Bonjour Géraldine.
Mon expérience, en toute humilité.
Pour mes filles (bientôt 9ans et 4ans et demi), je suis capable de tout! Rien ne me fait peur, tant que c'est pour leur bien!
Concrètement, j'essaie au maximum de dépasser ma propre douleur, ma propre peine, pour me donner un coup de pied dans le c.. Afin de continuer à vivre, à sortir, à voir du monde, pour qu'elles ne soient pas isolées, qu'elles aient des amies, des activités, une vie à peu prêt normale de petites filles. Le pire pour elles seraient qu'elles soient isolées et stigmatisées parce qu'elle n'ont plus de maman!
En parallèle, pour les accompagner, le dialogue est primordial. Même si ce n'est parfois qu'un monologue, je leur parle beaucoup, de tout et de rien, de leur maman, de ce qu'elles ressentent. Ce dialogue est la base de la confiance. Elles doivent avoir confiance en moi pour pouvoir m'exprimer ce qu'elles ressentent quand elles vont mal, librement, sans craintes ni tabous. Je ne m'interdis pas d'ailleurs de leur montrer ma peine. Je ne me caches pas quand je pleure, mais je leur explique toujours pourquoi, en étant honnête : dialogue, et confiance.
Par contre, les règles que nous avions établies avant (politesse, horaires de repas et couchers...) sont restées valables. Je ne voulais pas que, malgré une excuse évidente pour un relâchement, un certain laxisme les prive de repères. Je pense que les enfants ont besoin de repères précis, même dans le cadre d'un tel bouleversement, pour se structurer, avec bien sur une bonne dose de tendresse et de câlins!
Je leur ai lu quelques livres adaptés aux enfants sur le deuil, sans que cela ne leur apporte beaucoup; elles ont réalisé un cahier souvenir, où elles ont écrit, et collé tout ce qu'elles voulaient sur leur maman, sans que depuis elles ne soient revenu dessus ( ma femme est morte il y a 7 mois). Nous avons aussi fait une boîte magique, je ne sais pas ce qu'il y a dedans, ce sont leurs trésors...
Globalement, pour la pus petite, j'essaie de maintenir le souvenir de sa maman, à son âge, elle peut vite oublier. Pour la plus grande, encore une fois, le plus important est d'être présent quand elle a besoin, à son écoute, sans rien forcer. J'essaie de réserver pour chacune des 2 des moments de tête à tête sans leur sœur, papa juste pour une fille.
Et j'avoue aussi que quand je ne les supporte plus, et cela est déjà arrivé, et cela arrivera encore, je les confie à des amis, pour avoir un moment de respiration, cela me semble primordial pour que j'aie toute mon énergie quand je m'occupe d'elles.
Pour résumer, ma méthode depuis que leur maman n'est plus là, c'est un mélange de dialogue, tendresse, honnêteté, franchise, et maintien de certaines règles. Avec des moments, des sas, des décompression.
Je suis bien conscient que ce n'est pas LA solution universelle, mais pour mes filles cela marche pour le moment, elles restent équilibrées, mangent bien, dorment bien, ont toujours leurs amies, et leur travail scolaire est excellent.
Et je dirais pour conclure que l'essentiel, c'est d'écouter son instinct et son cœur. Avec ce qui nous arrive, c'est l'instinct animal qui nous dit comment nous occuper et protéger nos enfants. Regardez dans la nature comment les animaux sauvages protègent leur petits des dangers, tout en leur apprenant à grandir...
Je vous souhaite beaucoup de courage, il en faut!
Fathio