À Nathalie, à ta mémoire.
Nathalie avait 51 ans lorsqu'elle a provoqué sa mort, le 27 janvier 2016.Elle n'avait pas d'enfant ( elle avait subi un avortement vers l'âge de 25 ans ).
Elle m'a dit avoir quitté, avant sa majorité, son milieu familial dans lequel elle se sentait mal.
Nous nous connaissions depuis 3 ans.
Depuis ce jour-là, je cherche à comprendre son geste.
Je l’aimais.
Après son décès, j'ai eu de nombreux contacts avec les personnes qui voulaient et pouvaient me donner des informations sur sa vie et son passé. ( ami(e)s, collègues de travail, psy, etc ).Nathalie a fait une tentative de suicide à l'âge de 28 ans ( je n’ai pas pu savoir si elle en a fait une autre avant ou après cet âge ? ).
Une de ses amies m'a dit, après son décès, qu'elle avait fait cette tentative de suicide du fait de sa séparation avec un homme ( Hervé C ) qu'elle fréquentait à ce moment-là.
Elle avait préparé son acte de façon réfléchie et minutieuse puisqu'elle s'était enfermée dans un appartement dont un copain locataire lui avait laissé la clef avant de partir en week-end.
C'est dans cet endroit qu'elle avait avalé un cocktail médicamenteux.
Par hasard et par chance, son ami ( J-L ) avait pu la sauver en prévenant les Urgences, alors qu'elle était en train d'agoniser dans cet appartement.
À plusieurs reprises, quelques jours après la cérémonie de crémation, j'ai rencontré J-L avec qui elle vivait à cette époque, en 1993 ( ils ont vécu ensemble une dizaine d'années ).
Il m'a affirmé qu'elle avait été diagnostiquée " paranoïaque " par le médecin psychiatre qui la suivait depuis cette tentative de suicide et son passage à l'hôpital.
Il m'a aussi affirmé qu'il savait que ce drame arriverait un jour, qu'il ne savait pas quand, ni avec qui, mais que ça arriverait, tout en étant désolé que ça " tombe " sur moi.
Il m'a dit que sa première pensée, lorsqu'il a appris la nouvelle, avait été pour moi parce qu'il avait failli se retrouver à ma place.
Il comprenait aisément tout ce que je pouvais penser et ressentir en ce moment de deuil...Je suis resté choqué, abasourdi par ces paroles, ne comprenant pas ce qu'il me disait car c'était la première fois que j'entendais le terme de " paranoïaque " à propos de Nathalie.
Je ne savais pas réellement ce que cela voulait dire...
Il m'a dit qu'après cette tentative, elle était suivie par un psychiatre et prenait des médicaments.
Par contre, après leur séparation, il ne sait pas si elle avait continué à suivre un traitement.
D'après lui, de toute façon, elle était suffisamment lucide sur son état pour choisir le bon thérapeute et le bon traitement.Il m'a aussi dit, notamment, que lors de son adolescence, elle avait été l'amie d'un jeune homme suicidaire, qui s'était suicidé...J'ai compris aussi plus tard qu'elle subissait une maladie appelée " Borderline " ou encore " TLP " ( Trouble de la Personnalité ". )." Le trouble de la personnalité limite (TPL) ou trouble de la personnalité borderline (TPB) est un trouble de la personnalité caractérisé par une impulsivité majeure et une instabilité marquée des émotions, des relations interpersonnelles et de l'image de soi."À partir de ces découvertes, j'ai cherché à comprendre avec encore plus de volonté, pourquoi Nathalie ne m'a jamais parlé de tout ça.
Pour comprendre ce qu'est la paranoïa.
Comprendre ce qu'est la maladie " Borderline ".
( Les phrases entre guillemets, en caractère gras et soulignés, sont des extraits de documents d'experts expliquant cette maladie.) « Avoir une personnalité borderline n’est pas un drame en soi… Car après avoir acquis une bonne conscience de ses vulnérabilités, les traits de personnalité d’hier générateurs de difficultés (trouble relationnel, chaos intense, sentiment de vide, rage, etc.) deviennent des générateurs de potentialités ( intelligence émotionnelle, hypersensibilité, passion, authenticité, spontanéité, compassion, etc.). »
— Prof. Évens Villeneuve,Chef du Programme de traitement des Troubles sévères de
personnalité, Institut universitaire en santé mentale Robert-Giffard (CA)Lorsque nous nous sommes rencontrés, j’ai été frappé par son enthousiasme et sa joie de vivre.
Elle avait réussi à contrecarrer sa maladie :
En faisant beaucoup de voyages.
En allant souvent aux concerts.
En lisant.
En écoutant de la musique.
En allant voir des expositions.
En allant au cinéma.
En faisant du sport.
Etc…
Elle " bougeait " sans cesse.
Et cela a continué avec moi :
Voyages.
Sorties.
Sports.
W.E en amoureux.
Etc.
Elle était épanouie.
Radieuse.
Souriante.
Pleine de vie.
Heureuse.
Moi aussi.
Nous étions heureux.
J'avais l’impression de vivre dans un TGV de la vie avec elle.
Tout allait très vite.
Avec elle, tout devait aller vite.

À plusieurs reprises, j’ai vu qu’elle pouvait avoir des réactions impulsives.
Régulièrement, elle ressentait un " malaise ", dans la foule, pensant que quelqu’un qui frottait son nez se moquait d’elle.
Elle me disait alors: " regarde celui-là ou celle-là, elle se frotte le nez, elle se fout de moi ".Pourtant je n'arrivais jamais à voir si c'était le cas.
Parfois, elle avait des crises de " panique ".
J’ai mis ça sur le compte de sa personnalité et de sa façon d’être.
Le plus souvent, elle a toujours pris soin de me faire ressentir des sentiments positifs lorsque nous étions ensemble.
Je pense qu'elle masquait ainsi sa maladie.
Elle se cachait.
En fait, voilà ce qui était son quotidien :
Ne pas montrer ses failles et ses faiblesses.
Se cacher. Pour ne pas montrer sa différence ?
Par peur d'être jugée, critiquée ?
Par peur que je découvre son problème et que ça me fasse peur ?
Par peur d'être " abandonnée " ?
Pour ne pas ressentir de nouveau, ce qu'elle avait ressenti pendant son enfance, son adolescence ?
Pour ne pas revivre une déconvenue sentimentale subie avec un ou d'autres amants ?
Bref...
J'ai retrouvé un livre qu'elle avait sans doute lu après sa précédente tentative de suicide et où elle avait souligné de nombreuses phrases qui ne laissent pas de doute sur le fait qu'elle connaissait sa maladie, ses problèmes et les avait bien cernés et notamment ceux qui étaient liés à son enfance.
Ces phrases soulignées sont autant d'indices pour comprendre ce qu'elle vivait au plus profond d'elle, et notamment une souffrance bien présente mais qu'elle gardait enfouie en elle.
Le titre du livre : " Aime-toi, la vie t'aimera, comprendre sa douleur pour entendre son désir ", de Catherine Bensaïd. 1994.
" Les patients souffrent énormément de cet état de fait, ils sont pleinement conscients de leurs problèmes ( de leurs "différences", même s'ils sont dans l'incapacité de l'expliquer et encore moins d'y remédier, que ceux-ci expriment ou pas cette souffrance.).
( une personne qui a des stratégies de camouflage est consciente de son problème). " Bref...
Je pense qu'elle recherchait depuis longtemps la personne qui pourrait lui permettre de conserver un " équilibre " entre la réalité de sa maladie et les réalités de la vie.
Pour elle, je jouais une sorte de rôle thérapeutique, comme un médicament.« Germaine Guex insiste sur ce qu’elle appela d’abord la névrose d’abandon (1950), puis syndrome d’abandon, pour décrire l’état d’enfants alors appelés caractériels, terme qui recouvrait plus une contre-attitude qu’une réelle volonté explicative.
Il s’agissait d’enfants qui avaient généralement subi un abandon plus ou moins précoce qui se manifestait par une insécurité affective et un besoin constant d’obtenir à tout prix des preuves d’amour pour assurer une certaine sécurité (avidité affective insatiable).
L’abandonné écrivait-elle, aspire au sentiment de fusion avec un autre être (la mère) et non au sentiment de relation qu’il ne conçoit même pas.
Elle rejoint ainsi les observations d’Hélène Deutsch à propos des personnalités de type borderline. G. Guex souligne aussi que ces personnes ne supportent guère la cure type analytique mais qu’il faut aménager un cadre qui soit adapté à leur niveau de fonctionnement.
Le cruel paradoxe de ce dispositif défensif est que l’avidité se conclut souvent pour le sujet par des rejets réels, tellement le besoin exprimé tyrannise les objets ( personnes de l'entourage, conjoint, etc ) ».
" Ils sont terrifiés à l’idée d’être abandonnés mais sont en même temps incapables d’empêcher leur maladie de détruire leurs relations. " En fin d'année 2015, à cause d'un problème de santé, je devais me faire opérer d'un sinus, j'avais été contraint de repousser l'idée de partir en voyage au mois de Novembre.
Nathalie le vivait très mal.
De plus, elle ne supportait plus que je fasse des activités sans elle.
Par exemple, prendre l'apéro chez un ami.
Au bout de plusieurs situations tendues où elle n'arrivait pas à cacher son état d'esprit ( elle était tendue mais sans montrer de colère ), je lui ai dit que ça ne pouvait pas " durer " ainsi.
Dès l'instant où je lui ai dit ça, elle a immédiatement décidé de quitter la maison.
Dans les cinq minutes qui ont suivi, elle est allé sur le site internet de EDF pour supprimer le prélèvement mensuel automatique.
Je ne comprenais pas ce qui lui arrivait, ce qu'elle faisait.
Et après une très longue discussion de plus d'une heure, à force de questionnements, elle m'a avoué qu'en fait elle voulait partir pour se suicider.J'ai pris ses mots comme un coup de poing dans l'estomac.
C'était évidemment très surprenant et incompréhensible :
Que venait faire cette idée de suicide dans cette discussion ?
À ce moment-là j'ai senti une grande détermination de sa part.
Comme si elle avait réfléchi depuis longtemps à son suicide.
Comme si le moment était venu d'en finir.Je me souviens très bien lui avoir dit ce soir-là que si elle se tuait, elle allait me laisser seul et me tuer par la même occasion.
Qu'elle ne se rendait pas compte des conséquences d'un tel acte.
Que si elle m'aimait réellement, elle ne pouvait pas faire une chose pareille, qu'elle n'en avait pas le droit.
Qu'il fallait qu'elle imagine les conséquences pour sa famille, ses amis, qu'elle devait se mettre à ma place et imaginer ce que je ressentirais.
Le lendemain matin, je lui ai dit qu'on ne pouvait pas continuer ainsi et qu'il fallait faire quelque chose.
Elle était d'accord et nous avons alors décidé d'aller voir un " psy ".
Et quelques minutes après, elle est retournée sur le site de EDF pour remettre en place le prélèvement mensuel." Les personnes avec un trouble de la personnalité borderline ont une tendance, biologique (?), à réagir plus intensément que les autres à des niveaux de stress moindres d’une part, et à mettre plus de temps pour se rétablir, d’autre part. Ils ont des « pic » émotionnels plus élevés pour de faibles provocations et prennent plus de temps pour récupérer une hyper émotivité. "
" Une étude faite sur 347 patients psychiatriques de l'institut psychiatrique de l'état de New York a recherché des indices dignes de confiance et généralisables du comportement suicidaire qui croiseraient des comportements diagnostiqués. Le comportement impulsif est une facette forte du trouble de la personnalité Borderline, cette information peut aider à expliquer pourquoi un pourcentage si élevé des suicides réalisés le sont par ceux avec un trouble Borderline (Mann, 1999). "
Elle m'a proposé un psychothérapeute qu'elle avait déjà consulté par le passé en me disant tout le bien qu'elle pensait de lui.
J'ai accepté...
Nous l'avons rencontré ensemble une première fois en Décembre 2015 et nous lui avons parlé de notre problème relationnel, des difficultés rencontrées et surtout de l'événement durant lequel elle avait parlé de suicide.
Notamment elle lui a dit : " je voulais le faire, et je ne sais pas comment il a réussi à me retenir, il a employé des mots qui m'ont fait renoncer ".
Le " psy " a résumé son discours sur le suicide ainsi: " vous faites du chantage affectif ".Par la suite, je l'ai revu 2 fois de façon individuelle et elle 1 fois.
Elle devait le revoir théoriquement le lundi suivant.
J'ai pensé qu'il la connaissait bien et était capable de nous aider.
En fait, celui-ci n'a pas compris sa pathologie, et m'a dit, après son décès, qu'elle ne lui avait jamais parlé de sa précédente tentative de suicide, ni de sa maladie et qu'elle l’avait consulté auparavant en 2009 pour des questions liées à une relation amoureuse qu'elle entretenait à l'époque.
J'ai aussi appris par la suite qu'elle avait consulté au moins 3 " psy " avant de me rencontrer.
Elle n'avait pas choisi ce psychothérapeute par hasard.
Elle savait qu'il ne connaissait pas son " passé psychologique ", et qu'ainsi il ne pouvait pas me tenir informé de sa maladie.Elle continuait de vouloir se " cacher ".Je pense que dans la manière dont il a abordé cette " crise ", le psychothérapeute a lui-même participé à la tragédie qui a suivi en lui disant que si nous voulions trouver une solution à notre problème, il ne fallait pas qu'elle se serve du chantage affectif.
Je l'ai rencontré à nouveau par la suite et j'ai eu besoin de lui exprimer ouvertement toutes mes " interrogations " sur ses capacités professionnelles.
Il m'a répondu que chaque semaine un de ses patients lui parlait de suicide.
Qu'il était pratiquement impossible de prévoir les gestes suicidaires et que lui-même avait perdu son frère sans pouvoir empêcher son suicide...
( C'est vrai, un garagiste ne peut pas prévoir qu'un pneu va éclater sur l'autoroute, sauf à regarder réellement son état et s'apercevoir qu'il est lisse, et donc que la probabilité qu'il éclate est forte...
Ce " garagiste-là " n'a pas regardé l'état réelle de Nathalie.
Il a simplement " débité " l'une de ses phrases habituelles: " vous faites du chantage affectif ". )
" Beaucoup de professionnels ne prennent pas au sérieux les menaces de suicide de ceux qui ont été diagnostiquées avec le trouble de la personnalité Borderline. Peut-être devraient-ils relire (Duberstein, 1997) qui a prouvé qu'approximativement 30-40% des suicides sont commis par des individus avec des troubles de la personnalité, et (Bronisch, 1996) qui a prouvé qu'au moins un tiers des suicides réalisés ont été faits par ceux avec des troubles de personnalité. " Le 26 janvier 2016, dans l'après-midi, Nathalie m'a avoué avoir " espionné " mon ordinateur.
En fin d'après-midi, elle est venue me trouver, me disant que je voulais me détacher d’elle, que c'était fini entre nous car j'envisageais de partir seul pendant un week-end et que j'étais en train de la quitter.
Mais il ne s'agissait-là que d'un projet.
Je lui ai répété à maintes reprises que je ne voulais pas la quitter, qu'il fallait être patiente et ne pas renoncer puisque nous faisions ce qu'il fallait pour rester ensemble, pour trouver un équilibre et que ces " vacances " pouvaient nous permettre de réfléchir et faire le point .
Le soir du 26 janvier, aucun argument ne la retenait.
Je veux partir, je dois m'en aller, me répétait-elle, comme une obsession.
J'ai fermé la porte de la maison à clef.
Elle n'a pas voulu s’asseoir, ni boire, ni manger quelque chose.
« Ils sont souvent conscients de l’intensité de leurs réactions émotionnelles négatives et, bien qu’ils ne puissent pas réguler leurs émotions, ils peuvent les cacher complètement. Cela peut avoir un impact négatif sur les individus souffrant de Trouble de personnalité borderline, car ces émotions avertissent leur entourage de la présence d’une situation problématique, mais ils ne les expriment pas. »
" Il existe deux catégories, chaque patient " borderline " appartenant plus ou moins à l'une des catégories ou les deux. Pouvant aussi selon les moments osciller de l'une vers l'autre.
Les "extériorisant" passent à l'acte, ils utilisent la colère dirigée vers les autres pour apaiser leur rage intérieure, pour calmer leur souffrance. Même si généralement après une manifestation de colère, ils se détestent d'être ainsi.
Les "intériorisant" que l'on appelle aussi " les borderline silencieux " font de même mais dirigés vers eux mêmes. Ils s'auto-infligent des colères que celles-ci soient morales ou physiques. La souffrance de "l'intériorisant" est encore plus terrible et infiniment moins prise en compte car invisible pour l'entourage qui ne voit rien. " Nous nous sommes embrassés ( elle n'avait pas ingurgité d'alcool à ce moment-là ).
Nous nous sommes enlacés.
Elle m’a dit de ne pas m’inquiéter, qu'elle devait partir, qu’elle ne voulait pas faire de bêtise, qu'elle partait chez quelqu’un, mais en refusant de dire où.
Elle a pris ses cours pour réviser car elle devait passer un examen pour son travail.
Elle était en train de me berner.
Je lui ai proposé d'aller dormir chez mon frère tandis qu'elle resterait à la maison.
Elle n'a pas voulu.
En partant, nous nous sommes promis de nous envoyer des SMS.
Je ne pouvais pas la retenir.
Sauf à utiliser la manière forte.
Ce que je n'ai pas fait.
Plus tard nous avons communiqué par SMS.
Parmi ceux-ci, elle a écrit :
" je ne peux pas ne pas renoncer ".
Il était tard dans la nuit.
Je me suis endormi.
En fait, elle avait décidé d’en finir.
Ce qu’elle fit.
Le lendemain matin, la police m’informait de sa mort par suicide avec des médicaments à 80 kms de notre habitation. Sa voiture était garée sur le bord d'un chemin conduisant à un hameau très isolé avec peu de passage.
Selon le gendarme, cette nuit-là avait été malheureusement particulièrement froide avec une température qui est descendue aux alentours de 5 °C.
Elle était allongée sur la banquette rabattue, les quatre portes de sa voiture verrouillées.
Le gendarme, sans pouvoir l'affirmer, pensait qu'elle avait tenté de vomir.
Je n'ai jamais pu savoir pourquoi elle est partie aussi loin et s'est rendue sur ce chemin de campagne, sur un chemin traversé de vents glacials, pour en finir ainsi.
Avait-elle un ami ou une amie qui habitait dans les parages ?
Aucune personne de son entourage familial, ni amical, ni professionnel ne m'a dit avoir été contacté ce soir-là.Journellement, elle prenait un médicament pour le cœur ( contre l'hypertension, le Candésartan ).
Après sa mort, j'ai retrouvé dans un tiroir une boîte de médicament ( un anxiolytique, l'Alprazolam aux benzodiazépines ).
Médicament prescrit par son médecin ( Celle-ci que j'ai contacté, n'a pas voulu me préciser depuis quand elle lui avait prescrit, sous couvert de secret médical...).
C'est sans doute avec un cocktail excessif de ces médicaments et un peu d'alcool qu'elle a réussi son acte suicidaire ( elle s'est débarrassée de toutes traces des médicaments qui lui ont servie, ainsi que la bouteille de whisky dont les gendarmes n'ont retrouvé que le bouchon dans sa voiture... )
Nathalie et moi vivions ensemble depuis deux années.
Cette idée s'est imposée au fil du temps car elle ne voulait pas, et je ne l'ai jamais fait, que je pénètre dans son appartement.
Elle me disait vouloir le quitter, prétextant qu'elle ne l'aimait pas et que celui-ci ne lui ressemblait pas car elle ne l'avait pas réellement agencé selon ses goûts.
Et aujourd'hui...
Évidemment, aujourd’hui, avec le recul, grâce à certains contacts que j'ai eus, sachant maintenant de quoi elle souffrait, je comprends mieux ses réactions, ses actes et ses choix.
Par exemple:
elle avait pratiquement coupé les ponts avec sa famille et avait beaucoup de difficultés à revoir ses parents et notamment son père avec qui elle avait vécu, m'a-t-elle dit, une scène où il l'avait dénigrée ( sans qu'il sache sa présence car elle écoutait à bonne distance et à l'abri des regards...).
À tel point qu'elle en avait fait une dépression suivie d'un parcours chez un psy vers les années 1999, 2000.Plus tard,
sur les conseils de ce psy, elle m'a dit en avoir parlé à son père en lui disant tout ce qu'elle avait sur le cœur.
Malheureusement, la rencontre s'est très mal passée et sa mère a pris fait et cause pour son mari en prétextant que Nathalie n'avait rien compris à ce qu'il avait dit.
Nathalie s'est alors enfuie de chez eux.Le psy la conforta dans l'idée qu'elle devait mettre de la distance avec eux et éviter de les revoir trop souvent.
De faire sa vie sans eux.
Ainsi, elle ne participait pratiquement plus aux " fêtes " de famille.
J'ai rencontré ses parents à 4 occasions.
J'ai senti qu'il y avait une ambiance " particulière " entre eux mais sans que cela paraisse anormal.
Son père me semblait distant et renfermé, mais sans plus.
Sa relation avec sa mère était très complexe: " J'ai les poils qui se hérissent quand elle veut me toucher ", m'a-t-elle dit une fois.
Elle ne voyait pratiquement plus sa sœur aînée que je n'avais jamais rencontré avant sa mort.Bref, c'est un " tableau " sombre qu'elle m'avait tracé de sa famille en général et de ses parents, en particulier.
Malgré tout,
je sentais que depuis quelques mois, elle voulait améliorer sa relation avec eux.
Je pense qu'elle n'y arrivait pas et avait beaucoup de mal à renouer le dialogue et les contacts de façon apaisée." Les individus souffrant de TPB sont particulièrement sensibles à la manière dont les autres agissent à leur égard ; la gentillesse perçue leur fera ressentir une joie et une gratitude intenses, et des agissements perçus comme négatifs leur feront ressentir une tristesse et une colère intense. Leurs sentiments vis-à-vis des autres varient du positif au négatif après une déception, une menace ressentie d'avoir perdu quelqu'un, ou une perte perçue d'estime de quelqu'un qu'ils apprécient. Ce phénomène, parfois appelé clivage du moi, exprime une idée perçue de l'autre variant du positif (admiration et amour) au négatif (colère et haine). Mélangée aux troubles de l'humeur, cette idéalisation peut poser des problèmes relationnels avec la famille, les amis et ou collègues de travail. L'image de soi peut également et rapidement changer du positif au négatif. " Lorsqu'elle m'en parlait, j'éprouvais un sentiment d'amertume par rapport à cet environnement familial.
Mais aujourd'hui, sachant de quoi elle souffrait, j'ai le plus grand mal à faire la distinction entre ce qui tient de sa maladie et ce qui est réellement le fait de son histoire familiale et de son enfance.
Je pense que cette maladie est sournoise et alors qu'elle pensait la « maîtriser », elle était restée néanmoins très fragile.
Dans notre histoire, le silence et les non-dits ont prévalu.
D'abord et surtout de la part de Nathalie qui a gardé tout ça secret, mais pas seulement elle.Par exemple, aujourd'hui,
je suis convaincu que l'ami qu'elle fréquentait ( Guy L ), juste avant moi, savait qu'elle avait déjà fait une tentative de suicide, qu'il connaissait son mal-être, sa maladie, et cependant il n'a pas jugé utile de m'en faire part.
Je pense que sa sœur savait, ainsi que ses parents.
Certain(e)s de ses ami (e)s aussi.
Ce que je trouve dommageable car ce silence a participé à ce drame.Ce silence entretenu avait sans doute pour objectif, pour elle et eux, de ne pas " m'effrayer " et d'éviter ainsi une séparation prématurée ou inévitable.
C'était un pari risqué.
Aujourd’hui...
Aujourd'hui, je dois " vivre " avec sa mort suicidaire et la culpabilité qui en découle.
Je sais ma part de responsabilité, les erreurs commises.
Je sais que sa maladie la rendait fragile à un point que je ne n'ai pas su voir.
Je sais le gâchis de tout cela et la peine immense que cela créait.
Je sais le rôle néfaste qu'ont joué le silence et les non-dits.
Je pense aussi que dans son esprit, j'étais devenu la dernière personne avec qui elle tenterait de vivre pleinement sa vie, et que si ça ne fonctionnait pas, il n'y en aurait pas d'autre.Par ce suicide, elle ne m'a pas fait un cadeau d’amour.
Pourtant elle disait m’aimer plus que tout et comme elle n'avait encore jamais aimé.
Elle me laisse avec ce drame sur les épaules.
Elle me manque énormément.
Elle me laisse avec la peine de sa perte qui ne me quitte plus.
Dans un mot écrit sur un bout de papier qu'elle a laissé près de son sac, elle me dit:
" POURRAS-TU ME PARDONNER MA LACHETE, MON EGOÏSME ?
Je le suis profondément et le regrette. Nathalie "
Je l'aimais.
Elle m'aimait.
Et tous les jours, je pense à elle.
dominique
Ps:
Aujourd'hui, avec le recul ( 28.11.2016 ), je me félicite d'avoir cherché à comprendre et d'avoir pu rencontrer des personnes qui m'ont donné certaines clefs de compréhension.
Même si je ne sais pas tout.
Sans elles, j'aurais pris sur moi un fardeau de culpabilité considérable. Ps: entre guillemets et en caractère gras, il y a des extraits de documents d'experts liés à cette maladie.
Voir ces sites...
https://www.franceinter.fr/emissions/la-tete-au-carre/la-tete-au-carre-17-mai-2017?fbclid=IwAR2gjca0rekqwMaxl37Nfra0vWPJc3BfpK6WhVaXZQvS4UJQcvNSIwwNaYshttp://www.magalicroset-calisto.com/2018/04/le-trouble-borderline-les-montagnes-russes-emotionnelles-le-cercle-psy-mars/avril/mai-2018.html?fbclid=IwAR3NkHegDQIMTo13JPuopklgUsYUr60kyuYtAK3XjN0-uT4ovYeJdEig7hYhttps://www.odilejacob.fr/catalogue/psychologie/psychologie-generale/borderline_9782738135957.php?fbclid=IwAR3hCCbhTMDLIqjjeewqPaji0IMzIZXvBVw6hC298ZXlqekvmVrgSbaKccghttp://aapel.org/bdp/BLsynthese.htmlhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_de_la_personnalit%C3%A9_borderline#Comportementhttp://aidemaladiementale.com/wa_files/Arc-en-ciel_V7N1.pdfhttp://www.planetesante.ch/Magazine/Psycho-et-cerveau/Borderline/Comment-apparait-le-trouble-de-la-personnalite-borderlinehttps://www.pocket.fr/tous-nos-livres/evolution/developpement-personnel/aime-toi-_la_vie_taimera-9782266056571/http://ayra.e-monsite.com/pages/borderline.html
https://youtu.be/nYykKHhTA4ghttps://youtu.be/GKX0EpuKDZYhttps://youtu.be/iX8CpQLCNI8https://youtu.be/9jjLIPo40Mk