avoir fait de mon mieux et je vous assure qu'il n'y a aucune prétention dans mes propos.

En fait je crois que nous sommes plus victimes que coupables quand une personne se suicide. Sans doute est-ce toutes ces années de dépression et de gâchis qui me font penser comme cela.

Je pense qu'on est coupable quand on a fait une erreur, une faute mais quelle faute, erreur avons-nous commise et que voulez-vous faire devant cette noirceur, cette maladie qui ronge, cette haine comme compagne de vie ? La seule chose que j'ai été capable de faire c'est de mener des combats que j'ai perdus, tous, à un tel point que cette maladie commençait à vouloir me gagner aussi.

Voilà mon ressenti sur la culpabilité, le seul but de mon message est de vous aider, de vous offrir une autre vision, c'est pour cela que je le poste sur ce fil, mille fois pardon si je choque certaines personnes.

Douce journée à vous toutes et tous.

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Méduse le 08 novembre 2012 à 09:03:50
Bonjour à toutes et à tous,
Bluevelvet, je me retrouve en de nombreux points dans ce que tu as écrit. Sauf que je m’en veux parfois de ne pas avoir été à la hauteur les derniers jours pour ma fille, mais aurais-je vraiment pu changer quelque chose ? Cependant, ce n’est pas de la culpabilité que j’éprouve. Je vois que chacun s’est débattu autant qu’il a pu, victime comme tu le dis si bien de ces maladies si taboues et méconnues, sans soutien extérieur.
Douce journée à toi aussi
Méduse
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: mariej le 08 novembre 2012 à 09:50:53
Bonjour à toutes et à tous,

Moi aussi je me suis débattue avec la culpabilité après le suicide de mon fils (et d'ailleurs ça revient encore au bout de 4 ans...). je crois que vis à vis d'un enfant c'est différent que vis à vis d'un mari.

Un enfant nous le mettons au monde, nous lui donnons le meilleur de nous même, nous l'aidons à grandir, nous l'éduquons en lui transmettant ce que nous sommes, avec nos richesses et nos blessures; alors quand cet enfant devenu adulte s'ôte la vie qu'on lui a donnée, c'est inévitable de se poser des tas de questions, de se sentir responsable en partie de ce qui lui arrive.

Pour moi, je me suis beaucoup demandé ce qui lui avait manqué, ce que nous avions raté, ce que nous aurions pu faire mieux???
Le plus terrible c'est que nous avons des bribes de réponses mais que ça n'explique pas le pourquoi ?

Alors quand la culpabilité "s'épuise", on apprend à vivre sans réponses ou avec les réponses qui nous satisfont, l'essentiel étant de continuer notre vie et comme le dit Lytta BASSET, se dé-fusionner de son enfant, accepter qu'il ait sa vie , même mort, et nous, continuer à vivre la nôtre, pour nous-même d'abord et pour tous ceux que nous aimons; mais pour nous-même d'abord, car vivre pour les autres c'est peut-être trop demander aux autres, on ne peut pas demander à nos proches d'être responsables de notre bonheur, de notre vie; dans la mesure où nous acceptons cela, nous trouvons le bonheur et cela réjouit ceux que nous aimons.

Je ne sais pas si je suis très claire, mais voilà où j'en suis maintenant
Bonne journée à vous, pour moi celle d'hier a été bonne, c'était mon anniversaire et j'ai reçu beaucoup de signes d'affection de ma famille et de mes ami(e)s, c'est le  plus beau cadeau!!!
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: sofiana le 08 novembre 2012 à 19:41:12
Bonsoir à tous,
Et maintenant...ces quelques mots nous appellent à tous quand nous avons vécu un évènement dramatique comme le suicide d'un proche...Je lis vos témoignages:mari, enfant, frère ou soeur... il y a un avant, un pendant et un après, une fracture dans la vie de ceux qui restent...mon frère a voulu cesser de souffrir au mois de juillet 2012 et on comprend comment en l'espace de quelques secondes, nos existences basculent...chacun ses mots, chacun ses armes mais pour tous le même sentiment de n'avoir pas suffi.D'où la culpabilité...Mais j'ai tant vu mon frère mort dans sa tête tout en étant vivant parmi nous que je peux tout au moins le comprendre.La violence de son geste était proportionnelle à sa douleur de vivre.Ceux qui font le choix de partir ne le font pas à cause de...mais pour tout arrêter.Je connais la souffrance de la dépression et je sais comme ne pas en sortir est horrible.Revoir le jour après le noir de l'âme est merveilleux mais rester longtemps dans cette maladie car c'est une réelle pathologie est affreux. Gardons les souvenirs des jours heureux partagés avec eux, sachons revoir les joies et les jolies d'autrefois , nourrissons pour eux le présent dont ils ne voulaient plus. Nous les avons aimés, nous les avons portés, nous les avons soutenus , nous ne pouvions faire plus que cela. Je pense à toutes les étoiles du ciel qui n'attendaient que lui puisque les fleurs sur terre ne lui suffisaient plus... J'ai aussi une pensée pour vous tous qui traversez cette épreuve, ayez foi en l'avenir , au temps qui adoucit les souffrances et les peines... Courage
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 08 novembre 2012 à 21:29:32
Bonsoir à toutes et tous
Je pense avoir commencé à prendre mes distances avec la culpabilité et c'est l'attitude de ma famille (ma mère et mes soeurs principalement) et mon travail avec ma psy qui m'ont fait prendre conscience à quel point mon histoire familiale m'a induite là dedans, il me faut changer, tuer ce démon qui est la culpabilité de n'être pas la " bonne petite fille", de n'être pas la" bonne épouse", de ne pas être la bonne soeur"combien de fois ai-je entendu ma mère dire "je plains ton mari plus tard" et même s'étonner que c'est moi qui est eu le "gendre préféré" le "bon mari" et non mes soeurs et même maintenant je ne réagis pas bien je ne fais pas bien. mais c'est leur problème ça leur appartient; je sais qui j'ai été, ce que j'ai pensé, ce que j'ai fait ce que je suis ce que je pense ce que je fais et je vais continuer mon chemin, je ne sais où il va me mener , mais je sais où je ne veux pas aller.

Je viens de faire une formation  avec des collègues , et , lors de cette formation,  j'ai été amenée à présenter le travail et les outils que j'avais mis en place que je menais auprès des enfants depuis 6 ans dont un an avec 1 collègue, et , je ne m'y attendais pas du tout. Et le retour que j'ai eu par ma direction , c'est que la formatrice n'avait pas encore rencontré un projet aussi réfléchi où tous les points avaient été soulevés de respect, d'écoute, d'accompagnement,etc... et elle est partie de cela pour que nous montions un groupe pour étendre ce projet à l'ensemble de l'équipe ce que je souhaitai depuis longtemps faire un travail d'équipe dans le partage et l'échange.
Je n'ai pas recherché cette valorisation, mais finalement que dans mon établissement , mon investissement mon approche des situations mon analyse soient reconnues, cela me conforte dans mes choix et mes valeurs, cela me redonne une confiance que le geste de mon mari m'avait oté dans ma vie personnelle.

A l'heure actuelle, je suis dans le chagrin , dans le manque de lui de notre vie passée , la solitude commence à me peser, et , c'est un passage nécessaire et bénéfique, car j'étais comme arrêtée sur le 1er février, je n'arrivai pas à me remémorer les bons moments, alors petit pas par petit pas? mais que c'est ... les mots , je ne les trouve pas, ils sont coincés dans ma gorge comme le cri du 1er février, je suis comme étranglée j'ai mal à la gorge, c'est mon sentiment , mon ressenti physique, comme si mon mari m'avait" passé la corde au cou"

Bonne nuit à tous et toutes
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 09 novembre 2012 à 09:16:40
Bonjour à toutes et tous,

Mariej et Meduse, le suicide d'un enfant n'a rien de comparable avec celui d'un conjoint, j'en suis persuadée et vous aussi vous avez mené des combats contre ce mal qui ronge, vous avez vécu ses journées où on ne sait pas comment elle va finir.

Sofiana, vous dites, j'ai tant vu mon frère mort dans sa tête, comme je connais bien cela avec cette impuissance à y mettre une infime lueur d'espoir.

Orchis, ce qui m'a énormément aidé durant ces années avec mon mari, c'est que je sais qui je suis, je faisais les choses pour moi et n'attendais pas une reconnaissance (qui de toute façon ne venait pas). C'est une force sinon la maladie m'aurait pris dans ses filets aussi.

Concernant la culpabilité, il m'est revenu en mémoire un noir mois de juillet d'il y a une dizaine d'années. Tous les jours durant trois semaines de long mon mari, en colère, me disait :"c'est fini, on va divorcer, j'ai contacté l'avocat, tu verras". Mon aîné avait tenté de parler avec lui à ce moment mais ce fut peine perdue.

Et, du jour au lendemain, plus rien. L'expérience m'ayant appris que s'il fallait reparler de cet épisode il fallait que ce soit mon mari qui entame la conversation, j'attendais donc qu'il en parle. Une bonne année plus tard, un soir où la maladie lui laissait un peu de répit, il en a reparlé, il m'a dit : je ne sais pas pourquoi je te disais cela, je ne veux pas divorcer, je suis bien. On dirait que j'ai des poussées d'hormones. Des examens médicaux ont été faits et se sont avérés normaux.

La question est : qui est coupable ? certainement pas mon mari, ni mes enfants, ni moi. La seule coupable, c'est la maladie, qui gâche tout. J'avais l'impression de vivre aux côtés d'un étranger très souvent. Nous sommes victimes tous et je suis convaincue que la culpabilité qui ronge ceux qui restent c'est la maladie qui continue son oeuvre. Elle a déjà tant détruit.

Désolée de raconter mes histoires mais c'est je crois un cas concret qui montre qu'il n'y a pas de coupable hormis la maladie.

Mon vécu a engrangé pas mal de situations, c'est ce qui fait que je n'ai pas de culpabilité aujourd'hui.

Même si ce n'est pas ce que nous aurions souhaité pour lui, mon mari (papa) est beaucoup mieux là où il est que sur terre où il vivait une non-vie. Même après un évènement heureux, il disait : bon maintenant je peux me foutre en l'air. Mes enfants partagent cet avis car ils ont aussi vécu les ravages même si leur papa (l'autre) leur manque terriblement.

Voilà si ce témoignage peut vous aider sur votre chemin.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 10 novembre 2012 à 09:53:21
Bonjour, Bluevelvet, et toutes et tous,

j'ai bien pris conscience que c'est la maladie psychique de mon mari qui est responsable de son geste

Mais la culpabilité que j'ai ressenti et que je ressentirai peut être de nouveau est un sentiment qui m'appartient et qui est lié à mon histoire, à l'éducation que j'ai reçue; à ce que m'ont transmis mes parents, ma culture. Je travaille sur cette culpabilité. j'ai eu beau savoir que je ne suis pas coupable, la culpabilité a surgi d'une manière violente et soudaine  , j'ai du partir de ce sentiment de culpabilité , pour le comprendre,pour m'en libérer, j'ai sans doute encore du travail à ce sujet ? car les racines de la culpabité sont bien ancrées en moi , régulièrement , je la revois pointer son nez sous d'autres formes, je ne me comporte pas comme il faut, l'attitude leurs propos des autres notamment de ma famille me renvoie cela, je me suis toujours beaucoup remise en question , je réfléchis au pourquoi au comment de ce que je fais et de mes choix. Je sais que pour avancer sur ce chemin difficile, je vais de voir m'ancrer solidement sur mes valeurs profondes et prendre ma liberté par rapport à la culpabilité.

J'ai trouvé cette phrase:
le destin du fruit est de s'offrir, or le destin des racines est de prendre,
 je réalise que j'ai perdu une de mes racines qui me nourrissait (mon mari et notre amour), je dois trouver en moi les ressouces nécessaires pour faire mon deuil et qu'un jour mon mari trouve une place juste dans mon coeur
Et j'ai une racine pourrie  (culpabilité) dont je dois me débarrasser pour pouvoir redonner de beaux fruits...

Mon mari est entré brutalement dans cette maladie , il y avait sans doute des signes précurseurs, mais je pense qu'il est entré en période maniaque en novembre de l'année dernière, il a sombré dans une dépression brutale en janvier et a été victime d'un raptus le 1er fevrier, il voulait se soigner, il avait mis en oeuvre ce qu'il fallait , un jour il était tellement mal , il a voulu aller aux urgences, je lui ai dit aux urgences oui, mais psychiatriques ,il a fait marche arrière, je sais que pour des soins en psychiatrie soient au maximum efficaces, il faut que la personne soit demandeuse à 100 pour 100 , je lui avais dit" si tu te fais soigner tu verras notre vie sera encore plus belle"

Nos histoires sont différentes, nous avons des personnalités différentes, nos relations avec nos disparus sont différentes, donc il est logique de réagir différemment, l'intérêt de ce site ,( c'est ce que j'entends et que je comprends), est que nous pouvons échanger partager nous nous sentons accepter tels que nous sommes avec notre travail de deuil que nous menons du mieux que nous pouvons . Le partage de nos expériences de nos réflexions m'aide beaucoup à avancer.

Bonne journée a vous tous
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 11 novembre 2012 à 08:02:53
Bonjour à toutes et tous,

Orchis, je suis tout à fait d'accord avec vous même si nous sommes devant le même fait : le suicide de notre mari, nos chemins sont différents car nous nous sommes construites différemment.

Ce site est en lieu d'échange dans le respect de la douleur de l'autre et je vous remercie encore toutes et tous de ces échanges car ils nous permettent en premier lieu de voir que l'on n'est pas seul à souffrir, ressentir, vivre ce que nous vivons et aussi ils apportent une vision différente de choses qui nous permet d'avancer sur ce chemin.

Il y a une semaine un de mes enfants n'allait pas bien, j'ai demandé à son papa de l'aider. Mon enfant m'a dit que son papa lui a rendu visite une nuit de cette semaine, qu'il s'est assis sur le bord de son lit, qu'il était bien et qu'il lui a dit qu'il fallait qu'il vive. Mon enfant m'a dit que cétait un bel échange. Je reconnais bien dans cette situation le papa poule qu'était mon mari, je trouve cela très beau et cela me conforte dans l'idée qu'il est mieux maintenant.

Voilà le ET MAINTENANT de ce jour

Douce journée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: pouche le 11 novembre 2012 à 09:01:41
Bonjour à tous,
Je suis de nouveau pétrie de culpabilité dans cette période encore plus difficile puisqu'il y a un an mon mari avait disparu depuis le 8 novembre,nous ne savions pas où le chercher,et la police l'a retrouvé le 14 nov. dans un bois il avait mis fin à ses jours 3 jours après l'enterrement de sa mère et d'une dispute entre nous deux. Depuis il me manque horriblement, il manque à ses trois enfants et il me laisse bien, que ses lettres d'adieu nous parlent d'amour,dans une culpabilité qui me fait souffrir terriblement et me fait me détester au plus haut point.Nos enfants de 18 à 6 ans ont beau me dire que eux savent que je n'y suis pour rien,qu'on ne pouvait pas prévoir ce geste, que c'est uniquement un choix de leur papa je m'en veux tellement d'avoir été très en colère contre mon mari alors qu'il souffrait de la mort de sa mère.
Comme il est difficile de survivre à ce départ, moi aussi je lui demande de l'aide et s'il juge que je n'en suis pas digne qu'il vienne apaiser le chagrin des enfants car c'était lui aussi un bon papa qui ne supportait pas de voir souffrir ses petits.
Agréable journée à tous.
Pouche
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 11 novembre 2012 à 09:18:28
Pouche,

Ne soyez pas si dure avec vous même, il faut se faire douceur après tant de violence.

Nous aimons nos disparus et ils nous aiment également, les sentiments ne sont pas changés. Chacun à notre manière avec des hauts et des bas nous faisons notre dur chemin et je crois que nos disparus à leur manière aussi font leur chemin.

Ils sont là, ils veillent sur nous, ils sont sans doute aussi tristes quand nous n'allons pas bien et contents pour nous quand une éclaircie réchauffe nos coeurs.

Je vous adresse plein de douceur et d'empathie

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 11 novembre 2012 à 21:41:00
Bonsoir Pouche,

Beaucoup de personnes autour  de nous vivent des choses impossibles, qui semblent insurmontables, douloureuses , il n'y a qu'à lire ce site, ce n'est pas pour autant qu'elles se suicident
Je pense que les personnes qui mettent fin à leurs jours ont une fragilité psychique qui leur est propre.
J'ai ressenti beaucoup de culpabilité moi aussi , mais cette culpabilité m'était propre, elle fait partie de mon histoire de mon éducation , il n'y a rien d'anormal à ressentir de la culpabilité, c'est un sentiment qui apparaît souvent dans les situations de deuil , de tous les deuils
il est tellement difficile de voir les choses quand nous sommes au coeur de la tourmente, et , si nous avions perçu le problème aurions nous pu changer quelque chose , rien n'est moins sur....
Je vous souhaite beaucoup de courage pour affronter ce sentiment de culpabilité, pour l'analyser pour le surmonter, je sais combien il fait mal
, je pense à ce sentiment de détestation que vous éprouvez à votre égard, d'où vient il? Ne l'avez vous jamais éprouvé avant le geste de votre mari?
Quand je vous lis , je pense à cette période où j'avais honte et où je me sentais coupable d'éprouver de la colère et de la haine contre mon mari Quand j'ai réalisé que c'était normal que j'éprouve de la haine et de la colère contre la personne qui était le meurtrier de l'homme que j'aimais et du père de mes enfants , bien que ce soit la même personne, j'ai avancé d'un grand pas.
J'ai été en colère contre mon mari les 2 semaines avant son suicide, bien qu'il sombrait dans la dépression. Et , j'ai bien pris conscience que c'est cette période dépressive qui l'a amené à ce geste ultime et non ma colère

Bon courage
Amicalement
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: pouche le 12 novembre 2012 à 15:36:54
Bonjour,
Merci de vos réponses et soutien. Je ne ressens aucune colère contre mon mari,je n'ai que culpabilité et souffrance pour lui,je me dis que sans les mots parfois durs que j'ai prononcé durant cette dispute il serait encore là et je me hais de les avoir dit sous le coup de la colère. Pourtant même la psy. qui a lu sa lettre d'adieu m'affirme que ça n'a rien à voir,mais je souffre qu'il soit parti avec l'idée que peut-être je n'avais plus de sentiment pour lui. La simple idée que peut-être cela l'a poussé a mourir me fait me détester terriblement,j'ai parfois honte devant mes enfants d'être peut-être la cause qu'il n'ait plus de père, je souffre pour eux,pour lui. J'arrive à en oublié tout le bien que je faisais aussi pour lui. Je ne suis pas en colère contre lui,contre le meurtrier de mon amour comme vous Orchis,car j'ai tellement le sentiment d'être ce meurtrier.Je ne sais que faire pour apaiser ce sentiment. A côté de cela je me bats pour mes enfants,je veux leur fait une belle vie et adoucie cette tragédie mais intérieurement je suis en conflit perpétuel avec cette culpabilité.
Bonne journée à vous tous

Pouche
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 12 novembre 2012 à 19:37:19
Bonsoir Pouche et vous toutes et tous,

Si cela peut vous aider : ceux qui mettent fin à leur jour nous laissent avec des énigmes insolubles et tout particulièrement restera toujours énigme la "cause" de leur geste, tout ce que l'on peut imaginer n'est que supposition car nous ne sommes pas dans leur tête, c'est très difficile à admettre. Ils ont une telle souffrance en eux que l'on ne peut en imaginer l'intensité. Ce sont des êtres avec une immense souffrance que l'on ne peut soulager.

Vous avez vécu des belles choses avec votre mari, c'est cela votre moteur, c'est avec cela qu'il faut avancer et pour vos enfants aussi. Tous les couples se disputent même avec des mots que l'on regrette après mais toutes les disputes n'aboutissent pas à un suicide.

Vous n'êtes pas le meurtrier de votre amour. C'est votre amour qui s'est tué pourquoi ? nul ne le saura jamais.

Je pense bien à vous et vous adresse toute ma douceur

BLUEVELVET



Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 12 novembre 2012 à 21:48:47
Bonsoir Pouche et tous et toutes,

Je n'éprouve plus de culpabilité ni de haine ni de colère contre mon mari.

Mais de comprendre ce qui motivait ces sentiments m'ont aidé à les dépasser.

Bluevelvet , à mon sens, explique très bien les choses.

Si j'ose un conseil, continue d'exprimer ici tes ressentis et cherche encore plus loin avec l'aide ta psy le pourquoi de ces ressentis.
quand mon ainé exprime de la culpabilité , il a vu son père, il l'a quitté à 6 h55 moi le trouvant à 7 heures 35, il se reproche de n'avoir pas pris le temps de l'écouter, il se culpabilise de lui avoir dit je suis pressé, etc... Il n'y est pour rien . Mon cadet la veille à envoyé son père  bouler, car il voulait voir ses copains .à 21 ans , il n'y arien de plus  normal... Il culpabilise Quand je lis le fil de cette jeune fille Choumi, qui s'est disputé avec son père, et son père s'est suicidé peu de temps après , il est très clair qu'ils ne sont pas coupables, tout comme toi. Mais ce sentiment de culpabilité est là , il existe , retourne le dans tous les sens pour l'expulser? je sais combien c'est difficile, mais je sens en toi les capacités à le faire, le deuil par suicide est un deuil particulier et il nous demande de puiser dans nos ressources les plus profondes et il nous prend une énergie inmesurable, alors prend soin de toi , accorde toi des petits moments de douceur.
Amicalement
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 14 novembre 2012 à 06:02:27
Bonjour à vous toutes et tous,

Pouche, avez-vous trouvé un petit apaisement dans vos questionnements ?

Je suis passée au cimetière, de nouveau c'était un moment très doux, très tendre.

En ce moment, je termine les retombées des démarches administratives. Je prendrai rendez-vous avec le centre des impôts pour le début de l'année car j'ai peur de faire des bêtises dans les déclarations.

J'ai pris rendez-vous à la banque pour souscrire une assurance vie (ce sera hors succession pour les enfants) et une garantie obsèques comme cela nos enfants n'auront pas ce souci là quand je serai très très vieille et que mon tour viendra de les quitter (le plus tard possible).

C'est aussi un des aspects de ce chemin où l'on acte qu'il n'y a plus qu'un seul parent pour nos enfants.

Douce journée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: mariej le 14 novembre 2012 à 14:49:32
Bonjour à vous toutes et tous,

Pour revenir à la culpabilité, durant les mois qui ont suivi le suicide de mon fils, j'ai ressenti beaucoup de culpabilité car mon fils a essayé de me joindre au téléphone 2 h avant de passer à l'acte, j'étais déjà en ligne et je n'ai pas vu qu'il avait appellé et donc je ne l'ai pas rappellé; je me sentais très mal avec ça, je croyais que j'aurais pû l'empêcher de faire son geste si je l'avais eu au téléphone, mais en fait je n'aurais rien empêché du tout car j'étais loin de soupçonner qu'il était si mal, il ne le disait pas.

Quelqu'un m'a raconté qu'un couple d'amis proches de lui avait perdu son fils par suicide aussi, 1h avant il avait appellé sa maman pour lui dire qu'il arrivait déjeuner comme prévu, ses parents l'ont attendu, sont allés chez lui et l'ont trouvé pendu (comme mon fils)...

Ce jeune-là quand il a appellé sa maman savait qu'il lui disait au-revoir, ou plutôt adieu, ou tout du moins, il avait envie d'entendre la voix de sa maman une dernière fois, on ne sait pas, mais sa maman ne pouvait pas l'empêcher car elle ignorait aussi la suite tragique....

Ce fait m'a consolée, et m'a fait comprendre que bien que je sois une maman proche de mes enfants, je ne peux pas tout savoir, ni maîtriser leur vie, que je n'y pouvais rien, il avait sûrement pris sa décision, là aussi je suppose, je ne sais rien....

Ce qui est vrai c'est que le deuil après suicide est difficile car il nous laisse avec les questions de celui qui est parti, qui n'a pas pu les résoudre lui-même, ce n'est pas nous qui allons y arriver, mais on essaie et on ne trouve que des bribes de réponses. Pour avoir la paix, je pense qu'il faut arrêter de se torturer puisque nous n'y pouvons  rien, nous ne sommes pas tout puissants sur nos proches et heureusement!!!

Bonne fin de journée à toutes et tous
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: pouche le 14 novembre 2012 à 15:19:58
Bonjour à tous,
Merci Orchis,merci bluevelvet de votre soutien.Un an jour pour jour les policiers allaient d'ici quelques heures m'annoncer qu'ils avaient retrouvé le corps de mon mari. Cette nuit j'ai été réveillé par cette scène que je vivais de nouveau dans mon sommeil. Là c'est le chaos,le cri de ma fille de 15 ans qui hurle pourquoi il a fait ça,mon fils ainé qui est pétrifié de douleur et mon petit bonhomme de 5 ans qui semble vouloir se faire tout petit pour ne pas compliquer les choses.Dans ma tête tout se bouscule il est parti à 13h00 a déposé notre petit garçon à l'école et est parti dans ce bois mettre fin à ses jours pourquoi.....Et depuis c'est presque sans cesse Et si ,et si et si ...et cela fini toujours par si j'avais plus ceci ou plus cela,moins ceci ou moins cela......Je ne peux me résoudre à admettre qu'il est fait ce choix d'abandonner sa famille,qu'il nous aimait trop pour cela et donc mon raisonnement se termine sans arrêt par effectivement son amour pour nous était grand,si grand que ma dispute l'a terriblement affectée et il s'est supprimé à cause de moi. Je suis alors hyperactive pour ne pas sombrer,ne pas laisser la place aux idées sombres et dangereuses. Peut-être qu'avec le temps je vais trouver un apaisement.
Bonne journée à tous.
Pouche
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Mammj le 14 novembre 2012 à 17:17:50
Bonjour à toutes et tous,

Après vous avoir lues, je constate que la culpabilité est un sentiment incontournable après le suicide d'un proche, qu'il soit exprimé
latent ou géré, voire résolu qui sait avec le temps....

Sur mon fil principal, j'ai mis un extrait d'un article où il est expliqué que la culpabilité paradoxalement serait structurante pour l'endeuillé... Je demanderai à ma psy ce qu'elle en pense.

En attendant, pour beaucoup d'entre nous, pour ceux qui restent et notamment les enfants, l'incompréhension règne et que dire du chagrin qui pour ma part m'épuise depuis 16 mois, que je dois gérer au mieux les rares moments où je vois ma petite-fille de peur que  le père ne l'éloigne de moi.

Sur le lien que j'ai indiqué, on peut lire la totalité de l'article, il y est noté que plutôt que d'être auditionnés de devoir répondre à des questions,  il serait préférable qu'on soit à notre écoute, qu'une aide nous soit proposée !  Or, il nous appartient de  la chercher....
Pourquoi en effet, ne pas nous donner des adresses dans toutes ces instances par lesquelles il nous faut passer au lieu de nous laisser non seulement meurtris mais complètement démunis face à  un tel drame ? Ce n'est pourtant pas compliqué !

Ayant perdu ma seule fille, moi aussi je dois penser à régler certaines choses de manière à ne pas être un souci pour ses deux enfants le moment où je partirai....

De tout coeur avec vous et pensées chaleureuses.
Mammj



Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 14 novembre 2012 à 19:57:38
Bonsoir  Pouche,
Les Et si?, et les pourquoi?
Et, la culpabilité qui nous envahit
lls font si mal quand ils sont là, nous nous torturons avec,
ils se sont éloignés de moi, peut - être reviendront ils?
Il est sans doute nécessaire de les accueillir, mais nous avons besoin de les laisser partir pour avancer.
Il nous faut prendre soin de nous
le destin du fruit est de s'offrir , or le destin de la racine est de prendre.(j'aime cette phrase tirée du "prophète " de Khalil Gibran)
je veux redonner de beaux fruits surtout à mes enfants , mais pour l'instant il faut m'occuper de mes racines , de remplir mes besoins.

Bon courage à toi sur ce difficile chemin
Orchis
 
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 14 novembre 2012 à 20:18:44
Pouche, Orchis et vous toutes et tous,

Pouche, quand mon mari s'est suicidé, j'ai dit : pourquoi a-t-il fait cela à ses enfants ? lui qui était un énorme papa poule.

Le jour de ses funérailles, je disais : c'est son choix, il faut le respecter.

Nous sommes à distance de son geste (je ne compte pas les mois, les dates, cela m'importe peu, je suis comme cà) et mon discours a changé.

Aujourd'hui, 14 novembre 2012 je dis et je le pense très sincèrement et du fond de mon coeur : ce n'est pas son choix. Ce jour là la souffrance (maladie) a eu le dessus et rien ne comptait plus aux yeux de son meurtrier à ce moment là. Pour m'expliquer son geste je me représente deux personnalités bien différentes (une "bonne" et une "mauvaise") et le jour du suicide, c'est la mauvaise qui gagne et qui tue la bonne, à ce jour je suis convaincue de cela.

Voilà ma réflexion sur le suicide de mon mari.

Orchis, il faut laisser les SI..... et les réponses improbables qui vont avec s'éloigner de nous. Il faut nous faire douceur, c'est un besoin primordial chez moi

Pouche, je vous adresse plein de douceur, c'est indispensablel dans ces temps de tourmente.

Mammj, je ne sais que vous dire, je suis désolée si certains propos de ce fil peuvent vous choquer, je n'ai pas perdu un enfant. Je vous adresse toute mon empathie.

Douce soirée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 14 novembre 2012 à 21:17:16
Bonsoir,
aujourd'hui je suis allée au cimetière, j'y vais peu depuis plusieurs mois car à chaque fois des émotions et des sentiments me submergent violemment
Aujourd'hui , il n'en ai rien , je suis allée sur la tombe de mon mari, sur la tombe de ses grands parents paternels et  oncle  décédé à l'âge d'un an , sur la tombe de son cousin (il 's'est pendu comme lui ) et de sa tante, je suis retournée sur sa tombe et je me surprends à lui pardonner son geste qui est la manifestation d'une souffrance énorme , mais peut -être familiale, cela m'a semblé clair,
Ce pardon est de l'ordre du ressenti et non de la raison
 je ne lui pardonne toujours pas de nous avoir abandonné ainsi,  
mais c'est déjà un grand pas vers l'apaisement.
J'ai besoin de trouver quelques raisons à sa souffrance psychique , pour moi pour mon travail de deuil, pour mes enfants et les générations futures, mais je ne me torture pas avec cela, je suis mon chemin, mes intuitions
comme j'ai besoin de travailler sur moi sur mon enfance, sur ma famille originelle, pour comprendre mes émotions et mieux répondre à mes besoins
c'est ma façon à moi de nourrir mes racines
Bonne soirée à tous et toutes
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 17 novembre 2012 à 09:46:50
Bonjour à toutes et tous,

Mammj, avez-vous vu votre psy et avez-vous pu lui parler de la culpabilité qui serait structurante pour l'endeuillé ? J'avoue être curieuse du point de vue de votre psy sur ce sujet.

Je vous souhaite une douce journée

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Mammj le 17 novembre 2012 à 12:51:37
Bonjour BLUEVELVET, bonjour à Toutes et Tous,

Cette perception de la culpabilité est en effet différente de ce que l'on a pu lire dans l'ensemble ! J'ai donc imprimé l'article que j'ai donné à ma psy afin qu'elle me dise ce qu'elle en pense dès qu'elle aura un moment pour le lire....

Je vous lis toutes et tous  très régulièrement, votre façon d'appréhender votre situation  -  bien que nos deuils,  la relation
au proche disparu soient différents -  apporte toujours un éclairage pour avancer d'abord dans notre réflexion, même si moi je refuse encore ce qui s'est produit, que je reste dans mon profond chagrin,  c'est ainsi !

Douces pensées.
Mammj

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Mammj le 22 novembre 2012 à 16:59:58
Bonsoir BLUEVELVET, à  Toutes et Tous,

J'ai vu ce matin la psy qui m'accompagne depuis le lendemain des obsèques de ma fille... Pour elle la culpabilité, omniprésente ou latente, c'est "un poison" ! Moi, qui ne peut me faire à l'idée que mon unique  enfant soit partie avant sa mère, j'ai fort à faire avec la mienne et la dire m'aidera à l'évacuer peut-être un jour...
Est-ce en cela qu'elle serait "structurante" ?

Pensées chaleureuses.
Mammj
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 23 novembre 2012 à 07:41:16
Bonjour à toutes et tous,

Merci de votre réponse Mammj, vous connaissez mon cheminement et je ne peux qu'être d'accord avec votre psy.

Je suis heureuse d'avoir son avis car à vous lire toutes et tous je me suis souvent demandé si je n'étais pas "à part", à faire fausse route.

Je n'arrive toujours pas à comprendre où cela pourrait être structurant si ce n'est le fait de parler à votre psy encore et encore et donc de vous "découvrir" (structurer si on veut) dans cette épreuve que nous traversons toutes et tous, pour avancer dans la vie.

Aujourd'hui, j'ai rendez-vous avec l'ostéopathe pour cette énergie qui me manque (la tête va bien, mon corps est comme vidé, cela va mieux qu'au début mais c'est encore loin d'être le top) et je vais me replonger dans la paperasserie administrative, je pensais en avoir fini mais non d'autres courriers sont arrivés qu'il faut traiter.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 24 novembre 2012 à 19:28:56
Bonjour à toutes et tous,

Je ne sais pas si c'est la séance chez l'ostéopathe hier ou parce qu'aujourd'hui c'est notre anniversaire de mariage, moi qui ne suis pas "attachée" aux dates, aujourd'hui je lui hurle mon amour, je suis pasée au cimetière, il était content de me voir, c'est étrange comme cela était un besoin pour moi de passer aujourd'hui au cimetière et pour lui aussi.

J'ai mis la chanson de Ginette Reno, fais moi la tendresse, c'est une chanson qui nous convient bien aujourd'hui.

L'ostéopathe a dit, comme vous l'aviez déjà dit, que ce manque d'énergie était normal, qu'il ne fallait pas que je me mette la pression. Il m'a manipulée et j'ai repris rendez-vous pour dans deux mois.

Aujourd'hui, j'ai fait les courses, je suis HS en rentrant, c'est hallucinant ce manque d'énergie.

On m'a proposé de sortir ce soir mais j'ai décliné l'invitation, je préfère rester seule ce soir avec mes bons souvenirs du temps d'avant la maladie.

Douce soirée à toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: mirele le 24 novembre 2012 à 19:34:47
Bonsoir à tous et à toutes,
Je me joins à cette discussion. L'homme que j'aimais s'est suicidé il y a demain deux mois. Il s'est jeté du neuvième étage alors que nous étions au téléphone ensemble pendant 2 heures durant lesquelles j'essayais de le garder en vie. Et quand j'ai compris qu'il allait vraiment le "faire", j'ai pensé qu'il allait prendre des médicaments, alors je n'ai pas trop paniqué, je n'ai pas cru que c'était pour de bon, un geste aussi radical d'une défenestration...Quand le téléphone a coupé, j'ai appelé les secours et sauté dans ma voiture, je croyais qu'ils allaient le sauver.
Ce n'est qu'en arrivant en bas de son immeuble que j'ai vu le corps ...

il a sauté en criant qu'il m'aimait, il a crié cela dix fois, cinquante fois...

Alors oui, je me suis longuement reproché de n'avoir pas compris qu'il allait se tuer, je me suis reproché de ne pas avoir trouvé les mots qui l'auraient sauvé, retenu... je me dis que j'étais sûrement la seule à pouvoir le persuader de vivre, par la force de mon amour, ma volonté de vivre à ses côtés... et j'ai échoué.

L'homme que j'avais au téléphone n'était pas mon amour, mon amant, celui avec lequel je voulais vivre longtemps. Je suis obligée de me dire que ce n'était pas vraiment lui. Parce que si c'étais vraiment lui, comment expliquer qu'il ait sauté en me criant son amour. Comment expliquer qu'il ait commencé notre conversation en me disant "d'abord tu sais que je t'aime plus que tout au monde".

C'est d'une telle absurdité ! La psy aussi me dit qu'il nous manque un élément du puzzle.

J'ai heureusement dépassé la culpabilité. Il me reste par contre ce sentiment énorme de non-sens, d'absurdité.
Il m'aimait, il voulait vivre avec moi, nous faisions des projets ...

Ce que je ne vous ai pas dit encore, c'est qu'il était marié à une femme en phase terminale de sclérose en plaque. Il s'en occupait seul à domicile, depuis 12 ans, refusant toute aide, refusant que quiconque entre chez eux. On savait tous les deux que ce serait long et atroce, mais en même temps, que cela n'était plus qu'une question de mois.

Le week end précédent, on faisait des projets : des habits neufs, les vacances de la Toussaint, Noël, s'inscrire ensemble à une chorale, à la piscine ...

Ce soir là, d'après ce qu'il m'a dit au téléphone et d'après les rapports de police, elle serait entrée en agonie. Il a voulu soulager ses souffrances.

j'avais compris assez vite dans la conversation qu'il allait tuer sa femme qui râlait à côté de lui, mais je n'avais absolument pas pensé qu'il allait sauter par la fenêtre avec elle.

Il vivait les derniers temps plus avec moi qu'avec elle, il ne supportait plus la maladie, changer sa femme, la laver, les nuits blanches à son chevet, il commençait à accepter l'idée de prendre une aide médicalisée... De moi, il exigeait beaucoup. Il voulait être sûr de mon engagement, je lui répétais que c'était ce que je voulais, vivre avec lui, même dans plusieurs années, même avec son chagrin ... Il disait qu'il avait beaucoup de chance car il avait aimé une femme à 25 ans (sa femme), et maintenant il en aimait une autre (moi). Il disait que j'étais la deuxième femme de sa vie, et je vous promets qu'il était sincère !

C'est ce qui est dur à comprendre : juxtaposer la sincérité de son amour avec le côté définitif de son geste : sauter du 9ème !

Alors je ne comprends pas, je ne comprends plus cet homme que j'aimais plus que tout.

Demain, cela fera deux mois...

Je l'aime encore tant...

Mirele

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: madâme le 25 novembre 2012 à 09:47:19
Bonjour à tous et à toi BlueVelvet,

J'interviens sur ce fil pour te dire à nouveau que je ne trouve pas que tu sois anormale de ne pas culpabiliser. Culpabiliser par rapport au suicide d'une personne aimée revient à vous "punir" de continuer à vivre alors que L'Autre n'est plus. Que fait-on du libre arbitre? Ca veut donc dire que nous sommes responsables des faits et gestes d'une personne à partir du moment où on l'aime? Ca veut dire par conséquent qu'une personne n'est pas responsable de ses actes? On peut aller loin avec ce concept de culpabilité. J'ai arrêté mes études quand j'étais jeune, alors que j'aurais pu être une étudiante brillante. La faute à qui? A mes parents bien sûr, qui ont eu l'égoïsme de divorcer et de nous faire souffrir ma soeur et moi! Pas à moi, la faute, de ne pas avoir fait l'effort de continuer malgré ma peine…J'ai fréquenté des personnes peu fréquentables. A qui la faute? Toujours les mêmes! Un jour, j'ai décidé qu'il fallait suivre un autre chemin. Grâce à qui? A moi, parce j'ai senti que j'étais nuisible à moi-même. Pourquoi vouloir porter le fardeau du mal être d'un Aimé? Vous n'êtes pas responsables. C'est son choix, pour de multiples raisons qui peuvent vous échapper mais qui sont les siennes et lui permettent de mettre un terme à ses souffrances. De même que c'est à nous de décider si nous souhaitons continuer à éprouver du bonheur, malgré la perte de nos Aimés, ou nous enliser dans notre malheur. Nous avons le choix, TOUS.

Bonne journée à vous, sans culpabilité?
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 01 décembre 2012 à 14:16:19
Bonjour à toutes et tous,

Mirele, votre récit me pose questions mais je ne sais trop quoi vous dire, je suis sans mot pour vous répondre.

Je voulais vous dire qu'il y a peu de temps j'ai eu une conversation avec l'un de mes enfants qui pense comme moi qu'au moment où quelqu'un met fin à sa vie il y a deux personnalités. La différence entre mon enfant et moi c'est que mon enfant pense que la bonne personnalité tue la mauvaise pour mettre fin aux tourments de tout le monde et que je pensais jusqu'à présent qu'à ce moment là la mauvaise personnalité prenait le dessus et tuait la bonne.

Ce deuil est vraiment très "enrichissant" (je n'ai toujours pas trouvé d'autre mot), même si les chemins sont similaires il reste des subtilités qu'il est bon de partager.

Aujourd'hui je cherchais quelque chose dans un magasin, après avoir fait plusieurs magasins sans succès, j'ai demandé à mon mari de m'indiquer où je pourrais trouver ce que je cherchais, il m'a répondu, je me suis rendue dans le magasin indiqué et effectivement il y avait ce que je cherchais. Je suis heureuse et apaisée de cette communication entre nous, maintenant (égoïstement je l'avoue) il est à moi quand j'en ai envie, comme il est à ses enfants quand ils en ont le besoin et l'envie (j'en ai déjà eu la preuve).

Même s'il n'est plus dans notre réalité, il est là, il reste le protecteur qu'il a toujours été. C'est doux et bon de le savoir.

C'est certes une autre relation mais elle est belle, bien plus belle que les derniers temps que nous avons passé ensemble. Je sens sa présence à mes côtés je ne peux l'expliquer mais je sais que je peux compter sur lui, sur son aide.

Madâme, c'est vrai que parfois je me pose de questions par rapport à cette non culpabilité vis-à-vis du geste de mon mari, mais je suis intimement convaincue qu'au stade où il était il n'avait pas d'autre choix (quelle personnalité a tué l'autre, je ne sais pas, chacun son idée là dessus) et que maintenant il est apaisé (mes enfants aussi pensent cela).

Voilà le ET MAINTENANT du jour.

Beaucoup de douceur à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 07 décembre 2012 à 19:32:26
Bonsoir à toutes et tous,

Notre chambre où il a mis fin à ses jours a été vidée, les murs sont à nu. La pièce est en "travaux" comme le sont mes enfants et moi-même mais le fait d'avoir vidé cette chambre est une étape, on passe à autre chose, le livre de la vie continue à écrire ses pages. On avance.

Je suis seulement triste devant ce gâchis. Je n'ai ni culpabilité, ni colère.

Je suis persuadée que s'il avait pu voir la petite lumière dans le noir de sa vie, il aurait su apprécier les choses à leur juste valeur et les petits plaisirs, bonheurs de chaque jour.

Maintenant il est avec chacun de nous au quotidien, il nous protège, c'est doux d'en avoir la conviction.

Douce soirée

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 17 décembre 2012 à 06:22:06
Bonjour à toutes et tous,

Et maintenant, la vie reprend ses droits avec des coudées franches depuis quelques temps. Nous faisons les travaux à la maison, hier avec mon cadet nous sommes allés manger chez une amie et nous avons parlé de papa avec tendresse et humour, sans peine.

Mon aîné lit le livre du Dr FAURE sur le suicide et nous parlons de nos différents ressentis par rapport à cette lecture.

Je n'ai jamais été une grande dormeuse et cette nuit j'ai visionné l'émission de Sophie DAVANT : toute une histoire sur le pardon. C'est intéressant d'avoir différentes perceptions du pardon.

Un ami m'a envoyé un beau diaporama avec quelques phrases, je vous en mets quelques unes si cela peut vous aider aujourd'hui :

"Faites la paix avec votre passé de façon à ne pas compliquer votre présent"

"Personne n'est responsable de votre bonheur sinon vous" ce qui rejoint "la vie a un début et une fin, tout le reste c'est que vous en ferez"

"La vie n'est pas décorée d'un ruban mais c'est quand même un beau cadeau"

Nos êtres aimés nous ont quitté mais nous avons cette grande chance d'être en vie et de pouvoir accéder aux petits bonheurs de chaque jour. Il faut juste savoir les appréhender.

Hier nous avons fait une ballade avec mon cadet et nos chiens dans la campagne, nous sommes rentrés, il a allumé la cheminée, j'ai allumé des photophores sur le bandeau de la cheminée, une douce chaleur et une douce lumière, nous étions bien.

Je vous souhaite une douce journée, prenez bien soin de vous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 25 décembre 2012 à 08:15:24
Bonjour à toutes et tous,

Mon aîné m'a fait la surprise avec la complicité de mon cadet, il est à la maison pour la semaine. Nous passons donc une douce semaine dans l'intimité du noyau familial. C'est très bon pour nous tous de se retrouver enfin ensemble. Mes enfants me parlent de leur père, chacun au stade où il en est sur son chemin de deuil.

Nous nous sommes installés hier soir autour de la cheminée et d'un apéritif dinatoire, ensuite nous avons fait des jeux des société entre adultes.

Nous avons passé une douce soirée avec sa présence en filigrane dans l'esprit de chacun, mais la soirée n'était pas triste.

Voilà le doux Noël que nous passons, il est encore tôt le reste de la nichée dort encore, j'aime le matin : j'ai préparé des petits pains et des croissants pour le déjeuner que nous prendrons ensemble à leur réveil, une bonne odeur flotte dans la maison qui va sans doute les réveiller.

Voilà le ET MAINTENANT, la vie est belle et douce quand savoure les petits instants de bonheur qu'elle nous donne.

Douces fêtes à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 01 janvier 2013 à 13:29:48
Bonjour à toutes et tous,

En ce jour d'échanges de voeux, les mails et texto étaient rares par rapport à d'habitude.

J'ai donc décidé d'être fidèle à moi même c'est à dire d'être authentique. J'ai envoyé un texto à tous ceux que je connaissais, je n'étais pas dans l'enthousiasme de ce premier jour de l'année mais j'étais fidèle à ce que je suis et où j'en suis aujourd'hui, sans être dans le pathétique.

Depuis les témoignages affluent.

Voilà si cela peut vous aider. Je crois que nous devons aussi aller au-devant des autres avec ce que nous sommes. Ils sont certainement parfois dans le dépourvu surtout lors de ces périodes de fêtes. A nous de leur faire savoir que nous sommes vivants avec nos blessures mais VIVANTS...

Doux début d'année à toutes et tous.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 01 janvier 2013 à 14:56:37
Bonjour Blue Velvet,

je trouve ton message plein de sincérité et cela je pense que cela va donner un peu de courage à nous tous... Pour ma part , j'ai eu également moins de textos mais tous les amis qui me soutiennent dans cette épreuve ont tous été là et avec les mots qui font du bien : douceur, réconfort, courage, amitié, sérénité.... pas "Bonne année" la phrase passe partout et qui n'est pas encore adaptée je pense à notre contexte actuel, il nous faut du temps...
En attendant, douceur à volonté pour toutes et tous,
Cassiopée
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 02 janvier 2013 à 19:16:43
Bonsoir à toutes et tous,

Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir eu mes enfants pour Noël ou les effets de la séance d'ostéopathie qui se font sentir ou l'année nouvelle qui commence mais je me suis sentie différente ce matin, je sens une énergie nouvelle en moi.

Aujourd'hui j'ai fait un peu de grand ménage, cela fait six mois que je ne l'avais pas fait, j'ai mis la priorité sur l'écoute de mes enfants et leur bien être et le mien pendant tout ce temps et je ne le regrette pas même si c'est vrai que la maison a besoin d'un sérieux coup de shampoing partout.

J'ai fait des changements de disposition de meubles, cela m'a fait du bien j'avais l'impression d'avancer dans quelque chose en changeant les meubles de place.

Mon cadet est content de me voir ainsi.

Voilà le ET MAINTENANT de ce jour.

Douce soirée

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 05 janvier 2013 à 08:27:20
Bonjour à toutes et tous,

Hier j'ai vu des amis qui de toute leur bonne volonté m'ont souhaité une bonne année 2013 en ajoutant "elle ne peut pas être pire que 2012" et je vous assure, car je les connais bien, que leur intention était bonne et je les comprends et nous avons passé un très bon moment ensemble.

Voilà ce qui m'est venu à l'esprit quand ils m'ont dit elle ne peut pas être pire que 2012 : Si elle peut être pire que 2012 si je perds un de mes enfants dans un accident ou par maladie.

Je ne suis pas triste, j'acte juste un fait et je me rend compte que j'ai changé, pas un changement radical, quelque chose de subtil sur ma façon de voir les choses et la vie.

Avant, jamais je n'aurais eu cette réaction mais MAINTENANT j'ai perdu une grand part de mon insouciance, voilà une des petites réflexions qui me passent par la tête de temps à autre, je ne suis pas dans le pessimisme, juste que ma conscience des choses est accrue.

Avant, je savais que la vie pouvait basculer d'une seconde à l'autre sans vraiment l'intégrer mais MAINTENANT je le sais au plus profond de moi.

Je vais continuer aujourd'hui le grand ménage de la maison qui semble avoir aussi un effet de nettoyage sur mon esprit, une pièce à la fois, la deuxième aujourd'hui sans doute.

Voilà le ET MAINTENANT du jour

Douces pensées à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 11 janvier 2013 à 06:48:04
Bonjour à toutes et tous,

A vous lire toutes et tous, de nouveau je me sens un peu à part dans ce chemin, je n'ai pas de culpabilité, je n'ai pas le besoin de voir un psy (ce que je comprend et respecte entièrement), les larmes sont taries depuis un bon moment. Je ne connais pas ces montagnes russes dont certains parlent. L'absence est là c'est certain et c'est un manque.

Je n'ai pas tourné la page, non, je vis avec : je suis veuve avec deux enfants, qui restent nos enfants. J'associe mon mari, leur papa, au cours de nos vies.

La vie a repris ses droits. D'autres relations se sont établies. L'énergie revient aussi petit à petit.

Parfois je me dis ce n'est pas possible une jour tout va me tomber dessus et je serais à terre, je sais que j'aurais l'énergie de me relever, je me connais bien.

J'ai lu le livre de Monsieur FAURE cet été, j'ai l'impression d'avoir "brûlé" les étapes.

Moi qui "prône" la douceur, je réalise que mon deuil se fait "en douceur" (pardon si je choque).

Voilà le ET MAINTENANT de ce jour.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Mammj le 11 janvier 2013 à 14:28:03
Bonjour BLUEVELVET...

Ce qui est certain c'est que,  selon ce que j'ai lu de vous, il y a longtemps que vous aviez entrepris un "travail" sur sous-même !
Ce qui fait que vous aviez déjà une manière "avisée" de réagir à certains obstacles, à certaines  relations familiales  perturbantes(un moindre mot). Bien entendu si cela n'a rien à voir avec le deuil d'abord traumatisant puis douloureux que vous traversez avec vos enfants, il n'en reste pas moins  que vous étiez préparée à analyser le contexte, vos émotions et essentiellement "à prendre sur vous" pour ce qui concerne les réactions des uns et des autres...
Est-ce que cela vous aide sur le chemin  du deuil ? Probablement, aussi  en fonction de quoi  dire que vous auriez brûlé les étapes, les étapes seraient-elles  les mêmes pour tous ?
Quoi qu'il en soit, votre analyse du passé, votre vécu, votre personnalité, votre introspection, votre foi n'oublions pas , font que vous retrouvez plus facilement votre équilibre pour vous et par voie de conséquence pour vos deux enfants.
Continuez dans la voie qui est la vôtre, continuez à cultiver cette énergie qui vous soutient, pour vous, pour vos fils, je vous le souhaite de tout coeur..

Chaleureuses pensées.  Mammj
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 11 janvier 2013 à 14:36:52
Bonjour Bluevelvet,

Je te réponds sur ton fil à tes propres questionnements.

Oui, tu ne réagis pas comme beaucoup d'entre nous, mais j'ai le sentiment que tu avais beaucoup cheminé sur toi, sur ton histoire, sur ton mari, sur votre vie de couple, sur sa maladie, sur ta relation aux autres , ce regard que tu poses sur les choses de la vie et sur les autres m'aide dans mon cheminement et dans ma réflexion.

Mon histoire est différente, et , mon cheminement aussi, mais j'avance  peu à peu d'une manière positive, c'est ce que j'ai exprimé hier à ma psy, ce sentiment d'être plus empathique vis à vis des autres , car je m'accorde de l'auto-empathie.
Le suicide de mon mari m'a amené à aller à l'essentiel, je me sens devenir plus libre, plus grande , enrichie ( et, oui! j'emploie ton terme).
Je veux que son geste amène du positif , et, mon aîné me l'a exprimé à sa manière, il espère en être plus fort.

Alors, douceur et sérénité à tous

Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: pouche le 11 janvier 2013 à 18:12:05
Bonjour à tous,

Pourquoi demander pardon de faire son deuil en douceur ? Rien ne choque dans votre attitude Bluevelvet,au contraire elle apaise et nous fait penser que cela est possible,que nous aussi nous arriverons à ce stade. Peut-être y êtes vous parvenu plus vite, par votre vécu, votre caractère,la maladie de votre mari qui vous a préparé à ce départ, vous avez certainement entouré votre mari de douceur et c'est un fil qui continue. Moi par exemple je n'ai rien vu venir,sa mort 3 jours après l'enterrement de sa maman me laisse dans la sidération la plus totale,la violence extrême de ce geste sans prémices est ahurissant alors je puise dans la douceur de notre vie,je tente d'effacer ce basculement dans l'horreur par nos beaux souvenirs .Je l'associe à chaque décision pour les enfants,à chaque moment de notre vie afin d'adoucir son absence et conserver la place qu'il avait dans notre vie.
J'espère que votre travail est durable et sans retour en arrière,mais il n'y a pas de raison vous avez sûrement avancé à votre rythme,rien ne vous retombera dessus.
Je pense que nous sommes toutes sur la bonne route,nous prenons des sentiers différents selon notre vécu,nos caractères,notre éducation,mais pour moi notre présence sur ce forum et nos dialogues montrent que nous allons toutes vers l'apaisement,la cicatrisation. Nous garderons toutes cette douleur mais nous saurons l'envelopper de douceur,la recouvrir de nouveaux bonheurs construits avec nos enfants qui ne l'oublions pas sont une partie de leur papa.
Bonne route à toutes
Pouche
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 12 janvier 2013 à 09:02:42
Bonjour à toutes et tous,

Merci pour vos réponses.

Hier encore j'ai croisé une dame qui a perdu sa maman à l'âge de 80 ans passés il y a un an et qui ne peut pas en parler sans fondre en larmes tant la douleur est encore présente.

Vous avez raison : c'est son enveloppe physique qui est partie en juin, son âme nous avait quittés il y a longtemps déjà. Le "deuil" a sans doute débuté plus ou moins "inconsciemment" quand la maladie a pris le dessus, quand j'ai réalisé que mon mari n'était plus le même, que les choses ne se passaient pas comme elles le devaient.

Là où dans le livre on décrit une période de deux ans, j'ai "l'impression" qu'en six mois j'y suis arrivée c'est en cela que je pense peut-être avoir brûlé les étapes (ce que je ne voudrais pas) mais il est vrai que chacun a son rythme et je respecte cela au plus au point.

Après avoir passé tant de mauvais et durs moments ce sont les bons souvenirs qui reviennent spontanément (pour mon cadet et moi même qui avons vécu les derniers temps avec papa), on parle de lui avec douceur, sans tristesse. On dirait que sa mort nous a rendu le père et le mari qu'il était avant la maladie sans idéalisation.

Mon aîné qui vit loin, même s'il savait que papa mettrait fin à ses jours, (il m'a dit j'ai toujours su que papa ne verrait pas mes enfants), n'a pas vécu les derniers temps avec papa, l'annonce de sa mort (par téléphone en plus, au loin) l'a "surpris", choqué (surtout peu de temps avant son mariage) et le chemin est différent avec de la colère surtout (ce que je comprend). A Noël il a quand même voulu passer au cimetière pour ne pas avoir de regrets quand il serait de retour chez lui mais au bout de quelques minutes, il m'a dit : de toutes façons je n'ai rien à lui dire ! Cette colère est sans doute l'expression de cet énorme sentiment d'abandon qu'a mon aîné.

Nous avons aussi choisi une nouvelle tenue pour son mariage qui a été reporté à cet été, il avait l'impression que celle prévue pour 2012 lui portait malheur. Nous sommes dans les préparatifs de cet heureux évènement.

Mon mari souffre, je le sais, de cette colère.

Il reste le père de nos enfants (c'est pourquoi je dis nos enfants) pour toujours et je reste sa femme et donc sa veuve. La première fois que j'ai du cocher veuve, cela m'a fait bizarre, j'avais l'impression d'entrer dans un clan (j'ai plusieurs amies qui sont veuves aussi) mais maintenant c'est un terme que j'assume totalement.

Douces pensées à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 16 janvier 2013 à 05:57:20
Bonjour à toutes et tous,

Je répond à Orchis et Cassiopée sur ce fil où je me sens plus libre d'exprimer mon ressenti qui est souvent différent, cela afin de ne pas choquer.

Le manque est bien là c'est certain, j'ai cela en commun avec vous. Cela fait sans doute également partie du chemin de deuil "d'apprivoiser", de "négocier" ce manque. Il est difficile de mettre des mots sur ce qui n'existe plus comme avant.

La vie continue et il nous faut rentrer le bois (10 stères cet automne), entretenir les voitures, faire les réparations, garder son intérieur agréable et faire d'autres PROJETS sans lui mais avec lui en filigrane.

Notre cumulus nous a laché récemment, on m'a dit : mais tu n'as pas de bol, tu as encore cela en plus à gérer. J'ai répondu, un cumulus qui lache, cela arrive partout ce n'est pas une catastrophe. Voilà le cumulus a laché (il avait 20 ans) il aurait laché de toutes façons cela n'a rien à voir avec ce que nous vivons. Mon cadet m'a dit : "maman j'ai eu les bras coupés sur le coup quand le cumulus a laché, puis j'ai réfléchi et je me suis dit mais il y a des personnes qui n'ont pas de maison, c'est beaucoup plus tragique", alors il a remonté ses manches et il a installé le nouveau cumulus. Voilà l'état d'esprit à la maison.

Orchis, si vous pouviez m'envoyer vos 6 kg...., ce sont ceux que j'ai perdu et je n'arrive pas à les reprendre. Je cuisine cela n'est pas un problème mais je n'ai pas encore retrouvé un grand appétit. (Pardon si mon humour concernant les kilos a choqué, c'était juste un petit clin d'oeil).

Voilà le petit mot du jour si cela peut vous aider.
 
Douces pensées

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 23 janvier 2013 à 06:31:59
Bonjour à toutes et tous,

Une amie m'a envoyé ses voeux avec cette phrase :

« Dans la vie, on a deux choix le matin au réveil. Soit on reste couché pour continuer à rêver, soit on se lève pour réaliser ses rêves. »
Tous les fans de Facebook ont déjà lu cette phrase car elle tourne beaucoup ces derniers temps... Qu'importe !
C'est ce que je vous souhaite pour l'année 2013 : plein d'énergie pour vous lever et de nombreux rêves à réaliser..."

Voilà, LE REVE serait qu'il revienne comme il était avant la maladie. Ce rêve est du domaine du rêve et le restera cela fait aussi partie du chemin d'acter que cela ne restera qu'un rêve. Mais on peut vivre avec des rêves, ce n'est pas interdit dans la mesure où l'on a conscience que c'est un rêve et que cela le restera.

J'ai décidé de me lever le matin pour réaliser D'AUTRES REVES...

Douce journée

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 23 janvier 2013 à 08:01:47
Bonjour Bluvelvet,

Merci pour cette "bulle" de douceur, très joliment dit et cela donne effectivement envie de s'accrocher .... à un rêve...
Bonne journée,Amicalement
Cassiopée
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 24 janvier 2013 à 12:37:07
Bonjour

Décidément Bluevelvet, j'apprécie ton regard sur la vie
En ce moment je suis en arrêt : mois anniversaire compliqué par des angoisses ,
Mon rêve de ce mois est de le passer en protégeant de mes crises d'angoisse mes proches et moi-même,de trouver le pourquoi de ces angoisses , car il y en a plusieurs et apprendre à mieux les gérer,
Mon rêve sur le long terme est d'accompagner mon changement profond provoqué par le suicide de mon mari à ma relation à la vie, aux autres et à moi-même avec un regard positif et bienveillant.
Je ne sais par contre si un jour je retrouverai cette sensation unique de joie et d'émerveillement que j'avais au matin pour aborder une nouvelle journée.

Amicalement
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 24 janvier 2013 à 20:10:43
"Orchis,

C'est vrai que mon regard sur la vie est en décalage par rapport à beaucoup d'entre nous. Je l'assume entièrement. Je fais même des efforts pour modérer mes propos et ne pas choquer.

J'ai une énorme tolérance et un profond respect envers ceux qui souffrent.

J'espère que vos rêves de janvier se concrétiseront même s'il faut un délai pour qu'ils se concrétisent. Je ne connais pas ces angoisses je l'avoue, vous le savez, mon deuil est un peu "à part"

Le changement profond que vous évoquez ce n'est pas un rêve, c'est une réalité qui nous pousse à aller de l'avant.

Douce nuit

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: mariej le 24 janvier 2013 à 22:14:36
Bonsoir Bluevet, Orchis,

Pour continuer sur les belles phrases échangées au moment des voeux, une amie nous a envoyé cette phrase extraite de "Dialogue avec l'ange" de Gitta Mallasz

L'élu est
Celui qui est libre de s'en aller
Mais qui demeure

Qui est libre de se coucher
Mais qui moissonne

Qui pourrait prendre
mais qui donne

Une autre façon de nous aider à nous lever le matin,

Bonne nuit et bon réveil demain matin

Mariej
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: flora71 le 25 janvier 2013 à 10:29:29
chacun vie son deuil du mieux qu'il peux...

il n'y a rien dire, on s'accroche toute differement mais on s'accroche...
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 25 janvier 2013 à 19:32:49
Bonsoir à toutes et tous,

Merci pour vos messages.

J'ai visionné cette nuit l'émission de Sophie DAVANT sur le suicide. Je crois que chacun(e) de nous peut se retrouver dans les témoignages. Pour ceux et celles que cela peut aider, la psychologue décrit parfaitement ce que j'ai vécu avec mon mari, ce chemin de suicide qui s'installe et devant lequel on est impuissant.

Pour vous dire : mon mari a eu un accident de voiture en mai dernier, il m'a dit : "j'ai eu la peur de ma vie j'ai cru que ma dernière heure était venue" et un mois plus tard il se suicide.....Ne cherchez pas les réponses, il n'y en a pas....

C'est vrai que les premiers temps je m'interdisais d'acheter : des vêtements aux soldes de juillet par exemple (je pensais que je n'avais pas le droit, je ne sais pas pourquoi je pensais cela). Mon aîné m'a dit fermement : Ah non maman, tu vas penser à toi maintenant, pourquoi tu ne pourrais pas t'acheter des vêtements ? et il avait raison. Donc maintenant je me fais plaisir raisonnablement dans les limites de mon budget mais je me fais plaisir.

Vous parlez du rire Orchis, ne vous choquez pas, mais je ris tous les jours et de bon coeur mais je suis faite comme cela, je suis ce qu'on appelle une nature joyeuse, un bout en train, un rien peut me faire rire.......j'ai cette légèreté et je crois que cela m'aide énormément dans ce chemin.

Sinon, dans le genre petite phrase que l'on peut entendre : une "connaissance" m'a dit cette semaine : çà va ? le quotidien t'arrive à gérer ? j'ai répondu que oui. Je suis persuadée que cette personne ne savait pas quoi dire et que maladroitement elle a dit cela.

Sinon, si on veut réellement répondre à la question : le quotidien je le gère depuis que la maladie a fait son oeuvre, donc oui j'arrive à gérer mais le deuil ce n'est pas seulement gérer le quotidien, c'est surtout gérer l'absence. Je n'ai pas eu l'audace de répondre car cette personne aurait sans doute était très mal à l'aise...

Voilà le ET MAINTENANT du jour

Douce soirée à vous toutes et tous

BLUVEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: flora71 le 25 janvier 2013 à 19:41:57
ça me fait un bien fou de te lire Bluevelvet et ça me donne espoir pour l'avenir.
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 25 janvier 2013 à 19:54:29
Bonsoir Flora 71

Si mon expérience peut aider, c'est mon seul but.

Flora, je vous adresse toute ma douceur

Douce soirée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: flora71 le 26 janvier 2013 à 13:07:17
quelle est ton programme ce w.e ?

je vais ouvrir un nouveau sujet sur l'evolution de mes journees de mes projet.

Moi aussi "et maintenant"
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 26 janvier 2013 à 13:13:28
Bonjour Bluevelvet,

Encore merci pour tes témoignage et pour ta générosité
cela m'aide beaucoup merci

amicalement
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 01 février 2013 à 08:07:02
Bonjour à toutes et tous,

J'ai connu cette semaine une réplique du tsunami.

Habituellement quand je rentre le soir et que mon cadet est à la maison, le porche est ouvert et je vois de la lumière dans la maison.

Un de ces soirs cette semaine, je rentre : tous les volets sont fermés, pas de lumière, le porche est fermé : jusque là pas de problème, je me dis mon cadet n'est pas là.
J'ouvre le porche et je vois la voiture de mon cadet et là je me suis mise à psychoter (tous les volets étaient aussi fermés quand mon mari s'est suicidé) : une seconde j'ai imaginé le pire puis je me suis "reprise" (en fait il n'avait pas ouvert le porche car le vent souffle chez nous et il surfait sur le net et il avait allumé une petite lampe dans le bureau).

Je m'en suis voulu d'avoir réagit comme cela, c'est d'un ridicule absolu avec le recul, il n'y avait aucune raison pour que je pense au pire. Mais la violence du geste de mon mari est ancrée, ce n'est pas seulement l'image de son corps (qui elle s'estompe), le contexte aussi est gravé.

Je ne veux pas me battre contre ce souvenir, j'ai acté qu'il peut resurgir et je vais essayer de l'apprivoiser pour ne plus imaginer le pire si d'autres situtations se présentent.

Voilà le ET MAINTENANT DU JOUR, je pense très fort à Orchis en particulier.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 01 février 2013 à 09:26:18
Bonjour Bluevelvet,

Oui, cette peur irrationnelle qui nous saisit à certains moments , je connais, je l'ai décrite au début du mois, cette angoisse de perte est bien légitime au regard de notre vécu

vous n'avez pas à vous en vouloir de votre réaction,elle est humaine.
 Quand la mort frappe à notre porte de façon soudaine , brutale et traumatique comme le suicide de nos conjoints, nous sommes choqués et il est nécessaire que cela remonte à la surface que cela s'exprime d'une manière ou d'une autre

je n'ai pas occulté cette angoisse , je l'accepte, j'essaie de comprendre son origine, je l'apprivoise (respiration)
Amicalement et courage
Orchis
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: flora71 le 01 février 2013 à 10:47:12
oui j'imagine tres bien ta peur...

cette derniere journee au pres de nos hommes sont indelebiles, on se souviens de chaques minutes, chaque paroles, et me concernant ça passe en boucle surtout me concernant c'est le mardi !!!

courage, on s'accroche du mieux que l'on peut ...
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 04 février 2013 à 20:12:12
Bonsoir à toutes et tous,

Hier j'ai reçu la soeur de mon mari, elle pleure encore beaucoup, ne peut pas regarder une photo de son frère sans pleurer, est toujours dans le questionnement, le pourquoi. Nous sommes dans un réel décalage elle et moi sur ce chemin de deuil.

Elle cherche des réponses que je n'ai pas et n'aurai jamais. Je lui ai prêté le livre de Christophe FAURE "après le suicide d'un proche" si cela peut l'aider.

Je lui ai dit que son frère voulait mettre un terme à sa vie depuis longtemps déjà, elle a été suprise, elle me dit qu'il ne laissait jamais rien paraître. Oui, il ne laissait pas paraître.

Elle dit qu'ils avaient encore tant de choses à vivre ensemble mais elle n'a pas "conscience" que son frère vivait une non vie. Tout comme une personne qui m'a dit la semaine dernière que se suicider était un acte lache, égoïste, c'est son point de vue, je le respecte même si je ne le partage pas.

Nous avons passé une bonne journée avec ma belle-soeur, elle s'inquiète de savoir comment je vais, j'ai presque honte à lui dire que je vais bien quand je vois dans quelle souffrance elle est encore.

Voilà le chemin à ce jour.

Douce soirée

BLUEVELVET




Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 04 février 2013 à 22:19:59
Bonsoir Bluevelvet

C'est dur pour tout le monde et effectivement chacun le vit différemment mais les compagnes des hommes "partis" ressentent beaucoup les choses d'une manière semblables.... nous avons conscience que nos amous ne "vivaient" pas , que leur souffrance était bien plus profonde de ce que nous pourrions imaginer , qu'ils ont toujours fait en sorte de ne rien laisser paraître aux autres , nous seules ont pu ( et pas toutes) ont pu voir certains signes tout en étant tellement démunies, tout en ayant tenté tellement de choses pour les aider ...
Moi , la soeur de mo compagnon , n'aviat pas vu sa grande souffrance mais elle est consciente qu'aujourd'hui même si elle a un énorme chagrin , il est libéré de tout çà et que là où il est , il ne souffre plus ... pour ses parents c'est beaucoup plus dur , ce n'est pas dans la logique des choses et puis ils ont 81 ans .... et pour me réconforter elle ne cesse de me dire que les quelques années que j'ai partagées avec lui cela a été du bonheur pour lui , une passion  fusionnelle et que il a eu du bonheur en "condensé" mais il en a eu un peu , beaucoup de personnes n'ont même pas la chance de connaitre une relation d'amour si inetense mais pour moi cela reste encore " à qule prix ," , car il me manque tellement ....
Bonne nuit,
Amicalement
Cassiopée
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 07 février 2013 à 06:05:30
Bonjour à toutes et tous,

J'ai rêvé de mon mari cette nuit, tout était comme avant, il rentrait du travail et je l'attendais.

Cela m'a réveillé et pendant un instant j'ai écouté les bruits dans la maison, persuadée au plus profond de moi même qu'il était là.

Après un moment, ne reconnaissant aucun de ses bruits familiers, je me suis dit mais non il n'est pas là, après je me suis souvenue qu'il était mort et après je me suis rendormie.

Voilà mon subconscient me joue des tours.....il m'a bien eue cette nuit.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 10 février 2013 à 10:40:14
Bonjour à toutes et tous,

Je lis tellement de souffrance sur vos différents fils, souffrance que je respecte infiniment. Si cela peut aider, voici mon état d'esprit après le tsunami qui s'est abattu sur notre petite famille.

Depuis le suicide de mon mari (et bien avant aussi) j'ai décidé d'AVANCER dans la vie même si parfois le chemin est semé de grosses embûches. J'ai toujours relevé mes manches et pris la vie à bras le corps.

Chaque jour qui se lève est le premier jour du reste de ma vie dans un perspective positive. C'est une page blanche qui s'ouvre à moi chaque jour. La peine est là mais les petits bonheurs du quotidien auxquels je laisse une très grande place atténuent mon chagrin.

J'ai dans ma tête et dans mon corps mon vécu mais j'ai décidé que ce vécu ne me ferait pas sombrer, il est une force pour moi, il ne m'empêchera pas de vivre l'instant et d'en profiter.

Je suis passée au cimetière hier, il m'attendait. J'ai décidé que je n'en ferai pas une habitude, je passerais au cimetière au grè de mes envies. De toutes façons je parle régulièrement à mon mari, de tout et de rien, du quotidien, des projets, je lui dit qu'il doit être fier de ses enfants.

Nous sommes dimanche, je suis seule, je suis bien, j'apprécie le calme après une semaine de travail, j'ai mis de la musique douce, j'ai allumé une cheminée, je me suis fait une bulle de douceur, de calme, d'apaisement, mes deux chiens sont couchés à mes pieds. Je ferai certainement des gaufres après-midi. Ce n'est pas triste, c'est doux. Je vais sans doute lire un peu : la liste de mes envies (cadeau d'une amie).

Voilà si cela peut vous aider, il appartient à nous et à nous seul(e)s de décider d'être heureux avec des petits bonheurs qui sont un excellent cicatrisant.

Doux dimanche

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 16 février 2013 à 08:03:09
Bonjour à toutes et tous,

Hier, le soleil a été généreux de ses rayons chez nous.

Nous avons fait une ballade en moto avec mon cadet. Doux moment de complicité, d'abandon et de totale confiance. Il conduit, je suis la passagère. Nous avons pris un café dans un petit troquet au milieu de la ballade.

Rien n'était prévu, cela est parti d'une simple phrase : qu'il fait doux aujourd'hui, mon cadet qui est féru de moto m'a dit, çà te dirait une petit tour en moto. J'ai dit oui et voilà on s'est mis en route.

Voilà ce qui a "noirci" la belle page blanche d'hier.

Aujourd'hui nouvelle page blanche, un peu "noircie" par de la paperasse et de l'intendance ménagère mais, comme chaque jour, il reste des blancs pour le CARPE DIEM.

Orchis, plus de nouvelles... Avez-vous repris votre travail ce mercredi ?

Cassiopée je vous lis sur votre fil, je vous adresse mes douces pensées.

Flora71, quand la vie me le permet, je n'ai pas de programme établi pour mes journées, je n'ai pas ce besoin d'étayage dont vous parlez toutes. Je fais les choses qui doivent être faites mais je n'appréhende pas d'être seule (j'en ai besoin par moment) et surtout je profite des petits bonheurs du quotidien.

Douce journée à vous toutes et tous.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 17 février 2013 à 22:43:42
Bluevelvet,

Juste un petit coucou, et une pensée pour toi , tu es bien courageuse... moi j'ai beaucoup de mal avec la solitude présente désormais ....
Bonne soirée
Amicalement,
Cassiopée
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: flora71 le 19 février 2013 à 13:16:13
Coucou,

mes 2 prochains w.e sont complet mais j'envisage justement de rester seule le w.e suivant.

Il faut que j'affronte la solitude !!!

Courage a toutes
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 22 février 2013 à 19:45:31
Bonsoir à toutes et tous,

Chacun d'entre nous réagit différemment face à la solitude mais c'est vrai qu'il faut apprendre à apprivoiser cette amie qui nous accompagne sur notre route....

Une nouvelle réplique du tsunami a frappé notre petit noyau familial cette semaine.

Mon cadet a hurlé sa douleur un soir, il a évacué son chagrin, il a dit des choses très dures (je peux les entendre, ce n'est pas un problème) j'ai écouté sa douleur, inconsolable il réclamait son papa, j'étais très triste, il a fini par s'endormir usé par le chagrin.

Le lendemain je suis rentrée, il s'est excusé. Je l'ai pris dans mes bras de maman (même si c'est un adulte et que je suis plus petite que lui), je lui ai dit que je l'aimais de toutes mes forces, que je savais que c'était très dur pour lui, qu'il n'avait pas à s'excuser (si on ne peut pas tout dire à sa mère, à qui peut-on le dire dites-moi ?) et il m'a dit qu'il m'aimait aussi très fort. Il était apaisé et moi aussi.

Voilà ce jour là ma page s'est noircie de bons moments mais aussi d'un paragraphe très noir.

C'est çà aussi la VIE...APRES...

Douce soirée à vous toutes et tous, je vous adresse toute ma douceur.

BLUEVELVET


Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 02 mars 2013 à 08:50:37
Bonjour à toutes et tous,

C'est étrange en ce moment, plusieurs fois il a fallu que je me dise que mon mari était mort, j'avais le sentiment que ce n'était pas vrai, qu'il allait revenir. Mon cadet dit que cela lui arrive aussi. Ce n'est pas triste, c'est juste que pendant un instant on ne sait plus...

D'autres pages se sont écrites depuis mon dernier message, la vie est bien là et elle est belle quand on veut bien l'accueillir même avec nos blessures. Il appartient à nous seul(e)s quand nous sommes prêt(e)s d'en décider.

Si cela peut aider certain(e)s à avancer, prenez soin de vous (se maquiller, se regarder dans la glace et se trouver joli(e), aller chez le coiffeur), faites vous douceur (ambiance chaleureuse à la maison, fou rire avec les enfants, baguette chaude avec barres de chocolat le matin, un bon resto, réunion entre amies, cinéma, un bon livre au coin de la cheminée...), félicitez vous quand vous avez fait quelquechose.

Il y a quelques temps, il me fallait une énergie phénoménale pour vider un lave-vaisselle, cela pouvait durer deux jours avant que je m'y mette. J'ai pris le parti de me dire : Bravo, tu l'as fait et je fais de même pour plein de petites choses du quotidien, nettoyage, lessive, paperasse que je n'ai pas envie de traiter, etc....c'est une façon très simpliste d'aborder les choses, j'en ai bien conscience mais cela m'aide à avancer et petit à petit l'énergie revient et les choses se font plus facilement...

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: chrisam le 02 mars 2013 à 09:46:29
Bluevelvet,
Merci pour ce message d'espoir.

Pourquoi ne pas l'insérer aussi dans la rubrique "Après la grande souffrance, la reconstruction" ?
Je me doute que ce n'est pas facile tous les jours, mais avec le temps, seul élément qui peut nous aider à apaiser nos souffrances, à nous aider à franchir ces étapes, à mettre notre bien aimé(e) dans notre for intérieur, ...
J'écris cela mais en même temps, une vague de tristesse m'envahit, les larmes arrivent,  je n'en suis "qu'à" 20 semaines et encore loin de tout cela.

Léo Ferré chantait "Avec le temps, va, tout s'en va"
NON, pas d'accord, ça ne s'en va pas, on n'oublie pas, notre amour fait partie de nous pour toujours.
Quand on a aimé très fort, impossible d'oublier.
Je pense que c'est le cas pour toutes les personnes présentes sur ce site, sinon, elle n'y viendraient pas.
Certaines parviendront à franchir les différentes étapes du deuil, plus vite que d'autres

Le chemin est long et on restera toujours amoureux des personnes qui nous ont quitté violemment sans qu'on ai eu le temps de les "désaimer", aucune raison de leur en vouloir, aucune raison de leur trouver des défauts nouveaux et de haïr leurs faits et gestes... (comme dans un divorce) rien à voir...
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 02 mars 2013 à 09:48:09
Merci Bluevelvet pour tous ces petits conseils pour "redorer" notre SOI .... qui est bien terne... même si le soleil revient côté météo, les rayons ont du mal à nous réchauffer le coeur ... Mais quand je lis toutes tes petites "pistes" pour s'accrocher , je retrouve des choses simples mais qui font "le sel de la vie" ....
Bon wwek end à toi, bon courage à toutes pour mettre en oeuvre certaines de tes idées.. et beaucoup de douceur , celle qui nous fait tant défaut ...
Amicalement
Cassiopée
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 02 mars 2013 à 09:53:52
Chrisam,

Oui d'accord à 300% pour tes mots:

"on n'oublie pas, notre amour fait partie de nous pour toujours.
Quand on a aimé très fort, impossible d'oublier
Le chemin est long et on restera toujours amoureux des personnes qui nous ont quitté violemment sans qu'on ai eu le temps de les "désaimer", aucune raison de leur en vouloir, aucune raison de leur trouver des défauts nouveaux et de haïr leurs faits et gestes... (comme dans un divorce) rien à voir..."
Bon courage à nous tous , il nous en faut tellement ....
Bonne journée avec beaucoup de douceur,
Cassiopée
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 02 mars 2013 à 12:40:37
Re-bonjour à toutes et tous,

Nous sommes toutes et tous ici sur ce site pour avancer sur ce chemin de deuil mais aussi de VIE et aussi pour donner espoir et courage à d'autres dans le respect de toutes et tous, peu importe le temps nécessaire.

Le père de nos enfants, mon mari, a laissé une trace en chacun des membres de notre petite famille, avec les bons et les moins bons
souvenirs.

Cette trace appartient au plus intime de chacun d'entre nous. Il nous appartient d'en prendre soin, de lui faire douceur et en ce qui me concerne cela passe par le pardon, l'amour, la tolérance, la prière, le respect de l'être qu'il a été et la certitude qu'il soit enfin apaisé.

Douce journée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 24 mars 2013 à 09:29:55
Bonjour à toutes et tous,

Ce week end est vraiment étrange, je revis le week end de sa mort. Je ne sais pas pourquoi. Ce n'est pas triste, c'est un peu comme un passage obligé, user une fois de plus l'histoire et en même temps je sens une énergie me revenir.

J'ai réfléchi et me suis dit cela fait neuf mois qu'il est parti, il faut le même nombre de mois pour mettre un enfant au monde, sans doute est-ce un clin d'oeil de la vie ?

Je laisse faire les choses, le passé se rappelle à mon bon souvenir : c'est son droit je l'acte bien mais je suis résolument tournée vers l'avenir.

Je vous lis régulièrement toutes et tous et aimerait tellement vous apporter un peu de douceur, de miel dans ce difficile chemin.

Doux dimanche à toutes et tous.

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: chrisam le 24 mars 2013 à 10:20:25
Merci Bluevelvet
Merci de nous tenir informé de ton évolution, lente mais dans le bon sens.
Ton témoignage nous apporte de la douceur dans le difficile chemin du deuil, surtout celui après un suicide.
Mais il n'y a pas d'échelle de valeur dans le deuil.

Mon épouse ne s'est pas suicidée. Elle est décédée ce 12 octobre des suites d'un cancer d'un an.
30 ans de bonheur ne s'oublient pas ainsi.
J'ai pensé la rejoindre.Je résiste mais c'est dur.
En lisant vos témoignages, je résiste un peu mieux, je lis la douleur, la culpabilité, la colère de ceux qui restent. J'ai 2 enfants, déjà adultes (28 et 25 ans), nous sommes une famille soudée, je ne peux pas leur infliger cette peine

Tous les jours, et plusieurs fois par jour, je pleure, des crises de chagrin,
Je ne fais rien de mes journées (je ne travaille plus), je suis anesthésié, pratiquement pas de TV, pas de radio (même dans la voiture), pas de hobby ni de distraction, je ne vais même pas promener le chien. RIEN
En plus du chagrin, je m'en veux que je ne fais rien pour bouger, le cercle vicieux est en route.
Je vais chez un psy, l'effet dure 1 à 2 heures, puis je retombe
Je le répète, je résiste mais c'est dur. Ce qui me tient, je dois terminer certaines affaires afin que tout soit en ordre, mais après ...
Christian
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 24 mars 2013 à 10:54:42
Chrisam,

Mes enfants ont l'âge des vôtes, j'en ai encore fait l'expérience ce matin, ils ont encore et toujours besoin de nous qui restons. La personne avec qui vit mon aîné à l'autre bout de la France a été hospitalisée à l'aube en urgence (rien de grave somme toute) et c'est bien maman (ou papa dans votre cas) qu'on appelle en premier lieu, pour dire son stress, ses angoisses, ses peurs et pour entendre une voix qui rassure, qui dit çà va aller : même loin je suis là.

Sil vous faut pleurer, faites le, l'usure doit se faire, elle est indispensable.

A me lire vous direz que c'est facile à dire (et c'est sans jugement de ma part croyez moi) mais il nous faut nous "bouger" sinon, comme vous le dites, le cercle vicieux s'installe et je pense qu'il crée une difficulté supplémentaire : celle d'en sortir.

Mon caractère et mon vécu font que j'ai repris le travail après les funérailles, au début cela "me cadrait" : se lever, se laver, se maquiller, se faire au début "présentable" et maintenant "jolie" et y aller. Je ne dis pas que cela a toujours été facile mais mon caractère est ainsi. Maintenant, d'autres habitudes sont prises, la vie continue son cours et je l'accueille tous les jours parce qu'il nous faut avancer, petits pas après petits pas sur ce chemin.

Mise à part cette énergie qui m'a fait défaut et qui revient aussi petits pas par petits pas, le plus difficile pour moi a été de m'autoriser des choses, m'autoriser à me faire plaisir, mon aîné m'a assez rapidement ouvert les yeux à ce sujet et je l'en remercie encore aujourd'hui.

Pourquoi ne pas commencer par promener le chien? J'en ai deux et je sais que la promenade peut être un moment agréable, nos compagnons sont contents et cela nous fait du bien également, pourquoi cette promenade ne serait-elle pas le premier petit pas ? Vous auriez la satisfaction d'avoir fait quelque chose et votre compagnon vous le rendra bien.

Ouvrons nos yeux de vivants avec douceur, c'est primordial.

Doux dimanche à vous

BLUEVELVET

Titre: Re : Re : ET MAINTENANT
Posté par: chrisam le 24 mars 2013 à 12:58:42

Sil vous faut pleurer, faites le, l'usure doit se faire, elle est indispensable.


Je ne manque pas de pleurer. Comme le psy Chr Fauré l'écrit : pleurer pour user la peine
Le temps use la peine, mais je crois que la peine rallonge le temps


A me lire vous direz que c'est facile à dire (et c'est sans jugement de ma part croyez moi) mais il nous faut nous "bouger" sinon, comme vous le dites, le cercle vicieux s'installe et je pense qu'il crée une difficulté supplémentaire : celle d'en sortir.


J'essaie mais je n'y parviens pas, mais je suis décidé à faire cet effort


Mon caractère et mon vécu font que j'ai repris le travail après les funérailles, au début cela "me cadrait" : se lever, se laver, se maquiller, se faire au début "présentable" et maintenant "jolie" et y aller. Je ne dis pas que cela a toujours été facile mais mon caractère est ainsi. Maintenant, d'autres habitudes sont prises, la vie continue son cours et je l'accueille tous les jours parce qu'il nous faut avancer, petits pas après petits pas sur ce chemin.


Tu devrais insérer ton message dans la rubrique : "Après la grande souffrance, la reconstruction


Mise à part cette énergie qui m'a fait défaut et qui revient aussi petits pas par petits pas, le plus difficile pour moi a été de m'autoriser des choses, m'autoriser à me faire plaisir, mon aîné m'a assez rapidement ouvert les yeux à ce sujet et je l'en remercie encore aujourd'hui.


Je crois que cette difficulté à s'autoriser des petits plaisirs fait défaut à beaucoup de personnes.
Nous avions travaillé ensemble pendant 30 ans, ensemble, dans notre commerce.
Nous arrêtons nos activités et 1 mois après, la SENTENCE : CANCER et 1 an après : MORTE, pas eu le temps de profiter de quoi que ce soit, et moi JE POURRAIS EN PROFITER : NON , je ne m'en sens pas capable pour le moment.
Hier, je le disais encore à notre fille : Maman qui a tellement travaillé et qu'elle n'a pas su en profiter.

Nous avions beaucoup travaillé, bien sûr pour gagner notre vie, mais parce que nous étions dans l'engrenage d'un peit commerce de détail : MARCHE ou CREVE, beaucoup de travail et peu de temps pour soi.

Et quand nous aurions pu en profiter : FINI
Mais chacun à ses regrets, et comme toujours, les regrets, c'est après et trop tard.

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 26 mars 2013 à 06:15:07
Bonjour à toutes et tous,

Après un week end étrange, la mort se rappelle à mon bon souvenir. Une personne que je connaissais bien est décédée ce week end après un an de lutte contre la maladie. Elle est encore jeune et laisse un mari et des enfants.

Que dire, si ce n'est que la vie c'est tout et ce n'est rien quand l'heure arrive. En l'espace d'un instant tout bascule, le souffle nous quitte. Pourtant je le sais bien au plus profond de mon être et depuis bien longtemps mais les morts qui me touchent sont un peu une dose de rappel qui vient me confirmer que la vie est sacrée et qu'il nous faut prendre soin de nous et la vivre à plein temps.

Je vis cette mort "autrement" : c'est la première qui me touche depuis le décès de mon mari, j'ai de la peine et j'ai aussi un petit aperçu de ce qui attend cette petite famille après les funérailles.

Chrisam, bravo si vous êtes décidé à faire l'effort de vous "bouger". Cela est déjà un "grand" premier petit pas.

Hier un de mes amis, veuf aussi, m'a montré les photos de sa première petite-fille. Il était bien content mon nouveau papy, fier de me montrer en particulier sa photo avec la petite-fille dans ses bras. Je l'ai embrassé, félicité, nous avons ri ensemble : c'est cela aussi la vie.

Ce week end, j'ai commencé le livre intitulé Le Secret du bonheur de Julie PRIN, les premières pages m'ont beaucoup plû.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 28 mars 2013 à 06:19:53
Bonjour à toutes et tous,

Je suis allée aux obsèques. J'ai vécu cette cérémonie en pensant à la famille, à ce qui les attendait. Je les ai vu arriver encore anesthésiés et j'avais mal pour eux sachant le chemin qui les attend. Quand j'ai vu ce père arriver avec ses enfants, je me suis revue arriver au crématorium avec les miens. Le même pas volontaire un peu comme un soldat qui part au combat et quel combat !

J'ai entendu toutes ces phrases que l'on dit, ces paroles à l'église qui font mal et pourtant je suis croyante mais quoi que l'on dise il est très difficile de se tourner vers Dieu dans ces moments, moi même je n'ai pas su prier lors du décès de mon mari, Dieu était bien loin pour moi à ce moment là. La prière est revenue, après, elle est c'est vrai un réconfort pour qui y croît mais un certain temps plus tard.

Cela pour dire que je n'en veux pas/plus à ceux qui sont maladroits quand ils veulent se manifester auprès de nous. Ceux-là ne savent pas et c'est mieux ainsi. Moi même dans le passé j'ai fait les mêmes maladresses par ignorance j'en suis bien consciente aujourd'hui.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 30 mars 2013 à 10:11:50
Bonjour à toutes et tous,

Si cela peut aider certain(e)s d'entre vous, j'ai vu cette nuit l'émission de Sophie DAVANT : Toute une histoire sur le thème "mourir d'amour", des dames ont témoigné et la psychologue a donné un éclaircissement sur l'acte de suicide.

Après une difficile journée jeudi après les obsèques, les choses se remettent en place. Mon cadet est allé voir papa au cimetière au même moment où l'on enterrait une personne, il m'a dit que cela avait aussi remué des choses chez lui.

Voilà notre chemin petits pas après petits pas, accepter de revenir en arrière, laissez les émotions nous surprendre,  pour mieux avancer vers l'avenir

Douce journée à vous toutes et tous.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Mammj le 30 mars 2013 à 17:14:32
Bonjour BLUEVELVET, à Toutes et Tous,

Je vais essayer d'écouter cette émission de Sophie DAVANT...
Même si pour vous  tant bien que mal mais sûrement  la vie reprend ses droits,  vous avez à coeur de venir nous communiquer votre
manière de vous retrouver, de  retrouver  votre équilibre pour vous et pour vos fils, très sincèrement  merci.

Moi j'interviens peu après 20 mois et plus,  je suis dans un tel chagrin que la plupart du temps je préfère ne pas manifester
mes émotions toujours à vif afin de  ne pas décourager celles et ceux qui arrivent à leur tour sous le choc,  bien que je vous lise régulièrement avec empathie.

A la lecture d'autres parents, récemment le papadeMarion, je me dis que je ne suis pas la seule à ressentir la douleur que je connais
qui m'arrache quotidiennement depuis la souffrance et la perte de ma seule enfant...

Mes meilleures pensées BLUEVELVET et...
douceur et paix à Toutes et Tous.
Mammj
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 02 avril 2013 à 13:42:46
Bonjour à toutes et tous,

Mammj je comprends votre chagrin, je suis très souvent sans mot pour vous dire toute mon empathie.

Je suis en congés cette semaine, moi qui croyais mettre de l'ordre dans la maison et bien non, hier je me suis retrouvée devant ma table à repasser, incapable physiquement de rester debout.

Mon esprit va bien mais mon corps vit ce deuil au plus intime de lui même, je laisse donc mon corps me guider car il ne sert à rien que je me batte avec lui.

Après-midi je vais profiter des rayons de soleil qui nous sont offerts ce jour : réchauffer mon corps et remettre de l'énergie dans ce corps avec l'aide des beaux jours.

Douce après-midi.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 09 avril 2013 à 06:24:51
Bonjour à toutes et tous,

Ce week end nous avons profité des rayons du soleil : premier barbecue de la saison autour d'une quinzaine de jeunes adultes.

J'ai passé un doux moment d'échange avec ces personnes qui entrent dans la vie.

J'ai aussi réchauffé mon corps aux doux rayons du soleil, j'ai besoin de faire comme les lézards, sentir mon corps se réchauffer, c'est sans doute pour contrebalancer le froid de l'absence durant cet hiver qui joue les prolongations.

Voilà, la vie est belle, c'est parfois tout simple, il faut en profiter quand les occasions se présentent. Faire ce pas, admettre sans forcément l'accepter que la vie continue même si elle ou lui n'est plus physiquement présent. Mon cadet m'a pris dans ses bras et a dit devant ses ami(e)s, c'est ma mère, elle est là : quel plus beau cadeau que celui-là !

Cela pour vous dire que de belles choses nous attendent même si nous sommes sur ce laborieux chemin.

Douce journée à toute et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: flora71 le 09 avril 2013 à 09:27:16
J'aime beaucoup te lire Bluevelvet, lire ton evolution ton rssenti ;)
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 10 avril 2013 à 06:24:14
Bonjour à toutes et tous,

Flora1, ce forum m'a beaucoup aidé, écrire est pour moi une sorte de libération et, même si nous sommes toutes et tous ici soeurs et frères de douleur, de savoir que l'on n'est pas seule est "réconfortant".

Aussi aujourd'hui, si je ne peux souvent trouver les mots pour réconforter ceux et celles qui sont dans la peine, je peux leur montrer que malgré la douleur, les embuches du chemin, de belles choses peuvent se présenter dans notre vie.

Ces petites flammes de bonheur que nos êtres aimés ne voyaient plus...

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: pouche le 10 avril 2013 à 21:03:17
Bonsoir à tous,

Hier,mon fils aîné a eu 20 ans,nous sommes allés dans un très bon resto avec mes 2 autres enfants (16 et 6 ans) et nous avons passé une très bonne soirée. Cela fait plusieurs semaines que je me motive pour être la plus gaie possible ce jour là, je veux que ce soit le point de départ de notre "renaissance" à tous les 4,je veux qu'à partir de maintenant nous construisions notre vie d'après,pas sans lui non mais avec lui autrement. j'ai pris du plaisir à nous voir tous les 4 autour de cette table, à me sentir les porter et leur montrer la voie vers un avenir avec ce grand malheur,ce traumatisme mais aussi avec tout ce que mon mari nous a apporté,tout l'amour qu'il avait pour nous et toute la force qu'il nous envoie à présent.
Voilà,nous avons partagé un moment de bonheur,de communion,nous avions tous mon mari dans la tête et le coeur mais nous avions tous aussi cette envie de nous resserrer pour passer ce cap ensemble.C'était le plus beau cadeau que nous puissions lui faire je pense.
Et pour toutes celles et ceux qui pensent qu'ils ne pourront plus jamais approcher le bonheur je suis là pour dire je vous jure que cela reviendra autrement,lentement,progressivement mais avec de la volonté,du temps et beaucoup d'amour pour nos enfants,nos proches ,nos amis on y parvient et sans oublier nos chers disparus bien au contraire en leur faisant partager ces moments.
Bonsoir à tous.

Pouche

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 13 avril 2013 à 19:39:43
Bonsoir toutes et tous,

Pouche : Oh oui, le bonheur est là, à nous selon notre énergie et notre degré d'apaisement, de l'appréhender, chacun(e) selon nos possiblités et notre rythme.

Ce jour, j'étais en voiture, Mike Brant chantait à la radio "laisse-moi t'aimer" et j'ai eu cette certitude, ce ressenti profond que mon mari était dans la voiture, c'était réel, à fleur de peau. Il y avait une tendre et intense complicité. C'était très doux.

Cela me renforce dans l'idée que nos disparus sont auprès de nous, ils nous entourent, nous protègent. Ils nous aiment à leur manière maintenant.

Voilà ma petite expérience de ce jour.

Douce nuit à vous toutes et tous.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 19 avril 2013 à 20:49:37
Bonsoir à toutes et tous,

J'ai reçu à la maison récemment une amie qui a vécu avec mon mari avant notre mariage, nous sommes amies depuis plus de 30 ans. Elle me disait que déjà quand elle vivait avec lui il disait qu'il voulait se suicider. Elle est d'accord avec moi pour dire que les raisons de son mal se trouvent dans son enfance. Nous avons passé une très bonne soirée toutes les deux à parler de lui sans "salir" sa mémoire.

Je suis actuellement en bilan de santé, à la demande de mon cadet, pour ce que j'appelle des baisses de tension. J'ai beau expliqué à mon médecin traitant que je vis ce deuil dans mon corps, lui expliquant que ma tête va bien mais mon corps est HS, épuisé. Il n'entend pas, me fait faire prise de sang, électro-cardiogramme, scanner etc.......Tout est normal, ce qui ne m'étonne nullement.

Je lui ait dit que cela ne servait à rien, tout comme je sais, me connaissant, qu'aller voir un psychologue ne servira à rien, il faut juste que ce deuil se fasse par la phase physique puisque le mental a "intégré" son acte.

Cette semaine j'ai eu une conversation avec une personne qui a perdu sa mère, elle me dit : je conduisais mes enfants à l'école, je me recouchais en pleurs ensuite jusqu'à l'heure de la sortie de classe. Ce n'est pas mon cas, je ne pleure pas, je crois que c'est pour cela que mon corps réagit ainsi. Nous sommes tombées d'accord pour dire que nous ne savons pas qu'elle est la meilleure situation.

D'autres disent que c'est le contre-coup des évènements, le cardiologue me dit (pour se rassurer sans doute) Madame vous vous posez beaucoup de questions après la mort de votre mari, c'est normal. Tout cela sans me laisser parler et ne me connaissant pas.

Voilà le ET MAINTENANT du jour, il n'est pas triste, c'est juste un constat. Je prends soin de moi et j'aimerais tout simplement que cette fatigue quitte mon corps....

Douce soirée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 20 avril 2013 à 00:58:33
Bonsoir Bluevelvet,

Moi aussi je suis physiquement épuisée car cela fait 7 mois que je ne dors pas comme je dormais , il me manque beaucoup d'heures de sommeil , je n'arrive pas à aller au lit avant 1h voire 2h du matin .... le matin très dur de se lever et quand je me lève : cernes et même pas un bon sommeil le peu de temps que je dors ...
Psychologiquement, 7 mois que je vois ma psy quasi toutes les semaines , depuis 15j un traitement antidépresseurs pour freiner les crises de larmes qui étaient de plus en plus nombreuses et m'épuisaient .... et une séance de EMDR prévue début mai pour franchir un cap j'espère ...
Moi aussi j'essaie de prendre soin de moi , ce soir coiffeur , il y a 15j peeling ( c'était la première fois...) mais je suis comme toi .... à minima , j'aimerai que cette fatigue quitte mon corps pour m'aider à guérir ma "tête"...
Douce nuit,
Amitiés
Cassiopée
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 21 avril 2013 à 13:56:01
Bonjour à toutes et tous,

J'ai décidé de me soigner selon mes maux puisque le corps médical est sourd à mon discours. J'ai acheté de la vitamine D puisque la prise de sang a révélé un déficit (comme chez 80 % de la population environ) du magnésium et de l'huile essentielle de Tea Tree pour combattre cette fatigue que je ne supporte plus.

C'est étrange, moi qui ne me mets quasi jamais en colère (mon aîné m'a vu une fois en colère dans sa vie), je me suis mise dans une grosse colère, avec raison, en fin de semaine au travail, tout le monde était supris de me voir en colère.

Je n'aime pas la colère mais quand je prend du recul par rapport à cet épisode de colère, je me dis qu'il y avait autre chose qui devait sortir (et qui apparemment est sorti) dans cette colère. Peut-être est-ce cette colère que je m'interdis inconsciemment d'avoir envers mon mari qui est parti. Je me sens différente depuis. J'ai l'impression que cette colère a été salvatrice.

Hier en faisant mes courses, j'ai croisé par deux fois le regard d'un monsieur. Je me suis dit : je peux encore attirer le regard d'un homme. C'était très agréable comme sensation, je me suis laissée prendre au jeu même si je ne suis pas prête pour un autre amour. La relation avec mon mari a induit beaucoup de blessures qu'il me faut cicatriser avant que je puisse à nouveau faire confiance à un homme.

Aujourd'hui j'ai fait du tri par le vide, mon cadet m'a dit, t'es motivée là maman eh bien oui, marre de cette fatigue qui me ronge physiquement et moralement. J'ai décidé de prendre les choses en mains et je suis contente d'avoir fait ce travail aujourd'hui.

Après-midi il fait beau, le soleil nous offre ses rayons, je vais en profiter.

Voilà le ET MAINTENANT DU JOUR

Doux dimanche à vous toutes et tous

BLUVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: marie-o le 22 avril 2013 à 08:09:58
Bonjour Bluevelvet

je te lis toujours avec attention

eh oui,l'expression de notre deuil se fait aussi par le corps
les tensions psychiques inconscientes s'expriment ainsi
combien de matins où je me suis réveillée avec le sentiment d'avoir été rouée de coups, des douleurs dans tous les membres
des nuits où je ne pouvais dormir car je ne savais comment me poser, douleurs si différentes des douleurs articulaires , que je connais bien
et ce coeur serré oppressé, et ce ventre qui se noue et les machoires qui se crispent
et cette fatigue qui me clouait au lit

le deuil se manifeste aussi sur le plan physique et nous épuise physiquement et psychiquement

je prends conscience depuis quelque temps entre le travail d'écrire, de mettre des mots , un autre travail se fait en catamini au plus profond de moi

je le perçois , car j'ai appris à mettre des mots, du sens sur ce que je ressens, sur mes émotions, j'arrive à mieux les exprimer, à les déméler, car elles prenaient l'expression d'une autre émotion, comme l'angoisse se manifestant sous forme de colère.

les douleurs prennent le large depuis mars, j'ai pris soin de mon corps avec la fascia le feldenkrais, des soins du corps
je suis toujours fatigable , mais je sais mieux prendre soin de moi, mon sommeil est plus réparateur

Je suis en vacances cette semaine, j'ai décidé de prendre soin de moi
repas équilibré, (j'ai pris 8 kilos ) marche ou vélo ou piscine, jardin, rencontres amicales et mettre de l'ordre dans ma maison,et mes papiers et aussi le tri par le vide.
je suis dans une période d'accalmie, et j'ai bien l'intention dans profiter où les bonssouvenirs émergent, l'image de mon mari se fait plus présente . merci l'EMDR!

tout au fond de moi je pressens ...
mais un jour à la fois

Bonne journée
amicalement
Orchis

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 23 avril 2013 à 06:40:13
Bonjour à toutes et tous,

Moi aussi Orchis je lis votre cheminement sur votre fil, nous le savons nos chemins sont similaires mais différents.

Je n'ai pas ces douleurs physiques que vous écrivez, mais une fatigue intense, elle ne m'a jamais clouée au lit mais je suis très loin d'être la fée du ménage.

Ce matin je suis contente car j'ai fait une lessive cette nuit, je l'ai pendue ce matin, j'ai fait un peu de vaisselle de la préparation du repas d'hier soir. Je me suis félicitée de voir mon évier propre. Je ne parle pas de cette montagne de repassage qui m'attend ni de toutes les pièces de la maison qui n'ont pas de connu de nettoyage "à fond" depuis son départ.

Je pense sincèrement que ma colère de vendredi, cette rage qui est sortie, elle était contre lui et je ne me permettais pas, inconsciemment, de la sortir. Je me sens plus légère depuis cette colère, c'est même physique, une lourdeur est partie.

Dimanche il faisait très beau, je me suis balladée deux heures durant en finissant ma ballade au cimetière où j'ai beaucoup parlé à mon mari, je lui ai dit sans colère que je ne comprenais pas qu'il ait pu faire une chose pareille à ses enfants qu'il chérissait tant et de nouveau je lui ai demandé de veiller sur eux.

Hier j'ai reçu les déclarations d'impôts à remplir, si cela peut vous aider, je suis allée me renseigner aux impôts, on m'a dit que l'année du décès on conservait les parts tout le long de l'année. En ce qui me concerne, je dois donc faire 2 déclarations une ensemble et une autre seule mais toujours compter 2 parts. C'est très matériel je l'admet mais il nous faut aussi aller chercher les informations de ce genre afin de faire valoir nos droits.

Je vous laisse, je pars travailler.

Beaucoup de douceur à vous toutes et tous pour cette journée qui commence, une nouvelle page blanche.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: flora71 le 25 avril 2013 à 21:58:13
Pour moi la colere c'etait hier et j'ai vidé toute mon armoire, j'ai beaucoup pleuré, vs vs en doutez bien mais bon......

je comprends pas qu'il m'est abandonner, j'ai 2 enfants a mes côtes dont un qui est handicapé.

Le quotidien deviens terrible avec tellement de fatigue !!

je me leve a 6h30 le matin et je me pose pas avant 22h le temps de netoyer la maison ...

j'aime beaucoup te lire Bluevelvet ;)
ça me fait du bien au moral....merci
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 26 avril 2013 à 08:36:04
Bonjour à toutes et tous,

Flora71, merci, je suis contente d'aider modestement sur ce forum, j'ai peur de "choquer" parfois dans mes propos. Mon quotidien n'est pas aussi terrible que le vôtre. A lire d'autres personnes dans ce chemin de deuil, je suis parfaitement consciente que je suis une "privilégiée", je fais ce chemin de deuil à mon rythme, à ma manière mais je n'ai que ce souci là, pas de problème d'argent, pas de problème de travail, uniquement cette fatigue mais qui finira par partir un jour.

Mon aîné est à la maison pour quelques jours.

Hier soir, nous avons profité de la terrasse à trois par cette belle journée de printemps autour d'un petit apéro. C'était doux, mes vieux os ont repris une petite dose de Vitamine D, ils me parlent d'eux, de leur vie.

J'aime ces moments privilégiés dans ma vie où mes enfants sont présents tous les deux. Ce sont des bulles de bonheur..... Tout le reste peut attendre quand ils sont à deux à la maison.

Ce matin, mon cadet m'a dit : maman reste couchée, tu est fatiguée et quand je me suis levée il était passé à la boulangerie avant de partir en stage et nous avions petits pains et baguette chaude pour le déjeuner...

Voilà la belle page d'écriture d'hier et le début de celle d'aujourd'hui.

Douce journée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 01 mai 2013 à 20:49:05
Bonsoir Bluevelvet,

Quelle douce chose quand on te lit , tes enfants ont 'air si gentils et attentionnés pour toi ...
Pour ma part, je viens d'amener 3j mes enfants 20 et bientôt 17 à l'étranger et à peine rentrés ils sont repartis chez leur père avec qui ils vivent... cela fait mal ... encore plus le vide ... ma fille ainée depuis mon départ de la maison (7 ans) m'n veut toujours et elle ne me supporte pas, selon elle... C'est bien là que quand son amour n'est plus là , je me sens encore plus fragile et c'et terriblement plus dur... moi qui est horreur de la solitude et qui ai besoin d'amour ... les jours vont être difficiles pour un bon moment... Désolée mais ce n'est pas une "grande" journée pour moi...
Pensées remplies de sérénité et douceur pour toutes
Amitiés
Cassiopée
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 03 mai 2013 à 06:50:21
Bonjour à toutes et tous,

Cassiopée, la maladie a si bien oeuvrée qu'elle nous a privé d'un père et d'un mari bien avant sa mort physique. Notre chemin de deuil a débuté il y a très longtemps même quand il était encore là.

Je l'ai déjà dit et je me répète : je suis une "privilégiée" dans ce chemin, j'ai deux enfants aimants et qui sont complices entre eux.

La bulle de douceur s'est refermée. De belles pages se sont inscrites dans cette bulle, le soleil était de la partie, nous en avons profité un maximum : ballades, vide-grenier, repas improvisés sur la terrasse, tout simplement savourer l'instant.

Mon aîné est toujours dans une grosse colère envers son père, ce que je peux entendre et que je respecte, il a des mots très durs envers son père. Je pense aussi que vivant au loin il a moins d'occasion d'user son deuil et lorsque je l'ai au téléphone ce n'est pas la même chose que lorsque nous avons échangé durant son court séjour.

Cassiopée je vous adresse toute ma douceur, je comprends votre solitude, ne pouvez-vous pas reprendre contact avec votre fille ainée, j'ai deux fils je ne peux donc pas connaître les rapports mère-fille, je suppose que c'est un peu comme avec des fils, il y a des périodes plus ou moins faciles/dures à vivre.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 03 mai 2013 à 19:12:39
Bonsoir Bluevelvet,
J'en ai discuté avec ma psy aujourd'hui , en fait après un sms pas sympa du tout pour moi en rentrant de 3 jours avec eux , je n'ai pas répondu, elle est tellement dans un mal être que je suis son bouc émissaire... elle vit mal son surpoids , son échec aux études , son coapin l'a quittée et moi elle a encore la rancœur de mon départ alors si elle ne se fait pas aider je ne peux pas faire grand chose de plus , dès que je me rapproche , essaie de l'aider ; lui demande ce qu'il lui ferait plaisir , je me fais jeter ...  alors ... je vais laisser faire quand elle voudra elle fera signe... même si c'est dur... heureusement mon fils est plus proche de moi , même si il est plus jeune , il a toujours le mot tendre qui apporte une bulle d'oxygène dans ce monde où nous sommes asphyxiés par ces drames... Les jours à venir sont encore loin de monter des éclaircies dans ce ciel si triste  ...
Il me tarde la semaine prochaine où je vais faire ma première séance de EMDR , j'y mets beaucoup d'espoir pour m'aider à aller un peu mieux ... au bout de 7 mois et demi... même si IL ME MANQUE terriblement...
Douce soirée pour toi et les tiens
Amitiés sincères
Cassiopée
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 04 mai 2013 à 08:30:03
Bonjour à toutes et tous,

Cassiopée, j'espère que votre séance de EMDR vous apportera l'amélioration espérée.

La soirée fut douce effectivement, le soleil étant toujours généreux nous l'avons passée en terrasse avec mon cadet et son amie. Mon cadet a évoqué son papa avec tendresse, c'est sa manière à lui de s'approprier son deuil.

Quand je vous lis toutes et tous, je sens votre douleur, à l'approche des beaux jours, de vivre cette belle période estivale sans elle/lui. J'ai connu cette douleur de son vivant (mon coeur transpercé de chagrin) dans beaucoup de situations où il "refusait/ne pouvait pas" participer, pour exemple : lui, un papa poule extraordinaire, a catégoriquement refusé de participer au dernier anniversaire de notre cadet. Il nous manque, cela est indéniable mais notre vécu nous a "habitué" à vivre des situations sans lui, c'est sans doute ce qui "facilite" les choses aujourd'hui même si la perte est bien présente.

Ce matin, le soleil est de nouveau de la partie, cela promet une belle journée. Ce matin un peu (le minimum syndical) d'intendance ménagère et après-midi je rejoins une amie pour "papoter" et nous avons prévu un petit resto et un ciné ce soir.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Mammj le 04 mai 2013 à 09:29:16
Bonjour à toutes, à tous,

BLUEVELVET, ces moments de douceur et de paix avec vos fils ne peuvent que les aider à faire petit à petit la part des choses de même que leur chemin. S'agissant de leur père ce sera moins aisé pour eux  que pour vous qui, ainsi que vous le dites,  aviez composé depuis longtemps avec une situation difficile. Toutefois c'est  votre équilibre, votre persévérance,  qui leur a permis de grandir avec leurs deux parents. Votre ainé un jour comprendra que l'on ne maitrise pas tout, à plus forte raison un état dépressif chronique  bien "sournois et invalidant" encore sans véritable remède et   - un pas important pour lui-même -  il deviendra  plus indulgent avec son père,  ce qui le libèrera de certaines émotions encore invasives.

Il y va certes  des caractères, des sensibilités, des attentes  de chacun, c'est indéniable.

Je n'avais pas les mots ces derniers jours pour répondre à votre post empathique sur mon journal.... Il m'a fait chaud au coeur et  ce que nous partageons, sur ce forum, d'une manière ou d'une autre nous soutient... Pour ce qui me concerne la douleur a repris  le dessus en cette période, en fait elle ne me quitte pas ;  la souffrance de ma seule  enfant, l'incompréhension et l'indifférence du corps médical et par ricochet de l'entourage à son égard, ne cessent de me déchirer, de me paralyser.

Merci de nous faire partager vos espoirs et vos moments de douceur. Que cette  agréable journée qui s'annonce continue de vous ressourcer,  pour vous pour vos enfants.

Chaleureuses pensées à toutes et tous.
Mammj
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 06 mai 2013 à 06:38:52
Bonjour à toutes et tous,

Merci Mammj pour votre message, c'est vrai ce que vous dites, nos enfants ont grandi avec leurs deux parents, je me suis parfois demandé si cela n'avait pas été une erreur de ma part de rester malgré la situtation difficile car du même coup je leur imposais aussi cette situation, mais cela fait partie de leur histoire, il se sont construits avec leur papa et leur maman et ils ne m'ont jamais reproché d'être restée bien au contraire.

Mammj, je prends une partie de votre douleur et je la mets dans une de mes bulles de douceur afin de tenter de vous soulager un peu. Je pense souvent à vous.

La maison est grande ouverte ce matin, le coucou et d'autres oiseaux chantent, c'est doux au réveil.

Douce journée à vous toutes et tous en cette journée ensoleillée qui s'annonce.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 10 mai 2013 à 08:00:07
Bonjour à toutes et tous,

Avant-hier soir, nous sommes allés manger dans un petit restaurant avec mon cadet et son amie. La musique d'ambiance se composait de chansons qu'aimait mon mari. Mon cadet à dit, maman çà c'est papa. C'était un doux moment de tendresse.

Hier il est allé chercher les croissants pour le petit déjeuner et a ramené une rose à son amie, une pour moi et une pour papa. Papa est avec lui maintenant à sa manière. Je crois que mon cadet et moi même abordons le stade où nous avons créer une relation intérieure avec papa qui est parti et ce que nous vivons est doux.

Nous avons assisté à un magnifique coucher de soleil. La nature et la vie nous offrent tous les jours des signes qui nous disent : la vie est belle et vaut la peine d'être vécu même avec ton très lourd bagage. A nous, avec nos espoirs, nos doutes, nos peurs, nos chagrins et nos misères, d'en apprécier la beauté.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 10 mai 2013 à 18:49:52
Bonsoir Bluevelvet,
Tes quelques lignes nous donnent quelques lueurs d'espoir d'avoir de petits moments "bons" , merci à toi de nous donner ces témoignages... chacune à notre rythme, nous devons êtres patientes, et peut-être un jour prochain , nous aurons un peu de "chaleur" de rayons de soleil sous quelque forme qu'il soit cela fera forcément du bien ....
Amitiés
Cassiopée
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 16 mai 2013 à 21:43:02
Bonsoir à toutes et tous,

La vie est bien là, je le constate jour après jour, c'est un dur travail à faire sur nous même qui sommes dans la peine il faut y penser et y croire et cette vie peut être belle si on veut bien lui donner le sens qu'elle a vraiment même avec ce bagage que nous avons sur le dos.

Nous sommes comme les escargots, ils transportent leur maison sur leur dos, ils avancent lentement mais ils avancent malgré tout.

Nous transportons nos souffrances sur nos dos et même si nous courbons souvent, nous avançons lentement mais nous avançons malgré tout.

Voilà mon message d'espoir ce soir.

Douce nuit à toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 17 mai 2013 à 22:52:21
Bonsoir Bluevelvet,

Merci pour cette image , elle reflète bien la réalité , nos transportons "notre maison" certes avec de la souffrance mais nous avançons aussi avec notre jardin secret à l'intérieur de la maison et viendra un jour où ce jardin rempli de beaux souvenirs sera prédominant dans cette maison transportée et cela sera plus "léger" même si c'est pour la vie ...
Pour toi aussi et pour toutes une nuit de douceur et d'apaisement,
Amitiés
Cassiopée   
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 19 mai 2013 à 09:20:07
Bonjour à toutes et tous,

J'ai rêvé de mon mari cette nuit, il me donnait un trousseau que je pensais être un trousseau de clés mais sur ce trousseau il n'y avait que des anneaux et des porte-clés, aucune clé, je lui en faisais la constatation dans mon rêve, il était aussi surpris qu'il n'y ait pas de clés sur ce trousseau.

Je me dis que c'est peut-être un message de mon mari qui me dit qu'il ne faut plus chercher les clés de son acte, que même lui ne les possède pas.

C'est une interprétation bien personnelle : ce rêve arrive à un moment du chemin où, avec le recul, je me pose des questions sur son geste vis-à-vis des enfants, bien sûr qu'il laisse un énorme sentiment d'abandon aux enfants et il s'est aussi privé d'eux, eux qui étaient la chair de sa chair, la prunelle de ses yeux, eux pour qui il aurait tout fait: son geste est une énigme.

Ces rêves sont toujours très doux, ce qui me fait dire que maintenant il est bien, lui qui a tant souffert sur cette terre, cela m'apaise de penser que ses tourments ont cessé.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 26 mai 2013 à 10:23:30
Bonjour à toutes et tous,

Je sais que cette journée à la couleur de la tristesse pour nombre d'entre vous pour tant de raisons mais je vous souhaite un peu de douceur en ce dimanche où l'on fête les mamans.

De toute mon énergie qui revient petit à petit je vous adresse des bulles de douceur.

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: flora71 le 27 mai 2013 à 14:08:56
Et toi as tu passer une fete des meres agreable ???

ça faisait longtemps que je n'etais pas venu te lire, ça ma fait du bien.

J'ouvrirai bien un nouveau sujet mais peur de dire et peur de vos reactions....
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 27 mai 2013 à 19:16:27
Bonsoir à toutes et tous,

Je n'osais le dire mais oui j'ai passé une douce fête des mamans, mon cadet et son amie ont passé la journée à la maison, c'était une douce journée, tout était douceur, dans l'esprit de savourer l'instant, rien n'était prévu, nous avons déjeuné avec ce qu'il y avait à la maison et ils ont fait des crêpes après-midi, nous avons passé un joyeux moment lors de la préparation de la recette.

Mes enfants se sont concertés et m'ont offert des sujets de décoration que j'aime bien.

Voilà, rien d'extraordinaire, tout ce que j'aime. Tout en douceur et en simplicité.

Voilà le ET MAINTENANT du jour, j'ose à peine l'écrire quand je lis tant de douleurs sur d'autres fils.

Ce que je peux dire c'est qu'un jour plus ou moins proche ou lointain, chacun son chemin, les choses s'apaisent et la vie reprend ses droits et la vie peut encore être belle.

Douce soirée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 01 juin 2013 à 06:21:06
Bonjour à toutes et tous,

Cette semaine, j'ai rencontré par hasard une personne dans les transports en commun que je connais mais qui n'est pas intime, elle m'a dit, comment va ton aîné ? cette petite phrase a été la porte ouverte à une belle conversation et je la remercie.

Je réalise que cela fera bientôt un an qu'il nous a quitté, j'ai l'impression que c'était hier. Cette année a passé très vite en ce qui me concerne. Ce constat n'est pas triste, je vois le chemin que nous avons parcouru depuis et je suis fière de mes enfants.

Je reste toujours avec mes questions sur le pourquoi de son geste vis-à-vis des enfants et vis-à-vis de lui. J'accepte de ne pas avoir de réponse.

Je suis persuadée que la vie met sur notre chemin des "petites choses" qui nous font avancer même si le pas que nous faisons est un pas de fourmi, nous le faisons quand même et c'est bien.

Douceur en cette aube qui annonce une belle journée chez nous.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 07 juin 2013 à 08:39:33
Bonjour à toutes et tous,

J'ai connu une journée particulière cette semaine, cela a commencé au matin, je voyais mon mari dans la maison, une ombre de lui plus précisément, une présence, cela s'est produit plusieurs fois.

Je suis partie travailler, la journée fut très bonne.

Je suis rentrée, je me suis mise à l'ordinateur car j'attendais des réponses par mail et là je me suis mise à pleurer, cela fait 7 mois que je n'avais pas pleuré. Une de mes amies m'a dit, tu devrais peut-être t'autoriser à pleurer et je lui ai dit que je ne savais pas pourquoi j'avais pleuré. Ces pleurs n'ont rien changé. J'ai repris le cours de ma vie le lendemain. Voilà le ET MAINTENANT de cette journée particulière.

Je suis dans les préparatifs du mariage, je suis pleine d'idées et dans un véritable enthousiasme et une douce complicité avec mes enfants dans ces préparatifs. J'ai eu l'occasion de partir en champagne le week end dernier. Ce fut une magnifique journée. Mes enfants sont aussi heureux de me voir "dans la vie".

J'aimerais, à vous lire, vous soulager dans votre douleur, nous avons un vécu très lourd, c'est très dur, j'en suis bien consciente pour y être confrontée mais il faut le laisser à sa place, il faut arriver à se dire que les choses se sont produites :

ET MAINTENANT, je fais quoi de ma vie et de celle de mes enfants ?

J'ai décidé de dire : je vis avec mes blessures mais elles ne m'empêcheront pas de vivre, de rire, de danser, de savourer la vie : cela ne se fait pas par un coup de baguette magique mais il faut d'abord prendre cette décision pour soi même, ensuite les choses se font petit à petit presque sans que l'on s'en aperçoive.

Il y a une phrase qui dit : "faites la paix avec votre passé de façon à ne pas compliquer votre présent" je crois que c'est cette paix qu'il nous faut trouver et elle a différent visage selon notre vécu, notre caractère, notre sensibilité.

Je vous lis tous les jours, je n'ose répondre sur vos fils car je respecte infiniment votre douleur et j'ai peur de blesser. Si mes écrits peuvent un peu vous aider c'est leur seul but.

Douce journée ensoleillée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 12 juin 2013 à 23:42:59
Bonsoir Bluevelvet,

Moi je crois que tes propos doivent nous donner du courage à toutes et à tous pour poursuivre ce fameux chemin sur lequel nous avons été projetés et comme tu le dix si bien , chacune à notre rythme , avec notre sensibilité mais il faut que le mot Persévérance soit en fonds pour nous aider à retrouver goût à la vie , je pense que sincèrement c'est ce qu'auraient voulu nos amours et qu'ils pensaient ne pouvoir nous apporter comme ils le souhaitaient .... Certes c'est DUR par moment très DUR mais ..... un jour nous y arriverons ...
Bien à toi,
Cassiopée avec toute mon amitié.
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 16 juin 2013 à 10:28:26
Bonjour à toutes et tous,

Oui, la persévérance, c'est le bon mot, toujours et encore......

J'ai eu l'occasion d'aller voir l'Armada à Rouen hier avec des amies, ce fut de nouveau une magnifique journée, riche du plaisir des yeux de voir tous ces beaux bateaux, d'un soleil généreux et d'une amitié sincère. Ma meilleure amie a insisté pour me prendre en photo à la barre d'un bateau.

Ce matin, je trie ces photos et je me dis que maintenant je suis le capitaine du bateau de notre petite famille, elle a été bien ballotée par les flots notre petite famille mais elle ne sombre pas. J'ai la ferme intention de tenir bon cette barre, je sens des transformations en moi, tout doucement.

Je suis au stade où je fais les choses pour moi et mes enfants et non plus en me disant, il aurait aimé ceci ou cela. Par contre tous les jours dans mes prières je demande au seigneur de veiller sur mon mari. J'ai ce besoin de prendre soin de lui encore et toujours, c'est aujourd'hui ma façon de lui prouver que je l'aime encore. J'ai pensé à lui hier sur les quais devant cette beauté qu'il ne pouvait plus voir, je me suis dit peut-être la voit-il aujourd'hui à travers mes yeux. Aujourd'hui, en ce jour de la fête des pères, j'ai une pensée particulière pour lui mais ces moments ne sont pas tristes, ils sont très doux. Je l'associe à ma vie à ma manière.

Je sais que cette journée sera sans doute terrible pour beaucoup d'entre vous et je vous adresse toute mon empathie et des bulles de
douceur.

Doux dimanche

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 21 juin 2013 à 19:57:54
Bonsoir à toutes et tous,

Cela fera un an ce week end qu'il nous a quittés, j'ai des ami(e)s qui me témoigne leur soutien pour cet "anniversaire".

Pour moi, c'est comme si c'était hier. Contrairement à certains vécus je ne revis pas les derniers instants, je les connais, je m'en souviens mais cela ne tourne pas en boucle et mes souvenirs ne font pas écho à une souffrance.

Je fais le bilan de cette année qui fut une lutte pas après pas pour comprendre, admettre et aujourd'hui je ne comprend toujours pas pourquoi il a infligé sa mort à ses enfants, c'est en totale contradiction avec le papa poule qu'il était. Je n'accepte pas son geste vis-à-vis de nos enfants et je crois que je ne l'accepterai jamais, je cherche toujours à le comprendre, je l'admets avec mes réponses.

Je l'aime toujours à ma manière désormais. Je ne suis pas triste ni anéantie, je suis dans la vie, j'ai cette envie de vivre qui ne m'a jamais quitté.

Je vais regarder l'émission sur la 5 cette semaine, je cherche encore des réponses même si je sais qu'il n'y en aura sans doute jamais.

Voilà le ET MAINTENANT de ce jour.

Douce soirée à vous toutes et tous

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: lapuce le 21 juin 2013 à 23:24:49
Douce pensées et amitié pour toi bluevelvet, j'imagine combien cet anniversaire des 1 an doit être éprouvant
c'est bien que tes amis "osent" te témoigner leur soutien, te parlent -ils de ton mari ?

comme il nous est difficile de rester sans ces réponses, tous ces pouquoi ?

douce soirée

lapuce
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: kanyli le 22 juin 2013 à 17:08:27
Oui le 1er anniversaire je l'ai vécu en arrêt maladie y a pas longtemps aussi.
En + moi y en a pas 1 mais 2, le weekend  de la pentecôte (qui varie tous les ans) et la date même du 29mai.

Dans les "religions"la veuve doit s'habiller un an en noir, puis ils admettent que tu "sortes" du deuil , que tu "revives"... c'est le code un peu social du deuil. J'ai surtotu l'impression que c'est le "là tu vas avoir besoin de notre aide et soutien, aprés, c'est derrière il FAUT que tu ailles bien...  tes amis ont témoigné leur présence c'est bien, même question, parlent ils toujours de lui? es tu aidé au quotidien?
Pas moi . Personne parle plus de lui.
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 22 juin 2013 à 18:47:08
Bonsoir,

J'ai beaucoup de chance, j'ai des enfants et des beaux-enfants merveilleux et de très bon(ne)s ami(e)s qui me parlent de mon mari librement.

Je suis d'un caractère qui n'accorde pas d'attention au code social en règle générale tout en prenant garde à ne pas choquer. Je suis dans la vie et j'assume cet état de fait. C'est vrai que l'on ma fait des remarques sur la couleur de certaines de mes tenues mais cela ne m'a jamais empêché de me vêtir selon l'humeur du jour qui est beaucoup plus proche de la couleur que du noir.

Ne soyez pas tristes pour moi, je me suis sans doute mal exprimée, je vais bien, je ne vis pas cet anniversaire dans la souffrance, j'acte juste qu'il y a un an déjà, que cette année s'est déroulée tellement vite et je m'aperçois qu'il y a eu beaucoup de changements petit à petit tout au long de cette année.

Ce soir j'accompagne une amie à un spectacle.

Je vous adresse toute ma douceur

BLUEVELVET


Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: kanyli le 22 juin 2013 à 22:55:09
 :) tu es dans la vie, tant mieux
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 01 juillet 2013 à 20:49:37
Une pensée remplie de compassion et de douceur pour cette famille qui connait la douleur extrème...
Amicalement
Cassiopée
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 07 juillet 2013 à 10:27:21
Bonjour à toutes et tous,

Après de gros travaux dans la maison, je tri, je jette, je lave et range petit à petit. J'ai demandé à mon mari si la maison lui plaisait après ces travaux, il semble que oui, je reste à l'associer tendrement à mes actes. Les travaux réalisés auraient pu être faits de son vivant mais il n'avait plus l'énergie pour se lancer dans l'aventure, avait toujours cette peur viscérale que cela ne se passerait pas bien et que l'on n'avait pas les moyens de le faire. Voilà aussi un des aspect de cette sale maladie qui gangrène l'être entier, le corps et l'âme.

Cela fait longtemps que je ne suis pas allée au cimetière, je n'ai plus ce besoin depuis la dernière fois où j'ai longtemps parlé avec mon mari de mon incompréhension de son geste vis-à-vis des enfants. Sans doute avais-je besoin de la solitude du cimetière pour dire les choses...

Je pense très fort ce week end à un de mes amis grand-père dont la belle-fille vient d'accoucher prématurément d'un bébé mort. Les obsèques auront lieu demain. il y a deux ans, quasi à la même date, j'assistais au mariage de ce jeune couple. J'ai témoigné mon soutien au grand-père et nous avons eu une conversation d'endeuillés.

La vie c'est cela on l'oublie trop souvent quand tout va bien : il y a les rires mais aussi les larmes et les deux font la vie. Monsieur Goldman le dit si bien :

C'est un tout petit monde
Fragile au creux de nos mains
Balançant ses secondes
Entre tellement et rien

Je vous lis tous les jours, je sais que c'est très dur quand on est terrassé(e) par le chagrin et l'absence.

Douce journée sous le soleil.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 09 juillet 2013 à 20:13:34
Bonsoir Bluevelvet,

Oui , la vie même si nous le savions "avant" c'est des rires et des larmes, aujourd'hui cela est encore plus VRAI alors pour se sortir des larmes et de la souffrance dans laquelle nous avons été plongées de force.... nous devons chercher avec le peu d'énergie que nous avons là où nous pourrions trouver des "embryons" de rires .... dans les choses simples de la vie .... et le partage avec les personnes que nous souhaitons ....
Sans oublier une pensée à toutes et tous qui souffrent de la perte d'un être aimé...
Douceur et apaisement pour tous,
Amicalement
Cassiopée
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 13 juillet 2013 à 20:35:45
Bonsoir à toutes et tous,

J'ai une pensée particulière aujourd'hui pour ces personnes qui sont mortes dans le déraillement du train. De nouveau voilà des familles endeuillées.

Cela me renforce dans le fait que la vie c'est tout et c'est rien, en une fraction de seconde tout s'arrête. Sur le nombre total de voyageurs 6 personnes sont décédées pourquoi elles ? Avons-nous un chemin de vie tracé ?

La mort fait partie de la vie mais quelle que soit la forme qu'elle prend, elle nous laisse avec nos questions sans réponses très souvent.

Douce soirée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 28 juillet 2013 à 14:00:25
Bonjour à toutes et tous,

Depuis deux jours, je fais du tri par le vide dans la maison, j'ai trouvé l'énergie pour le faire et j'en ai envie/besoin...pour avancer.

L'étage est rangé, je n'ai pas encore trié ses vêtements, c'est encore trop tôt pour moi j'aurais l'impression d'effacer toutes les traces de son passage sur terre et donc de le" tuer" définitivement. Tout est dans son armoire, je verrai le moment venu.

J'ai attaqué le bureau ce matin j'ai jeté son dossier médical avec ce sentiment de le faire disparaître mais j'ai continué, cela m'a ramené à la mémoire beaucoup de souvenirs, tant et tant de fois il a somatisé ce mal être, les nombreux compte-rendu d'examens relus ce matin en sont le témoignage.

J'ai aussi classé des photos, celles où nous étions amoureux et heureux , je le vois à ses yeux qui brillent lorsque nous sommes à deux, ses yeux qui avaient perdu toute lumière après les ravages de la maladie.

Voilà, il m'a fallu un peu plus d'un an pour commencer à m'approprier notre maison, à faire selon mes envies et non plus en fonction de lui sans avoir ce sentiment de le trahir. Petit à petit, notre maison devient ma maison. Le "chez papa-maman" est devenu "chez maman" pour les enfants. Il sont heureux de me voir avancer.

Je ne suis pas triste, je refais un chemin de sa vie. Je sais qu'il est à mes côtés et j'entretiens une douce relation avec lui maintenant même si son absence est bien présente. L'amoureux des premiers temps me manque toujours.

Voilà le ET MAINTENANT après une année de cheminement.

Douce journée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Mammj le 29 juillet 2013 à 17:29:00
Bonjour BLUEVELVET, à toutes et tous,

Que souhaiter de mieux, après nos drames, que d'avancer dans cette plus ou moins longue étape du deuil (douleur),  le but de notre présence sur ce forum,  que ceux qui restent puissent trouver un moyen, une force,  une raison,  quels qu'ils soient, de rebondir.... !
Il s'agit pour certains  de se réapproprier les lieux, se réapproprier son moi, un sacré  programme après un tel choc...  tout en veillant
à préserver des enfants dont le deuil, les blessures, sont différents et souvent plus intériorisés !

Pour mes petits-enfants, qui habitent actuellement la petite maison que leur maman venait d' aménager afin d'y vivre tous les trois une semaine sur deux ( suite à la toute récente séparation de leurs parents), ce sera un autre moment dur pour eux deux lorsque leur maison familiale  où ils ont grandi avec leurs deux parents sera vendue. Je me rassure comme je peux en me disant qu'ils sont jeunes qu'ils s'adapteront et  iront de l'avant notamment s'ils sont bien entourés....

Une chose est sûre c'est que les divers témoignages de personnes endeuillées qui parviennent à redémarrer sur d'autres bases, à remettre en place quelques projets, sont de réels messages d'espoir pour celles et ceux encore bloqués dans la douleur... les émotions... le manque !

Chaleureuses pensées.
Mj
 
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 30 juillet 2013 à 21:28:04
Bonsoir à toutes et tous,

Ce soir, j'ai un sale coup de cafard, je connais bien cette situation, je la laisse m'envahir, je l'use jusqu'à l'épuisement. Je hurle qu'il n'avait pas le droit de faire cela à nos enfants.

Le suicide est un redoutable tsunami, ce soir une réplique m'atteint sans raison apparente mais elle ne m'anéantira pas, je connais les assauts je les laisse faire leur œuvre, les larmes coulent, la douleur est présente mais il faut que les larmes coulent et que la douleur s'exprime, cela ne me fait pas peur, c'est un combat que je connais bien maintenant et j'en ressors toujours plus forte. Demain est un autre jour et demain sera bien meilleur. La nuit m'apaisera.

Voilà aussi le ET MAINTENANT de ce chemin de deuil, rien n'est jamais acquis mais petit à petit, j'apprivoise les répliques, je les regarde droit dans les yeux, je les vis et c'est ainsi que j'avance aussi. A mes yeux, ces répliques sont une douleur nécessaire pour avancer.

Douce nuit

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 31 juillet 2013 à 09:28:11
Bonjour à toutes et tous,

La tempête a cessé, la nuit fut douce et la journée s'annonce calme.

L'énergie est là, la tempête ne l'a pas sapée, j'ai appris à ne pas résister à ses assauts, à les vivre, cela me demande beaucoup moins d'énergie que de résister, je "vis" ma douleur en quelque sorte afin qu'elle s'exprime et s'affaiblisse petit à petit.

Je me sens plus forte, sereine, comme "lavée" de ma douleur par mes larmes jusqu'à la prochaine fois, je le sais même au terme de cette année traversée, rien n'est acquis dans ce chemin.

Douce journée à vous toutes et tous,

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 01 août 2013 à 00:54:36
Bonsoir Bluevelvet,

Je comprends et je compatis, moi aussi cela fait deux jours où les larmes sont de retour... comme tu le dis si bien , rien n'est acquis dans ce chemin... De nouveau ce gouffre de vide m'envahit ... j'ai écrit une lettre à ses parents ... il me manque tant ....
Douce nuit pour toutes et tous,
Amitiés Cassiopée
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 03 août 2013 à 16:34:59
Bonjour à toutes et tous,

Mammj, la maison où mes enfants ont grandi reste celle de leur parent dans leur mémoire mais maintenant c'est celle de maman. Des travaux réalisés depuis son départ transforment cette maison où ils ont grandi et ils sont heureux de me voir avancer.

Cassiopée, les heures se suivent et ne se ressemblent vraiment pas. On se réveille au matin et tout va bien et le soir on hurle sa douleur, ce deuil m'a appris cela moi qui suis une optimiste de nature, rien n'est acquis..... mais je veux bien continuer l'expérience dans la mesure où je connais les assauts et je les laisse faire leur œuvre pour mieux rebondir après et je me suis rendue compte qu'ils me rendent plus forte à l'intérieur, ils ne me font pas peur et je les assume.

J'ai rêvé de mon mari cette nuit, c'était d'une infinie tendresse et à la fin de mon rêve il pleurait. Nous marions notre aîné dans peu de temps, j'en ai conclu qu'il est triste de ne pouvoir y participer. Je conduirai mon aîné à la mairie et à l'église avec papa dans mes pensées et dans mon cœur, c'est encore un ultime acte d'amour que je lui dois et que j'ai envie de lui donner.

J'ai aimé mon mari et je l'aime encore même avec tout le mal que son suicide a produit et tous les mauvais souvenirs des dernières années. Ces souvenirs se sont estompés, un peu comme une mère oublie les douleurs de l'accouchement quand elle tient son bébé tout contre elle. Je ne peux m'empêcher de vouloir encore et toujours prendre soin de lui là où il est, tous les jours je demande à Dieu (puisque j'ai la foi) de veiller sur lui, je veux qu'il trouve enfin la paix qui lui a tant manqué sur cette terre.

Douce journée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: coeur le 03 août 2013 à 17:45:55
Douces pensées à vous.

Catherine
"coeur"
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 13 août 2013 à 20:40:05
Bonsoir à toutes et tous,,

Mon aîné est marié, très belle journée, la photo de papa à mes côtés sur la chaise à la mairie et à l'église et papa dans nos cœurs. Cette journée fut heureuse, sereine, sans tristesse.

Je suis passée au cimetière le lendemain du mariage pour lui dire combien son aîné était beau et combien cela avait été une belle journée.

J'ai de nouveau rêvé de mon mari la veille du mariage, je lui disais que je l'aimais et il éclatait en sanglots, je reste persuadée et mes rêves me le confirment qu'il doutait de mon amour et qu'il se rend compte maintenant de la bêtise qu'il a faite, cela correspond bien à son caractère de son vivant sauf que cette fois les choses sont irréversibles...malheureusement.

Douce soirée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: titcherie le 14 août 2013 à 17:36:07
pleins de pensées pour toi !!
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Mammj le 15 août 2013 à 00:40:02
Une bien  belle et émouvante journée en effet, pour votre ainé, pour vous tous....
Pensées affectueuses.
Mj
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 17 août 2013 à 16:32:03
Bonjour à toutes et tous,

Ce matin, en triant de vieilles cartes postales, j'ai trouvé un papier plié en quatre, il s'agissait du testament de mon mari, qu'il avait rédigé en 2000...

Tout y est bien décrit, je suis contente car sans le savoir, nous avons respecté ses dernières volontés.

La vie est souvent pleine de surprise, j'accueille celle-ci avec beaucoup de respect et de tendresse envers mon mari.

Douce journée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Yuna le 17 août 2013 à 18:42:28


 Oui, la vie en effet est pleine de surprises ... quand elles sont belles,  savoir les recevoir comme des rayons de soleil, si simples ou si petits soient-ils, en apparence,  c'est déjà ... beaucoup.

Contente aussi pour vous, Bluevelvet.

Bonne et douce  fin de semaine

Yuna

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 22 août 2013 à 08:05:38
Bonjour à toutes et tous,

Je lis sur d'autres fils la souffrance des uns et des autres et les réactions de l'entourage, des amis..... le silence qui entoure le défunt et sa famille.

Mon aîné s'est marié récemment nous avions convenu que papa avait sa place ce jour là (photo sur la chaise à la mairie et à l'église - les mariés sont aussi allés en toute intimité au cimetière) bien entendu il était dans nos cœurs.

Nous n'avons pas apprécié qu'une ou deux personnes en parlent avec larmoiement et pitié, mais je suis persuadée que ces personnes étaient de bonne intention, car nous avions décidé que ce jour était un jour de joie avec papa dans nos cœurs.

Cela pour dire qu'il est très difficile pour l'entourage de bien faire car nous vivons une expérience intime. Personnellement je n'ai pas de problème de communication depuis le décès de mon mari, les gens me parlent comme avant et je leur parle comme avant, au début les gens sont un peu plus sur la réserve, maladroits il nous appartient je crois de leur montrer que oui nous avons ce bagage très lourd mais que nous sommes toujours vivant(e)s.

C'est vrai que c'est un effort supplémentaire mais comment peuvent-ils savoir ce que nous vivons s'ils n'ont pas notre "expérience" ? Je suis certaine que j'ai moi même été très maladroite et non aidante dans le passé avec des personnes en deuil puisque je ne savais pas... Une de mes très proches collègues a perdu il y a quelques années son mari. Elle revenait travailler, je ne savais comment faire. Je lui ai dit : si tu veux qu'on en parle, pas de problème, si tu ne veux pas qu'on en parle je respecte ta décision. Elle m'a répondu : fais moi rire. C'est ce que nous avons fait et les rapports étaient simples, vrais et le sont toujours, nous avons déjeuner ensemble après le décès de mon mari et elle m'a dit : tu vois nous avons au moins un point commun, nous sommes veuves au même âge, nous avons ri.......

Douce journée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: chipoune le 25 août 2013 à 10:00:39
bonjour
de retour à la maison après une semaine de vacances
je pensais qu'il serait là pour m'accueillir en rentrant, que l'on reprendrait notre vie d'avant
mais retour à la dure réalité, le cauchemard continue, il n'est pas revenu
la maison est toujours aussi vide
tout me manque de lui, sa voix, son odeur et surtout sa présence
c'est la 1ère fois que je pars si longtemps depuis qu'il est parti
déja, partir sans lui c'était très dur mais là bas le soleil, le calme, le dépaysement a anesthésié un petit peu ma douleur mais au retour je me reprends tout en pleine figure avec en plus la grisaille du Nord
c'est une journée a resté caché sous la couette et a pleuré
meilleure journée à vous tous
Chipoune
 
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 28 août 2013 à 07:54:14
Bonjour à toutes et tous,

Chipoune, il y a des moments où il faut laisser aller sa peine, son envie de rien, j'ai appris à ne pas lutter pendant ces moments, à les vivre tout simplement pour ma part ils sont un mal nécessaire car ils me construisent aussi.

Je suis aussi passée par ces moments où je l'attendais encore, je guettais "ses bruits" dans la maison. Après l'anesthésie des premiers temps est venu un passage où la réalité de son absence s'est imposée, les premières fois où je faisais les choses sans lui, les premières fois où je faisais les courses alimentaires et où je ne savais pas quoi acheter maintenant cela s'est calmé, d'autres habitudes se sont installées.

L'être avec lequel je me suis mariée me manque, son sourire, sa douceur, sa façon de prendre soin de moi, pas celui qui est parti et qui a été défiguré par la maladie.

Douce journée.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: kanyli le 28 août 2013 à 13:33:49
oui je susi aussi d'accord avec toi , y a celui d'avant et celui qu ia accomplie l'acte.
Qui perso sur la fin me faisait peur.
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 31 août 2013 à 12:31:13
Bonjour à toutes et tous,

Deux jours que le blues ne me quitte pas, envie de tout et de rien, je ne sais pas ce que je veux ou ne veux pas. Je me dis que c'est un moment nécessaire dans ce chemin plein de surprises, c'est en pleine contradiction avec ce que je connais de moi mais je laisse les choses se faire, je reste hyper tolérante vis-à-vis de l'entourage qui ne peut être aidant dans la mesure où même moi je ne sais pas ce que je veux ou pas... je change d'idée d'une seconde à l'autre, c'est un face à face avec moi-même... et je ne veux pas que ce soit un combat.

Hier j'ai ré-écouté une conférence de Monsieur FAURE qui parle de ces moments où c'est plus dur même à distance de la séparation, cela m'a rassurée.

Drôle de chemin, drôle de bagage...je vais laisser passer la réplique : le petit soldat n'est pas très vaillant mais il va reprendre des forces j'en suis certaine.

Douce journée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 31 août 2013 à 23:07:24
Bonsoir à toutes,

Même ressenti, après quelques jours de "vacances" ... où j'ai essayé de faire des choses même s'il était toujours en "fond" et de nombreux moments de blues surtout dur de na pas pouvoir partager avec lui .... et puis le retour à la maison et là ... toujours pas de retour , pas de porte qu'il ouvre.... il n'est plus là pour me prendre et me serrer dans ses bras .... le VIDE .... et tout s'écroule... moi aussi depuis quelques jours je n'ai envie de rien .... resterai enfermée en croyant trouver je ne sais quoi dans la calme .... j'angoisse , le 16 septembre : cela fera un an pour son geste et six jours après son "départ" ... alors tout explose dans ma tête, le rivière de larmes resurgit et .... et quoi ???.... rien .... le vide , un monde qui a perdu ses couleurs ....

Une pensée pour vous toutes même si je n'apporte pas beaucoup de réconfort ...
Douce amitié
Cassiopée
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: kanyli le 31 août 2013 à 23:55:46
 :-*
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 07 septembre 2013 à 21:13:18
Bonsoir à toutes et tous,

Le blues m'a quitté depuis le début de la semaine, l'énergie est là et je suis contente.

Je me rend compte maintenant que cette énergie qui m'a tant manqué durant toute cette année revient, mon corps aurait-il fini son deuil ? Je ne sais pas.

Une amie à qui je me confiais récemment me disait : ce n'est pas parce qu'il y a une année d'écoulée que ton deuil est fini... C'est vrai que mon caractère me faire dire : voilà il y a un an maintenant il faut, non pas passer à autre chose, mais me reprendre en mains...Le "petit soldat doit se reprendre" c'est ainsi que je fonctionne je le sais.

Quand je lis d'autres fils, je sais que j'ai beaucoup de chance, j'ai des ami(e)s très présents et j'ai repris une vie sociale comme tout à chacun. J'ai été très vite claire avec mes ami(e)s ils (elles) connaissent mes priorités désormais et cela leur facilite les choses très certainement.

Demain je pars randonner avec une amie, j'apporterai les photos du mariage où elle était présente et nous échangerons à ce sujet, elle est curieuse de voir les photos. Nous passerons très certainement un très bon moment.

Voilà le ET MAINTENANT

Douce soirée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: stellarose le 09 septembre 2013 à 10:30:14
Bonjour à toutes et à tous,

Cela fait quelques temps que je n'ai pas écrit sur le forum, j'ai lu vos messages, ressenti les colères, les angoisses et toute cette douleur :  je vivais entre parenthèses. Je ne sais pas comment expliquer ce sentiment. Entre le décès de mon frère, la date anniversaire du suicide de mon fils et la date de son anniversaire, c'est comme si le temps s'était suspendu, comme si tout cela n'avait pas existé.
Et pourtant la réalité est bien là, que faire maintenant ? Les mêmes questions reviennent, pourquoi, comment, si j'avais pu comprendre, voir, sentir ....quoi ? je crois que la personne qui passe à l'acte ne voit qu'une solution à ses problèmes, tout est occulté, rien ne peut les retenir ni personne. Comme vous l'avez si bien dit : le corps physique était parmi nous, mais l'esprit était déjà ailleurs. La maladie peut-elle tout expliquer ?  Ce mercredi là, il était avec nous physiquement, mais j'ai bien vu que son regard était ailleurs. Honte à moi qui n'ai pas su le retenir.
Et pourtant les lettres écrites prouvent tout l'amour qu'il nous portait. Pourquoi cet amour n'a pas pu empêché le suicide ? j'essaie de comprendre, mais je n'y arrive pas.
Ce sentiment de gâchis, d'abandon, ce manque, pourquoi est-il aussi fort un an plus tard ?  Quelqu'un m' a dit : au début, tu compteras les jours, puis au bout d'un an, tu ne pourras plus. C'est vrai, mais je compte les semaines. Et il y a des jours où je me dis "tant mieux, cela me rapproche de lui" et je n'ai plus cette douleur au creux de la poitrine. Mais elle ressurgit sournoisement un peu plus tard.
Ce n'est pas facile de vivre sans, mais il faut avancer. Et maintenant ?  Dans quelques semaines, je pars en voyage avec la compagne de mon fils et mon petit fils. Ce voyage était en projet lorsque mon frère est décédé des suites d'une opération, mais il faut que je parte voir ma belle-soeur et mes neveux que je n'ai pas revu depuis 2 ans. J'ai peur car je pense que cela va nous bouleverser très fort et en même temps je me dis que cela consolidera les liens. On pourra partager nos sentiments et libérer la parole.
Je verrai.
Douce journée à vous qui traversez ce torrent tumultueux qu'est la vie et bientôt pour vous lire.
Stellarose
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Méduse le 09 septembre 2013 à 11:14:35
Stellarose, en même temps, ce voyage sera une autre étape franchie.

Ma fille nous aimait. Elle nous l’a dit et écrit presque tous les jours. A sa sœur et à moi, elle a dit plusieurs fois qu’elle ne vivait que pour nous. C’était lourd à porter car nous la voyions souffrir. Sa vie était un véritable enfer. Ainsi, je me sentais pratiquement coupable de lui demander de vivre pour moi. Mon erreur : je lui avais dit de vivre pour elle-même et de faire ses choix sans penser à nous, mais je pensais aux choix de vie et non celle de mort.
Ma seconde fille me disait que je l’avais sans doute retenue de nombreuses fois pendant ses longues années de souffrance.

Mon ainée avait la double peine : tout le monde lui disait qu’elle avait tout, elle était douée, intelligente et n’était pas dans le besoin bien que pas encore indépendante. N’arrivant pas à  voir sa souffrance, beaucoup de gens la jugeaient et pensaient qu’elle avait des problèmes d’enfant gâté car les maladies psychiques sont peu connues car taboues.

Il nous faut accepter que nous ne sommes pas infaillibles et que nous n’avions pas le pouvoir de retenir nos enfants. Soit indulgente avec toi-même et aussi avec lui. Il t’aimait, mais sa souffrance était la plus forte.

Bluevelvet, je suis contente que tu retrouves ton énergies.
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 12 septembre 2013 à 07:59:42
Bonjour à toutes et tous,

Il y a des choses ou des situations que l'on appréhende, souvent on se fait des idées de la façon dont elles peuvent se passer et si on reste sur nos idées cela peut nous bloquer parfois. La seule bonne méthode est de vivre les choses.

J'appréhendais un peu le mariage de mon aîné, me demandant quelle en serait l'ambiance mais j'étais prête à tout : toujours le petit soldat vaillant, eh oui, j'ai été élevée par ma grand-mère, une femme pleine de sagesse qui avait perdu son mari à la guerre comme on dit.

La sérénité était la reine de la journée, je le vois sur les photos et plusieurs ami(e)s me l'ont dit. La petite famille rayonne de bonheur avec le bagage dans son cœur.

Stellarose, je crois comme Meduse qu'il faut faire les choses, cela nous construit aussi et nous aide à franchir des étapes comme le dit Meduse.

J'ai aussi ce sentiment de gâchis et d'abandon mais comme on en parlait récemment avec une amie qui a perdu sa maman quand elle avait 16 ans, on a le choix, soit on reste dans le passé (je ne dis pas les souvenirs) on se renferme chez soi et on pleure pour finir par pleurer sur soi je pense, soit on se dit la vie est là et elle a encore de belles choses à m'offrir et je suis bien décidée d'en profiter.

Je ne veux en aucun cas choquer par mes propos mais l'être humain vit très souvent dans l'illusion que la vie n'apporte que des joies et des bonheurs jusqu'au jour où le malheur et la peine frappent à notre porte. La vie n'est pas un long fleuve tranquille, souvent on plaisante sur cette réplique mais c'est la vérité et ce sont les hauts et les bas qui nous construisent.

Stellarose, profitez de votre belle sœur, de vos neveux et nièces, de la compagne de votre fils et de votre petit-fils, il faut faire confiance à la vie même si nous avons des blessures de vie.

Accepter notre impuissance et surtout le fait que tout notre amour de maman ou de femme ne peut rien devant la noirceur qui enveloppe ceux et celles qui nous ont quittés.

Douce journée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 13 septembre 2013 à 11:59:04
Bonjour à toutes et tous,

Aujourd'hui je soigne les fleurs, m'occupe de l'entretien de la maison et je sens son odeur partout, pourquoi aujourd'hui je ne sais pas, c'est d'une infinie douceur, je lui demande s'il aime la manière dont la maison évolue, il me dit que oui.

C'est une autre forme d'amour, c'est notre amour maintenant, notre petite relation privilégiée et je n'arrive pas à trouver les mots pour dire combien ces rapports sont doux et apaisants pour nous deux.

Même en écrivant je sens son regard au-dessus de mon épaule, cela me fait sourire. Il me donne une force intérieure pour continuer.

Je ne provoque rien, ce sont des moments qui arrivent et ils sont beaux.

Douce journée

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Cassiopée le 17 septembre 2013 à 00:05:26
Bonsoir Bluevelvet,

J'admire tes propos... c'est tellement doux .... pour ma part , ce soir est une de mes deux dures étapes du mois de septembre .... ce soir , un an après son geste et pour moi, "et maintenant ..." est bien vide , je ne le "trouve" nulle part... je ne sens rien, je n'arrive même pas à rêver de lui .... quel gâchis .... quelle tristesse .... que la vie peut être dure des fois ...
J'essaie de croire que des jours meilleurs ne sont pas que de l'utopie...
Amitiés
Cassiopée 
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 17 septembre 2013 à 08:05:46
Bonjour à toutes et tous,

Cassiopée, septembre est une étape douloureuse de plus et je reste convaincue que nos étapes où nous sommes au plus bas nous construisent aussi, je vous adresse toute ma douceur pour ces deux étapes.

Quant à ma relation avec mon mari, je ne sais pas pourquoi les choses arrivent, je ne provoque rien, la dernière fois où j'ai rêvé de mon mari c'était la veille du mariage de mon fils, il pleurait car je lui disais que je l'aimais...

J'en ai déjà parlé dans mon fil, je pense que les morts et nous les survivants nous avons "un chemin" à faire. Nous sommes de part et d'autre de la porte, il faut juste ouvrir cette porte, chacun à notre manière.

Je suis apaisée car sa vie sur terre n'était que souffrance et non vie. La mort a stoppé cette souffrance dont j'étais le témoin impuissant. Je lui ai pardonné son geste avec mon statut de femme mais vis-à-vis des enfants c'est beaucoup plus difficile, il le sait. La maladie m'a pris mon mari et le père de nos enfants de son vivant, la mort me le rend à sa manière.

Dans cette relation intime mon mari dit qu'il regrette, qu'il ne pouvait pas voir, il constate également tout ce gâchis.

Certains jours, je me dis mais non ! ce n'est que dans ton imagination, c'est ce que tu aimerais entendre mais tu n'en sais rien, mais quand cela arrive c'est tellement doux et apaisant. C'est une relation que j'ai tant voulu avoir avec lui de son vivant mais que la maladie a rendu impossible.

Douces pensées

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 30 septembre 2013 à 09:33:34
Bonjour à toutes et tous,

Cette nuit j'ai de nouveau rêvé de mon mari, la première fois c'était tendre, il m'embrassait comme lorsque nous nous sommes connus. La seconde fois c'était lui mais dans ses jours très noirs, il était dans notre lit, en colère.

Je me suis réveillée et je ne savais plus où était le vrai et le faux, la réalité ou le rêve. Cela a duré un petit temps. Ce dont je me souviens clairement c'est que je ne voulais plus que ces situations arrivent.

Ce que je sais aujourd'hui c'est que l'être avec qui je me suis mariée me manque mais je sais aussi que je ne veux plus revivre les années que nous avons vécues avec lui et sa maladie qui le menait à la baguette et l'enfonçait jour après jour irrémédiablement.

Je cherche des significations à ces rêves.

J'ai reçu récemment un mail de "Traverser le deuil" sur le deuil blanc. Je pense qu'à la maison, sans en connaître le nom ni le principe nous avons vécu ce deuil blanc de par les situations qu'il nous a fallu vivre de son vivant. Je crois que ce deuil blanc avait déjà mis un peu de baume cicatrisant sur notre blessure.

Voilà le ET MAINTENANT du jour, je vous lis tous les jours mais poste plus rarement, j'ai usé mon histoire comme le dit Monsieur FAURE.

La vie a repris ses droits à la maison, d'autres habitudes sont prises, nous sommes dans un chemin de vie avec papa dans nos cœurs et nos coups de cafards certains jours que nous acceptons.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: Mammj le 30 septembre 2013 à 22:03:10

Merci de vos nouvelles BLUEVELVET...
Je n'ai pas vraiment les mots ce soir et pourtant je voulais vous dire combien c'est encourageant
de savoir la direction dans laquelle vous vous orientez, non sans effort,  pour vous et pour vos fils.

Mes pensées affectueuses.
Mj
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 05 octobre 2013 à 21:15:56
Bonsoir à toutes et tous,

Je suis passée au cimetière ce jour, il y avait presque deux mois que je n'y étais pas allée. Je n'avais rien décidé, c'était un peu comme un appel, un rendez-vous, si j'ose dire une rencontre.

Il a besoin de ma visite, il me dit que cela lui fait du bien, il regrette son geste et réalise de jour en jour les choses, il voudrait revenir en arrière... C'est toujours un moment très doux, tendre, un peu comme un premier rendez-vous amoureux, pas triste du tout. Il m'a trouvé très jolie aujourd'hui. Je lui parle de nos fils.

Je ne sais toujours pas si ce dialogue intérieur est réel ou si c'est ce que j'aimerais entendre mais voilà je vis les choses comme elles se présentent : CARPE DIEM. C'est mon expérience.

Voilà où j'en suis aujourd'hui et j'espère que cela apportera un peu de douceur dans vos cœurs endoloris.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 23 octobre 2013 à 20:37:06
Bonsoir à toutes et tous,

Quand mon mari est décédé j'ai passé en boucle une comédie musicale que j'aimais et qui me faisait penser à la vie de mon mari. C'était comme un besoin. Pas une journée sans ces airs...

Je me suis aperçu très récemment que je n'écoutais plus du tout cette comédie musicale depuis quelques mois déjà, j'ai sans doute usé une partie de ma peine sur ces airs qui trouvaient écho en moi à une certaine époque... Aujourd'hui je me retrouve dans la chanson d'Emmanuel MOIRE : beaux malheurs. C'est le ET MAINTENANT du moment.

Les choses changent, on a de la peine à y croire quand tout est sombre mais des petites touches de lumière arrivent et petit à petit on sort de l'ombre.

Je suis toujours sur mon fil pour vous dire que même parfois à notre insu, les choses évoluent et d'autres bonheurs avec nos disparus dans nos cœurs sont possibles et OUI il nous faut garder cet élan de vie.

Je vous lis tous les jours et vous adresse, à toutes et tous, toute ma douceur pour cette soirée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 02 novembre 2013 à 14:09:23
Bonjour à toutes et tous,

Je viens d'écouter par hasard la chanson de Monsieur Gabin : "je sais" et ce passage trouve écho en moi

"Maintenant JE SAIS, JE SAIS QU'ON NE SAIT JAMAIS !

 La vie, l'amour, l'argent, les amis et les roses
 On ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses
 C'est tout c'que j'sais ! Mais ça, j'le SAIS... !"

Je me laisse porter par ma vie, elle seule sait ce qu'elle me réserve. J'ai mon bagage que je connais et reste ouverte à ce que la vie m'offrira dans un état d'esprit confiant.

Madame Piaf, dit qu'elle allume un feu avec ses souvenirs. Cela je ne peux le faire, mes souvenirs m'appartiennent les bons et les nombreux moins bons qui reviennent aussi en salve, encore ce matin, mais ils n'entravent pas mon avancée, je les acte, ils ne sont plus douloureux et ils font partie de ce chemin. Je me souviens c'est tout.

Hier encore j'ai une conversation avec une personne endeuillée, je lui ai dit qu'en fin de compte on est en deuil jusqu'à sa propre mort, à différents stades certes, quand une personne que nous aimions nous a quitté, nous portons ce lourd bagage, à chacun de nous la force et le courage de l'alléger et à chacun son rythme et ses stratégies.

Je vous adresse toute ma douceur

Douce journée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 10 novembre 2013 à 11:10:23
Bonjour à toutes et tous,

C'est étrange, j'ai l'impression que les choses changent en moi, nous sommes en automne et j'ai l'impression d'être au printemps de ma vie qui continue avec lui dans mon cœur, je me sens vivifiée, sans doute lavée de cette maladie qui a fait beaucoup de ravages.

Cette énergie qui m'a tant manqué depuis son départ est bien là, je la sens ancrée dans mon corps.

Encore ce matin au réveil, j'avais l'impression de sa présence à mes côtés, une présence douce, tendre, sans tristesse, un peu comme un jeune couple.

Je me rends compte qu'il faut laisser faire les choses, ne pas se battre car de toute façon les choses se font en temps et en heure mais à leur temps et à leur heure, ce n'est pas nous qui décidons et pourtant j'ai souvent essayé mais toujours échoué, je me suis souvent fait violence pour cette énergie qui faisait défaut et toujours mon corps "m'imposait" le repos, plus maintenant. J'ai retrouvé l'équilibre entre la raison et le corps et c'est bon de se sentir en harmonie avec soi.

Voilà l'étape du jour sur mon chemin, je reste sur ce fil pour dire que même si parfois nous avons l'impression que rien ne bouge et bien si imperceptiblement les choses se mettent en place, il faut garder le cap dans nos traversées mouvementées.

Doux dimanche

BLUEVELVET



Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 19 novembre 2013 à 07:20:52
Bonjour à toutes et tous,

Sale petit matin de gros blues et cafard ce dernier samedi après un rêve très étrange, les larmes encore elles, je les laisse couler, elles se tarissent d'elles même, me font du bien et puis le petit soldat que je suis repart.

Courses pour l'intendance et je me suis fait plaisir en commençant les cadeaux de Noël puis un après-midi shopping avec ma belle-fille, ce fut une belle journée, nous avons vécu de beaux moments, l'instant au moment où il se présente, nous avons bien ri, même si le petit matin n'était pas cool.

Me voilà repartie jusqu'au prochain assaut mais l'énergie est toujours là et mon envie de vivre de belles choses chevillée dans mon corps.

Voilà le ET MAINTENANT.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: kanyli le 16 décembre 2013 à 01:23:53
ils sont mort quasi en même temps, moi 26mai. 
18mois. 19 bientot.
beaucoup de choses changent.
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 24 décembre 2013 à 09:44:32
Bonjour à toutes et tous,

Je suis chez mon fils aîné pour une semaine, nous passerons le deuxième Noël sans papa chez sa belle mère. La vie s'écoule en douceur sur le mode cocooning.

Il m'a dit cette semaine : maman tu crois que papa aimait vraiment ses fils. Quand on aime ses enfants on ne se suicide pas. Je lui ai répondu que papa les aimait plus que tout mais que ce n'est pas papa qui a pris la décision de partir mais la maladie qui a entraîné papa. La colère de mon fils semble un peu calmée mais il existe un énorme sentiment d'abandon.

Lorsque j'ai demandé à mon aîné quel cadeau il voulait pour Noël,  il m'a répondu,  tu  viens chez moi, c'est mon plus  beau cadeau, ce n'est pourtant pas la première fois que je lui rend visite.

Je passerai le nouvel an avec mon cadet et son amie et la maman de son amie à la maison en toute simplicité.

Voilà le ET MAINTENANT près de 18 mois après son départ, encore et toujours il nous faut des réponses que l'on trouvera sans doute jamais.

En cette veille de Noël j'adresse à toutes et tous plein de douceur et de tendresse.

Douce journée

BLUEVELVET

Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 07 janvier 2014 à 10:30:49
Bonjour à toutes et tous,

Les fêtes de fin d'année sont terminées. Elles furent simples et douces, nous avons évoqué avec tendresse et sans tristesse nos chers disparus (l'amie de mon cadet a perdu son grand-père à l'automne), nous avons même ri de certains de leurs travers.......

Je vous adresse tous mes vœux de douceur pour cette nouvelle année qui débute qui sera ce que la vie nous réserve avec son lot de surprises.

Douce journée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 20 janvier 2014 à 09:23:57
Bonjour à toutes et tous,

Ce matin, jour de repos, je traîne un peu au lit par plaisir. Le fait de ne pas avoir d'impératifs est pour moi un luxe que je savoure avec volupté.

Mon cadet vient de m'apporter le petit déjeuner au lit. Doux moment de tendresse et de complicité.

Voilà une des belles surprises que me réserve la vie.

Après-midi une amie vient prendre le café,  nous nous sommes rencontrées par hasard au cinéma samedi soir. Nous allons feuilleter l'album du mariage de mon aîné. Joyeux moment en perspective.

Douce journée à vous toutes et tous.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 07 mars 2014 à 20:34:55
Bonsoir à toutes et tous,

Quelle belle surprise ce mail cette semaine nous invitant à nous reconnecter. Cette interruption m'a fait réaliser que ce site est une  véritable béquille pour moi, inconsciemment  sans doute.  L'arrêt du site a induit un manque en ce qui me concerne.

Je voulais tout simplement dire un très grand merci à tous ceux et celles qui se battent pour que nous puissions encore poster nos états d'âme.

Douce soirée à toutes et tous

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: galaad le 22 mars 2014 à 16:56:06
 Oui un grand merci, c'est vraiment une belle surprise de printemps, savez vous si  LAPUCE AUDREY a été prévenue car elle semblait très malheureuse de l'arrêt du site, merci encore à toute l'équipe, "longue vie" au site si j'ose dire. Galad
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 16 avril 2014 à 21:17:17
Bonsoir à toutes et tous,

C'est très étrange en ce moment, l'absence se fait terriblement ressentir et  en même temps il est très présent,  nous ressentons sa présence dans la maison, une présence douce, bienveillante.

Le week end dernier je trainais un peu au lit le matin et je ressentais sa douce présence à mes côtés.  Ma belle-fille (qui ne l'a jamais connu de son vivant) l'a"vu" à plusieurs reprises et il lui a parlé et il est toujours bienveillant.

Ce chemin de deuil est un chemin de vie en ce qui me concerne et il est semé d'une foule de choses qui dépassent mon entendement ou alors nous devenons tous fous mais pourquoi ma belle-fille qui ne l'a pas connu vit-elle ces choses ?

A bientôt deux ans de veuvage, voilà la situation,  c'est complexe : un mélange de sentiments contradictoires entre gachis, colère, abandon, bienveillance, douceur.....

Il faut avancer avec ce lourd bagage.

Douce soirée.

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: stellarose le 19 avril 2014 à 19:19:06
Bonsoir Bluevelvet,

C'est un beau message d'espoir et de paix pour tous ceux qui le liront.  On sait que le chemin vers un certain apaisement est long, alors gardons l'espoir de recevoir ces signes qui mettent du baume au coeur et panse les plaies.

Pour toi aussi et les tiens, douce soirée.
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 25 mai 2014 à 20:21:04
Bonjour à toutes et tous,

En ce dimanche de fête des mamans sous le soleil je suis allée voter à pieds, mes pas m'ont amenée au cimetière, rien n'était prévu,  c'est étrange c'est un peu comme un appel.....  le dialogue s'instaure, il regrette, promet de veiller sur nous, c'est toujours très doux.

En ce moment je ne sais plus si je l'aime et si l'homme avec qui j'ai partagé ma vie m'aimait. La violence de son acte a anéanti notre vie commune.  Je suis consciente que c'est la maladie qui a induit son acte, que le but est la fin de la souffrance et non pas la fin de la vie mais quel lourd héritage il nous laisse. Ces questions sans réponses, son absence, ce sentiment d'abandon et de gâchis.

J'ai des enfants merveilleux qui prennent grand soin de moi, vivent-ils dans la crainte de me perdre ? Je ne sais pas.

Douce soirée

BLUEVELVET
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: BLUEVELVET le 14 mai 2015 à 08:30:32
Bonjour à  toutes et tous,

Une nouvelle année , la troisième après son geste, va bientôt se terminer. L'apaisement est venu, même si certains jours je me sens encore abandonnée, pas l'acceptation. Il reste toujours cette grande énigme en ce qui me concerne : comment peut on être un énorme papa poule et infliger une telle violence à ses enfants qui sont la prunelle de ses yeux ?

La vie a bien repris ses droits, notre chemin de vie après le départ de papa a modifié notre vision sur beaucoup de choses. C'est très étrange, nous avons ce lourd bagage mais notre vie est légère : pas de conflit, beaucoup de bonne volonté, de tolérance, d'entraide, d'amour.

Voilà où nous en sommes aujourd'hui.

Douce journée.

 
Titre: Re : ET MAINTENANT
Posté par: fabisa02 le 14 mai 2015 à 11:06:13
"La vie a bien repris ses droits, notre chemin de vie après le départ de papa a modifié notre vision sur beaucoup de choses. C'est très étrange, nous avons ce lourd bagage mais notre vie est légère : pas de conflit, beaucoup de bonne volonté, de tolérance, d'entraide, d'amour.

Voilà où nous en sommes aujourd'hui."

Bonjour, quand je lis ton message, cela m'apporte un certain bien être, ce message nous prouve que le temps fait son chemin , tout doucement.
Merci de nous avoir écrit ce message, cela me fait plaisir aussi de savoir, qu'on peut arriver à trouver un peu de douceur de vie.
Ton petit cocon familial est très touchant.
Je vous souhaite beaucoup de bonheur tous ensemble.