Auteur Sujet: Bientot 1 an, mon papa  (Lu 5581 fois)

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sarriette

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Bientot 1 an, mon papa
« le: 12 mars 2016 à 23:41:16 »
Bonjour à tous,

Il y a bientôt un an que j'ai perdu mon papa. Il n'allait pas très bien depuis janvier 2014. Il a découvert à cette période que son associé dans l'entreprise l'avait volé d'une somme importante alors que les affaires n'allaient pas bien. Son entreprise c'était son bébé, sa fierté. Il avait un certain "complexe d'infériorité" et devait constamment nous montrer qu'il était bien. Evidemment, nous l'aimions et même, nous n'avions pas besoin de tant pour le trouver génial. 
C'était quelqu'un de très gentil, très intelligent, qui était un peu utopiste et vite affecté par les malheurs du monde. Il était également impulsif, et toujours dans l'excès. Il connaissait énormément de monde car il était très sociable et jovial. Il travaillait trop, dormait peu, ne mangeait pas durant toute la journée avant de se gaver de pâtisseries à 16h. Il aimait les belles choses : la musique, les paysages, les voyages, les sourires d'enfants, le bon vin, la bonne bouffe...

Après cet "échec" dans son entreprise, il a commencé à devenir différent. Il n'écoutait plus rien, montrait parfois des signes de violence qu'il n'avait pas avant. Il a trompé ma maman alors que c'était quelqu'un de très honnête. Elle l'a vite découvert. Il lui a menti, elle découvrait des brides d'histoires au fur et à mesure.
Elle l'a quitté en novembre 2014. Elle est toujours restée très calme étant donné que mon père était impulsif. Il l'a harcelée, lui a rendu la vie impossible. Et celle de mes frères et soeur également.

J'ai pris mes distances, je ne rentrais que très peu chez mes parents. Ils ont fait une alternance dans la maison pour que la transition soit plus douce pour lui et pour que mes frères ne doivent pas déménager.

Et puis en mars, le jour de l'anniversaire de mon copain, il s'est pendu, dans l'atelier de son entreprise. Il a téléphoné à ma maman juste avant de sauter, il a mis les photos de mariage sur le lit conjugal... il a fait son grand cinéma. Mais pour de vrai cette fois.

Aujourd'hui, j'ai des études à finir, une vie à bâtir. Certains jours, je me sens heureuse, je suis assez positive. Je dois dire que le deuil m'a apporté quelque chose : j'ai conscience maintenant de la valeur précieuse de la vie, qui parfois est plus courte que prévue, et parfois, bascule sans même qu'on s'y attende.
Malgré tout, ça reste difficile, la déprime, les autres qui ne savent pas, qui savent et ont oubliés, qui savent mais pensent que "ça fait déjà longtemps".... enfin vous devez connaitre.

Et je ne sais pas trop où j'en suis dans mon deuil. Je pense tout le temps à lui, Je ne pleure presque plus, je fais des cauchemars.
Je suis suivie par une psy compétente dans ce domaine de deuil après suicide, on y va également en rendez-vous de famille.
Je n'ai toujours pas accepté qu'il soit parti. Je dois être dans le déni. Néanmoins j'ai déjà avancé d'une case, j'ai mis à plat toutes mes rancœurs, et mes conflits internes. Je suis en paix avec ma famille. Je n'en veux à personne. Sauf parfois à lui.

Merci à ceux qui m'ont lue, j'espère que ce forum m'apportera un petit "quelque chose" dont j'ai besoin.  :)
Bon courage à tous ceux qui sont dans la même M...

sarriette

  • Invité
Re : Bientot 1 an, mon papa
« Réponse #1 le: 13 mars 2016 à 17:41:23 »
D'après ceux qui sont passés par là,  c'est du déni ou l'appel au bonheur qui me fait avancer?
Je culpabilise souvent d'aller plutôt bien et de continuer ma route. Et cette culpabilité, elle, me fait me sentir mal... triste.
J'ai envie de lacher, je ne veux pas consacrer toute ma vie à cette perte. Est-ce normal? Est-ce bien?
Est-ce que je risque d'avoir un retour de flammes?

Hors ligne vanech

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Re : Bientot 1 an, mon papa
« Réponse #2 le: 13 mars 2016 à 18:10:20 »
C'est normal de continuer sa route. C'est ça ou sombrer, on n'a pas vraiment d'autres choix.Et cest ce qu'ils auraient voulu pour nous.
Je ne pense pas que tu sois dans le deni. Accepter ça prend du temps. D'ailleurs l'accepterons nous un jour?
Tu as conscience que tu as une vie à vivre, un chemin à mener malgré les épreuves, que la vie doit continuer.
La culpabilité, je ne sais pas si elle nous lâche vraiment un jour, elle s’atténue sans doute. Pour ma part, parfois elle s’allège et revient comme un boomerang..Et dans ces moments là, j'ai l'impression d'être un lion en cage.Mais on ne peut pas passer sa vie dans les "j'aurais du, je n'aurais pas du, si j'avais su..."C'est un sentiment destructeur qui en changera rien au passé? Et quand bien même on aurait fait ci ou ça, l'issue tragique aurait peut être été la même.
Culpabiliser d'aller bien, ça m'arrive aussi certains jours, culpabiliser de vivre tout simplement.Ton pére aurait voulu que tu te portes bien, que tu profites , que tu réussisses ce que tu entreprends.
Tu as aussi pris conscience que la vie est précieuse , alors continue de t'y accrocher, de profiter de ce qu'il y a de bon et de beau.

sarriette

  • Invité
Re : Bientot 1 an, mon papa
« Réponse #3 le: 15 mars 2016 à 17:28:51 »
Merci pour ta réponse. Ca me touche beaucoup.
Il faut continuer.
J'aimerais discuter avec quelqu'un de mon âge qui a vécu la perte d'un parent par suicide également.

Fleur78

  • Invité
Re : Bientot 1 an, mon papa
« Réponse #4 le: 29 avril 2016 à 14:14:04 »
Salut Sarriette,
Mon père s'est pendu dans le jardin familial quand j'avais 21 ans (je venais de les fêter, quel cadeau) et ça fait maintenant un peu plus de 11 ans.
Mon père était quelqu'un de très fière et à cause des principes d'éducation de m**** de sa mère, il était convaincu qu'un homme devait avoir une réussite financière et professionnelle pour être digne de vivre. Ca était le cas pendant des années, j'ai eu une enfance dorée et en plus de l'amour. Et puis mon père ne s'est pas toujours entouré de bonnes personnes dans le milieu professionnel, il a vu grand, trop grand et s'est fait avoir par un client. Bref la descente aux enfers au niveau financier a commencé et pour mon père c'était inacceptable. Il nous a fait vivre au dessus de nos moyens, jusqu'à être acculé de dettes. Il a perdu son frère jumeau et je pense qu'il ne s'en est jamais remis malgré leurs relations très compliquées. Il s'est renfermé et n'avait plus goût à rien et puis un jour il en a eu assez car comme il disait il était maudit et ne supportait pas nous embarqué dans ses merdes... Il avait un projet professionnel au mois d'avril 2005 et il m'a dit qu'il fallait tenir jusque là. Il n'y est pas parvenu. Il s'est suicidé en octobre 2004.
J'ai été détruite par sa mort, j'ai fini mes études mais j'ai fait beaucoup de mauvais choix que je ne regrette pourtant pas aujourd'hui car c'est aussi ce qui fait qui je suis aujourd'hui, par quoi je suis passée et surtout la fierté d'être autre aujourd'hui.
Voilà tu voulais parler avec qqn qui a perdu son père de la même façon et plus ou moins du même âge. Tu dois être plus jeune que moi mais je pense qu'on a malheureusement une triste histoire similaire. Si tu veux échanger, c'est avec plaisir même si ce terme n'est pas forcément approprié dans ce cadre là, bon courage et contine ta thérapie; notamment en famille, je trouve ça top et très enrichissant, on aurait sans doute du faire ça avec la mienne...