Bonsoir Méduse,
Je te remercie beaucoup pour ton témoignage et tes informations fort utiles. Le fait de parler de moi, de mon fils et de nos immenses difficultés depuis la mort de son père, l'échange qui s'installe ici, est déjà bénéfique. Ainsi je me sens moins seule, car les personnes qui ont traversé des épreuves similaires me comprennent et ne me jugent pas.
Lorsque tu évoques ta fille, sa sensibilité, son émotivité et ses peurs, ses sautes d'humeur, j'ai l'impression de me reconnaître.
Mon fils a également hérité de certains de ces aspects, et il semble avoir peur de l'avenir, de se lancer dans la vie, de se confronter aux autres. Peut-être que la mort de son père lui a ôté la confiance en la vie, et aussi en lui-même. Il a certainement senti mes angoisses face à un destin brisé et au fait que je devais tout affronter seule. J'ai pourtant voulu éviter que notre joie de vivre soit annihilée par le chagrin et par mes peurs. Mais ce n'est pas si facile. Même si l'on a conscience de ses failles, il n'est pas forcément aisé de les dépasser. En outre, il est terrifiant de voir des couperets tomber en pleine adolescence, alors que l'on devrait être confiant et s'appuyer sur ses parents pour se construire. Après son bac il a totalement sombré, et la confrontation avec le monde lui a été insurmontable, parce qu'il était fragile ou fragilisé. Il a alors fuit le monde, ne gardant que peu d'amis ou de contacts, refusant l'inconnu, le risque et les épreuves. Il m'a avoué récemment qu'il était déscendu très bas, qu'il cachait son mal-être à moi, aux autres et à lui-même, et qu'aujourd'hui il considérait qu'il allait mieux, qu'il avait plus de force, même si moi je le trouve mal et instable, irritable et fragile, destructuré dans son rythme de vie. Mais avant il ne disait rien et gardait tout pour lui. Aujourd'hui il réagit. Est-ce mieux ? Je ne sais pas. Il s'est certainement senti en danger parce que je me sentais moi-même en danger, face à un monde qui me paraissait hostile. Y a-t-il un phénomène de mimétisme de comportement ? Je sais qu'il supporte difficilement de me voir baisser les bras, devenir angoissée ou négative sans m'en rendre compte. Je dois parfois me forcer pour paraître " normale ", alors que moi-même je vais très mal.
Son état m'inquiète et je suis décidée à prendre rendez-vous pour lui auprès d'un psychiatre- psychanalyste que je connais et qui est très bien. Il l'a lui-même souhaité. Nous verrons cela en Septembre.
Entre les diverses maladies mentales le néophite se sent perdu. Seul un médecin spécialisé dans ces pathologies pourrait dire si mon fils est borderline ou autre. J'ai entendu parler de ce syndrome, mais je n'ai pas approfondi. Quant aux autres maladies - bipolarité, dépression etc - cela paraît simple à diagnostiquer, mais finalement seul un expert peut le faire. Toutes ces pathologies sont excessivement complexes.
J'ai déjà utilisé l'écrit pour communiquer avec mon fils. Certaines choses semblent avancer, mais par moment j'ai l'impression qu'il revient à la case départ. Signe d'une régression ? J'espère que ses efforts prennent corps dans le futur et ne soient pas découragés par trop de difficultés pour construire son avenir. L'équilibre de mon fils va dépendre de sa capacité à agir et de son potentiel à suivre la voie qu'il souhaite. Il a totalement conscience de ses manques et de ses blocages vis à vis de l'action justement. Il sait bien que là est le soucis. Mais justement, la volonté défaillante et la perte de confiance en soi ne sont-elles pas les signes d'une dépression latente ou déclarée ?
Bon courage également chère Méduse.
Bien amicalement à tous.