Auteur Sujet: demain 32 mois  (Lu 13476 fois)

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alberte58

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demain 32 mois
« le: 12 juin 2014 à 12:05:27 »
Bonjour à tous




13 JUIN 2014 : 32  mois ....


Un mois, deux mois, six mois, un an... deux ans, le temps passe, le manque et l'absence restent. On ne s'habitue pas à l'absence, on s'habitue à vivre avec le chagrin. Il n'y aura jamais rien pour remplacer celui qui est parti, il y aura peut-être autre chose.

Maintenant, je discute avec Daniel.
Parfois, je lui fais une réflexion à haute voix. Nous avions tant de choses qui nous liaient, il y avait tant d'Amour, de la joie, de la passion, des projets.
Je continue sans lui, pas à pas. Son grand départ m'a fait chercher et trouver au fond de moi des ressources insoupçonnées. Il était exceptionnel et je me laissais vivre avec lui.
 Je dois être à la hauteur de ce qu'il m'a appris, je n'ai pas le droit de le décevoir, il a été si courageux dans la maladie.

 Je lui écris  tous les soirs pour lui raconter ma journée et pour lui dire simplement que je l'aime, comme s'il était en voyage. Parfois, je lui demande comment faire ceci ou cela, comme s'il allait me répondre.

Je n'en fais pas un héros, ni une idole, c'est l'homme que j'aime et je le garde avec moi,  en moi.
Chaque jour j'apprends.  Je pleure toujours,  je cris parfois, je maudis la terre entière, je me recroqueville dans un coin de notre lit, maintenant bien trop grand. Et puis je m'endors épuisée. Et au matin, je repars, un pied après l'autre et encore un.
Je ne veux pas penser à l'avenir. Sans lui, cela me semble insurmontable. Le présent est déjà si dur à vivre.

Oui, c'est un combat quotidien 32  mois que je lutte. Déjà. Seulement.
Et demain est un autre jour.
Pourtant, toujours cette sensation de na pas être seule et abandonnée !
Pourtant toujours aussi riche de son Amour.
Amour accompagné, partagé, complet dès la première minute que nous avons passé ensemble.
Amour fusionnel, affiché à la face du monde.

Amour pas toujours accepté par les autres. Mais qu'importait ?
Nous étions ensemble. Si bien ensemble.

Je te disais souvent : "ce n'est pas parce que j'ai une bague à un doigt que je rentre tous les soirs. C'est parce que je suis bien avec toi !"

Avec toi !
SANS toi maintenant !

Comment as-tu pu vivre tout ce calvaire, tous ces mois de douleurs aussi bien physique que mental ?
De quel droit je peux me plaindre maintenant alors que, moi, je suis vivante !

Vivante pour continuer ton chemin que nous avions tracé ensemble.
Ce chemin qui est tellement difficile sans toi.......
Ce chemin que je mettrais un point d'honneur à sublimer de ton souvenir....



Je ne sais pas si on peut dire que l'on "sort" un jour du deuil, mais on l'apprivoise, il nous change à jamais mais on apprend à vivre avec lui, comme une infirmité intérieure à laquelle on s'est adapté.

Il faut tenir et espérer, oui j'espère qu'avec le temps la souffrance s'atténuera.
Oui je vois cette petite lueur au bout du tunnel !


Hors ligne Coccinelle12

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Re : demain 32 mois
« Réponse #1 le: 12 juin 2014 à 22:56:12 »
Bonsoir Alberte,
C'est si vrai ce que tu as écrit. Que rajouter ?
J'aurais pu écrire ce texte mot pour mot, tellement il fait écho en moi.
18 mois que je lutte, oui c'est un combat quotidien.
Et je te rejoins également dans la réflexion qu'on ne sort pas du deuil un jour, mais on l'apprivoise.
Alors, espérons que cette souffrance s'atténuera avec le temps.
Amicales pensées
"Le plaisir d'avoir un ami est parfois éphémère, mais pas le bonheur d' en avoir eu un "
"La mort laisse un chagrin que nul ne peut consoler, L' amour laisse un souvenir que nul ne peut voler"

Hors ligne zabou

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Re : demain 32 mois
« Réponse #2 le: 13 juin 2014 à 00:08:54 »
Bonjour Alberte,

Ton récit me touche, comme dit Coccinelle, quoi rajouter?

Si, je suis heureuse que tu puisses voir une lueur, elle va grandir, ce ne sera jamais grand soleil, je le sais maintenant, mais elle cela réchauffe quand même.

Ils seront toujours en nous quoi qu'il arrive, ils le sont déjà, comme toi je me sens accompagnée, protégée, cette sensation est inexplicable, mais tellement réelle.

La souffrance diminue, la mienne est plus douce, je pleure souvent, mais qu'importe, j'avance aussi....

Je te souhaite une journée, moins difficile, que prévue, que les souvenirs heureux puissent l' investir au maximum, cela amènera les larmes et la tendresse....

Affectueusement.

zabou
Le souvenir, c'est la présence invisible.
Si j'avais su que je t'aimais tant, je t'aurais aimé davantage.
Mon amour, plus qu' hier et moins que demain.

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Re : demain 32 mois
« Réponse #3 le: 13 juin 2014 à 10:36:11 »
Bonjour Alberte,

Merci d'avoir partager ton témoignage si poignant et qui en dit tellement.
Je souhaite sincèrement que cette journée sera pour toi aussi apaisée que possible et une étape de plus vers "la lueur qui se profile au bout du tunnel".

J'ai une petite pensée particulière pour Daniel en ce jour si spécial,  de tout cœur avec toi.

Chaleureusement,

Yacine

Hors ligne alberte

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Re : 4 ans le 13 Ooctobre
« Réponse #4 le: 25 octobre 2015 à 18:06:00 »
SEULE dans la Vie !

A ceux qui n'ont jamais traversé une telle épreuve, on peut dire qu’une
nouvelle vie, sans conjoint, constitue une véritable souffrance,
malheureusement sous-estimée par l'entourage.
La perte de son conjoint est vraiment la perte de "sa moitié" à tous les
sens du terme (habitudes, tendresse, amour).
Se retrouver "seule" dans la vie, c'est, désormais, faire sans celui ou
celle qui entretenait, jadis, une petite braise, le "désir de vivre".

Ce "vide" entraine un véritable bouleversement, qui, chaque fois, est un
cruel déchirement : on ne met plus 2 couverts mais 1 seul ; on range ses
vêtements pas très loin des effets personnels du disparu ; à table, on n'a
plus à qui parler, à qui exposer son ressenti (ses joies et ses peines),
avec qui échanger les souvenirs ou les projets.
On est "seule" !

Le chagrin est souvent insurmontable, la fatigue physique est là,
présente, doublement pénalisante.
On n'est plus qu’UN pour faire
TOUT.
On n'a plus la même force, le même entrain. On s'affaiblit.
Pour peu qu' un état dépressif vienne s’y ajouter, alors ça peut devenir
'catastrophique'.
"Seule", c'est encore, dans l'absence de l'être aimé, l'angoisse d'affronter
la nuit qui arrive, l'hiver qui approche.

Sur le plan émotionnel, on a tendance à éprouver une certaine colère :
envers tel ou tel service médical qui s'est peut-être fourvoyé, ou qui a
été (très) maladroit, vers le monde social qui ne semble pas toujours fait
pour ce à quoi il est destiné, envers les amis qui ne paraissent pas du
tout en phase avec celui ou celle qui se retrouve "seul"... toujours et
encore : SEULE.

Et puis, et surtout, il y a le "j'aurais dû... j'aurais pu... si j'avais su...."
Des remords, des moments d'intense tristesse, qui font que le vide de la
solitude est encore plus pénible à supporter.
Ces divers sentiments éprouvés (culpabilité, colère, angoisses), doivent
faire place à un travail de reconstruction.
Or, les souvenirs sont là, présents et harcelants : les fêtes sans l'être
disparu, les nouveaux évènements qu'on aurait bien aimé faire vivre à
celui ou celle qui nous a quittés. Et, chaque fois, c'est le cycle infernal :
l'explosion de chagrin et de douleur intense qui, à nouveau, ronge tout
notre être.

L'être "seul" aurait bien besoin d'être perçu par une oreille attentive, une
personne à qui il pourrait exprimer sa douleur, sans retenue.
Mais, là encore, que de difficultés ! Souvent les amis s’esquivent,
n’ayant pas envie d’entendre, de voir, et/ou, de s’attarder sur une
situation qu’ils redoutent déjà pour eux mêmes.

Alors, l’être seul va afficher une façade, le classique « oui oui, ça
va ! »… La réalité est toute autre, la souffrance et la détresse n’étant
guère perceptibles que par ceux qui ont vécu pareille galère.

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Hors ligne Charlie

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Re : demain 32 mois
« Réponse #5 le: 25 octobre 2015 à 19:00:13 »
SEULE dans la vie,  moi aussi, depuis 11 mois et 3 jours
je me reconnais bien dans votre post.....

Hors ligne Nora

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Re : demain 32 mois
« Réponse #6 le: 25 octobre 2015 à 21:31:53 »
Cette solitude est dévastatrice, je le sais, elle est mon quotidien.

Merci, Alberte, de si bien mettre des mots sur ces sentiments que nous ressentons, nous qui avons perdu notre âme soeur, notre amour.

Je t'embrasse

Nora

Hors ligne zabou

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Re : demain 32 mois
« Réponse #7 le: 26 octobre 2015 à 23:07:55 »
Alberte,


Beaucoup de pensées , pour toi , pour lui, pour cette solitude pour le manque d'horizon .....

Je t'embrasse fort.

Affectueusement.
Le souvenir, c'est la présence invisible.
Si j'avais su que je t'aimais tant, je t'aurais aimé davantage.
Mon amour, plus qu' hier et moins que demain.