Wais, l'idée que le deuil profond est un cheminement avec "quelque chose au bout", tu causes.
J'ai plein de bons et nostalgiquement tendres souvenirs du bois de C., près d'où j'ai grandi.
Un jour de septembre 2004, jour merveilleux, nous nous promenions à pied, ma sœur, moi, ses filles qui avaient 6 et 8 ans ... Elles portaient les petits cardigans que je leur avais tricoté pour leur anniversaire, identiques mais l'un rose framboise et l'autre vert pacifique, j'avais crocheté un petit bord de dentelle blanc ... et j'avais trouvé sur le marché des petites jupes assorties ...
Que des détails parfaits, la joie de partager ces instants auprès de ma sœur et des petites, dans ce cadre riche de tant de dialogues affectueux ...
Soudain, je pense à ce que j'ai entendu la veille, au JT: la prise d'otage de Beslan s'est terminée par un massacre, 334 tués dont 186 enfants.
Je m'en exprime à ma sœurette, combien il est choquant que la vie puisse être à la fois le tableau idyllique que nous avons sous les yeux, et les horreurs les plus immondes ...
Assombrie je l'étais pour ces inconnus, mais on n'est pas atteints vraiment ...
Maintenant j'ai vu l'horreur de mes yeux, je connais la terreur dans ma chair, la mutation instantanée ...
Je sais que j'aurais plus de chances de redevenir pucelle que d'atténuer la noirceur du suicide de mon doux neveu Kalahan ...
cela ne peut s'effacer !
La vie dans sa contradiction la plus absurde.
On ne savait pas qu'elle était si cruelle.
Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir "faire de ça" ?
S'encourager malgré tout ...
Continuer de faire des beaux tricots et de broder des chemisiers ...
Amicalement et solidairement,
M.