Auteur Sujet: conférence Xavier Pommereau  (Lu 19253 fois)

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Mélie

  • Invité
Re : conférence Xavier Pommereau
« Réponse #15 le: 01 juillet 2012 à 23:11:05 »
merci M. Pommereau d'être intervenu, cette vidéo ne m'a pas tant culpabilisée mais plutôt fait comprendre que son geste était aussi ,  de manière inconsciente certes, vouloir capter notre amour, afin de ne plus jamais quitter nos pensées, devenir plus important que quand il était vivant.....
ai-je bien compris ?.

marie-o

  • Invité
Re : conférence Xavier Pommereau
« Réponse #16 le: 02 juillet 2012 à 01:08:54 »
Merci M. Pommereau de cette conférence et de votre petit mot
Cette conférence m' a déculpabilisée.Elle m'a permise de comprendre que de ressentir de la colère et de la haine contre mon mari est normal car par son geste il a tué l'homme que j'aimais et le père de mes enfants , de pouvoir le dire ainsi m'a enlevé de la culpabilité et de la honte
Cela fait exactement 5 mois qu'il s'est donné la mort aujourd'hui
je prends  petit à petit conscience des raisons qui ont pu amener mon mari à cet acte irrémédiable et en autre par l'analyse de mes rèves, et il est vrai qu'il avait un énorme problème d'identité et un besoin de reconnaissance immense, il était perfectionniste et toujours insatisfait, tout en étant un homme doux respectueux .
J'ai le sentiment que son geste a été une pulsion de mort irrépressible, un flash de souffrance , rien n'était préparé, j'ai la certitude que les prénoms de ses enfants lui auraient traversé l'esprit une fraction  de seconde le temps des quelques minutes nécessaires  pour commettre son acte , il ne l'aurait pas commis, je le vois entrer dans la chambre, ses yeux se poser sur la rallonge du fer à repasser, la prendre ,la nouer après la balustrade en fer forgé, se la passer autour du coup , 2 minutes maximum, notre aîné venait de le quitter, je devais me lever sous peu ainsi que mon cadet, ce ne peut être qu'un raptus, j'en suis convaincue

Mais cet acte me dévoile un parfait inconnu avec une telle violence en lui, je suis perdue, mes enfants éprouvent le même sentiment.
Alors je travaille à restaurer son image, aujourd'hui sortie canoë avec nos amis communs,  concert le soir, il aurait tant aimé cette journée, il aurait apporté sa bonne humeur , son humour, nous aurions ri, nous aurions savouré la musique ensemble, à la fin du concert je me serai mise devant lui il m'aurait entouré de ses bras comme ces 2 couples devant moi au concert.
Quitte à ce qu'il occupe toutes mes pensées autant que je retrouve les moments heureux en les revivant sans lui, pour peut-être un jour arriver que l' image du 1er février de son visage , de ses yeux sans vie, de son corps pendu, de sa souffrance n'occupe pas la première place dans mes pensées.

bonne nuit
Orchis
« Modifié: 02 juillet 2012 à 08:11:43 par orchis »

Mammj

  • Invité
Re : conférence Xavier Pommereau
« Réponse #17 le: 02 juillet 2012 à 08:35:13 »
Bonjour M. Pommereau,

Votre conférence et vos lignes ont résonné différemment pour les uns et les autres selon le lien qui nous unit à la personne
suicidée et les circonstances dans lesquelles celle-ci a accompli son geste fatal ! Elles ont le mérite de nous permettre de nous
interroger pour tenter de faire le point avec nous-mêmes et avec la personne chère disparue, de nous resituer par rapport à elle ?
Pour ma part, ce sont les mots "durs" à l'égard  des suicidés qui m'ont heurtée, on en revient à la double peine !

Dans mon commentaire précédant le vôtre, J'ai exposé le cas de ma fille , maman de deux enfants, qui suite à des ruptures et déceptions en chaine, la fin brutale d'une belle histoire d'amour, a sombré dans une dépression sévère dont elle ne s'est  plus relevée !
D'après tout ce que j'ai pu lire, pour ce qui est de la dépression,  l'acte suicidaire en est  un symptôme !
Son sentiment de ne plus exister est apparu suite au fait que les siens ne la reconnaissaient plus dans cet état. Ceux-ci ont nié sa maladie parce que le corps médical n'a pas jugé opportun de les en informer, de les associer dans un processus de guérison. Elle aurait pu, dû,  être soutenue. Au lieu de cela elle a été "larguée" c'est très grave (on parle pourtant de l'information et de l'implication utiles des proches )...

Elle avait quitté la maison depuis vingt cinq ans et souffrait son dernier mois de se voir tout à coup dépendante (momentanément) de sa mère...
Seule je n'ai pas assuré d'autant que la famille faisait pression sur moi pour que je la laisse se débrouiller , mettant l'incapacité de ma fille à reprendre un rythme de vie normal sur le compte de la mauvaise - ou de l'absence - de volonté, comme c'est souvent  le cas  (souffrait d'un ralentissement psychomoteur conséquent) !
C'est ainsi que son dernier soir, alors qu'elle me demandait de rester avec elle et son fils - une rencontre qui avait été difficile à mettre en place avec le père -  je l'ai accompagnée à son ex-maison familiale puis suis partie.... ! Trois heures plus tard, s'étant retrouvée seule (?) elle a mis fin à ses jours, c'est son aîné 16 ans 1/2 qui l'a retrouvée morte. Pourquoi n'ai pas perçu son extrême détresse ?

J'ai compris après de multiples  recherches qu'elle devait être  en crise suicidaire,  j'ai pris conscience de plusieurs signes précurseurs,
ainsi que de mes erreurs d’interprétation de son comportement, de ma difficulté à appréhender ses peurs-panique non soignées.  
Je sais que je n'ai pas la toute puissance mais ne pas avoir été à même de  mieux aider mon seul enfant, je ne me le pardonnerai jamais !
Ma vie s'est arrêtée avec la sienne... sachant que c'est la sienne qui était importante, la mienne est faite...
Quant aux proches et amis, il y a  ceux qui continuent à la critiquer (oui ils osent) et  je les fuis, il y a  ceux qui se rendent compte de leur méprise et du soutien qu'ils auraient pu lui apporter ce sont eux qui fuient... fuient mon chagrin... Comme ma fille, je suis "larguée" !
Que dire des deux enfants, dont  la petite, 10 ans le mois prochain, (qui veut savoir comment sa maman s'y est prise) qui, s'ils consultent, peinent à comprendre l'acte de leur maman. Je leur répète à chaque fois qu'elle était malade, que sa souffrance a dû être ingérable à un moment donné ; mais qu'entendent-ils de leur père qui n'est pas au clair avec lui-même dans l'histoire du couple ?

Elle s'est épuisée à lutter durant des mois, et l'après-midi de son dernier dimanche, elle avait appelé par deux fois les urgences d'un hôpital, (vu sur son mobile) essayant encore je suppose d'échapper au geste malheureux qu'elle pouvait accomplir sur elle-même ! Elle avait aussi appelé un ami médecin qui par, sms,  lui avait dit de le rappeler le soir ! Elle n'a pas voulu  m'envahir de ses craintes mais elle voulait sans aucun doute  en parler avec quelqu'un... En a-t-elle-eu assez de nous tous qui ne l'avons pas comprise ? Certes pas de ses enfants qu'elle a cru perdre à cause de sa maladie....
La souffrance de mon seul enfant m'est insoutenable et si je m'en veux j'en veux également  à tous ceux qui lui ont fait mal, car on lui a fait mal ce n'est pas subjectif, toutefois cela je ne pourrai pas le dire à mes deux petits-enfants à leur tour fragilisés, ce qu' ils cachent bien depuis un an...

Remerciements pour l'intérêt que vous avez porté à nos commentaires et votre apport.
Mamm'j



« Modifié: 14 juillet 2012 à 09:24:55 par Mammj »

Xavier Pommereau

  • Invité
Re : conférence Xavier Pommereau
« Réponse #18 le: 13 juillet 2012 à 08:25:41 »
Merci d'avoir compris le sens de mes propos. Je veux également rendre hommage à votre courage et à votre volonté de compréhension, mais ne restez pas otage de l'énigme car celle-ci a échappé -et c'est un terrible paradoxe- à celui/celle dont le "défaut d'être" l'a conduit à mettre fin à ses jours. bien à vous,
Xavier Pommereau

Mammj

  • Invité
Re : conférence Xavier Pommereau
« Réponse #19 le: 13 juillet 2012 à 08:47:26 »
Bonjour M. Pommereau...

Lorsqu'il s'agit de son enfant, de mon seul enfant dans mon cas, on est otage.... qu'on le veuille ou pas... d'une énigme dont nous sommes sans doute à l'origine ! Ce "défaut d'être" à 46 ans,  suite à de multiples et brutales ruptures et  pertes que ma fille, elle, comptait bien dépasser, a été  aussi consécutif à une grande fatigue, puis une dépression majeure que personne n'a vu venir, dont les médecins qui l'ont suivie n'ont pas mesuré la gravité ni les risques auxquels elle était exposée.... Ils n'ont pas prévenu les proches qui de ce fait  ont été contre-productifs et s'en veulent aujourd'hui de ne pas l'avoir comprise,  de l'avoir laissée livrée à elle-même en quelque sorte !
Des erreurs en chaine, gravissimes... qui ont été des facteurs "précipitants" pour elle,  faute d'information, de recommandations.

Ces personnes " fragilisées"  - qui seraient en perte d'identité pour quelques-unes d'entre elles -  ne sont pas pour autant condamnées si l'on pouvait enfin prévenir... Que de membres d'une même famille déchirés, voire détruits, outre l'être cher... suicidé !
Il  semble que dans ces analyses soient occultés les coups durs de la vie pour les moins jeunes,  la maladie qui, si elle est susceptible de  faire resurgir une vulnérabilité ancienne, va affaiblir et générer insidieusement -quand  les difficultés perdurent et épuisent-- l'absence de désir de vivre jusqu'à amener à ce geste fatal sur soi, ultime remède, faute d'autre hélas, à une souffrance extrême !

Une seule fois a suffi pour ma fille...  Lui survivre, survivre à sa souffrance "minimisée" pour ne pas dire niée (ce que j'ai fait savoir à sa psychiatre qui  assisté à la dégradation de son état) c'est un supplice pour moi sa mère... Comment le vivront ses deux enfants plus tard ?

Merci très sincèrement de votre intervention.  Mamm'j
« Modifié: 14 juillet 2012 à 07:58:12 par Mammj »

Mammj

  • Invité
Re : conférence Xavier Pommereau
« Réponse #20 le: 14 juillet 2012 à 21:36:52 »
Et pour mieux comprendre certains adolescents... ou jeunes adultes,
voir intervention  plus récente ;    - écarts "normaux" ou  écarts "limites" -

http://www.unaf.fr/spip.php?rubrique1088
« Modifié: 14 juillet 2012 à 21:46:15 par Mammj »

marie-o

  • Invité
Re : conférence Xavier Pommereau
« Réponse #21 le: 30 juillet 2012 à 21:35:14 »
bonsoir ;
je reprends petit à petit contact avec le site après une absence de plusieurs jours
oui ,je cherche à comprendre, petit à petit je retrouve des morceaux du puzzle, mais je sais très bien que je ne les trouverai pas tous, je sais qu'il en a emporté beaucoup de morceaux et qu'il en avait perdu.
 Mon mari, quelques semaines avant son suicide , par quelques petites phrases m'a laissé entrevoir une partie de lui si intime et si inconnue de moi
mais j'ai ce besoin de comprendre pour si l'occasion se présente d'apporter des réponses adéquates pouvant  aider mes enfants à cheminer et ils ont  cette peur de ressembler à leur père et de peut être un jour reproduire son geste, leur confiance en eux est ébranlée , comment pourrait-il en être autrement?
Je ne veux pas creuser dans l'histoire familiale de mon mari , ce n'est pas à moi de le faire
mais "ce défaut d'être" c'est si terrible
j'ai encore du mal à saisir entièrement ce paradoxe

Orchis

Mammj

  • Invité
Re : conférence Xavier Pommereau
« Réponse #22 le: 31 juillet 2012 à 09:45:48 »
Personnellement, je ne pourrai jamais me satisfaire de certaines explications réductrices, et pour mes petits-enfants afin qu'ils
ne vivent pas le drame de leur maman comme "transmissible" pour eux, je passerai le temps qui me reste imparti à rechercher
les raisons qui peuvent conduire à une telle distorsion du conscient, à une telle perte de contrôle de soi jusqu'à commettre ce geste  fatal !
Je crois, pour d'autres, à des pratiques préventives, pourquoi pas des groupes de paroles pour des personnes se sentant plus exposées que d'autres  pour ne pas en arriver à cette  solution définitive à des problèmes transitoires ?  Encore bien trop tabou le suicide.... parlons-en !

Pour ceux que cela intéresse : du Conseil Economique Social et Environnemental... (CESE)

Actualités et agendas > Actualités > Suicide et pratiques préventives : hier, aujourd’hui, demain, ici et ailleurs
Une nouvelle autosaisine de la section des affaires sociales et de la santé
Publié le 03/05/2012
Tags : Prévention suicide
 

Dans son dernier avis sur « Les enjeux de la prévention en matière de santé » le CESE rappelle que « La prévention en matière de santé est l’un des défis majeurs d’une politique sanitaire encore trop centrée sur le curatif. » Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne le suicide. C’est « la première cause de mortalité par traumatisme dans l’Europe des 25 avec plus de 56 000 décès en 2005, ce qui représente presque un quart des décès par traumatisme. » (étude Anamort : Décès par traumatisme : situation en 2005 et perspectives – Institut de veille sanitaire).

La France se trouve particulièrement concernée avec 11 000 décès et 120 000 suicidants chaque année. Cette mort volontaire révèle une profonde douleur des individus qui en sont victimes ; elle crée également de grandes souffrances pour leur entourage.
 
En 1993, le Conseil économique et social s’est prononcé sur cette question, en adoptant l'étude sur le suicide votée le 6 juillet. Ce texte représente un véritable tournant. Pour la première fois dans un document officiel de la République le suicide était clairement défini comme « un grave problème de santé publique. » Depuis des évolutions sont intervenues, des initiatives ont vu le jour, d’autres rapports ont été rédigés, de multiples propositions d'associations et d'experts formulées.
 Cependant, l’insuffisance des cohérences des d'orientations est dommageable et constitue autant d’occasions manquées. Elles auraient sans aucun doute permis d'aller plus vite et plus loin dans la mise en oeuvre des pratiques préventives. La situation économique et sociale, l’évolution des modes de vie et bien d’autres facteurs ne sont pas neutres. Leurs effets humains, psychologiques, relationnels provoquent de très nombreuses situations de désespoir, accompagnées de pensées ou d'actes suicidaires, dont on ne connaît pas le nombre exact, faute de regarder la réalité en face.
Vingt ans ont passé depuis l’étude du Conseil économique et social sur le suicide. Il est donc utile et nécessaire que notre Assemblée fasse à nouveau le point sur cette question.
 
Cet avis du CESE sera consacré aux pratiques préventives et leur évolution. Leur prise en compte déterminée nécessite l’élaboration de préconisations opérationnelles rapidement. On ne peut se satisfaire des taux actuels de mortalité et de morbidité liés au suicide.
Cet avis reprendra dans une première partie les principales étapes (hier, aujourd'hui) qui ont permis de penser et construire les pratiques préventives.
Dans la deuxième partie (demain) l’avis proposera de nouvelles orientations et mobilisations fortes en faveur d’une prévention active, au regard de l'expérience française, de ses manques et de ses réussites, en tenant compte des pratiques étrangères notamment anglo-saxonnes, pionnières dans ce domaine.


 



« Modifié: 31 juillet 2012 à 11:11:14 par Mammj »

Mammj

  • Invité
Re : conférence Xavier Pommereau
« Réponse #23 le: 31 juillet 2012 à 10:11:21 »
Voici ce qui m'a été communiqué par l'Association Jonathan Pierres Vivantes, ce qui me conforte dans l'idée que l'explication du suicide
ne peut se limiter à une histoire d'enfance mal vécue ou un passage à vide,  sachant en outre qu' un travail de résilience peut être effectué aujourd'hui pour mieux vivre avec son passé... Et si l'on se penche de plus en plus sur cette question c'est bien que c'est un phénomène de société, de santé,  qui peut surgir à certains tournants de l'existence... qu'il est bon d'en parler pour prévenir, pour protéger le plus possible nos enfants... et petit-enfants..., que ceux-ci sachent à quelle porte frapper en cas de mal-être s'ils pensent que leurs parents ne sont pas les mieux placés pour recueillir certaines de leurs confidences...

Jamais je n'en voudrai à ma fille et je répète à ses enfants qu'ils ne doivent pas lui en vouloir car elle  a vécu une extrême souffrance dans une profonde solitude sans oser en parler à l'entourage qui de toute façon  n'est pas toujours  réceptif aux questions qui perturbent un dépressif ! Elle ne s'y est pas trompée et s'est renfermée sur elle-même... Même le médecin qui la suivait n'a rien dit ! Voilà ce qui me met, moi,  dans une grande colère.... c'est ce déni... cette cécité,  des professionnels de santé... puis des proches, ceux qui sont à proximité et pourraient aider, guider,  s'ils étaient informés...


"l’Appel des 44 », en ligne sur le site www.observatoiresuicides.fr, il a été signé par de nombreuses personnalités et près de 2500 citoyens conscients de la nécessité de faire avancer la prévention des suicides et de l’urgence à mener des politiques efficaces en la matière.  

N'hésitez pas à faire connaître ce site, à en partager les contenus avec vos amis, vos collègues, vos relations... Il est également possible à ceux et celles qui le désirent, et ils sont nombreux, de faire part d'un témoignage, d'un souvenir, d'un espoir. C'est de cette "masse critique citoyenne " que viendra la solution et à partir d'elle que les politiques et le gouvernement nous écouteront.

Le 11 février, à l’occasion de la journée nationale de prévention du suicide s’est tenu au Sénat le colloque « Face à la crise Solidaires ou solitaire ? » en présence de plus 300 personnes. Retrouvez les vidéos des interventions sur le site : http://www.observatoiresuicides.fr/non-classe/face-a-la-crise-solitaire-ou-solidaires-colloque-du-11-fevrier-2012. Par ailleurs, le livre de Michel Debout « Le suicide un tabou français »  (Ed. Pascal) vient de paraître."



« Modifié: 02 août 2012 à 07:50:42 par Mammj »

mariej

  • Invité
Re : conférence Xavier Pommereau
« Réponse #24 le: 31 juillet 2012 à 11:27:23 »
Merci mamm'j pour toutes ces précieuses informations!
De tout coeur avec vous dans ce combat.

marie-o

  • Invité
Re : conférence Xavier Pommereau
« Réponse #25 le: 03 août 2012 à 22:37:28 »
le suicide de mon mari serait la conséquence d'une dépression brutale dans le cadre d'une maladie maniaco depréssive.
pas de souci particulier, d'un commun accord , il avait quitté son emploi où il ne s'épanouissait pas pour se consacrer à la restauration d'appartement ce qui avait toujours son rève, pas de soucis d'argent, les enfants avec un emploi, peut-être notre couple, je lui demandai du soutien ,car je traversai des crises d'angoisse depuis quelques mois que j'avais mis sur le compte de la préménopause et j'avais commencé un travail avec une psy qui commençait à porter ses fruits, mais nous partagions tant de choses : gout de la marche , de la nature, de la musique, nous avions ce projet de maison, nous parlions beaucoup
Et , là , brusquement cette déferlante de la dépression qui ne m'a pas donné le temps de me retourner
mon mari était un homme anxieux +++, avec une si mauvaise estime de lui,
je pensai que nous communiquions juste avec confiance, et, je m'aperçois que non il ne me dévoilait, il ne nous dévoilait que ce qu'il pensait que nous attendions de lui, il ne montrait que sa petite partie de l'iceberg visible
je réalise que mes crises d'angoisse n'étaient peut-être que la conséquence de ma lassittude de soutenir de rassurer un homme qui éprouvait ce défaut d'être, cette angoisse pertétuelle.je me souviens pendant ma première grossesse , il était tellement anxieux, crainte d'un enfant anormal avec ma belle mère qui surenchérissait si cet enfant était comme son père vomissant jusqu'à l'âge de 2 ans ne faisant pas ses nuits jusqu'à 3 ans et moi un moral du tonnerre, vous verrez ce sera un beau bébé et ça été un beau bébé  de 3kg 580 qui a grandi sans souci, mai j'ai vomi pendant toute ma grossesse , je suis sortie de la maternité avec 2 kilos  en moins d'avant mon poids  d'être enceinte. J'ai vomi cette angoisse qui m'environnait
comme a dit une de mes amies , j'étais son roc , mais le roc se dérobait, je ne pouvais plus être le seul soutien , j'avais besoin aussi d'être soutenue en retour, voilà c'est un morceau du puzzle qui a amené mon mari à ce geste irréparable
et, je suis en colère, car quel gachis, c'était un homme si respectueux , si doux, si doué , si drôle, si aimant, il y avait encore tant à partager, à réaliser, à s'émerveiller, à donner, à aimer
Orchis
« Modifié: 03 août 2012 à 22:44:26 par orchis »

Mammj

  • Invité
Re : conférence Xavier Pommereau
« Réponse #26 le: 05 août 2012 à 08:59:43 »
Comme vous le dites Orchis, "vous ne pouviez plus être son seul soutien" "vous aviez besoin d'être soutenue"... et votre
mari avait besoin d'être aidé et écouté par une personne extérieure à la famille,  neutre, à qui pouvoir parler sans réserve de tout ce qui lui passait par la tête sans prendre le risque de  blesser l'un des siens,  une démarche qu'il a attendu de faire.... pour de multiples raisons... Si l'on s'entraide dans le couple, il est difficile de "prendre en charge" l'autre dans sa totalité,  d'autant qu'il a sa part de libre arbitre... Vous ne pouviez pas tout,  à vous toute seule,  c'est indéniable ... Aussi que vous puissiez être en paix avec vous-même je vous le souhaite, pour vous, votre avenir et celui de vos fils.
Gardez vos bons souvenirs tous ensemble et, pour leur père, que vos enfants  sachent qu'il y a des troubles psychiques souvent invisibles qui sont extrêmement dangereux pour la personne qui en souffre si, de surcroît, cette souffrance est niée  (par le principal intéressé la plupart du temps) et non soignée....
Sachant en plus que les médecins ne sont pas toujours à même de faire le bon diagnostic et donc de donner le traitement adéquat ce qui a été le cas pour ma fille, j'en suis persuadée maintenant...
En tant que mère, même d'un enfant adulte, on se sent davantage responsable, et le regret puis le chagrin de ne pas avoir pu aider son enfant à temps et de devoir lui survivre...  demeurent insoutenables...
Chaleureuses pensées.
Mamm'j
« Modifié: 09 août 2012 à 14:36:22 par Mammj »

Isa

  • Invité
Re : conférence Xavier Pommereau
« Réponse #27 le: 13 août 2012 à 09:13:17 »
Je suis la maman de Thierry qui s’est suicidé il y aura 4 ans le 13 août, à la veille de ses 40 ans. J’ai accepté de témoigner pour le site il y a 3 ans, je n’ai pas eu le courage de re visionner la vidéo. Je vous lis souvent mais je ne m’étais pas encore lancée à écrire. J’ai écouté l’intervention de Xavier Pommereau, c’est dur à entendre mais j’ai trouvé que cela s’appliquait assez bien à mon fils, pourtant plus adolescent, j’ai compris le pourquoi de ma colère vis-à-vis de lui, j’ai lu vos réactions et la réponse du psychiatre. J’essaye depuis 4 ans de me débarrasser  de cette culpabilité de mère qui n’as pas vu, qui n’a pas su faire. Comme l’écrit une maman je pense que les parents ne sont pas tout puissants et heureusement. Mon fils a tout fait pour cacher sa décision à son compagnon, à ses amis, à ses sœurs. La recherche du pourquoi m’a beaucoup poursuivi, moins maintenant, même si j’ai quelques pistes d’explications ses raisons m’échapperont toujours.
Pour l’instant j’essaye de traverser cette période anniversaire si douloureuse, il me manque tellement,

Isa, maman de Thierry

Hors ligne angelik

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Re : conférence Xavier Pommereau
« Réponse #28 le: 13 août 2012 à 15:30:11 »
Bonjour Isa
J'avais regardé votre témoignage vidéo il y environ un an quand je suis arrivée sur ce site juste après le suicide de mon fils Geoffrey et je l'ai de nouveau visonné aujourd'hui suite à votre message. Je retrouve dans vos paroles l'année qui vient de s'écouler douloureusement pour moi avec les mêmes étapes, la recherche du pourquoi, ma culpabilité de mère, l'impression de sombrer dans la folie par moments et le sentiment qu'aujourd'hui quelquechose bouge et que je ne suis pas figée dans ma souffrance.

Les explications de Mr Pommereau m'ont confortée dans les pistes d'explications de ce geste terrible et savoir que nos enfants n'ont pas vraiment eu conscience de tout ce que cela impliquait me paraît "rassurant"...

Comme vous, il y a un avant et un après et je comprend votre douleur ravivée par ces dates qui ramènent à des souvenirs difficiles et je vous souhaite de pouvoir retrouver un peu de sérénité dans les jours qui viennent.
Bien chaleureusement
Corinne

chaque fois que tu sentiras le vent sur ton visage, c'est moi qui vient t'embrasser...

Isa

  • Invité
Re : conférence Xavier Pommereau
« Réponse #29 le: 14 août 2012 à 22:37:36 »
Bonsoir Angelik,
Merci pour vos souhaits de sérénité, aujourd'hui ce n'était pas brillant, l'impression de se retrouver 4 ans en arrière et de tout revivre. Je me dis que ça se traverse et qu'après j'irai mieux.
Je suis contente que vous ne soyez plus figée dans la souffrance, pour moi le mieux est progressif mais s'installe un peu plus durablement, il m'a fallu à peu près deux ans pour que je n'ai plus l'impression au réveil de sortir d'un cauchemar et trois ans pour que le mot projet ait un sens, chacun progresse à son rythme, comme on peut.
Si vous êtes intéressée par une intervention du psychiatre Philippe Jeammet sur le suicide des adolescents, vous pouvez la trouver sur le site de Phare enfants parents, c'était à l'occasion des 20 ans de l'association, elle m'a éclairée.
Encore merci pour votre message, c'est si important de pouvoir partager avec des parents qui comprennent.
Elisabeth