Courage Louyse, moi aussi je connais le sentiment de culpabilité ô combien! Mon tant aimé s'est ôté la vie le mois de novembre dernier. Le 1er novembre, le jour des morts ou le jour... des saints. Les premiers jours, premières semaines, premiers mois, en plus de la souffrance de la perte et de l'absence, j'ai porté le fardeau de la culpabilité comme la plupart des survivants du suicide. C'est inévitable il paraît. Cela fait partie de la spécificité de ce deuil, de ce traumatisme. J'en ai parlé et j'en parle encore avec ma psy et j'essaie de suivre les recommandations de Christophe Fauré sur le deuil : user la douleur et la culpabilité encore et encore avec les mots.
Ce n'est pas encore gagné. Je rumine encore le "Et si" et les "pourquoi", les "J'aurais dû" et les " j'aurais pu" (mon compagnon s'est suicidé la seule fois où je m'étais absentée un peu plus longtemps, après m'être carrément enfermé avec lui pour qu'il évite une fois encore d'attenter à sa vie et croyant que son état s'était amélioré et que de l'avis même de sa psychiatre il n'était plus suicidaire). Même si jour après jour cette culpabilité se fait moins lancinante, je sais que jusqu'au dernier souffle de ma vie, cette question m'accompagnera "et si j'avais été présente ce matin-là".
Je sais que se sentir coupable est irrationnel mais le suicide est une chose irrationnelle.
C'est un meurtre sans coupable, puisque le meurtrier est la victime. Notre raison ne peut admettre une chose pareille. Alors s'il faut un coupable, cela doit être... moi!
Louyse vous avez fait tout ce que vous avez pu pour votre fils. Ce n'est pas de votre faute. Si les spécialistes n'ont pas pu le guérir ou au moins faire cesser sa souffrance comment nous nous aurions pu le faire? Nous étions des aimantes et pas des soignantes. Et malheureusement la maladie maniaco-dépressive fait partie des troubles psychiques qui comptent le plus de victimes par suicide. Mon compagnon en fait partie et votre fils aussi malheureusement. Je comprends votre souffrance, comme toutes les personnes qui sont sur ce forum. Nous la vivons chaque jour, surtout le matin, surtout la nuit. J'arrive maintenant à dormir, mais mes proches me disent qu'en plein milieu de la nuit je pleure.
Je le pleure parce qu'il le mérite, mon tant aimé. Mon oiseau, mon aigle, parti si tôt. C'était un homme merveilleux. Chaque jour je me dis que la vie n'a aucun sens sauf celui d'être cruelle. Pourtant la vie me pousse et six mois après sa disparition je m'étonne d'être restée vivante.
Je vous souhaite Louyse de trouver un peu d'apaisement et de réconfort.
Vous avez tout fait.
Ce n'est pas de votre faute.
Nina