Auteur Sujet: Borderline et suicide...  (Lu 29422 fois)

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Borderline et suicide...
« le: 12 juin 2016 à 22:49:29 »
                                                                                                                                                             À Nathalie, à ta mémoire.



Nathalie avait 51 ans lorsqu'elle a provoqué sa mort, le 27 janvier 2016.
Elle n'avait pas d'enfant ( elle avait subi un avortement vers l'âge de 25 ans ).
Elle m'a dit avoir quitté, avant sa majorité, son milieu familial dans lequel elle se sentait mal.

Nous nous connaissions depuis 3 ans.

Depuis ce jour-là, je cherche à comprendre son geste.
Je l’aimais.

Après son décès,  j'ai eu de nombreux contacts avec les personnes qui voulaient et pouvaient me donner des informations sur sa vie et son passé. ( ami(e)s, collègues de travail, psy, etc ).

Nathalie a fait une tentative de suicide à l'âge de 28 ans ( je n’ai pas pu savoir si elle en a fait une autre avant ou après cet âge ? ).
Une de ses amies m'a dit, après son décès, qu'elle avait fait cette tentative de suicide du fait de sa séparation avec un homme ( Hervé C  ) qu'elle fréquentait à ce moment-là.

Elle avait préparé son acte de façon réfléchie et minutieuse puisqu'elle s'était enfermée dans un appartement dont un copain locataire lui avait laissé la clef avant de partir en week-end.
C'est dans cet endroit qu'elle avait avalé un cocktail médicamenteux.
Par hasard et par chance, son ami ( J-L ) avait pu la sauver en prévenant les Urgences, alors qu'elle était en train d'agoniser dans cet appartement.

À plusieurs reprises, quelques jours après la cérémonie de crémation, j'ai rencontré J-L avec qui elle vivait à cette époque, en 1993 ( ils ont vécu ensemble une dizaine d'années ).

Il m'a affirmé qu'elle avait été diagnostiquée " paranoïaque " par le médecin psychiatre qui la suivait depuis cette tentative de suicide et son passage à l'hôpital.
Il m'a aussi affirmé qu'il savait que ce drame arriverait un jour, qu'il ne savait pas quand, ni avec qui, mais que ça arriverait, tout en étant désolé que ça " tombe " sur moi.
Il m'a dit que sa première pensée, lorsqu'il a appris la nouvelle, avait été pour moi parce qu'il avait failli se retrouver à ma place.
Il comprenait aisément tout ce que je pouvais penser et ressentir en ce moment de deuil...


Je suis resté choqué, abasourdi par ces paroles, ne comprenant pas ce qu'il me disait car c'était la première fois que j'entendais le terme de " paranoïaque " à propos de Nathalie.
Je ne savais pas réellement ce que cela voulait dire...

Il m'a dit qu'après cette tentative, elle était suivie par un psychiatre et prenait des médicaments.

Par contre, après leur séparation, il ne sait pas si elle avait continué à suivre un traitement.
D'après lui, de toute façon, elle était suffisamment lucide sur son état pour choisir le bon thérapeute et le bon traitement.


Il m'a aussi dit, notamment, que lors de son adolescence, elle avait été l'amie d'un jeune homme suicidaire, qui s'était suicidé...

J'ai compris aussi plus tard qu'elle subissait une maladie appelée " Borderline " ou  encore " TLP " ( Trouble de la Personnalité ". ).

" Le trouble de la personnalité limite (TPL) ou trouble de la personnalité borderline (TPB) est un trouble de la personnalité caractérisé par une impulsivité majeure et une instabilité marquée des émotions, des relations interpersonnelles et de l'image de soi."

À partir de ces découvertes, j'ai cherché à comprendre avec encore plus de volonté, pourquoi Nathalie ne m'a jamais parlé de tout ça.
Pour comprendre ce qu'est la paranoïa.
Comprendre ce qu'est la maladie " Borderline ".


( Les phrases entre guillemets, en caractère gras et soulignés, sont des extraits de documents d'experts expliquant cette maladie.)

  « Avoir une personnalité borderline n’est pas un drame en soi… Car après avoir acquis une bonne conscience de  ses vulnérabilités, les traits de personnalité d’hier générateurs de difficultés (trouble relationnel, chaos intense, sentiment de vide, rage, etc.) deviennent des générateurs de potentialités ( intelligence émotionnelle, hypersensibilité, passion, authenticité, spontanéité, compassion, etc.). »
    — Prof. Évens Villeneuve,Chef du Programme de traitement des Troubles sévères de
    personnalité, Institut universitaire en santé mentale Robert-Giffard (CA)


Lorsque nous nous sommes rencontrés, j’ai été frappé par son enthousiasme et sa joie de vivre.

Elle avait réussi à contrecarrer sa maladie :

En faisant beaucoup de voyages.
En allant souvent aux concerts.
En lisant.
En écoutant de la musique.
En allant voir des expositions.
En allant au cinéma.
En faisant du sport.
Etc…

Elle " bougeait " sans cesse.

Et cela a continué avec moi :

Voyages.
Sorties.
Sports.
W.E en amoureux.
Etc.

Elle était épanouie.
Radieuse.
Souriante.
Pleine de vie.
Heureuse.
Moi aussi.
Nous étions heureux.

J'avais l’impression de vivre dans un TGV de la vie avec elle.
Tout allait très vite.
Avec elle, tout devait aller vite.



À plusieurs reprises, j’ai vu qu’elle pouvait avoir des réactions impulsives.
Régulièrement, elle ressentait un " malaise ", dans la foule, pensant que quelqu’un qui frottait son nez se moquait d’elle.
Elle me disait alors: " regarde celui-là ou celle-là, elle se frotte le nez, elle se fout de moi ".

Pourtant je n'arrivais jamais à voir si c'était le cas.
Parfois, elle avait des crises de " panique ".
J’ai mis ça sur le compte de sa personnalité et de sa façon d’être.

Le plus souvent, elle a toujours pris soin de me faire ressentir des sentiments positifs lorsque nous étions ensemble.

Je pense qu'elle masquait ainsi sa maladie.
Elle se cachait.
En fait, voilà ce qui était son quotidien :
Ne pas montrer ses failles et ses faiblesses.
Se cacher.


Pour ne pas montrer sa différence ?
Par peur d'être jugée, critiquée ?
Par peur que je découvre son problème et que ça me fasse peur ?
Par peur d'être " abandonnée " ?
Pour ne pas ressentir de nouveau, ce qu'elle avait ressenti pendant son enfance, son adolescence ?
Pour ne pas revivre une déconvenue  sentimentale subie avec un ou d'autres amants ?

Bref...

J'ai retrouvé un livre qu'elle avait sans doute lu après sa précédente tentative de suicide et où elle avait souligné de nombreuses phrases qui ne laissent pas de doute sur le fait qu'elle connaissait sa maladie, ses problèmes et les avait bien cernés et notamment ceux qui étaient liés à son enfance.
Ces phrases soulignées sont autant d'indices pour comprendre ce qu'elle vivait au plus profond d'elle, et notamment une souffrance bien présente mais qu'elle gardait enfouie en elle.

Le titre du livre : " Aime-toi, la vie t'aimera, comprendre sa douleur pour entendre son désir ", de Catherine Bensaïd. 1994.

" Les patients souffrent énormément de cet état de fait, ils sont pleinement conscients de leurs problèmes ( de leurs "différences", même s'ils sont dans l'incapacité de l'expliquer et encore moins d'y remédier, que ceux-ci expriment ou pas cette souffrance.).
( une personne qui a des stratégies de camouflage est consciente de son problème). "


Bref...

Je pense qu'elle recherchait depuis longtemps la personne qui pourrait lui permettre de conserver un " équilibre " entre la réalité de sa maladie et les réalités de la vie.
Pour elle, je jouais une sorte de rôle thérapeutique, comme un médicament.

«  Germaine Guex insiste sur ce qu’elle appela d’abord la névrose d’abandon (1950), puis syndrome d’abandon, pour décrire l’état d’enfants alors appelés caractériels, terme qui recouvrait plus une contre-attitude qu’une réelle volonté explicative.
Il s’agissait d’enfants qui avaient généralement subi un abandon plus ou moins précoce qui se manifestait par une insécurité affective et un besoin constant d’obtenir à tout prix des preuves d’amour pour assurer une certaine sécurité (avidité affective insatiable).
L’abandonné écrivait-elle, aspire au sentiment de fusion avec un autre être (la mère) et non au sentiment de relation qu’il ne conçoit même pas.
Elle rejoint ainsi les observations d’Hélène Deutsch à propos des personnalités de type borderline. G. Guex souligne aussi que ces personnes ne supportent guère la cure type analytique mais qu’il faut aménager un cadre qui soit adapté à leur niveau de fonctionnement.
Le cruel paradoxe de ce dispositif défensif est que l’avidité se conclut souvent pour le sujet par des rejets réels, tellement le besoin exprimé tyrannise les objets ( personnes de l'entourage, conjoint, etc ) ».

" Ils sont terrifiés à l’idée d’être abandonnés mais sont en même temps incapables d’empêcher leur maladie de détruire leurs relations. "


En fin d'année 2015, à cause d'un problème de santé, je devais me faire opérer d'un sinus, j'avais été contraint de repousser l'idée de partir en voyage au mois de Novembre.
Nathalie le vivait très mal.

De plus, elle ne supportait plus que je fasse des activités sans elle.
Par exemple, prendre l'apéro chez un ami.

Au bout de plusieurs situations tendues où elle n'arrivait pas à cacher son état d'esprit ( elle était tendue mais sans montrer de colère ), je lui ai dit que ça ne pouvait pas " durer " ainsi.

Dès l'instant où je lui ai dit ça, elle a immédiatement décidé de quitter la maison.
Dans les cinq minutes qui ont suivi, elle est allé sur le site internet de EDF pour supprimer le prélèvement mensuel automatique.
Je ne comprenais pas ce qui lui arrivait, ce qu'elle faisait.

Et après une très longue discussion de plus d'une heure, à force de questionnements, elle m'a avoué qu'en fait elle voulait partir pour se suicider.

J'ai pris ses mots comme un coup de poing dans l'estomac.
C'était évidemment très surprenant et incompréhensible :
Que venait faire cette idée de suicide dans cette discussion ?

À ce moment-là j'ai senti une grande détermination de sa part.
Comme si elle avait réfléchi depuis longtemps à son suicide.
Comme si le moment était venu d'en finir.


Je me souviens très bien lui avoir dit ce soir-là que si elle se tuait, elle allait me laisser seul et me tuer par la même occasion.
Qu'elle ne se rendait pas compte des conséquences d'un tel acte.
Que si elle m'aimait réellement, elle ne pouvait pas faire une chose pareille, qu'elle n'en avait pas le droit.
Qu'il fallait qu'elle imagine les conséquences pour sa famille, ses amis, qu'elle devait se mettre à ma place et imaginer ce que je ressentirais.

Le lendemain matin, je lui ai dit qu'on ne pouvait pas continuer ainsi et qu'il fallait faire quelque chose.
Elle était d'accord et nous avons alors décidé d'aller voir un " psy ".
Et quelques minutes après, elle est retournée sur le site de EDF pour remettre en place le prélèvement mensuel.


" Les personnes avec un trouble de la personnalité borderline ont une tendance, biologique (?), à réagir plus intensément que les autres à des niveaux de stress moindres d’une part, et à mettre plus de temps pour se rétablir, d’autre part. Ils ont des « pic » émotionnels plus élevés pour de faibles provocations et prennent plus de temps pour récupérer une hyper émotivité. "

" Une étude faite sur 347 patients psychiatriques de l'institut psychiatrique de l'état de New York a recherché des indices dignes de confiance et généralisables du comportement suicidaire qui croiseraient des comportements diagnostiqués. Le comportement impulsif est une facette forte du trouble de la personnalité Borderline, cette information peut aider à expliquer pourquoi un pourcentage si élevé des suicides réalisés le sont par ceux avec un trouble Borderline (Mann, 1999). "

Elle m'a proposé un psychothérapeute qu'elle avait déjà consulté par le passé en me disant tout le bien qu'elle pensait de lui.

J'ai accepté...

Nous l'avons rencontré ensemble une première fois en Décembre 2015 et nous lui avons parlé de notre problème relationnel, des difficultés rencontrées et surtout de l'événement durant lequel elle avait parlé de suicide.

Notamment elle lui a dit : " je voulais le faire, et je ne sais pas comment il a réussi à me retenir, il a employé des mots qui m'ont fait renoncer ".

Le " psy " a résumé son discours sur le suicide ainsi: " vous faites du chantage affectif ".
Par la suite, je l'ai revu 2 fois de façon individuelle et elle 1 fois.
Elle devait le revoir théoriquement le lundi suivant.

J'ai pensé qu'il la connaissait bien et était capable de nous aider.

En fait, celui-ci n'a pas compris sa pathologie, et m'a dit, après son décès, qu'elle ne lui avait jamais parlé de sa précédente tentative de suicide, ni de sa maladie et qu'elle l’avait consulté auparavant en 2009 pour des questions liées à une relation amoureuse qu'elle entretenait à l'époque.
J'ai aussi appris par la suite qu'elle avait consulté au moins 3 " psy " avant de me rencontrer.

Elle n'avait pas choisi ce psychothérapeute par hasard.
Elle savait qu'il ne connaissait pas son " passé psychologique ", et qu'ainsi il ne pouvait pas me tenir informé de sa maladie.


Elle continuait de vouloir se " cacher ".

Je pense que dans la manière dont il a abordé cette " crise ", le psychothérapeute a lui-même participé à la tragédie qui a suivi en lui disant que si nous voulions trouver une solution à notre problème, il ne fallait pas qu'elle se serve du chantage affectif.

Je l'ai rencontré à nouveau par la suite et j'ai eu besoin de lui exprimer ouvertement toutes mes " interrogations " sur ses capacités professionnelles.
Il m'a répondu que chaque semaine un de ses patients lui parlait de suicide.
Qu'il était pratiquement impossible de prévoir les gestes suicidaires et que lui-même avait perdu son frère sans pouvoir empêcher son suicide...

( C'est vrai, un garagiste ne peut pas prévoir qu'un pneu va éclater sur l'autoroute, sauf à regarder réellement son état et s'apercevoir qu'il est lisse, et donc que la probabilité qu'il éclate est forte...
Ce " garagiste-là " n'a pas regardé l'état réelle de Nathalie.
Il a simplement " débité " l'une de ses phrases habituelles: " vous faites du chantage affectif ". )

" Beaucoup de professionnels ne prennent pas au sérieux les menaces de suicide de ceux qui ont été diagnostiquées avec le trouble de la personnalité Borderline. Peut-être devraient-ils relire (Duberstein, 1997) qui a prouvé qu'approximativement 30-40% des suicides sont commis par des individus avec des  troubles de la personnalité, et (Bronisch, 1996) qui a prouvé qu'au moins un tiers des suicides réalisés ont été faits par ceux avec des troubles de personnalité. "

Le 26 janvier 2016, dans l'après-midi, Nathalie m'a avoué avoir " espionné " mon ordinateur.
En fin d'après-midi, elle est venue me trouver, me disant que je voulais me détacher d’elle, que c'était fini entre nous car j'envisageais de partir seul pendant un week-end et que j'étais en train de la quitter.

Mais il ne s'agissait-là que d'un projet.
Je lui ai répété à maintes reprises que je ne voulais pas la quitter, qu'il fallait être patiente et ne pas renoncer puisque nous faisions ce qu'il fallait pour rester ensemble, pour trouver un équilibre et que ces " vacances " pouvaient nous permettre de réfléchir et faire le point .

Le soir du 26 janvier, aucun argument ne la retenait.
Je veux partir, je dois m'en aller, me répétait-elle, comme une obsession.
J'ai fermé la porte de la maison à clef.
Elle n'a pas voulu s’asseoir, ni boire, ni manger quelque chose.

« Ils sont souvent conscients de l’intensité de leurs réactions émotionnelles négatives et, bien qu’ils ne puissent pas réguler leurs émotions, ils peuvent les cacher complètement. Cela peut avoir un impact négatif sur les individus souffrant de Trouble de personnalité borderline, car ces émotions avertissent leur entourage de la présence d’une situation problématique, mais ils ne les expriment pas. »

" Il existe deux catégories, chaque patient " borderline " appartenant plus ou moins à l'une des catégories ou les deux. Pouvant aussi selon les moments osciller de l'une vers l'autre.

Les "extériorisant" passent à l'acte, ils utilisent la colère dirigée vers les autres pour apaiser leur rage intérieure, pour calmer leur souffrance. Même si généralement après une manifestation de colère, ils se détestent d'être ainsi.

Les "intériorisant" que l'on appelle aussi " les borderline silencieux " font de même mais dirigés vers eux mêmes. Ils s'auto-infligent des colères que celles-ci soient morales ou physiques. La souffrance de "l'intériorisant" est encore plus terrible et infiniment moins prise en compte car invisible pour l'entourage qui ne voit rien. "


Nous nous sommes embrassés ( elle n'avait pas ingurgité d'alcool à ce moment-là ).
Nous nous sommes enlacés.
Elle m’a dit de ne pas m’inquiéter, qu'elle devait partir, qu’elle ne voulait pas faire de bêtise, qu'elle partait chez quelqu’un, mais en refusant de dire où.
Elle a pris ses cours pour réviser car elle devait passer un examen pour son travail.
Elle était en train de me berner.
Je lui ai proposé d'aller dormir chez mon frère tandis qu'elle resterait à la maison.
Elle n'a pas voulu.
En partant, nous nous sommes promis de nous envoyer des SMS.

Je ne pouvais pas la retenir.
Sauf à utiliser la manière forte.
Ce que je n'ai pas fait.

Plus tard nous avons communiqué par SMS.
Parmi ceux-ci, elle a écrit : " je ne peux pas ne pas renoncer ".
Il était tard dans la nuit.
Je me suis endormi.

En fait, elle avait décidé d’en finir.
Ce qu’elle fit.
Le lendemain matin, la police m’informait de sa mort par suicide avec des médicaments à 80 kms de notre habitation. Sa voiture était garée sur le bord d'un chemin conduisant à un hameau très isolé avec peu de passage.
Selon le gendarme, cette nuit-là avait été malheureusement particulièrement froide avec une température qui est descendue aux alentours de 5 °C.
Elle était allongée sur la banquette rabattue, les quatre portes de sa voiture verrouillées.
Le gendarme, sans pouvoir l'affirmer, pensait qu'elle avait tenté de vomir.

Je n'ai jamais pu savoir pourquoi elle est partie aussi loin et s'est rendue sur ce chemin de campagne, sur un chemin traversé de vents glacials, pour en finir ainsi.
Avait-elle un ami ou une amie qui habitait dans les parages ?


Aucune personne de son entourage familial, ni amical, ni professionnel ne m'a dit avoir été contacté ce soir-là.


Journellement, elle prenait un médicament pour le cœur ( contre l'hypertension, le Candésartan ).
Après sa mort, j'ai retrouvé dans un tiroir une boîte de médicament ( un anxiolytique, l'Alprazolam aux benzodiazépines ).
Médicament prescrit par son médecin ( Celle-ci que j'ai contacté, n'a pas voulu  me préciser depuis quand elle lui avait prescrit, sous couvert de secret médical...).

C'est sans doute avec un cocktail excessif de ces médicaments et un peu d'alcool qu'elle a réussi son acte suicidaire ( elle s'est débarrassée de toutes traces des médicaments qui lui ont servie, ainsi que la bouteille de whisky dont les gendarmes n'ont retrouvé que le bouchon dans sa voiture... )

Nathalie et moi vivions ensemble depuis deux années.
Cette idée s'est imposée au fil du temps car elle ne voulait pas, et je ne l'ai jamais fait, que je pénètre dans son appartement.
Elle me disait vouloir le quitter, prétextant qu'elle ne l'aimait pas et que celui-ci ne lui ressemblait pas car elle ne l'avait pas réellement agencé selon ses goûts.

Et aujourd'hui...

Évidemment, aujourd’hui, avec le recul, grâce à certains contacts que j'ai eus, sachant maintenant de quoi elle souffrait,  je comprends mieux ses réactions, ses actes et ses choix.

Par exemple: elle avait pratiquement coupé les ponts avec sa famille et avait beaucoup de difficultés à revoir ses parents et notamment son père avec qui elle avait vécu, m'a-t-elle dit, une scène où il l'avait dénigrée ( sans qu'il sache sa présence car elle écoutait à bonne distance et à l'abri des regards...).
À tel point qu'elle en avait fait une dépression suivie d'un parcours chez un psy vers les années 1999, 2000.


Plus tard, sur les conseils de ce psy, elle m'a dit en avoir parlé à son père en lui disant tout ce qu'elle avait sur le cœur.
Malheureusement, la rencontre s'est très mal passée et sa mère a pris fait et cause pour son mari en prétextant que Nathalie n'avait rien compris à ce qu'il avait dit.
Nathalie s'est alors enfuie de chez eux.

Le psy la conforta dans l'idée qu'elle devait mettre de la distance avec eux et éviter de les revoir trop souvent.
De faire sa vie sans eux.
Ainsi, elle ne participait pratiquement plus aux " fêtes " de famille.

J'ai rencontré ses parents à 4 occasions.
J'ai senti qu'il y avait une ambiance " particulière " entre eux mais sans que cela paraisse anormal.
Son père me semblait distant et renfermé, mais sans plus.

Sa relation avec sa mère était très complexe:  " J'ai les poils qui se hérissent quand elle veut me toucher ", m'a-t-elle dit une fois.
Elle ne voyait pratiquement plus sa sœur aînée que je n'avais jamais rencontré avant sa mort.


Bref, c'est un " tableau " sombre qu'elle m'avait tracé de sa famille en général et de ses parents, en particulier.
Malgré tout, je sentais que depuis quelques mois, elle voulait améliorer sa relation avec eux.
Je pense qu'elle n'y arrivait pas et avait beaucoup de mal à renouer le dialogue et les contacts de façon apaisée.



" Les individus souffrant de TPB sont particulièrement sensibles à la manière dont les autres agissent à leur égard ; la gentillesse perçue leur fera ressentir une joie et une gratitude intenses, et des agissements perçus comme négatifs leur feront ressentir une tristesse et une colère intense. Leurs sentiments vis-à-vis des autres varient du positif au négatif après une déception, une menace ressentie d'avoir perdu quelqu'un, ou une perte perçue d'estime de quelqu'un qu'ils apprécient. Ce phénomène, parfois appelé clivage du moi, exprime une idée perçue de l'autre variant du positif (admiration et amour) au négatif (colère et haine). Mélangée aux troubles de l'humeur, cette idéalisation peut poser des problèmes relationnels avec la famille, les amis et ou collègues de travail. L'image de soi peut également et rapidement changer du positif au négatif. "

Lorsqu'elle m'en parlait, j'éprouvais un sentiment d'amertume par rapport à cet environnement familial.
Mais aujourd'hui, sachant de quoi elle souffrait, j'ai le plus grand mal à faire la distinction entre ce qui tient de sa maladie et ce qui est réellement le fait de son histoire familiale et de son enfance.

Je pense que cette maladie est sournoise et alors qu'elle pensait la « maîtriser », elle était restée néanmoins très fragile.

Dans notre histoire, le silence et les non-dits ont prévalu.

D'abord et surtout de la part de Nathalie qui a gardé tout ça secret, mais pas seulement elle.


Par exemple, aujourd'hui, je suis convaincu que l'ami qu'elle fréquentait ( Guy L ), juste avant moi,  savait qu'elle avait déjà fait une tentative de suicide, qu'il connaissait son mal-être, sa maladie, et cependant il n'a pas jugé utile de m'en faire part.
Je pense que sa sœur savait, ainsi que ses parents.
Certain(e)s de ses ami (e)s aussi.
Ce que je trouve dommageable car ce silence a participé à ce drame.

Ce silence entretenu avait sans doute pour objectif, pour elle et eux, de ne pas " m'effrayer " et d'éviter ainsi une séparation prématurée ou inévitable.
C'était un pari risqué.

Aujourd’hui...

Aujourd'hui, je dois " vivre " avec sa mort suicidaire et la culpabilité qui en découle.
Je sais ma part de responsabilité, les erreurs commises.
Je sais que sa maladie la rendait fragile à un point que je ne n'ai pas su voir.
Je sais le gâchis de tout cela et la peine immense que cela créait.
Je sais le rôle néfaste qu'ont joué le silence et les non-dits.
Je pense aussi que dans son esprit, j'étais devenu la dernière personne avec qui elle tenterait de vivre pleinement sa vie, et que si ça ne fonctionnait pas, il n'y en aurait pas d'autre.

Par ce suicide, elle ne m'a pas fait un cadeau d’amour.
Pourtant elle disait m’aimer plus que tout et comme elle n'avait encore jamais aimé.
Elle me laisse avec ce drame sur les épaules.
Elle me manque énormément.
Elle me laisse avec la peine de sa perte qui ne me quitte plus.

Dans un mot écrit sur un bout de papier qu'elle a laissé près de son sac, elle me dit:

" POURRAS-TU ME PARDONNER MA LACHETE, MON EGOÏSME ?
 Je le suis profondément et le regrette.   Nathalie "





Je l'aimais.
Elle m'aimait.
Et tous les jours, je pense à elle.

dominique

Ps: Aujourd'hui, avec le recul ( 28.11.2016 ), je me félicite d'avoir cherché à comprendre et d'avoir pu rencontrer des personnes qui m'ont donné certaines clefs de compréhension.
Même si je ne sais pas tout.
Sans elles, j'aurais pris sur moi un fardeau de culpabilité considérable.


                                                                                                                                               

Ps: entre guillemets et en caractère gras, il y a des extraits de documents d'experts liés à cette maladie.

Voir ces sites...

https://www.franceinter.fr/emissions/la-tete-au-carre/la-tete-au-carre-17-mai-2017?fbclid=IwAR2gjca0rekqwMaxl37Nfra0vWPJc3BfpK6WhVaXZQvS4UJQcvNSIwwNaYs

http://www.magalicroset-calisto.com/2018/04/le-trouble-borderline-les-montagnes-russes-emotionnelles-le-cercle-psy-mars/avril/mai-2018.html?fbclid=IwAR3NkHegDQIMTo13JPuopklgUsYUr60kyuYtAK3XjN0-uT4ovYeJdEig7hY

https://www.odilejacob.fr/catalogue/psychologie/psychologie-generale/borderline_9782738135957.php?fbclid=IwAR3hCCbhTMDLIqjjeewqPaji0IMzIZXvBVw6hC298ZXlqekvmVrgSbaKccg

http://aapel.org/bdp/BLsynthese.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_de_la_personnalit%C3%A9_borderline#Comportement

http://aidemaladiementale.com/wa_files/Arc-en-ciel_V7N1.pdf

http://www.planetesante.ch/Magazine/Psycho-et-cerveau/Borderline/Comment-apparait-le-trouble-de-la-personnalite-borderline

https://www.pocket.fr/tous-nos-livres/evolution/developpement-personnel/aime-toi-_la_vie_taimera-9782266056571/

http://ayra.e-monsite.com/pages/borderline.html



https://youtu.be/nYykKHhTA4g


https://youtu.be/GKX0EpuKDZY

https://youtu.be/iX8CpQLCNI8

https://youtu.be/9jjLIPo40Mk

« Modifié: 12 février 2021 à 23:25:11 par dom1 »

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Re : Borderline et suicide...
« Réponse #1 le: 24 septembre 2016 à 20:28:00 »
                                                                                                  À ces moments inoubliables, Nathalie, à notre Amour.



Le 24 septembre 2016.


Hier, j'ai contacté les parents de Nathalie.
N'étant pas tenu au courant, je voulais savoir ce qu'ils souhaitaient faire des cendres de Nathalie et où se trouve les clefs de ma maison que Nathalie a emportées ce soir-là.
J'ai eu sa mère au téléphone, remontée comme une pendule, qui m'a d'abord raccroché au nez.
J'ai rappelé à nouveau.
Pour m'entendre dire que c'est de ma faute, que je suis responsable de sa mort, etc, etc.

Un discours qui a " évolué ", au fil du temps, puisque notre relation était restée très courtoise, jusqu'au jour de l'incinération où il y a eu une première altercation avec sa mère qui m'a reproché de dire que Nathalie s'était suicidée alors qu'elle souhaitait qu'on parle de " crise cardiaque " aux membres de sa famille.

À la suite de ça, j'ai indiqué que je ne me rendrai pas à leur réunion familiale, pour éviter de parler de ça, parce qu'il était hors de question pour moi, par respect pour Nathalie, de parler d'autre chose que de sa mort par suicide puisque c'était la réalité.
Puis, plus tard, c'est lorsque j'ai commencé à prendre des contacts et à chercher à comprendre pourquoi on en était arrivé là que les choses se sont doublement envenimées.

D'autant plus que j'ai régulièrement tenu au courant de mes recherches ses ami(e)s, sa sœur, etc, sur le passé de Nathalie et de notre histoire .

Bref...

Que des mots sympas.
Je serais celui par qui le scandale est arrivé.
Par qui le suicide est arrivé.
- " Nathalie était fragile et vous l'avez foutue dehors de chez vous".

- " Foutue dehors ? ".
- " Mais c'est elle qui voulait partir, je n'ai pas réussi à la retenir. "


-" Vous vouliez qu'elle parte ".

- " Non, je ne voulais pas qu'elle parte, nous avions un problème de couple, comme des centaines de couples en ont parfois, mais il n'était pas question pour moi qu'on se quitte, où avez-vous pris cette idée à la con ? "

- " C'est vous qui me l'avez dit ".

- " Moi j'ai dit ça ? ". " Quand ? "

Bref, je passe sur les détails et ses mots doux.
Insultant parfois.
Incorrect souvent.

Pas surpris, je m'y attendais.
Logique.
Puisqu'il faut un bouc émissaire, ce sera moi.
Cela devait arriver.
On y est.

Pour ce qui est des cendres, mystère.
Mes clefs ?

- " Quelles clefs ? "

Bref, la discussion a été tendue.
À ma question: " étiez-vous au courant qu'elle avait déjà fait au moins une tentative de suicide ? " ]
La réponse fut tout d'abord: " non ".
Et de lui dire: " vous êtes ses parents et vous ne savez pas qu'elle avait fait une tentative de suicide, c'est curieux, non ? "
Et elle répond: " vous savez, Nathalie était très secrète, elle parlait peu d'elle ".
Soit.

- " Mais quand même, vous pouviez pas ne pas savoir, sa sœur savait... "

- " Elle ne me parlait pas de sa vie , elle était renfermée, on avait du mal à discuter avec elle ".

" Certes, mais vous ne saviez pas qu'elle avait fait une précédente tentative de suicide ? ".

Silence...

- "Donc vous saviez..."

- " Pourquoi ne pas m'avoir parlé de ça et de sa " fragilité ", puisque vous dites qu'elle était très fragile ? ".[/b]

- " Vous plaisantez, on vous a vu 3 fois ".

- " Vous aviez mon téléphone, je suis venu chez vous, vous êtes venu chez moi, pourquoi ne pas m'avoir prévenu et mis en garde ? ".

- " Mais vous êtes fou, pourquoi je vous aurais parlé d'elle, vous croyez qu'on peut parler comme ça ? "

- " Ne rien dire et garder le silence, c'était mieux sans doute, vous avez vu le résultat, je ne pouvais pas deviner que votre fille était malade, car votre fille était malade ".

- " C'est vous qui êtes malade ! "
- " C'était à vous de voir qui elle était et de comprendre sa fragilité, c'était pas à nous de vous le dire ! "
- " D'après vous, vous n'êtes responsable de rien, vous n'y êtes pour rien, vous dites que c'est la faute de ses parents, de ses amis ! "

- " J'ai ma part de responsabilité, je sais où elle commence et où elle s'arrête ".

- " De toute façon, vous dites que vous n'y êtes pour rien alors que c'est votre faute ! "

- " Je vous dit que j'ai ma part de responsabilité, que j'aimais Nathalie et que c'est très dur pour moi sa disparition ".

-" Nous, nous avons perdu notre fille, par votre faute ! "

Bref...

Puis j'ai abordé le sujet de la discussion durant laquelle son père avait dénigré Nathalie sans qu'il sache qu'elle l'écoutait.

C'est là que son père a pris le téléphone en main.

- " J'en ai marre de tout ça, je suis cardiaque, ça ne sert a rien, cela ne la fera pas revenir ".

C'était la première fois que je parlais avec lui depuis le décès de Nathalie avec d'autres mots que "  bonjour, au revoir "...

( Je me souviens très bien que Nathalie m'avait dit que son père parlait très peu, et que lorsqu'il voulait lui parler, il s'exprimait à la troisième personne, regardait et parlait à sa femme pour s'adresser à Nathalie. )

- " Moi, j'ai besoin de comprendre pourquoi on en est arrivé là ".

-" C'est fait, cela ne la fera pas revenir "

- " Saviez-vous que Nathalie avait déjà fait une tentative de suicide ? "

Silence...

- " Saviez-vous, oui ou non, que Nathalie avait déjà fait une tentative de suicide ".

Silence...

- " Pourquoi ne pas me l'avoir dit ? ".

-" On vous a vu 3 fois ".

- " J'ai le téléphone, vous aviez mon numéro ".

- " Écoutez, vous m'ennuyez, de toute façon, je sais des choses que vous ne saurez jamais ".

- " Saviez-vous que Nathalie avait été diagnostiquée paranoïaque après son passage à l’hôpital ? "

Silence...

Silence...

Et plus personne au bout du fil...

Voilà...

Il y a des choses que son père sait et qu'il ne me dira jamais...

Des choses importantes, évidemment.
Pas l'âge où elle a fait ses premières dents.
Pas l'âge où elle a appris à faire du vélo sans roulettes.
Non.
Des choses que je ne saurai jamais.
Des choses que je ne dois pas savoir à propos de Nathalie ?
Des choses que personne ne doit savoir ?
Des choses, en tout cas, que mon " enquête " ne pas m'a permis de mettre à jour.
Des choses qu'on ne dit pas.

Alors que comprendre m'est apparu tout à fait naturel et normal, et est devenu indispensable, j'ai été très étonné que ses parents et sa sœur ne cherchent pas à en savoir plus et prennent sa fin comme une fatalité, avec la fameuse phrase: " Pourquoi chercher à comprendre, puisqu'il est trop tard ? "

Encore aujourd'hui, avec le recul ( 28.11.2016 ), je reste dubitatif sur le fait que ses parents, sa sœur, sa famille ne m'aient pas posé plus de questions ( à vrai dire, je me demande aujourd'hui s'ils m'en ont posé une seule ? ), pour chercher à comprendre ?

Ce qui évidemment me semble bizarre et, pour le coup, me fait poser d'autres questions.

Bref, je me doutais que ces silences, ces non-dits, ces mensonges, cachaient autre chose.
Quelque chose de grave ?

On ne se suicide pas simplement parce qu'on a un problème de couple, à un certain moment de sa vie.

Et on ne perd pas un enfant de cette façon sans chercher à savoir comment cela s'est produit et quelle en est la cause.



Non, ceci est inimaginable, incompréhensible pour moi.

Je pense que, tout comme J.L, au fond, ils savaient que cela arriverait un jour et de ce fait n'en ont été que  peu ou pas surpris. Attristés, oui, étonnés, non.


Sa maladie ?
Oui, elle était malade.
Ils ne pouvaient pas ne pas savoir, mais tout comme l'attitude qu'ils ont montrée après son suicide, ils n'ont  pas voulu voir la réalité en face, et en tout cas ils n'ont pas voulu que cela fasse trop de vague autour d'eux.

Mais était-elle malade comme quelqu'un qui naît avec un problème génétique ou biologique ou bien cette maladie était-elle liée à un traumatisme qui l'a déclenchée et rendue chronique ?

Si tel est le cas, quel traumatisme a pu lui donner une telle force de destruction ?

Son père a peut-être la réponse à cette question ?

Nathalie a-t-elle vécu dans son enfance quelque chose d'inavouable ?
Quelque chose qui doit rester secret pour toujours ?
Quelque chose ayant un lien avec un membre de la famille ?

Peut-être que je me fais des idées.
Peut-être pas.
Son père ne le dira jamais ?
C'est son affaire.
C'est du domaine de sa conscience.



Aujourd'hui, j'en sais suffisamment pour écrire :

Tout d'abord, que la responsabilité première appartient à Nathalie dans les choix qu'elle a fait.
C'est elle qui a décidé de garder le silence sur son état et son passé.
C'est elle qui a décidé de mettre fin à ses jours.


 Ceci dit:
Je pense que Nathalie souffrait d'une maladie psychologique qu'elle ne soignait pas par des moyens conventionnels et efficaces.
Je pense qu'elle a vécu des choses traumatisantes durant son enfance et son adolescence.
Je pense que ces deux choses réunies la rendaient fragile dans certains moments de sa vie affective.
Fragile à l'idée d'être abandonnée.
Fragile à l'idée d'une séparation.
Fragile et impulsive.
Impulsive et suicidaire.

 
Aujourd'hui....

Aujourd'hui,
Je pense que l'idée même que notre relation s'arrête lui était devenu impossible à imaginer et encore moins à vivre et que sa maladie ( et ou un traumatisme subi dans son enfance ? ), l'ont conduite à envisager le suicide comme la seule fin possible.

Je pense que lorsqu'elle aimait quelqu'un d'un amour fort, elle était en danger, ( car une crise sentimentale pouvait la rendre très fragile ).
Ni elle, ni ceux qui connaissaient ce danger encouru n'ont jugé utile de m'en faire part.
Je n'ai pas compris qu'elle vivait la crise que nous traversions comme un échec et qu'un échec éventuel entre nous était pour elle synonyme de suicide.

De plus, je pense que dans son esprit, j'étais devenu la dernière personne avec qui elle tenterait de vivre pleinement sa vie, et que si ça ne fonctionnait pas, il n'y en aurait pas d'autre.





( le 30.12.2016 )
J'ai vu un film hier ( " Ceux qui restent " ), et m'est revenu ce qu'elle m'avait dit à son sujet et à quel point elle avait aimé ce film, à quel point il l'avait marquée.
Et aussi,  à propos du pseudo qu'elle utilisait  souvent sur internet " Labyrinthe ", elle m'avait dit: " tu comprendras peut-être un jour pourquoi il me caractérise si bien... ".

Ce film retrace l'histoire de deux  " destins " qui se croisent autour d'un drame ( la maladie de leurs ami(e)s respectifs ), et surtout comment s'installe le non-dit, et plus tard, comment la vérité qui ressort, aboutit à la fin de leur relation.

J'ai appris qu'elle avait vécu la perte d'un ami proche et suicidaire, très tôt, au cours de son adolescence.
Je pense que cette disparition, de par sa sensibilité exacerbée, l'a profondément marquée jusqu'à la fin de ses jours.

Ainsi, d'une part, depuis le début, elle a fait le choix de se taire sur son passé et sa maladie.
Me le dire  était pour elle synonyme de séparation.
Séparation qu'elle ne voulait ni envisager, et encore moins vivre.
Et lorsque nous avons rencontré des difficultés relationnelles, et même s'il ne s'agissait que d'une crise, notre séparation lui est apparue inéluctable, inévitable, alors qu'il n'en était rien.


Au lieu de faire face à cette crise qui n'était que passagère, son angoisse, sa peur d'être abandonnée, sa maladie et son impulsivité, l'impasse  dans laquelle elle s'est enfermée à travers  ces non-dits et ses mensonges, auront eu raison de la simple objectivité: nous aurions pu surmonter cette crise, et nous aurions pu vivre et continuer à être heureux ensemble.

Malheureusement, elle a décidé de sortir de tout cela par le suicide.

Tout cela résumé par une des dernières phrases qu'elle m'a écrite par SMS: " je ne peux pas ne pas renoncer. "

Et, d'autre part, elle connaissait  parfaitement ce que pouvait vivre et endurer celui qui reste, puisqu'elle l'avait vécu elle-même.

Cela ne l'a pas empêchée de se tuer et de me laisser seul, ( ainsi que ses ami(e)s, sa famille, etc. ).
Car rien, ni personne n'était en mesure de la faire renoncer à ce geste ultime et irrémédiable.

Ce geste qui a mûri dans son esprit, dans un lent et long cheminement, a trouvé à ce moment-là, un endroit, un objet, une souffrance, un mal-être, et une bonne raison de '' s'exprimer '' avec une puissance telle, qu'elle ne lui laissait aucune autre option, qu'elle ne  laissait plus aucune place à aucune autre considération susceptible de lui faire renoncer à ce choix dramatique.
Le moment, le lieu, les raisons du choix ultime entre la vie et la mort étaient là, devant elle, exposées dans son cerveau qui subissait les assauts  des idées morbides entretenues par une souffrance psychologique ancrée dans le plus profond de son être.


Une souffrance qu'elle ne voulait plus affronter, contre laquelle elle ne pouvait plus ou ne voulait plus se battre, tellement celle-ci la malmenait depuis tant d'années, et où à ce moment-là, elle atteignait un paroxysme  dans la force et la douleur.

Et c'est alors qu'elle fit le choix de renoncer à vivre.

En laissant ce morceau de papier avec ces mots près de son sac:

" POURRAS-TU ME PARDONNER MA LACHETE, MON EGOÏSME ?
 Je le suis profondément et le regrette.   Nathalie "








FIN
« Modifié: 04 janvier 2021 à 01:09:26 par dom1 »

Hors ligne dom1

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Re : Borderline et suicide...
« Réponse #2 le: 28 janvier 2017 à 11:04:36 »


Hier...

C'était hier
juste une année entière
elle m'a dit je m'en vais
cachant la vérité
avec ce sourire
qui hante mes pensées
pour ne plus revenir

Un instant de folie
guidant sa volonté
afin de pénétrer
dans le cercle de ceux
qui voient la vie en creux
et renoncent à rester
parmi les terres gelées
ou sous les oliviers

Et oui c'était hier
juste une année entière...


domi



Amor...

Quand

s'impose le grand soir
au seuil de ce pont
devant le temps qui passe

encombrée de vertiges
attirée par le vide
tu regardes sans voir et rejoins cet instant
où naguère tu glissas et ton âme et ton corps
dans cet étui fait d'or
qui pilla ton espace
pour te fendre en tessons
qui font les eaux si noires

Alors

s'impose le bruit du vide
le manque et les vestiges...

domi



Labyrinthe...

J’avance lentement  et les yeux grand ouverts
D’abord interloqué, même un peu stupéfait
Le sentier mal aisé a de multiples vers
Où les pieds vont gaiement, évitant le pavé
 
Et que dire des plaisirs en ce chemin de joie
Où nos corps s’entrelacent et fondent en orgueil
En mille jeux d’esprit froissant les draps pantois
Jusqu'au petit matin, un bonheur dans chaque œil
 
J’avance lentement, et les sens en éveil
De ces mots qui dévalent en bribes détachées
De la falaise du temps où les rimes en sommeil
Trépignaient pour chasser les nuages grisés
 
Les recoins étaient là pour donner fil à tordre
Je rebroussais trajet pour discerner les ombres
Sans marcher sur les bandes, sans fixer le désordre
Que toute vie trimbale dans ses souvenirs sombres
 
J’avançais lentement et mon cœur se remplit
Des images-photos qui ont prise sur moi
Que cachent ce secret, ce dessin, ce lavis ?
Les refrains sont tentés de tout mettre à l’endroit
 
Puis vint des temps plus lourds, de ceux qui font les stèles
Et puisque de ta vie tu n'avais plus l'envie
Plus rien ne te retint, ni l'amour, ni la rage
Ton passé se chargeant sur tes épaules frêles
Jusqu’à noircir nos jours, guidée par ton mirage
Tu quittais le soleil pour rejoindre la nuit.


J'avance lentement, pour oublier ce jour
Où tu as décidé de renoncer à vivre
Pour donner à la mort les clefs du labyrinthe...


domi



J'ai froid...
 
Sans toi
j'ai froid

Ce froid des coursives
Des flaques d'eau glacées
Des romances qui gèlent l'été
Des heures de fin de semaine
passives
 
Sans toi
j'ai froid
de toi

Ce froid des robes pliées
froissées
Des lustres de verre en cristal
inertes
Des places éventées
éteintes
désertes
Des photos lourdes
à donner ?
à brûler ?
 
Sans toi
je suis froid
de toi

Ce froid des derniers convives
Des milliers de feuilles mortes
entassées
Des lendemains sans ardeur
sans souhaits
Des lits oubliés
lassé par leur dérive
 
Sans toi,
je suis froid...
 



Crier...

Combien de tes sourires remplissent mes regrets
avilissent mes mots et attisent ce chaos
qui envahit mon corps ma tête et mes os
attaquant en assauts le mur de mes pensées.

Je souffre ici tout comme toi l'avouas
par ce geste sans loi qui détruit le passé
qui brise les années du bonheur qui fusait
de nos têtes remplies de voyages à Cuba

à Londres Amsterdam et pourquoi pas Tokyo
de couchers de soleil sur le fleuve Yamunâ
ou à deux pas d'ici au gour de Tazenat
où nous voulions garder les yeux ouverts sous l'eau.

Les tiens se sont fermés pour cesser de briller
les miens écarquillés devant ton corps si froid
qu'il glaçât en congères mon amour pour toi
en laissant derrière lui ce silence à crier...






Figée...

En cette ambre figée par ce sourire en liesse
qui masquait la folie étendue dans son lit
prête à jouer sa pièce
la commedia d'amore lorsque l'odeur de mort
au moment opportun attise par son fumet
la gloire du défunt qui part sans saluer
sans la moindre oriflamme
épilogue de l'âme
laissant un champ de ruines

Laissant ce champ de mines
tu rejoins la cohorte
de ceux qui partent ainsi sans refermer la porte
en remords et en cris pour ceux qui restent ici
hantés par ce jour-là où ton corps bascula
de la vie au trépas en cette ambre figée
en ces lèvres bleutées que rien ne peut roser
pas même mes baisers d'amour inachevé
 
L'autolyse est un crime
par celui qui s'exprime
en ces mots de sanglots en ces larmes de vers
qui explosent en feu jaillissant de travers
en ce geste insensé qui contraint mon cerveau
à penser à tes yeux à ton rire joyeux
dans la prison de verre
où tu m'as enfermé...

domi



Poème de Jorge Luis Borgès

Tu apprendras la vie ....

Après quelque temps,
Tu apprendras la différence entre tendre la main et secourir une âme.
Et tu apprendras que aimer ne signifie pas s’appuyer, et que compagnie ne signifie pas toujours sécurité.

Tu commenceras à apprendre que les baisers ne sont pas des contrats, ni des cadeaux, ni des promesses…

Tu commenceras à accepter tes échecs la tête haute, comme un adulte, et non avec la tristesse d’un enfant.
Et tu apprendras à construire aujourd’hui tes chemins, parce que le terrain de demain est incertain, et ne garantit pas la réalisation des projets, et que le futur a l’habitude de ne pas tenir ses promesses.

Après un certain temps,
Tu apprendras que le soleil brûle si tu t’y exposes trop.
Tu accepteras le fait que même les meilleurs peuvent te blesser parfois, et que tu auras à leur pardonner.

Tu apprendras que parler peut alléger les douleurs de l’âme.

Tu apprendras qu’il faut beaucoup d’années pour bâtir la confiance, et à peine quelques secondes pour la détruire, et que, toi aussi, tu pourrais faire des choses dont tu te repentiras le reste de ta vie.

Tu apprendras que les vraies amitiés continuent à grandir malgré la séparation. Et que ce qui compte, ce n’est pas ce que tu possèdes, mais qui compte dans ta vie.
Et que les bons amis sont la famille qu’il nous est permis de choisir.

Tu apprendras que nous n’avons pas à changer d’amis, si nous acceptons que nos amis changent et évoluent.

(...) Tu découvriras que souvent nous prenons à la légère les personnes qui nous importent le plus ; et pour cela nous devons toujours dire à ces personnes que nous les aimons, car nous ne savons jamais si c’est la dernière fois que nous les voyons…

(...) Tu apprendras qu’il ne faut jamais dire à un enfant que ses rêves sont des bêtises, car peu de choses sont aussi humiliantes ; et ce serait une tragédie s’il te croyait, car cela lui enlèverait l’espérance!

Tu apprendras que, lorsque tu sens de la colère et de la rage en toi, tu en as le droit, mais cela ne te donne pas le droit d’être cruel.

Tu découvriras que, simplement parce que telle personne ne t’aime pas comme tu le désires, cela ne signifie pas qu’elle ne t’aime pas autant qu’elle en est capable : car il y a des personnes qui nous aiment, mais qui ne savent pas comment nous le prouver…
Il ne suffit pas toujours d’être pardonné par les autres, parfois tu auras à apprendre à te pardonner à toi-même…

Tu apprendras que le temps ne peut revenir en arrière. Tu dois cultiver ton propre jardin et décorer ton âme, au lieu d’attendre que les autres te portent des fleurs…

Alors, et alors seulement, tu sauras ce que tu peux réellement endurer ; que tu es fort, et que tu pourrais aller bien plus loin que tu le pensais quand tu t’imaginais ne plus pouvoir avancer !

C’est que réellement, la vie n’a de valeur que si tu as la valeur de l’affronter !




Absence...

Les feuilles jaunes immobiles de l'arbre blanc
masque le ciel grisonnant
tandis qu'au lointain
une cheminée distille la fumée d'une présence
nébuleuse
où mon regard s'égare dans l'émotion
de ses lèvres brillantes des souvenirs
heureux
qu'elle fredonne
en refrains
éclairés de sourires

Les flammes sont fragiles dans le feu tremblotant
la braise écarlate hésite à reprendre son bien
ses mains
son visage
son corps
sa présence
pour la rendre aux vents froids de la morne saison
jusqu’aux rares étoiles que la nuit rend aux yeux
immobiles et rougis
par le trépas de nos rires...

domi


Vivre..!

Malgré la nuit, rêver
Malgré le jour, aimer...

domi



Vert de gris...
 
Indolence paresse d'un corps sous influence
qui chaque nuit étouffe lors de la remise des prix
hors du champ magnétique des jours en overdose
 
Questionnements et pensées en trance
sont devenues des automates de papier
Friands de la fable amère nourrie de tes névroses
 
En quelques mots sans consonance
de simples objets trouvés et reniés
lâchés du haut d'un ballon-sonde
à disposition de la poste-restante
 
Nous n'irons pas rêvasser à Alicante
Nous n'irons plus s'embrasser à Paris
Nous n'irons plus sourire à La Joconde...

 
domi




Manque...
 
Constellation labile d'une silhouette
au delà des silences de sa présence
illusoire. Fantaisies en arêtes
coupantes sur le fil de l'absence

qui, par tous les pores de ma conscience,
distille son poison en fines particules
harcelantes. Sans pitié, d'attirances
subtiles organisées en tentacules

exploitent les mines de l'errance
au gré des rires aux éclats
de verre. Singulières arrogances
fatales des dogmes de prélats

donnant leçons en indigences
amères toutes aussi sourdes
qu'étourdies. Vérités en sciences
occultes invitant aux détours

aisés pour les fous en partance
sur le clair chemin de l'obscur
émouvant. Réalités et réticences
s'éprouvent au cœur des blessures

à vif, en cris et pleurs pathogènes
avides de diffuser l'espérance
inutile. Métastases cancérogènes
de ta perte prénommée souffrance.


domi


Ce matin, j’ai pleuré…

Elle a des mains qui serrent
Elle a des dents qui mordent
Elle a un sourire d’ange
Elle a un corps de fée

Et je m’y perds entier
À la regarder danser
Dans ces moments d’ivresse
À me rendre ainsi fou

Elle me mord sans pitié
Elle me pince jusqu’au sang
Elle me manque autant
Elle me laisse sans paix

Et j’y perds mon sourire
À me mettre à genoux
Dans la boue de la mort
À la rendre plus douce

Ce matin, j’ai pleuré...


domi


Ce matin...

Ce matin...

Ce matin...

Je me suis réveillé avec toi,
et pourtant, tu n'étais pas là.
Plus jamais, tu ne seras là,
et pourtant, tu es avec moi.

Certains jours, tu pactises,
tu me snobes, à ta guise.
Parfois, omniprésente,
je glisse vers ta pente.

Ton sourire se nourrit,
de mes jours, trop gris.
Et parfois, tes pleurs,
éteignent ma chaleur.

Je me suis réveillé, sans toi,
et pourtant, tu es avec moi.
Pour toujours, tu ne seras là,
ce matin...





Costume d'hiver...

Il s'est imposé à mon âme
Une nuit d'un janvier 
Tant ton choix fut pesant de sombres kilogrammes
Qu'il faut porter ensuite
Lorsque le vide remplit les yeux de ceux qui pleurent
Avec le manque en prime et les photos jaunies
Comme visions du soir
Et le froid si piquant dès que je pense à toi
Que je revois un lieu où jadis nous errâmes
Un  jour d'un juillet
Sur ces plages d'argent
À tout jamais marquées par l'empreinte de tes pas
Et le gris de tes cendres...

domi



https://youtu.be/EgcULJSRK7M


Soleil...

Ils me brûlent ces mots,
et ces pensées aussi,
celles qui me viennent ainsi,
ceux que je pose ici,
agitant mon cerveau
de ce manque de toi
ces images figées
sur cette plage dorée
et ton corps de poupée
qui rit de mille joies....

Tu me manques, amour,
en ce soleil grisé
par des nuages, caché;
Peut-il encore briller
ce soleil de mai
ou celui de juillet
tant mes yeux sont mouillés
tant mon cœur est brûlé
par tes rayons qui courent...?

Le temps se crispe en moi
et me vrille au fond
là où les pleurs renaissent
là où tu as posé ton cœur
pour qu'il vive sans toi
et parfois renaisse
des cendres où tu glissas...

J'ai mal et mal encore
pourquoi et encore pourquoi ?
mes cris n'y peuvent rien
ma rage encore moins
l'absence est un chien
qui ne lâche pas prise...

Je voudrais que tu lises
ces mots qui n'en sont pas
pour toi qui partis ainsi
sans laisser une adresse
où je pourrais patienter...

Ces souvenirs si lourds
de rire et de bonheur
de pire et de douleur
jusqu'à la fin du jour...

Je sais jusqu'à ma mort,
ton souvenir portera ces mots
qui me brûlent la peau...

Ton sourire éclairé du soleil,
que  nous avons créé...

Tu es là mon amour...


domi...


Noir et blanc...

Sombre nuit de janvier.
La neige prend sa place
sur les souvenirs gelés
qui hantent ma besace.

Un chat traverse le parc,
laissant féline empreinte.
Une voiture s'en vient,
quelle est donc la marque ?

Un lampadaire clignote,
se rallume et s'éteint,
la lampe doit être morte.
Ton sourire me revient.

Des phares brillent au loin,
un visage et deux yeux,
ce ne sont pas les tiens.
Toi tu sais s'il y a dieu.

La buée prend sa place
sur le verre qui m'enserre,
en mon âme qui se glace
par le froid de l'hiver.

Va se lever le jour,
sombre jour de janvier,
de souvenirs si lourds,
que ce jour est mort-né...



Souffle...

Le souffle de ton corps,
parfois, me rend visite,
balayant l'atmosphère
pour flatter le mystère
où jadis tu errais.

La vague des nouveaux jours
évacue les amours
qui lui ont tout cédé,
leur jeunesse et leurs feux,
leurs joies et leurs angoisses.

Étrange ressentiment,
long de mille nuits,
dans lesquelles je te fuis.
Ne plus te penser,
ne plus te pleurer.

Étrange sentiment,
apanage des sourds,
des aveugles et des loups.
Images enfin floues
où jadis tu riais...


domi...





Tu t'en vas...

Et oui, ces derniers temps,
tu as passé ton temps
à rompre les amarres,
je sens bien que tu pars...

Tes frasques me lassaient,
pour tout dire m'agaçaient,
ton sourire enjôleur,
a perdu ses couleurs...

Et oui, j'en suis heureux,
cependant sans ivresse,
que la fin de la pièce
signe enfin cet aveux...

Ta folie ce soir-là,
a laissé peu de choix,
à celui qui t'aima,
et bien oui, tu t'en vas...



Le reste est un mystère...

Ici et maintenant,
se dérobe la lune, en ce regard éclair, en cette vie qui mine, l'éternel est un leurre, la fin une maxime.
Le reste un épicentre où rien est un palais, entre ces ombres éteintes, en ces tombes fermées où tout semble secret...

Ici et maintenant,
l'amour à ses combats, en ces frêles esquifs, en ces bateaux géants, illumine les ports.
Affronter est la règle, renoncer est péché qui façonne les peurs, celles que l'on minore pour donner sens au vide dans lequel on se damne les nuits de pâles lunes où les éclairs bourdonnent.
La suite est un mystère...

Ici et maintenant,
se glace mon sang d'encre, là où les rires se noient, là où les pleurs éclosent, jusqu'aux tréfonds du ciel, jusqu'aux fastes des mers.
Ce penchant pour les stèles, cette envie de tristesse, irriguent les souffrances que portent les silences, leur donnant un goût d'encre, en de larges douleurs, en de vastes remords où les cris se font clairs, où le silence éclaire.
Le reste est un mystère...





Un autre...

Orgueil purulent,
né au cours des cafards,
des spasmes de l'enfance,
entre rires et chagrins
et la mort infantile
que tu voulais docile...

Violence sans pareil
issue de ta malice
à vouloir tout gérer
et le jour et puis l'heure
où le corps se tortille,
et l'âme se retire...

Tu as voulu ce temps,
où rien est plus que tout,
où chaque seconde qui gît
dans le lit des remords
s'impose à la lueur
que l'on sait illusoire...

Dans l'espace où tu erres,
entre phares et paupières,
entre soleils et nuits,
de ta fièvre et des cendres
rendues aux géniteurs
qui en ont fait leurs choux...

Avilissant l'espace
à tes vœux racoleurs,
tu as pondu des œufs
au cœur de ma substance
qui muent et me transforme
en un autre qui prend forme...


Citation de Fernando Pessoa:

" Renoncer, c'est nous libérer. Ne rien vouloir,
c'est pouvoir... "

Ce soir-là, tu as renoncé et tu t'es libérée. Tu n'as plus voulu vivre et tu as pu te tuer...


Ainsi...

Un vide vertical précède cet accord,
Né par delà les bris entre toi et la mort :
Renoncer aux chagrins, aux soleils et aux nuits,
À la pluie et aux vents et au ciel de minuit…

Fuir les peurs qui se posent dans le fond du limon
En ton âme blessée par les coups du regard
Que tu poses sur toi, sans t’accorder pardon,
Sans te voir comme tu es, sans une once de gloire…

Ainsi,

Tu t’affirmes sans cri dans ce geste insensé,
Dans ce choix des ténèbres, au-delà du tourment,
Qui, tu le sais, naîtra dans le cœur de l’instant
Où tout basculera pour tous ceux qui t’aimaient…

Un vide carcéral s’en suivra de ce temps,
Pour ceux qui n’ont pas pu t’entourer de chaleur,
Celle qui prend la main vers des lieux éclatants
Où les murs sont tagués de toutes les  couleurs....


Tu aurais dû...

Je t'ai pris dans mes bras, ce soir que tu quittas,
pour un lieu sans retour, pour une nuit sans jour.
J'aurais dû t'enfermer ce soir de fin janvier,
où bien étais-ce en mai, laisse-moi donc oublier.

Tu aurais pu t’asseoir, nous aurions discuté,
de quel feu tu brûlais, de quels cris tu taisais.
Tu aurais dû me dire ce par quoi tu mourrais,
nous aurions rigolé à s'en rompre les cordes.

J'aurais pu dire je t'aime, et puis je t'aimerais,
au lieu de ces mots creux qui fondaient en aveux.
J'aurais dû te servir une coupe d’allégresse,
et non pas de cette eau qui me reste dans la peau.

Tu aurais pu dire je t'aime, et puis je t'aimerais,
comprendre que la vie est plus belle que la mort.
Tu aurais dû renoncer à ces ondes funestes,
scintillantes au chagrin, où mon âme se reflète...

J'aurais dû...



Un autre...

Orgueil purulent,
né au cours des cafards,
des spasmes de l'enfance,
entre rires et chagrins
et la mort infantile
que tu voulais docile...

Violence sans pareil
issue de ta malice
à vouloir tout gérer
et le jour et puis l'heure
où le corps se tortille,
et l'âme se retire...

Tu as voulu ce temps,
où rien est plus que tout,
où chaque seconde qui gît
dans le lit des remords
s'impose à la lueur
que l'on sait illusoire...

Dans l'espace où tu erres,
entre phares et paupières,
entre soleils et nuits,
de ta fièvre et des cendres
rendues aux géniteurs
qui en ont fait leurs choux...

Avilissant l'espace
à tes vœux racoleurs,
tu as pondu des œufs
au cœur de ma substance
qui muent et me transforment
en un autre qui prend forme...


Es-tu là...?

Es-tu là devant moi,
ou bien est-ce mon doigt,
qui renonce à sa voie ?
L'illusion n'est pas choix,
un vague à l'âme en soi,
les souvenirs sont là,
qui parlent avec ton chat.

Je sais, tu m'aurais dit,
que rien n'est interdit,
que les vagues se plient
aux ressacs de minuit,
je sais, tu aurais ris,
à pareilles inepties.

Mais que veux-tu,
si ce n'est la berlue,
si je te crois toute nue,
ou bien sans retenue,
c'est bien toi que j'ai vu,
sous l'astre de Fulu ?

Combien ça va durer,
une vie, un été,
ces ondes par paquets,
à longueur de journée,
ce qu'écrit Beaumarchais:
Feindre d'ignorer
ce qu'on sait ?

Je ne sais si c'est feint,
Ou si l'on peut y voir,
La folie qui se rit,
Sous la voute du soir,
De l'orgueil d'être seul...


Liés...

Et combien tu fus lasse,
De ces la, de ces lits,
Combien tu fus liée
Par chagrins et par laids,
Et combien ils sont las,
Ceux que tu as liés
Par ta mort Nathalie
Combien de la, de si
Tout au bord de ce lit
Qui te lie à la masse
De ceux qui en sont là
Et combien il est lié
Cet amour qui dura
Par de si, par delà
Ce que dure un éclat...



domi...

LES ABSENTS ONT TOUJOURS TORT...

Tout passe, tout casse, tout lasse, tout s'efface
T'aurais pu attendre que ton heure vienne
Hier soir, t'es parti sans nous dire au revoir
Je suis sûr que t'as fait ça pour voir
Si ça nous ferait de la peine
Tout seuls, tout seuls, tu nous laisses tout seuls
Sans une explication,
Un mot griffonné sur une feuille, une raison
KO, groggy, tu nous laisses ici
Avec cette foule de questions
Auxquelles, jamais, jamais, je crois, on ne répond
Ainsi va la vie, ceux qui restent ont toujours raison
Ainsi va la mort, les absents ont toujours tort...
T'imagines pas le nombre de mots qu'il y'a
Pour dire que t'es plus là
De conjugaisons à l'imparfait, au Passé
Souvenirs, souvenir, t'es plus qu'un souvenir
Une photo dans un tiroir
Un mal au coeur qui ne veut pas mourir dans ma mémoire
Ainsi va la vie, ceux qui restent ont toujours raison
Ainsi va la mort, les absents ont toujours tort...
Tout passe, tout casse, tout lasse, tout s'efface
T'aurais pu attendre que ton heure vienne
Ainsi va la vie, ceux qui restent ont toujours raison
Ainsi va la mort, les absents ont toujours tort...

Paroliers : Louis Chedid


https://youtu.be/ctEz_jkxGB4

GGrandir...

Sortir de sa serre, sortir de son soi,
de ses viles barrières, de son désarroi,
jeter ses blessures dans l'essence du vent,
grandir de l'azur qui brille aux gréements.

Griffer ses morsures, derrière la voilure,
sortir de sa coque, de l'œuf en or dur,
rire de son armure qui a piètre allure.

Voler vers la lune, y déposer ses mots,
ce regard de feux, ces cris que l'on ose,
avec ses adieux, qu'on oublie si peu.

Vider ses valises aux langueurs des phrases,
qui flattent et qui gisent,
flanquées de leurs myiases,
de ce goût amer, de ce mur de verre.

Renoncer au pire, ses rimes faciles,
brûler ce papier que tu as vomi,
en ce jour de nuits, lorsque tu as fui,
grandir de sa joie qui s'épand en soi...

domi...





« Modifié: 13 mars 2021 à 14:46:40 par dom1 »

Hors ligne dom1

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Re : Borderline et suicide...
« Réponse #3 le: 27 mars 2019 à 10:28:31 »
Retour " d'expérience... "

Je suis revenu ici un peu à reculons.

Je sais un écueil à éviter, avec " l'expérience " acquise, c'est de trop venir sur ce site.
Celui de trop " baigner dans son jus ", se complaire dans un goût d'amertume triste et ressasser à l'excès cet événement.

J'ai cette image dans la tête de ces femmes habillées de noir, du matin jusqu'au soir, durant toute la fin de leur vie, pour ne plus quitter le deuil de leur mari.


Je comprends et ne juge pas ceux qui pratiquent cette façon de faire. Chacun fait comme il peut et comme il le sent.
Ce n'est pas la mienne.
Cependant je reviens ici parce que j'en éprouve le besoin.
Et je lis, un peu effaré à chaque fois, les dégâts que provoquent ces suicides dans le cœur des survivants.
Cette indicible douleur qui parcourt ces écrits, ces cœurs
.


Il y a, mélangé dans mon esprit, une forme de compassion, de la tristesse, mais aussi l'idée suivante: ce que j'éprouve n'est pas unique, la mort telle qu'elle s'est affirmée pour mon amie porte les mêmes fondements qui motivent d'autres personnes à commettre l'irréparable.

En lisant ces récits, je retrouve dans ces morts-là, des êtres hyper-sensibles, " sur le fil du rasoir ", pouvant basculer, en fonction des circonstances de leur vie, dans une forme de folie morbide.

Des êtres qui errent parfois dans une maladie qui n'est pas ou mal diagnostiquée et souvent, une maladie mal appréhendée et mal soignée.
Ou pire, cachée.

Cela est inadmissible car c'est leur vie qui est en jeu, sachant qu'une  prise en charge correcte de leur maladie mentale  par des professionnels plus compétents, mieux formés, plus à l'écoute, aurait pu sans doute endiguer et éviter le pire, dans beaucoup de  cas, en leur trouvant une solution médicale et curative.
C'est un regret majeur pour les proches qui ont suivi les parcours chaotiques de ces êtres chers.


Autre évidence:
Il y a cette recherche nécessaire pour tenter de " comprendre " .
Il y a ces dizaines de " pourquoi " qui s'accumulent dans la tête et auxquels on aimerait avoir des réponses.
Des réponses que l'on trouve parfois et qui éclairent la réflexion.
Il y en a d'autres, souvent trop nombreuses qui restent à tout jamais enfouis dans le secret et parfois le " tabou " du suicide...
Cette recherche est indispensable et parfois salvatrice pour ne pas " porter " cette fin suicidaire comme un fardeau insupportable...


La fin.
La fin d'une souffrance immense, invivable, innommable.
Une souffrance qu'ils subissent parfois depuis de nombreuses années.
Une souffrance qu'ils ne pouvaient plus endurer, ne voulaient plus endurer.
Une souffrance qu'il est difficile " d'appréhender " et de comprendre.
Une souffrance morale capable de rendre leur mort plus douce, comme  une porte de sortie, comme une délivrance.


Une délivrance pour eux, et folie suprême, ils pensent très souvent que c'est le mieux pour leur entourage qu'ils finissent ainsi, qu'ils cessent d'exister, que leur présence est un poids pour tout le monde, pour tous ceux qu'ils aiment ou qui les aiment.
Ils pensent qu'ils vont nous soulager, nous libérer.


Dans cette situation mentale, ils ont une perception totalement faussée de la réalité. Ils errent dans une réalité qu'on peut résumer en une sorte de " folie du vide ".


Ainsi, parfois, l'amour qu'on leur a porté peut devenir un élément majeur et moteur dans leur choix de mort, à cause de leur souffrance maladive, de la peur d'une séparation, ou d'un abandon possible, fantasmé ou réel.

D'où la culpabilité qui voit le jour et qui consiste à " s'enfermer " dans cette idée-là:

" C'est de ma faute si il ou elle a fait ça, je voulais le ou la quitter ".

"Je suis responsable de son suicide car je ne voulais plus être avec lui ou avec elle. "


Comme si être avec eux ne permettait pas  de douter, de subir les " hauts " et les " bas " que toutes les relations humaines traversent.

Comme si il devenait impossible de se séparer d'avec l'autre.

Comme si les aimer un jour ne laissait aucune autre possibilité que de les aimer toujours, pour toujours.

Comme si ceux qui ont partagé une relation amoureuse  avec eux devenaient  les " prisonniers " de cet amour, à tout jamais...


Autre évidence:
Pour eux, il s'agit d'un renoncement.
LE renoncement à vivre.
Cette vie qui est devenue  synonyme de mal-être.
Mal-être de l'âme.
" Souffrance de l'âme ".
" Je ne peux pas ne pas renoncer "
, m'a-t-elle écrit ce soir-là...

LA souffrance.
LA souffrance et sa fin.
Une fin qui ne laisse aucune autre option.

Autre évidence: lorsqu'ils ont pris la décision d'en finir, alors rien ne les arrêtent, rien ne peut les arrêter, ni personne.

Sauf s'ils sont sauvés par des circonstances chanceuses...

Et le manque de cette chance-là rajoute de la douleur à notre questionnement avec les fameux "si "...

"Si j'étais arrivé plus tôt ", " si j'avais compris ", " si j'avais su ", " si j'avais téléphoné ", etc...


C'est cela le plus difficile à admettre.


C'est qu'au fond, dans ce moment-là, ce moment où ils décident d'en finir, on est " rien ", face à cette folie destructrice, et que pire encore, l'amour qu'on leur porte ne suffit pas à les maintenir dans " l'envie de vivre ", " le choix de la vie ".

L'attirance vers la mort est plus forte que tout, que nous, que notre amour.
Cet amour pour ceux ou celles qui se suicident n'a pas suffit, ne suffit pas, à les retenir lorsque leur décision est prise.


Une fin qui laisse un état de chaos.

Un chaos morbide d'une violence inouïe faite à eux-mêmes et à leur entourage.

Comment ne pas leur en vouloir de nous avoir fait et de nous faire subir ça ?

Autre évidence:
On leur en veut.
Ils ont été capables de nous faire ce mal-là.
Capables de cette violence envers eux et aussi envers nous.
Nous qui les aimions, nous qui les aimons encore.


Ils sont responsables de ce chaos dans lequel on se débat comme des poissons pris dans un filet, malgré nous.
Un chaos duquel on doit extraire les croûtes et nettoyer les plaies envenimées, encore et encore.


Dernière évidence:
Ce qu'on éprouve est une douleur fracassante qui nous change tous et toutes, à tout jamais.
Une douleur que l'on doit surmonter comme un combat majeur.
Une douleur qui nous transforme.
Je pense que cette expérience nous grandit, malgré tout, et c'est paradoxal, nous rend plus humain, plus fort.


Mon amie, comment te rendre un hommage posthume véritable, si ce n'est en te pardonnant ce choix morbide, en te laissant prendre une place dans mon être...?

Aujourd'hui, je sais que l'on peut s'extirper de ce chaos, lui donner un sens, et même une perspective, une alliance posthume et morale avec l'esprit du défunt.

Niquer cette idée morbide, niquer cette folie, niquer la mort, c'est pardonner.
C'est vivre, encore et encore.
C'est vivre avec l'essence de l'esprit du défunt.
C'est ne pas avoir peur de celui ou de celle que l'on va devenir.
C'est aimer, encore et encore.
Je vis.
Je vis et j'aime...


domi...



Interpellons le tabou...

Le double tabou.

La mort, tout d'abord, qui est le tabou le plus puissant qui existe.

Ainsi, de ce fait, elle est absente de nos relations communes et routinières, ce qui, somme toute, est assez normal puisque c'est un tabou.
Tout, dans notre condition et notre constitution intellectuelle et physique nous pousse vers la vie, vers la perpétuation de notre espèce.
Il en va ainsi de toutes les espèces vivantes.
Nous sommes pris dans notre condition naturelle et animale qui nous pousse dans ce sens.

Le suicide, ensuite, est un double tabou puisqu'il fait exploser cet instinct de vie animal dans la mort.
Et au fond, il la ridiculise, la remettant à sa place: il n'y a pas de sens à la vie, la vie est absurde, tout comme la mort d'ailleurs.
Ainsi, le suicidé brise un cycle immuable de la vie qui doit s'achever, certes, mais ordre millénaire oblige, dans la vieillesse ou dans la maladie, et ceci dans un cadre religieux. ( c'est ainsi que les religions excluent du salut éternel ceux qui mettent fin à leur jours... )
Le suicidé prend une décision unique et ultime qui tord le cou à cette logique ancestrale.
Il brise le tabou de la mort, tout comme le criminel.
Le suicide est un crime contre soi-même, contre sa propre personne.

Ainsi, le suicidé, tout comme le criminel, explore une planète psychique que peu de personnes investissent, avec une logique mentale qui brise le tabou de la mort, lui donnant une suprématie sur la vie, la mort passant de l'état de tabou à celui de nécessité, d'évidence, de libération.

Ils entrent dans une autre dimension mentale qu'il nous est impossible de saisir réellement sans la caricaturer ou la falsifier.
Lorsque des jurés, lors d'un procès criminel, tentent de comprendre pourquoi tel individu en est arrivé à donner la mort à un autre, ils tentent de comprendre une logique, s'il y en a une, qui conduit à l'inacceptable de donner la mort à un autre être humain.

Et le fondement de la Justice, son rôle, c'est comprendre, juger et condamner un acte qui brise le tabou de la mort.
Pour ce qui est du suicidé, aucune Justice, pas même celle d'un quelconque dieu, n'est en mesure de faire ce travail, parce qu'évidemment il n'est pas possible.
Reste à ceux qui restent de faire avec ce manque de Justice, de compréhension,  de délibération.

Ici, sur ce site, nous faisons partie de ceux qui restent avec ce geste criminel qui ne donnera lieu à aucun exercice de Justice.
Nous devons faire avec cette frustration majeure, et au fond, chacun de nous cherche à comprendre, regrette, condamne ce geste morbide en sachant que le travail de deuil consiste essentiellement à faire et à continuer de vivre sans une œuvre de Justice, sans délibération, sans condamnation du suicidé qui commet un crime contre sa propre personne, contre cette personne qui ne méritait pas cette fin-là, cette personne que nous aimions et qui nous manque.

Il faut faire une sorte de dédoublement intellectuel entre le criminel qui a fait le choix de donner la mort à cette personne qui nous était chère, sachant que cette personne est elle-même le criminel.
Tout ceci est évidemment difficilement concevable tant la situation suicidaire est complexe.

Pour ma part, ce que j'ai compris, c'est que la vie n'a pas de sens, n'a aucun sens, ainsi que la mort, son aboutissement.

Oui, chacune de nos vies n'a aucun sens particulier, n'est le fruit d'aucun dieu en particulier.
Nous vivons, point.
Et malgré cette réalité, la vie peut nous apporter de la douceur et du plaisir, voire de l'amour, de la beauté, de la joie.

La vie n'est pas un sens, la vie est une chance.

La vie est une chance qu'il faut investir, s'accaparer, qu'il faut sublimer au mieux. Et au pire, vivre avec l'espoir de la vivre mieux, et prendre ce qu'elle donne, même si ce n'est pas assez.

Le tabou de la mort a la vertu et le rôle essentiel de donner une excellence  à la vie, de la sublimer, de lui donner une force.
C'est ce qu'ont trouvé les humains, au cours de leur évolution,  pour rendre la vie plus vivable, même lorsqu'elle ne l'est plus.

Le tabou de la mort sacralise la vie à travers la Justice, les efforts de recherche de traitements contre les maladies, l'aide à autrui, etc...

LE TABOU DE LA MORT EST UN FONDEMENT MAJEUR ET ESSENTIEL de notre vie en société humaine.

Quant à l'absurdité de la vie et de la mort, elle est gommée et cachée derrière des paravents ( religions, philosophies, politique, etc...), l'être humain étant le seul animal qui se suicide et croit en des dieux.
C'est notre caractéristique différentielle par rapport à nos frères animaux.

Ainsi, ceux qui mettent fin à leurs jours, de l'endroit psychologique et mental où ils se trouvent, nous livrent leur constat morbide:
Ma vie n'est pas en mesure de me donner des raisons de la laisser perdurer. Je meurs parce que ma vie ne vaut pas d'être vécue dans les conditions qu'elle m'offre. Je me supprime parce que je ne mérite pas de vivre ainsi et que c'est la seule solution que j'ai pour en finir avec cette vie là, avec cette souffrance qui m'accompagne perpétuellement, avec cette personne que je ne peux plus supporter tant elle est devenue insupportable.

Celui qui se suicide, se regarde, s'envisage, se considère lui-même dans une sorte de dédoublement de la personnalité comme ne méritant pas de vivre.
Celui qui se suicide se libère de cette personne qui le fait souffrir et n'est plus en mesure, d'un point de vue mental, de faire autrement que de mettre fin à sa vie.

Oui, c'est absurde de penser ainsi, de mourir ainsi, tout comme il est absurde de vivre ainsi...


domi...


https://youtu.be/DKm5MNsxsq0

https://youtu.be/iKIkNPZhzVQ

« Modifié: 03 septembre 2020 à 14:59:37 par dom1 »

Hors ligne Bmylove

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Re : Borderline et suicide...
« Réponse #4 le: 01 avril 2019 à 13:08:58 »
Merci, cent fois merci pour ton témoignage si vibrant, si vrai...
If I look hard enough into the settin' sun
My love will laugh with me before the mornin' comes