Auteur Sujet: Absence et souffrance  (Lu 9505 fois)

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EUGENIE

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Absence et souffrance
« le: 30 novembre 2014 à 19:56:53 »
cette phrase je la répète en boucle chaque jour, pourquoi s'est-il suicidé?????
Il avait tout pour être heureux et passer une paisible retraite à l'abri des besoins,

Il avait 63ans, jamais malade, de l'argent, une maison, des enfants et petits-enfants, il avait moi,  nous avions tout pour passer une retraite heureuse, nous avons travaillé 40ans, nous sortions, voyages, resto, amis, etc...toux ceux qui l'ont connu n'ont pas compris son geste, il vivait sur cette planète sans se poser de question, c'était un homme gentil, serviable, aimant la rigolade, que s'est-il passé dans sa tête pour faire ce geste? Est-ce héréditaire, son père s'est suicidé de la même façon à l'âge de 40ans, l'on me dit que non, moi je crains pour mon fils qui va avoir 40ans l'année prochaine, il me paraît bien dans sa peau mais comment être sûr? jamais je n'aurais pu imaginer un seul instant que mon mari se donnerait la mort.

Non il ne méritait pas de finir de cette façon,  il a commencé à déprimer en juin 2012, il a fait une première tentative avec une corde en juillet, une 2ème en octobre par lacération du corps avec un cutter, et le 22 novembre il se pendait en laissant une lettre de 6 pages où il parlait de sa grande souffrance, je l'ai pourtant aidé comme j'ai pu, jusqu'à l'emmener aux urgences psychiatriques la veille de sa mort, mais le médecin de garde a "REFUSE" de l'hospitaliser.....il serait peut-être encore là avec nous.....

Comment annoncer à sa mère de 80ans que son fils s'est suicidé comme son mari?
Pourquoi?, pourquoi?
Il y avait d'autres solutions pour le soigner j'en suis sûre, les médecins sont en partie responsables, il aurait peut-être mis fin à ses jours à un moment ou  à un autre, j'aime le penser.
Il a laissé derrière lui un trou béant d'où j'émerge de temps en temps, pour retomber l'instant d'après, il me manque tellement, j'ai vécu 40ans avec lui, comment fait-on pour rester en vie,?  y aura-t-il-encore une 4ème hospitalisation pour m'empêcher de le rejoindre et lui demander pourquoi  il m'a laissé seule alors qu'il savait qu'il était mon pilier ? M'a-t-il aimé autant que moi durant toutes ces années .?

J'aime  comprendre les choses et l'on me dit qu'il n'y a rien à comprendre, que c'est comme ça, il était malade,
certes lui ne souffre plus, mais là ou il est ne voit-il pas le mal qu'il a fait à sa famille, n'entend-il pas que je l'appelle ?
Ma vie est brisée à jamais et cela fait 2ans,  à tel point que, lorsque j'ai été opérée dernièrement(une petite intervention)  mon souhait était de ne pas revenir à la vie et j'ai demandé à l'anesthésiste de ne pas me réveiller......
au moins j'aurais fini de souffrir.......mais il me faut continuer car je n'ai pas le droit de faire souffrir ceux qui m'aiment, .


Hors ligne Méduse

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Re : Absence et souffrance
« Réponse #1 le: 30 novembre 2014 à 21:22:53 »
J’ai du mal en ce moment à trouver les mots.

Pour moi, le suicide est un mystère, la pulsion de mort semble plus forte que tout à certains moments pour ceux qui ont suivi ce chemin. Effectivement, ton mari était très malade, il souffrait d’une maladie mortelle. Jamais, il ne voulait te faire souffrir.

Je te recommande la lecture du livre de Christophe Fauré « Après le suicide d’un proche – vivre le deuil et se reconstruire » Albin Michel 2007.

Pour comprendre davantage ce qui t’arrive, tu peux lire aussi :
http://deuil.comemo.org/mon-proche-s-est-suicide

Accroche-toi. Patience. Tu arriveras à continuer ton chemin.
Prends bien soin de toi

Hors ligne Stefy

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Re : Absence et souffrance
« Réponse #2 le: 30 novembre 2014 à 21:38:09 »
Bonsoir Eugénie
Moi aussi je me suis tant posée cette question, pourquoi, et je me la pose encore. Meme si moi aussi j aime comprendre les choses, je crois avoir compris que surement nous n aurons pas la réponse, en tout cas la vraie réponse, celle qu il a emporté.

Souvent aussi, je me suis demandé et s il avait su que ce serait aussi douloureux, pour nous, l aurait il fait? Mamoure m a simplement dit, non il ne savait pas...... Je crois que c est surement vrai, comme je ne savais pas que cela pouvait etre aussi douloureux, meme si on me l avait expliqué, meme si je l avais imaginé.

Cela n enlève rien a la douleur, a cette incompréhension, au vide, a la colère, au manque.....je comprends aussi ta colère contre les médecins pour la vivre.....
Mais le constat est qu ils ne sont plus la, c est toujours si douloureux de dire cela.....et qu il faut survivre......

Je ne sais pas si cela peut t aider, je voulais juste te faire part d un peu de mon vécu
Pensées
Stefy

EUGENIE

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Re : Absence et souffrance
« Réponse #3 le: 01 décembre 2014 à 09:58:09 »
bonjour à celles et ceux qui lisent mes messages et merci pour vos réponses, j'ai tant besoin de parler

Depuis 2ans je vis un enfer, c'est vrai que je ne connaitrai jamais la réponse, et de ce fait je ne connaitrai jamais la paix, pour moi il n'aurait jamais du faire ce geste, la vie n'est pas un long fleuve tranquille, hélas..... que l'on se suicide par amour, je peux comprendre mais pas quand tout va, il y a tant de gens malheureux sur cette terre.. :'(
 
Nous avions nos problèmes comme tous les couples, mais nous ne pouvions vivre l'un sans l'autre, et cela il le savait, alors  ??? si bien que deux jours avant son suicide il voulait que nous nous suicidions tous les deux, heureusement j'ai tenu le coup, j'ai quand même attrapé un couteau et tenté de m'ouvrir les veines tant le climat qui régnait dans la maison était malsain, c'est pour NOUS sauver que je l'ai emmené à l'hôpital...
Il n'était plus lui, je le voyais dépérir chaque jour sans pouvoir l'apaiser, il maigrissait à vue d'œil, jusqu'à la veille de son suicide où il m'a dit, "j'ai pris une décision mais cela ne va pas te plaire alors je ne dis pas quoi.....", il était serein, et moi je n'ai pas compris à ce moment là ...... j'étais contente qu'il aille "mieux".....

Je sais maintenant pourquoi il "allait mieux... il était apaisé" m'ont expliqué les médecins, et moi je serai apaisée quand?

Pourquoi je n'ai pas vu? pourquoi je l'ai laissé seul ce matin là quelques heures pour aller voir nos petits-enfants? quand je suis rentrée à la maison il n'y était plus...

voilà mon petit coup de calgon, ça fait remonter des souvenirs que l'on voudrait oublier, mais ils sont toujours là et le resteront tout le reste de ma vie, je voudrais qu'elle soit courte pour ne plus souffrir.

merci de me lire




Hors ligne Méduse

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Re : Absence et souffrance
« Réponse #4 le: 01 décembre 2014 à 12:36:31 »
Bonjour Eugénie,
C'est ma fille qui s'est suicidée à 25 ans. Pour moi, la maladie psychique et pire que toute autre maladie car il y a double peine. Personne ne comprend. On se dit que la personne a tout et on lui jette la pierre, alors que pour quelqu'un souffrant d'une autre maladie, on le plaint.

Ma fille nous avait dit, à sa soeur et à moi, qu'elle ne vivait que pour nous. Ce n'est pas facile non plus car de ce fait, je me sentais même coupable de sa souffrance.

J'ai appris qu'elle avait demandé à des endeuillés (mais pas à des proches de suicide ) comment ils vivaient leur deuil comme elle avait peur de la perte de son grand-père. Et les gens la rassurait que la douleur allait s'atténuer.

Elle m'avait annoncé sa décision de se suicider, mais elle était à 850 km de moi et elle n'était pas seule. Je la savais suicidaire depuis longtemps. Aussi j'espérais juste que ça passe une fois de plus. Nous avions déjà tant parlé de suicide et j'avais déjà tenté tant de choses pour la sortir de son calvaire. Elle me disait lutter tous les jours contre la pulsion de mort. Nous avions même été en hôpital psychiatrique un 24 décembre mais ils ne voulaient pas la garder.

Ton mari était très malade, c'est ça la raison. Ma fille avait le syndrome Borderline. Des études ont démontré qu'alors, la chimie du cerveau ne réagit pas de la même manière que pour une personne en bonne santé.

Parle et écris de ces souvenirs douloureux pour les user. Cela ne sert à rien de les étouffer. Il faut que ça sorte pour que tu puisses retrouver la paix.
Dans un livre, j'ai lu une phrase qui m'a aidé : ils ne sont morts qu'une fois alors que nous revivons ce moment des centaines de fois. Mais eux, ils n'ont soufferts qu'une fois et ils sont en paix maintenant.

Nous par contre, comprenons davantage leur souffrance, je pense.

Même si tu avais vu ce jour-là, il est bien possible qu'il serait passé à l'acte une autre fois.

Continue à écrire ici. Cela te fera du bien.


Hors ligne zabou

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Re : Absence et souffrance
« Réponse #5 le: 01 décembre 2014 à 12:48:09 »
Eugénie,

Les pourquoi, questions lancinantes qui resteront sans réponses, si ce n'est celles qu'un jour, peut être ,tu pourras mettre sur son geste, qui sera la tienne, celle qui te convienne le mieux ,et pourras ainsi t'apporter plus d'apaisement....

Visiblement, il était malade, sans mots, sans explications précises de ce mal être, sans diagnostique, impossible de comprendre totalement.....

Et si tu n’étais pas partie ce matin là, cela aurait eu lieu une autre fois, je sais qu'il est très difficile de ne pas culpabiliser, de na pas prendre cela pour soi, mais il l'aurait quoi qu'il arrive, contre la maladie on reste impuissant....

Affectueusement.

zabou




Le souvenir, c'est la présence invisible.
Si j'avais su que je t'aimais tant, je t'aurais aimé davantage.
Mon amour, plus qu' hier et moins que demain.

Hors ligne Coccinelle12

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Re : Absence et souffrance
« Réponse #6 le: 01 décembre 2014 à 14:45:23 »
Bonjour Eugénie,
Reçois toute ma compassion.
Je comprends tes questionnements,  et malheureusement, je ne  puis t'être  d'un grand  réconfort, à part  te dire  de  tenir bon comme tu l'as fait jusqu'ici,  c'est  la vie. 
Il était  heureux,   il  avait  tout pour l' être  et  pourtant il a  décidé  de  partir, que dire  ?
Ma mère  n'  arrête  de  me  le  répéter et des fois, je  dois reconnaître que j'en  arrive  à lui  donner  raison,  Le  destin existe certainement.
Amicales pensées
"Le plaisir d'avoir un ami est parfois éphémère, mais pas le bonheur d' en avoir eu un "
"La mort laisse un chagrin que nul ne peut consoler, L' amour laisse un souvenir que nul ne peut voler"

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Re : Absence et souffrance
« Réponse #7 le: 01 décembre 2014 à 19:15:08 »
Bonsoir,

La vie c'est une course contre la mort perdue d'avance car elle finit toujours par nous rattraper et certain d'entre nous sont fatigués de courir et pour eux c'est une grande souffrance, ils préfèrent en finir,  sans avoir de véritables problèmes.
C'est la leçon que je tire du suicide de mon épouse survenu le 11 mars, ce que j'espère pour elle maintenant, c'est qu'elle soit heureuse là où elle est, je ne pense même plus à ma propre vie car je sais que se sera un chemin de malheur jusqu'à la fin.

Amicalement.

leelou-

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Re : Absence et souffrance
« Réponse #8 le: 01 décembre 2014 à 19:38:57 »
Bonsoir Eugenie,

Ce n'est pas votre faute, il devait souffrir énormément pour accomplir un tel geste et ni vous ni personne n'aurait pu l'aider. Lui seul pouvait prendre la décision de se faire soigner en profondeur mais il ne l'a pas voulu.
Ne vous accusez de rien, pensez aux merveilleux moments passés ensemble. N ayez aucune colère envers l'hôpital ou les médecins, c 'est vous torturer et vous n aurez aucune réponse aux questions que vous vous posez, seulement des  "si"  et des " j'aurais". Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, je suis moi même en deuil de mon mari depuis 2 mois et la question pourquoi lui et pas moi me hante.
Malheureusement je ne peux que compatir et nous souhaiter du courage à toutes et tous

Hors ligne Eva Luna

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Re : Absence et souffrance
« Réponse #9 le: 01 décembre 2014 à 21:02:55 »
la dépression vraie est une maladie mal soignée souvent... on dirait qu'il souffrait de ça, ton mari...pas une petite déprime...mais une souffrance majeure...liée à sa vie , son enfance...à la mort de son père qui a laissé une trace...? des tentatives de suicide, une envie de mourir  et de t'entrainer dans la mort aussi...

tu ne pouvais pas le sauver de lui même et de ses démons intérieurs...même si tu te poses et re poses sans cesse la question...
Par contre ..le suicide n'est pas héréditaire du tout... ce qui se transmet c'est la souffrance, la culpabilité, le verrou du tabou du suicide qui a sauté...je crois qu'il faut en parler avec ton fils, l'encourager à aller en parler lui même... afin de rompre la répétition familiale...
et s'il ne peut pas, ne veut pas... alors c'est à toi de prendre sur toi d'aller en parler... sur une ligne d'écoute , dans un groupe de paroles sur le suicide d'un proche...( je te cherche des coordonnées si tu veux...)
Pardon de  sembler te donner des conseils... et je sais bien que les conseils sur la façon de vivre son deuil sont...souvent malvenus et impossible à suivre...mais il ne faut pas que ça se reproduise...


Hors ligne Mamoure

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Re : Absence et souffrance
« Réponse #10 le: 02 décembre 2014 à 07:16:18 »
Eugénie,

je ne peux pas beaucoup t'aider au sujet du suicide
mais pourquoi nous torturons nous toutes avec ces éternelles questions qui resteront à jamais sans réponse : pourquoi lui,pourquoi nous ?
pour moi, la question qui me hante : pourquoi cet accident avec son fils alors que c'était beaucoup plus souvent moi la passagère ? j'aurais tellement aimé partir avec lui et que son fils soit encore vivant

ton mari état malade , il n'y a pas de réponse à tous ces "pourquoi"
on doit survivre avec ça
courage

je t'embrasse