Auteur Sujet: "C'est toi, c'est moi, c'est nous et c'est déjà beaucoup..."  (Lu 19557 fois)

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Maémie

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Il est 1h30 du matin, l'insomnie est revenue et je me retrouve là, devant mon écran à vouloir écrire. J'ai découvert ce forum il y a une semaine, il me semble. Je me sentais seule et cherchais des personnes ayant vécu le même drame que moi en tapant simplement sur Google "mon copain s'est suicidé". Je me trouvais pathétique mais je suis tout de même tombée sur des témoignages qui m'ont bouleversée. Mais qu'est-ce que j'attends, exactement ? Est-ce que c'est le besoin de partager une atrocité ? Me faire plaindre ? Essayer d'aider -peut être- des personnes ? Je n'en sais trop rien. Tout ce qui compte, pour le moment, c'est que je suis là et que mes doigts s'agitent sur le clavier.

Mon deuxième prénom est Céline, j'ai dix huit ans. Mon fiancé avait vingt ans quand il a mit fin à ses jours en juin dernier en se jetant du haut d'un immeuble.

Je voudrais respecter sa vie privée alors je vais essayer de donner le moins d'informations possible quant à sa condition. Il faut juste que vous sachiez qu'il était un petit bout d'homme merveilleux, courageux et bienveillant qui n'a simplement plus supporté sa situation et qui se détestait au plus haut point. On s'est rencontrés dans un contexte particulier, je m'en souviens encore. C'était le 23 mars 2015. J'ai eu le coup de foudre pour la première fois de toute ma vie et il fut mon premier amour. J'étais une gamine paumée, qui n'allait plus en cours depuis 2013 à cause de la dépression et de la phobie scolaire avec tout ce que cela implique. Le 20 avril 2015, il m'a embrassé. J'étais... Je suis folle de lui. Ce n'est pas une petite amourette d'adolescents, ce n'est pas "parce que c'est mon premier amour". Non. On s'aimait réellement. On avait des projets. Nous savions où habiter, nous voulions un enfant dans le courant de l'année. Il allait économiser pour nous prendre un appartement d'ici deux ans. On était fiancés, nous allions nous marier à mes vingts ans. C'était de l'amour absolu. Le grand, le vrai, avec un énorme A. J'ai rencontré l'homme de ma vie, le bon à seulement dix sept ans et il m'a été reprit ce fameux 5 juin 2016.

Depuis, je suis en enfer.

Il m'a sauvé la vie et la sienne s'est terminée. J'ai envie d'hurler.

Je bois pratiquement tous les jours, je pleure tous les jours. Mon bras droit est dévasté, mes idées noires sont revenues m'étouffer. Je sais que je ne tiendrai pas, je n'ai pas les épaules pour cela. Pourtant, je vais me refaire hospitaliser je n'sais quand pour mes parents, pour mes amis qui s'inquiètent à mon sujet. Mais je ne me fais pas d'illusions. Peut-être vais-je tenir six mois... un an....? Peut-être moins ? Il y a des hauts et des bas... Et même dans mes "bons jours", au fond de moi, je m'imagine en train d'en finir. Tout le monde me dit que c'est normal d'y penser... Comment dire... Ma marraine a perdu son conjoint dans les même circonstances il y a trois ans, je ne l'ai jamais vu aussi mal mais elle s'est relevée. C'est un fort caractère, elle m'impressionne encore. Mais... Je ne suis pas comme elle. Je suis autodestructrice, j'ai fait beaucoup d'hospitalisations et de tentatives de suicide, la dépression m'étouffe depuis mes onze ans. Et là, c'est le coup de grâce. La douleur de trop. Ce n'est pas un "mauvais moment" à passer, j'en suis persuadée.

Je ne cherche pas de réponses, je le comprends. Je comprends son choix malgré la culpabilité qui m'étreint. Je ne sais pas... J'avais... Je voulais juste partager cette histoire. Je voulais juste faire savoir à tout le monde que la plus belle âme que j'ai jamais connu vient de s'envoler. J'aimerais que l'univers s'arrête pour lui...

Le 5 juin 2016, nous avons perdu un fils, un frère, un ami et un amant.
Le 5 juin 2016, à 16h35 ma vie s'est arrêtée.

Et je l'aime... Dieu, que je l'aime...

Hors ligne Eva Luna

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Re : "C'est toi, c'est moi, c'est nous et c'est déjà beaucoup..."
« Réponse #1 le: 01 août 2016 à 03:11:28 »
La mort si brutale et si récente de l’ homme de ta vie te précipite dans  univers de désespérance où la souffrance est si intense que tu crains ne pas la supporter...
mais tu es arrivée sur ce forum et certains témoignages t'ont bouleversée...
mais partager un peu de ta détresse te soulagera quelques instants...
mais tu luttes contre tes idées noire...
mais tu penses à rassurer tes parents et tes amis...
mais tu penses à une hospitalisation qui te permettra d’être aidée et soutenue au début de ce deuil terrible à vivre...

un jour tu lui dédieras ta vie, à cet Amour absolu...
pour le moment il n'y a que la souffrance et le manque...

Reviens nous raconter cet homme, cet amour naissant, ces projets de famille...

Hors ligne souci

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Re : "C'est toi, c'est moi, c'est nous et c'est déjà beaucoup..."
« Réponse #2 le: 01 août 2016 à 14:36:25 »

     Une triste pensée vers toi, Maémie ...
     Foutue dépression, foutu suicide.
     J'espère que tu t'en sortiras, je comprends que tu te sentes écroulée sous la douleur en attendant ... un hypothétique mieux-être ...
     Ne pense pas "je n'y arriverai pas", dis-toi "je n'y arriverai peut-être pas" ... car on ne sait jamais, dans la vie, les mauvaises choses nous surprennent et parfois les bonnes aussi.
     Mais c'est dur, qu'est-ce que c'est dur ...
     Solidairement, Martine.
     

Maémie

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Re : "C'est toi, c'est moi, c'est nous et c'est déjà beaucoup..."
« Réponse #3 le: 01 août 2016 à 21:13:53 »
Merci pour vos réponses. Je me sens un peu bête... Je suis allée chez le médecin aujourd'hui, accompagnée de mes parents. Il m'a fait une lettre pour intégrer une clinique à Lille, je n'ai plus qu'à remplir le dossier, faire une prise de sang et fournir quelques documents. En y réfléchissant bien, je ne fais pas ça pour les soins. Je le fais pour être entourée par des gens de mon âge... Peut-être que cela me fera du bien.  Je ne sais pas.

Je pleure en écrivant ma réponse. J'ai un peu bu et je compte finir ma bouteille de vodka ensuite. Comme je l'ai expliqué à mes parents, j'ai juste besoin d'un temps pour faire mes bétises, pour relâcher toute cette pression. A moins que ce soit une excuse afin d'être libre pour me faire du mal.... Depuis cette date, mes réponses sont à base de "je ne sais pas". Je ne sais pas ce que je ressens, je ne sais pas quand je vais aller mieux, je ne sais pas quand je pourrais surmonter cela.

C'est difficile, je ne suis pas la seule à vivre ça malheureusement. J'ai des bons et mauvais jours. Je me croyais habituée aux émotions de la dépression. A base de "je sais que je peux m'en sortir", "peut-être que ça ira mieux avec le temps...", "je ne crois plus en rien...", "de toute façon, je n'y arriverais pas", "je préfère baisser les bras". Mais depuis cet événement, ces émotions sont exacerbées. Je passe d'un extrême à l'autre, sans juste-milieu et c'est de pire en pire. J'ai peur de pleurer aussi parce que j'ai l'impression que je ne vais jamais m'arrêter. Je l'aime.

Je l'aime, je l'aime, je l'aime. C'est atroce.

La première fois qu'il m'a adressé la parole fut le 23 mars 2015, le jour où j'ai débarqué à la clinique. On était dehors avec une ou deux personnes. Il m'a demandé quel âge il faisait. J'ai répondu timidement que je lui donnais 16 ans ( il avait vraiment une tête de bébé ) et il a éclaté de rire. Il en avait 19, le pauvret. Pour une première approche, c'était franchement minable. Mais ça me fait rire quand j'y repense. On était comme ça. Simples, sans prise de tête, toujours à rire et à prendre tout en dérision. J'aimais... J'aime cette relation.

Je voudrais écrire sur lui encore un peu plus longtemps mais je sens que je vais vraiment finir par hurler alors je préfère arrêter. J'ai grandie avec lui, j'ai pris en maturité, j'ai appris tellement de choses... Il était si cultivé, si intelligent. J'en ai le coeur serré.

"Te laisser aller et laisser le désespoir t'envahir, ça équivaut à l'oublier et ne plus l'aimer." Dom1, je le sais bien. J'essaye, vraiment. Quand j'ai dû prévenir son meilleur ami de son décès, alors qu'il ne me connaissait même pas, il m'a simplement répondu "Tu es tout ce qui me reste de lui". On était, on est les deux personnes les plus proches de lui. Et voilà que maintenant, nous sommes très amis. On a beaucoup discuté et comme il l'a si joliment dit : Il faut le faire vivre à travers nous.

C'est par quelques petits détails inoffensifs. On reprend un peu ses expressions, on parle souvent de lui en rigolant, on compte se faire tatouer en sa mémoire, on lève nos verres en son honneur. M fumait depuis très longtemps, peut être plus longtemps que moi... J'avais ma marque fétiche et lui aussi. Ce cher drum bleu foncé. Je prenais du drum bleu clair. Il me prenait de haut en riant ( comme à son habitude ), disant que le foncé était bien meilleur. Et depuis, je fume cette marque. Son meilleur ami aussi. Ca me fait sourire. Bêtement, je me sens plus proche de lui. Comme si je lui faisais un petit clin d'oeil.

Quant à toi, souci, le "je n'y arriverai peut-être pas" est bien présent. Comme je l'ai dit plus haut, quelques rares fois je me sens capable de surmonter tout cela. Ca dépend vraiment des jours. Seulement, quelques fois, je suis au bout du rouleau et je ne vois plus d'issues. Ca doit être ça, le deuil...

Je pense fort à vous en tout cas, merci encore pour vos réponses. Ca m'apporte un peu de réconfort.

Hors ligne souci

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Re : "C'est toi, c'est moi, c'est nous et c'est déjà beaucoup..."
« Réponse #4 le: 02 août 2016 à 00:11:50 »

    Tu n'as pas à te sentir bête, Maémie, car tu es pleine de sensibilité, et puis vu ce que tu vis, il n'existe pas de protocole ...
    Le deuil est tout sauf contrôlable, il nous chamboule comme c'est pas possible, et du haut de mes 48 ans je n'ai pas été plus forte que toi, quand j'ai appris le suicide de mon neveu.
    Tes parents t'entourent du mieux qu'ils peuvent, je pense à eux aussi.
    J'espère qu'on ne te bourrera pas trop de médicaments en HP, que tu y feras des rencontres émouvantes.
    Les hôpitaux sont des écoles de la vie aussi.
    Donne-toi le temps d'apprendre à vivre, je regrette que pour ton copain, comme pour mon neveu, cela leur ait été impossible.
    Bisou, je t'envoie une petite provision de tendresse pour aller à Lille. M.

Hors ligne Ela

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Re : "C'est toi, c'est moi, c'est nous et c'est déjà beaucoup..."
« Réponse #5 le: 02 août 2016 à 00:49:17 »
Maémie, j'étais en train d'errer sur le forum pour retarder le moment où je tenterai de trouver le sommeil, quand je suis tombée sur ton témoignage. Ton histoire et ta détresse me touchent beaucoup... Je ne sais pas bien quoi t'écrire. Je n'ai pas de solution à t'apporter, malheureusement. La souffrance met à genoux, isole, et empêche bien souvent les mots de réconforts et les marques de soutien de nous atteindre. Ce qui t'arrive est tellement dur... Je voulais juste te dire qu'en plus d'être touchée par ce que tu vis, j'ai été touché par ce qui transparaît de toi dans ta façon d'écrire. Tu as l'air d'être une fille tellement sensible et d'avoir, malgré les idées noires et la dépression, une telle capacité à t'interroger sur les épreuves et à les transformer. Tout cela te semble peut-être insignifiant et bien fragile dans la balance: mais accroche toi à ça. Le monde a tant besoin de personnes dotées de ces belles qualités de coeur que tu dévoiles dans tes écrits. Ton amoureux les voyait forcément lui aussi, ces belles choses que tu as en toi, et je crois vraiment que de les faire fructifier peut être une façon de continuer à lui dire "je t'aime". Mais bien sûr, ce ne sont que des mots. Bien sûr, la réalité crue est tellement dure, compliquée à affronter. Alors courage... Je pense fort à toi.

Maémie

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Re : "C'est toi, c'est moi, c'est nous et c'est déjà beaucoup..."
« Réponse #6 le: 03 août 2016 à 21:53:27 »
Je suis complètement ivre. Dans deux jours cela fera deux mois, je veux partir. Cette réponse n'aura aucun sens, je ne suis pas en état. J'ai passé une sale journée hier. En y repensant, j'avais une expression figée, les yeux ouverts de stupeur. Je le ressens encore. J'ai gardé ce masque toute la journée jusqu'à m'endormir. Il me manque. Il me manque, il me manque.

Il me manque tellement.

Je l'aime, je l'aime à en mourir. J'en peux plus.

Je sais que demain ça ira mieux, j'ai juste trop bu. Mais quand je bois, mes vraies pensées, mes vraies envies s'expriment. Alors je me laisse aller. Il m'a fait découvrir tellement de choses. Il était extraordinaire. Je ne l'idéalise pas. Tous ceux qui l'ont connu vout diraient la même chose. Il était.... Il est la plus belle personne que je peux connaître. C'était lui. Mon espoir. Ma raison de vivre. Le père de mes enfants. Il était la lumière dans cette pénombre. Ma tristesse pèse des tonnes. Je l'aime je l'aime je l'aime.

Je t'aime mon amour.

C'est pas possible, je t'aime tu es là c'est pas possible mon ange c'est pas possible je t'aime tellement. Reviens, je t'en supplie. Reviens reviens reviens reviens reviens.

J'ai envie de vous répondre mais je ne peux pas. Je n'ai que M en tête. M et son amour. M et ses chansons. M et son regard. M tout simplement. Je l'aime, c'est pas permis comme je l'aime.  J'ai envie de partarger un texte que j'ai écrit le lendemain de sa mort. Je ne sais pas pourquoi mais j'en ai besoin. J'en aurais honte demain mais tant pis. C'est pas grave.

Je n'ai plus rien à perdre, hein ?

"Mon amour.

Mon ange, mon âme sœur, mon cœur, mon tout. Que dire ? Je suis encore sans voix. Oh, M, mon bébé. Je t'aime. Dieu que je t'aime. J'ai vécu les meilleurs moments de ma vie à tes côtés. Tu étais... Tu es... Pardon, je n'arrive pas encore à parler de toi au passé. Je suis démolie, complètement démolie. Écoute, chéri, tu laisses pleins de personnes en pleurs. Pratiquement tous les gens que tu as rencontré, t'aimaient, t'estimaient. Et toi, idiot que tu es, toi qui te dénigrais tellement, tu ne t'en rendais même pas compte.

M, personne ne me contredira si j'affirme haut et fort que tu es quelqu'un de formidable, qu'on a de la chance d'avoir croisé ton chemin, que sous ces airs de durs que tu essayes tant bien que mal de te donner... Il y a un grand cœur. Énorme. Sérieusement bébé, j'ai jamais vu un homme aussi aimant et attachant que toi. Putain. Je sais pas, je sais plus. Tout est si confus. Ça paraît tellement irréel. J'ai envie que tu m'appelles pour me dire que c'est une mauvaise blague. Que tu vas bien, que tu continues de te battre, que tout finira par s'arranger. Je te jure que je te pardonnerai.

Je ne te blâme pas. Personne ne va te blâmer pour ce que tu as fait mon amour. T'es quelqu'un de féroce, je te connais par cœur, tu en as eu marre hein ? Tu t'es battu trop longtemps mon chéri. Je ne le dirai jamais assez, je me répète et vais me répéter encore mais... C'est grâce à toi si je suis encore là aujourd'hui. Si je me bats encore. Si je respire encore. Je me rappelle la première fois que je t'ai vu... Je te le disais au moins une fois par jour... Je montais les escaliers, j'ai entendu un rire et j'ai tourné ma tête à droite alors qu'il restait deux marches à monter. Et je t'ai vu, toi là, te tournant vers le couloir de droite, le sourire aux lèvres, juste quelques secondes avant de rire... Je suis tombée immédiatement, irrémédiablement amoureuse de toi. Ouais. Le coup de foudre. Je t'entends rire de là-haut. Bah oui mon amour, ça existe les coups de foudre. Je crois que t'en es le premier témoin.

J'ai jamais aimé aussi intensément. M, je t'aime de toute mon âme... T'as même pas idée. Tu m'as fais revivre, tu m'as redonné espoir, tu m'as redonné la force et le courage de me battre. Alors qu'est-ce que je vais faire sans toi maintenant ? Hein, tu peux me le dire ? Je suis pas aussi débrouillarde que toi. Je sais même pas me servir de mes dix doigts correctement.

Toi qui me rassurais à dire que tu sera toujours là pour moi, toi qui m'affirmais que dans moins d'un an on aura notre appartement, toi qui me faisais rêver en me soufflant à l'oreille qu'un jour nous aussi on fondera notre propre famille. Maël, j'ai du mal à respirer. Tu me manques. Même quand t'es avec moi tu me manques. Je t'aime comme jamais j'ai aimé dans ma vie. Je t'aime tellement que je regrette toutes mes autres relations par le passé et toutes les erreurs que j'ai pu faire et qui t'ont fait du mal. J'aurais aimé que tu sois le premier dans toutes les catégories. Je voudrais tout effacer et ne vivre que pour toi. J'ai retrouvé un texte que j'avais écris peu après être rentrée chez moi alors que je venais de passer un week-end avec toi. A moins que ça soit la dizaine de jours qu'on a passé chez ta maman et ensuite chez ton papa... Je sais plus trop, excuses-moi mon amour. M'enfin. Je te le montre.

“J'ai peur de survivre à M, j'ai peur de recevoir un jour un appel de sa mère pour me dire qu'il a fini par s'en aller. J'ai peur d'évoluer avec lui et qu'il meurt dans un accident de voiture, qu'il se fasse agresser dans la rue, qui lui arrive n'importe quoi... J'en sais rien. J'ai peur, c'est tout. Je l'aime tellement que ça me fait pleurer.”

J'ai fondu en larmes quand je l'ai retrouvé. Seulement, c'est pas ta pauvre maman qui m'a prévenu mais ta petite soeur. Tu te rends compte mon ange ? Ton adorable petite soeur, celle qui te prenait comme modèle, celle qui m'a dit avec ses mots d'enfant “je sais que c pas facile” , “toi aussi si tu as un soucis appel moi”. Mais mon Dieu ! Cette petite force de la nature ne cessera de m'impressionner. Je me rappelle quand tu m'as présenté à elle, à ton papa et à ta belle-mère. Quand je te l'ai dit, tu as trouvé ça bizarre mais c'est vrai. Quand je t'ai vu t'occuper de ta petite soeur, je suis retombée amoureuse de toi. Un vrai papa poule, un grand frère digne de ce nom. Et je me suis dis “Oui. C'est sûr. C'est avec lui que je veux avoir des enfants.”

Dimanche 5 juin 2016, 16h35. “Salut noemie tu es au courant pour m ?” J'ai hurlé. J'ai jamais autant hurlé de toute ma vie.

J'ai passé toute la journée à t'appeler après les deux messages vocaux que tu m'as laissé vers 5h du matin ce jour là où tu disais que tu m'aimais, où tu m'avertissais de ce que tu allais faire. Ta voix... Tu avais l'air si paisible mon amour. Et quand je me suis réveillée, je ne t'ai pas cru. Je n'ai pas voulu te croire. Alors j'ai passé ma journée à t'appeler. J'étais inquiète, bien sûr, mais je me disais que tu avais retrouvé la raison et que tu étais calmement rentré chez toi pour te coucher. Bébé, comment j'aurais pu m'en douter ? Quelques heures avant que tu décides de monter sur cet échafaudage, on parlait sur skype, on arrêtait pas de se dire que l'on s'aimait et avant que je raccroche pour aller me coucher, tu m'as dit “à demain”. Peut être que je le sentais en y repensant... Parce que j'ai bien insisté pour qu'on se reparle le lendemain. “D'accord, hein ? On s'appelle demain ? Je t'appelle dès que je me lève. Bonne nuit mon amour et à demain, je t'aime.”

Toi qui avait le vertige... Cette peur bleue du vide... Tu te rappelles quand on se promenait dans Paris, que j'ai vu une grande roue et que je t'ai boudé parce que, jamais, ô grand jamais, monsieur  montera dans un truc pareil ? Alors... Comment ? Comment tu as fait, chéri ? Où as-tu trouvé le courage pour faire une chose pareille ? Tu as dû avoir tellement peur mon ange, rien que d'y penser ça me brise encore un peu plus le coeur.

Puis... Je suis ta fiancée. Tu te souviens ? Cette nuit du 24 au 25 décembre, quand tu m'as dit que j'étais la femme de ta vie et que tu m'as demandé en fiançailles entre deux bâillements sans bague ni rien parce qu'on était trop pauvres pour faire ça dignement. Ca parait ridicule pour certains mais pour moi... Rentres-toi bien ça dans le crâne... C'était la plus belle, la plus romantique nuit de toute ma vie. Et on devait s'acheter nos bagues cet été, tu m'avais promis. M... J'ai le coeur en miettes.

J'ai dormi peut-être 4h cette nuit. J'ai dormi avec ma maman qui me tenait dans ses bras alors que je pleurais et tremblais sans pouvoir m'arrêter... Tu sais, elle ne t'a jamais vraiment rencontré mais à l'heure où je t'écris, 8h39 pour être précise, je l'entends pleurer dans la cuisine. Oh mon amour, j'y arrive pas. C'est trop dur sans toi. J'ai mis un temps fou à m'endormir. Impossible de fermer les yeux, je restais assise dans le lit, scrutant les ombres dans le noir en étant persuadée que tu étais là, que tu allais me faire un signe. C'est encore ma maman qui a dû me calmer parce que je commençais à trop m'agiter et à ne plus savoir respirer.

Mais merci mon ange. Merci du fond du coeur. J'ai connu le grand amour grâce à toi. Le grand, le vrai, avec un énorme A. Et ça, c'est le plus beau cadeau que tu aies pu me faire. Je sais maintenant ce que c'est, le bonheur. Mais j'ai un problème, M, j'ai un gros problème.

Est-ce que je vais retrouver un jour ce sentiment, ce bien-être maintenant que tu n'es plus là ?

Sans être dramatique, en étant la plus honnête possible, M, je suis sûre que non. Alors oui, peut être qu'un jour je rencontrerai quelqu'un de bien mais il ou elle ne sera jamais à la hauteur, je ne serai plus jamais totalement heureuse. Chéri, quand tu t'es envolé, tu as pris une partie de moi avec toi. Alors comprends que je sois défaitiste à ce sujet. Mais ne t'en fais pas, je ne t'en veux pas du tout. Comment je pourrais de toute façon ?

J'ai tant de choses à dire à ton sujet. Tant de choses... Trop de choses. Tellement que ça se mélange dans ma tête et que je ne sais pas par où commencer. Tu me connais, j'ai jamais été excellente en discours. M, j'ai aucune envie d'arrêter de t'écrire, j'ai l'impression que tu m'écoutes quand je forme les mots sur le clavier, que tu es là avec moi, tout près... Si près...

J'ai rêvé de toi cette nuit. Un stupide rêve où on était simplement assis sur le canapé alors que tu me faisais une crise de jalousie parce qu'un garçon que je ne connaissais même pas m'a envoyé un sms. Et moi je riais parce que je te trouvais adorable de t'emporter ainsi. C'est toi tout craché mon coeur. Je me suis réveillée en pleurant.

Oh, je t'aime, je t'aime, je t'aime... Je t'aime.

Un an, un mois et seize jours. C'est le temps que j'ai passé avec toi. Mais je ne vais pas m'arrêter de compter pour autant maintenant que tu es parti. Je continuerai chaque jour. Promis.

Aujourd'hui, ça fait un jour sans toi. Un jour de souffrance. Un jour de larmes. Un jour de vide. Un jour sans ma raison de vivre. Et j'en peux déjà plus.

Mon amour... Mon grand amour... J'espère que tu es mieux là où tu es, que tu es enfin en paix. Je l'espère de toute mon âme. Tu n'es pas simplement mon copain, ça serait injuste de te réduire seulement à ce mot insignifiant. Tu es aussi mon meilleur ami, mon confident, mon pilier, mon coeur tout entier. “Tu es tout ce qui me rassure.” comme dirait la chanson.

Toi qui m'a promis de me surveiller de là où tu es... Regarde moi bien ! Je vais essayer, je vais faire tout ce que je peux mais pour être honnête encore une fois, ne m'en veux pas si j'échoue. C'est pas si facile que ça en à l'air M, t'as laissé un gouffre immense dans ma vie, tu crois quoi ? C'est ça, à se sous-estimer autant, on est loin d'imaginer l'impact qu'on peut avoir sur les gens. Toi tu croyais que j'allais... Qu'on allait tous se sortir indemne de ta disparition. Abruti, va. Ah, je te jure que c'est pas l'envie de te frapper qui manque.

Il est temps que je finisse cette lettre, tu ne crois pas ? Hier, j'ai regardé le ciel. Aujourd'hui, je regarde le ciel. Demain je regarderai le ciel. Et tu sais quoi ? Il ne m'a jamais paru aussi beau depuis que tu as rejoint les nuages.

Je t'aimais. Je t'aime. Je t'aimerai toute ma vie."

Aujourd'hui est un mauvais jour. Je dois faire avec. Je ne suis pas la seule. Je n'ai pas à me plaindre. Je ne sais pas. Je l'aime. Je suis perdu et je l'aime profondèment et il me manque.
« Modifié: 04 août 2016 à 08:47:58 par Maémie »

Hors ligne souci

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Re : "C'est toi, c'est moi, c'est nous et c'est déjà beaucoup..."
« Réponse #7 le: 03 août 2016 à 22:44:23 »

   Prends soin de toi, petite Maémie.

   

Hors ligne Nora

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Re : "C'est toi, c'est moi, c'est nous et c'est déjà beaucoup..."
« Réponse #8 le: 03 août 2016 à 23:38:33 »
Merci  Maémie, C'est un très beau texte.

Reviens nous parler de lui, de vous, de cette belle histoire d'amour, si intense, mais trop courte.

Prends soin de toi, surtout, tu es une belle personne, tu peux être fière de toi.

Je pense à toi

Nora

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Re : "C'est toi, c'est moi, c'est nous et c'est déjà beaucoup..."
« Réponse #9 le: 03 août 2016 à 23:42:15 »
 :'( Je pense à toi Maémie...

Maémie

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Re : "C'est toi, c'est moi, c'est nous et c'est déjà beaucoup..."
« Réponse #10 le: 31 octobre 2016 à 05:00:30 »
Ca fait longtemps que je suis venue ici... Je me suis oubliée complètement pendant une période. J'étais devenue alcoolique, je me droguais. Je restais seule enfermée dans ma chambre. Comment résumer ?  J'écrivais beaucoup dans mon journal, cela me faisait un bien fou. Mais ça n'a plus suffit. Les "griffes de chats" sur mes bras comme j'aimais les appeler étant petite sont de plus en plus larges, de plus en plus profondes. Je sombre.

On m'a hospitalisé il y a quelques temps pour deux semaines. Ils m'ont prescrit un valium 5mg en si-besoin, du seroplex, un valium mg10 et un minipress.

Le minipress, je ne connaissais pas du tout. J'ai raconté à mon psychiatre que je faisais des rêves et des cauchemars réccurents à propos de M. Soit je cauchemardais, je le voyais mourir sous mes yeux ou il me disait qu'il allait en finir, j'étais en larmes, j'essayais de le ramener à la raison mais il ne m'écoutait pas, je le serrais dans mes bras mais il se braquait. Il ne me regardait presque pas. A part pour me lancer un regard vide, mélangé peut-être à du mépris. Les rêves se passaient autrement. Sa mort n'était qu'une mise en scène, ou j'avais simplement mal compris et on se retrouvait pour ne plus jamais se quitter. Je ne sais pas ce qu'est le pire. C'est pour cela que l'on me l'a prescrit. Ca a marché pendant un moment. Mais tout recommence. Au début, je tremblais comme une folle à cause du traitement, mon psychiatre a dit que c'était en partie à cause de mon sevrage. Ca a duré quatre ou cinq jours. Le reste du temps, je somnolais. Le traitement me rendait KO.  Mais voilà... Je n'ai plus aucun effet. Je refais de l'insomnie, mon bras gauche est une boucherie et j'ai maintenant des mains de boxeuse à force de frapper dans les murs.

Ils me reprennent en séquentiel à partir du 7 novembre. C'est à dire que je vais passer à la clinique une semaine tous les mois. Je vais demander à changer de traitement ou à l'augmenter. Je ne sais pas encore parce que plus rien ne me canalise désormais. Je suis retombée dans l'anorexie-boulimie. En même temps, je viens de passer le mois le plus dur de ma vie. D'abord, le 5 octobre : quatre mois depuis son suicide - 19 octobre : mes 19 ans sans lui que j'ai passé à pleurer au fond de mon lit - le 20 octobre : cela aurait fait un an et six mois de relation et enfin... le 28 octobre. Il aurait eu 21 ans.

Que dire de plus ? Tous mes textes en sa mémoire se trouvent sur mon facebook donc, j'aurais l'impression de me répéter. Mais il me manque de plus en plus. J'ai de plus en plus de mal à respirer. J'ai envie de le rejoindre, j'inquiète tous mes proches. Ils ne méritent pas ça... ils ne méritent vraiment pas que je leur infligent tout ça.  C'est injuste, je ne sais pas si je vais m'en sortir, je sens que ma fin est proche, toute proche.

Pour finir...

"Je suis là, sans toi... dans un monde sans toi."
M, tu es mon plus beau souvenir,

Ta fiancé qui ne cesse de penser à toi et qui prie pour que tu sois enfin en paix. Jeu d'dames, mon ange.

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Re : "C'est toi, c'est moi, c'est nous et c'est déjà beaucoup..."
« Réponse #11 le: 31 octobre 2016 à 07:54:53 »
Aujourd'hui pour la date anniversaire de la mort de mon fils de 19 ans mort dans la nuit du 30au 31 j'aimerai te dure de prendre soin de toi et de ta maman  :'(

Maémie

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Re : "C'est toi, c'est moi, c'est nous et c'est déjà beaucoup..."
« Réponse #12 le: 31 octobre 2016 à 20:10:45 »
Désolée de n'avoir lu ça que maintenant. Je comprends que cela doit être compliqué pour vous. Surtout la perte d'un enfant. J'espère que vous allez bien. Ecrivez-lui, occupez-vous, parlez lui de vive voix. Enfin... je pense que vous faites déjà tout cela. Ce que j'aime bien faire aussi, qui me fait parfois du bien (ou parfois pleurer selon les jours), c'est d'aller dehors dans la nuit pour regarder le ciel, les étoiles. Ca peut apaiser l'esprit. Je vous souhaite tout le courage du monde. Prenez soin de vous aussi. Je vous embrasse et suis de tout coeur avec vous. Courage. ♥

Maémie

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Re : "C'est toi, c'est moi, c'est nous et c'est déjà beaucoup..."
« Réponse #13 le: 31 octobre 2016 à 20:42:53 »
Oh... Et j'ai oublié d'ajouter un détail pourtant très important pour moi. Je me suis enfin faite tatouer sa date de naissance en chiffres romains au niveau du coeur. Quand le tatoueur posait l'aiguille sur ma peau, je voyais mon reflet dans le plafond et j'en avais les larmes aux yeux. Maintenant je me regarde tous les jours, je regarde tous les jours cette date et je suis tellement émue que, parfois, j'en ai la gorge nouée. Ca fait un bien fou de l'avoir sur ma peau...

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Re : "C'est toi, c'est moi, c'est nous et c'est déjà beaucoup..."
« Réponse #14 le: 01 novembre 2016 à 08:14:33 »
Moi aussi je suis tatouée comme bcp ici le nom de mon fils sur le poignet
Prend soin de toi