C'est quoi la reconstruction
est une question qui depuis le début de mon deuil (Avril 2014) m'interpelle
pourtant mes deuils à mes 20 ans (ma meilleure amie), à mes 21 ans (mon père) m'ont fait traverser cette phase ...
là à plus de 59 ans
j'ai compris à travers Dr Fauré et d'autres lectures que c'est une capacité qui ne vient pas d'un coup mais progressivement puis de manière plus perenne et plus large.
Comme le reste du deuil, je me dis que la phase de reconstruction, ses difficultés est liée au type de deuil (deuil de qui) sous quelles circonstances sans doute aussi (moi après des années de combat contre la maladie), du lien avec le défunt : moi un lien dit fusionnel mais que je qualifie de symbiotique, du moment où s'est constitué ce lien (moi à 16 ans ...)
Je ne sais pas si ma première grande sortie pour la première rencontre entre personnes veuves du forum à 5 mois 1/2 de deuil était de la reconstruction ...
mon expérience d'aller à une activité sociale régulière, n'est venue qu'à 21 mois de deuil et encore choisie pour être neutre : lieu, personnes, activité non côtoyée du temps du vivant de mon conjoint
Là à 35 mois de deuil, encouragée encore par une amie de petite enfance qui connait l'association, j'ai franchi l'étape d'aller à des activités (librement choisies) en groupe avec l'association amiez qui a bien meilleure presse que ovs (
http://www.ciao.fr/Internet/Divers_loisirs_divertissements/onvasortir_com__Avis_1236357 ) ou solo.
J'ai rencontré des personnes faisant effort de s'intéresser aux nouveaux, j'ai dû juste après l'inscription, dans la messagerie mettre en liste noire quelques urluberlus qui se croient sur meetic ... et rencontré des personnes distantes attendant de voir aussi mon attitude ...
Pour permettre d'être connue sans vraiment écrire certaines choses j'ai utilisé la possibilité de mettre 3 sites en lien avec sa fiche perso et mis mon site pro, le forum d'ici et le site de l'INREES ...
Ma première sortie, dimanche, était une rando dans un coin du département que je ne connaissais pas donc lieu neutre ... et avec aspect culturel : lecture de textes (à 4 étapes )
Les textes étaient à mon goût, du Prévert, les voeux de Brel en 68 (des choses que mon Jean aimait tant et que je partageais avec lui)
mais quand en approchant d'une étape près d'un cimetière avec petite église, l'animateur a annoncé l'étape mais avec des allusions aux morts avec un humour particulier ... j'ai senti que je ne pouvais pas me faire la violence de continuer à entendre les ricanements sur la mort, les morts ...
je suis donc restée éloignée, une personne est restée avec moi car m'a t'elle dit elle déteste déranger les morts ...
personne ne m'a rien dit par rapport à ça mais j'ai vu des regards curieux ...
je me suis dit en regardant (s'ils veulent) ma fiche ils comprendront (45 visites à ce jour sur ma fiche) ... peut être ou m'interrogeront une autre fois ou on se croisera dans une autre activité !
J'ai pu parler un peu de deuil dans le co voiturage mais de manière je dirai sereine.
je ne sais pas ce que sera la suite ...
je suis inscrite à une causerie sur la 8 ième partie du prophète poète de Khalil Gibran sur la joie et la peine
(
http://mon-khalil-gibran.blogspot.fr/2012/04/08-sur-la-joie-et-la-peine.html)
j'irai avec ce que je suis : une endeuillée de plein de deuils ... dans ma vie et dévastée par la perte de l'Amour de ma vie avec qui je m'étais construite dès mes 16 ans ...
Des constats :
J'ai pu récemment constater en écoutant un jeune que je croise (à l'activité commencée il y a un peu plus d'1 an) parler de sa soeur qui part à pas 30 ans d'un cancer foudroyant du foie en laissant 2 enfants derrière dont un bébé, que je pouvais avec moins de difficulté accompagner une personne en deuil, que celles dans le désespoir à la "veille" du deuil.
De par ce que j'ai appris et vécu, je suis à l'aise pour accompagner un malade jusqu'à sa fin de vie pas pour accompagner ses accompagnants, entourage, depuis le deuil de mon aimé.
Je ne sais pas donc où situer la reconstruction, ni juger de ses étapes ...
Ce dont je suis sûre c'est qu'elle va côtoyer ma gestion de mon chagrin de ma manière de vivre le manque, ce chagrin qui est folle douleur à des moments.
voilà un témoignage et des partages de questionnements ...
affectueusement