Bonsoir Orchis,
Je ne sais pas si vous êtes déjà partie en vacances, mais je voulais vous rassurer, vos écrits ne me blessent pas; c'est vrai que le vécu de la mort d'un mari ou d'un enfant par suicide est un vécu bien différent, mais quand je lis ce que vous écrivez je m'y retrouve dans tout ce qui est de chercher à comprendre comment la personne que nous aimons tant est arrivée à ce geste définitif sans que nous nous y attendions....
Pour mon fils, je me suis trouvée des réponses à mes questions, je ne sais pas si ce sont les vraies, mais je ne suis pas comme vous à craindre pour ses enfants car il n'en a pas laissé derrière lui (ce que j'ai beaucoup regretté aussitôt après son décès, car je pensais que des enfants de lui, ce serait un peu de lui qui continue à vivre...). Et puis nous avons beau chercher, chacun a sa part d'ombre, son intérieur secret connu de lui seul, et comme me l'a dit un de ses amis "s'il revenait maintenant peut-être que lui non plus ne pourrait répondre à cette question???"
Pour un enfant ce qui est cruel, c'est qu'il est "la chair de notre chair", le corps souffre, "ça prend les tripes" cette douleur, cet arrachement, c'est vraiment insupportable de penser à ce "plus jamais" je ne le reverrai, "plus jamais" je ne pourrai l'embrasser, lui parler et qu'il me réponde, l'entendre rire, l'entendre m'appeller maman, c'est trop cruel...
Mais comme vous le dites si bien, nos enfants sont porteurs de notre histoire, de nos richesses et de nos blessures, de l'histoire de leurs deux parents, que nous transmettons même sans le vouloir c'est ainsi. Nous ne sommes pas tout puissants sur eux, ils ont leur vie, mon fils avait 31 ans, il en aurait 35 maintenant, ou il en a 35, je ne sais plus comment dire, je crois qu'une partie de lui est encore vivante, mais où??? au début je le sentais, j'avais l'impression qu'il n'était pas loin, mais maintenant plus rien, le vide, le manque, l'absence, au bout de 4 ans c'est toujours difficile, même si certains jours sont meilleurs, j'ai l'impression que les années qui passent l'éloignent de moi et je voudrais le garder, il me reste pourtant une fille et un garçon, mais lui, il me manque tant, rien ne pourra le remplacer.... Parfois je me dis que je suis trop triste et que c'est peut-être pour ça que je ne le "sens" plus... j'aimerais tant le revoir!
Moi aussi ce chemin de deuil m'amène à revoir ma vie et les nombreux deuils qui l'ont jalonnée, peut être mon fils, qui était très sensible, a-t-il souffert d'avoir une maman qui au fond d'elle était une petite fille pleine du chagrin de la mort de son papa? peut-être a-t-il voulu me consoler sans le savoir, en se donnant à corps perdu à d'autres enfants dans son travail en banlieue difficile, peut-être, peut-être, peut-être?
Il est parti avec ses questions et je pense que je trouverai du mieux-être quand j'arrêterai de vouloir répondre à toutes ces questions et quand je m'occuperai de vivre ma vie et de le lâcher, de le laisser "vivre" là où il est maintenant, mais comme le chemin est long et douloureux!
Bonne semaine Orchis, profitez bien de ce temps de "retraite"