Je le connais bien ce sentiment d'inutilité, cette perte de repères et de confiance. Et c'est tellement normal.
C'est même la première chose à appendre, toutes nos réactions, toutes nos peurs, tous nos ressentis, sont normaux. Notre vie est totalement bouleversée, notre corps est aussi en souffrance, tout est nouveau et sombre, perdue dans un monde qui continue de tourner à toute vitesse, un monde dont nous ne faisons plus partie.
J'avais le sentiment d'être au fond d'un gouffre noir et je savais que je devais remonter vers la minuscule petite lumière, en haut, si haut, cela me semblait perdu d'avance, infaisable et d'ailleurs pourquoi même tenter de le faire. Je me suis accordée le temps de la souffrance, de la grande souffrance, me suis autorisée le droit de pleurer, de crier, d'écouter ma douleur me tordre le ventre. J'ai partagé aussi, j'ai appelé au secours quand c'était trop lourd. Peu importe le regard et le jugement de certains.
Petit tas informe au fond de mon gouffre, si seule malgré le soutien indéfectible de certains proches, le souffle court entre deux sanglots, les yeux aveugles de tant de larmes. Et puis, parfois, une pause dans le chagrin, juste une petite pause avant qu'une nouvelle crise explose. Et puis une autre, deux... Et puis, étonnée, on se surprend à se dire que la petite lumière, la haut, n'est pas si loin. Oui, mais non. Mais oui, je peux peut-être... Non, mais si...
La seconde chose à apprendre, ne pas chercher à bousculer les étapes. On ne va pas plus vite, cette reprise de confiance en soi et en l'avenir se fait. Chacun son rythme, il faut s'écouter, se choyer, se câliner, ne pas se mentir, ne pas nier, polir la souffrance comme les vagues, violentes, polissent une pierre acérée pour en faire un galet tout doux.
Oserais je dire que ces moments de détresse sont importants ? Sentimentalement ils ont construits un lien d'argent avec mon mari, une nouvelle relation, tout aussi unique, et belle. Je rêve encore et toujours de lui, il m'accompagne tout au long de ma journée, mais il n'est pas un frein au petits bonheurs du quotidien. Mes bases de reconstruction reposent sur cette période là. J'ai appris dans la souffrance que je pouvais affronter le monde seule, que j'étais capable.
Alors oui, mon message se veut être un message d'espoir. Au fond de nous il y a des ressources insoupçonnées, une force vitale que je comprends encore mieux en regardant le monde et ces moments tragiques. La confiance revient, le plaisir, l'envie reviennent, sans pour autant oublier hier, aujourd'hui peut être beau et demain prometteur.