Bonsoir à tous,
Celà fait longtemps que je ne me suis pas exprimée sur ce forum, même si je reviens régulièrement lire...
Je reste convaincue que la perte d'un être aimé, par suicide est une des pires "tortures" que l'on puisse vivre (pas la seule bien sûr!! loin de moi de vouloir hiérarchiser les douleurs de chacun... et de quel droit le ferais-je!!?) je dis celà dans le sens où au manque de la personne aimée, se rajoute ce double sentiment fait de colère: "elle ne m'aimait pas assez pour me faire vivre ça!!!" et de culpabilité " je ne lui ai pas assez montrée que je l'aimais pour qu'elle ne fasse pas ça!!!" ...
Celà fait un peu plus de 21 mois que ma mère a mit fin à ses jours, je pense être passée par tous les stades, magnifiquement expliqués sur ce site... parfois je pense avoir enfin atteind ce "fameux stade" d'un autre lien avec elle. Je dirai même que c'est la seule chose dont je suis sûre : je ne suis plus dans le dénie de son départ, je parviens à rire, à être heureuse ! Je parle d'elle en riant et avec une émotion ... jolie! quand j'évoque ce qu'elle était... j'assume mes ressemblances avec elle (ce qui pour certaines filles ne se fait jamais avec leur mère, mais ça c'est une autre histoire
...) ... je reçois d'elle tout ce qu'elle m'a apportée et qu'elle m'apporte encore (combien de fois je me dis: là, elle m'aurait dit: " fait ça! soit ça! je te conseille ça! je te vois comme ça!"...et je l'entends comme si elle était tjs là!) bref elle continue de m'accompagner comme elle l'a tjs fait, avec ce qu'elle était (forte et fragile à la fois)... mais voilà, même si je pense que ce travail de deuil est fait: à savoir, vivre avec l'absence, tout en la sentant présente en moi, pour toujours et à jamais. Il n'empêche que je ne sais tjs pas faire face aux circonstances de son départ. toujours pas!! et c'est là que notre deuil est différent de celui d'autres.
J'en reviens, donc, au lien qui nous lie sur ce fil de discussion: les fêtes de fin d'année ravivent tout ça évidemment : Noêl! c'était "ma mère et moi" chacune avait son rôle dans l'organisation de ce moment, nos "angoisses" pour que tout soit bien!! Coup de fil dans tous les sens pour savoir qui faisait quoi!? comment!? les cadeaux des uns et des autres? quelle nappe? quel menu?... et là de nouveau ce sentiment d'abandon, tout me semble fade, factice, pire celà "me fatigue": moi qui ai toujours adoré cette fête que l'on finissait en général toutes les deux, le soir tard,tous endormis, fières: parce que chaleur, bonheur des uns et des autres avaient été au rendez vous...
C'est pourtant mon second noêl sans ma mère; L'an passé, j'y ai fait face avec tout l'Amour que je porte aux miens (mon frère notamment, car pour lui c'était aussi le premier noêl de son fils ... pas forcément la "grande soeur parfaite", mais en tous cas, tout pour que ce premier noêl de mon petit neveu soit ce qu'il se devait d'être: Pas de grand mère paternelle pour lui, mais une tante... pour mes enfants aussi! car il fallait bien "inventer" autre chose qui fasse sens... à ce moment là je savais aussi qu'elle n'aurait pas aimé que l'on soit malheureux... donc il fallait faire... Je pense que mon frère et moi avons fait tout notre possible, tant, l'un pour l'autre que pour nos enfants...)
Et bien, finalement c'est cette année que je me suis "écroulée" et ce en faisant le sapin de noêl........... vide sidéral: "maman tu m'as lâchée et je ne peux préparer et vivre cette fête qu'avec toi....... comme avant !!!... pour qu'elle est un sens!!"
retour de la colère! de la fatigue! du, à quoi bon!!.... Celà finira aussi par passer, aussi! j'espère! mais pour l'instant...
A nouveau ce sentiment, que non seulement elle m'a laissée seule ............ pour organiser ces moments, mais que les vivre sans elle ne font pas encore sens, pour moi.... je me suis bcp mise de "côté" l'an passé. Et si les uns ou les autres l'ont peut être vu, je n'ai pas exprimé la violence de ce qui se passait en moi, à ce moment là, en tous cas pas avec des mots...
Cette année...(même si nous ne pouvons tous nous réunir...)
Tout est fait ou presque: calendrier de l'avent (dont elle s'occupait) pour mes enfants; Très beau sapin (peut être même un des plus beaux que l'on n'ait jamais fait; Ca c'était un de mes rôles!!) ; Les cadeaux presque tous emballés... mais un vide sidéral, sidéral, et cette douleur au ventre ...
Dans la famille de ma mère il y a la tradition provencale des "treize desserts"; Maman m'avait offert il y a quelques années, une jolie "boite bougies" qui les représente... j'ai mis la boite au pied de notre arbre, elle embaume la maison de ses parfums mélés... mais je ne me sents ni le courage ni l'envie de matérialiser réellement les treize desserts (c'était elle qui s'en occupait) et je suis face à ces belles bougies... cette tradition familliales je veux la transmettre à mes enfants, ils en connaissent l'histoire. Mais là, je suis bloquée: c'était son "rôle" elle racontait tjs les histoires qui allaient avec...(les santons de provences et leur histoire par exemple!) mais là je ne veux plus faire ce qu'elle aurait du faire si elle n'avait pas décider de partir comme ça!!! (fatigue? colère? tristesse? je ne sais pas...)
Alors je pleure à nouveau! quand la maison s'est endormie, je pleure devant ces si belles bougies, ennivrée par leur parfum et mes sentiments trop contradictoires... Des pleurs douloureux, certes! mais qui aident à mieux dormir aussi...
voilà... j'ai vidé "mon trop plein" je ne sais pas encore si celà suffira à me faire dépasser ce que je ressents ou ne ressents plus! d'ailleurs!!
Je ne pourrais terminer sans vous remercier de me lire, et de dire à chacun et chacune que les circonstances de la perte de cette personne (différente pour chacun d'entres nous, certes! si ce n'est leur manière de nous quitter) sont accompagnées de sentiments tellement contradictoires que forcément, il y a des moments où l'on pense, ne jamais en voir le bout, que depression, folie, nous guettent...
parlez, criez, pleurez, racontez que sais je!!?? ... j'ai beaucoup appris de ces quelques mots du site "user ses émotions" ... Et oui! je crois que celà soulage un peu, un temps, et peut être à un moment pour toujours...
Je vous souhaite aux un et aux autres de vivre ces moments de "fêtes programmées", où "le bonheur de vivre" se doit "forcément d'être au rendez vous", de la meilleure manière que vous pourrez, avant tout... ni plus ni moins!! et si vous devez pleurez les personnes parties, ce n'est pas si grave!! c'est juste parce qu'elles sont encore là...