Bouddha et Jésus de Nazareth ont vécu à presque cinq siècles de différence l'un de l'autre. Ils nous sont présentés souvent comme ayant des traits de caractère communs. En réalité les différences entre leurs deux histoires sont frappantes, et il est important de les connaitre.
Aujourd'hui, dans un monde qui devient un "village global", il est peut-être important non seulement de savoir ce que nous avons en commun avec les autres, mais aussi ce en quoi nous sommes différents, la teneur de notre propre identité.
Mystique ou prophète?
Le Gautama Bouddha est un illuminé et un guide d'esprit mystique, qui n'est pas envoyé par Dieu, mais qui fait un chemin personnel pour la libération de la douleur dans le Nirvana. Il invite à la fuite du monde et à l'intériorisation avec une méditation méthodique pour atteindre l'illumination. En contrôlant toutes ses émotions, il arrive à une totale "maitrise de soi". La compassion et la bienveillance pacifique vers tout les êtres est l'état ultime.
Jésus de Nazareth, le Christ, est quant à lui envoyé par Dieu (qu'il appelle "Père") et il est un guide à l'esprit prophétique. Jésus invite les hommes et les femmes à la conversion et à la libération de la culpabilité. Il ne demande pas de renoncer à sa volonté, mais plutôt d'orienter sa volonté vers celle de Dieu. Le Christ prêche un amour universel, surtout pour les souffrants, les opprimés, les malades, les pécheurs et il invite à aimer ses ennemis : en cela il est original.
Les origines
Jésus nait dans une famille d'artisans. Il n'avait que le strict nécessaire et ne pouvait se permettre d'avoir du superflu.
Gautama est en revanche fils de riches aristocrates, qui vivent dans un grand palais.
Le message de Gautama est adressé surtout à ceux qui sont fatigués par les richesses : ils en ont la nausée, et veulent quitter la vie de l'abondance.
En revanche Jésus s'adresse aux fatigués et aux opprimés, aux pauvres, non parce que la pauvreté était un idéal désiré mais plutôt parce que les pauvres étaient ouverts à la dimension invisible.
Moine?
Jésus n'était pas solitaire ou moine, bien que souvent, les Evangiles nous disent qu'il se retire dans la solitude pour prier le Père dans le secret. Il était maitre dans une communauté, alternative à l'époque, laquelle était composée par des hommes et des femmes et il n'y avait ni ordre, ni règle, ni voeu, ni chemin ascétique ou autre.
L'idéal de Gautama est bien différent. Il aspire, depuis qu'il quitte la vie de son riche palais d'enfance, à une forte ascèse. Il veut rejoindre le Nirvana par de dures pratiques ascétiques.
La vision du monde
La différence entre bouddhisme et christianisme se voit au niveau de la vision du monde et de l'histoire. C'est-à-dire que pour l'orient, nous devons sortir de l'histoire, pour nous unir avec l'Absolu. L'orient est par définition mystique.
En revanche l'occident, influencé par la culture chrétienne, en provenance de Jésus de Nazareth, a une vision positive du monde et de l'histoire en tant que création de Dieu. Cela va nous donner de manière concrète une civilisation, la nôtre, beaucoup plus dynamique.
La mort
La fin de la vie des deux maitres est ce qui les distingue le plus. Bouddha rentre dans le Nirvana, en ayant vécu comme illuminé pendant plusieurs années. Même s'il a connu souffrances et douleurs, il a vécu en harmonie avec les autres tout en étant estimé par les puissants. Il meurt à 80 ans d'une intoxication alimentaire. Les statues de Bouddha nous parlent aujourd'hui de l'état d'éveil et de sérénité qu'il avait atteint à la fin de sa vie.
L'histoire de Jésus de Nazareth se termine tout à fait différemment. D'abord sa vie publique ne dure que trois ans, il a vécu normalement les trente premières années de sa vie. Ces trois ans sont particulièrement intenses, notamment par le conflit soudain qui l'oppose au pouvoir religieux et politique. A la fin de son histoire, il subit une condamnation et il est exécuté de façon brutale. Sa vie est aux yeux de tous un échec. Il meurt seul, abandonné par ses amis, ses disciples et oublié par Dieu, celui qui l'avait envoyé. Son dernier mot est un cri du haut de sa croix. Il est depuis, l'image du souffrant par excellence.