SEULE dans la Vie !
A ceux qui n'ont jamais traversé une telle épreuve, on peut dire qu’une
nouvelle vie, sans conjoint, constitue une véritable souffrance,
malheureusement sous-estimée par l'entourage.
La perte de son conjoint est vraiment la perte de "sa moitié" à tous les
sens du terme (habitudes, tendresse, amour).
Se retrouver "seule" dans la vie, c'est, désormais, faire sans celui ou
celle qui entretenait, jadis, une petite braise, le "désir de vivre".
Ce "vide" entraine un véritable bouleversement, qui, chaque fois, est un
cruel déchirement : on ne met plus 2 couverts mais 1 seul ; on range ses
vêtements pas très loin des effets personnels du disparu ; à table, on n'a
plus à qui parler, à qui exposer son ressenti (ses joies et ses peines),
avec qui échanger les souvenirs ou les projets.
On est "seule" !
Le chagrin est souvent insurmontable, la fatigue physique est là,
présente, doublement pénalisante.
On n'est plus qu’UN pour faire
TOUT.
On n'a plus la même force, le même entrain. On s'affaiblit.
Pour peu qu' un état dépressif vienne s’y ajouter, alors ça peut devenir
'catastrophique'.
"Seule", c'est encore, dans l'absence de l'être aimé, l'angoisse d'affronter
la nuit qui arrive, l'hiver qui approche.
Sur le plan émotionnel, on a tendance à éprouver une certaine colère :
envers tel ou tel service médical qui s'est peut-être fourvoyé, ou qui a
été (très) maladroit, vers le monde social qui ne semble pas toujours fait
pour ce à quoi il est destiné, envers les amis qui ne paraissent pas du
tout en phase avec celui ou celle qui se retrouve "seul"... toujours et
encore : SEULE.
Et puis, et surtout, il y a le "j'aurais dû... j'aurais pu... si j'avais su...."
Des remords, des moments d'intense tristesse, qui font que le vide de la
solitude est encore plus pénible à supporter.
Ces divers sentiments éprouvés (culpabilité, colère, angoisses), doivent
faire place à un travail de reconstruction.
Or, les souvenirs sont là, présents et harcelants : les fêtes sans l'être
disparu, les nouveaux évènements qu'on aurait bien aimé faire vivre à
celui ou celle qui nous a quittés. Et, chaque fois, c'est le cycle infernal :
l'explosion de chagrin et de douleur intense qui, à nouveau, ronge tout
notre être.
L'être "seul" aurait bien besoin d'être perçu par une oreille attentive, une
personne à qui il pourrait exprimer sa douleur, sans retenue.
Mais, là encore, que de difficultés ! Souvent les amis s’esquivent,
n’ayant pas envie d’entendre, de voir, et/ou, de s’attarder sur une
situation qu’ils redoutent déjà pour eux mêmes.
Alors, l’être seul va afficher une façade, le classique « oui oui, ça
va ! »… La réalité est toute autre, la souffrance et la détresse n’étant
guère perceptibles que par ceux qui ont vécu pareille galère.
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