Bonjour a tous
Vous trouverez mon histoire dans le module "Être un parent en deuil".
Il y 10 jours (11 dans quelques heures) j'ai perdu mon fils ainé, il allait avoir 13 ans cet été et laisse derrière lui un petit frère de presque 5 ans et une petite sœur de 9 ans.
Tristan était malade. Dès le début j'ai voulu ne rien cacher aux petits, sans pour autant trop leur en dire. Je leur ai dit que leur frère était "très très très malade" et que à cause de sa fragilité ils ne pouvaient pas aller le voir à l'hôpital (ce qui était vrai, afin de préserver un espace de vie convivial pour les enfants hospitalisés et qu'ils n'aient pas à rester en isolement dans leur chambre en période d'aplasie, le services d'onco-hémato pédiatrique n'est accessible que aux parents sauf autorisation spéciale). Ils ont pu le voir à travers une vitre une seule fois en 7 semaines, pour Pâques, même si il était faible, et avait une tête fatiguée, il a fait le déplacement jusqu'à la porte vitrée pour leur faire un coucou.
Le jour où il nous a quitté j'ai tenu à ce que les petits viennent le voir une dernière fois en réanimation. Je les ai accueillie en salle d'attente, les yeux pleins de larmes, je les ai pris dans mes bras et je les ai mené jusqu'au fauteuil. J'ai pris le plus jeune sur mes genoux et je leur ai expliqué que leur frère était mort et qu'il ne reviendrait jamais à la maison. Ensuite je les ai accompagné dans la chambre, jusqu'à ses cotés pour qu'ils l'embrassent pendant qu'il était encore chaud (j'ai le souvenir du dernier baiser fait à mon grand père dans son cercueil, il était froid et cireux, cela m'avait dégouté. Je préférais qu'ils profitent de la chaleur qui lui restait). Ils ont pu touché sa main si ils le voulaient, seul le plus jeune a voulu lui prendre la main. Et je suis restée disponible pour répondre à leurs questions.
Ensuite je les ai confié a leurs grand-parents jusqu'aux obsèques, me permettant à moi de me laisser aller à ma douleur auprès de ma famille et aussi nous laissant le temps de nos occuper des "formalités" (obsèques, messe, morgue, mairie et petits problèmes administratifs)
Ils nous ont accompagné aux obsèques, ils ont posé des bougies sur le cercueil, je leur ai expliqué que c'était pour guider leur frère jusqu'à la lumière.
A la maison je n'ai pas retiré les cadres et les photos. Je ne les retirerais pas. Tristan fait parti de nos vies. Ma fille "hérite" de sa chambre (elle dort dans la même chambre que son petit frère jusqu'à présent), je lui laisse le temps de l'investir, on retire les affaires de Tristan progressivement, ensembles, réfléchissant à ce que l'on jette, ce que l'on garde et qui gardera quoi. Gaïa (ma fille) dort toujours dans le lit superposé avec son petit frère en dessous pour le moment, je respecte son besoin de prendre son temps. Elle parle peu de son grand-frère, elle m'a juste dit qu'elle avait été triste mais n'avait pas envie de pleurer (alors que certaines de ses copines ont pleuré). Je l'ai autorisé a aller dormir chez sa copine, elle était super contente de pouvoir le faire. A présent que Tristan n'est plus là pour s'occuper d'elle après l'école, elle ira tous les soirs chez sa copine jusqu'à ce que je rentre. Cela lui plait beaucoup. Le petit dernier ne semble pas triste, son grand frère lui manque, surtout qu'ils jouaient souvent ensemble, alors il vient + souvent me demander de jouer avec lui. Il pose aussi beaucoup de questions déroutantes mais très pertinentes.
A la maison nous avons aussi faire un "mémorial" avec des photos, des bougies et quelques uns de ses jouets préférés, ses coupes et médailles et un petit carnet pour lui écrire.
Le service hospitalier nous a prévenu que les psychologues sont également disponibles pour la fratrie, même (et surtout) après le décès de l'enfant malade. Je vais prendre rdv car j'ai peur d'une bombe a retardement avec Gaïa. A un âge charnière, avec l'ambivalence des sentiments, elle qui, dans sa rivalité fraternelle, était "contente" qu'il soit malade afin d'être tranquille à la maison et elle qui est celle qui "prend sa place", sa place d'ainé de la famille, sa place dans sa chambre aussi. J'ai aussi besoin de quelqu'un qui a l'habitude de ces situations pour répondre aux questions du plus petit, questions auxquelles je n'ai pas de réponse satisfaisante à donner à un enfant comme pourquoi on met les morts dans des cercueils, pourquoi on doit fermer les cercueils, des questions sur la crémation (lui aurait voulu qu'on l'enterre), parler de comment il comprend les choses qu'on lui a expliqué.