Bonjour Wixy,
Tu es au bon endroit pour partager ton désarroi avec nous ...
Le suicide laisse derrière lui son lot de souffrances, d'incompréhension, de colère, de culpabilité et même parfois de honte, car il fait encore partie des tabous de la société.
A ce titre, les questions sont nombreuses ... Pourquoi ? ... Et si j'avais fait ceci ? ... Et si je n'avais pas fait cela ? ... ...
Voilà un peu plus de 4 mois que mon épouse Chantal, 59 ans, s'est ôtée la vie suite à une longue dépression ... Tu constateras que j'ai encore du mal avec le mot "suicide" ... Comme toi, je préfère parler de "mettre fin à ses jours" ou "s'est ôtée la vie" et même si les circonstances ne sont pas identiques, notre travail de deuil s'en retrouve plus compliqué étant donné les mille questions auxquelles nous n'aurons jamais de réponses.
Ce dont je suis certain, c'est que la personne qui met fin à ses jours est dans un tel désarroi que pour elle, le choix ne se pose plus ... Elle doit arrêter de vivre pour mettre un terme à son angoisse et à sa souffrance morale ... Pour elle, et à ce moment là, il n'y a pas d'autre solution, pas d'autre choix possible ... Pour elle, pas question de vouloir "faire du mal" à son entourage et surtout pas à celles et ceux qu'elle aime ... Il lui faut "simplement" arrêter de souffrir.
Je crois que c'est le plus difficile à comprendre, l'étape la plus cruciale dans un deuil après suicide d'un proche.
Maintenant, et en ce qui concerne l'acceptation du geste, certains accepteront compte tenu de circonstances particulières (maladies incurables, par exemple ...), mais d'autres n'accepteront jamais et vivront le reste de leur vie dans un environnement de ressentiment diffus pour ne pas dire de colère...
Je t'invite à parcourir le thread que j'ai ouvert dans la même partie du forum "Après le suicide d'un proche" et intitulé "Le labyrinthe des chagrins" ... Dans ce fil, j'explique le cheminement qui m'a conduit à comprendre et à accepter le geste de mon épouse ... Cela n'enlève rien à la souffrance ni au chagrin que j'éprouve et qui me suivra jusqu'à la fin, mais cela me permet d'établir une nouvelle relation avec elle ... Une relation empreinte d'amour et de douceur, miroir de celle que nous avons connue pendant nos 42 années de mariage.
Le chemin est long, mais ici nous avons beaucoup de "mains secourables" pour nous aider à ne pas tomber ...
Entre compagnes et compagnons d'infortune, nous savons trouver les mots pour nous réconforter les uns les autres.
Affectueusement,