A l'approche des 3 ans du deuil de mon aimé, à 8 mois de celui de ma maman une sorte de bilan s'impose à moi intérieurement.
A ce jour il me semble qu'effectivement, par devers moi, voire à mon insu et à l’insu de mon plein gré souvent, la reconstruction a commencé et grandit.
Dr Fauré certes nous explique bien ce processus de cicatrisation mais il nous est, du moins moi, il m'était impossible de l'accepter en début de deuil même si je disais le souhaiter.
C'est comme ci toute une période refuser la reconstruction était un signe de fidélité au défunt, c'est absurde certes, mais ce fut une réalité pour moi.
Je cherche toujours à :
comprendre qui je deviens, qui je suis à présent
à vivre le lien avec Jean de manière réconfortante et aisée
à comprendre ce que je découvre, vis dans ce deuil
à constater les différences entre ce deuil de conjoint et les autres deuils de personnes chères : père, amies intimes
à moins craindre ce qui va venir que je ne connais pas.
Je constate que plus je me suis forcée à répéter les expériences dérangeantes, douloureuses pendant et/ou après, ensuite ces souffrances cessaient de grandir, puis se stabilisaient et diminuaient un tout petit peu !
ce fut vrai avec mes petites filles, à la ludothèque ...
Dans ma panique de ma déconstruction, de mes interrogations sur qui je devenais, j'ai cherché une amarre.
Il me semble que ma reconstruction , vue de là où je suis à présent, à sa genèse avec la première rencontre endeuillée à 5 mois et demi de deuil.
J'ai mis quasiment deux ans à osciller, tanguer sans trouver puis une notion est venue me secourir semble t'il, sans doute j'étais prête ...
Le point de vue basé sur la notion "fulcrum" en ostéopathie : soit le point d'appui qui organise, oriente et dynamise une activité (mouvement, physiologie, pensée) un point d'appui, pivot et levier pour réorganiser m'a permis de reconnaître qu'en moi c'était ma spiritualité, mes croyances si particulières ...
Je l'ai, grâce à mon travail avec les psys accepté non comme une béquille mais comme ma ressource intérieure, j'ai donc cultivé avec la surveillance de mon mental , du libre arbitre et l'encadrement psy utilisé cette ressource.
Je me suis fortifiée peu à peu grâce à cette démarche.
J'avais déjà à mon actif plein d'actions volontaires pour retrouver de nouveaux liens sociaux et une activité que pour moi, nouvelle : en allant aux soirées jeux adultes de la ludothèque de ma ville.
Il est clair que ce que je connaissais (ma vie pro de sophrologue diplômée de Thérapies chinoises traditionnelles, formée à la résolution de conflits et à l'accompagnement selon Dr Simonton) de techniques de développement personnel m'a aidé, à mon insu.
Et ma quête a permis d'élargir les outils partagés ici dans boite à outil
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/boite-a-outils/msg55656/#msg55656à 35 mois de deuil, encouragée encore par une amie de petite enfance qui connait l'association, j'ai franchi l'étape d'aller à des activités (librement choisies) en groupe avec l'association amiez qui a bien meilleure presse que ovs (
http://www.ciao.fr/Internet/Divers_loisirs_divertissements/onvasortir_com__Avis_1236357 ) ou solo.
J'ai rencontré des personnes faisant effort de s'intéresser aux nouveaux, j'ai dû juste après l'inscription, dans la messagerie mettre en liste noire quelques urluberlus qui se croient sur meetic ... et rencontré des personnes distantes attendant de voir aussi mon attitude ...
Pour permettre d'être connue sans vraiment écrire certaines choses j'ai utilisé la possibilité de mettre 3 sites en lien avec sa fiche perso et mis mon site pro, le forum d'ici et le site de l'INREES ... car j'ai choisi d'être dans l'authenticité dans cette démarche, incapable de feindre encore, jouer un rôle etc ...
Au fil des sorties diverses, variées avec donc des personnes différentes et rarement en retrouvant quelques personnes je ne côtoie que de la bienveillance.
Bon ce ne sont que la trentaine d'un grand groupe que j'ai jusque là croisées ... donc peut être pas tous certes !
mais c'est réconfortant.
Comme en famille j'apprends là à vivre des moments de plaisir, de joies, des projets, tout en laissant être à l'intérieur de moi ce qui vient de douloureux.
Bien sûr en ne le réfrénant pas, il y a des moments où les larmes montent aux cils où je dois les stopper mais d'avance je ne suis pas en lutte pour "oublier" ou faire comme si ça n'existait pas, je ne saurai pas d'ailleurs.
Apprendre à vivre avec cette cohabitation intérieure de ces émotions opposées, à faire des choses en leur présence n'est pas une entrave car je ne suis pas sur mes gardes, juste je sais que je suis apte (à priori) la plupart du temps de gérer la montée soudaine de l'expression visible vers l'extérieur de la part douleur.
Je découvre ce qui attise le plus ma douleur, j'utilise des astuces, je les testes, je me fais ma boite à outils ... évolutive ...
pendant que le temps passe ...
Ce tissage d'actions délibérées et du processus naturel, à mon idée a été soutenu, de l'au delà par mon défunt aimé, voire par tous mes défunts, à travers des inspirations, des forces pour concrétiser, les pulsions soudaines pour passer à l'acte, les éclairs de génie pour solutionner certaines choses.
Je l'ai vécu, je le vis de plus en plus comme un accompagnement bienveillant des expériences de vie pour me faciliter cette transition entre mon expérience de vie fusionnelle et ma solitude.
Ce défi imposé par ce parcours de vie, défi venu après 40 ans de fusion que je nomme symbiose avec indépendance est comme la leçon de ma vie, les évènements n'étant que le terrain d'expérimentation.
Je fais le choix de considéré cette collaboration possible entre les mondes terrestres et au delà comme une opportunité d'explorer les capacités de qui je suis.
Apprivoiser les douleurs lié à la perte de sa moitié, guérir les blessures infligées par ce départ, trop tôt, constitue une très longue leçon ardue, avec plein de chapitres, étapes.
La mort de mon aimé, deuil à ce jour le plus ultime malgré les secousses des autres deuils précoces et répétés, m'obligeant à me redéfinir totalement, m'a conduit vers le chemin de continuer à aimer mais autrement au delà des cinq sens ... avec leurs souvenirs nourrissants.
Cette expérimentation ne cessera plus jusqu'à la fin de mes jours, elle sera variée je sais.
Mes deuils avaient préparé le terrain je pense et là je n'ai peur que de la souffrance pas de la mort et ce à jamais.
Accepter de par ma spiritualité, un sens par la signification d'un "choix de fin" m'a été, est un soutien qui vient souvent , de plus en plus rapidement, sécher les larmes des sanglots de la douleur du manque physique, des échanges comme avant.
Cette signification du clap de fin est un présent inestimable pour moi, les messages réguliers et forts des signes et via médium sont des ressources pour dominer les poussées émotionnelles négatives.
Tout cela fait que je peux débuter ce que j'avais promis à mon aimé de faire : continuer pour vivre des bonheurs, "être heureuse" comme il disait ...
A quasi 3 ans, 36 mois, cette reconstruction qui ne sera jamais finie débute vraiment me semble t'il même si elle n'empêche pas les affres des passages douloureux émotionnellement et que j'accepte comme des temps aussi nécessaires.