bonsoir à tous, Cassiopée, Flora, Justine, Djack
soirée agréable ce soir, la première depuis ....depuis longtemps :je suis allée au restaurant ! avec quelqu'un que j'ai rencontré ici, sur ce forum... Ce soir, je me sens presque "normale". Je vous l'écris pour vous montrer que c'est possible. On a bien mangé (ah ! se faire servir !) et beaucoup discuté, des heures, de nos pertes respectives, de nos angoisses, de notre chagrin...Un temps magique, hors du chemin terrible du deuil. J'ai beaucoup de chance d'avoir pu rencontrer en vrai quelqu'un du forum, ensemble on peut raconter, re-raconter, être mal, être moins mal, sans honte...
La question des rêves. Je ne rêve pas de mon amour mort, Dieu merci. Mon sommeil est profond, il est à moi. Je n'aimerais pas qu'il vienne s'inviter dedans, croire l'espace de quelques secondes miraculeuses et terrifiantes qu'il serait là, vivant, revenu... J'aurais trop peur du réveil. Je lui en veux encore beaucoup de m'avoir abandonnée, alors je ne veux pas qu'il revienne dans mes rêves me faire croire qu'il est vivant...Une fois dans un de ces rêves, j'ai entendu sa voix, elle semblait réelle, j'y ai cru, c'était atroce au réveil.
Par contre, je rêve souvent que je le cherche. Je suis au collège (nous sommes profs) et je cours de salle en salle en l'appelant et en criant. Et les collègues me regardent étonnés, sans réagir, comme si j'étais folle. Dans mon rêve, je sais qu'ils sont surpris parce qu'ils ne savent même pas qu'il existait un jour, cet homme bon, chaleureux et drôle qui m'aimait.
Ce rêve reflète ma rancoeur : au travail, tout le monde fait comme s'il n'avait jamais, jamais existé. Il y a des gens qui ne me parlent même plus
Par rapport à vous, mes compagnes de douleur, j'ai la "chance" de n'avoir pas eu le temps de m'habituer à cet amour (notre histoire avait 6 mois), la "chance" de ne pas avoir eu de vie de couple, puisqu'il était marié, et la chance aussi, très relative, d'avoir été réellement abandonnée, puisque sa femme était très malade, qu'il l' a tuée avant de se donner la mort.
Rapidement, au bout de 2 mois, j'ai pu arrêter de culpabiliser : cette histoire tragique et sordide concerne son couple, pas le nôtre, de couple. Le plus dur à intégrer, pour moi, c'est la violence extrême de ces 2 morts, il ne leur a pas laissé une chance.
Au début, je pleurais la brièveté de notre amour, je hurlais comme une louve en criant mais pourquoi, pourquoi n'avons-nous pas eu plus de temps ?
J'ai accepté. Je ne lui reproche même plus son départ. Et le fait que ce soit court m'a permis de garder mon autonomie. pour cela, oui j'ai de la chance...
J'espère que vous dormez, là, et que demain vous apportera un peu de répit. Et si pas demain, il y aura des jours moins durs, moins douloureux, ma soirée en est la preuve(je n'y aurais pas cru il y a quelques mois), il y aura du répit pour nous et peut être même une certaine forme de paix ou de bonheur, un jour...
Je vous embrasse
muriel