Merci Orchis pour ces paroles apaisantes.
Oui, notre position est différente bien sûr. Ma fille ne vivait plus avec moi depuis plus de deux décennies, elle n'en demeurait pas moins mon soleil, mon horizon, le plus beau cadeau que la vie ait pu me faire... Après une hospitalisation qui l'avait plus affaiblie qu'autre chose, elle a passé un cinq semaines chez moi et un soir où je l'ai accompagnée voir son fils, elle n' est pas revenue ! Trop douloureux de survivre à mon seul enfant, à cette étape de mon existence, non je n'y arrive plus !
J'ai compris trop tard qu'elle avait ce sentiment "de ne plus exister", "d'être rayée de la carte" ; je ne cesse de croire qu'elle s'est retourné sur elle-même la violence qu'elle a subie.... Le jour de son geste malheureux, elle a cru que dans sa dépression, on n'allait plus lui permettre de voir ses enfants, elle a vu -et je comprends que ce soit lourd pour un ado- que celui-ci ne la supportait pas "malade" dans l'incapacité d'être comme avant... Elle, une fille brillante et active, à qui tout à coup son entourage a tourné le dos parce qu'elle n'entrait plus dans le moule ! Fière, elle ne s'est pas acceptée dans cette situation dévalorisante qu'on lui faisait bien ressentir ; alors que soutenue elle aurait pu appréhender autrement un cap difficile dû à une séparation compliquée qu'elle a dû minimiser, voulant l'assumer malgré ce que certains pensaient ; tous se sont mépris ou n'ont rien voulu voir, ce qui dans sa dépression a amplifié sa perte d'estime d'elle-même.
Parler d'elle dérange aujourd'hui ! On connaît en plus mes griefs, ma colère, contre médecins, parents, amis ! Il n'y a que la petite qui parle de sa maman, mais je ne veux pas trop raviver son manque d'elle, ne pas trop idéaliser sa maman par rapport à elle, alors je fais très attention. Elle est très peu avec moi mais dans le fond peut-être est-ce mieux pour elle ? Quant à l'aîné, il répète tout ce que son père dit à propos de sa mère, je lui ai dit qu'elle n'est plus là pour donner sa version et que personne ne peut parler pour elle, mais.... vraiment pas simple, pas facile !
Je vous ai répondu à propos de cette conférence de Pommereau (de 2005, a-t-on avancé depuis ?) et si je dis qu'on ne peut la mettre entre toutes les mains c'était justement pour que ce mot "meurtrier" ne soit pas récupéré, bien trop dur, trop réducteur selon moi, à l'égard de personnes aimées, de leur souffrance psychique qui les a amenées, dans un moment de désespérance ingérable, à nous oublier...
Jamais ma fille n'aurait voulu en temps "normal" faire mal à sa petite de 8ans1/2 qu'elle adorait qui lui disait "je t'aime maman même malade".
Ce qui est indéniable toutefois , c'est que tous, absents et présents, nous n'avons pas mérité une telle douleur....
Paix et douceur à tous.
Mamm'j