Auteur Sujet: La faute à qui?  (Lu 10011 fois)

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marie-o

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La faute à qui?
« le: 24 mai 2012 à 21:12:47 »
Bonsoir,
je lis vos messages  et j'entends dans la recherche du pourquoi, la culpabilité qui pointe son nez ou la recherche de responsable.

Mon mari s'est pendu
pourquoi ?
est ce ta faute,  mon aîné, comme tu l'as cru, toi qui l'a vu le dernier et qui te reproche de ne pas avoir vu qu'il était si mal et de ne pas avoir dit les mots qui auraient pu le retenir? Bien sur que non.

Est ce ta faute , mon cadet, comme tu l'as cru ,  parce que tu n'as pas répondu à sa demande la veille et tu as été un peu agressif avec lui, car tu voulais rejoindre tes copains.Bien sûr que non. A  21 ans il n'y a rien de plus normal que de vivre sa vie. et un conflit entre père et fils fait partie de la vie

Est ce la faute à toutes les personnes (famille, collègues, copains...) qui ont pu avoir parfois des attitudes ou des paroles blessantes ?Je ne le crois pas, si cela blessait Michel , c'est qu'il avait une si faible estime de lui? et un rien l'affectait, une parole, un geste, une absence. Il avait soif d'amour, de reconnaissance, mais il ne s'aimait pas lui-même, alors...

Est ce la faute à ses parents , qui n'ont pas su donné à leur fils unique, malgré leur amour inconditionnel, une solide  confiance en lui et  un sentiment de sécurité pour lui permettre de s'épanouir. Je sais qu'ils lui ont donné ce qu'ils ont pu en croyant faire au mieux pour lui mais , inconsciemment ils lui ont refilé leurs problèmes : très forte angoisse des 2 cotés,un père avec des tendances suicidaires une mère marquée par des traumatismes de la guerre et peut être d'autres choses encore, mais peu importe....
 Mon mari avait fait le choix de ne pas leur en faire le reproche, et de les protéger, depuis 29 ans, il me disait" mes parents sont vieux que veux tu? il faut les laisser tranquilles".J'ai aujourd'hui l'âge qu'ils avaient quand je les ai connus. J'entends maintenant ; mes parents sont fragiles... Bien sûr que non. Ils ont fait de leur mieux avec leurs outils , comme mon mari et moi avec nos enfants

Est ce la faute de notre médecin , mais connaissant mon mari pour avoir assisté à quelques consultations , j'en ressortais en me disant comment le médecin pouvait-il faire  un bon diagnostic?
Il est sûr que notre médecin doit aussi se culpabiliser, et vivre cela comme un échec.

Est ce la faute de notre société? tous ses messages qu'elle nous envoie: être jeune, beau, mince, dynamique, en forme , heureux, performant ...

est ce la faute à un manque de formation et d'information des professionnels et du public, aussi? Le suicide est la 1ère cause de mortaliré entre 25 et 55 ans la 2ème entre 15 et 25 ans.
J'ai  fait des recherches pour faire un don suite au décès de mon mari aux associations qui luttent contre le suicide et je me suis penchée  sur la formation professionnelle, car j'en ai  bénéficiée, il apparaît qu'elles sont en diminution faute de participants. Les médecins et les soignants sont une catégorie professionnelle très touchée par le suicide Dans mon département; 3 medecins se sont suicidés dans la même période que mon mari.

est ce  ma  faute, car je n'ai pas su  assez lui  prouver mon amour, je n'ai pas su le retenir , je n'ai pas eu les bons mots, les gestes qu'il avait besoin, je lui ai demandé de l'aide car j'étais angoissée, je n'allais pas bien ,  nous étions dans une période difficile de notre vie de couple mais ce n'était pas la première fois et  j'ai vu tardivement  qu'il allait très  mal, je n'ai pas su le soigner, je n'ai pas su le protéger....
Mes fils me disent que je ne suis pas coupable et ils argumentent si notre grand père s'était suicidé est ce que ce serait la faute de Mamie, et , bien sûr,  non!

Intellectuellement , je sais que je ne suis pas coupable.  Mon mari s'est suicidé, car il a fait un raptus d'angoisse, il avait une maladie bipolaire, il est passé dans une phase dépressive violente, je n'avais jamais réalisé sa maladie, j'avais pu voir qu'il était très anxieux , qu'il avait une très faible estime de lui, qu'il pouvait être par moment déprimé, je lui suggérais de voir un psy, pour qu'il soit mieux dans sa peau, mais jamais je ne l'avais pensé bipolaire ou maniaco dépressif.

Et , la culpabilité est tapie , elle surgit à chaque instant, elle se cache pour mieux revenir, elle me ronge...
bonne soirée à tous et toutes

Marie-O



 
« Modifié: 24 mai 2012 à 21:29:27 par marie-o »

mariej

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Re : La faute à qui?
« Réponse #1 le: 24 mai 2012 à 23:11:27 »
Bonsoir Marie-O,

Merci pour ton long message, ah! la culpabilité, c'est vrai qu'elle est tapie et ne demande qu'à  resurgir... et c'est vrai qu'après un deuil dû à un suicide c'est encore pire!

Tu fais bien d'écrire si longuement, car la culpabilité il nous faut l'épuiser, se poser toutes les questions qui nous hantent quand ça va mal et les épuiser pour voir que non, nous ne sommes pas coupables, ton mari, comme mon fils qui avait 31 ans , ont eu ce geste terrible de conséquence, et nous après qu'est-ce qu'on en fait?

J'ai lu et écouté des conférences de Lytta Basset qui a perdu son fils par suicide, elle dit "la culpabilité ne mène à rien, si ce n'est à nous faire du mal", et elle dit aussi "pour qui est-ce que je me prends quand je crois avoir du pouvoir sur la vie d'autrui, même s'il s'agit d'un fils, d'une fille, d'un mari?" Elle a raison, nous ne sommes pas tout puissants sur nos proches et heureusement car la vie serait insupportable pour eux, chacun de nous a sa liberté, la liberté de mener sa vie, comme il l'entend, comme il le peut, avec ses richesses et ses blessures....

Mon fils a mis fin à ses jours sans que personne n'ait rien vu venir, c'est après que l'on se dit "il était fatigué, inquiet pour son avenir etc..." mais jamais personne n'a pensé que ça pourrait se terminer par un suicide.... c'est difficile de prévenir un geste qu'on ne soupçonne pas, qu'on ne voit pas se profiler... Personne ne peut penser ça pour un proche qui n'a jamais manifesté de troubles dépressifs... et même pour ton mari, tu le dis si bien, tu n'aurais jamais pensé... Je crois sincèrement que le famille, nous sommes vraiment très mal placée pour "voir", comme m'a dit une de mes soeurs après le décès de mon fils:"comment pouvais-tu voir, ce qu'il mettait tant d'énergie à cacher!" C'est bien là le problème, nos proches nous aiment et ne veulent pas nous embêter avec leurs problèmes, par amour...

Notre fils a laissé une lettre dans laquelle il dit qu'il nous aime, il demande pardon pour ce qu'il nous fait vivre, mais il part car la vie lui est devenue insupportable!!!

Ton mari n'en pouvait plus lui non plus, c'est la seule réponse qu'il a trouvée pour cesser son angoisse insupportable, tu n'y es pour rien, s'il avait somatisé et avait eu un grave cancer, tu ne te serais pas rendue coupable, dis-toi que c'est pareil, le suicide est une "crise cardiaque" psychologique, l'entourage reste impuissant! ce qui est difficile c'est que celui qui part nous laisse toutes ces questions sans réponse, à nous de ne pas nous épuiser en cherchant les réponses car nous n'avons pas les réponses, seulement des bribes... Pour moi, je me suis fait mes réponses qui me conviennent (mon fils est mort il y a 3 ans et demi), ça m'apaise un peu, certains jours la culpabilité repointe son nez, mais moins profondément et moins longtemps....

De tout coeur avec toi

marie-o

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Re : La faute à qui?
« Réponse #2 le: 25 mai 2012 à 06:40:26 »
mariej

merci beaucoup pour ta réponse
oui qui je suis pour croire que j'aurai pu avoir du pouvoir sur la vie d'autrui,
le message de Lytta Basset est très juste , je vais chercher des livres et des conférences d'elles
amicalement
bonne journée
Marie-o

Mammj

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Re : La faute à qui?
« Réponse #3 le: 25 mai 2012 à 12:04:14 »
Bonjour Marie-o,

Vous m'aviez mis un post il me semble que je n'ai pas retrouvé ;  merci,  nos échanges nous sont si précieux dans ce
cheminement qui est désormais le nôtre....
Pour ce qui est de la culpabilité, il est vrai que si on n'y prend garde elle nous ronge de l'intérieur nous paralyse, ce qui
n'arrange strictement rien à la situation qu'il nous faut traverser... Tout ce travail sur soi n'est pas sans douleur...
Pour le cas d'un enfant, comme le dit Mariej, c'est quasiment inévitable même si en effet on n'est pas toutes puissantes...
Mais qu'en est-il des pères ?

Moi, j'en ai pour un bon moment, si ce n'est pour le temps qui me reste imparti... car le soir où ma fille a mis fin à ses jours,
à 46 ans 1/2, elle m'avait demandé de rester avec elle et son fils... Je me suis complètement  trompée en pensant qu'elle était
prête à assumer cette soirée seule avec lui..  peu après une hospitalisation. Elle devait pouvoir "se reprendre en main"... soi-disant
et mon entourage me reprochait de la conforter dans sa perte d'autonomie... parce qu'elle faisait une "pause" chez moi....
lui reprochait de "ne pas progresser",  des réflexions nuisibles alors que nous avions besoin de soutien et de.... temps !

Son fils est sorti.... elle a dû refaire une crise de panique, seule dans cette maison familiale qui n'était plus la sienne, 3 heures
après l'avoir quittée, elle n'était plus là ! C'est son fils qui l'a retrouvée morte en rentrant....
Mon seul enfant, que je pouvais aider sans problème.... que j'aimais plus que tout... je n'ai pas été à la hauteur....
Aujourd'hui le corps médical reconnaît ne pas avoir mesuré la gravité de sa dépression, elle est sortie on peut dire "en risque suicidaire" !

Tout le monde a fui mon chagrin et  je me demande chaque jour pourquoi je dois lui survivre, subir cette torture.

Vous avez raison de veiller à reprendre le dessus pour vos enfants, le fait d'en parler, de se faire aider si besoin est, ne peut
que leur permettre d'admettre eux-aussi qu'on ne peut tout éviter et qu'ils ont droit de vivre pour eux-mêmes...

Pensées sincères.  Mamm'j





« Modifié: 25 mai 2012 à 12:25:40 par Mammj »

Hors ligne angelik

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Re : La faute à qui?
« Réponse #4 le: 25 mai 2012 à 13:19:26 »
Bonjour à toutes
La culpabilité est sournoise, elle s'infiltre en nous et ne nous lâche pas vraiment.
13 mois après le suicide de mon fils, comme Mariej, j'essaie de ne pas me laisser déborder par ce sentiment mais que c'est difficile...

Bien sur, on se sent responsable de n'avoir pu les empêcher d'être malheureux, et ne pas avoir pu les aider à surmonter ce que la plupart, dans les mêmes circonstances, auraient réussi à surmonter...

Alors pouvions-nous imaginer l'inimaginable, penser à l'impensable, accepter l'inacceptable... je peux me tromper, mais je crois que nous étions trop proches, trop impliquées pour réaliser vraiment le danger qu'ils prenaient bien soin de nous cacher.

Cela ne nous console pas mais peut nous aider à aller mieux, pour nous, pour eux, et ceux qui nous aiment et qui souffrent autant.
Amicalement à toutes
Corinne
chaque fois que tu sentiras le vent sur ton visage, c'est moi qui vient t'embrasser...

mariej

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Re : La faute à qui?
« Réponse #5 le: 25 mai 2012 à 14:48:08 »
Marie-O,

Le livre de Lytta BASSET est "ce lien qui ne meurt jamais", il y a dedans beaucoup de références bibliques car elle est pasteure en Suisse, elle m'a beaucoup aidé quand mon fils est mort car j'appréciais déjà ce qu'elle écrivait et je me disais "même elle, avec ce qu'elle a vécu et ce qu'elle est n'a pas pû empêcher.... Dans ces moments si difficles on se raccroche où on peut!!!

A plus tard car je dois travailler....

De tout coeur avec vous

Hors ligne Méduse

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Re : La faute à qui?
« Réponse #6 le: 25 mai 2012 à 15:34:36 »
Moi, j’avais peur depuis longtemps et les trois ans avant son geste désespéré, elle faisait régulièrement des allusions. C’était une peur de tous les instants. J’ai réagi comme j’ai pu. Nous avons beaucoup parlé ensemble, mais je ne pouvais pas vivre à sa place. A chaque parole, je me demandais ce que j’allais peut-être déclencher. De nombreuses fois, j’ai peut-être réussi à la garder parmi nous. Le 24 février 2011 à 800 km de chez moi, elle m’annonçait d’une voix ferme que sa décision était prise qu’elle se suiciderait si elle en avait le courage en me donnant des instructions. Le lendemain, il y a 15 mois aujourd’hui, elle l’a mise à exécution et je n’avais pas réagi parce que je voulais croire ses paroles contradictoires évoquant l’avenir.
Bébé déjà, elle était sensible et anxieuse. Aurais-je pu faire quelque chose pour qu’elle puisse affronter cette vie avec ses hauts et ses bas ? Elle nous a quittés un mois avant le décès d’une de mes tantes âgées, puis sept mois plus tard, c’est mon mari, son papa qui nous a quittés subitement. Aurait-elle pu surmonter ces décès alors que d’autres de personnes plus éloignées l’avaient terriblement affectée ? Mon père est âgé aussi et malade. Nous le voyons décliner et elle avait peur de le perdre comme de perdre son père. Pendant des mois, elle nous avait dit qu’elle devait lutter tous les jours pour ne pas se jeter sous une voiture. Existe-t-il un destin ? Devait-elle partir avant eux ? Aurais-je pu la retenir si j'avais trouvé les bonnes paroles ? J'espère que nous aurons les réponses un jour.
Aujourd’hui, je suis tellement épuisée que je peux à peine penser à eux. J’aurais terriblement besoin de repos, mais il faut bien que je tienne. J’avais besoin de me lamenter un peu. Je ne serai pas d'un grand secours aujourd'hui.
Affectueusement
Méduse

Hors ligne BLUEVELVET

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Re : La faute à qui?
« Réponse #7 le: 13 septembre 2012 à 20:34:49 »
Bonsoir,

Je ne voudrais surtout blesser personne par mes propos car il n'engagent que moi mais s'ils peuvent aider certaines personnes parmi vous c'est tant mieux et c'est là l'unique but de mon message. Pardon donc d'avance à ceux que mes propos pourraient choquer.

Mon mari s'est suicidé fin juin 2012. La grande coupable à mes yeux c'est cette MALADIE (dépression, mal être, problème identitaire, peu importe le nom qu'on lui donne). Cette maladie insidieuse qui m'a pris mon mari il y a très longtemps déjà (par expérience, mon mari n'était plus lui même depuis longtemps et je vous assure qu'elle a détruit énormément mon mari, nos enfants et moi même). Je ne cherche pas bonne conscience loin de là dans cette explication mais je crois que mon mari a juste mis fin à son enveloppe corporelle car il n'était plus lui même depuis déjà bien longtemps. Je n'ai pas de culpabilité, je crois que nous sommes tous victimes de cette maladie qui ronge, détruit, dévore, démollit et mon mari en premier lieu.

Je n'idéalise pas non plus mon mari. Mais nous avons tous vécu des moments avec lui qui nous font dire qu'il n'était plus lui. J'ai connu un homme attentif, attentioné, amoureux, aimant. Il est parti haineux, en colère, méprisant, jamais satisfait  et surtout malheureux. Voilà la coupable cette MALADIE inommable mais pourtant bien réelle. Je crois que qu'il n'y a pas grand monde qui a les solutions pour trouver ce qui peut aider une personne atteinte de cette maladie, même les professionnels, j'en suis bien convaincue. Et je peux vous dire que j'ai passé des jours et des nuits à tenter de faire sortir ce mal être qui hantait (et le mot n'est pas trop fort) mon mari. Je me suis toujours heurtée à un mur et à des fins de non recevoir. Je me suis épuisée physiquement et moralement. C'est mon expérience.

J'ai revu des photos anciennes, même physiquement cette maladie avait fait son oeuvre. Cela m'a bien éprouvée car quand on vit avec quelqu'un tous les jours on ne s'aperçoit pas de ces changements.

J'ai une conviction assez simpliste, je vous prie de bien vouloir m'en excuser. Je suis restée jusqu'à la fin avec mon mari car le maire nous a mariés pour le meilleur et pour le pire et croyez-moi le pire je connais bien. Même si j'aurais aimé une autre fin à notre histoire. C'est cette maladie qui a choisi la fin de notre histoire et je ne crois pas que ce soit mon mari ni le père de mes enfants.

Dans cette histoire nous sommes TOUS des victimes, mon mari en premier lieu, mes enfants et moi. Mon mari est parti, est-ce un choix je n'en suis pas convaincue, il nous reste à mes enfants ainsi qu'à moi même à vivre avec. 

Je vous envoie beaucoup de douceur et vous enlace virtuellement de toute mon empathie.

Encore sincèrement désolée si mes propos ont pu choquer certains d'entre vous qui n'êtes sans doute pas dans la même pensée mais que je respecte infiniment.

Douce nuit

BLUEVELVET
On ferme les yeux des morts avec douceur ; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants - Jean Cocteau

marie-o

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Re : La faute à qui?
« Réponse #8 le: 16 septembre 2012 à 20:13:08 »
bluevelvet

tu as raison , mais pour moi, je suis en train de découvrir  une maladie la maniaco dépression dont mon mari était atteint , il était tout à fait "normal" pour tous, homme joyeux , tolérant, respectueux , doux, très anxieux, doutant sans cesse, se posant beaucoup de questions, perfectionniste
mais cette maladie  a surgi d'une manière sournoise, brutale quand mon mari est parti plusieurs jours de chez nous pendant 7 mois au début il partait 3- 4 jours, puis voulant que ce projet avance et me reprochant de ne pas le laisser libre, il partait plus longtemps et en 2 mois il a avancé son projet, mais à quel prix , il ne dormait plus, il mangeait n'importe comment, il était en état de stress permanent , il s'est bien gardé de me le dire, mais il était dans une phase maniaque, et la phase dépressive s'est abattue sur lui, 15 jours plus tard malgré prises en charge médicale , il se pendait
Je ne savais pas qu'il était atteint de cette maladie, j'ai rien compris et j'ai fait plein de bourdes ne sachant pas, j'ai juste compris la période de dépression .
En même temps si mon mari n'a pas déclaré cette maladie plus tôt c'est que sans le savoir j'apportai dans sa vie un cadre sécurisant , avec un rythme régulier, souvent suite à des conflits violents pour obtenir de partir en vacances ou que mes besoins soient respectés par exemple
voilà où j'en suis , et je croyais que c'était moi qui était malade à cause de mes colères lors de ses conflits et je suis perdue, j'ai du mal à tout assimilé
Orchis

Hors ligne BLUEVELVET

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Re : La faute à qui?
« Réponse #9 le: 17 septembre 2012 à 20:17:59 »
Bonsoir Orchis,


Une chanson résume bien mon histoire avec celle de mon mari : c'est celle de Jean Jacques GOLDMAN : puisque tu pars.

"Puisqu'il faut apprendre, à défaut de le comprendre, à réver nos désirs et vivre des ainsi-soit-il"
"Et puisque tu penses, comme une intime évidence que parfois tout donner n'est pas forcément suffir"
"Puisque c'est ailleur qu'ira mieux battre ton coeur"
"Mais tout ce que je pouvais ce n'était pas encore assez"
'Puisque nos t'aimons trop pour te retenir"
"que les vents te mènent où d'autres âmes plus belles pourront t'aimer mieux que nous puisque l'on ne peut aimer plus"
"Saches qu'ici reste de toi comme un empreinte indélébile"
"Sans drame et sans larmes, pauvres et dérisoires armes parcequ'il y a des douleurs qui ne pleurent qu'à l'intérieur"

Cette chanson résume très bien ma situtation en ce moment. J'admets mon impuissance je crois que c'est cela qui m'aide à avancer dans cette SALETE de deuil.

Un grand voile de douceur bleue pour vous envelopper cette nuit.

BLUEVELVET
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Hors ligne BLUEVELVET

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Re : La faute à qui?
« Réponse #10 le: 18 septembre 2012 à 20:00:49 »
Bonsoir,

Pour tenter de répondre à Mammj,

J'entends votre douleur et la comprends de toute mes tripes de maman.

Mon mari s'est suicidé dans la nuit. L'après-midi même nous avions été chez l'opticien choisir des nouvelles lunettes, rien ne laissait présager de son geste (et pourtant mon mari m'a souvent répété ainsi qu'aux enfants, qu'il mettrait fin à ses jours). Il était content de son choix. Il s'est suicidé le jour même vers 22-23 H sans aucune explication. Mon aîné devait se marier deux mois plus tard.

Votre fille a voulu rester seule avec son fils, vous avez respecté son choix. Que faire d'autre ? C'est très bien de votre part d'avoir respecté ce choix.

Le mal être qui ronge, détruit nos très chers proches est quelque chose que l'on peut imaginer quand nous ne sommes pas sous l'emprise de ce mal être. Je suis intimement convaincue que cette souffrance est pire que tout, que c'est elle qui domine et pousse nos chers proches à passer à l'acte. Ils n'ont pas le choix, j'en suis persuadée maintenant, jamais, mon mari tel que je l'ai connu n'aurait fait autant de chagrin à ses enfants.

Votre fille ne voulait pas vous faire de peine mais sa souffrance était trop grande. Vous savez, mon mari n'a jamais voulu consulter mais je ne suis pas convaincue que cela aurait changé le fil des choses. C'est quelque chose qui est ancré chez eux au plus profond et le corps médical est aussi parfois bien démuni car je crois que c'est un domaine où l'on rien n'est protocolé, le cas de l'un n'est pas le cas de l'autre.

Je ne sais pas si cela vous aide, c'était mon intention, pardon si cela n'est pas le cas.

Vous savez une nuit du printemps dernier mon mari n'était vraiment pas bien, je voulais appeler le médecin, je lui ai dis, il s'est mis en colère, je ne l'ai pas fait. Depuis qu'il est parti j'ai expliqué cette nuit aux enfants car je me disais, si je l'avais fait peut-être serait-il encore parmi nous. Tous m'ont dit maman tu aurais juste changer la date peut-être ?

Je lis actuellement le livre de Monsieur FAURE, j'avoue qu'il m'aide beaucoup, je sais qu'en ce moment, même si ma colère n'est pas évidente, elle est là, latente, je me sens à fleur de nerfs surtout quand des personnes (j'ai repris mon activité professionnelle) se plaignent pour des broutilles.....j'ai envie de hurler mais ce n'est qu'un détail mon mari s'est suicidé et moi je fais quoi maintenant quand mes enfants ne vont pas bien et quand je ne sais plus où j'en suis ? mais non cela n'est pas correct, je le sais, aussi je sais maintenant que quand la colère est là tapie, prête à surgir et que je m'en rends compte je me tais car la colère n'est pas bonne. Elle doit exister, elle fait partie du processus mais il ne faut pas lui donner de l'importance, elle ne doit pas rester dans nos tripes, elle doit migrer vers la tête là où est la raison et ce n'est qu'à ce niveau là que l'on peut négocier avec elle.

mammj je vous envoie plein d'énergie pour faire face à ce séïsme, vos petits-enfants sont là, peut-être est-ce vers eux qu'il faut vous tourner même si cela n'est pas facile (j'ai lu vos précédents messages) pour avancer dans ce douloureux chemin ? Sans doute eux aussi ont besoin de vous qui raconte leur maman quand elle était enfant, jeune, avant qu'ils la connaissent.

Que les étoiles veillent sur votre nuit

BLUEVELVET



On ferme les yeux des morts avec douceur ; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants - Jean Cocteau

papline

  • Invité
Re : La faute à qui?
« Réponse #11 le: 18 septembre 2012 à 22:37:02 »
bonsoir,
je viens de vivre le suicide de mon compagnon, je m'en veux beaucoup. J'étais dans un phase difficile, j'avais besoin de me retrouver avec ce qui m'était arrivé (divorce agression). Je suis partie chez mes parents à 900km de lui, j'ai pas vu sa détresse, j'ai pas entendu qu'il allait si mal.
 Je me sens tellement coupable de l'avoir laissé seul sous prétexte que j'allais mal moi même, je m'en veux de ne pas l'avoir emmené avec moi en "vacances" pour un repos mental bien mérité. J'ai vécu 8 ans avec un maniaco dépressif (de qui je divorce) et j'ai rien vu venir pourtant j'ai appris pendant ces 8 ans à ressentir le mal être à rester sur le qui vive toujours en surveillance du bien être de l'autre et pour David j'ai rien vu....

Mon médecin me dit que c'est lui qui n'a pas voulu me le montrer, et que même si je lui avais évité ce geste au mois d'août un jour il l'aurait fait  parceque c'est ce qu'il voulait. Je pensais qu'avec l'amour on pouvait tout assumer, on pouvait tout affronter du moment qu'on était 2, mais je me suis trompée, mon amour n'était pas assez forte pour lui donner l'envie de vivre...

Mammj

  • Invité
Re : La faute à qui?
« Réponse #12 le: 20 septembre 2012 à 13:17:29 »
Bonjour BLUEVELVET,

Merci de votre message. Je comprends que l'on puisse passer par tant d' émotions ambivalentes... Pour ce qui concerne un
conjoint ou compagnon, on est en droit d'espérer un partage et si l' on peut s'épauler à tour de rôle on ne peut prendre en charge en totalité l'autre
Pour son enfant, c'est différent, on attend de le voir s'épanouir puis  satisfait  dans sa propre existence.... Je n'ai jamais entendu ma fille parler de suicide, elle est partie à 20 ans, nous nous voyions de temps à autre, je l'ai vue revenir vers moi à 46 ans  lorsqu' après de multiples ruptures (22 ans de vie de couple) elle a sombré dans une dépression majeure et que tous l'ont larguée.... Elle voulait que je reste avec elle son dernier soir, je n'avais rien compris ne sachant pas que son fils l'aurait laissée, lui aussi.... Elle était fière et a présumé de ses forces en essayant de s'en sortir seule pendant deux ans ; cette dépression sévère  lui a fait perdre toute confiance en elle, elle ne voulait pas que ses enfants aient  une maman malade (elle l'a écrit). Elle a cru  ne plus récupérer et s'est vue incomprise du corps médical et des siens, s'est cru rejetée abandonnée de tous ;  elle si entourée quand tout lui réussissait, c'en est écoeurant et révoltant !
Dans la famille, personne ne nous a aidées ni elle ni moi, tous nous ont lâchées, et aujourd'hui mon chagrin insupporte... je le comprends, alors je m'isole à mon tour...
Il me faut hélas  croiser mon ex-gendre de temps à autre qui  ose critiquer ma fille devant ses enfants, et moi-même qui ne veux pas faire d'esclandre devant eux...( l'ainé commence à répéter comme un perroquet les mots de son père, ce fils  si tendre avec sa maman avant sa séparation puis sa dépression).
A la première occasion,  je lui dirai qu'il perturbe psychologiquement ses enfants en essayant de détruire l'image de leur mère, par une  telle attitude.... je n'ajouterai rien de plus, il connaît mes griefs ; c'est son manque de loyauté,  envers ma fille et l'entourage, qui  doit lui poser problème étant donné que tout baigne pour lui !

Il n'en reste pas moins que ce geste irrémédiable est un acte violent, le dernier remède pour abréger des souffrances insoutenables.
Un acte que je peux imaginer maintenant que  ma propre souffrance est ingérable à certaines heures... Je me demande comment le vivront les enfants plus tard.... Quant à moi, le sentiment de  culpabilité de ne pas avoir su aider ma seule enfant au moment où elle en avait le plus besoin, de ne pas avoir perçu son immense détresse, quoi qu'on en dise, ne me quittera plus !

Je comprends parfaitement les phases de questionnements par lesquelles vous passez, comment pourrait-il en être autrement ?
Toutefois,  si on n'est pas tout puissant(e) pour son enfant, on peut encore moins intervenir pour son conjoint...
Nous avons toutes et tous, notre vécu, notre interprétation d'une situation extrêmement douloureuse à vivre.... et nos moyens pour y faire face.
Même si chaque cas est différent, sachez que vos propos ne m'ont absolument pas choquée, je comprends ce que l'on peut ressentir dans un tel deuil....

Je vous souhaite de tout coeur de garder confiance en vous-même, de croire en des jours meilleurs pour vous  et pour vos enfants.


Mes chaleureuses pensées.  Mamm'j






« Modifié: 25 septembre 2012 à 10:03:04 par Mammj »