23 mois que te voilà partie.
d'un effondrement, au cataclysme, même le mot me semble si petit.
un tsunami, l’apocalypse, la fin de mon monde et du monde.
la traversée du désert, anesthésiée, engourdie par ma douleur de mère endeuillée.
je ne savais plus que nous pouvions verser autant de larmes, de tripes, de douleurs, d'idées macabres......
je me suis laissée portée, je ne pouvais plus lutter et ne voulais plus,
j'ai lâché les armes pour les larmes, m'en suis même saoulée de cette douleur qui me donnait l'illusion d'être encore avec toi, accrochée à toi.
vaste illusion.
et d'illusions en désillusions, j'ai revu ma vie et mes croyances, j'ai essoré ma vie comme on essore une serpillière.
je suis allée chercher cette douleur et les sentiments qui m'y raccrochaient.
les épurant une par une de la conception nouvelle et plus saine de ce que je pense de la vie.
une introspection vitale et animale à la fois.
je me suis traînée, roulée dans la boue de ma douleur.
puis au fond de moi, le travail s'accomplissait, la guérison déjà faisait son oeuvre.
de la culpabilité, à l'abandon, de la souffrance extrême de ne plus avoir, au pardon, j'ai cheminé sur la route cahoteuse du deuil.
j'ai écorché mes genoux et mon âme et mon coeur en abandonnant toujours plus ce que je pensais être vrai.
puis lamentablement et maladroitement j'ai essayé de reprendre la barre de ma vie.
je me dirigeais à l'aveuglette, prenais la barre quand je pouvais, l'abandonnant souvent pour me réfugier dans les cales et pleurer, extirper ma douleur, mon envie d'en finir.
d'heure en heure, de minute en minute, de seconde en seconde, le temps imprimait sa marque, la guérison et l'appel de la vie toujours en profondeur continuaient leur travail en sous marin.
puis, j'ai eu moins mal, un peu moins mal, parfois je m'en offusquais même, préférant me retourner dans ma douleur, seule situation acceptable à ce que je vivais.
sans même m'en rendre compte j'allais de moins mal à mieux.
jusqu'au jour où je ne t'ai plus vu derrière, mais devant moi.
je savais et j'intégrais qu'en avançant je me rapprochais de toi surement.
de petites guérison en petites guérisons, mon coeur s'est allégé.
je commençais à pardonner. à la vie, aux Dieux, à toi, à eux, et enfin à moi.
alors la vie a repris ses droits et sa place.
oh bien sur ce fut des soubresauts, des prémices, des pousses fragiles qui s’agrippent à la vie, des sursauts.
5 mns de sursauts sur 24 heures de désespoir.
la vie avait de nouveau trouvé une faille pour s'y introduire et se développer malgré et contre tout.
Je me suis révisée, réajustée, lâchant de fausses idées, les malaxant comme on travaille une pâte à pain, les laissant reposer et gonfler.
elles se fortifiaient en même temps qu'elles se transformaient.
puis, ce fut il n'y a pas si longtemps, une journée complète à faire des projets, à vivre non pas de douleur mais d'espoir.
j'avais repris la barre de mon esquisse. les voiles gonflant au vent d'été, comme on se gorgent du jus d'un fruit bien mûr.
j'ai re-goutté la vie plus vraie, plus simple, plus vitale.
lâchée mes peurs, car après un cataclysme, la peur n'est plus de mise, semble un bien piètre adversaire.
sans même m'en avertir, la vie à repris ses droits légitimes, gagnant toujours un peu plus tous les jours, du terrain.
elle est aujourd'hui en force et je me suis rangée auprès d'elle telle une alliée.
aujourd'hui je vous le dis : "malgré nos épreuves, malgré les douleurs, la vie est là et nous appelle à vivre avec espoir"
a goûter ces joies simples et essentielles, nous n'avons qu'à nous pencher pour recevoir le rayon du soleil.
accepter de ne pas tout savoir, accepter de vivre aussi et surtout pour que ceux qui de la haut, voient comme nous pouvons être vivants.
une personne est morte et définitivement morte ce jour ou tu as décidé de faire le grand saut, c'est mon ancien moi.
par ton acte, tu m'as obligée a mourir à moi même, puis à renaître de mes cendres.
et de par ma renaissance te voici immortelle.