2 mois aujourd'hui que tu nous as quitté...
Rien ne laissait présager cette issue à ce moment-là ; tu avais tellement de projets et tu aimais tellement tes filles et ce bébé à venir ! Je n'arrive pas à réaliser l'horreur. Je n'arrive pas à réaliser que je ne te verrai plus, que je ne t'entendrai plus, que je ne pourrai plus t'embrasser, te prendre dans les bras. J'ai mal de savoir que tu as du autant souffrir pour ne voir que cette issue, que tu te sois privé de tellement de bons moments auprès de tes enfants.
Je me rends compte aujourd'hui avec les 2 mois de recul, les recherches que j'ai pu mener et les évènements et conversations que j'ai revécus en boucle, qu'il y avait sûrement des signes de ton mal être, mais malgré tout jamais je n'aurai pensé que ça pouvait en arriver là.
J'ai appris que tu avais vécu des choses qui t'ont fragilisé dans ton enfance et ta jeunesse, que tu n'avais pas confiance en toi (par rapport à cet aspect, tu me disais "mon père ne m'a pas aidé"), et que la perte de ta grand mère il y a 20 ans t'a énormément fait souffrir. Et comme ci ça n'était pas suffisant, on t'a "accusé" de sa mort. Toi qui était un adolescent de 16 ans hypersensible, cela t'as sûrement fragilisé à un point que je ne peux imaginer. Je ne savais pas que tu étais plus proche de ta grand mère que de tes propres parents. Plusieurs personnes me l'ont dit depuis. Je ne me rappelle que tu me l'ai dit un jour. Si bien que les quelques fois où tu me disais que tu avais souffert de sa mort, je n'ai à aucun moment mesuré ta souffrance.
Ce n'est que le samedi soir, le 4 novembre, que tu m'as fait part de ton désespoir et que tu avais pensé à en finir mais que de voir les filles t'avais fait revenir à la réalité. Je ne savais pas quoi faire quand tu m'as dit cela, alors on a discuté tous les 2. Tu m'as dit que tu voulais rejoindre ta grand mère et que tu te sentais coupable de sa mort et que ta tante s'était permis de dire "et s'il n'était pas parti en internat (en parlant de toi), ça ne serait peut être pas arrivé"... Ta grand mère est décédée à 83 ans d'une crise cardiaque ; je serai plutôt tentée de dire que c'était une "belle mort". Je t'ai demandé si tu étais heureux avec moi, ce que je pouvais faire pour que tu sois mieux. Je t'ai dit que j'avais besoin de toi et les enfants aussi, que je ne voulais pas que tu nous laisse, qu'on t'aimait. Tu as fini par me dire que cette discussion t'avais fait du bien et que tu étais d'accord pour que l'on aille ensemble chez le médecin le lundi. Le dimanche s'est très bien passé, on a parlé de Noël, tu m'as dit qu'il fallait que l'on pense à organiser le réveillon du nouvel an qui était prévu chez nous, tu m'as donné une autre idée de prénom pour le bébé, tu as donné ton manteau à réparer à ma maman, tu as croisé beaucoup de monde avec qui tu as discuté quand nous nous sommes promené... Bref, un dimanche comme les autres, hormis mes pleurs à plusieurs reprises dans la journée car j'avais très peur et je te suppliais de ne pas faire de bêtises. Tu me disais ne t'inquiètes pas !
Et puis ce lundi matin du 6 novembre tu étais réveillé de bonne heure. Ça ne m'a pas choqué plus que ça vu ce que tu m'avais dit, je trouvais ça compréhensible de ne pas bien dormir. Tu t'es levé en me disant que tu allais aller au travail car tu voulais aller à ton rdv chez l'ORL qui était prévu le soir et que ton oreille te faisais mal (depuis un moment d'ailleurs). A cela je t'ai répondu "non, reste, on va chez le médecin et on ira ensemble chez l'ORL, on trouvera un truc à dire à ton travail pour justifier ton absence". Tu as d'abord hésiter en me disant "t'es sûr ?", puis tu as enchaîné "non, je vais aller au travail, ca va me changer les idées". Et je t'ai laissé partir en te disant que j'allais te rejoindre le midi, qu'il fallait que tu m'appelle au moindre problème, que l'on allait trouver une solution ensemble et que tu ne devais pas faire de bêtises. Et toi, tu m'as dit "ok on fait un mc do, pense aux tickets resto. Je vais au travail aujourd'hui et on va chez le médecin demain". A aucun moment j'ai pensé que tu allais passer à l'acte moins d'une heure après.
Je ne sais pas si tu l'avais décidé en partant de la maison et que tu cherchais à me rassurer ou bien si quelque chose à fait tout ressurgir entre temps. Je ne le saurai sans doute jamais. Néanmoins, je sais maintenant que dans ton cas ça n'était pas prémédité, que tu ne voulais pas nous quitter mais que ta souffrance a pris le dessus et qu'une "pulsion" à fait que c'était la seule issue que tu voyais. Je ne t'en veux pas, c'est plus à moi que j'en veux de n'avoir rien vu, d'être rester dans le quotidien alors que toi tu étais si mal. Je travaille sur cette culpabilité avec la psy et petit à petit son ampleur diminue. Néanmoins c'est tout de même dur à accepter d'être là personne la plus proche, d'être au quotidien avec toi et de ne me rendre compte de rien. Et d'accepter que l'amour que je te porte n'a pas suffit!
Si j'avais su et si tu m'avais laissé t'aider , je peux te dire que je ne t'aurais pas lâché.
Je t'aime si fort !
Voilà c'est la première fois que j'écris dans cette partie du forum, mais j'avais besoin aujourd'hui de revenir encore une fois sur ces derniers jours, ces dernières heures avec lui. J'avais besoin de pleurer en écrivant tout cela, il fallait que j'évacue un peu...