Auteur Sujet: ET MAINTENANT  (Lu 122653 fois)

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Hors ligne BLUEVELVET

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #60 le: 30 octobre 2012 à 21:19:36 »
Bonsoir à toutes et tous,

En premier lieu, Pouche, pardon d'avoir écorché votre nom dans mon précédent message.

De nouveau je suis entièrement du même avis que madâme, "On ne peut pas faire le bonheur de quelqu'un s'il n'est pas déterminé à être heureux" croyez-en mon expérience, j'ai donné au delà de mes forces ,jusqu'à m'abîmer. En ce qui concerne le deuil, mes enfants et moi même souffrons de son absence, on ne peut pas le nier. Mais la vie continue, comme la végétation repousse après un incendie, c'est inléluctable.

Je n'ai aucune culpabilité vis-à-vis du suicide de mon mari, j'ai fait ce que j'ai pu, j'ai mené des combats pour qu'il tente de voir les choses sous un autre aspect, je n'ai jamais réussi, j'ai admis mon impuissance, j'ai admis qu'il avait une part d'ombre dans laquelle je n'avais pas accès, c'est cela qui me fait avancer..... On m'a dit après son décès ; mais enfin, il fallait l'emmener à l'Hôpital, l'hospitaliser de force et le faire soigner de force, ce à quoi j'ai répondu : mais cette maladie, ce n'est pas comme une fracture par exemple, où la volonté du patient n'est pas mise à l'épreuve....faire interner mon mari de force ce n'était pas un problème mais il n'y avait aucune coopération à attendre de sa part alors pourquoi lui faire subir une telle épreuve ?

J'ai pardonné à mon mari car je suis convaincue, à ce jour, au plus profond de moi même, et je vous assure que c'est l'expérience qui parle que là où il est il est mieux que du temps de son vivant.

A ce jour, et je vous demande pardon, si je choque, j'estime qu'il est important de vivre l'instant présent, c'est ce que je fais pour mes enfants et pour moi même. A quoi cela sert-il de touner en rond sur des questions qui n'auront jamais de réponse ? Cela ne fait que gâcher l'instant (c'est ma vision des choses , je l'assume entièrement auprès des personnes que je cotoie tous les jours).

Seul bémol, mes propos concernent la perte de mon mari, je ne sais quel seraoit mon discours si j'avais perdu un enfant car tant que l'on n'est pas confronté à la réalité de la chose on ne peut pas savoir.

A vous toutes et tous, je vous souhaite une nuit de douceur

BLUEVELVET
On ferme les yeux des morts avec douceur ; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants - Jean Cocteau

pouche

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #61 le: 30 octobre 2012 à 22:05:53 »
Bonsoir Bluevelvet et bonsoir à tous les autres.
En aucun cas vos propos sont choquants bien au contraire ils me motivent et me poussent à me battre pour atteindre ce moment où je vivrais mon deuil et rien que mon deuil sans cette culpabilité dévorante qui m'empêche de donner à mes enfants encore jeunes les moments de bonheur auxquels ils ont droit. Je souhaite parvenir à ne plus me poser ces questions qui c'est sûr resteront sans réponse mais qui sont inévitables tant son geste était subit,non prévisible,il ne souffrait pas de dépression du moins pas visible.Je ne lui en veux pas,je souffre pour lui,pour nos enfants et pour moi.
Bonne soirée à tous
Pouche

Hors ligne BLUEVELVET

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #62 le: 31 octobre 2012 à 06:03:26 »
Bonjour à toutes et tous,

Pouche, si cela peut vous aider, j'ai souvent lu sur le suicide (même avant le départ de mon mari), des articles, des livres, j'ai écouté les conférences de Monsieur FAURE et Monsieur POMMEREAU, j'ai lu le livre de Monsieur FAURE sur le suicide, j'en parle avec des personnes avec qui je sais que le sujet n'est pas tabou, je viens sur le site et je vous remercie encore toutes et tous de vos échanges. Tout cela fait que je suis arrivée à une vérité (qui est ma vérité j'en suis parfaitement consciente) qui me convient et me permet d'avancer.

Vous allez y arriver à ne plus vous poser ces questions, petit à petit elles se feront moins présentes, peut-être faudrait-il commencer par leur donner moins d'importance ? je ne sais pas et je ne veux surtout pas vous donner de conseils juste des pistes...

Que de choses difficiles dans ce chemin de deuil mais c'est un chemin (comme le dit le dictionnaire) c'est une progression et vous allez y arriver, pas après pas et au fur et à mesure vos pas serons plus sûrs.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET

« Modifié: 20 mai 2013 à 08:44:57 par BLUEVELVET »
On ferme les yeux des morts avec douceur ; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants - Jean Cocteau

Hors ligne angelik

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #63 le: 31 octobre 2012 à 17:25:13 »
Bonjour à toutes

Tout d'abord, je voudrais dire que votre réflexion par rapport au suicide et à votre culpabilité ou absence de culpabilité ne me choque pas même si mon fils a mis fin à ses jours. Au contraire, je crois que vous lire et comprendre votre point de vue nous aide à considérer d'autres pistes et à voir les choses autrement.

Bien sûr, après avoir beaucoup cherché, lu et réfléchi, je sais que nous transmettons nos angoisses à nos enfants et que notre passé influe sur les parents que nous devenons. J'ai élevé pratiquement seule mes 3 fils et cela n'a pas été facile tous les jours... le père de mes deux grands s'est défilé pendant ma deuxième grossesse. L'adolescence des deux aînés a été difficile et les conflits nombreux. Alors quand mon second s'est suicidé (à presque 20 ans), je me suis posée beaucoup de questions. Tout d'abord, j'en ai voulu à la terre entière de m'avoir laissée seule face à tous ces problèmes... Puis je me suis remise en question, et la culpabilité m'a littéralement écrasée... maintenant, je dirais qu'elle laisse place à d'énormes regrets qui reviennent parfois avec violence quand je me souvient de situations que je n'ai pas su gérer à l'époque et qui ont "peut-être" provoqué de l'angoisse chez mon fils...

Malgré tout l'amour que je lui portais, les derniers temps, j'avais durci les règles à la maison et mes réponses à ses écarts de jeune adulte et je crois qu'il s'est senti abandonné... et ce sentiment ne s'atténue pas... Pourtant, dans le mot qu'il a laissé, il dit "Désolé pour tout. je n'ai pas toujours été facile mais je vous aime quand même. Prenez soin de vous."

Je reste persuadée qu'une belle histoire d'amour permet d'atténuer un mal être et d'écarter les idées noires mais cela ne guérit pas des blessures profondes et enfouies qui tôt ou tard finissent par réapparaître. je salue votre courage en tant que conjoint d'avoir essayer d'aider et soutenu aussi longtemps celui que vous aimiez... Je sais combien cela peut être difficile de vivre avec des angoissés perpétuels... et d'accepter que tous nos efforts soient annulés par un échec aussi douloureux. Et il ne faut se sentir coupable de ne pas éprouver de culpabilté... Au contraire, c'est un problème en moins à gérer pour retrouver un peu de sérénité  sur ce chemin si long et et si difficile.

Se laisser couler ne les fera pas revenir, et ils voulaient que l'on continue. mais c'est tellement difficile de se débattre avec tout ça.

Je vous souhaite à toutes une bonne semaine, je pars en Bretagne respirer l'air marin, et je ne sais pas si je pourrais me connecter.

A bientôt
Corinne
chaque fois que tu sentiras le vent sur ton visage, c'est moi qui vient t'embrasser...

madâme

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #64 le: 31 octobre 2012 à 18:12:49 »
Bonsoir Corinne,

Je suis contente de te lire. Je pense que tu n'as pas toujours l'énergie pour écrire. Tu as raison quand tu dis que se laisser couler ne fera pas revenir nos défunts. Je suis intervenue sur ce lien, bien que je ne sois pas confrontée au suicide, parce que je pense que ce sentiment de culpabilité doit rendre le deuil encore plus difficile. Mais je crois que c'est aussi parce que c'est un sentiment contre lequel je dois également lutter . En effet, une fois la personne disparue, on réfléchit à la relation qu'on entretenait avec cette personne. On se rend compte alors qu'on aurait pu faire mieux, autrement, etc. La dernière fois que j'ai vu ma soeur valide, nous nous sommes violemment disputées, à tel point que nous n'avons pas passé Noël ensemble. Lorsque je l'ai revue au mois de février, elle était déjà rongée par la maladie. Mais à quoi ça sert de culpabiliser? Qu'est-ce que ça change? A part nous ajouter une souffrance supplémentaire? Les choses devaient se passer de cette façon. Nous devions les vivre de cette façon. Au moment où j'ai pris la décision de mettre de la distance entre ma soeur et moi, c'était ce qu'il y avait de mieux pour notre relation, pour éviter de continuer à se dire des choses qu'on ne pensait pas. Il en va de même pour ce qui est la façon dont tu as élevé tes enfants. Les décisions que tu as prises au moment T étaient celles qui te semblaient les meilleures, sinon tu en aurais pris d'autres à ce moment-là. Voilà pourquoi je n'ai jamais regretté les (parfois mauvaises) décisions prises dans ma jeunesse au niveau personnel ou professionnel. Parce que je me rappelle bien que, aussi mauvaises qu'elles soient, c'est ce que je voulais…

Je te souhaite un beau moment de respiration en Bretagne :)

Madâme


Hors ligne BLUEVELVET

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #65 le: 01 novembre 2012 à 08:56:56 »
Bonjour à toutes et tous,

Quelques soient vos opinions concernant ce jour de la Toussaint, je vous souhaite une journée pleine de douceur et d'apaisement.

Nos êtres aimés sont en paix, tachons d'être doux avec nous mêmes et de retrouver aussi le chemin de la paix.

Douce journée

BLUEVELVET
On ferme les yeux des morts avec douceur ; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants - Jean Cocteau

Hors ligne BLUEVELVET

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #66 le: 03 novembre 2012 à 08:42:06 »
Bonjour à toute et tous,

Le moral d'un de mes enfants est au plus bas, il doit gérer la perte de son père et une séparation sentimentale.

Jeune adulte et déjà tant de souffrances endurées. Hier il a pensé rejoindre son père avec qui il était très fusionnel. Il a voulu prendre rendez-vous avec la psy mais il doit rappeler lundi pour prendre rendez-vous. Il dit qu'il a toute une noirceur en lui qu'il doit sortir et c'est pour cela qu'il veut consulter. Je lui ai proposé qu'il évacue avec moi, je suis prête à tout entendre.

Aujourd'hui une nouvelle page va s'écrire, je ne sais pas la nature des écrits mais je continue de croire à la vie qui reprend le dessus petit à petit, petit pas après petit pas même si certains petits pas sont très difficiles à franchir, il faut être patient même si dans son coeur de maman on voudrait voir nos enfants heureux, il y a des passages obligés. Je suis déjà soulagée qu'il puisse dire qu'il ne va pas bien.

Voilà le ET MAITENANT de ce jour, j'ai demandé, sans haine et sans colère, à mon mari d'aider son enfant dans sa détresse. Je suis persuadée qu'il le fera.

Douce journée à vous toutes et tous.

BLUEVELVET

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pouche

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #67 le: 03 novembre 2012 à 09:53:43 »
Bonjour Bluevelvet,
J'espère que toute la force que vous détenez va aider votre fils et le soulager de la peine engendrée par cette séparation.C'est très difficile de voir ses enfants souffrir surtout lorsqu'on sait ce qu'ils endurent déjà avec le suicide d'un des parents. On voudrait qu'ils ne connaissent plus de peines,que la vie soit douce avec eux pour compenser l'horreur qu'ils ont vécu mais malheureusement ce n'est pas toujours le cas et en tant que maman nous devons être là et mettre nos difficultés de côtés pour les soutenir et leur montrer que la vie a aussi de belles choses que les attendent.
Je vous souhaite bon courage et que votre fils rencontre le psy qui le soulagera de toutes ses peines et l'aidera à les transformer en force.Vous avez bien fait de demander à votre mari d'aider votre fils,moi je l'ai fait l'autre jour pour ma fille qui le jour de ses 16 ans a réalisé que son père avait mis fin à ses jours 11 mois auparavant. J'ai senti une telle détresse en elle que j'ai suplié mon mari de lui venir en aide et bizarrement j'ai ressenti les jours suivants une séreinité pour moi et mes 3 enfants.Je veux croire qu'il nous aide encore et qu'il veille sur nous.
 Bonne journée à vous tous
 je pense fort à vous et votre fils.

Pouche

Hors ligne BLUEVELVET

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #68 le: 04 novembre 2012 à 08:39:56 »
Bonjour à vous toutes et tous,

Merci Pouche de votre réponse, c'est vrai qu'en tant que mère on n'aime pas voir ses enfants souffrir. On aimerait leur offrir un monde où tout est beau mais cela n'est pas possible, il faut les armer avec notre force pour pouvoir appréhender le monde avec ses belles choses et les moins belles.

Nous avons beaucoup parlé hier, j'ai beaucoup pensé au livre du Docteur FAURE en l'écoutant. En ce qui concerne sa séparation, il faut qu'il répète les choses pour user son chagrin. Nous avons aussi parlé de papa, sereinement. Je l'écoute beaucoup et je suis sûre que papa est présent lors de nos conversations. Nous sommes tous les deux convaincus qu'il est en paix là où il est, que sa souffrance a cessé et que s'il pouvait revenir il demanderait pardon.

Voilà notre chemin de deuil, nous étions déjà proches, cette expérience nous rapproche encore plus, chacun livrant son ressenti.

Merci pour vos pensées, courage à vous qui avez des enfants beaucoup plus jeunes.

Douce journée

BLUEVELVET
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marie-o

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #69 le: 04 novembre 2012 à 20:47:06 »
Bonsoir à toutes et tous

me voilà de retour
je vous ai relu
depuis le décès de mon mari , j'ai souvent eu la question si je pensais le rejoindre de la part de médecin, jamais une telle pensée n'a surgi en moi, je ressens comme une rage de vivre chevillée au corps, mon aîné me dit éprouver la même chose. Mon second a failli passer à l'acte un mois après le décès de son père, sous l'effet de l'alcool,un copain bien intentionné espérant lui changer les idées et ne réalisant pas les conséquences inhérent à la situation.
Je crois que e  regard de chacun sur la vie est différent qui nous amène à voir les choses d'une manière plus ou moins positive , réaliste ou négative.
Je suis sans illusion sur la nature humaine , je suis même pessimiste , mais j'aborde la vie le plus souvent d'une manière optimiste, car je crois profondément à ma liberté,

En ce qui concerne la culpabilité , je crois qu'il est normal d'en ressentir, j'en suis en ce moment libérée il m'a été nécessaire  de l'accueillir , de la ressentir  et de comprendre pourquoi j'éprouvai de la culpabilité, malgré toutes les bonnes raisons assimilées qui me disaient que je n'étais pas coupable.

Cette semaine , j'ai rencontré une jeune femme de 36 ans qui a perdu son père à 23 ans, aînée de 3 ans enfants. nous avons échangé , son témoignage me confirme que le travail est long et que chacun le fait d'une manière différente, et que je ne le peux que pour moi, celui de mes enfants leur appartient , je ne peux le faire pour eux. je réalise que je dois être présente pour eux s'ils le désirent et respecter leur tempo, leur manière, leur laisser  liberté ,  et lâcher prise en leur faisant confiance et en les assurant de tout mon amour inconditionnel

Amicalement
Orchis

Hors ligne BLUEVELVET

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #70 le: 07 novembre 2012 à 06:50:09 »
Bonjour à toutes et tous,

Merci de vos soutiens.

La tempête est calmée nous parlons beaucoup, il en a énormément besoin et pour le deuil, la séparation et la vie d'avant où les souvenirs qui reviennent sont parfois douloureux aussi. Il faut qu'il fasse son chemin et il sait que je suis là pour l'aider et pour l'instant l'aide passe par l'écoute. Il ne souhaite plus rencontrer un psy.

Orchis, quand je lis votre dernier message je me sens "à part" de ne pas ressentir de culpabilité, je me demande si comme vous dites je ne me donne pas des bonnes raisons. Cela me pose question. Je n'ai jamais voulu rejoindre mon mari après son suicide et mes enfants sont ma grande priorité.

Douce journée à vous toutes et tous

BLUEVELVET
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marie-o

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #71 le: 07 novembre 2012 à 22:08:30 »
Bonsoir, Bluevelvet et à tous et toutes

Je me suis surement mal exprimée , il n'y a rien d'anormal à ne pas ressentir de la culpabilité , c'est une chance , peut être que ce travail sur la culpabilité vousl'avez fait avant  du vivant de votre mari , peut être par votre éducation la culpabilité n'a pas été inculquée et entretenue comme pour moi ( je faisais toujours mal , c'était de ma faute, etc...) . En vous lisant , je vous ressens comme une personne stable et posée.
Par ailleurs , je n'ai jamais souhaité rejoindre mon mari , au contraire, je me suis découvert une "rage" de vivre

Bonne soirée.

Orchis

Hors ligne BLUEVELVET

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #72 le: 08 novembre 2012 à 06:45:57 »
Bonjour à toutes et tous,

Orchis, durant la dépression de mon mari, il me disait très souvent, "tu ne fais vraiment rien de bien, c'est de ta faute" du coup je faisais différemment mais le discours restait le même. J'ai tellement changé au début qu'à un moment je me suis rendue compte que je me perdais.

Je me suis alors "analysée"  : qui suis-je ? : je suis une personne gaie, positive, qui aime savourer l'instant c'est génétique chez moi, qui se trompe et admet ses erreurs, qui fait de son mieux même si je suis très loin d'être parfaite je l'assume entièrement, j'aime mon mari et mes enfants. Voilà ce que je suis.

J'ai dit deux ou trois fois à mon mari : "je ne suis pas la femme qu'il te faut, je l'admet, reprend ta liberté et sois heureux" il me répondait "arrête tes histoires". La situation restait la même. Je n'ai pas éprouvé de culpabilité parce que je pense lui avoir laissé tous les choix, avoir fait de mon mieux et je vous assure qu'il n'y a aucune prétention dans mes propos.

En fait je crois que nous sommes plus victimes que coupables quand une personne se suicide. Sans doute est-ce toutes ces années de dépression et de gâchis qui me font penser comme cela.

Je pense qu'on est coupable quand on a fait une erreur, une faute mais quelle faute, erreur avons-nous commise et que voulez-vous faire devant cette noirceur, cette maladie qui ronge, cette haine comme compagne de vie ? La seule chose que j'ai été capable de faire c'est de mener des combats que j'ai perdus, tous, à un tel point que cette maladie commençait à vouloir me gagner aussi.

Voilà mon ressenti sur la culpabilité, le seul but de mon message est de vous aider, de vous offrir une autre vision, c'est pour cela que je le poste sur ce fil, mille fois pardon si je choque certaines personnes.

Douce journée à vous toutes et tous.

BLUEVELVET

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Hors ligne Méduse

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #73 le: 08 novembre 2012 à 09:03:50 »
Bonjour à toutes et à tous,
Bluevelvet, je me retrouve en de nombreux points dans ce que tu as écrit. Sauf que je m’en veux parfois de ne pas avoir été à la hauteur les derniers jours pour ma fille, mais aurais-je vraiment pu changer quelque chose ? Cependant, ce n’est pas de la culpabilité que j’éprouve. Je vois que chacun s’est débattu autant qu’il a pu, victime comme tu le dis si bien de ces maladies si taboues et méconnues, sans soutien extérieur.
Douce journée à toi aussi
Méduse

mariej

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #74 le: 08 novembre 2012 à 09:50:53 »
Bonjour à toutes et à tous,

Moi aussi je me suis débattue avec la culpabilité après le suicide de mon fils (et d'ailleurs ça revient encore au bout de 4 ans...). je crois que vis à vis d'un enfant c'est différent que vis à vis d'un mari.

Un enfant nous le mettons au monde, nous lui donnons le meilleur de nous même, nous l'aidons à grandir, nous l'éduquons en lui transmettant ce que nous sommes, avec nos richesses et nos blessures; alors quand cet enfant devenu adulte s'ôte la vie qu'on lui a donnée, c'est inévitable de se poser des tas de questions, de se sentir responsable en partie de ce qui lui arrive.

Pour moi, je me suis beaucoup demandé ce qui lui avait manqué, ce que nous avions raté, ce que nous aurions pu faire mieux???
Le plus terrible c'est que nous avons des bribes de réponses mais que ça n'explique pas le pourquoi ?

Alors quand la culpabilité "s'épuise", on apprend à vivre sans réponses ou avec les réponses qui nous satisfont, l'essentiel étant de continuer notre vie et comme le dit Lytta BASSET, se dé-fusionner de son enfant, accepter qu'il ait sa vie , même mort, et nous, continuer à vivre la nôtre, pour nous-même d'abord et pour tous ceux que nous aimons; mais pour nous-même d'abord, car vivre pour les autres c'est peut-être trop demander aux autres, on ne peut pas demander à nos proches d'être responsables de notre bonheur, de notre vie; dans la mesure où nous acceptons cela, nous trouvons le bonheur et cela réjouit ceux que nous aimons.

Je ne sais pas si je suis très claire, mais voilà où j'en suis maintenant
Bonne journée à vous, pour moi celle d'hier a été bonne, c'était mon anniversaire et j'ai reçu beaucoup de signes d'affection de ma famille et de mes ami(e)s, c'est le  plus beau cadeau!!!