Je découvre aujourd'hui ce forum. J'y découvre des similitudes avec mon histoire, banale, singulièrement banale. Banale par l'événement qui l'anime, la disparition de l'être qui nous est cher, banale par la façon dont on est plongé dans cet enfer, douloureusement banale par la manière de la vivre, ordinaire, rien d'extra ordinaire et pourtant si singulière.
Voici quatre ans que ma vie s'est arrêtée. Anéantie, détruite, je n'ai pas les mots pour exprimer ce que j'ai ressenti, rien ne peut exprimer le choc que provoque la mort de la personne aimée.
Durant ces quatre années, je me suis métamorphosée.Je suis passée de l'hébétude des premiers instants qui annihile totalement toutes vos capacités, vos aptitudes, vos réflexes les plus élémentaires à la renaissance, la reconstitution de la Vie explosée par la disparition, la mort de celui qui partageait mon existence depuis plus de quarante ans.
Au jour le jour, l'instinct de survie renaît, c'est lent, épuisant, c'est parfois tellement insupportable qu'on aimerait en finir là.
Et puis, petit à petit en tâtonnant, dans l'ombre, on se relève, on se remet debout, on réapprend à marcher (seul), à regarder(seul) à être (seul), à vivre (seul) mais toujours au fond de soi accompagné de la présence de l'autre, inséparable, indissociable. Je sais désormais qu'il me faudra vivre le restant de mes jours avec cette douleur au fond de moi, mais paradoxalement ce désastre absolu que signifie la mort de l'Autre, cette solitude, cette abandon ressenti, cette coupure, cette incompréhension totale, il me fallait le vivre, le traverser. Savoir s'arrêter, simplement s'écouter, découvrir en soi l'élan, la force vitale qui nous irrigue, apprivoiser notre souffrance, en faire notre alliée et se trouver, se retrouver enfin. Je suis intimement persuadée que la catastrophe vécue au plus profond de moi me réapprend le vrai sens de la Vie et je continue mon chemin avec celui qui m'a quittée il y a 4 ans déjà.
Tout ce chemin je l'ai parcouru accompagné d'autres personnes qui vivaient le même chagrin au sein d'un groupe de paroles où nous pouvions déposer nos larmes, nos colères, nos réactions les plus folles, sans gêne, sans complexes. Savoir trouver, dénicher autour de soi de l'aide, du secours de la compréhension, de la bienveillance cela fait partie de la lente cicatrisation de la blessure qui nous marque à jamais.
A celles et ceux qui me liront, je voudrais transmettre ce message d'espoir. C'est en parlant, en écoutant l'autre, en s'épaulant mutuellement que nous pouvons reprendre le chemin de la Vie. Chacun est unique, nous possédons tous en nous ce plus, cette âme unique et universelle, ce souffle que nous redécouvrons à travers les tourments que la mort procure. Une force qui nous aide à traverser le désastre.