2 ans après le départ de ma mère, je suis toujours intimement convaincu d'avoir une part importante de responsabilité par rapport à son geste.
Il faut aussi rappeler que chaque histoire comporte un contexte différent. Dans notre histoire, je vivais avec elle, j'avais 19 ans et, nous nous étions disputés la veille quelques jours avant et comme souvent après chaque dispute, c'était le silence entre nous, ça durait généralement un jour voir deux grand maximum. Cette fois-ci cela a duré du dimanche soir au jeudi soir.
Je n'arrête pas de repenser à ces 5 jours. Je me dis que j'aurais dû faire quelque chose, que c'était trop "énorme" pour que ce soit une dispute comme les autres, que je l'ai laissé seule sans même me soucier de son état psychologique. La dernière phrase qu'elle m'a dit le soir de la dispute était tellement clair: "A quoi ça sert de vivre", mais non je n'ai pas mesuré le poids de sa souffrance.
Le dernier soir, j'ai même pressenti que ce soir là, il y avait quelque chose d'inhabituel et j'ai pensé à ce qu'elle puisse faire ce geste, mais je n'ai pas osé me l'avouer, je me suis dis que ce n'était pas possible, mon cerveau a fait comme un blocage ce soir là, je me suis dis que ça ne pouvait pas nous arriver, c'était inconcevable.
Je pense aussi souvent aux dernières semaines, un mois avant elle avait lancé le projet de faire des travaux dans la maison, et elle est partie. J'ai du mal à comprendre qu'on puisse lancer un projet et finalement mettre fin à ses jours; ça ne fait que renforcer la culpabilité en moi
Au fond, je pense que cette culpabilité, je l'aurais toujours en moi, et je n'arriverais jamais à m'épanouir dans la vie avec ce poids sur la conscience; et qu'enfin, parfois, seule la mort pourra en quelque sorte me "racheter".