Auteur Sujet: ET MAINTENANT  (Lu 122959 fois)

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pouche

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #45 le: 26 octobre 2012 à 10:29:41 »
Bonjour à tous,
Comme vos mots font échos à mon histoire. Avec ma psy,nous faisons aussi le constat de cette enfance que mon mari a vécu avec une mère alcoolique et dépressive,un père très gentil mais absent,une famille avec bcp d'argent mais pas de sentiments ou si peu ou si mal montrés et 3 jours après l'enterrement de sa mère il s'est pendu.Moi je suis pêtrie de culpabilité car il y a eu cette dispute entre nous suite à cet enterrement mais il faut que je comprenne que le mal était plus profond. Il le dit dans sa lettre de départ à nos 3 enfants "Papa est malade depuis qu'il est enfant",il n'a pas pu nous le dire,en parler alors il l'écrit juste avant de disparaitre.Notre voeu le plus cher était de faire de nos enfants des adultes heureux,avec des souvenirs d'enfance magnifiques et je veux me battre pour que malgré tout le malheur et le désespoir que nous avons en nous depuis 11 mois je parvienne à leur donner le + de bonheur possible en faisant participer mon mari à ma manière car sans lui nous ne serions pas ce que nous sommes aujourd'hui.
Bonne journée à tous et courage nous nous devons d'entourer nos enfants.
Pouche

marie-o

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #46 le: 26 octobre 2012 à 18:00:55 »
Bonsoir ,
je regarde vos réponses et je me relis; tout d'un coup , je pense aux parents endeuillés de leur enfant par suicide et je ne voudrai pas que mes écrits blessent , les culpabilisent,si cela était je vous prie de m'en excuser  car cela pourrait être un jour mon lot. Je pense très sincèrement que mes beaux parents aimaient mon mari , mais inconsciemment lui ont transmis leur propre angoisse, et, ils ne réalisent pas en quoi leurs attitudes leurs propos peuvent blesser, j'ai parfois entendu ma belle mère évoquait son vécu enfant de la guerre et de ses horreurs, mon beau père a fait une dépression vers 75 ans et il voulait se suicider, je ne sais pas pourquoi, un cousin de mon mari s'est pendu il y a 22 ans, il y aura toujours des morceaux de puzzle que je n'aurai pas.
Je sais que nous avons aimé et élevé de notre mieux nos enfants , mais j'ai conscience que nous leur avons transmis une partie de nos blessures, le geste de mon mari les a profondément meurtri , ils sont perdus, leur confiance en eux a baissé. Et, il y a cette part d'impondérable qui fait que chaque enfant se construit différemment, au sein d'une même famille, et pourquoi certains dans des conditions  très difficiles sont résilients , d'autres pas, tout cela est tellement complexe et  le tempérament , le psychisme  d'une personne à une autre est tellement différent avec des histoires différentes. Il n,'y a que nous lire sur ce site pour voir la diversité des réactions 
Je suis en train de réaliser que ce travail de deuil m'amène à regarder mon parcours de femme, de mère, d'épouse, de fille, de soeur et à accéder à une prise de conscience , une compréhension et au lâcher prise, c'est en cela qu'il est enrichissant, (je n'ai toujours pas trouver d'autre mot) et, je réalise que j'ai besoin de me réparer de mes blessures d'enfant et de travailler mon deuil pour avancer et pour être vraiment présente pour mes enfants , ce que je n'ai pas été jusqu'à présent tellement j'étais concentrée sur ma souffrance.
Bon, je vais essayer d' aller faire ma valise
au plaisir de vous lire.
Amicalement
Orchis

« Modifié: 26 octobre 2012 à 18:14:07 par orchis »

mariej

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #47 le: 26 octobre 2012 à 22:16:44 »
Bonsoir Orchis,

Je ne sais pas si vous êtes déjà partie en vacances, mais je voulais vous rassurer, vos écrits ne me blessent pas; c'est vrai que le vécu de la mort d'un mari ou d'un enfant par suicide est un vécu bien différent, mais quand je lis ce que vous écrivez je m'y retrouve dans tout ce qui est de chercher à comprendre comment la personne que nous aimons tant est arrivée à ce geste définitif sans que nous nous y attendions....

Pour mon fils, je me suis trouvée des réponses à mes questions, je ne sais pas si ce sont les vraies, mais je ne suis pas comme vous à craindre pour ses enfants car il n'en a pas laissé derrière lui (ce que j'ai beaucoup regretté aussitôt après son décès, car je pensais que des enfants de lui, ce serait un peu de lui qui continue à vivre...). Et puis nous avons beau chercher, chacun a sa part d'ombre, son intérieur secret connu de lui seul, et comme me l'a dit un de ses amis "s'il revenait maintenant peut-être que lui non plus ne pourrait répondre à cette question???"  

Pour un enfant ce qui est cruel, c'est qu'il est "la chair de notre chair", le corps souffre, "ça prend les tripes" cette douleur, cet arrachement, c'est vraiment insupportable de penser à ce "plus jamais" je ne le reverrai, "plus jamais" je ne pourrai l'embrasser, lui parler et qu'il me réponde, l'entendre rire, l'entendre m'appeller maman, c'est trop cruel...

Mais comme vous le dites si bien, nos enfants sont porteurs de notre histoire, de nos richesses et de nos blessures, de l'histoire de leurs deux parents, que nous transmettons même sans le vouloir c'est ainsi. Nous ne sommes pas tout puissants sur eux, ils ont leur vie, mon fils avait 31 ans, il en aurait 35 maintenant, ou il en a 35, je ne sais plus comment dire, je crois qu'une partie de lui est encore vivante, mais où??? au début je le sentais, j'avais l'impression qu'il n'était pas loin, mais maintenant plus rien, le vide, le manque, l'absence, au bout de 4 ans c'est toujours difficile, même si certains jours sont meilleurs, j'ai l'impression que les années qui passent l'éloignent de moi et je voudrais le garder, il me reste pourtant une fille et un garçon, mais lui, il me manque tant, rien ne pourra le remplacer.... Parfois je me dis que je suis trop triste et que c'est peut-être pour ça que je ne le "sens" plus... j'aimerais tant le revoir!

Moi aussi ce chemin de deuil m'amène à revoir ma vie et les nombreux deuils qui l'ont jalonnée, peut être mon fils, qui était très sensible, a-t-il souffert d'avoir une maman qui au fond d'elle était une petite fille pleine du chagrin de la mort de son papa? peut-être a-t-il voulu me consoler sans le savoir, en se donnant à corps perdu à d'autres enfants dans son travail en banlieue difficile, peut-être, peut-être, peut-être???? Il est parti avec ses questions et je pense que je trouverai du mieux-être quand j'arrêterai de vouloir répondre à toutes ces questions et quand je m'occuperai de vivre ma vie et de le lâcher, de le laisser "vivre" là où il est maintenant, mais comme le chemin est long et douloureux!

Bonne semaine Orchis, profitez bien de ce temps de "retraite"  
« Modifié: 26 octobre 2012 à 22:20:36 par mariej »

marie-o

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #48 le: 27 octobre 2012 à 07:47:34 »
Bonjour,Mammj et tous et toutes

Me revoila sur ce site avant le départ
Merci de votre réponse qui me rassure, j'ai tellement peur d'être maladroite
Je n'imagine rien de plus douloureux que de perdre un enfant, et surtout par suicide. Je suis tout coeur avec vous.

Je comprends tout ce que vous écrivez , je souffre autant dans mon corps que dans ma tête.
Une chose que je réalise ,c'est que j'ai besoin de prendre soin de moi  pour permettre aux émotions aux souvenirs de s'exprimer, bizarrement,si je n'arrive pas à me détendre un tant soit peu, je bloque tout inconsciemment, je suis dans l'hypercontrôle et de relacher sur le plan physique  permettent au chagrin, à la colére, à la culpabilité d'émerger, j'accueille de mon mieux ces émotions et j'essaie de comprendre le pourquoi le comment de ces émotions ce qu'elles signifient pour moi.
Je sais qu' en partant je vais lâcher tout ce qui fait ma vie en ce moment, je pars seule avec un groupe que je ne connais personne, peut être des souvenirs , je l'espère , vont émerger. peut-être des émotions du chagrin, ou pas

Je pense qu'à un moment il faut arrêter de chercher des réponses, je suis en train de lire " ce lien qui ne meurt jamais" de Lytta Basset ; elle a perdu son fils par suicide: je  cite une phrase de mémoire "qui sommes nous pour croire que nous pouvons avoir du pouvoir sur la vie d'autrui ?"

Que cette journée vous apporte un peu de douceur d'apaisement.

Orchis

Hors ligne BLUEVELVET

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #49 le: 27 octobre 2012 à 08:03:31 »
Bonjour à toutes et tous,

Orchis, votre semaine vous fera sans doute le plus grand bien, laissez venir les émotions, ne vous battez pas contre elles, c'est une énergie inutile, de toute façon elles reviendront, les larmes sont salutaires. Faites vous douceur, c'est vraiment ce dont j'ai le plus besoin après cet acte de violence. Me faire douceur, savourer l'instant avec douceur. Regarder un beau paysage et sentir l'apaisement.

Oui, il faut arrêter de chercher des réponses que l'on n'aura jamais. Sinon on tourne en rond de toutes façons. Il faut admettre cela, même si c'est très dur d'admettre que la personne avec laquelle on a passé sa vie avait des parts d'ombre que l'on ne pouvait sonder. Il faut accepter son impuissance, ce n'est pas une faiblesse au contraire.

Nous n'avons aucun pouvoir sur la vie d'autrui, nous voulons simplement, en tant que mères et épouses, que nos proches soient heureux, c'est viscéral, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour cela, après il y a des choses qui nous dépassent. Le suicide en fait partie.

Je suis aussi de tout coeur avec les mamans qui ont perdu un enfant par suicide et quand je parle de l'enfance de mon mari, je ne voudrais surtout pas culpabiliser ces mamans.

Dans une famille, et même dans la vie, devant un évènement chacun réagit avec son vécu, ses émotions, son ressenti. Mes deux enfants vivent différemment le deuil de leur père, leur situation est différente, leur vécu avec lui est différent. Tous ces petits morceaux construisent un être humain avec plus ou moins de fragilité.

Je penserai bien à vous la semaine prochaine.

BLUEVELVET
On ferme les yeux des morts avec douceur ; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants - Jean Cocteau

madâme

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #50 le: 29 octobre 2012 à 10:44:52 »
Bonsoir à toutes,

Je n'ai pas comme vous perdu un être aimé par suicide, mais j'ai perdu ma soeur d'une maladie auto-immune dont aux dires de deux médecins vus récemment "on ne meurt pas!". La façon dont ma soeur a réagi à l'annonce de sa maladie a d'abord été l'affolement puis le déni, et enfin une attitude face aux soins préconisés par les médecins qui s'est apparentée à un suicide (refus de certains soins, retour à la maison sans être soignée pendant un mois et demie, puis prise en charge médicamenteuse sérieuse, mais trop tard…). Ma soeur et moi avons eu une jeunesse très difficile avec un père souffrant de tocs, des disputes continuelles entre nos parents, le manque d'argent, etc. Une enfance dont on sort meurtri à jamais. Carole a toujours été hypersensible. Elle n'a pas eu d'enfants. Elle me demandait souvent comment j'avais fait pour construire une famille "avec la sale vie qu'on a eue". La mort de ma mère l'a davantage ébranlée. Celle de mon père il y a 8 ans l'a anéantie. Rien ne transparaissait quand on la voyait, belle, gaie, irrésistiblement drôle. Mais cassée. Incapable de stabilité, à tous les niveaux, sentimental, professionnel, psychologique. C'est pourquoi nous étions tellement importantes l'une pour l'autre, liées malgré nos différences et différends, par notre vécu dévastateur. Le même vécu, vécu différemment. Carole était focalisée sur les aspects négatifs de notre vie. Moi j'essaie malgré tout de construire quelque chose. C'est pour ça que nul ne peut se sentir responsable du suicide de son amour ou de son enfant. Chacun vit le même événement selon sa sensibilité. Et toute aide extérieure quelle qu'elle soit ne peut aboutir sans le consentement de la personne en souffrance morale. Je réfléchis depuis maintenant 14 mois, et je me dis que la maladie de Carole était une forme de suicide. Elle n'avait plus vraiment envie de vivre, et elle s'est laissée aller. Les questions s'entrechoquent dans ma tête. Pourquoi elle, et pas moi? Le même vécu, vécu différemment. En médecine naturelle, on dit bien que c'est l'intensité émotionnelle avec laquelle on vit un événement qui est important, pas l'événement en lui-même. Dois-je chercher à comprendre pourquoi nous avons réagi différemment? Je n'en suis pas sûre. Parfois, les choses ne s'expliquent pas rationnellement.

Je vous souhaite une bonne journée à tous, sans sentiments de culpabilité…

Madâme

Hors ligne BLUEVELVET

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #51 le: 30 octobre 2012 à 06:45:46 »
Bonjour à vous toutes et tous,

Merci madâme de votre message, l'expérience me fait dire que la médecine naturelle a raison, ce n'est pas l'évènement qui est important mais l'intensité émotionnelle avec laquelle on le vit.

Dans la vie, certaines personnes abordent les choses avec des lunettes roses, d'autres avec des lunettes noires. Pourquoi ? C'est l'éternelle question du verre à moitié plein ou à moitié vide.

Chacun de nous s'est construit avec les situations qu'il a vécues dans sa vie et avec sa sensibilité aussi, c'est ce qui fait un être humain, et on peut aussi avoir des peurs, angoisses enfouies qui peuvent resurgir face à un événement qui semble anodin à d'autres ou même un évènement heureux, la psychologie est très complexe et je crois que la médecine de l'âme n'en n'est qu'aux balbutiements.

Mes enfants et moi-même sommes encore en construction après le départ de papa, avec des hauts et des bas mais la tendance est de voir le verre à moitié plein et cela aide énormément dans ce travail de deuil où il faut aller puiser au plus profond de nous, je crois même qu'à un moment il faut un face à face avec soi-même pour faire le point, savoir ce que l'on veut, ce que l'on ne veut pas.

Plouche, si vous nous lisez, ne culpabilisez pas sur le départ de votre mari, comme le dit madâme, personne n'est responsable de cet acte, j'en suis persuadée au plus profond de moi même.

Merci pour ce fil.

Plein de douceur à vous toutes et tous,

BLUEVELVET
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pouche

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #52 le: 30 octobre 2012 à 07:05:07 »
Bonjour, il est vrai qu'un même évènement n'est pas ressenti de la même manière suivant les gens mais il est dur de ne pas se sentir coupable du départ d'une personne qui vit avec vous,vous pensez automatiquement que son envie est de cesser cette vie auprès de vous,des enfants qui ne lui convient sans doute plus.Pour le moment tout me ramène sans cesse à cela,aux mots que l'on peut avoir lors d'une dispute j'en oublie presque que la vie quotidienne était plutôt emplie de rires et de bons moments tous ensemble.
Bisous et bonne journée
Pouche

madâme

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #53 le: 30 octobre 2012 à 08:45:14 »
Bonjour à vous Bluevelvet et Pouche,

Pouche, je me permets d'insister sur ton sentiment de culpabilité. Te sentir coupable revient à nous mettre une sacrée responsabilité sur le dos, à savoir que nous sommes responsables du bonheur de nos Aimés. Quelle lourde responsabilité! Mais responsables du bonheur de qui? Notre compagnon, nos enfants, nos frères et soeurs, nos parents quand ils vieillissent, et pourquoi pas certains de nos amis qui n'arrivent pas à trouver le bien-être en eux. Bien sûr que nous pouvons contribuer au bonheur de nos Aimés, mais pas en assumer "l'entièreté" (néologisme!). Les aidants, thérapeutes ou pas le disent bien, pour pouvoir aider et aimer les autres, il faut commencer par s'aimer et s'aider soi-même. On ne peut pas faire le bonheur de quelqu'un s'il n'est pas déterminé à être heureux. Il faut que l'impulsion et le désir viennent d'abord de soi. C'est pour ça que tant de thérapies échouent. Parce que les gens y vont sous la pression de l'entourage, pas parce qu'ils en éprouvent vraiment l'envie. Un professeur ne parviendra jamais à apprendre quelque chose à un élève qui n'a pas le désir d'apprendre et de faire des efforts. Le professeur a le devoir de donner l'envie, mais pas de faire le travail à la place de l'élève. Il en va de même pour l'apprentissage du bonheur. Je sais de quoi je parle, avec mes parents et ma soeur. Je suis celle qui s'en sort le mieux de ma première famille disparue. Aucun n'était en fait doué pour le bonheur. J'avais beau discuter avec eux. Rien n'y faisait. Je me souviens que quand ma mère était   
soignée pour son cancer, je lui ai dit "regarde autour de toi, regarde ton jardin, tes fleurs, les arbres, le ciel. Regarde comme c'est beau." Je voulais lui donner le goût de vivre et de se battre. Elle m'a juste répondu "je m'en fous". Ma soeur lui avait acheté un appareil pour qu'elle écoute de la musique, synonyme de vie. Elle ne s'en est jamais servi…On ne peut rien faire contre l'absence de désir. Ma soeur m'a dit un jour, je veux savoir pourquoi on est là, à galérer sur la terre. Je veux savoir s'il y a quelque chose après. Je lui ai dit "mais on n'a pas à avoir de preuves, il faut accepter la condition humaine."Elle m'a répondu "si je ne peux pas savoir, je préfère crever". Quelques semaines après cette conversation, elle développait une maladie auto-immune…
Voilà Pouche pourquoi j'interviens sur ce fil, pour tous ceux qui ont perdu un être cher par suicide et qui culpabilisent, pour qu'ils se sentent moins lourds du fardeau de la décision de leur Aimé.
Bonne journée à vous
Madâme

pouche

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #54 le: 30 octobre 2012 à 09:04:45 »
C'est ce que dit ma psy mais nous avions bâti un tel bonheur que je le pensais fort et heureux et puis la perte de sa maman et cette dispute que j'ai déclenchée peut-être il s'est tout à coup senti perdu,isolé et seul ; alors que j'avais pour mission en l'épousant de rendre cet homme heureux j'ai peut-être engendré sa perte. C'est difficile de remettre les choses à leur juste place après un acte aussi irrationnel,on fait une relecture de la vie qui est autre,on voudrait changer des choses,on regrette d'être comme on est alors que même nos enfants me disent que leur papa m'a épousé pour ce que j'étais justement .
Bonne journée à tous
Pouche

Hors ligne Méduse

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Re : ET MAINTENANT
« Réponse #55 le: 30 octobre 2012 à 12:47:46 »
Chère Madâme,
J’ai l’impression que la relation entre mes deux filles était un peu comme celle de toi et de la sœur. Elles se complétaient et étaient longtemps en équilibre, l’une tournée vers la vie et l’autre vers la mort. Pendant l’enfance, ma seconde arrivait à attirer mon ainée vers la vie, mais à l’âge adulte cela n’a plus suffit.

Chère Pouch,
Ton mari a bien écrit qu’il était malade depuis son enfance. C’est ce que mon ainée qui s’est suicidée me disait à l’âge adulte. Mais moi, je n’avais pas pu me l’imaginer malade, je la pensais juste extrêmement sensible et impulsive par moments. Elle me disait même qu’elle faisait semblant d’être heureuse pour nous faire plaisir. Je sais qu’elle nous aimait profondément, mais elle ressentait et prenait sur elle le malheur du monde entier. Comment supporter ce poids ? Elle n’a pas eu les protections chimiques contre les émotions trop fortes. D’après ce que j’ai lu, cela a une origine génétique.

Je comprends ton sentiment de culpabilité. Moi-même, je me reproche de ne pas avoir trouvé les bons mots pour retenir ma fille. Mais je me dis aussi que j’ai fait de mon mieux et que malheureusement, je ne suis pas parfaite. Probablement, tu as réussi à retenir ton mari pendant de nombreuses années. Sans toi, il serait peut-être parti bien plus tôt. Je pense plutôt que c’est la perte de sa mère qui pouvait être l’élément déclencheur et non votre dispute. N’aviez-vous pas eu d’autres disputes à un moment ou un autre comme tous les couples et il ne s’est pas suicidé ?! Cette perte avait pu aussi faire remonter à la surface toute son enfance qu’il avait enfoui un peu. Il vous a laissé une lettre explicative, vous avez donc la preuve qu’il pensait à vous jusqu’au bout. Mais sa vie était trop douloureuse pour lui. Maintenant que je vis le manque de mon enfant, je la comprends beaucoup mieux. Quand j’étais encore optimiste, j’essayais de lui montrer les belles choses de la vie. Aux yeux de tous, elle était comblée par la vie, douée, sensible, intelligente, tout lui réussissait, belle. Mais elle était trop sensible et ne pouvait pas accepter les opportunités qui s’offraient à elle et les refusait et elle ne s’aimait pas physiquement alors que tous la trouvait belle. Aujourd’hui, le soleil me touche bien moins et pendant de nombreux mois, j’étais exclusivement enfermée dans mon chagrin.

Je penserai à toi, le 8 novembre. Vous arriverez à le surmonter, toi et tes enfants. C’est bien que vous soyez soudés.

Prends bien soin de toi et de tes enfants.

Méduse

Mammj

  • Invité
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #56 le: 30 octobre 2012 à 13:25:07 »
Bonjour Pouche, BLUEVELVET, Madâme, Orchis, Mariej, Méduse, bonjour à tous,

Si nous l'évoquons tant sur ce forum ce sentiment de culpabilité , qu'on en parle d'une manière ou d'une autre, c'est que de façon plus ou moins tenace, il nous a bien tourmentés, pour quelques-uns parmi nous il nous tourmente  encore  voire nous paralyse nous  torture, nous abime ! C'est mon cas au bout de 15 mois de deuil...

S'agissant de la perte d'un enfant adulte  par suicide, en tant que parents indéniablement on remet en question ce que nous lui avons transmis  pour ce qui est de l'inné et de l'acquis... Bref, tellement douloureux si difficile à surmonter.... de le voir s' ôter la vie qu'on lui a donnée...

Quant au suicide d'un conjoint, j'avais déjà répondu à Orchis à ce sujet , nous ne savons pas tout de lui, de sa capacité de réagir aux tournants de l'existence dont certains plus lourds se présenteront ou pas... de même face à la maladie, aussi l' "entraide" dans le couple peut s'avérer un jour ou l'autre inégale.... inégale également la réponse de l'un ou de l'autre à ces aléas...

Quoi qu'il en soit après notre drame, au mieux  nous serons de nouveau happés par la pulsion de vie ou  nous mettrons du temps à "redécoller" ou peut-être nous n'y parviendrons pas...(moi, je ne dépasse pas la souffrance de mon unique enfant qui n'a pas été entendue qui n'a pas reçu l'aide nécessaire). On ne le dira jamais assez, tant de facteurs interviennent, sans compter qu'on ne peut  mettre tous les événements, ni tous les individus dans le même panier. Nous voudrions tant tous être positifs si ce n'est optimistes !

La vie heureusement ne s'appréhende pas qu'en noir et blanc, il existe tant de nuances.... ce qui finalement se veut rassurant ! Alors cette culpabilité, ainsi que je viens de le ré-écouter sur les vidéos du site, laissons la émerger, n'essayons pas de déculpabiliser puisqu'il faut l'exprimer pour réussir à l'user, un jour plus ou moins proche, selon nos personnalités, nos sensibilités, notre fragilité car ce que nous vivons pas n'est pas sans nous avoir marqués...

Les mots du deuil culpabilite
( trois vidéos du module 3 sur la culpabilité).

Plein de douceur de paix et d'espoir pour vous et pour vos enfants.

Mammj
« Modifié: 27 février 2014 à 15:48:30 par Webmaster »

madâme

  • Invité
Culpabiblité
« Réponse #57 le: 30 octobre 2012 à 14:10:18 »
Bonjour Mammj,

Simplement pour te parler de cet ami de 85 ans qui a perdu à l'âge de 47 ans son unique fils de 20 et quelques années dans un accident de moto qu'il venait de lui offrir. Cet homme est mon ami, parce que je l'admire pour son courage, sa dignité et son amour des autres et de la vie, malgré ce drame qui l'a marqué à vie. Il nous parle de ce fils disparu, à petites touches, et ne prononce son prénom que depuis un an environ. Il a perdu sa femme adorée il y a 6 ans. Quand je l'ai rencontré, il venait de la perdre un an auparavant. J'ai pensé qu'il ne s'en remettrait pas, et pourtant, il continue à vivre de bons moments dès qu'il le peut, en notre compagnie. Je n'ai pas dit qu'il ne souffrait pas de l'absence. Je veux juste te dire que malgré tout, il peut encore jouir de la vie avec d'autres. C'est ce que je te souhaite, Mammj, de pouvoir quand la cicatrice sera moins ouverte, pouvoir profiter de moments de grâce, seule, en connexion avec la nature, ou avec des personnes que tu aimes.
Quant à la souffrance des gens que nous aimons, enfant, conjoint, frère, soeur, parent, n'oublions pas qu'avant de nous appartenir, ils s'appartiennent. Que nous devons aussi les envisager sous un autre angle, en tant qu'être humain ayant un passage à faire ici-bas, pour un temps que nous ignorons, comme nous ignorons le temps qui nous est imparti.
Je suis d'accord avec toi pour "user" la culpabilité, mais pas pour "s' user", et j'ai parfois l'impression en lisant certains témoignages, que la culpabilité ressentie est un moyen de rester connecté au disparu, pour être associé dans la souffrance. Mais le disparu ne souffre plus, il est libre. C'est nous qui restons là, à nous empêcher parfois de vivre vraiment, pour cultiver le souvenir.
Mais continuer à profiter de la vie, malgré la perte, n'est-ce pas le meilleur hommage que nous pouvons offrir à nos défunts?

Courage à toi, Mammj, je souhaite que tu puisses être libérée du fardeau de la culpabilité. Je sens bien que tu es une belle personne,

Madâme

Mammj

  • Invité
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #58 le: 30 octobre 2012 à 18:49:15 »
Bonsoir à toutes et à tous,

Merci Madâme de m'avoir lue et répondu. Ce que nous partageons sur ce forum nous permet à travers nos diverses réflexions
de repenser notre manière de suivre notre chemin du deuil.
Bien sûr que ma fille ne souffre plus, toutefois je ne peux pour l'instant me détacher en effet de tout ce qu'elle a été pour moi, pendant
47 ans, puis pour ses enfants... Cette façon imprévisible de nous quitter pourrait s'assimiler à un brutal et irrémédiable accident à  la différence qu'elle a accompli ce geste sur elle-même... et que ses deux enfants lui en veulent... Comment faire ?
Leur père, ex-mari quelques mois avant la perte de leur maman, ne fait rien pour rétablir une vérité, " exténuée, elle croyait ne plus guérir, n'a pas voulu être un poids pour eux"...
Elle me savait forte elle a eu  la fierté de me cacher sa détresse et a lutté jusqu'au dernier moment pour essayer de remonter la pente,  tandis que moi depuis je m'effondre et ne cesse de pleurer et pourtant il me faut  assumer l'après, un après  très lourd !
Tous ceux qui ont nié sa dépression sévère et résistante, qui ne l'ont pas aidée et lui ont tourné le dos, me fuient aujourd' hui...
Famille, amis, impossible d'en parler,  à quoi bon maintenant ? Ils s'éloignent, je m'éloigne et  ma mère étant décédée 7 semaines avant ma fille, c'est le vide, me voilà complètement seule, mais pas question de pleurer sur moi-même... Je ne peux oublier le dernier week end de ma fille où nous nous sommes tous mépris et avons agi à contresens ! C'est horrible...
Par conséquent,  si la culpabilité ne doit pas avoir raison de nous, si pour ma fille c'est trop tard, je me dis que certaines situations ne doivent pas se reproduire pour d'autres...
Il m'incombe certes de retrouver des raisons et essentiellement  le désir de continuer ma route jusqu'au bout du bout...  Quoi qu'il en soit, je n'arrive pas à comprendre que mon enfant ait sombré dans un tel marasme  et que moi je sois encore là à mener un nouveau combat pour tenir debout,  c'est un nonsens pour moi.
Je ne lui ai pas démontré, ni dit, combien je l'ai aimée....Elle en avait besoin, même si quand tout allait bien pour elle, c'est de ses enfants qu'elle attendait ses manifestations d'affection !
Toute ma vie j'ai dû me battre pour m'en sortir et aujourd'hui je n'ai plus envie de m'imposer quoi que ce soit...
Ma présence sur ce forum est pourtant une démarche en vue d'un apaisement... je dois bien  l'admettre.
Le comportement courageux et  remarquable  de votre ami est certes une ode à la vie...
Force et espérance...
Mammj


« Modifié: 30 octobre 2012 à 19:25:36 par Mammj »

pouche

  • Invité
Re : ET MAINTENANT
« Réponse #59 le: 30 octobre 2012 à 21:04:06 »
Mammj
j'ai tellement de peine en ressentant votre douleur,je suis sûre que vous n'y êtes pour rien dans le destin tragique de votre enfant unique. Cela parait évident,mais je sais aussi à quel point la culpabilité peut nous ronger,nous tétaniser,c'est vraiment en nous,nous la ressentons au plus profond de notre être,elle nous vide et nous désespère. Seulement,objectivement savons nous si notre aide aurait empêché ce geste?Peut-être les avons nous sauvé 1 fois ou 2 sans même le savoir parfois cette idée m'aide et pourtant je sombre moi aussi si souvent dans cette détresse profonde que procure la culpabilité.
Je vous souhaite du courage et de trouver la motivation de continuer la route en pensant à tout l'amour que vous vous portiez.
Pouche