Chère Chloé...
Tu n'as absolument rien à te reprocher. Rien, rien, rien. Je sais... facile à dire... Quand on perd quelqu'un, quand il décide de s'ôter la vie qui plus est, elle n'est jamais loin cette saleté de culpabilité. Mais ne la laisse pas s'installer. Chasse là comme tu le peux: elle n'a pas à avoir d'emprise sur toi... Tu étais, tu es une enfant. Comme le dit Kompong speu, tu ne pouvais pas et ce ne n'était pas ton rôle: de porter les difficultés de ton papa...
Tu avais 10, et même aujourd'hui, tu n'en as que 14... Bien sûr, que ce doit être terrible, ce décalage, avec les autres amis de ton âge... Que c'est terrible, cette sensation de ne pas être compris, d'avoir l'impression que ta maman s'en fiche... Est ce que tu as déjà essayé, même si c'est très difficile, de dire à ta maman ce que tu ressens, ce dont tu nous parles ici?
Je t'encourage moi aussi à rassembler ce qu'il te reste de courage, de volonté (tu montres à travers ce que tu écris que tu as de belles ressources sur lesquelles tu peux t'appuyer, et une belle maturité), pour oser parler et demander de l'aide. Parler à une personne extérieure, un psychologue ne réglera pas tout, mais ça te permettra de laisser sortir un peu de tout ce qui se bouscule à l'intérieur de toi.
Bien sûr qu'il y a des freins qui peuvent s'interposer, dans cette démarche... On ne veut pas toujours admettre qu'on n'y arrive plus seul, qu'on a besoin d'aide. Ou on estime qu'on ne le mérite pas. Ou encore, on a peur de se retrouver au pied du mur... C'est humain de ressentir tout ça... mais ça ne doit pas t'empêcher de chercher à aller mieux. Car tu as le droit d'aller mieux. Et tu as le droit, d'avoir besoin qu'on te soutienne, qu'on s'occupe de toi.
J'espère que tu trouveras déjà, pour commencer, un petit peu de réconfort ici. Je t'embrasse et pense fort à toi.