Bonjour à toutes et à tous,
Ainsi que l'écrit Mariej...
"Nous avons beau tourner les questions dans tous les sens, elles resteront longtemps sans réponse, l'essentiel, pour nous les proches qui les aimons tant, est de ne pas s'enfermer dans la culpabilité qui ne sert à rien, qui nous empêche d'avancer.... nous ne sommes pas responsables du suicide d'un proche conjoint, enfant, frère, sœur etc..... On pourrait dire que nous sommes "les victimes collatérales" de cette maladie, car notre vie est marquée à jamais...."On peut imaginer la culpabilité qui est la mienne vis-à-vis de ma seule enfant, vis-à-vis de ses deux petits qu'elle adorait.... J'entendrai toujours les paroles de leur grand-mère paternelle "mais quel cadeau elle vient de faire à son fils !" (puisque c'est mon petit-fils qui a retrouvé sa maman morte). A cela elle ajoute -tel un ordre- "vous n'avez pas le choix, vous devez tenir debout maintenant, pour les enfants"... Voilà les paroles "compassionnelles" que j'ai entendues de cette personne catholique et pratiquante...
Non seulement j'étais écrasée sous le choc puis la douleur de la perte cruelle de ma fille, ce bonheur radieux que la vie m'a donné... je me suis sentie de plus piétinée et de surcroît responsable de la situation, alors que son fils vivait depuis 22 ans avec elle avant qu'ils ne prennent la décision de se séparer... que je ne savais pas grand chose de leur vie de famille de leur mésentente, ma fille ayant toujours été très discrète et moi ayant veillé à ne pas m'immiscer dans leur vie comme elle l'avait souhaité.
Il faut dire que la veille de son suicide elle avait dormi chez moi et que les signes qu'elle a envoyés, je ne les ai pas perçus... Comme je n'avais pas compris l'avertissement d'une connaissance qui m'a fait observer que ma fille ne semblait pas très bien, sur ce elle continue : "je ne vous l'avais pas dit mais mon fils s'est suicidé"... D'abord interloquée j'ai trouvé cette remarque presque incongrue de sa part... Et quatre mois plus tard c'était au tour de ma Cath... mais oui ça n'arrive pas qu'aux autres !!!
Je m'en veux, c'est inévitable de ne pas avoir réalisé l'intensité de sa souffrance, de son désarroi... je ne peux m'empêcher de faire l'inventaire de tout ce qui s'est passé en bien ou en moins bien dans son enfance. Je cherche des explications à droite et à gauche, j'en ai besoin, c'est ma seule façon de tenir.
Et depuis deux ans si je tiens debout c'est dans le but de maintenir le lien avec ses deux enfants, pour réhabiliter leur maman, leur prouver son amour pour eux, leur expliquer que dans un état de conscience dit "normal" elle n'aurait jamais, mais jamais, accompli ce geste, et cela je le sais...
Pour en revenir à l'émission sur F.5, j'en retire qu'il faut prévenir davantage et dire en effet que si nous étions informés nous pourrions en sauver quelques-uns.... la preuve c'est que le nombre est passé de 12 000 à 10 000.
Mais parce qu'en France, la question reste "tabou" par rapport à d'autres pays comme le Canada, la Suisse, la Suède, etc, nous continuons à croire que nous ne sommes pas concernés.... et à ne pas en parler...
Trois fois plus de suicidés que de morts sur la route, ça ne suffit pas à nous interpeler ?
En conclusion, il faut se dire que nous ne savions pas, que nous n'avons jamais voulu la mort de personne... Nous n'avons rien vu venir... nous ne pouvions rien. Dans mon cas, même la psy qui suivait ma fille n'a pas vu qu'elle était en "crise suicidaire" n'a pas jugé utile de nous dire comment il fallait se comporter avec elle, et pourtant... une professionnelle, au courant des multiples ruptures que sa patiente affrontait, tentait d'assumer seule depuis deux ans !!!!!
Pour préserver ceux qui restent, il est impératif aujourd'hui de savoir... et c'est le but de ces émissions de prévention....
http://www.sante.gouv.fr/reconnaitre-la-crise-suicidaire.html Paix et douceur.
Mj